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Réflexions

  • Cercle des Amis de Léon Degrelle

     

     

    40e Correspondance privée – février 2024

     

    Pour marquer la quarantième parution de sa Correspondance privée, le Cercle des Amis de Léon Degrelle a réalisé un judicieux montage dynamique de trois photographies emblématiques de la vie de Léon Degrelle, illustrant son combat permanent et indispensable à la révolution des âmes.

    Rassemblés sous le ciel de feu des Âmes qui brûlent, les trois clichés, en même temps qu’ils célèbrent trois moments importants de la vie militante de Léon Degrelle, mettent en lumière trois piliers de l’idéal solaire de ce vrai chef de peuple, tribun visionnaire et champion de l’élévation spirituelle de sa communauté, de la défense de celle-ci, de sa force et de sa liberté.

     

     

    1936 : Révolution des âmes dans les élections

     

    LD Palais sports 1936.05.17.png« Les partis prétendent maintenir leurs privilèges ; ils sont l’exaspération des intérêts de clans. C’est pourquoi ils accusent Rex de vouloir la dictature. Les rexistes ne veulent à aucun prix de la dictature. [Ovation] Les partis agitent cet épouvantail, alors qu’aujourd’hui, ils nous imposent la dictature des banksters que Rex est le seul à combattre. Les rexistes ne prendront le pouvoir que le jour où le peuple le leur aura donné. [Applaudissements]. »

    (Extrait du discours de Léon Degrelle, citation du compte rendu du meeting rexiste dans Le Soir, 19 mai 1936).

     

    Le premier instantané, à l'arrière-plan de gauche, a été pris lors du discours enflammé de Léon Degrelle au Palais des Sports de Bruxelles, le 17 mai 1936 (à propos de cette photo, voir ce blog au 9 avril 2019). Ce meeting rassemblant plus de 17.000 personnes fut la manifestation la plus spectaculaire de la vigoureuse et déterminante campagne électorale de Rex contre les « banksters ». Malgré l’hostilité générale de tous les milieux politiques, médiatiques, intellectuels et même religieux, elle devait amener, le 24 mai suivant, l’élection triomphale de 21 députés et de 8 sénateurs rexistes.

     

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    Le Pays réel –quotidien nouvellement créé le 1er mai 1936– est le journal de combat de Rex (le titre en a même été dessiné par l'ami fidèle Hergé : ce blog au 20 octobre 2020). Il cloue au pilori les banksters de tous bords : catholiques, le 6 mai ; socialistes, le 8 mai ; libéraux, le 13 mai…

     

    Le soir même des élections, ce dimanche 24 mai qui marquait le triomphe de Rex sur la particratie affairiste, dans un sobre communiqué de victoire, Léon Degrelle rappelait le sens spirituel du combat rexiste : « Tous les partis ont subi une dure défaite parce qu’ils avaient méprisé tout un peuple. […] À tous, nous disons : Venez, Rex est un mouvement fraternel ouvert à tous les Belges. […] Rex n’a jamais voulu appuyer son influence sur la force, mais sur un immense courant des cœurs. Nous sommes forts parce que nous nous aimons. […] Pour nous, il n’existe plus qu’un seul parti, celui du pays et du peuple. Nous sommes la jeunesse. Notre passion, c’est la pureté du pays. » (Le Soir, 24 mai 1936).

     

     

    1938 : Révolution des âmes par la communion populaire

     

    LD Lombeek 1938.jpg« Nous voulons rendre à notre peuple sa pureté et sa noblesse. Nous voulons lui rendre la passion du foyer, lui rendre la foi dans les grandes valeurs morales. Nous sauverons la Patrie en rendant au peuple le sens de la grandeur et en renouant avec nos traditions de fierté et d'héroïsme. [...] Il y a des intérêts moraux et spirituels à sauvegarder au-delà de la politique et nous les plaçons au-dessus d'elle. » (Discours de Léon Degrelle à Lombeek, le 10 juillet 1938, in 60.000, Congrès national Lombeek 10-7-38).

     

    La deuxième photographie du montage, à l'arrière-plan de droite, est sans doute la photo la plus connue de Léon Degrelle-orateur. Elle a été prise lors du discours de clôture aux grandioses Journées rexistes de Lombeek, organisées en 1938 dans cette petite bourgade du Brabant flamand, située à une petite vingtaine de kilomètres à l'ouest de Bruxelles et dirigée par le député-bourgmestre rexiste Robert Motteux (qui fut révoqué de son mandat communal quatre jours plus tard pour avoir accueilli le congrès en « uniforme rexiste » ceint de l'écharpe mayorale).

    Lombeek LD+Motteux.pngLe Bourgmestre Robert Motteux, à la gauche de Léon Degrelle, porte la chemise et la cravate des gardes rexistes ainsi qu'à la taille, l'emblème de sa fonction : l'écharpe tricolore aux glands d'or. Pour révoquer Robert Motteux le 14 juillet 1938, le ministre de l'Intérieur invoquera son « inconduite grave », notamment le port d'un uniforme contrevenant à la loi de 1934 sur les milices privées. Mais le bourgmestre sera aussi reconnu coupable « d'avoir fait arborer l'étendard d'un parti politique (le drapeau rexiste) à la façade de la maison communale », « d'avoir permis à M. Degrelle de prononcer du haut du perron de la maison communale de Lombeek un discours politique » et d'avoir effectué « à plusieurs reprises le salut hitlérien » ! Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage... À noter que, dès le surlendemain, le nouveau bourgmestre, en compagnie de Léon Degrelle à l'hôtel de ville, rendra un solennel hommage à son prédécesseur, en portant chemise bleue et cravate rouge ainsi que l'écharpe mayorale. Et en effectuant le salut rexiste ! En toute impunité, cette fois.

     

    Réunis en congrès national du 8 au 10 juillet, plus de 60.000 rexistes exprimèrent, en une manifestation triomphale, l'intensité de leur foi dans le renouveau politique et social promis par l'idéal rexiste de révolution des âmes.

     

    Il appartiendra à Jean Denis (voir ce blog aux 15 juin 2017 et 15 juin 2022), docteur en philosophie et lettres et auteur de Principes rexistes et Bases doctrinales de Rex, de tirer la leçon de ce congrès historique, plaçant résolument le message degrellien dans la perspective de José Antonio Primo de Rivera, le fondateur de la Phalange espagnole fusillé par les Républicains dans la cour de la prison d'Alicante le 20 novembre 1936.

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    Médaille commémorative (tirée à 50.000 exemplaires) du Congrès national de Rex à Lombeek-Notre-Dame, dont l'apothéose fut le rassemblement général de quelque 60.000 adhérents, sympathisants et leur famille, le 10 juillet 1938. Ci-après, cliché à la « une » du Pays réel, le 11 juillet 1938.

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    Fasciné par la figure de José Antonio qu'il rapproche de celle de Léon Degrelle, Jean Denis l'était tout autant par la doctrine sociale de la Phalange lui paraissant répondre aux mêmes principes spirituels à la base du combat rexiste. Il publiera d'ailleurs une présentation des Vingt-sept points de la Phalange dans un petit ouvrage publié la même année que le Congrès de Lombeek, Une révolution dans la guerre. Préface à l'étude de la tragédie hispanique (Renaix, Centre d'Etudes hispaniques, 1938). Il accompagnera aussi plus tard le chef de Rex dans son voyage à travers l'Espagne nationaliste du 2 au 14 février 1939.

     

    Jean Denis écrit donc en conclusion du Congrès de Rex :

    « Le vieillard et l'adolescent, l'homme et la femme, le travailleur calleux et l'intellectuel raffiné : il apparaissait qu'à tous, le masque de la vie quotidienne était tombé ; et chaque visage n'était plus que la lumière d'un regard, la même lumière toujours, faite d'allégresse et de gravité qui, dans la pénombre de l'arc de triomphe, faisait de chacun d'eux tous un archange levant la main en signe de foi, d'espérance et d'amour. Des milliers d'âmes transformées pour toujours.

    Lombeek Arc triomphe.jpeg

     

    L'on songeait à la parole de Léon Degrelle, au message ineffable qu'il a porté partout et qu'il portera jusqu'à son dernier souffle. Lui aussi poète et prophète.

    Sa parole dont il ne faut rien extraire et citer parce qu'elle se trouve vivante en chacun de nos cœurs et que nous savons bien, nous tous, ce que c'est que sa Révolution des Âmes, puisqu'il l'a faite en chacun de nous jusqu'au plus secret de nous-mêmes. Lui qui, seul parmi tous, nous a rendu notre unité de destin dans l'univers. Et qui, brisant les barrières des enclos maudits, nous conduit –et conduit dès à présent notre peuple– vers d'autres horizons, vers d'autres pâturages où traçant des voies d'empire –qu'importe la souffrance quand on sait la pérennité de son œuvre–, il nous rend notre place, à l'air libre, sous les étoiles
    . »

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    1942 : Révolution des âmes dans la Croisade européenne

    La photo de premier plan dans le montage du Cercle, montre le soldat Léon Degrelle, chef spirituel de la Légion mais pas encore son Commandeur, arborant cependant les pattes de col de lieutenant, grade dont il refusa le privilège (ce blog au 31 juillet 2017), mais qu'il gagna dans les combats de Gromowaja-Balka en février 1942 (à propos de cette photo, voir ce blog au 23 août 2021). Sa casquette s'orne aussi de l'Edelweiss dont s'enorgueilliront toujours les Wallons qui servirent sous les ordres du Général Ernst Rupp, commandant la 97e Division de Chasseurs de montagne à laquelle fut rattachée la Légion à la veille des combats du Donetz, en février 1942, et ce, jusqu'après la Vormarsch (plus de 1200 kilomètres à pied pour contourner la mer d'Azov, de Slaviansk à Maïkop), et les combats du Caucase, d'août à novembre 1942.

    LD Leutnant Pieske.jpgC'est donc dans cet uniforme que Léon Degrelle négocia directement avec Heinrich Himmler dans son train spécial stationné au Grand Quartier général de Hitler, le passage de la Légion Wallonie à la Waffen SS (ce blog au 20 octobre 2023).

     

    Et que, dans la foulée, il l'accompagna, le 24 mai 1943, au camp d'entraînement de Pieske, après avoir convaincu le Reichsführer SS de faire la connaissance de ses « Bourguignons ».

     

     

     

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    Léon Degrelle et Lucien Lippert accompagnent Heinrich Himmler –ici, de dos, saluant– dans sa BMW 335 lors de sa visite des Légionnaires wallons à Pieske, le 24 mai 1943 (une autre photo est à voir sur ce blog au 30 avril 2020). C'est une visite en toute décontraction qu'effectue le « terrible » Reichsführer SS, saluant à tout-va, heureux de découvrir en ces Bourguignons des soldats alertes, espiègles, consciencieux, intelligents, fidèles, efficaces (ce blog au 24 janvier 2020 ; Saint-Loup, Les SS de la Toison d'Or, pp. 339-340).

    LD Discours Berlin 1943 01 07.jpgPhoto de presse de l'agence SIPHO (Service International Photographique) datée du 10 février 1943 et légendée : « Léon Degrelle pendant son discours à Berlin le 7 janvier [erreur pour « février »] 1943. Dans la salle coupole du Reichsportfeld à Berlin, Léon Degrelle a parlé aux ouvriers wallons et aux volontaires wallons contre le Bolchevisme. »

    C'est dans cette tenue aussi que, pour la dernière fois avant de revêtir l'uniforme SS du soldat politique, Léon Degrelle parla à Berlin, le 7 février 1943, devant plus de deux mille soldats et ouvriers wallons, pour rappeler le sens de cette guerre de civilisation. Nous avons déjà publié l'essentiel de ce discours (ce blog au 16 janvier 2016) : un an plus tard, après avoir été appelé en son Grand Quartier général du Front de l'Est par le Führer Adolf Hitler qui le fit Chevalier de la Croix de Fer, Léon Degrelle redisait à nouveau aux milliers de Français venus l'écouter, le 7 mars 1944 au Palais de Chaillot, la nécessité de la révolution sociale et spirituelle :

    « Ce qui nous intéresse le plus dans la guerre, c'est la révolution qui suivra, c 'est de rendre à des millions de familles la joie de vivre, c'est que les travailleurs européens se sentent des hommes libres, fiers, respectés, c'est que dans toute l'Europe, le capital cesse d'être un instrument de domination des peuples et soit mis au service du bonheur des peuples. La guerre ne peut s'achever sans cette révolution socialiste qui sauvera le travailleur des usines et le travailleur des champs. Nous ne sommes pas des anarchistes. Nous voulons rétablir la justice sociale alors que pendant l'avant-guerre et même pendant la guerre, chez les pays capitalistes, c'est le peuple qui paie, c'est le peuple qui souffre, c'est le peuple qui est écrasé. »

     

    LD Chaillot 1944.03.05.jpg

    « Organisée par la Waffen SS française, la Légion des Volontaires français contre le bolchevisme et la milice française, la manifestation qui s'est déroulée dans le cadre grandiose du Palais de Chaillot, réunissait plusieurs milliers de Parisiens qui ne ménagèrent pas leurs applaudissements enthousiastes au Chef. Jamais peut-être il n'a été donné à un public français d'entendre de plus rudes vérités que celles que le Chef a dites sur le ton amical et franc que nous lui connaissons. » (Le Pays réel, 7 mars 1944).

     

     

    « Nous qui sommes Peuple »

     

    Illustrant parfaitement le montage photographique de la première page, le texte de Léon Degrelle choisi par le Cercle des Amis (extrait de l'éditorial de l'hebdomadaire Rex du 21 juin 1935) explique la raison d'être du mouvement populaire représenté par Rex en même temps qu'il éclaire le sens de son action.

     

    Rex 1935.06.21.png

     

    «  Ce que nous voulons, c'est rassembler les grandes masses populaires, les organiser, les stimuler, rendre agissante leur vertu. [...] Rex est essentiellement un mouvement populaire. Nous somme peuple, nous ne somme pas avec le peuple, nous ne venons pas au peuple : nous sommes le peuple lui-même qui se réveille et qui regarde avec audace et confiance l'avenir, parce qu'il veut vivre. [...] Entre le politicien et le peuple, il n'y a que de froides relations juridiques, un contrat dont chacune des parties redoute toujours que l'autre ne le viole. Nous voulons, nous, entre l'homme d’État et son peuple : courant de confiance, d'abandon et, disons le mot, d'amour. La vraie souveraineté populaire, c'est celle-là : des chefs qui commandent avec autorité, mais qui, par le contact direct et fréquent avec leur peuple se sentent en constante communion d'idées et de volonté avec tout ce qu'il y a de sain dans le pays. »

     

     

    Degrelliana

    Comme toujours, la Correspondance du Cercle donne accès à une véritable bibliothèque d'ouvrages indispensables au bagage intellectuel de tout nationaliste identitaire, qu'ils relèvent de l'histoire (par exemple, le premier volume de biographies de recrues de La Légion des Volontaires français contre le bolchevisme, d'Eric Le Clanche), de la culture (comme Germanica, d'Alain de Benoist), de la littérature (Les Chiens de paille, de Pierre Drieu la Rochelle ou Lettres à une provinciale, de Robert Brasillach), tous ouvrages disponibles à la Boutique nationaliste.

     

    Mais ce sont surtout les informations concernant Léon Degrelle qui nous intéresseront, tant elles relèvent de la quasi-exhaustivité.

     

     

    Miège

     

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    Ce qui nous a fait un tout particulier plaisir est sans conteste le charmant dessin, poétiquement évocateur, de Miège, qui est désormais, aux côtés de Chard, le dessinateur attitré de Rivarol.

    Miège a choisi de représenter Léon Degrelle « à l'air libre, dans la nuit claire, sous les étoiles », comme le préconisait José Antonio (discours du 29 décembre 1933 ; voir aussi Jean Denis, cité ci-avant). Il porte la houppette de Tintin –personnage qu'il a inspiré comme en témoigne son opus ultimum Tintin mon copain coincé sous le bras–, mais avec les cheveux que le Chef de Rex avait naturellement foncés, ce qui lui donne aussi une ressemblance avec Quick, le ketje de Bruxelles. D'autant plus appropriée qu'il est justement en arrêt devant l'enseigne du restaurant Chez Léon de Bruxelles, spécialiste du « moules-frites » national : ayant développé une chaîne de restaurants populaires couvrant toute la France, Chez Léon de Bruxelles, raccourci aujourd'hui en Léon, est ainsi devenu le point de rendez-vous idéal (un stamcafé comme on désigne à Bruxelles son bistrot préféré) de tous les degrelliens français !

    En une silhouette suggestive, Miège a réussi à rassembler toutes les étapes de la vie intrépide et généreuse de Léon Degrelle, amalgamant les valeurs altruistes du scoutisme tintinesque à la révolution des âmes de Rex (dont il porte la boutonnière) et l'héroïsme du Légionnaire de la Croisade pour l'Europe Nouvelle libérée de l'exploitation capitaliste et de la menace bolchevique : le poète-soldat, la tête dans les étoiles, porte sa Croix de Chevalier et ses énormes godillots sont bien ceux que le Führer a fourrés de Völkischer Beobachter (voir J.-M. Charlier, Léon Degrelle : persiste et signe, p. 332) !

    R&A Miège.jpeg
    Pour mieux connaître Miège, nous vous conseillons vivement de lire le dernier numéro de Réfléchir&Agir (et de vous abonner à cet excellent trimestriel: 35 ou 40 € numéro hors-série compris–, selon que vous habitiez la France ou non): une réjouissante interview, fort instructive, du dessinateur vous y attend.

     

    Le dernier recueil de ses dessins –En traits libres, Editions Dualpha, préfacé par Francis Bergeron– est également disponible sur le site de la Boutique nationaliste.

     

     

     

     

     

    Editions degrelliennes

     

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    Le Cercle signale une nouvelle édition de Mes aventures au Mexique en espagnol par une maison d'édition mexicaine appelée Lina Delir. Ce nom était utilisé par les Cristeros pour signer leurs communiqués et tracts clandestins pendant la Cristiada, nom du soulèvement des catholiques mexicains contre l'intolérance religieuse du gouvernement franc-maçon entre 1926 et 1930 : il est l'acronyme de « Ligue nationale de fense de la liberté religieuse » (ce blog, entre autres, aux 2 avril et 25 décembre 2017).

    Il s'agit en réalité de la traduction espagnole des récits et documents sur la persécution des catholiques au Mexique, rassemblés et présentés par Mgr Louis Picard, aumônier-général de l'Action Catholique de la Jeunesse Belge (ACJB) et Giovanni Hoyois, son président, sous le titre La Tragédie Mexicaine. Jusqu'au Sang... (Editions de la Jeunesse Catholique, Louvain, 1928). Rappelons que Mgr Picard fut le mentor de Léon Degrelle (ce blog, entre autres, au 5 avril 2017 et 20 février 2019) qui occupait d'ailleurs un « kot » (logement étudiant) chez lui, à Louvain, et à qui il confia les Editions Rex, appelées à devenir le vecteur essentiel de la Révolution des Âmes (tous les détails sont à retrouver dans Léon Degrelle, Cristeros, Editions de l'Homme libre). Il était donc naturel de compléter cet ouvrage par Mes aventures au Mexique qu'écrivit Léon Degrelle dans la foulée de ses reportages sur la persécution des Cristeros pour le vingtième siècle (octobre 1928-janvier 1929, ce blog au 7 février 2019). Regrettons seulement que cette édition mexicaine rassemblant les deux livres n'associe le nom de Léon Degrelle qu'à celui de G. Hoyois, –qui, en 1945, éreinta lamentablement le proscrit condamné à mort dans son L'Ardenne dans la tourmente–, faisant l'impasse sur Mgr Picard qui fut pourtant l'âme de la défense des Cristeros en Belgique et qui associa étroitement Léon Degrelle à son action (voir Léon Degrelle, Cristeros, pp. 19-34).

     

    Mexico Riesco.jpgIl semble que, pour obtenir cet ouvrage (400 pages, 45 euros, frais d'envoi compris), il faille s'adresser à luzdealbania@gmail.com. La version espagnole de Mes Aventures au Mexique a cependant déjà connu une édition indépendante dès 2006, avec une introduction de José Luis Jerez Riesco (à qui l'on doit l'indispensable Léon Degrelle en Exil: ce blog au 19 avril 2019). Publiée par l'éditeur espagnol Nueva Republica, elle est toujours disponible au prix d'à peine 12 euros, sur le site de Fides Ediciones Mundial.

     

    Une autre publication mexicaine a retenu l'attention du compilateur d'informations degrelliennes du Cercle : Elbruz Altus Vexilum. Un nom singulier associant le nom de la plus haute montagne du Caucase, aux confins de l'Europe, l'Elbrouz, aux deux pics jumeaux où fut enchaîné Prométhée, et la traduction latine –Altus Vexilum– du titre de l'hymne national-socialiste, Die Fahne hoch ! (« Drapeau levé ! »).

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    Le Cercle se réfère au site français VoxNR qui, le 5 août 2023, a mis sur son site la traduction du récit donné par l'écrivain Juan Guerrero Zorrilla de sa rencontre avec Léon Degrelle à Madrid, le 20 avril 1989, à l'occasion du centenaire d'Adolf Hitler. Cet article provient de la revue mexicaine Elbruz Altus Vexilum qui l'aurait publié dans son numéro 6 de septembre 2013.

     

    Elbruz 8 p. 1.pngUne collection de la plupart des premiers numéros de la revue Elbruz Altus Vexilum est disponible sur Internet (du n° 0 au n° 16, mais sans les numéros 2, 8 et 12), mais ces souvenirs de Juan Guerrero Zorrilla ne se trouvent en tout cas pas dans la sixième publication (l'erreur vient peut-être de ce que ce texte fut d'abord publié avec cette référence par l'association culturelle mexicaine Robert Brasillach, le 28 juillet 2023). Plus probablement cet article a-t-il été publié dans le numéro 8 (printemps 2014) dont nous ne connaissons que la couverture justement consacrée à Léon Degrelle (« Le dernier gentilhomme »).

     

     

    Elbruz 13 p. 40.png

    Reproduisons pour l'anecdote la publication pour le moins inattendue, dans le 13e numéro d'Elbruz Altus Vexilum (p, 40), d'une photo de la famille royale belge en illustration d'un article sur la nécessité en Europe de faire de nombreux enfants pour contrer « la décadence de l'Occident due à la défaite de l'Axe à l'issue de la Deuxième Guerre mondiale » !...

