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cara al sol

  • Les Degrelle d'Espagne: bon sang ne saurait mentir !

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    Jorge de la Rosa :

    «Pour moi, l’œuvre de Léon Degrelle Les âmes qui brûlent est édifiante.»


    Jorge de la Rosa : « Gregorio Marañon estimait que cette œuvre aurait pu avoir le prix Nobel de littérature si son auteur avait choisi un autre bord. »
    Il est clair que les motifs d'ordre politique, si enrobés qu'ils nous paraissent dans la passion, les fumées et le sang des révolutions et des guerres, ne sont autre chose que des éléments circonstanciels. [...] Ces pages sont d'une beauté impossible à surpasser, vibrantes de pathétisme humain pleines d'espérance dans un monde uni et meilleur. (Gregorio Marañon, Prologue à Les âmes qui brûlent, pp. 248, 251)

    Jorge de la Rosa : « C'est le même sang qui court dans mes veines que celui de mes ancêtres [...] Il est clair que je ne renie rien car sans mon ascendance, je n'existerais pas. Eh bien oui, je suis l'arrière-petit-fils de Léon Degrelle. »
    Le sang d'avance a raison. On fait corps avec lui, comme si nos veines ne constituaient qu'un organisme et que la famille n'avait qu'un seul cœur, un cœur qui projette le même sang dans chacun d'entre nous et le rappelle de toutes parts au foyer vital. (Les âmes qui brûlent, p. 46)

    Jorge de la Rosa : « On ne peut pas dissocier la foi de la nature humaine. Je ne pense pas que ma foi fasse du tort à qui que ce soit. »
    Pour moi, Dieu c'est tout. [...] Ce qui compte, c'est d'arriver au cœur de l'homme, tendu naturellement vers le spirituel. [...] Je le répète à tous les jeunes de maintenant : [...] il n'y a pas d'obstacle pour celui qui a la foi, qui est brûlé par elle et qui brûlera les autres grâce à elle. (Persiste et signe, pp. 50, 54)

    Lœuvre factice [du plaisir des possessions] s'effondrera parce qu'elle est contraire aux lois mêmes du cœur et de Dieu. Lui seul donnait au monde son équilibre, orientait les passions, leur ouvrait les vannes du don complet et de l'amour authentique [...]. La vraie, la grande révolution à faire est là. Révolution spirituelle. (Les âmes qui brûlent, pp. 37-38)

     

    Jorge de la Rosa : « L'esprit avant le corps : c'est lui qui gagne ou qui capitule »
    Avant le corps, c'est l'esprit qui gagne ou qui capitule (Les âmes qui brûlent, p. 95)

     

    Depuis l'annonce du marchandage opéré par Pedro Sanchez avec les sécessionnistes catalans pour arracher la présidence du gouvernement espagnol, –l'amnistie contre leurs votes indispensables pour obtenir une courte majorité (179 voix contre 171)–, les patriotes ne décolèrent pas : chaque jour, ce sont des milliers d'Espagnols qui protestent, Calle de Ferraz à Madrid, devant le siège du parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE).

    Inutile de dire que les médias du politiquement correct s'emploient consciencieusement à essayer de discréditer ces manifestations : elles sont d'extrême-droite car le parti Vox (conservateur, eurosceptique) y participe ; elles sont fascistes car des jeunes de la Phalange osent y chanter le Cara al Sol, bras tendu ; elles sont même nazies car... l'arrière-petit-fils du Waffen-SS Léon Degrelle y brandit un portrait de la Vierge, l'Immaculée Conception, patronne d'Espagne (les souverains hispaniques furent, dès le XVIIe siècle, les premiers et ardents défenseurs de ce dogme).

     

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    « Amnistia No », « Pedro Sanchez, ¡ traidor ! », « ¡ A prisión ! »... Les manifestations contre le parti socialiste sont quotidiennes et rassemblent des dizaines de milliers de personnes à travers toute l'Espagne. Parmi les drapeaux patriotiques qui les accompagnent, il n'est pas rare de voir l'étendard blanc frappé des bâtons noueux rouges de Bourgogne : ce n'est pas l'emblème de la Légion Wallonie, mais celui de la Communion traditionaliste carliste.