     

    L'écrivain mexicain Juan Guerrero Zorrilla est né en 1942 à Tampico, principal port industriel de l’État mexicain de Tamaulipas, située à l'embouchure du Rio Pánuco sur le Golfe du Mexique. Coïncidence extraordinaire, le paquebot qui emmena Léon Degrelle de Hambourg à Veracruz s'appelait justement Rio Panuco ! Construit par les chantiers navals de Kiel en 1924, il assurait la traversée de l'Atlantique pour la compagnie allemande Ozean Linie. Revendu en 1934 à un armateur australien, il fut coulé par l'aviation japonaise en 1942 dans le port de Darwin (voir ce blog au 1er mai 2016 et Léon Degrelle, Cristeros, pp. 245-248).

     

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    Léon Degrelle à bord du Rio Panuco l'emmenant au Mexique. Il écrit à ses parents une lettre qui, destinée à les rassurer, donne aussi de précieux renseignements sur la vie à bord du navire :

    À bord du Rio Panuco, le 8 décembre 1929.

    Mes bien chers tous,
    Nous sommes entrés hier dans les mers américaines. À midi, nous avons aperçu, éclatante sous le soleil, la première des îles Bahamas, celles que découvrit d'abord Christophe Colomb. Je dois dire que nous étions moins émus que lui, puisque nous prenions joyeusement un bain de mer ! À l'avant du bateau, un bassin est aménagé où pénètre et s'écoule sans cesse la bonne eau tiède. Et c'est très amusant, en plein Décembre, alors que vous vous calfeutrez dans les maisons, de prendre ici, en face de la Floride, des bains de mer deux et trois fois par jour ! J'ai décrit à Cécile [van den Bossche, d'Ostende, avec qui Léon Degrelle s'était fiancé en novembre 1928], qui vous communiquera ma lettre, les tempêtes effrayantes qui nous en ont fait voir de toutes les couleurs pendant la 1ère semaine dans l'Atlantique. Cela nous a valu, en plus d'impressions poétiques, lyriques et... parfois plus prosaïques, trois jours de retard, si bien que nous ne débarquerons que le 11 ou le 12 à Vera Cruz.

    Depuis les îles Açores, d'où je vous ai envoyé une lettre-télégramme, nous avons eu un temps magnifique. Soleil éblouissant, torride depuis quelques jours. Dans les flots, de gros dauphins qui dansent. Au fil de l'eau, des troupes argentées de poissons-volants. Des soirées chaudes, placardées d'étoiles, avec des clairs de lune qui blanchissent la mer.

    Et avec cela une santé splendide. On est d'ailleurs très bien nourri, quoique la cuisine allemande diffère parfois très fort de la nôtre. J'ai d'épatants compagnons de route avec lesquels le temps passe comme un éclair. Puis, il y a des concerts à bord, des visites de St Nicolas, des bals, une grande fête de travestis. Bref, impossible de s'ennuyer. Au contraire !

    Et puis une grande fraternité internationale. On est en rapport ici avec des représentants de tous les peuples d'Europe et je vous avoue que c'est bien formateur de vivre dans cette tour de Babel.

    LD Rio Panuco Passagers.jpgDemain, nous faisons escale à La Havane où j'irai passer quelques heures. Puis, trois jours après, le pied gaillard, je foulerai le sol mexicain, prêt à de nouvelles et magnifiques aventures.

    Ah ! Vraiment, je suis heureux d'avoir entrepris une pareille randonnée. Et mille fois encore, je vous remercie de m'y avoir aidé avec tant d'affection et de générosité. Ce sera dans ma jeunesse, le plus beau, le plus impérissable des souvenirs.

    Il fait à présent une chaleur formidable qui nous aplatit tous comme des omelettes ! Ce que cela ferait du bien à notre chère maman ! C'est ici, tout le long du pont, grands bains de soleil !

    J'ai une collection splendide de photos de bord qui vous amusera bien à mon retour. Cela fait un album très vivant.
    Je crois qu'il est prudent que, déjà, je vous souhaite... la nouvelle année ! En effet, c'est à peu près alors que ma lettre vous parviendra. Pour vous, mes bien chers papa et maman, je renouvelle tous les vœux que chaque jour et très tendrement je forme pour vous et confie au Bon Dieu. Vous êtes les plus chers exemples de dévouement, d'abnégation et d'amour. Il n'est point de souhaits assez ardents et assez complets que je puisse former pour mon cher papa et ma chère maman.

    Bonne année aussi à tous mes chers frère et sœurs ainsi qu'à leur descendance ! D'ailleurs, je rentrerai en janvier et serai à temps au pays encore pour dire à chacun à cette occasion tout ce que je lui souhaite particulièrement.

    Bien des choses de ma part aussi à tous les oncles, tantes, cousins, cousines et amis les meilleurs.

    Mais pour vous, mes bien chers tous, par delà les 8000 km qui déjà nous séparent, j'envoie les plus affectueux, les plus ardents, les plus... tropicaux baisers de votre grand explorateur.

    L.

     

     

    Juan Guerrero Zorrilla.png

    Juan Guerrero Zorrilla est surtout connu pour ses contes fantastiques et récits de science-fiction pour lesquels il reçut plusieurs récompenses littéraires de même que, tout récemment le 10 août 2023, l'hommage officiel de l'université de l'Etat mexicain de Tamaulipas.

     

     

    Cedade 1989.pngLe récit de sa rencontre avec Léon Degrelle que l'écrivain a confié à la revue Elbruz Altus Vexilum témoigne de ses profondes convictions nationales-socialistes puisque c'est pour participer à l'hommage rendu par le CEDADE (Cercle Espagnol Des Amis De l'Europe, ce blog, notamment, au 4 février 2017) à Adolf Hitler pour le centième anniversaire de sa naissance qu'il traversa l'Atlantique pour Madrid. Son témoignage est cependant fort restreint, essentiellement à cause de la vive émotion qui l'étreignit pendant cette soirée, mais aussi parce qu'il ne parlait ni le français, ni l'allemand qui furent surtout pratiqués à cette occasion. Extrayons-en ces précisions (nous retraduisons d'après l'original publié par l'Asociación Cultural Robert Brasillach : notons, au passage, qu'elles établissent à nouveau la capacité de Léon Degrelle de s'exprimer en allemand : ce blog, entre autres, au 26 mai 2022) :

    « Le restaurant, pas très grand, était plein : c'est là que se produisit la rencontre avec le Général Degrelle, l'homme le plus important que j'aie connu dans ma vie. [...] Puis la causerie a commencé. En fait, je n'ai pratiquement rien compris : il parla d'abord en français, puis en allemand ; mais j'étais en compagnie de bons camarades [...] et je m'assis à côté du seul Espagnol qui se trouvait là. »

     

    LD Madrid Christophersen+Tonningen 1989 04 20.jpgC'est dans un petit restaurant populaire de Madrid qu'en toute discrétion Léon Degrelle célébra, le 20 avril 1989, le centenaire d'Adolf Hitler en compagnie d'une petite trentaine d'amis européens qui eurent l'exceptionnelle bonne fortune de fêter cet événement en compagnie de celui que le Führer se fût choisi pour fils.

    À la droite de Léon Degrelle, on reconnaît l'Allemand Thies Christophersen (1918-1997), auteur en 1970 du fameux rapport Le mensonge d'Auschwitz, et Florentine Heubel (1914-2007) qui, épousant, le 21 décembre 1940, Meinoud Rost van Tonningen, le chef du Mouvement National-Socialiste de son pays (qui deviendra, peu de temps après, le président de la banque des Pays-Bas), fut la première Néerlandaise à se marier selon le cérémonial SS : sa bague runique de mariage qu'elle eut l'occasion de présenter au baise-main du Führer devint sa plus précieuse relique.

    À la gauche du Commandeur de la Sturmbrigade Wallonien, se trouve, en fin de banquette, l'Allemand Ewald Althans (né en 1966) promu alors par le Generalmajor Otto Ernst Remer à la direction des jeunes de son Deutsche Freiheitsbewegung (Mouvement allemand pour la Liberté). La 40e Correspondance du Cercle propose justement la première partie d'un entretien-témoignage du plus haut intérêt du Général Remer à propos des mensonges répandus sur la réalité du Front de l'Est : de quoi largement démonétiser les récentes tentatives injustifiées de criminalisation des Légionnaires wallons par le CEGESOMA (ce blog, entre autres, au 30 novembre 2019 et 11 mars 2022).

    Assis à gauche de Léon Degrelle, le Phalangiste Alberto Torresano (1934-2023) est probablement le « seul Espagnol qui se trouvait là » dont parle Juan Guerrero Zorrilla.

    C'est à lui, parfait francophone, que Léon Degrelle dédicaça cette photo historique, datée symboliquement du 20 avril 1989. Proche de Léon Degrelle, Alberto Torresano compta parmi les dernières personnes à pouvoir lui rendre visite à l'hôpital de Malaga où il devait décéder (ce blog au 5 août 2023).

     

    Paloma+Alberto Drève Lorraine.jpeg

    Alberto Torresano, en visite à Bruxelles en 1990 avec son épouse Paloma, tenait à voir la maison de Léon Degrelle, Drève de Lorraine, en lisière du Bois de la Cambre. La photo a été prise à l'arrière de la villa, devant la grille ouvrant sur l'étroite Drève du Caporal.


    Dans l'attachant ouvrage
    Léon Degrelle. Documents et Témoignages, publié en 2014 dans la collection des Cahiers d'Histoire du Nationalisme de Synthèse nationale sous la direction de Christophe Georgy, il signa un familier et sincère Léon mon Ami ! (ce blog au 22 janvier 2016).

    Alberto Torresano était connu dans tous les milieux nationalistes européens pour sa fidélité absolue au message politique et social de la Phalange historique et à la figure de José Antonio, son chef charismatique. Il était surtout apprécié par tous ceux qui l'ont connu et qui sont immanquablement devenus ses amis pour sa gentillesse envahissante, son humour bon enfant et son entregent tenace. Aussi est-ce avec émotion que nous avons appris, par l'In memoriam reconnaissant du Cercle des Amis de Léon Degrelle, son décès survenu le 14 septembre dernier, dans sa nonantième année. Un important dossier d'hommage a été publié par la Lettre des Amitiés Franco-Espagnoles n° 115, Automne 2023, du Cercle Franco-Hispanique (adhésion : 25 €. Ecrire à cfh.grimaldi@free.fr).

     

    Tout serait à présenter et commenter dans cette XXXXe Correspondance privée du Cercle des Amis de Léon Degrelle. Reprenons seulement pour conclure le communiqué du Dernier Carré expliquant comment la cessation de ses activités ne signifie nullement la disparition de l'idéal solaire qui inspira nos héroïques Anciens et justifia son existence.

     

    Cercle Dernier Carré.jpeg

     

    Cercle des Amis de Léon Degrelle, adhésion (30 ou 37 euros, selon que vous résidiez en France ou non) et renseignements sur les livres présentés : www.boutique-nationaliste.com.

     

    Adresse : Cercle des Amis de LD, BP 92733, 21027 Dijon Cedex, France.

    lesamisdeleon.degrelle@gmail.com

     

     

  • Léon Degrelle dans l'art de la médaille

    Les médaillons de Victor Demanet et

    Marc Colmant

     

    Si Léon Degrelle a été abondamment dessiné (par exemple, en pré-Tintin, par Albert Raty, ce blog au 1er février 2016), peint (notamment par un artiste flamand, ce blog au 13 avril 2022) et caricaturé, le plus souvent méchamment et calomnieusement, mais aussi de manière sympathique (toujours chez Jam ; avec rosserie lorsque, après-guerre, il deviendra Alidor ! ce blog, par exemple, aux 2 février 2017, 4 juin 2019, 26 mai 2022), il fut aussi célébré dans le marbre, le bronze ou le cuivre, et ce, par les meilleurs artistes belges.

    victor demanet,marc colmant,albert raty,jam,alidor,révolution des Âmes,godefroid de bouillon,saint arnould,henri de man,plan du travail,orec,jules boever,fernand degreef,ganshoren,le cercle du collectionneurFusain du grand peintre ardennais Albert Raty, en frontispice de Mon pays me fait mal, publié en 1927 par un Léon Degrelle de vingt ans, dont la houppette inspirera Hergé (ce blog, entre autres, au 23 janvier 2016). Charles, le frère d'Albert Raty, avait épousé Jeanne, la sœur aînée de Léon Degrelle, le 23 avril 1924.

    Nous évoquerons ici quelques plaquettes, médaillons ou médailles ornés de son profil, constituant autant d'œuvres d'art séduisantes et pittoresques.

     

    Victor Demanet

     

    La plus belle plaque murale est due, sans doute, au ciseau de Victor Demanet (1895-1964) montrant un Degrelle sûr de lui, au visage fermé dont le sourcil anguleux souligne la détermination. Ce bas-relief fut fidèlement sculpté, en 1936, d’après le célèbre cliché diffusé au milieu des années 30 sous la forme d’une carte postale à la signature imprimée. Elle faisait partie d’une série de portraits de Léon Degrelle, vendus au profit du fonds de propagande de Rex. Ces photographies avaient été réalisées par le Studio Max, situé sur le prestigieux (à l’époque) boulevard de Waterloo de Bruxelles, dans le haut de la ville (ce blog au 3 mai 2021).

     

    LD Studio Max-horz.jpg

     

    Rien dans les biographies disponibles de Victor Demanet ne signale de particulière sympathie pour Léon Degrelle et le rexisme.

    Si la Biographie Nationale (t. 43, suppl. XV, fasc. 1er, col. 287-292) souligne bien son « amour du peuple » s’exprimant particulièrement dans sa « sculpture dédiée au labeur ouvrier », elle se garde bien de le rapprocher de la constante exhortation de Léon Degrelle à la « Révolution des âmes » (ce blog au 12 octobre 2023). L’auteur prend d’ailleurs soin de préciser qu’aux côtés de « nos rois (principalement le roi Albert), nos reines, nos princes », l’activité sculpturale officielle de Victor Demanet honore plus spécialement… « nos résistants ». Tant il est vrai que le sculpteur namurois fournit, après-guerre, nombre de bronzes exaltant la brigade Piron, le général Patton ou différentes personnalités de la résistance et de l’antirexisme, tel, par exemple, François Bovesse,

    Force nous est néanmoins de constater qu’au temps de la lutte épique contre les « banksters », des grands rassemblements populaires de Léon Degrelle et des formidables succès électoraux rexistes, Demanet multiplia les portraits du chef de Rex, notamment cette belle médaille du jeune Léon Degrelle au col de chemise ouvert, en 1938. Disponible en différents formats –dont une épinglette–, elle présente au revers la reproduction du célèbre bas-relief « Vouloir » (aussi appelé « L’Effort »), sommé du texte « Rex vaincra » ou, dans la version néerlandaise, « Rex Ter Zege ».

     

    Médaille FR 1 A Demanet-horz.jpg

    Les médailles conçues par Victor Demanet pour exalter la figure de Léon Degrelle et l’action spirituelle et sociale de son mouvement Rex ont été commercialisées sous deux formats : 8,25 et 5,35 cm, gravées des deux côtés de la pièce. À l’avers, le profil de Léon Degrelle, col ouvert, à l’expression déterminée, est entouré (auréolé !) de son nom : à gauche « LEON » précédé du monogramme de Victor Demanet ; à droite « DEGRELLE ». Le revers s’orne de la reproduction de « L’Effort » ou « Vouloir », sujet ayant servi de support à de nombreuses médailles commémoratives professionnelles ; au-dessus, la devise « REX VAINCRA » ; au-dessous, l’emblème de Rex en couronne du Christ-Roi, imaginé par Richard Krack (ce blog au 12 novembre 2020). Cette médaille existe également sous forme d'insigne à piquer au revers de son veston ou de broche pour le vêtement (2,25 cm de diamètre) dont l’arrière, aveugle, est muni d’une attache sous forme d’épingle verticale ou d’épingle à fermoir de sécurité.

     

    Peut-être est-ce d’ailleurs à cette proximité avec Léon Degrelle que le sculpteur dut la commande pour la ville de Bouillon (dont le père du tribun, le brasseur Edouard Degrelle, était conseiller communal, constamment réélu depuis 1904, en même temps d’ailleurs que conseiller provincial de Luxembourg) de deux statues emblématiques de la ville, Godefroid de Bouillon et Saint Arnould.

    L’initiative en revient à l’éphémère et inefficace Office de Redressement économique (OREC, un organisme imaginé par Henri De Man dans le cadre de son Plan du Travail et mis en place en avril 1935 pour stimuler un programme de travaux publics et de résorption du chômage : il disparut dès 1938), mais ce sont des mécènes, associés à l’Administration des Ponts et Chaussées, qui en assurèrent le financement. Prononçant le discours inaugural à la cérémonie de remise des statues à la ville de Bouillon, le représentant du gouvernement justifia le choix historique et artistique des nouveaux ornements du Pont de Liège, concluant : « À l’ombre du vieux château, ces statues de Godefroid de Bouillon et de Saint Arnould rappelleront qu’ici, l’on a toujours le culte de la patrie et de la grandeur nationale. »

    Av. Lxbg 28.06.1939.pngPeu après la réalisation des portraits de Léon Degrelle, Victor Demanet sculptera deux statues monumentales pour la ville natale de son modèle : Saint Arnould et Godefroid de Bouillon. Leur inauguration, le 25 juin 1939, fut l’occasion d’une cérémonie grandiose, associant les représentants de la Cour royale et du Gouvernement aux notables locaux. L’Avenir du Luxembourg, le grand quotidien catholique de la province (dont le grand-père maternel de Léon Degrelle, le Dr Jules Boever, fut l’un des fondateurs), en fit un compte rendu détaillé (« Pour honorer deux de ses illustres enfants, Bouillon a vécu des heures inoubliables »), mais en confondant les deux sculptures: la photo de première page ne reproduit pas le monument de Saint Arnould, mais celui de Godefroid de Bouillon !...


    P
    lacés de part et d’autre de l’accès au Pont de Liège du côté de la place Saint-Arnould, sur la même rive que la maison familiale des Degrelle, les deux monuments en pierre du pays de Gaume, entendaient immortaliser les principaux ducs de Bouillon, Saint Arnould, –premier de la lignée et patron des brasseurs–, et Godefroid de Bouillon, chef de la Première Croisade, avoué du Saint-Sépulcre et modèle inspirant de Léon Degrelle.

     

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    Dix mois après leur inauguration, les statues de Victor Demanet échappèrent miraculeusement à la destruction lorsque les artificiers du 295e régiment d’infanterie de l’armée française firent sauter, au soir du 11 mai 1940, les ponts de Bouillon sur la Semois, tout en bombardant les quartiers populaires situés en bordure de la rivière (les documents mis aujourd’hui à la disposition des touristes laissent entendre mensongèrement que la dévastation de la ville fut l’œuvre des Allemands. Ainsi du site Connaître la Wallonie qui écrit sans sourciller : « lors de l’invasion allemande de mai 1940, aucune chance n’est laissée au Pont de Liège. Le bombardement épargne miraculeusement les deux statues » !). Les ouvrages d’art furent rapidement réparés par le génie allemand, installant sur le pont de Liège une passerelle permettant le passage des piétons, assurant ailleurs la traversée pour le charroi le plus lourd (ce blog au 15 juin 2021).

    Saint Arnould 1940.pngPhoto prise peu après la prise de Bouillon par les Allemands en mai 1940. Une autochenille allemande Sd. Kfz. 10 (Sonderkraftfahrzeug 10) est stationnée à l'entrée du pont de Liège, près de la statue intacte de Saint Arnould.

     

    Les statues ne furent que peu abîmées : la photo de 1940 (ci-contre) montre en effet un Saint Arnould intact alors que celles de 1941 (ouvrant et fermant cette digression) le montrent, neuf mois plus tard, décapité, Godefroid demeurant entier. Certains n’ont pas manqué de voir dans cette mutilation une menace voilée contre le brasseur Edouard Degrelle via son saint patron…

     

    Après la guerre, les œuvres d’art restaurées ne furent néanmoins pas autorisées à rejoindre le lieu pour lequel elles avaient été conçues : punition pour la supposée (et dès lors coupable) proximité degrellienne de leur concepteur ?

     

    Godefroid fut le mieux traité, placé à la fin du sentier pédestre menant à l’entrée de son château. Saint Arnould, quant à lui, a été relégué tout au bout du quai de la Tannerie, en surplomb de la Semois, loin de toute habitation et dissimulé par l’abondante végétation, ce qui a grandement facilité une nouvelle décapitation par d’imbéciles vandales en juin 2020.

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    (Les photos ouvrant et fermant ce texte ont été prises le 6 février 1941 par le Service photographique de Ministère des Travaux publics de Belgique et sont conservées aux Archives générales du Royaume).

     

     

    Marc Colmant

     

    Le sculpteur bruxellois Marc Colmant (1898-1962) est un artiste moins connu que Victor Demanet, ne bénéficiant pas de notice dans la Biographie Nationale, ni même d’une référence sur « Wikipedia ».

    IMG_20231107_123824.jpgC’est dire que nous n’avons guère de renseignements sur lui, sinon qu’il réalisa de belles statuettes dans le style romantique qui connaissent toujours le succès dans les ventes d'art contemporaines ainsi que des médaillons pour quelques tombes de notables, notamment celle du bourgmestre de Ganshoren, Jan Frans (Fernand) Degreef, mort en 1928 (photo ci-contre).

     

     

    Colmant Faune.jpg« Marc Colmant est un sculpteur qui, à en juger par ce qu'il expose, aime à travailler en petites dimensions. La plupart du temps, cela lui réussit très bien. Il y a dans Faune à la Sarbacane [...] un mouvement, une élégance nerveuse du meilleur aloi. » (Le Nouveau Journal, 26 novembre 1943).

     

    Ce n’est pourtant pas par hasard que Marc Colmant réalisa une médaille en l’honneur de Léon Degrelle : il était lui-même militant rexiste et même troisième candidat de la liste de Rex aux élections communales du 16 octobre 1938 à Ganshoren, la commune du nord de l'agglomération bruxelloise où il habitait. Il ne sera malheureusement pas élu.

    Médaille LD Marc Colmant.png

     

    Le médaillon proposé par Marc Colmant (diam. 14 cm) est, tout comme le bas-relief de Victor Demanet, inspiré de la photographie du Studio Max. Mais il n'est pas traité à la manière de Demanet que nous pourrions qualifier d' « hyperréaliste ». Si les accentuations de relief et l'arrondi de la tête mettent sa jeunesse en évidence, ils confèrent aussi à Léon Degrelle une expression plus introspective, soulignée par sa moue mi-amusée, mi-dubitative et des sourcils interrogateurs. Un portrait du jeune chef tout au service du destin de renaissance spirituelle du peuple qu'il s'est assigné, autrement dit, la « révolution des âmes » (ce blog, entre autres, au 31 mars 2020).

    Pour l'artiste, qui signe fièrement son œuvre, aucun besoin de nommer le portrait de celui qui s'est rendu célèbre en chassant les banksters de la cité, à l'instar de Celui qui chassa les marchands du Temple. Seul compte le mot d'ordre : REX VAINCRA.

    À l'évidence, l’œuvre d'un artiste qui connaît son modèle de près et apprécie sa joie de vivre et son humanité curieuse et attentive.

    Après la guerre, il semble bien que Marc Colmant eut à souffrir d'une définitive damnatio memoriae car nous n'avons plus trouvé trace d'aucune exposition accueillant ses œuvres, ni d'aucune critique les commentant. Même sa tombe a subi cette loi inique de l'effacement en disparaissant du cimetière communal de Ganshoren.

    Colmant Tombe Ganshoren.jpg

    Marc Colmant est mort en 1962 à l'âge de 64 ans seulement. Il reposait dans le caveau de ses parents qu'il avait aménagé dans l'ancien cimetière de Ganshoren. Malgré sa valeur aussi bien historique que patrimoniale, sa tombe a été rasée peu avant l'ouverture du Nouveau Cimetière en 1976. Voici l'endroit où se trouvait le monument funéraire, dans la seconde allée, à l'emplacement numéro 68...

     

    Toutes les œuvres ici décrites sont disponibles sur le site Le Cercle du Collectionneur.

  • Les mémoires « effilochés » d’Anne Degrelle-Lemay

    VII. Servando Balaguer,

    un mari quelque peu chahuté

     

     

    Anne Degrelle Couverture.jpgRevenons une nouvelle fois sur le livre qu’Anne Degrelle (qui, en réalité, se considère comme n’appartenant qu’à la famille Lemay : ce blog au 5 novembre 2022) consacre à son père Léon Degrelle, L’homme qui changea mon destin.

     

    Six longs chapitres nous ont déjà été nécessaires pour documenter, en même temps que notre désappointement, les considérations erratiques de celle qui, prétendant chroniquer la vie de Léon Degrelle, se permet d’en réécrire l’histoire, au prétexte sans doute d’en être la fille, et donc un témoin prétendument privilégié, quoique ne l’ayant plus jamais rencontré entre ses 10 et 21 ans (ce blog à partir du 23 octobre 2022).

     

    Mais là ne s’arrêtent pas les manipulations de la pseudo-mémorialiste. Destinés prioritairement à ses enfants, ses souvenirs liés à son père intègrent également sa propre histoire et celle de sa famille en Espagne (« C’est ainsi qu’a commencé ce récit qui s’est amplifié et transformé en une autobiographie intrinsèquement liée à la biographie de mon père », p. 158).

     

     

    Juan Servando Balaguer : une première rencontre arrangée

     

    Anne+Servando Bib3.jpeg

    Anne Degrelle-Lemay et son mari Servando Balaguer dans la bibliothèque de leur appartement de la rue Zurbarán, croisant la rue García Morato (aujourd’hui Santa Engracia : ce blog au 10 mai 2023) où se trouvait l’appartement de Léon Degrelle et son épouse Jeanne Brevet : « Ils emménagèrent au numéro 37 de la rue Santa Engracia, très proche de chez nous qui nous étions récemment installés dans la rue Zurbarán, au coin de la rue Almagro. » (p. 122)

     

    Son mari Servando Balaguer y tiendra donc une place. Mais pas celle que l’on aurait pu attendre. Car si nous saurons tout de son addiction au jeu, de sa déchéance et de sa mort navrante, nous ne saurons pas grand-chose de sa relation avec son beau-père Léon Degrelle, ce qui aurait pourtant été évident dans un livre censé lui être consacré.

     

    La première rencontre d’Anne et du jeune Balaguer ainsi que leurs premières relations sont d’emblée placées sous des approximations et équivoques semblables à celles dont elle embarrasse son père. C’est d’ailleurs son futur beau-père, le dentiste de Constantina, Servando José Balaguer, qui retint tout d’abord son attention et son affection, dispositions ne pouvant que se reporter sur le fils qui lui ressemblait en tous points et lui avait été envoyé non sans arrière-pensée, de toute évidence.

     

    « A cette époque, c’est à peine si je commençais à […] connaître [un des amis les plus proches de mon père, Servando José Balaguer]. Je n’ai pu que ressentir la sincérité de son étreinte lorsqu’il me présenta ses condoléances pour la mort de mon frère. Ses yeux reflétaient l’amour qu’il portait à mon père et la tristesse qui l’envahissait lui aussi en voyant souffrir son ami. Il partageait notre souffrance. J’ai bien ressenti alors sa proximité et trois mois après cette rencontre, le destin amena chez moi un garçon qui était son portrait vivant : son fils Juan Servando. Il me raconterait, des semaines plus tard que c’était son père qui l’avait expressément obligé de venir pour m’aider à m’intégrer dans ce nouveau monde si différent de celui que j’avais connu jusqu’alors. » (p. 81)

     

    Plus tard, Anne n’appellera plus celui qui devait être son mari que par son second prénom, qui était le premier de son beau-père. Nous étonnerons-nous dès lors de sa considération suivante :

    « Mon meilleur ami […] ne comprenait pas bien ce qui m’arrivait et je crois que, tout au long de notre vie commune, –car il fut mon mari pendant 40 ans–, il y a toujours eu comme un halo d’incompréhension. » (p. 81).

    Livre Anne 83.jpeg

    Juan Servando Balaguer, son futur beau-père Léon Degrelle et sa fiancée Anne Degrelle-Lemay. L'amour conjugal d'Anne est « hors raison » et se place dans un « halo d’incompréhension » : « J’étais tombée amoureuse. Le cœur a ses raisons que la raison de connaît pas. » (p. 82).

     

    Le récit de son mariage commence par une nouvelle évocation de son beau-père dont elle retrouvait les qualités chez son fiancé : « Avocat brillant, Juan Servando n’était pas de haute naissance. Ce n’était pas un Mayalde, ni un Serrano Súñer. Son père, de grande culture et d’une intelligence fine, dentiste de profession, était aimé de tous et tout particulièrement de moi. Mon futur mari en avait hérité la façon d’envisager la vie : l’étude, le travail, l’honnêteté et, surtout, l’amour et la joie de vivre. » (p. 100).

    Les souvenirs d’Anne décriront alors son mariage comme une belle fête populaire, d’une joyeuse simplicité, dont l’écho international ne fut causé que par la seule extravagance de son père : « Notre mariage fut célébré le 21 juillet 1962 dans l’église paroissiale de Constantina. Bien évidemment, cet événement ne passa pas inaperçu dans la presse internationale. Mon père, avec un uniforme peu orthodoxe, mais avec la Croix de Fer autour du cou, me conduisit à l’autel au milieu d’une foule joyeuse et bruyante, la population du village qui l’appelait Don Juan de la Carlina, qui l’aimait et qui m’avait également adoptée. Ma robe était magnifique. J’avais donné des cours de français pendant un an à la petite-fille de la couturière. C’est ainsi que je me la suis offerte. Il était midi. Midi d’un 21 juillet dans la chaleur estivale andalouse. Après la cérémonie, la moitié du village monta jusqu’à La Carlina. Pas d’invitations ni de protocole. Du jambon, du bon vin et des rafraîchissements pour les enfants. De la musique, des guitares, de la joie… Je ne sais pas à quelle heure cela se termina car nous partîmes rapidement à Séville où commença notre lune de miel. » (pp. 101-102).

    Quelle concision dans l’évocation d’un des événements les plus marquants de sa vie ! Conduite à l’église par son père bizarrement accoutré, elle-même portant une belle robe payée avec ses propres économies, une fête villageoise d’une effervescence spontanée typiquement espagnole…

     

    Livre Anne 101.jpegÀ l’issue de la cérémonie religieuse, Anne et son époux Juan Servando Balaguer sortent de l’église Santa María de la Encarnación de Constantina (voir la photo où son père la conduit à l’autel, sur ce blog au 20 décembre 2022).

    Une nouvelle fois, la cartésienne s’est muée en romanesque ! Pas d’invitations ? Un costume bizarre ? Une robe payée de ses deniers ?

     

    Anne vient d’évoquer l’origine modeste de son mari qui n’était ni le comte de Mayalde, ni le ministre Serrano Súñer. Néanmoins, ces personnalités, et tant d’autres, figuraient pourtant parmi les cent cinquante convives, bel et bien invités à la noce, famille et amis (y compris des officiers américains de la base aérienne proche : ce blog au 23 octobre 2022) : « Parmi les invités qui assistèrent au mariage, se trouvaient Jaime de Mora y Aragón, le frère de Fabiola, la reine des Belges ; l’ex-ministre et beau-fils de Franco, Ramón Serrano Súñer ainsi que le colonel Otto Skorzeny, le héros de l’épopée de la libération du Duce, et le chef des commandos spéciaux » (José Luis Jerez Riesco, Degrelle en el exilio, p. 286).

     

    Anne parle de l’ « uniforme peu orthodoxe » de son père, « avec la Croix de Fer au cou ». C’était « en réalité l’habit de gala de la Phalange Espagnole que Léon Degrelle pouvait porter de par son appartenance à la Vieille Garde de la Phalange depuis 1934. » (Ibidem, p. 287, ce blog au 25 octobre 2019). Quant à « la Croix de Fer au cou », tout le monde aura compris qu’il s’agissait de la cravate de la Croix de Chevalier de la Croix de Fer avec Feuilles de Chêne.

     

    LD+Louise-Marie Grenade 1960.jpg

    Léon Degrelle et sa sœur Louise-Marie dans un restaurant de Grenade, vers 1960.

     

    Enfin, lorsqu’Anne insiste sur sa belle robe acquise en échange de cours particuliers, nous nous étonnerons que, pour une fois, elle ne s’interroge pas sur l’origine des fonds qui permirent d’assurer toute la pompe de sa cérémonie nuptiale et l’organisation de la réception fastueuse dans les luxuriants jardins de La Carlina. Car, à ce moment, Léon Degrelle se débattait dans les insurmontables difficultés du financement de ses travaux immobiliers qui l’amèneront à une faillite inéluctable (ce blog au 23 octobre 2022). Ignorerait-elle, –ainsi que l’expliqua son papa dans une lettre à sa sœur Louise-Marie du 17 septembre 1969–, que pour couvrir les frais du mariage de sa fille et lui donner tout le lustre qu’il estimait indispensable, il n’hésita pas à brader son plus fameux incunable du XVe siècle comportant quelque deux mille gravures ?

     

    « Halo d’incompréhension » encore que cette comparaison entre la jalousie du père et celle du fils, la victime étant finalement toujours Anne…

    « Mon mari avait reçu une éducation stricte de son père, machiste andalou convaincu qui, au début de nos fiançailles, voyait d’un mauvais œil la permissivité de son fils à mon égard. Ooooh, quel péché ! Je pouvais m’habiller comme je voulais : petites robes sans manches, pantalons courts, maillots de bain, etc. Grand scandale dans un village de la montagne sévillane dans les années 60. Mais il se convainquit rapidement que j’étais une fille bien et que mon amour pour son fils ne pouvait laisser prise à aucun soupçon. […] J’avais parfois pitié de ma belle-mère et je la laissais se défouler sur moi. Elle finissait toujours par se convaincre que si son mari était jaloux comme le Maure de Venise, c’était parce qu’il l’aimait énormément. En définitive, tout cet atavisme remontait à bien des siècles et cela m’amusait. Mon mari aussi était jaloux et plus d’une fois il s’affronta verbalement à des garçons qui, d’après lui, me regardaient avec trop d’insistance. Moi, cela me faisait beaucoup rire, mais les dragueurs nous plaisent toujours à nous les filles, pourvu qu’ils soient beaux et respectueux […]. » (p. 124-125)…

     

     

    Servando Balaguer, l’homme politique

     

    Que saurons-nous d’autre sur Servando Balaguer ? Pas grand-chose, à part des manifestations de « halo d’incompréhension », comme celle-ci, pourtant antérieure encore au mariage, relative aux rencontres, dont raffolait Anne, avec les comtes de Mayalde ou la famille du ministre des Affaires étrangères et beau-fils du Caudillo, Ramón Serrano Súñer : « Mon fiancé n’appréciait guère cette vie sociale qu’il devait partager avec le milieu de son futur beau-père. » (p. 89).

     

    Et pourtant c’est avec enthousiasme qu’il deviendra un acteur important de la vie politique espagnole au sein du mouvement nationaliste Fuerza Nueva. Mais, –nouvel « halo d’incompréhension » ?–, ce serait à son épouse Anne qu’il serait redevable d'avoir pu rencontrer le président Blas Piñar : « Mon mari écrivit en mon nom à Don Blas pour le remercier de la position de la revue Fuerza Nueva qu’il dirigeait personnellement. » (p. 112).

     

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    Il s’agit du fameux éditorial de février 1972, Ceux qui ne pardonnent pas, qui provoqua la saisie de l’hebdomadaire nationaliste où Blas Piñar protestait contre l’ordre de recherche et d’arrestation (busca y captura) de Léon Degrelle par le gouvernement d’Opus Dei (ce blog aux 25 mai 2019 et 3 janvier 2023).

     

    Dans le troisième volume de ses mémoires (La pura Verdad, 2001), Blas Piñar donne cependant une version quelque peu différente, s’honorant de l’amitié plus du gendre de Léon Degrelle, que du mari d’Anne : « Cet article m’a valu des déboires –comme la saisie de ce numéro de la revue, mais l’article fut quand même repris dans le numéro suivant–, et m’a procuré aussi des satisfactions. L’une d’entre elles fut la visite de remerciement ainsi que l’amitié de Juan Servando Balaguer Parreño, le beau-fils du Chef rexiste. » (p. 308).

     

    C’est cette rencontre qui précipita la carrière politique de Servando, Anne se réservant néanmoins un rôle de mouche du coche rexiste : « La politique en général nous plaisait à tous deux. Nous commençâmes à assister à de nombreux meetings organisés par le parti. Sa ligne me rappelait beaucoup REX et ses aventures dont je connaissais tant de choses pour avoir écouté mon père pendant les longues heures de discussions des premières années de ma vie espagnole que j’ai partagées avec lui. Mon mari commença vite à faire partie de l’équipe politique. Il était aussi un grand orateur et participait aux réunions organisées aux quatre coins des provinces espagnoles. Il endossait chaque fois plus de responsabilités dans le parti et, dans les années 70, il créa la branche Fuerza Joven. Il se chargea personnellement de la formation humaine et politique des jeunes du parti dans une ambiance de respect et de discipline. Toute cette jeunesse l’aimait et l’appréciait énormément. » (p. 112).

     

    Soyons néanmoins de bon compte : Blas Piñar appréciait beaucoup Anne dont il salue à plusieurs reprises dans son ouvrage l'implication politique dans les activités du mouvement Fuerza Nueva, notamment à l’occasion d’un meeting de l’Eurodroite à Marseille, le 10 novembre 1978 : « Mon discours, en français, m’avait été traduit avec un soin particulier par Anne Degrelle. » (La Pura Verdad, p. 242).

     

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    Grand meeting de Fuerza Nueva dans les arènes monumentales de Las Ventas (près de 30.000 personnes) à Madrid pour célébrer, le 18 juillet 1979, le quarante-troisième anniversaire du soulèvement national contre le Front populaire et ses exactions « révolutionnaires ». La réunion était placée sous le signe de l’Eurodroite, avec la participation de délégations, entre autres, italienne (MSI), française (Parti des Forces Nouvelles) et belge (Front de la Jeunesse). C’est Servando Balaguer qui animait la réunion, présentant les différents orateurs précédant Blas Piñar, le plus fameux tribun d’Espagne, et, en conclusion de cet Acte d'affirmation nationale, proposant à l'auditoire survolté d'entonner les hymnes patriotiques.

     

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    Servando Balaguer au meeting du 18 juillet 1979 dans les arènes de Madrid : il entonne l’Oriamendi (marche du mouvement légitimiste, du nom de la ville basque où les partisans de Charles, frère du défunt roi Ferdinand VII, emportèrent la victoire lors de la première guerre carliste). Suivront le Cara al Sol, chant de la Phalange écrit par José Antonio Primo de Rivera lui-même, ainsi que l’hymne national espagnol, resté sans paroles, mais, ici, avec un texte de Fuerza Nueva, chanté avec ferveur par la foule.

    Comme Anne ne dit rien de plus des impressionnantes activités politiques de son mari, précisons que Servando Balaguer était pratiquement devenu le bras droit de Blas Piñar qu’il remplaçait dans les événements auxquels il ne pouvait participer. Ainsi, par exemple, des congrès du Parti des Forces Nouvelles français de 1978 et 1979 ou de la campagne électorale italienne en Sicile en décembre 1978 où il sut remplacer avec éloquence le leader de Fuerza Nueva retenu à Rome par une audience privée avec le pape Jean-Paul II. Il noua également des liens privilégiés avec les nationalistes belges : « Juan Servando Balaguer participa, au nom de Fuerza Nueva, au camp du Front de la Jeunesse (plus tard, Forces Nouvelles) en décembre 1977 ; à son IIIe Congrès, le 18 avril 1978, où il prononça un des discours de clôture » (La PuraVerdad, p. 306).

    C’est lui qui représenta également Fuerza Nueva au « Meeting de l’Eurodroite » de Bruxelles, le 2 juin 1979, organisé par le Front de la Jeunesse belge. Celui-ci ne participait évidemment pas aux élections européennes du 10 juin suivant, mais il s’agissait d’offrir une tribune au président du Mouvement Social Italien, Giorgio Almirante, pour s’adresser à la forte communauté italienne de Belgique.

    Non seulement le meeting fut interdit par le bourgmestre libéral de Bruxelles sous l’éternel prétexte de « risque de troubles à l’ordre public », mais comme le meeting avait été remplacé par une conférence de presse dans la grande salle de bal de l’Hôtel Métropole, un arrêté ministériel fut pris en extrême urgence et signifié par deux agents de la Gendarmerie à Giorgio Almirante au moment même où il allait prendre la parole.

     

    Métropole 02.06.1979.jpeg

    Il y eut effectivement des troubles à l’ordre public provoqués impunément par les bandes gauchistes : la terrasse du rez-de chaussée du Métropole fut saccagée et toutes ses vitrines brisées ; les voitures particulières endommagées ne furent que des « victimes collatérales »...

     

    Face à une telle violation de la liberté d’expression d’un député italien, candidat aux élections européennes, garantie par la loi électorale, tous les orateurs ne purent que protester vainement, Servando Balaguer soulignant surtout le ridicule dont l’Etat belge se couvrait. C’est alors qu’un « journaliste » de la télévision belge l’interrompit en vociférant : « Parce que lorsque vous étiez au pouvoir avec Franco, il y avait plus de liberté, sans doute ? » Répondant du tac au tac, le responsable de Fuerza Nueva pour les relations avec les mouvements européens asséna cette évidence sans réplique : « Bien sûr ! Il y avait tellement de liberté et tellement de tranquillité chez nous que c’est en Espagne que, chaque année, le Roi des Belges Baudouin est venu passer ses vacances ! » (Fuerza Nueva, 9 juin 1979).

    La photo ci-dessous montre la tribune de la conférence de presse de l’Hôtel Métropole : de gauche à droite, Pascal Gauchon (Parti des Forces Nouvelles, France) annonce un « meeting de réparation » à Strasbourg, tout juste deux jours avant les élections, « où Giorgio Almirante ne risquera pas d’être empêché de parler ! », Giorgio Almirante (MSI, Italie) sous le coup de l’interdiction de s’exprimer qui vient de lui être signifiée, Francis Dossogne (Front de la Jeunesse, Belgique), Elie El Turk (Forces Nouvelles, Liban) et Servando Balaguer (Fuerza Nueva, Espagne).

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    Servando Balaguer veilla-t-il Franco avec Léon Degrelle ?

     

    La seule anecdote rapportée par Anne où son mari et son père eussent pu être réunis est celle de la mort de Francisco Franco et la présentation de sa dépouille dans une chapelle ardente au Palais d’Orient.

    Anne décida d’y emmener ses trois aînés afin de rendre hommage au Caudillo « pour avoir donné l’hospitalité à mon père Léon Degrelle en tant que réfugié politique. […] Nous quittâmes la maison à quatre heures de l’après-midi et ne pûmes passer devant le cercueil que le lendemain matin vers trois heures. » (p. 112).

    C’est en se présentant devant le défunt que, stupéfaite, elle reconnaît au côté du cercueil… son mari Servando : « Enfin, vers les 3h30 du matin, nous passâmes devant le corps de Franco et quelle ne fut pas ma surprise et celle de mes enfants en voyant mon mari veiller le cercueil, avec cinq autres garçons de Fuerza Joven, portant impeccablement leur uniforme ! Même lui ne pouvait s’y croire ! » (p. 113).

     

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    Congrès des responsables régionaux de Fuerza Joven, le 12 octobre 1979, en uniforme impeccable, chemise bleue de la Phalange et bonnet rouge de la Communion Traditionaliste : au premier plan, Servando Balaguer est accroupi au milieu, devant le premier rang, le regard tourné vers sa droite.

     

    « Quelques jours plus tard, mon père vint manger à la maison. Il me raconta qu’il ne pouvait assister publiquement à aucune de ces manifestations de deuil. La presse étrangère était trop nombreuse et il devait se cacher. » (p. 113).

     

    Sauf qu’à ce moment, Léon Degrelle n’avait plus aucune raison de se cacher : l’ordre de « busca y captura » était devenu caduc depuis que le gouvernement belge avait pris, le 17 décembre 1974 (soit près d’un an auparavant !), un arrêté ministériel le déclarant « étranger indésirable ». Ce qui rendait désormais impossible toute demande d’extradition. Aussi, tirant parti de cette nouvelle situation, l’encombrant exilé en profita-t-il pour se lancer dans de nouveaux projets immobiliers en Andalousie, sans manquer de se rappeler au bon souvenir de ses compatriotes en publiant ses fameuses Lettres à mon Cardinal dont plus de dix mille exemplaires seront vendus !