     

    C'est un fouille-merde, journaleux spécialiste de la dénonciation politique, qui a reconnu le descendant du héros de Tcherkassy lors de la seizième protestation populaire et s'est empressé de l'identifier comme la menace antidémocratique planant sur le pays : « L'arrière-petit-fils de Léon Degrelle, membre de la SS pendant la IIe Guerre mondiale avec le rang de Standartenführer, est un des participants actifs à la mobilisation contre Ferraz » ! (réseau social X, 12 novembre).

     

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    Le 12 novembre, Jorge de la Rosa Degrelle est dénoncé pour être de la famille de Léon Degrelle. Le justicier reproduit son dangereux message : « Depuis vendredi passé, j'emporte avec moi la Patronne d'Espagne pour qu'elle nous donne la victoire et nous protège sous son manteau »

     

    Car tel père, tel arrière-petit-fils ! Quand on pense qu'on n'a jamais fait grief à la ministre socialiste belge Laurette Onkelinx d'être la petite-fille de son grand-père, bourgmestre nazi-compatible flamand pendant la Deuxième Guerre mondiale, et de sa grand-mère, tondue à la Libération. Il est vrai que, contrairement au fidèle et lumineux jeune Degrelle, Laurette la renégate eut tôt la bonne idée de se ranger opportunément du côté de l'assiette au beurre (ce blog aux 18 janvier 2016 et 6 juillet 2019)...


    Maestre Jorge b 14.11.2023.pngDeux jours après son scoop, l'écrivassier établissait irréfutablement la gravité du danger en dénonçant la présence de l'arrière-petit-fils « accompagné de son frère » sur les listes présentées par Vox à l'Escorial lors des élections législatives de 2019. Et de reproduire le Bulletin officiel de la liste de tous les candidats. On y voit effectivement que Jorge Luis de la Rosa Degrelle de Felipe –l'arrière-petit-fils de Léon Degrelle– est le cinquième candidat de Vox pour la municipalité madrilène d'El Escorial et que José Antonio de la Rosa Degrelle –fils de Godelieve (ce blog au 17 avril 2023) et donc petit-fils de Léon Degrelle– en est le dixième. Mais, comme nos lecteurs le savent depuis longtemps, ce dernier n'est pas le frère de Jorge, mais bien son père (ce blog au 15 décembre 2020). C'est dire le sérieux du travail d'enquête de ce « journaliste d'investigation » qui, aujourd'hui encore diffuse immuablement ses âneries à l'identique (précisons que Vox est devenu le troisième parti d'El Escorial, talonnant avec 22,64 % le PSOE et le Parti Populaire). Il est ainsi intervenu dans les débats de la chaîne inclusive La Sexta sur les manifestations anti-amnistie pour y dénoncer à nouveau, le 14 novembre dernier, la présence d' « un arrière-petit-fils du nazi Léon Degrelle » dans la rue Ferraz, de même que son appartenance au parti Vox...

    Tout ce raffut diffamatoire autour de la participation d'une seule personne à ces manifestions multitudinaires journalières valait bien un éclairage objectif et serein. Ce qu'a fait le site indépendant d'informations El Español, quotidien digital vivant grâce à un financement participatif, dont les journalistes sont essentiellement des dégoutés de journaux comme El País ou El Mundo et qui est, paraît-il, à l'origine de virulentes campagnes anti-corruption contre les gouvernements de droite ou de gauche (sans qu'il faille y voir de lien avec les croisades anti-banksters du Pays réel  de Léon Degrelle !).

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    El Español du 14 novembre : « Jorge, l'arrière-petit-fils du nazi Léon Degrelle derrière la photo de la Vierge, à Ferraz : "C'est l'amour de l'Espagne qui me guide". Le jeune de 25 ans a été pointé pour son lien avec le collaborateur belge de Hitler. Il ne renie pas ses origines, mais dit qu'il n'a pas pu le connaître. »

     

    Ce journal attentif au sensationnel, mais quand même aussi à une information correcte de ses lecteurs a tout simplement interviewé le jeune Madrilène, Jorge de la Rosa Degrelle, sur les raisons de sa participation, depuis le premier jour, aux manifestations contre le pacte des socialistes avec les sécessionnistes catalans et sur l'influence que peut encore avoir sur lui la pensée et l'action de son arrière-grand-père, Léon Degrelle, celui qu'on ne présente plus que péjorativement comme « le collaborateur belge des nazis ».