     

    Sauf aussi qu’à l’instar de Servando Balaguer, Léon Degrelle participa lui aussi à la veillée du corps du Généralissime Franco. Et que cela ne passa évidemment pas inaperçu dans la « presse étrangère » !

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    En effet, une dépêche de l’Agence France Presse datée du 26 novembre 1975 signala le malaise cardiaque dont souffrit Léon Degrelle à l’issue de sa veillée du défunt, le surlendemain de la mort du chef de l’État espagnol : « L’ancien chef du rexisme belge Léon Degrelle, a été frappé d’une attaque cardiaque dans la nuit du 22 au 23 novembre après avoir veillé pendant deux heures la nuit le corps du général Franco au palais d’Orient, apprenait-on mercredi à Madrid. »

     

    Cette dépêche de la célèbre agence de presse française fut reprise par la plupart des journaux belges ainsi que par la presse internationale.

     

    Léon Degrelle lui-même confirma cet incident à un journaliste de l’hebdomadaire argentin Siete Dias ilustrados : « Devant la dépouille de Franco, qui était son ami, l’homme demeura deux heures dans une attitude pensive, une attitude de recueillement. Quand il sortit, le jour se levait sur la grande esplanade. Les soldats achevaient les préparatifs pour dresser l’autel et les tribunes où allaient se célébrer les funérailles quelques heures plus tard. […] Cet homme grand et fort, Léon Degrelle, fondateur et Chef du mouvement rexiste belge, vacilla et s’écroula devant la porte du Palais, terrassé par une crise d’angine de poitrine.

    Léon Degrelle : Une fois de plus, j’ai échappé à la mort, comme en mai 1940 à Abbeville […]. J’ai plus de vies qu’un chat ! –constate-t-il en souriant. En Ukraine et au Caucase […], j’ai survécu à sept blessures et onze fractures. Et j’ai échappé aussi à la mort, malgré tous mes os brisés, quand je me suis écrasé en avion dans le Golfe de Gascogne et, plus tard, à Séville quand on a voulu m’enlever […]. » (19 juillet 1976).

    Siete Dias 19.07.1976.jpgAlors, pourquoi Anne propose-t-elle cette carabistouille ? A-t-elle voulu faire de son mari le seul membre de sa famille à avoir été la sentinelle du défunt Caudillo ? Ou voulait-elle cacher que la veillée inattendue de son père exprimant sa reconnaissance pour la fidèle protection que lui assura Francisco Franco ne fut possible que par la présence de son propre mari dans la chapelle ardente ? De Servando qui ne pouvait rien refuser à son beau-père qu’il admirait sans les réserves fantasmagoriques entretenues par sa femme ? Toujours ce « halo d’incompréhension »...

     

     

    Servando Balaguer, avocat de Léon Degrelle

     

    Anne n’en dira pas plus et ne parlera plus de son époux que pour chroniquer sa dépendance fatale au jeu ainsi que son décès. Et c’est bien dommage car, ce faisant, elle passe, par exemple, totalement sous silence son rôle d’avocat, pourtant déterminant, dans la défense de Léon Degrelle attaqué par Violeta Friedman, Vénézuélienne d’origine juive vivant en Espagne. L’affaire avait pourtant commencé par la prétention du rabbin Abraham Cooper et de la Fondation Simon Wiesenthal de Los Angeles d’offrir un million de dollars pour la capture de Léon Degrelle, prétention qu’a justement dénoncée Anne dans son livre (ce blog au 3 janvier 2023). En juillet 1986, Violeta Friedman perdit son procès contre Léon Degrelle qu’elle accusait d’avoir douté de la mort de juifs dans des chambres à gaz en répondant à un journal espagnol qui lui demandait de réagir à la mise à prix de sa tête. Elle interjeta appel de cette décision.

     

    Violeta Friedman.jpg

    « A nouveau, le tribunal venait d’acquitter Léon Degrelle, soulignant l’absence absolue d’intérêt à agir de la part de la plaignante. À l’issue de l’audience, Violeta Friedman, s’adressant aux photographes de presse couvrant l’affaire, leur dit d’un ton autoritaire : Photographiez-les bien tous pour que nous puissions les ficher ! Elle parlait des jeunes idéalistes présents dans le prétoire. » (Degrelle en el exilio, p. 474)

     

    Les remous médiatiques et les multiples plaidoiries de cette affaire à rebondissements mériteraient certainement d’être retracés méticuleusement. Contentons-nous ici de n’en évoquer que les principales étapes telles que les retrace José Luis Jerez Riesco dans son Degrelle en el exilio, récit d’autant plus intéressant que lui-même, jeune avocat, put assister le conseil principal de Léon Degrelle, le gendre de celui-ci, Servando Balaguer :

    « La défense de Léon Degrelle […] fut confiée à son beau-fils, Servando Balaguer, accompagné et assisté, en toge, à la barre, par son ami, l’avocat José Luis Jerez Riesco. […] Le verdict rendu le 9 février 1988 fut favorable à Degrelle, […] estimant que les propos tenus par Léon Degrelle à la revue Tiempo ne relevaient aucunement d’ expressions ou de faits personnels et que, à aucun moment, il n’avait fait quelque référence à Violeta Friedman ni à sa famille et que [le tribunal] se refusait à se prononcer sur des considérations à caractère historique ou politique. […] Le 5 décembre 1989, le Tribunal Suprême [saisi en cassation] confirma en tous points le verdict de l’Audiencia Territorial, rejetant le recours et donnant entièrement raison à Léon Degrelle […].

    C’est alors que, le 12 janvier 1990, une requête individuelle de protection [« recurso de amparo »] fut introduite devant le Tribunal Constitutionnel. […] Léon Degrelle était représenté par le procureur Francisco de las Alas Pumariño y Miranda, assisté par l’avocat Juan Servando Balaguer Parreño. […] Le jugement 214/91 de ce Tribunal Constitutionnel, politisé par la procédure de sélection de ses magistrats, fut rendu le 11 novembre 1991. […] Ce fut la consécration de la criminalisation du droit à la liberté d’expression sur certains faits historiques. Le jugement était bref et disait textuellement : 1) Déclarer nuls les jugements [précédents] ; 2) Reconnaître à la plaignante le droit à l’honneur. » (pp. 472-480).

     

    José Luis Jerez Riesco termine cependant ce chapitre en relevant que le Tribunal Constitutionnel est revenu sur ce jugement le 7 novembre 2007, de sorte que « en Espagne, du moins, on peut étudier l’Histoire de manière contradictoire dans la recherche de la vérité. […] Léon Degrelle a finalement gagné cette bataille juridique car il avait raison, au-delà de la mort. » (p. 484).

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    Ultime désillusion de Léon Degrelle lisant dans le quotidien El País du 12 novembre 1991 l’annonce du dernier verdict qu’il put connaître : « La Cour Constitutionnelle protège Friedman contre l’incitation à la haine contre les juifs de l’ex-chef des SS Degrelle » ! Seize ans plus tard, il obtiendra pourtant justice, le Tribunal Constitutionnel revenant sur ce jugement : « À l’instar du Cid Campeador, Léon Degrelle a gagné sa bataille juridique au-delà de la mort ! » (José Luis Jerez Riesco, Degrelle en el exilio, p. 481).

     

     

    Servando Balaguer au décès de Léon Degrelle

     

    Pour Anne Degrelle-Lemay, le rôle de Servando Balaguer au cours des heures tragiques du décès de son papa s’est strictement limité à celui de conducteur d’automobile. Aussi n’occupe-t-il aucune place (et n'est pas autrement évoqué que sous le vocable « mon mari ») dans L’agonie et la mort de mon père, le chapitre le plus sensible de ses mémoires. Et pourtant…

     

    En vacances à la Costa del Sol, Anne fut la première à être appelée au chevet de son père : « Je savais qu’il ne survivrait pas à ce dernier combat. Il respirait avec difficulté. Son cœur et ses poumons s’affaiblissaient. J’étais assise à ses côtés, anxieuse mais sereine, tenant ses mains entre les miennes. De temps en temps, il ouvrait les yeux et son regard me semblait absolument conscient, comme s’il voulait exprimer quelque chose : la peur, la douleur (mais pas physique, car il était sous calmants), des questions... C’étaient des éclairs de regard qui sont restés gravés dans mon esprit.

    Ma fille et des amis se relayaient devant la porte, dans le couloir, pour que personne ne vienne déranger ces heures ultimes de contact intime entre un père et sa fille. […]

    Les premiers qui arrivèrent furent mon fils Juan avec ma sœur Christine et mon mari au volant de la voiture. Godelieve et son mari les suivaient depuis Madrid. Notre ami Alex se chargea de prévenir les amis de mon père […].

    Néanmoins, quand il expira, nous étions seuls, mon fils Juan et moi, à ses côtés. Sa figure se transforma. Tout signe de douleur ou d’angoisse avait disparu, jusqu’aux rides de sa peau de 88 ans. Il n’exprimait plus que la paix.

    A ce moment, moi qui avais eu souvent des crises de foi, j’éprouvai un immense sentiment de Paix. Y avait-il un Au-Delà où un dieu miséricordieux l’attendait ? Le bonheur qu’exprimait son visage à cet instant me bouleversa. Voulait-il me transmettre quelque chose ?

    Je ne veux pas m’étendre sur l’émoi international que provoqua son décès. Ajouter seulement que mon fils fut le seul qui veilla son corps dans le funérarium de Malaga toute la nuit du Vendredi Saint jusqu’à ce que, le samedi, l’entreprise de pompes funèbres se charge de l’incinération.

    Mon mari, mes enfants et moi rentrâmes à Madrid, essayant de retrouver une vie éloignée de la presse et des commentaires de la radio et de la télévision. » (pp. 139-140).

     

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    L’hôpital Parque San Antonio sur l’avenue longeant la plage de Malaga.

     

    Fiche Malaga De Schutter.jpgCorrigeons simplement ce récit avec le rare témoignage d’une personne présente, le photographe Jacques de Schutter qui a rédigé une « fiche de voyage » sur son séjour à Malaga en ces moments dramatiques :

     

    « On va vers la clinique. Chantal [fille aînée de Léon Degrelle] va et revient après un certain temps. C’est là qu’on apprend que Léon a été transféré au crématorium. Jeanne est à l’hôpital : là aussi, c’est la catastrophe… très malade… poumon atteint… etc., etc. Elle ne pourra même pas assister à la crémation de son mari. Drame complet ! Taxi. On part à 30 km de Malaga pour le crématorium. La fille de Jeanne, Caroline, nous accompagne. On arrive au crématorium sur les hauteurs de Malaga. Toute la famille est là : les quatre filles, Chantal, Anne, Godelieve, Marie-Christine, avec leur mari et leurs enfants respectifs.

    Chambre mortuaire. Derrière une vitre, le cercueil est là, avec Léon Degrelle. Office funèbre. Messe. Je suis tout près du cercueil dans un bois sombre de couleur acajou, bords arrondis, un Christ sur le dessus. Il est à ma droite. Des fleurs : une couronne d’œillets roses, blancs et rouges ; des roses rouges, cinq ou six maximum ; des orchidées… La cérémonie est très intime, maximum vingt personnes. Office religieux. Pas de communion ni de musique –nous sommes le Vendredi Saint.

    Léon Degrelle est mort à 23h, le jeudi 31 mars 1994. La crémation a eu lieu le vendredi 1er avril 1994 à 23h (il fait nuit).

     

    C’est Raymond Van Leeuw qui gère les opérations à 23h. Il n’y a que des hommes ! Toutes les familles sont rentrées à Malaga. Restent sur place le mari d’Anne [Servando Balaguer], le mari de Godelieve, le mari de Marie-Christine et deux ou trois autres personnes hommes.

    Raymon Van Leeuw leur demande de le suivre et de l’accompagner pour la fermeture du cercueil. Aucun d’entre eux n’acceptera ou ne souhaite participer à cette opération !

    Raymond me demande de l’accompagner pour la fermeture du cercueil. J’accepte. Nous n’étions que deux !

    Après la crémation, au bout d’un certain temps, l’urne est récupérée et délivrée avec un document (papier) qui a été remis ainsi que l’urne au mari d’Anne [Servando Balaguer] qui n’a pas voulu en prendre possession !... et l’a donnée à Vermeire… Alors que la demande impérative de Léon et de Jeanne voulait que l’urne soit remise à Raymond.

    Après, tout le monde se sépare. »

     

    Servando Bibliothèque.jpg« C’est l’époque [les années 70] où j’ai le plus aimé et admiré mon mari. Il avait un cabinet d’avocats qu’il avait monté quelques années auparavant avec deux collègues et qu’il garda jusqu’à sa mort. […] Ce fut une époque positive pour nous deux. Une dizaine d’années avait passé depuis notre arrivée à Madrid. Nous avions quatre enfants merveilleux. Notre vie professionnelle et… sentimentale allait bien. » (p. 110).
    Les points de suspension de la dernière phrase sont d’Anne. Toujours ce « halo d’incompréhension ».

  • Cercle des Amis de Léon Degrelle

     

     

    38e Correspondance privée – Avril 2023

     

    C’est avec un infini plaisir qu’après une longue interruption qui nous faisait craindre le pire, nous avons reçu la dernière publication du Cercle des Amis de Léon Degrelle (notre dernière recension du courrier du Cercle remonte en effet au 13 octobre 2021 !).

    Et de fait, ce long silence traduisait bien les ennuis occasionnés par les démocrates champions de la liberté d’expression à sens unique. Mais il vaut mieux, chers Lecteurs, que vous preniez connaissance par vous-mêmes des explications des responsables de ce Cercle aux objectifs pourtant bien circonscrits. Documenter l’actualité degrellienne de la manière la plus scrupuleuse et exhaustive possible : c’est apparemment encore bien trop…

    Cercle Amis 38 p. 2.jpeg

    Nous ne pouvons que remercier chaleureusement nos Amis degrelliens de France pour leur inébranlable attachement à l’idéal solaire de l’auteur de Révolution des âmes : c’est un magnifique exemple de courage, d’abnégation et de persévérance qu’ils nous donnent, se montrant on ne peut plus dignes de la devise portée sur leur boucle de ceinturon par les Bourguignons de la Sturmbrigade Wallonien et leur Commandeur Léon Degrelle : « Mon Honneur s’appelle Fidélité » !



    Guy Sajer, alias Dimitri

     

    Ce n’est donc sûrement pas gratuitement si la première page de couverture s’orne de cette belle photo de Léon Degrelle, dédicacée, fin 1989, à « Guy Sajer, l’inoubliable poète de notre épopée en U.R.S.S. »

    Cette photo fut prise par notre Camarade Jacques de Schutter, photographe officiel de Léon Degrelle, dans son appartement de Madrid, au dernier étage de l’immeuble situé, à l’époque, rue García Morato, du nom de cet as de l’aviation nationaliste pendant la Guerre civile, comptant plus d’une cinquantaine de victoires –homologuées et présumées– dans ses duels aériens : après la mort de Franco et la damnatio memoriae –aujourd’hui, on dit « wokisme »– qui a frappé le souvenir de son époque, la rue s’est à nouveau appelée Calle Santa Engracia. Léon Degrelle se trouve à la fenêtre de son bureau donnant sur la vaste terrasse fleurie orientée à l’ouest, vers l’Escorial et le Valle de los Caídos : par temps clair, il avait le plaisir d’en contempler les montagnes de la Sierra de Guadarrama.

    Nous disions que le choix de cette photo par nos Amis du Cercle n’est sans doute pas dû au hasard, car, pour les jeunes d’aujourd’hui qui l’ignoreraient encore, Guy Sajer est l’auteur du livre Le Soldat oublié, l’un des récits les plus puissants sur la Seconde Guerre mondiale par l’expression naturelle de la foi du soldat en la justesse de son combat mais aussi par son évocation de l’horreur de la guerre et la peinture des souffrances, des émotions, des amitiés qu’il connaîtra sur le front et qui le marqueront à jamais.

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    Car c’est son histoire que Guy Sajer (le nom de sa mère) a racontée, celle d’un Alsacien, –pas tellement « malgré nous »–, engagé à 16 ans dans la prestigieuse division blindée Grossdeutschland, de la Wehrmacht, aux combats de laquelle il participera jusqu’à l’anéantissement du Reich. Après la guerre, Guy Mouminoux (le nom de son père) deviendra l’un des principaux auteurs de l’école franco-belge de bande dessinée, travaillant notamment pour les célèbres hebdomadaires Spirou et Pilote (dont il se fera éjecter à cause du Soldat oublié). Il  rejoindra alors Tintin (Hergé vient d'y publier Vol 714 pour Sydney, mais c'est Greg, –le créateur d'Achille Talon– alors rédacteur en chef du « Journal des jeunes de 7 à 77 ans », qu'il rencontre et qui l'engage) et même B.D. Magazine (dans le sillage de Charlie Hebdo dont le fondateur, le « Professeur Choron », un ancien d'Indochine, se prend d'affection pour lui, tout comme le rédac' chef, Cavanna). C’est sous le nom de Dimitri qu’il y entreprend sa meilleure série à succès Le Goulag (une vingtaine d’albums publiés chez différents éditeurs) et qu'il met en chantier ces chefs-d’œuvre de justesse et de réalisme dans la narration que sont les poignants récits de guerre Kaleunt et Raspoutitsa (Albin Michel).

    Le choix de cette photo dédicacée est d’autant plus approprié que dans une interview publiée en 2012 dans Guerres & Histoire, Guy Sajer livrait, avec sa franche simplicité, une expérience tout à fait semblable à celle que rapportait tout à l’heure l’éditorialiste du Cercle.

    A la question de savoir s’il avait gardé le contact avec un ancien de la Grossdeutschland qu’il met en scène dans Le Soldat oublié, Dieter Halls, l’auteur répondit : « Il est devenu citoyen américain après guerre. Nous sommes allés le voir avec mon épouse il y a une dizaine d’années à New York. Ça ne s’est pas très bien passé d’ailleurs. Il m’a un peu choqué : il avait tout renié. Nous étions devenus à ses yeux une bande de forbans qui avait massacré l’Europe. N’importe quoi ! La guerre, on nous l’a imposée. Il était devenu un autre type pour moi. Un Américain. Alors je n’ai pas cherché à le revoir. Moi, je ne crache pas sur les Allemands. »

     

    Raspoutitsa.jpeg

    Mise en images par Dimitri dans Raspoutitsa, c’est la séquence finale, de la tragédie vécue par Steinbek, un soldat allemand, au Front de l’Est et dans les goulags soviétiques. Ne jamais rien renier (ce qui n’empêche de toujours se faire couillonner)...

     

    Quant à son avis sur le Reich, on sent que ça dérange l’interviewer qui lui assène un « Hitler  ! » comme une objection irrécusable, mais Guy Sajer ne renie rien et retrouve les accents enthousiastes de sa jeunesse :

    « J’étais béat d’admiration devant l’Allemagne, je dois reconnaître. Tout était si impeccable, si organisé… J’étais conquis par ce pays. C’était une histoire d’amour. C’est un pays qui a une telle force. Regardez ce qui se passe encore aujourd’hui : c’est eux qui vont relever l’Europe ! Même dans la débandade finale, ils restaient organisés. Ils ont aussi leur lot de connerie, bien sûr.

    Mais Hitler, ça vous disait quelque chose quand même !
    Je l’ai vu une fois, à Chemnitz. Comme d’ici, la place ! Un petit bonhomme en casquette qui marchait très vite, qui saluait.

    Aviez-vous une affection particulière pour lui ?
    À nos yeux, il était le bienfaiteur de l’Allemagne. Il a totalement remonté le pays. Moi, j’étais rassuré par son régime. Je venais d’une France qui vivait dans un bordel invraisemblable. L’Allemagne était carrée, tout était précis, on savait ce qu’on avait à faire. Je n’étais pas maltraité. Il me semblait qu’avec l’Allemagne, j’avais retrouvé des parents qui géraient. On a chargé Hitler de tous les maux ! Absurde. C’était un sentimental. Arno Breker, le sculpteur intime d’Hitler, m’a raconté après guerre qu’il était un rêveur, un poète, un type extraordinaire. Je le crois toujours. »

     

    On croirait entendre Léon Degrelle…

     

     

    Degrelliana

     

     

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    Comme à son habitude, la Corrrespondance privée du Cercle passe en revue l’actualité à travers le prisme degrellien, sans oublier les livres, magazines et sites internet pouvant intéresser tout passionné de Léon Degrelle.

    C’est ainsi qu’au moment où se déroulent encore maintenant des procès de terroristes islamistes, on relira avec intérêt les observations sur les origines du terrorisme formulées dès après la guerre par Léon Degrelle dans son livre De Rex à Hitler publié bien après sa disparition (Editions de l’Homme Libre, 2015, 30 euros).

    De même, la dérive de skinheads américains échouant leur vie Dans l’Enfer carcéral américain (Rémi Tremblay, éd. Dualpha, 23 euros), après avoir désastreusement identifié la « défense de la race blanche » avec la violence urbaine et le meurtre, faute d’avoir eu accès à une véritable vie spirituelle –la Révolution des âmes degrellienne–, préalable indispensable à toute régénération politique de la société…

     

    SS Ukraine.jpgAffiche de recrutement pour la Waffen SS ukrainienne.

     

    L’interview de Fédor Kazan, qui appartenait à la division de la Waffen SS ukrainienne Galicie, est également riche d’enseignements sur la véritable politique nationale-socialiste en Ukraine, aussi bien au point de vue racial et social que religieux : mais cela ne saurait surprendre que ceux qui n’ont jamais lu les récits de Léon Degrelle.

    Il est impossible d’évoquer ici toutes les présentations des nombreuses publications que nous ne connaîtrions pas sans la lettre du Cercle.

    Ainsi de deux brochures éditées par le « Cercle François Duprat, organe de formation et de réflexion de la communauté militante nationaliste-révolutionnaire Lyon Populaire ». La première reprend le discours que Léon Degrelle prononça, le 5 mars 1944, au Palais de Chaillot Aux armes pour l’Europe. Il est complété par Appel aux jeunes européens, que publièrent les éditions Avalon en 1992. La seconde est la Lettre aux Français que Léon Degrelle, interdit de séjour en France, fit paraître dans le numéro spécial de Je suis partout consacré à Rex (« Qu’est-ce que Rex ? »), le 24 octobre 1936. En complément est jointe la Lettre au Pape [à propos d’Auschwitz], (Editions de l’Europe réelle, 1979 ; ce blog au 25 juillet 2020).