    « Je comprends l'intérêt suscité par mon nom et le destin de mon arrière-grand-père, mais celui-ci est mort trois ans avant ma naissance. Bien sûr que je dois porter mon nom, mais ce qui me guide, c'est mon amour de l'Espagne et mon mépris pour ceux qui sont en train de démolir l’État de droit. Je me revendique juste comme un Espagnol. Je considère [les dénonciations contre moi] comme honteuses et bornées, mais la gauche est ainsi faite. Elle est dépourvue de toute humanité, empathie ou respect pour la personne qui pense autrement qu'elle. Et, dans mon cas, il n'est même pas question de mes idées, mais de mon sang ! Car pour elle, c'est le même sang qui court dans mes veines que celui de mes ancêtres et c'est là mon crime.

    Je suis animé par un profond patriotisme et je ne pouvais pas concevoir d'être ailleurs qu'ici. Ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement la Constitution, mais l'Espagne en tant que nation. Sans Espagne, il ne peut y avoir tout le reste. On ne peut non plus concevoir l'Espagne sans la chrétienté. Et le message de l'Immaculée Conception est un message d'espoir : il insuffle patience, courage et foi. On ne peut pas dissocier la foi de l'hispanité et encore moins de la nature humaine. Je ne pense pas que ma foi ou mes idées fassent du tort à qui que ce soit.

    Twitter Jorge 12.11.2023 b.png

    Jorge de la Rosa Degrelle, le 12 novembre : « L'Immaculée continue à Ferraz de protéger son peuple de la trahison : que le destin nous trouve toujours forts et dignes ! »

     

    Il est clair que je ne renie rien car sans mon ascendance, je n'existerais pas. Eh bien oui, je suis l'arrière-petit-fils de Léon Degrelle. C'est ce que je suis et je ne peux pas être autre chose. Pour moi, son œuvre Les âmes qui brûlent est édifiante en ce qu'elle présente la chrétienté comme un lien fondamental qui unit et un pilier essentiel à la base de l'identité de l'Espagne et de l'Europe.

    Je pense qu'il est juste de rappeler la préface de Gregorio Marañon [1887-1960, écrivain et scientifique espagnol, membre de l'Académie royale d'Espagne, ce blog au 31 mars 2021] qui estimait que cette œuvre aurait pu avoir le prix Nobel de littérature si son auteur avait choisi un autre bord ou un autre moment pour décider de faire ce choix. Qui sait ce qu'il en aurait été de Léon Degrelle s'il avait encore attendu quelques années avant de lutter contre le communisme ?


    Mon seul but en acceptant de vous parler a été de donner de la visibilité aux mobilisations qui se déroulent à Ferraz et dans le reste de l'Espagne contre la trahison du PSOE. On ne peut pas étouffer à ce point l'Espagne sans que se produise de réaction, surtout si on nous empêche de manifester pacifiquement et qu'on arrête personnes âgées et familles parce qu'elles réclament justice. »

    Qu'ajouter à cette leçon de pur idéalisme ? N'illustre-t-elle pas à merveille le mot d'ordre de la Jeunesse Légionnaire, plus que jamais d'actualité car nécessaire et indispensable : « Dur et Pur » !

     

    Révolution des âmes !

     

    Twitter Jorge 13.11-vert.jpg

    Jorge de la Rosa Degrelle, le 13 novembre : « L'esprit avant le corps : c'est lui qui gagne ou qui capitule. »

    « C'est l'heure, le moment immortel au cours duquel la jeunesse espagnole se lance en rue dans le combat pour un rêve : ce rêve est, fut et sera l'Espagne. »

  • Les mémoires « effilochés » d’Anne Degrelle-Lemay

    VII. Servando Balaguer,

    un mari quelque peu chahuté

     

     

    Anne Degrelle Couverture.jpgRevenons une nouvelle fois sur le livre qu’Anne Degrelle (qui, en réalité, se considère comme n’appartenant qu’à la famille Lemay : ce blog au 5 novembre 2022) consacre à son père Léon Degrelle, L’homme qui changea mon destin.