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    Pour commander ces brochures, il faut se rendre sur leurs comptes Instagram ou Facebook.

     

     

    René Baert : esthétique et éthique

    C’est la réédition d’une rare pépite des éditions nationales-socialistes belges de La Roue solaire que nous annonce également le Cercle. L’épreuve du feu, à la recherche d’une éthique fut publié en mars 1944 par René Baert, critique littéraire et artistique du Pays réel, aux éditions qu’il cofonda, un an plus tôt.

    A sa sortie, ce livre fut présenté élogieusement dans la presse d’Ordre Nouveau, notamment par Le Nouveau Journal dont Robert Poulet fut le rédacteur en chef : « C’est à [la révolution nationale et sociale] que se consacre René Baert dans son livre L’épreuve du feu, qui porte en sous-titre : à la recherche d’une éthique.

    Baert Epreuve Feu 2.png

    Il s’agit d’une suite de courts essais dont le lien et l’unité sont évidents. Livre un peu aride, sans doute, –mais la facilité n’est plus de mise en ces temps de fer, et puisque, justement, c’est contre l’esprit de facilité qu’il faut d’abord lutter. Livre d’utile mise au point. L’essentiel de notre combat sur le plan de la pensée et de l’éthique, se trouve condensé dans de brefs chapitres qui s’intitulent notamment : La mesure du monde, Liberté chérie, Apprendre à servir, Le salut est en soi, Mystique de l’action, L’homme totalitaire, Le sens révolutionnaire.

    On n’entreprendra pas ici de résumer un message qui se trouve déjà fortement condensé dans ces pages, et dont la signification essentielle tient peut-être dans ces quelques lignes :

    Le révolutionnaire est celui qui lutte pour que nous ne connaissions plus jamais un temps comme celui que nous avons connu avant cette guerre… Ah ! combien à ce temps exécrable préférons-nous celui que nous vivons aujourd’hui ! Ce n’est pas que nous soyons heureux d’avoir fait les frais d’une aventure qui ne nous concernait pas, ce n’est pas que nous bénissions l’épreuve qui nous condamne à étaler toutes nos misères aux yeux d’autrui, –mais ce qui nous enchante, c’est d’être entrés de plain-pied dans la lutte, c’est de participer dans la faible mesure de nos moyens au gigantesque travail de l’avènement de l’Europe… Le sens révolutionnaire de notre époque extraordinaire se traduit précisément dans l’immense besoin de quelques-uns de sauver leur patrie malgré elle… La tâche, plus que jamais, doit appartenir aux révolutionnaires. C’est toujours à la minorité combattante qu’appartient l’initiative de la lutte. Mais qu’on n’oublie pas que seuls pourront y participer ceux qui n’auront pas préféré leurs petites aises au risque qui fait l’homme.

    Cette tâche, elle est politique et sociale, mais elle est aussi spirituelle, éthique. Aussi bien est-ce à la recherche d’une éthique révolutionnaire que s’applique l’auteur de L’épreuve du feu. Il ne le fait pas sans se référer à de hauts maîtres, tels que Nietzsche ou, plus près de nous, l’Allemand Ernst Jünger (dont René Baert analyse lucidement l’œuvre et l’enseignement dans un chapitre intitulé Le travailleur), les Français Drieu la Rochelle ou Montherlant (entre lesquels il établit un remarquable parallèle). » (Le Nouveau Journal, 6 avril 1944).

    René Baert.pngRené Baert, réfugié en Allemagne en 1945 où il tentait de se préserver des générosités assassines de la « Libération », est arrêté et fusillé sans autre forme de procès par des militaires belges. On ne dispose que de peu d’éléments biographiques sur lui bien qu’il existe un site modeste qui lui est consacré (cliquez ici).

     

     

    L’épreuve du feu, de René Baert, est sorti aux éditions du Lore et est disponible à la Boutique Nationaliste du Cercle des Amis de Léon Degrelle (26 euros + 7,5 euros de frais de port).

     

     

     

     

    « Incivique ! » : une insulte qui justifie les spoliations à très bon marché…

    Le Cercle évoque aussi un article du Soir (14 mars 2023) intitulé Dans les petits papiers d’Edouard Degrelle qu’il cite d’ailleurs en entier. L’article explique que les Archives de l’administration des dommages aux biens privés sont désormais accessibles dans les dépôts provinciaux des Archives Générales du Royaume. Et c’est dans le dépôt d’Arlon (province de Luxembourg) qu’a été épinglé le dossier du Papa de Léon Degrelle : « Comme des centaines de milliers d’habitants de la province du [sic] Luxembourg, Edouard Degrelle, le père de Léon Degrelle, a déposé un dossier où il détaille par le menu les dégâts occasionnés à sa maison par la destruction des ponts de Bouillon en mai 1940 […] par l’armée française » (ce blog au 15 juin 2021). Le Soir est heureux de communiquer le résultat de cette demande légitime : « Edouard Degrelle ne touchera toutefois par un sou. […] Les inciviques n’ont pas droit aux dommages de guerre. »

     

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    Ce que Le Soir ne dit pas, c’est que les « inciviques » comme Edouard Degrelle sont de toute façon condamnés à la confiscation de tous leurs biens et à crever comme des rats en prison…

    Précisons que la maison paternelle de Bouillon fut rasée et remplacée par un bâtiment abritant… la « Justice de Paix » ! Aujourd’hui, cette maison –qui était devenue entretemps la bibliothèque communale– doit être rasée et l’ensemble des terrains qui appartenaient aux Degrelle (jusqu’à l’ancien couvent des Sépulcrines) est destiné à la construction pharaonique d’un hôtel de tout grand luxe (plus de dix millions d’euros d’investissement : ce blog au 14 janvier 2020) !...

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    L’entrée de la maison paternelle, rue du Collège à Bouillon, s’ornait de rosiers grimpants. Les immeubles voisins étaient loués, maisons bourgeoises à droite, modeste salon de coiffure à gauche. Après la guerre, l’ensemble des propriétés fut purement et simplement confisqué, la maison paternelle abattue (il fallait –damnatio memoriae oblige– anéantir tout souvenir de la famille maudite) et remplacée –ironie autant que provocation– par un bâtiment de la « Justice de Paix », l’emplacement du coiffeur devenant son parking…

    Le comble est que les propriétés saisies furent vendues aux enchères en 1952, prétendument « pour sortir d’indivision » ! Comme si les héritiers Degrelle ne pouvaient s’entendre sur la répartition des biens de leur famille ! Cette « vente publique définitive » concernait toutes les propriétés qu’Édouard Degrelle avait acquises autour de sa brasserie. Remarquons le neuvième et dernier lot, le « Bel immeuble à usage d’habitation et de commerce […] occupé actuellement par l’Administration des Postes », situé en face de la maison familiale, le long de la Semois (où se trouvait aussi la gare des trams vicinaux). Il avait été hypothéqué en 1933 par le Papa de Léon Degrelle afin de lui permettre d’éponger les dettes des éditions Rex.

    (Documentation ® Jacques de Schutter)

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    Anne (Degrelle) Lemay

     

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    Le Cercle renvoie à l’analyse critique que nous avons publiée sur ce blog (un dernier chapitre doit encore paraître), mais il fournit aussi un fort intéressant complément en renseignant le film de la conférence de presse de présentation de son livre par Anne entourée de ses filles, organisée par son éditeur le 29 septembre 2022. Pour y avoir accès, nos lecteurs hispanophones peuvent cliquer ici. Les autres pourront du moins découvrir sa faconde énergique face à un public –qui n’a sans doute pas (bien) lu son livre– conquis par le simple fait qu’elle est la fille de Léon Degrelle.

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    Cercle des Amis de Léon Degrelle, adhésion (26 ou 33 euros, selon que vous résidiez en France ou non) et renseignements sur les livres dont le Cercle assure la diffusion : www.boutique-des-nationalistes.com

    Adresse : Cercle des Amis de LD, BP 92733, 21027 Dijon Cedex, France. lesamisdeleon.degrelle@gmail.com

     

  • Ça alors ! Hitler et Degrelle pouvaient donc se comprendre !...

    Heinz Linge Jusqu'à la chute.jpegLe Figaro Magazine du 21 avril dernier rend compte de la récente traduction française des mémoires de Heinz Linge, le (bien nommé) valet de chambre d’Adolf Hitler, Jusqu’à la chute, Mémoires du majordome d’Hitler (Perrin, mars 2023).

    Si ce bref article s’intéresse aux détails « scabreux infirmant la légende d’un Hitler impuissant », il rapporte aussi l’information capitale de la bonne connaissance du français par le Führer, tout en mettant fortement en doute ces récits du majordome : « vrais ou faux », « stupéfiants », « sans interprète, et donc en français ! »…

    Le préposé aux commentaires dans ce livre (un certain Thierry Lentz, spécialiste de Napoléon, a en effet été mandaté par l’éditeur pour présenter et annoter ces « Mémoires » qu’on pouvait imaginer –avec raison !– trop peu politiquement corrects) montre d’ailleurs l’exemple chaque fois qu’il se trouve face à des considérations de Linge pouvant contredire l’histoire officielle (pour se justifier, il prétend d’ailleurs que le « lecteur qui connaît l’épaisseur des mensonges et des crimes » du IIIe Reich ne peut et ne doit qu’en ressentir « un malaise », p. 8).

    Si donc Heinz Linge ose écrire « Ce qui se passait pendant la guerre dans les camps de concentration resta inconnu de moi comme de tous ceux de l’entourage du Führer » (p. 153), cela ne peut relever que du mensonge, quelles que soient les explications avancées par les témoins directs (ce blog au 25 mai 2016) : « On ne pouvait pas s’attendre à mieux » (p. 8) assénera le juge aux notes de bas de page, ajoutant : « Ce morceau du Je ne savais pas est classique et, hélas, attendu dans les mémoires et déclarations des anciens collaborateurs d’Hitler, y compris haut placés » (p. 153). Il est vrai que le moindre examen critique des mémoires en question pourrait laisser soupçonner quelque révisionnisme aujourd'hui passible des tribunaux.

     

    16455456.jpg

    Heinz Linge n’échappa pas à la vindicte des vainqueurs. Prisonnier des Soviétiques, il fut torturé afin de lui extorquer les « secrets » de son Chef qui furent à la base du « Dossier Hitler » commandé par Staline (publié en 2006, mais sans aucun rapport avec les mémoires qui sortent aujourd'hui en français).

     

    Ailleurs, l’annotateur patenté se laissera aller à corriger le majordome en réécrivant ses souvenirs : « Une autre fois, Eva laissa parler son cœur en reprochant à Hitler de permettre à des soldats de se conduire non plus comme des soldats dignes de la Wehrmacht, mais comme des soudards, et de les laisser traiter les femmes brutalement et grossièrement. Le Führer, surpris, sursauta littéralement : visiblement, ni Himmler ni Bormann ne l’avaient informé de ces comportements. Furieux, il déclara qu’il allait sur-le-champ y porter remède » (p. 83). Commentaire de l’ « historien » : « On laissera le lecteur apprécier la vraisemblance de cette anecdote. Linge confond peut-être cette conversation avec celle que se permit d’avoir Henriette Hoffmann, fille du photographe et épouse de Baldur von Schirach, gauleiter des Alpes et du Danube, en juin 1943. La jeune femme, croyant que son ancienne proximité avec Hitler la protégeait, lui conta le sort fait aux femmes juives en Hollande, où elle avait assisté à des scènes violentes. Dans une colère noire, le Führer fit dire aux Schirach de quitter le Berghof. » (pp. 83-84). Il est vrai qu’en lisant cette note, le lecteur se demandera où est la vraisemblance et l’invraisemblance : dans les souvenirs du mémorialiste Linge ou dans la réécriture du napoléonien Lentz, rectifiant Eva Braun en Henriette Hoffmann et remplaçant les grossièretés faites aux femmes allemandes par des violences infligées aux Juives néerlandaises… Y a-t-il vraiment là matière à confusion ?

    Mais revenons au détail de la connaissance du français par Adolf Hitler, que Le Figaro Magazine juge stupéfiante, soulignant d’un point d’exclamation incrédule le fait que si le Führer a parlé à des Français sans interprète, c’est que, chose incroyable, il eût dû pouvoir manier leur langue…

    Linge Figaro.jpeg


    M
    ais c’est exactement ce que nous avons établi depuis longtemps face aux sarcasmes de tous les pseudo-historiens officiels qui se sont permis de railler Léon Degrelle rapportant ses conversations avec le Führer (voir ce sommet anthologique de cuistrerie sur ce blog au 25 mai 2021) puisqu’il est bien entendu que celui-ci ne pouvait rien comprendre au français, tandis que l’autre aurait été encore plus sourd à l’allemand !...

    Nous avons ainsi démontré de manière irréfutable l’intelligence intuitive de la langue allemande qu’avait développée Léon Degrelle au fil de la guerre (Léon Degrelle, De Rex à Hitler, p. 328 ; ce blog au 26 mai 2022). Et surtout, nous avons établi la bonne connaissance du français qu’avait Adolf Hitler.

    Nous renvoyons donc aux articles documentés que nous avons publiés sur ce blog, mais rappelons quand même les témoignages que nous avons rassemblés (grâce aussi à la sagacité du Cercle des Amis de Léon Degrelle).

    C’est ainsi que nous avons vu que le Führer pouvait saisir au vol des insultes et les comprendre parfaitement :
    « ich habe noch das Bild vor Augen einer Franzözin, die in Lille, am Fenster stehend, meiner ansichtig wird und "Le Diable !" ruft ! » (Adolf Hitler, Monologe im Führer-Hauptquartier 1941-1944, p. 116 ; « j’ai encore devant les yeux l’image de cette Lilloise qui, m’apercevant de sa fenêtre, s’exclama : “Le diable ! », Adolf Hitler, Libres Propos sur la guerre et la paix, p. 98 ; ce blog au 5 janvier 2018).

     

    AH Voiture Ypres.jpegAu départ d’Ypres, le 26 juin 1940, Adolf Hitler entreprend son pèlerinage sur les lieux de ses combats de la Première Guerre mondiale en voiture découverte.

     

    De son côté, Hans Baur, documentant la fin de la visite de la ville de Paris le 2 juin 1940, raconta comment Adolf Hitler parla familièrement et plaisanta avec des ouvriers français, sans le moindre interprète : « La tournée dura une bonne heure et nous étions de retour à l'aérodrome un peu après 6 heures. Le départ fut retardé parce que le pneu de la roue arrière était crevé. Il fallut le réparer. Dans l'intervalle, Hitler s'entretint avec un certain nombre de Français, pour la plupart des travailleurs et des mécaniciens de l'aéroport. On rit beaucoup. » (Hans Baur, J’étais pilote de Hitler, p. 176 ; ce blog au 5 janvier 2018).

    Présent lors de cette même visite des monuments parisiens, l’architecte Hermann Giesler écrira ce qui suit à l’historien René Mathot, auteur du livre
    Au Ravin du Loup, Hitler en Belgique et en France, mai-juin 1940 : « Adolf Hitler avait la connaissance d’un français d’école. Lorsqu’il considérait quelque chose comme important, il s’assurait d’une traduction exacte par un interprète. » (p. 237).

    Ce qui n’empêchera néanmoins pas le chef suprême des armées du Reich d’aborder des sujets politiques et militaires en français avec le maréchal roumain Ion Antonescu –et peut-on vraiment encore parler de « français d’école » ?– : « Le 5 août [1944], le maréchal Antonescu fut reçu par Hitler à la Tanière du Loup dans l’espoir de conforter les liens avec la Roumanie. […] A ma grande surprise, je l’entendis faire un exposé de la situation militaire dans un excellent français au Conducator roumain. » (Bernd Freytag von Loringhoven, Dans le Bunker de Hitler, p. 121 ; ce blog au 25 mai 2021).

    Linge+AH.jpeg

    Heinz Linge suit le Führer comme son ombre dans tous ses déplacements. Il l’accompagne ici au départ d’Ypres, en juin 1940.


    N
    ous avions évidemment également invoqué le témoignage du valet de chambre d’Adolf Hitler, Heinz Linge, mais c’était d’après la traduction anglaise (ce blog au 5 janvier 2018). Vient donc de paraître aujourd’hui la version en français, qui nous permet d’enfin connaître un peu dans sa vérité élémentaire celui qui ne nous est jamais décrit que comme un monstre abominable : comme le dit le journaliste du
    Figaro Magazine, Jean-Louis Tremblais, il s’agit d’ « une mine d’informations inédites » !

    V
    oici le témoignage complet du majordome d’Adolf Hitler, Heinz Linge, concernant les capacités linguistiques françaises du Führer.

    «  Des habitants curieux entourèrent notre convoi automobile lorsque le Führer descendit, regarda autour de lui et se dirigea vers la ferme du paysan Joseph Goethals, Markt 18, où il avait été cantonné vingt-trois ans plus tôt. À la porte se tenaient son ancien logeur et son épouse. Ils discutèrent –mais aucun d’entre nous ne put comprendre ce dont ils parlèrent. Dans tous les cas, Hitler –qui n’avait pas eu besoin d’interprète– en revint très pensif. […] À Fournes, où il avait été hébergé dans une boucherie pendant la Première Guerre mondiale, il se rendit même avec Amann et Schmidt [deux anciens camarades de la Grande Guerre] dans la chambre où il avait dormi en tant qu’estafette du régiment. Bien que je fusse surpris qu’il ne se servît pas d’interprète pour parler avec des étrangers –ce qui n’était pas dans ses habitudes– et qu’il se comportât aussi très différemment, je n’allai pas plus loin dans mes réflexions. » (pp. 219-220).

    On pourrait croire que la première conversation dans le village belge de Flandre occidentale d’Aardooie s’est déroulée en allemand, mais le fait que les accompagnateurs d’Adolf Hitler –jamais fort éloignés– n’aient rien compris aux propos échangés et que le majordome insiste sur le fait que le Führer n'a pas eu besoin d'interprète donne à penser que la conversation ne s'est pas tenue en allemand, pourtant réputé proche du flamand. Peut-être peut-on alors penser que le Führer –qui, au cours de la Première Guerre mondiale, expérimentait son français « s’aidant au besoin d’un petit dictionnaire de poche allemand-français » (Jacques de Launay, Hitler en Flandres, p. 22 ; ce blog au 5 janvier 2018)– avait l'habitude de parler avec ses hôtes flamands d’alors également en français, une langue sûrement ressentie comme davantage sympathique que l’allemand pendant la guerre, surtout parlée par un soldat ennemi. Et sans doute ces paysans habitant à une vingtaine de kilomètres de la frontière française le parlaient-ils d’ailleurs couramment. D’où la reprise spontanée de leurs habitudes d’antan pour leur conversation…

     

    Linge+AH Mouchoir.jpeg

    Parfait majordome, Heinz Linge s’apprête à frotter les bottes du Führer, encrottées par les boues des champs flamands…

     

    Par contre, à Fournes-en-Weppe, en France, les conversations ne purent, indubitablement, s’être déroulées qu’en français. Heinz Linge rapporte ici la visite de la boucherie Coustenoble-Corbeil, de la rue Faidherbe, où logea le Führer. Mais, comme le rapporte Franz Hailer, un pilote qui participa à ce voyage commémoratif, il visita aussi peu avant, l’ancien poste de secours allemand de la Première Guerre mondiale qui se trouvait dans le bureau de perception des taxes, situé juste en face de la boucherie. C’est en effet dans son jardin que fut prise les célèbres photos de l’estafette Hitler avec six autres coursiers et le chien Foxl.

    Franz Hailer raconte : « Le Führer descend, ouvre la porte comme il y a vingt-quatre ans et entre dans son ancien poste de campagne. Il en ressort, rayonnant, avec, dans les mains, la célèbre photo de groupe, bien encadrée où, simple soldat avec sa moustache, il est assis parmi ses camarades. » C’est le percepteur Louis Guichard qui a reçu le Führer et lui a montré le portrait qui fait sa fierté : il se fera d'ailleurs photographier avec par Heinrich Hoffmann (voir ce blog au 15 octobre 2020). Que ce soit chez le boucher ou le percepteur, encore une fois, en l'absence de tout interprète, Adolf Hitler n’a pu qu’exercer sa connaissance du français…

     

    AH Jardin Fournes.jpegPlusieurs photos furent prises dans le jardin du percepteur de Fournes (que nous avons publiées sur ce blog le 15 octobre 2020) : sur celle-ci (non publiée alors), le chien Foxl n’est pas présent ; elle montre l’estafette Adolf Hitler (n° 1) détendu parmi ses camarades. C’est l’époque où il n’hésite pas à enrichir son français au contact des civils de l’endroit. A tel point, écrit Heinz Linge, que « deux jours avant de retourner une fois encore à Fromelles, Fournes, Wavrin et Noyelles-lez-Seclin, […] il fit appeler Himmler et lui ordonna de faire rechercher quelqu’un dans les environs des localités mentionnées. […] il s’agissait apparemment d’une femme et de son fils. » (p. 221). Linge dit avoir appris 37 ans plus tard qu’il s’agissait de l’affaire de Jean-Marie Loret, le prétendu fils de Hitler. Qu’il s’agisse ou non de cela, il n’en reste pas moins qu’Adolf Hitler chercha à retrouver des Français, une femme et son fils, qu’il avait connus de près en 1916… et, certainement, en parlant français !...

    [Des historiens ont remis en doute la visite d'Adolf Hitler à Aardooie ou, du moins, invoqué la difficulté de la dater précisément, imputant la responsabilité du problème à l'historien allemand Werner Maser qui aurait échafaudé des arguments pour accréditer sa thèse présentant Jean-Marie Loret comme fils d'Adolf Hitler (Siegfried Debaeke, Hitler in Vlaanderen, p. 163 ; Sjoerd J. De Boer, The Hitler Myths, p. 46,...), mais cela n'enlève rien à la pertinence des réflexions de Heinz Linge sur l'absence d'interprète lors des conversations du Führer avec les civils flamands et français ayant connu la Première Guerre mondiale.]

     

    La conclusion s’impose donc, comme en mai 2021 et mai 2022 : « Adolf Hitler comprenait parfaitement le français. Léon Degrelle, quant à lui, comprenait l’allemand suffisamment pour en avoir au moins une bonne connaissance passive. Les deux hommes pouvaient donc pleinement se comprendre, quelle que soit la langue utilisée. »

     

  • Les mémoires effilochés d’Anne Degrelle-Lemay

    VI. Des « histoires » aux allures de méchantes

    carabistouilles !

     

    1.LD+Anne Dispute.jpg

    « J’ai commencé à connaître beaucoup de facettes de la personnalité de mon père. Je suis devenue son principal inquisiteur. Mes interrogatoires étaient constants. […] C’était un incroyable raconteur de carabistouilles […]. Mes questions délicates, pleines de pièges involontaires, fruits de mon esprit cartésien, lui posèrent plus d’un problème » (p. 93).

     

    2.Anne Degrelle Couverture.jpgMalgré son titre Degrelle, l’homme qui changea mon destin, les mémoires d’Anne Degrelle-Lemay, comme nous l’avons constaté (ce blog depuis le 23 octobre 2022), ne nous apprennent pas grand-chose sur la vie d’exil de Léon Degrelle en Espagne. Et nous doutons que, malgré leurs demandes pressantes, la curiosité des arrière-petits-enfants du fils qu’Adolf Hitler se fût choisi pourra s’en satisfaire. Surtout si leur source d’informations privilégiée n’est que leur grand-mère : « Ils me demandent souvent : “Grand-mère, comment vont tes mémoires ?” Je leur ai tellement parlé de leur bisaïeul, qu’ils veulent en savoir plus. Les conversations surgissent sans crier gare dans n’importe quelle réunion familiale, avec des questions et parfois des discussions passionnantes. La troisième génération s’intéresse et veut en savoir davantage. […] Je suis particulièrement fière en voyant leur curiosité pour se rapprocher de cet arrière-grand-père qu’ils ne connaissent que par ses livres et les histoires que leur raconte leur grand-mère. » (p. 165).

    N’oublions pas que le titre de son livre, L’homme qui changea mon destin, s’articule autour de deux personnages : l’homme Léon Degrelle, présenté comme le principal acteur (c’est lui qui agit sur le destin de l’autre) et Anne Degrelle-Lemay qui va raconter cet homme si important qu’il « changea [son] destin ».

    Mais au bout du compte, c’est plutôt le second personnage qui tire la couverture à lui comme elle le laisse entendre à la fin de ses mémoires : « cette biographie n’est pas la mienne en tant que telle, mais plutôt celle d’une fille d’un politique, un poète, un écrivain… que j’ai connu tardivement et que j’ai essayé de juger, toujours selon mes critères propres. » (p. 141). C’est donc bien d’elle qu’il s’agit principalement, surtout lorsqu’elle parle de son père, ou plutôt lorsqu’elle le juge, uniquement « selon [ses] critères propres », non autrement précisés.

    Relisons donc son livre dans la perspective autobiographique : comment se raconte-t-elle ? comment présente-t-elle ses relations avec sa famille et ses proches ?...

     

    3.Pays réel 1936.07.27 Naissance Anne.JPG

    Le Pays réel du 27 juillet 1936 annonce en première page la naissance, deux jours plus tôt, d’Anne, la petite sœur de Chantal Degrelle.

     

    Ce n’est que passé le milieu de son texte qu’Anne Degrelle évoque sa naissance, qui la relie directement au chef de l'Italie fasciste : « [Mon père] me raconta que le jour de ma naissance, il était à Rome et que c’est Mussolini qui lui communiqua l’heureuse nouvelle : le 25 juillet 1936. » (p. 102). Ce qu’elle ne dit pas, c’est que son nom même était un hommage au Duce puisqu’il reprenait celui d’Anna Maria, son dernier enfant, née sept ans auparavant : « J’ai passé avec [Mussolini] une huitaine de jours passionnants, presque familiaux, puisqu’il m’a annoncé lui-même la naissance de ma fille Anne, à qui j’ai donné le prénom de sa dernière fille à lui. » (Jean-Michel Charlier, Léon Degrelle. Persiste et signe, p. 175).

    Détail curieux : dans une autre interview, à Jacques de Launay, Léon Degrelle se serait trompé sur le jour de la naissance de sa fille en donnant une date plus tardive de deux jours (mais probablement ne s’agit-il que d’une erreur de transcription du journaliste-historien) : « Je l’ai vu [Mussolini] pour la première fois, trois mois après ma victoire électorale du 8 mai 1936, avec 21 sièges de députés, voyons, c’était le jour de la naissance de ma fille Anne, le 27 juillet 1936. » (Jacques de Launay, Histoires secrètes de la Belgique, 1935-1945, p. 198) !

     

    4.Chantal+Anne St-Nicolas 1943.jpg

    Drève de Lorraine, 6 décembre 1943 : les sages petites Chantal et Anne ont reçu leurs cadeaux de Saint-Nicolas. Parmi ceux-ci, un petit magasin d’épicerie a été déposé sur l’imposante malle au décor floral du XVIIe siècle trônant dans le hall d’entrée.

     

    De sa prime enfance à la Drève de Lorraine, Anne ne conserverait que de rares souvenances, mais suffisamment précises pour donner de sa maison une description quasi architecturale (en n’oubliant surtout pas l’indispensable note culpabilisatrice sur la « ruine familiale ») ; « Je me souviens comme si c’était hier que la première chose qu’on voyait en entrant dans la maison, en haut de l’escalier monumental, c’était cette Louve capitoline allaitant deux enfants, Romulus et Remus. Mon père était amoureux de la Rome impériale, passion que j’ai héritée de lui, et innombrables étaient les vestiges et témoignages de cette merveilleuse civilisation qu’on retrouvait à travers toute la maison : livres, vitrines, mosaïques, reproductions de sculptures, etc. L’art était sa passion, à l’égal de la politique qui entraîna plus tard notre ruine, mais je parlerai de cela plus tard. […] à cinq ou six ans, j’avais l’habitude d’aller explorer le reste de la maison : les salons aux meubles du XVIIIe siècle français, la salle à manger que j’examinais quand il allait y avoir un dîner important et je regardais, bouche bée, cette table merveilleusement dressée, ces fauteuils, ces lumières… Et le bureau de mon père ! Un bureau où il se rendait invisible à nos yeux. Je me souviens qu’on ne voyait pas les murs : uniquement des livres et des tapisseries flamandes […]. Je fouillais ces tapisseries en cherchant une ouverture pour entrer car la porte restait fermée… Et alors, je restais à observer ce beau monsieur, élégant, magique… mon père. Et tout à coup, il me voyait, éclatait de rire et me prenait dans ses bras. Pour quelques secondes, il était à nouveau mon père. […] Je n’ai aucun souvenir cependant de fêtes d’anniversaire, de premières communions, de vacances en famille » (p. 15).

     

    5.Chantal+Anne Bureau Drève.jpg

    Chantal et Anne s’amusent dans le bureau de leur père : leur petite table à dessin est placée devant la cheminée ; à l’arrière-plan, on distingue un impressionnant globe terrestre du XVIIIe siècle.

    Les moments heureux en famille à la Drève de Lorraine évoqués par Léon Degrelle, alors qu’Anne avait cinq ans, dans le Degrelle m’a dit de la Duchesse de Valence n’eussent-ils pas pu stimuler ses souvenirs ? D’autant plus que sont évoquées à leur appui les mêmes photos que celles dont parle Anne (p. 148, ce blog au 23 janvier 2023) : « Père affectueux, il n’avait jamais manqué, même aux heures les plus tumultueuses de son action, d’être le compagnon de ses enfants. Il jouait avec eux, leur racontait mille histoires amusantes et naïves.

    Papa, t’es un comique ! lui répétait, ravie, sa petite fille Annette.

    Il avait alors trois petites filles en vie, Chantal, Annette, Godelieve (Godelieve veut dire en flamand, petite amie de Dieu) et un garçonnet qui s’appelait Léon-Marie. Libre pendant des heures, chaque jour, Léon Degrelle courait les bois avec eux, durant ce bel été 1941, leur expliquant la vie des animaux et des plantes, leur développant de jolies légendes, ou bien jouait avec eux, plus enfant qu’eux, dans les fleurs ou les foins coupés de sa prairie. Il existe de lui de charmantes photos d’alors. Ses enfants sont blottis près de lui. » (pp.356-357).

    6.Dreve de Lorraine 1943.jpg

    Les enfants de Léon Degrelle, Annette, Godelieve, Léon-Marie et Chantal, profitent de la permission de leur papa (ici en civil, en avril 1943) pour se blottir près de lui, le temps d’une photo.

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  • Des croix gammées pour Zelensky !

     

    C’est le Paris-Match de cette semaine qui l’a révélé. Par accident toutefois, car dans son article, le poids des mots n’a pas vraiment correspondu au choc de la photo !

     

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    L’hebdomadaire français publie de fait sous le titre « Si ce n’est pas un camouflet, ça y ressemble », une photo de Philippe, roi des Belges, recevant Volodymir Zelensky pour prendre le thé autour d’une table décorée… de magnifiques croix gammées !

    Mais là n’est pas le camouflet évoqué par le magazine politiquement correct : celui-ci stigmatisait plutôt le « doigt d’honneur » qu’aurait adressé le président ukrainien à l’Union européenne puisqu’il commença sa tournée européenne par le Royaume-Uni brexité, avant de se rendre à Paris, puis seulement à Bruxelles.

    Heureusement que le souverain belge a le sens du symbole. Alors que le lourdingue Zelensky lui offrait un débris métallique d’avion pour souligner son exigence de disposer des derniers modèles de nos zincs de chasse, Philippe préféra rappeler subrepticement à son hôte quels furent ceux qui parvinrent à libérer un temps l’Ukraine du joug soviétique.

    On raconte d’ailleurs –car ce ne serait pas la première fois que, discrètement voire inconsciemment, le roi rendrait hommage au plus illustre de ses compatriotes : ce blog au 3 juillet 2020–, on raconte en effet (mais faut-il le croire ?) qu’il offrit en retour à l’Ukrainien une édition de luxe en russe (que Volodymir maîtrise parfaitement) de La Campagne de Russie de Léon Degrelle. Histoire sans doute de lui rappeler le sacrifice de tant de Belges qui, de Gromowaja-Balka à Tcherkassy, laissèrent la vie dans les champs de tournesol ensoleillés de l’Ukraine et dans ses boues glacées…

     

    Carte postale 1.JPGInnombrables furent les tombes de Légionnaires wallons en Ukraine (voir ce blog au 26 août 2022, le cimetière de la Légion à Tscherjakow, où fut enterré John Hagemans). La Légion fut sans doute la seule à ne pas occulter cette réalité cruelle dans ses cartes de propagande en la poétisant dans une photographie suggestive : la silhouette d’un Légionnaire (l’estafette Jacques Druet) se recueille ici devant les sépultures de ses camarades (Jean André, 22 ans, et Mathieu Brossel, 29 ans, tombés lors de la campagne du Donetz, les 10 et 11 juin 1942). Ci-dessous, les tombes vues de face. Léon Degrelle a dédié La Campagne de Russie « A la mémoire et à la gloire des deux mille cinq cents Volontaires belges de la Légion Wallonie, morts en héros au Front de l’Est de 1941 à 1945, dans la lutte contre le bolchevisme, pour l’Europe et pour leur Patrie. »

    Tombes André+Brossel.jpeg

     

    Nul doute que cela fut apprécié par l’ancien « humoriste » dont le sketch le plus notoirement consternant est son interprétation du tube hébreu Hava Nagila au piano avec son zizi.

    Par contre, on ne sait si le dernier Commandeur de la Légion Wallonie eût apprécié ce rappel historique en faveur d’un régime dont la corruption fait un candidat idéal à une Union européenne où la corruption règne au plus haut niveau.

    Comme, dans notre monde où l’insulte remplace le débat, tout le monde est désormais le nazi de tout le monde, il n’est pas exclu de penser qu’au nazi Zelensky, bankster décadent, le fils qu’Adolf Hitler se fût choisi eût sans doute préféré le nazi Poutine, défenseur déclaré des valeurs naturelles, à la base des sociétés, des cultures et de la civilisation européennes.

     

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    En 1993, Léon Degrelle reçut cordialement dans son appartement de Málaga le jeune trentenaire Alexandre Douguine, celui que la presse occidentale présente aujourd’hui comme le « Raspoutine de Poutine ». A l’époque, proche du GRECE d’Alain de Benoist, il était venu présenter son magazine элементы (« Elementy »), publication similaire à la revue Eléments de la Nouvelle Droite française, et parler avec lui de l’avenir de l’Europe et de la Russie. Après l’expérience électorale décevante de son Parti national-bolchevique en 1998, Alexandre Douguine se consacre à la géopolitique et théorise un eurasisme impérial qui l’amena, en 2008, à réclamer la récupération de la Crimée et l’annexion des régions russophones de l’Ukraine qui, pour lui, fait d’ailleurs partie intégrante de la Russie. Ses prises de position nationalistes radicales lui vaudront d’être visé, le 20 août de l’année dernière, par un attentat à la voiture piégée auquel il échappera, mais qui tuera sa fille Daria, elle-même politologue de l’eurasisme panslave. Selon les services de renseignement américains, la responsabilité de cet assassinat incombe à « certaines parties du gouvernement ukrainien », tout en se refusant à préciser « si le président Volodymyr Zelensky avait signé la mission »…

  • Les mémoires « effilochés » d’Anne Degrelle-Lemay

     

    V. Les lacunes historiques d’Anne…

     

     

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    Léon Degrelle a tout fait pour retrouver ses enfants, pas seulement matériellement en les accueillant en Espagne où ils firent leur vie, sauf Léon-Marie victime d’un accident mortel après quelques mois et Chantal qui était déjà mariée en France, mais affectueusement surtout. De la part d’Anne, cette affection fut-elle réciproque, spontanée et sincère ? Oui, nous affirme-t-elle avec assurance. Et nous n’avons aucune raison de ne pas la croire. Mais l’édition de cette « espèce de journal à destination de mes enfants et de mes petits-enfants » (p. 169) est-elle bien sans arrière-pensée ? Ses enfants pourraient-ils vraiment y trouver un portrait authentique de « Degrelle, L’homme qui changea [le] destin » de leur mère et grand-mère ?

     

     

    Anne Degrelle Couverture.jpgDepuis que nous avons commencé la présentation du livre de mémoires d’Anne Degrelle-Lemay, nous n’avons pu que souligner la carence et le biaisement continuels de l’information (ce blog à partir du 23 octobre 2022).

    Destiné surtout –affirme l’auteur– à mieux faire connaître à sa famille la vie, la pensée, l’idéal de leur grand-père et arrière-grand-père (« Je leur ai tant parlé de leur aïeul qu’ils veulent maintenant en savoir davantage », p. 165), ce livre ne pouvait passer sous silence la première moitié de la vie de Léon Degrelle. Encore qu’il ne dise pratiquement rien de l’enfance, des années d’université (un mot sur le journal L’Avant-Garde, un autre sur Mgr Picard et les Cristeros mexicains, p. 87)… Sur Rex, rien non plus, à part l’intérêt pour la politique sociale nationale-socialiste (p. 109, sans expliquer qu’en évoquant le régime hitlérien, la presse rexiste ne faisait alors que remplir sa mission d’information ni que le Führer y fut éreinté, pratiquement jusqu’à la capitulation de la Belgique) ou la politique de neutralité, « une clairvoyance [de la part de Léon Degrelle, qu’Anne estime] semblable à celle de Charles Maurras, un de ses grands amis »… que son père n’a –malheureusement– jamais rencontré ! (p. 110).

     

    Même si elle a la Belgique en horreur (« Je dois reconnaître que le coup de foudre n’était pas seulement pour [mon père], mais pour l’Espagne que j’aimais déjà autant sinon plus que la France et surtout que la Belgique que je haïssais depuis tant d’années pour tout le mal qu’elle fit à ma famille », p. 73), Anne se devait d’en expliquer l’originalité à ses enfants pour qu’ils comprennent mieux l’action de leur grand-père aussi bien en ce qui concerne la politique intérieure de Rex que pour le recrutement des Légionnaires du Front de l’Est. Mais là aussi, on nage dans l’imprécision et l’ignorance : « Nous savons que la Belgique se divise en deux régions, la Wallonie et la Flandre. Des cultures différentes, des langues différentes, des spécificités différentes. En Wallonie, on parle français, en Flandre le flamand, le néerlandais ainsi que l’allemand. » (p. 133). Outre que le flamand, sauf à le considérer comme un patois, est la même langue que le néerlandais effectivement parlé en Flandre, l’allemand n’est, quant à lui, parlé que dans les cantons de l’est, à la frontière allemande, c’est-à-dire enclavés en Wallonie.

     

    Anne semble également ignorer les origines françaises de son papa (une fois, p. 23, elle le présentera pourtant comme « belgo-français » : voir plus loin). Toujours est-il que, dans un texte écrit en 1949 expressément pour ses jeunes enfants dont il était séparé depuis plus d’un lustre (l’aînée, Chantal, avait quinze ans ; Anne, treize ; Godelieve, onze ; Léon-Marie, dix et Marie-Christine, cinq) et qu’Anne doit nécessairement connaître, son père ne manque pas de détailler : « Edouard Degrelle [le grand-père d’Anne] était né à Solre-le-Château, ville française, puisque l’Ardenne est coupée par la frontière belgo-française, ligne arbitraire, souvent modifiée, région pleine de simplicité et de noblesse. Elle était originaire de Gonrieux et pendant deux cents ans, avait porté le nom de cette terre. Les le Grêle de Gonrieux avaient cette devise qui fait croire qu’ils n’étaient pas costauds, mais qu’ils étaient bien décidés à vivre : Grêle est, mais croîtra ! Les Degrelle de Solre-le-Château habitaient depuis plusieurs générations une grande maison à pignons, blanche et vaste. Deux cent quatre-vingt huit Degrelle y étaient nés. Les familles étaient nombreuses, un Livre de Raison remontant à 1589 en fait foi ». (Léon Degrelle, Mon Combat, s.l., s.d., p. 20). Usmard Legros, le premier biographe de Léon Degrelle précise que 1589 est en fait l’année de naissance, à Sains-du-Nord (Avesnois), du « plus lointain ancêtre connu, Martin de Grelle » (Un homme… un chef. Léon Degrelle, 1937, p. 24).

    Degrelle Solre-le-Château.jpgMonument funéraire de la famille Degrelle dans le cimetière de Solre-le-Château (nord de la France). Cette concession à perpétuité fut élevée par Constantin-Joseph Degrelle (1784-1869), l’arrière-grand-père de Léon.

    « Mon père était d’origine wallonne. Il était né dans un beau village des Ardennes appelé Bouillon. Sa langue maternelle était le français. Et les zones aux nombreux conflits sociaux, régions minières et industrielles, étaient en terre flamande. » (p. 100) Sauf que les zones industrielles minières –à part un site dans le Limbourg flamand– se trouvent toutes en région wallonne, dans les provinces de Liège et du Hainaut, fiefs de la gauche socialiste et communiste avant de devenir terreau rexiste (c’est pourquoi l’hommage à la Légion Wallonie célébrant le succès de la percée de Tcherkassy, le 1er avril 1944, débuta à Charleroi : ce blog au 7 mars 2022).

     

    Quand Anne se mêle de l’histoire politique de son père, ce n’est pas mieux, incapable, par exemple, de situer correctement les relations de la famille Lemay avec son père :

    « Toute la famille de ma mère, à cette première époque de sa vie politique, le soutenait inconditionnellement. Elle partageait avec des milliers de personnes (âgées et jeunes, aisées ou pauvres) cette foi en un homme honnête décidé à lutter pour leurs droits. […] Mon père, un homme de principes et catholique jusqu’à la moelle, amoureux de sa Belgique natale, vit en Hitler un créateur d’hommes, un chef qui avait sorti son pays aux millions de chômeurs de la misère économique et lui avait rendu l’orgueil national après l’humiliation infligée à l’Allemagne après la Première Guerre mondiale. Mais il recherchait maintenant une expansion territoriale, couronnement de son ambition personnelle. Ce fut alors qu’en terminant l’un de ses meetings rassemblant des foules immenses, mon père lança son premier “Heil Hitler”. Pour mes grands-parents et le reste de la famille maternelle, cela signifia la rupture totale avec lui. » (p. 18).

    Sans doute parce que sa famille maternelle lui aura répété mille fois cette histoire, Anne Degrelle-Lemay se crut autorisée à revenir plus précisément sur les circonstances de la rupture de sa famille maternelle avec Léon Degrelle, les rendant du coup encore plus invraisemblables.

    C’est ainsi qu’Anne situe cette rupture des Lemay avec son père à l’époque des retentissants « Six Jours de Rex » : ils furent organisés du 19 au 24 janvier 1937 au Palais des Sports de Bruxelles et accueillaient chaque jour quelque quinze mille personnes payant chacune au moins 5 francs pour écouter Léon Degrelle :

    « Mais ce que mon père ne m’a pas dit alors et que je n’ai appris que bien des années plus tard de la bouche de ma grand-mère maternelle, c’est qu’à la fin du sixième jour, il commenta le succès de la politique hitlérienne en faisant de son chef un exemple à suivre et en exprimant ouvertement son admiration naissante pour lui. Il termina le meeting par un “Heil Hitler !” qui déclencha une polémique sauvage dans le monde politique –mais aussi citoyen– de l’époque. Mon grand-père maternel et toute la famille Lemay, jusqu’alors admirateurs de son combat aux racines profondément chrétiennes, commencèrent à l’écouter avec un certain scepticisme. » (p. 92).

     

    Pays réel 1937.01.21.JPG

    Reportage du Pays réel, le 21 janvier 1937.

     

    Plus loin, Anne confirmera les limites strictement patriotiques du soutien des Lemay, qui furent alors inexorablement atteintes (mais il ne s’agit plus du meeting « du sixième jour », c’est même le tout premier) : « C’est au cours du premier meeting qu’il commença à commenter les résultats de ce chef de l’Etat allemand. Déjà, il ne dissimulait pas son affinité avec lui aussi bien en ce qui concerne la politique intérieure que son aversion naissante qui finirait rapidement par devenir le but principal de son combat : Staline et son communisme. A partir du moment où il commença à adhérer tacitement [sic !] aux projets d’une future lutte européenne contre l’URSS emmenée par l’armée allemande –qui avait envahi son propre pays–, ses meetings se limitèrent à faire du recrutement. Dans la famille Lemay –celle de ma mère– cela provoqua un rejet total et certainement aussi dans de nombreuses autres familles qui ne pouvaient même pas imaginer laisser leurs fils aller se battre coude à coude avec l’envahisseur de leur pays, aussi noble que soit le but commun. » (p. 142).

    Tout le monde sait que le discours de Léon Degrelle se terminant par la profession de foi en l’avenir national-socialiste de l’Europe nouvelle fut prononcé le 5 janvier 1941 et non en 1937 à l’occasion des « Six Jours de Rex » : les différents thèmes traités dans les cinq discours prévus à cette occasion (le samedi était réservé à un « gala artistique ») ne pouvaient en aucun cas se clore (ni commencer !) par le salut à celui qui, à ce moment, était occupé à redresser l’Allemagne :

    - Les scandales et la révolte des citoyens
    - Rex reconstruira l’Etat
    - Justice sociale – Paix flamande
    - La jeunesse – Les valeurs morales – L’Eglise
    - Au-delà des partis : la Patrie !

     

    Pays réel 1937.01.25.JPG

    Reportage du Pays réel, le 25 janvier 1937. La photo montre Léon Degrelle et son épouse Marie-Paule, née Lemay, assistant au gala artistique de Rex, le samedi 23 janvier, organisé dans la salle de concert de la Société royale de la Grande Harmonie, peu avant sa démolition laissant place à l’actuelle place de l’Albertine, face aux bâtiments de la nouvelle Bibliothèque Royale.

     

    Si donc, après-guerre, Belle-Maman Lemay a raconté à Anne que c’est dès 1937 que son mari et sa famille prirent leurs distances avec Léon Degrelle à cause de sa proximité soudainement affichée avec l’horrible Hitler, ce ne peut s’expliquer que par leur volonté de se montrer, après-guerre et par grégarisme opportuniste, le plus antihitlérien possible.

    C’est ainsi qu’Anne rapporte la rupture des Lemay en assénant les contresens les plus invraisemblables à propos des raisons de l’engagement de son père aux côtés de l’Allemagne nationale-socialiste : « Mon père […] vit en Hitler […] un chef qui avait […] rendu à son pays l’orgueil national après l’humiliation infligée à l’Allemagne après la Première Guerre mondiale. Mais il recherchait maintenant une expansion territoriale, couronnement de son ambition personnelle. Ce fut alors qu’en terminant l’un de ses meetings rassemblant des foules immenses, mon père lança son premier Heil Hitler. Pour mes grands-parents et le reste de la famille maternelle, cela signifia la rupture totale avec lui. » (pp.17-18) Comme si Léon Degrelle avait non seulement accepté, mais cautionné à l’avance l’invasion de son pays par le Troisième Reich !

    Plus loin, Anne enfonce encore ce clou inepte pour souligner l'entêtement coupable de son père : « Je crois sincèrement qu’à cette époque déjà [août 1944], ma mère ne partageait plus les idéaux de son mari belgo-français qui combattait aux ordres d’un chef dont le seul but était de se rendre maître de l’Europe. » (p. 23).

    Anne ne peut pourtant pas ignorer les explications fournies par son père dans le document écrit en 1949 dont nous venons de parler. On y lit : « La Collaboration signifiait pour Léon Degrelle l’épanouissement de son pays dans une Europe unie et réconciliée. Il se ralliait à une politique de collaboration européenne non pas par sympathie pour l’homme Hitler et parce qu’il était allemand, mais dans la mesure où il était devenu européen et où il synchronisait toute la symphonie européenne pour en faire un chant plein de grandeur et d’harmonie. » (Mon Combat, p. 209). Prouvant qu’il ne s’agit pas d’explications a posteriori, il cite également quelques écrits de l’époque, publiés dans Le Pays réel, entre autres, celui-ci : « La rupture des carcans européens, l’organisation de l’Europe en une entité cohérente, va ramener le vieux Leo Belgicus à ses destinées nationales. Dans l’Europe d’Hitler, nous allons être une incomparable jetée de l’Europe centrale vers la mer du Nord et les Océans ; un confluent fabuleux des richesses du Continent et des autres mondes. » (Le Pays réel, 20 avril 1941).



    Pays réel 1941 08 09.pngEst-ce involontairement qu’Anne se fait tout de même l’écho des véritables raisons de l’engagement des milliers de Belges qui prêtèrent un serment de fidélité à Adolf Hitler dans la guerre contre le bolchevisme ? « J’ai expliqué les raisons pour lesquelles ils partirent pour le front de l’est : avant tout, pour recouvrer des droits pour leur pays, pour le représenter avec honneur et, en définitive, pour lutter pour l’Europe. » (p. 142).

    Mais les Lemay constituant désormais sa famille de prédilection, elle est bien obligée de leur donner raison en approuvant leur condamnation anticipative (et patriotique !) de la participation des rexistes et autres partisans de l’Europe nouvelle à la croisade antibolchevique aux côtés des Allemands ayant envahi la Belgique !

    Mais cela ne serait-il justement pas le tout premier chef d’accusation qui valut la condamnation à mort par contumace de Léon Degrelle par le Conseil de Guerre de Bruxelles, le 27 décembre 1944 ? A savoir « Avoir porté les armes contre la Belgique et ses alliés » ? Sauf qu’il fallut quand même attendre un arrêté-loi pris à Londres le 17 décembre 1942, pour déclarer les soviétiques alliés de la Belgique, c’est-à-dire près d’un an et demi après l’entrée en action de la Légion Wallonie et Léon Degrelle, et neuf mois après l’arrivée du second contingent emmené par John Hagemans (ce blog au 26 août 2022) !…

    [Ici, nous ne résistons pas à l’opportunité de vous présenter un petit intermède qui serait comique s'il n'était malséant, offert par le clown Proprof de l’Université de Liège, l’inénarrable Besace (ce blog au 30 juin 2016) qui avait déjà minimisé les atrocités de l’épuration en parlant d’excès aux limites acceptables et des pistolets-mitrailleurs de la Résistance qui partaient tout seuls (ce blog au 8 novembre 2019). Ici, il s’étouffe à l’idée qu’on puisse ne pas trouver judicieuses ces lois rétroactives et nous propose donc son « regard particulier » sur le sujet : « Les arguties juridiques invoquées par les combattants de l’Est quant au caractère rétroactif de la législation qui leur était appliquée parce qu’une circulaire interprétative étendait à l’URSS la notion d’ “allié” de fait, ne tenaient guère devant une évidente réalité : endosser le feldgrau quelques mois après l’invasion [en fait, quinze mois quand même, soit le quart de la durée de toute la guerre !] était un péché contre l’esprit bien plus que contre un article du Code pénal. » Il suffisait d'y penser ! Et de promulguer cet ajout dogmatique au Décalogue ! (Francis Ballace, “Collaboration et répression en Wallonie : un regard particulier ?”, in Collaboration, répression, un passé qui résiste, Sous la direction de J. Gotovitch & Ch. Kesteloot, p. 53).]

    Malheureusement pour Anne Degrelle-Lemay, nous savons que le patriotisme de sa famille privilégiée fut pour le moins à géométrie variable, notamment par la lettre de Léon Degrelle à l’avocat des Lemay, Jean Thévenet (20 mars 1954) ; le seul Lemay a y être traité positivement est d’ailleurs son beau-père Marcel Lemay, l’époux de Belle-Maman, décédé à l’orée de la guerre et qu’il y appelle son « ami charmant ». On y apprend, entre autres, que Belle-Maman Lemay ne trouvait apparemment pas inconvenant de s’afficher au bras de son gendre « incivique », jusqu’au moins… 1944 et que le fils aîné, Marc Lemay, apporta la bénédiction de sa famille aux volontaires du premier contingent de la Légion Wallonie en partance pour le front de l’Est, le 8 août 1941 ! (ce blog au 20 décembre 2022).

     

    Départ 8 août Gare Nord.jpeg

    L’aîné des fils Lemay ne fut pas seul à venir saluer, le 8 août 1941, à la Gare du Nord de Bruxelles, le départ des nouveaux Croisés pour leur combat sacrificiel contre la menace bolchevique sur l’Europe.

     

    Nous verrons ailleurs (quand nous parlerons de Jeanne Degrelle-Brevet) que Léon Degrelle pouvait parfois s’agacer des lacunes historiques de sa fille. Aussi pourrions-nous nous réjouir que tout ce qui concerne la vie militaire de son père soit directement tiré de ses propres livres. Mais nous allons vite déchanter.

    Les livres de son père lui sont bien sûr l’occasion de célébrer son courage et sa valeur militaire : « Il ne pouvait passer inaperçu. Il s’attira rapidement le respect non seulement de ses hommes, mais aussi des autorités allemandes qui surent voir en lui un soldat courageux, un grand stratège emmenant ses hommes avec courage et intelligence à des victoires et des conquêtes de villes et de régions d’importance capitale sur la route vers Moscou. Des victoires qui lui valurent une ascension fulgurante dans la hiérarchie et les décorations militaires. Les pages de son livre uniquement consacrées aux combats, aux misères, aux tragédies, aux souffrances atroces, je ne vais pas les mettre dans ces mémoires. Ce que je veux souligner, c’est le courage de ce soldat qui parvint à être un des commandants militaires les plus admirés par ses hommes et par les plus hautes autorités allemandes. Elles le respectaient. Il pouvait leur parler d’égal à égal. […] Les décorations étincelant sur son uniforme d’officier rendaient justice à ses progressions régulières dans le commandement militaire. […] J’avais seulement sept ans. Bien qu’on nous tînt, nous les enfants, à l’écart de ces événements, nous savions que nous avions un père qui était un HEROS pour notre entourage. Et quand nous avions l’occasion de le voir entre des meetings et des réunions, l’affection qu’il nous prodiguait compensait les longues absences que nous devions subir. Je possède toujours des photos attachantes de ces rencontres éphémères, dont une, en particulier, sur l’escalier de notre maison de la Drève de Lorraine » (pp. 146 et 148).

     

    LD Drève Anne+Léon-M.+God..jpgEst-ce une des photos dont parle Anne ? En permission après la bataille de Tcherkassy et sa réception par le Führer lui octroyant la croix de Chevalier de la Croix de Fer, Léon Degrelle pose sur les marches de sa villa de la Drève de Lorraine avec Anne, Léon-Marie et Godelieve (février 1944).

    Mais ce que saluera surtout Anne Degrelle-Lemay tout au long de ses citations, c’est le talent littéraire de son père :

    « On devrait étudier le livre de mon père, “La Campagne de Russie”, dans les facultés d’Histoire, sinon de Lettres, car c’est une page de l’histoire de l’Europe et, qui plus est, magnifiquement écrite. Ce n’est pas Victor Hugo, mais c’est un grand auteur. […] “La Campagne de Russie”, cette grande épopée écrite en un français magnifique et traduite en de nombreuses langues, ne cessera jamais d’apparaître dans mes commentaires sur la personnalité de mon père, qui n’était pas seulement un simple soldat, mais un être humain aux profondes racines chrétiennes. […] C’est sur le front du Dnieper que commença l’immense odyssée de cette guerre cruelle, qu’il a magnifiquement racontée dans son livre “La Campagne de Russie”. Je reconnais que la lecture de ce livre ne m’attirait pas dans l’absolu, mais je l’ai terminé fascinée, stupéfaite non pas tant par l’aventure de ces hommes, mais pas la beauté des descriptions de chaque recoin, de chaque village, de chaque rivière, de chaque bois de cet immense et merveilleux pays qu’est la Russie. Ces six cents pages reflètent une lutte acharnée, traversant les régions et les localités aux noms imprononçables pour moi. […] Maintenant que je me suis attelée à la tâche d’entrer dans les pages de ce livre, je me sens difficilement capable de pouvoir refléter le sentiment qui m’envahit et l’admiration pour cet écrivain capable de transmettre de manière magistrale l’état d’âme de ces milliers d’hommes dont il était devenu responsable. […] Le Donetz, le Dnieper, le Caucase, l’Ukraine n’ont plus de secrets pour moi. Cette envie qui m’a prise d’écrire pour partager quelque chose de mes souvenirs m’a amenée à plonger dans la lecture de sa fameuse “Campagne de Russie”. Elle m’a passionnée, émerveillée ; elle m’a fait pleurer… ou sourire car, au milieu de tant de malheurs, ce génie de la plume trouve toujours le mot juste, la pointe sarcastique qui vous éloigne pour une seconde du récit dramatique et si souvent sanglant. […] Chaque description, comme sortie de la palette d’un peintre, parlait avec une sensibilité quasi hors de propos au milieu de cet enfer, de paysages enneigés, de bois dont les branches couvertes de givre brillaient à la lumière du soleil couchant. Des pages d’une beauté absolue : un baume pour le cœur et l’esprit. […] En lisant entre les lignes, je ressens l’angoisse spirituelle qui l’étreignait, lui si croyant, face à tant d’horreur et de morts. Mais “La Campagne de Russie” demeure l’épopée de sa vie qui attire le plus ses adeptes. Alors que pour moi, c’est elle qui a causé le plus de traumatismes dans ma vie. » (pp. 141 et 144-146).

     

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    « Le livre peut-être le plus connu en Espagne parmi ses œuvres spirituelles est “Les âmes qui brûlent”, avec une introduction et la traduction de Don Gregorio Marañón, édité dans les années 50. » (p. 166). Première édition d’Almas Ardiendo (jusqu’à aujourd’hui, il y en eut plus d’une douzaine !) aux éditions La Hoja de Roble (« La Feuille de Chêne », avec une aquarelle de la célèbre peintre naïve espagnole María Antonia Dans, 1922-1988) fondées à Lora del Rio par Léon Degrelle en 1954. Ci-dessous, l’édition soignée proposée par le président de l’Asociación Cultural Amigos de Léon Degrelle, José Luis Jerez Riesco, en 2009. Dans des « Paragraphes préliminaires », il propose une méditation sur Les âmes qui brûlent/Les âmes ardentes, inspirée par les Pères de l’Eglise, les philosophes grecs et romains ainsi que la réflexion spirituelle de José Antonio ; il donne aussi de précieux renseignements sur les premières éditions de cet ouvrage, aussi bien en français qu’en espagnol. Actuellement épuisée, cette édition peut se télécharger (malheureusement sans les Préliminaires de José Luis Jerez Riesco ni le Prologue de Gregorio Marañon).

    Almas ardiendo3.jpg

     

    « Je ne veux cependant pas terminer mon histoire sans consacrer quelques pages au Léon Degrelle poète, philosophe et écrivain, car ce sont les aspects de sa vie que j’ai le plus admirés. Doté d’une grande sensibilité, il a abordé magistralement des thèmes aussi délicats que l’amour, la beauté, la célébration de sa terre natale qui a abouti à “La Chanson ardennaise”. Il n’a jamais perdu la foi en Dieu. Elle le poussa à écrire “Je te bénis ô belle mort”, des poèmes inspirés par l’œuvre de Sainte Thérèse d’Avila. Je les ai gardés longtemps sur ma table de nuit. […] Je conserve dans ma bibliothèque un espace spécial pour diverses brochures, soigneusement éditées, de vers et de réflexions qui montrent un homme profondément spirituel. L’une d’elles est intitulée “Aux mauvais jours” et fut écrite à l’hôpital de Saint-Sébastien en 1945… Une vraie relique. Chaque fois que je la lis, une immense tristesse m’envahit. Dans son long exil, ce qui l’a sauvé, ce fut l’intense vie intellectuelle qui ne l’abandonna jamais. […] Sa plume fut ce qui le sauva mentalement durant son long enfermement dans un sous-sol obscur et, plus tard, lorsqu’il commença à aller mieux, chez notre chère Clarita. C’est chez elle qu’il trouva la paix nécessaire pour continuer à écrire, entre autres, sa “Campagne de Russie”. Il ne répondit jamais à mes questions : que faisais-tu ? de quoi vivais-tu ? Tout ce que je sais, c’est qu’il n’arrêta jamais d’écrire, de la poésie, de l’histoire, tous ces livres magnifiques qui remplirent sa vie en exil. » (p. 166).

    Remarquons au passage que jusqu’à la dernière page de ses mémoires, Anne Degrelle-Lemay aura été incapable de trousser le moindre compliment (ici, sur le précieux don poétique de son père) sans l’assortir de remarques fielleuses sur l’origine de son argent !...

    Mais ces considérations paraîtront bien anodines face aux remises en question d’événements historiques rapportés dans les livres autobiographiques du Commandeur de la Légion Wallonie !

    Rappelons-nous qu’Anne n’a pas hésité pas à traiter son père de « raconteur de carabistouilles » (traduction élégante de « narrador embaucador », termes désignant un narrateur filou, trompeur, escroc, p. 93 ; ce blog au 23 octobre 2022). Elle va maintenant lui attribuer une nouvelle calembredaine… Ou, plutôt, elle va avaliser la thèse des hyènes de l’histoire sur la relation unique développée par Adolf Hitler envers Léon Degrelle. Et ce, à propos de la fameuse phrase « Si j’avais un fils, je voudrais qu’il fût comme vous. » (ce blog aux 12 mai 2016, 21 juin et 20 juillet 2018).

    « Il nous a souvent raconté que Hitler lui avait dit “Si j’avais un fils, j’aimerais qu’il soit comme vous”. Moi, je le regardais et lui, il me souriait. Il connaissait mon scepticisme. J’ai toujours été difficile à convaincre. Mais peut-être que c’était vrai… » (p. 154).

     

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    Pour Anne Degrelle-Lemay, l’insigne proximité manifestée par Adolf Hitler envers son père, Léon Degrelle, ne relèverait que d’une fiction romanesque que sa sagacité « cartésienne » serait parvenue à détecter !...

     

    Le regard d’Anne et le sourire de son père tels qu’ici rapportés ne sont pas un regard de confiance et un sourire de bienveillance. Non, le scepticisme qu’aurait ainsi, comme toujours, brandi Anne face aux affirmations de son père rend au contraire son regard dubitatif, sinon incrédule, tandis que le sourire avec lequel aurait répondu son père manifesterait une connivence avec sa fille, tellement « cartésienne » qu’il en reconnaîtrait ainsi sa lucide perspicacité ! Certes, elle ajoute « peut-être que c’était vrai », mais dans ce contexte, comme elle l’a dit ailleurs, cela ne se pourrait que si l’on acceptait de « prendre des vessies pour des lanternes » (p. 93 ; en espagnol : « comulgar con ruedas de molino », communier avec des meules de moulin [à la place d’hosties] !).

    Mais qu’en est-il en réalité ?

    Le récit de la célèbre phrase que le Führer adressa au fils qu’il se choisit est très précisément extrait –nous dit Anne Degrelle-Lemay– de La Campagne de Russie de Léon Degrelle (et présenté d’emblée comme un récit « romanesque » ; nous citons le texte tel que donné par Anne et expliquerons ensuite nos soulignages) :

    « Dans son livre “La Campagne de Russie” [Anne donne le titre en français], il raconte, comme dans un roman, l’aventure de sa rencontre avec Hitler : “17 février. Nous nous étions retrouvés, vainqueurs, de l’autre côté de la rivière Lisyanka. Nous étions sauvés. Nous avions gagné. Le lendemain, notre immense colonne était en marche depuis quelques heures, protégée par les blindés du général Hube. Un petit avion décrivait des cercles au-dessus de nous et finit par atterrir près de nous. C’était un appareil de reconnaissance envoyé par Hitler. Il était à ma recherche. Aussitôt, mes soldats me hissèrent dans l’avionnette. Je traversai, en quatre heures de vol, le sud puis tout l’ouest de la Russie. A la nuit tombée, j’atterrissais à l’aéroport du G.Q.G. Mais dans quel état ! L’uniforme en lambeaux, déchiqueté par tant de corps à corps. Himmler me donna une chemise propre et fit en sorte qu’on arrange ce qu’il restait de mon uniforme. En échange, je laissai dans sa belle salle de bain d’énormes poux furieusement anthropophages. Puis il m’emmena dans sa voiture verte, à une heure du matin jusqu’au lieu de rendez-vous avec le Führer. Je vois encore Hitler s’avancer vers moi, me serrer contre lui et… me remettre le Collier de la Ritterkreuz qui était alors –il ne faut pas l’oublier– la décoration la plus élevée de l’Armée allemande. Il me prit les mains entre les siennes et me dit simplement : “Je me suis fait tant de soucis pour vous !” Je me retrouvais là, près de Hitler, dans sa cabane rustique, devant une cheminée où quelques bûches crépitaient. En quittant son bureau, nous nous réunîmes avec quelques maréchaux dans un salon voisin pour fêter avec une bouteille de champagne –lui qui n’aimait pas les boissons alcoolisées– la victoire de Tcherkassy.”

    Il nous a souvent raconté que Hitler lui avait dit “Si j’avais un fils, j’aimerais qu’il soit comme vous”. Moi, je le regardais et lui, il me souriait. Il connaissait mon scepticisme. J’ai toujours été difficile à convaincre. Mais peut-être que c’était vrai… » (pp. 153-154).

    Campaña de Rusia.JPGLe problème est que le texte fourni par Anne Degrelle-Lemay n’est en rien extrait de La Campagne de Russie, ni de la version espagnole La Campaña de Rusia qui en est la traduction fidèle. D’où vient-il ? Et pourquoi remplace-t-il la version donnée dans l’œuvre originale, « cette grande épopée écrite en un français magnifique » quasiment digne de Victor Hugo (voir ci-avant) ? Voilà qui jette quand même un sérieux doute sur la sincérité de l’appréciation du talent littéraire de son père exprimée par Anne…

    Le texte choisi n’est en effet aucunement littérairement travaillé par son auteur : il s’agit de la retranscription des interviews données par Léon Degrelle à Jean-Michel Charlier, que celui-ci a publiées en 1985 dans Léon Degrelle : persiste et signe (éditions Jean Picollec ; nous citons le texte français d’après ce livre). Le texte cité par Anne se trouve aux pages 331-332 (pp. 313-314 de l’édition espagnole Léon Degrelle firma y rubrica, Ediciones Dyrsa, 1986).

    Mieux, –ou plutôt pire !–, Anne Degrelle-Lemay s’est permise de corriger des expressions et de réécrire des tournures ou des passages entiers : c’est ce que nous avons souligné dans notre citation de son livre, comme si c’était la version corrigée par ses soins qui, en réalité, méritait les éloges !

    Firma y rubrica.jpeg
    C’est ainsi, par exemple, qu’elle corrige en « petit avion », « avion-cigogne », traduction du surnom donné à cet avion de reconnaissance construit pas l’ingénieur Gerhard Fieseler et dont le train d’atterrissage surélevé lui valut d’être appelé Storch (cigogne). Elle change aussi « chars » en « blindés », « champ d’aviation » en « aéroport » ou « quelques centaines de gros poux russes » en « énormes poux »… Elle ajoute des phrases inutiles (« Nous avions gagné ») et se permet aussi de réécrire tout le passage relatif à la réception au champagne que Léon Degrelle avait écrit de la sorte ; « Sortant de son bureau, je m’étais à peine attablé dans un salon voisin avec ses maréchaux qu’il [Adolf Hitler] avait surgi une bouteille de champagne au bout de chaque bras, nous les apportant pour festoyer, lui qui détestait les boissons alcoolisées ! » (La Campagne de Russie, p. 336).

    Malheureusement, la seule chose qu’elle ne change pas, c’est l’erreur de transcription qui se trouve tout au début de la citation : « Nous nous étions retrouvés, vainqueurs, de l’autre côté de la rivière Lisyanka. »

    Lisyanka n’est pas une rivière, mais une ville (qui donne d’ailleurs son titre à un chapitre de La Campagne de Russie : pp. 314-322 ; pp. 149-153 de l’édition espagnole). C’est Jean-Michel Charlier qui commet l’erreur en retranscrivant les paroles de Léon Degrelle qui avait sans doute parlé de « la rivière de Lisyanka ». Dans La Campagne de Russie, il explique d’ailleurs que le moment-clé de la percée de Tcherkassy fut le passage de la rivière traversant cette ville : « Nous nous dépêtrâmes dans la neige épaisse et descendîmes le long de la route. Nous finîmes par atteindre, au cœur de Lysjanka, la rivière, très large, gonflée, ourlée de crêtes de glace. » (p. 322). Cette rivière, c’est le Gniloï-Tikitch.

    Mais là, bien sûr, n’est pas le plus important. La scène que rapporte Anne représente la rencontre qu’Adolf Hitler a voulue en faisant chercher Léon Degrelle par son avion personnel sur le front le 20 février 1944. Or ce n’est pas à cette occasion que le Führer a prononcé la fameuse phrase où il se reconnaissait un fils spirituel en Léon Degrelle. C’est six mois plus tard, le 27 août 1944, comme il le souligne justement dans ses entretiens avec Jean-Michel Charlier, source privilégiée d’Anne, mais qu’elle ignore ici : « Hitler, en m’étreignant la main dans ses deux mains, pensait-il qu’au-delà de ses forces qui s’épuisaient, à force de travail, j’étais là, jeune lion ? Six mois plus tard, il me dirait la phrase célèbre : Si j’avais un fils, je voudrais qu’il soit comme vous ! Dès février 1944, il avait décidé que je porterais l’étendard de l’Europe nouvelle en Occident. Il me faisait recevoir officiellement à Paris. » (Persiste et signe, p. 337 ; p. 319 de l’édition espagnole).

    Et cette nouvelle rencontre –à nouveau voulue par Adolf Hitler en faisant encore chercher Léon Degrelle par son avion personnel sur le front– est également parfaitement documentée dans La Campagne de Russie (pp. 377-381 ; pp. 180-183 de l’édition espagnole) : « Hitler avait repris une vigueur nouvelle. […] Il me décora. Puis il me guida vers une petite table ronde. […] Son œil brillait de bonne humeur. Il se lança avec passion dans un débat sur l’avenir du socialisme. Son visage, admirablement soigné, frémissait. Ses mains fines et parfaites avaient des gestes élémentaires mais ardents, compagnes vivantes de l’orateur. […] Au moment du départ, comme s’il eût voulu graver à jamais dans mon cœur un souvenir plus personnel, Hitler revint me prendre la main dans ses deux mains : “Si j’avais un fils, me dit-il lentement, affectueusement, je voudrais qu’il fût comme vous…” »

    Cette reconnaissance d’un étranger à l’insigne proximité spirituelle s’exprima à peine un mois après la tentative d’assassinat perpétrée, le 20 juillet 1944, par des officiers allemands félons…

    Alors, d’où vient la mise en doute par Anne de la phrase d’Adolf Hitler ? Et, pour mieux l’étayer, pourquoi avoir placé tout le récit de la rencontre de son père avec le Führer (sans être capable de choisir la bonne date !) dans la fiction d’un roman qu’elle se permet de réécrire ?

     

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    « Le lieutenant Jean Vermeire donne le ton. Lui, porte une veste de général privée d’insignes et une culotte de cheval mauve que, de Frédéric II à Keitel, nul ne découvrit jamais dans l’armée allemande. » (Saint-Loup, Les SS de la Toison d’Or, Presses de la Cité, p. 81).

    « Un petit détail amusant, c’est que lors d’un de nos premiers rassemblements au camp de Regenwurmlager, le major Bode avait dit, à bien haute voix, en voyant Vermeire pour la première fois : Was ist den das für ein Operetten Offizier ! Et c’est certes la raison pour laquelle Vermeire ne manquait plus jamais la moindre occasion pour critiquer le major Bode. » (Fernand Kaisergruber, commentaire dactylographié sur le livre de Jean Mabire, Légion Wallonie, Au front de l’est, 1941-1944, Presses de la Cité).

     

    Outre que nous avons vu l’irrésistible propension d’Anne Degrelle-Lemay à semer partout les graines morbides de sa méfiance et de ses soupçons, une origine de la remise en cause particulière de la phrase historique du Führer pourrait bien être le SS-Hauptsturmführer Jean Vermeire. Son incommensurable orgueil fut en effet cruellement blessé, non seulement par le refus constant de Léon Degrelle de le reconnaître officiellement comme son « bras droit » (« J’en ai déjà un, ça me suffit ! » plaisantait-il, mi-moqueur, mi-agacé), mais aussi par celui de son épouse Jeanne Degrelle-Brevet de lui confier les drapeaux de la Légion, après le décès du Commandeur (ce blog au 17 janvier 2016).

    C’est en effet à partir de la disparition de son Chef que Jean Vermeire entreprit d’écorner sa « légende », notamment en remettant en question la réalité de la fameuse phrase (ce blog au 21 juin 2018).

    En 2008, en participant au documentaire de Philippe Dutilleul, Léon Degrelle ou la Führer de vivre, il échafauda l’impossibilité mentale pour Adolf Hitler d’avoir même imaginé prononcer pareille phrase à l’adresse d’un étranger. Comme si cet officier par usurpation (nous nous expliquerons plus tard sur ce terme), qui n’a jamais pu même voir le Führer autrement qu’en image, avait quelque compétence historique ou psychologique l’autorisant à se mettre à sa place…

    « Il voulait avoir un fils ? Le fils d’un Belge ? C’est pas des phrases à répéter !... Ça ne tient pas debout ! Ça m’a toujours heurté… Et on reprend cette phrase… on reprend cette phrase… tout le temps… tout le temps…

    Hitler s’est avancé vers Degrelle et il lui a dit textuellement : “Ich habe mich grosse Sorge gemacht”, “Je me suis fait des grands soucis”. [Il exhibe un papier] Voilà ! Et ça, moi, j’ai reçu ce texte, après, par Gille. Après, parler du fils d’Hitler… C’était un affront à tous les jeunes de l’Allemagne ! Il y avait d’autres héros tout de même !... Donc il n’a pas dit ça ! Ce n’est pas possible ! C’est… c’est… c’est égoïstement inventer l’histoire qui obligeait toute l’Allemagne… Et nous alors ? Qu’est-ce qu’on devient là-dedans ???... Mais je lui ai demandé plusieurs fois : je dis, mais… “Ohhhhh…, il m’a dit, ben… oh là là… j’ai été reçu comme un fils.” Voilà, je dis, la légende ! »

     

    Vermeire papier Gilles.JPGDans le film de Philippe Dutilleul, comme preuve que jamais Adolf Hitler n’aurait pu dire à Léon Degrelle que s’il avait un fils, il aimerait qu’il soit comme lui, Jean Vermeire présente sa source en agitant une grande feuille blanche devant la caméra (capture d’écran du film-documentaire Léon Degrelle ou la Führer de vivre donnant « la parole aux derniers témoins directs et proches de Léon Degrelle »).

    Mais la caméra prend bien soin de ne pas filmer son contenu en gros plan. Il s’agirait pourtant d’un document intéressant, prétendument écrit par le Generalleutnant Herbert Otto Gille, commandeur de la 5. SS-Panzerdivision Wiking, affirmant qu’à la réception à laquelle il fut convié avec Léon Degrelle à la Wolfschanze du Führer, ce dernier n’aurait fait qu’exprimer son inquiétude sur le sort des Wallons. Nous le croyons bien volontiers, car le général Gille fut convié au Quartier Général de Hitler avec les principaux Commandeurs ayant assuré le succès de la percée de Tcherkassy. Ce qui veut dire qu’il parle de la rencontre du 20 février 1944 et non de celle du 27 août, qu’il ne fait donc que confirmer ce que Léon Degrelle a toujours dit (notamment dans La Campagne de Russie, p. 328) et qu’il nous aurait vivement intéressé de connaître l'intégralité de ce compte rendu. Pour sa part, Léon Degrelle a écrit : « le Führer s’était avancé vers moi, m’avait pris la main droite dans ses deux mains et l’étreignait avec affection. […] je ne sentais que ses deux mains qui pressaient la mienne, je n’entendais que sa voix, un peu rauque, qui m’accueillait, me répétait : “Vous m’avez donné tant d’inquiétude !..” ». Le scoop de Vermeire n’est donc qu’un mensonge (mais le personnage en est coutumier !). On se demande d’ailleurs s’il a effectivement rencontré le général Gille pour lui commander un procès-verbal des propos d’Adolf Hitler à Léon Degrelle ! Surtout que, pour des raisons de simple chronologie, il ne pouvait de toute évidence concerner la phrase qui « heurte » tant Vermeire et lui servir à convaincre Léon Degrelle d’affabulation… On regrettera donc qu’il n’ait pas harcelé plutôt le général Felix Steiner qui était, lui, bien présent le 27 août (c’est lui qui est sur la photo que nous publions plus avant entre Adolf Hitler et Léon Degrelle) !

    Ci-dessous, une photo officielle des commandeurs qui furent reçus par le Führer, le 20 février 1944 : de gauche à droite, Herbert Otto Gille, Theo-Helmut Lieb et Léon Degrelle, reçus à Berlin par le chef de la presse du Reich, le Dr Otto Dietrich.

     

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    « Ça ne tient pas debout » ? Et les préoccupations constantes d’Adolf Hitler vis-à-vis de Léon Degrelle depuis leur première rencontre du 26 septembre 1936 jusques et y compris les derniers moments dans le Führerbunker (tous les détails sur ce blog au 21 juin 2018) tiennent-elles debout ?

    « Il y avait d’autres héros tout de même » ? D’innombrables, en effet ! Mais y en eut-il un seul autre que Léon Degrelle –qu’il soit Allemand ou Volontaire étranger – que le Führer fît rechercher sur le front par son avion personnel pour le recevoir personnellement, –et ce, à deux reprises !–, lui remettre les plus hautes décorations militaires et s’entretenir particulièrement avec lui ? Et où serait l’affront aux jeunes de l’Allemagne (surtout de la Waffen SS, composée par ailleurs à plus de 70% de camarades non-Allemands) quand l’élite du commandement militaire allemand de la Wehrmacht avait cherché à assassiner son chef suprême en pleine guerre ?...

    Nous ne commenterons pas davantage cette indécente prétention de Vermeire de faire la leçon (post mortem !) à son Chef, d’oser l’accuser d’égoïsme, de se mettre outrageusement dans la peau d’Adolf Hitler et des jeunes soldats allemands et de se plaindre péniblement qu’on ne fasse pas davantage cas de lui et, accessoirement, des autres Bourguignons : nous avons eu l’occasion de dire ce que nous en pensions sur ce blog le 21 juin 2018. Mais nous laisserons à un autre Volontaire wallon, du Second contingent du 10 mars 1942, Raymond Van Leeuw, le soin de dire ce qu’il faut définitivement penser de celui qui bâtit toute se carrière militaire sur le mensonge de son grade !

    Raymond Van Leeuw fut, lui, le véritable homme de confiance de Léon Degrelle dont il organisa le secrétariat lorsqu’il le rejoignit en Espagne : nous citerons des extraits de lettres qu’il envoya à Anne Degrelle ainsi qu’à son mari Servando Balaguer : il nous faudra en effet à nouveau parler du rôle néfaste de Vermeire à l’occasion de la disparition du Commandeur de la Légion Wallonie et dont sa fille ne souffle mot (voir la dernière partie de notre présentation de son livre L’homme qui changea mon destin).

    Le travail de sape concernant la relation entre Adolf Hitler et Léon Degrelle mené avec opiniâtreté par Jean Vermeire après 1994 est intéressant à suivre car il permet d’établir un parallélisme assez précis avec ce qu’on peut lire chez Anne Degrelle-Lemay.

    Pieterjan Verstraete.jpegC’est ainsi qu’il amena l’historien flamand Pieter Jan Verstraete à écrire dans sa biographie de Léon Degrelle : « Que Hitler, à l’occasion de cette troisième rencontre [le 27 août 1944] avec le vaniteux Degrelle, ait dit : “Si j’avais un fils, je voudrais qu’il soit comme vous”, cela s’est avéré, des années plus tard, n’être qu’une invention. Selon son ami intime Vermeire, le Führer aurait simplement dit qu’il s’était fait de “grandes inquiétudes” sur le sort de Degrelle et des siens sur le front. » (Le beau Léon. Léon Degrelle, Aspekt, 2010, p. 121).

    Remarquons que pour donner du poids à son scoop, Vermeire s’est présenté comme un « intime » de Léon Degrelle, et même comme son « ami » (mon Dieu, est-il encore besoin d'ennemis avec de pareils amis ?) ! C’est également en termes semblables qu’Anne nous le présente : « Jean Vermeire qui était un de ses grands confidents » (p. 140).

    Notons aussi en quoi consiste la correction de l’histoire que Vermeire offre à Verstraete : ce n’est pas « Si j’avais un fils… » que le Führer aurait dit à Léon Degrelle ; il aurait seulement fait part de ses « grandes inquiétudes ». Du coup, lorsque l’historien flamand, pour raconter la rencontre précédente, celle du 20 février 1944, s’en remet à ce que le Commandeur de la Wallonie a écrit dans La Campagne de Russie, il publie le texte en prenant soin –tout comme Anne– de supprimer le passage où Adolf Hitler fait part de son inquiétude à Léon Degrelle : pour justifier l’intervention de Vermeire, ce détail doit en effet disparaître puisque le créateur de fake news le situe… six mois plus tard !!!

    Anne Degrelle-Lemay pense sans doute faire la même chose en citant le récit de la réunion du 20 février 1944 qu’elle place, sans le dire, au 27 août 1944 afin d’établir que la seule chose exprimée par Adolf Hitler ce jour-là fut, comme le prétend Vermeire, son inquiétude et non pas sa confidence toute personnelle.

    « Mais peut-être que c’était vrai… » Le coup de pied de l’âne, qui ne veut pas dire son nom !...

    Jean Vermeire ne publia jamais rien, mais, dès qu’il se rendit compte, après la disparition de Léon Degrelle, qu’il ne réaliserait jamais son objectif de s’emparer des drapeaux de compagnie dessinés par John Hagemans pour la Légion (ce blog au 17 janvier 2016), il s’efforça d’influencer négativement ceux qui pensaient pouvoir recourir à ses « souvenirs » et à sa compétence comme à une source fiable de première main.

    En ce qui concerne Anne Degrelle-Lemay, cela alla même plus loin puisqu’elle s’en remit à lui pour la dispersion des cendres, s’en servit pour contester les dernières volontés testamentaires de son père et l’appuya dans l’affaire des drapeaux : nous aurons l’occasion d’y revenir dans notre dernier examen des mémoires effilochés d’Anne Degrelle-Lemay.

     

    Vermeire urne Führer de vivre.JPG

    L’ancien SS-Hauptsturmführer Jean Vermeire n’hésita pas à exhiber l’urne funéraire vide de Léon Degrelle devant la caméra de Philippe Dutilleul pour son documentaire Léon Degrelle ou la Führer de vivre en affirmant mensongèrement avoir respecté les dernières volontés du défunt (ce blog aux 17 janvier 2016 et 31 mars 2019). Il refusa toujours de rendre cette relique à l’épouse de son Chef, Jeanne Degrelle-Brevet.

  • Les mémoires « effilochés » d’Anne Degrelle-Lemay

     

    IV. Des bribes et des morceaux…

     

    1 Anne + Léon Madrid 2.jpg

    Comme elle le précise dans ses mémoires, Anne Degrelle-Lemay n’écoute son père qu’avec un esprit « plus critique que favorable » (p. 128)…

     

    2 Anne Degrelle Couverture.jpgQuand nous avons appris la nouvelle de la publication du petit livre d’Anne Degrelle-Lemay, Degrelle, L’homme qui changea mon destin (ce blog au 29 juin 2022), nous avons réellement cru que nous aurions enfin accès à l’histoire véritable des années d’exil du plus célèbre condamné à mort de Belgique (27 décembre 1944). De celui qui, déchu de la nationalité belge en 1944, vit, par deux fois de son exil heureusement inaccessible à la persécution des « épurateurs » belges, les délais légaux de prescription prolongés expressément pour son seul cas (Lex Degrelliana de 1964, renouvelée en 1974), fut déclaré « étranger indésirable » (1974) et « interdit de séjour » (1984). Et alors que le mausolée de Mussolini ne dérange personne à Predappio, les cendres de Léon Degrelle, dans la foulée de son décès (31 mars 1994) furent immédiatement frappées –fait unique dans l’histoire de la Belgique– d’interdiction d’accès au territoire belge par un arrêté royal spécial pris en urgence par Albert II (18 avril 1994) : en effet, pour les éternels haineux, « la présence sur le territoire belge des restes mortels de Léon Degrelle est incontestablement de nature à provoques des troubles à l’ordre public » (Moniteur belge du 23 avril 1994) !!!

     

    3 Moniteur 18 avril 1994 Cendres LD.jpeg

     

    Cette multiplication des artifices juridiques pour persécuter Léon Degrelle n’est cependant rien face à l’acharnement des autorités politiques et judiciaires belges pour obtenir son extradition –c’est-à-dire l’exécution de sa condamnation à mort– et, accessoirement, pour empoisonner son existence en exil.

     

    Mais des conditions de vie de son père, malheureusement, Anne Degrelle ne souffle pratiquement pas mot. Sauf, nous l’avons vu (ce blog au 23 octobre 2020), pour rendre inutilement suspecte l’origine des fonds nécessaires à son train de vie et à la construction de la Carlina. Elle ne peut pourtant pas avoir ignoré toutes les entreprises de son père pour gagner sa vie. C’est ainsi qu’après avoir été obligé de quitter son domaine de Constantina, il constitua, au fil des ans, diverses sociétés commerciales plus ou moins éphémères et rentables, dont, par exemple, Madrid Europa SA, s’occupant de matériel agricole et industriel ainsi que d’édition. Les statuts en furent déposés en 1963 devant le notaire Blas Piñar, de Madrid, Le directeur de l’entreprise portait désormais le nom de Léon José de Ramírez Reina alors que, parmi les trois actionnaires, se trouvait le beau-frère d’Anne, Antonio de la Rosa, le mari de sa sœur Godelieve…

     

    C’est qu’Anne n’a pas l’air non plus d’être plus précisément au courant d’autres événements capitaux de la vie d’exilé de son père. Concernant, par exemple, les circonstances de son adoption devant mener à l’obtention de la nationalité espagnole dont elle semble mettre en doute la version pourtant avérée donnée par le principal intéressé.

     

    « Dans sa chère Andalousie, tout le monde le regardait comme un monsieur étrange qui parlait un espagnol des plus bizarres, qui était très beau, amusant et familier. A cette époque, il était “Don Juan Sanchís de La Carlina”. Lorsque je suis arrivée en 1958, il disposait déjà de ses papiers officiels espagnols. Je ne suis jamais vraiment parvenue à savoir comment il avait obtenu le nom de famille Ramírez Reina figurant sur sa carte d’identité espagnole. D’après ce qu’il m’a raconté, une dame de Constantina l’avait adopté, lui donnant ainsi son nom. » (p. 130)

     

    4 CI Leon Jose de Ramirez Reina 1-vert.jpg

    De validité limitée, les cartes d’identité espagnoles devaient être remplacées tous les cinq ans : voici celle, obtenue en 1971, de Léon Degrelle, devenu León José de Ramírez Reina. (Documentation © Jacques de Schutter).

    6 Juan Ramirez Filosia2.jpgL’alcalde de Constantina, le Dr Juan Ramírez Filosía, de par ses liens familiaux avec Matilde Ramírez Reina qui adopta Léon Degrelle, deviendra un cousin par alliance du Commandeur de la Légion Wallonie !

     

    À nouveau, du mystère et des soupçons où il n’y en a pas. On a d’ailleurs peine à croire qu’Anne qui a vécu cinq ans à Constantina n’ait jamais, sinon rencontré, du moins entendu parler de Matilde Ramírez Reina, veuve de 72 ans, habitant 13 calle Pozuelo, et qui tint longtemps commerce dans la petite ville. Elle était de la famille de l’alcalde (bourgmestre), le docteur Juan Ramírez Filosía, responsable provincial du Movimiento et ami proche de Léon Degrelle : c’est d’ailleurs dans sa maison que fut dressée la chapelle ardente où fut veillé toute la nuit du 22 au 23 février 1958, jour des funérailles, le corps de Léon-Marie Degrelle (ce blog au 26 février 2016). Matilde Ramírez Reina était également la tante de l’ancien propriétaire de la Carlina, Manuel Amaya. Ce sont ces deux proches, Juan Ramírez Filosía et Manuel Amaya, qui seront les témoins de son acte d’adoption, le 24 décembre 1954. Tous les détails sont dans Degrelle en el exilio (de José Luis Jerez Riesco, aux éditions Wandervögel, 2000, p. 228). Blas Piñar, président du parti nationaliste Fuerza Nueva, explique dans ses mémoires que c’est lui qui, en tant que notaire, assura la légalité de l’acte d’adoption, le 17 septembre 1955 (La pura Verdad, Fuerza Nueva, 2002, p. 307).

     

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