     

    Six longs chapitres nous ont déjà été nécessaires pour documenter, en même temps que notre désappointement, les considérations erratiques de celle qui, prétendant chroniquer la vie de Léon Degrelle, se permet d’en réécrire l’histoire, au prétexte sans doute d’en être la fille, et donc un témoin prétendument privilégié, quoique ne l’ayant plus jamais rencontré entre ses 10 et 21 ans (ce blog à partir du 23 octobre 2022).

     

    Mais là ne s’arrêtent pas les manipulations de la pseudo-mémorialiste. Destinés prioritairement à ses enfants, ses souvenirs liés à son père intègrent également sa propre histoire et celle de sa famille en Espagne (« C’est ainsi qu’a commencé ce récit qui s’est amplifié et transformé en une autobiographie intrinsèquement liée à la biographie de mon père », p. 158).

     

     

    Juan Servando Balaguer : une première rencontre arrangée

     

    Anne+Servando Bib3.jpeg

    Anne Degrelle-Lemay et son mari Servando Balaguer dans la bibliothèque de leur appartement de la rue Zurbarán, croisant la rue García Morato (aujourd’hui Santa Engracia : ce blog au 10 mai 2023) où se trouvait l’appartement de Léon Degrelle et son épouse Jeanne Brevet : « Ils emménagèrent au numéro 37 de la rue Santa Engracia, très proche de chez nous qui nous étions récemment installés dans la rue Zurbarán, au coin de la rue Almagro. » (p. 122)

     

    Son mari Servando Balaguer y tiendra donc une place. Mais pas celle que l’on aurait pu attendre. Car si nous saurons tout de son addiction au jeu, de sa déchéance et de sa mort navrante, nous ne saurons pas grand-chose de sa relation avec son beau-père Léon Degrelle, ce qui aurait pourtant été évident dans un livre censé lui être consacré.

     

    La première rencontre d’Anne et du jeune Balaguer ainsi que leurs premières relations sont d’emblée placées sous des approximations et équivoques semblables à celles dont elle embarrasse son père. C’est d’ailleurs son futur beau-père, le dentiste de Constantina, Servando José Balaguer, qui retint tout d’abord son attention et son affection, dispositions ne pouvant que se reporter sur le fils qui lui ressemblait en tous points et lui avait été envoyé non sans arrière-pensée, de toute évidence.

     

    « A cette époque, c’est à peine si je commençais à […] connaître [un des amis les plus proches de mon père, Servando José Balaguer]. Je n’ai pu que ressentir la sincérité de son étreinte lorsqu’il me présenta ses condoléances pour la mort de mon frère. Ses yeux reflétaient l’amour qu’il portait à mon père et la tristesse qui l’envahissait lui aussi en voyant souffrir son ami. Il partageait notre souffrance. J’ai bien ressenti alors sa proximité et trois mois après cette rencontre, le destin amena chez moi un garçon qui était son portrait vivant : son fils Juan Servando. Il me raconterait, des semaines plus tard que c’était son père qui l’avait expressément obligé de venir pour m’aider à m’intégrer dans ce nouveau monde si différent de celui que j’avais connu jusqu’alors. » (p. 81)

     

    Plus tard, Anne n’appellera plus celui qui devait être son mari que par son second prénom, qui était le premier de son beau-père. Nous étonnerons-nous dès lors de sa considération suivante :

    « Mon meilleur ami […] ne comprenait pas bien ce qui m’arrivait et je crois que, tout au long de notre vie commune, –car il fut mon mari pendant 40 ans–, il y a toujours eu comme un halo d’incompréhension. » (p. 81).

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    Juan Servando Balaguer, son futur beau-père Léon Degrelle et sa fiancée Anne Degrelle-Lemay. L'amour conjugal d'Anne est « hors raison » et se place dans un « halo d’incompréhension » : « J’étais tombée amoureuse. Le cœur a ses raisons que la raison de connaît pas. » (p. 82).

     

    Le récit de son mariage commence par une nouvelle évocation de son beau-père dont elle retrouvait les qualités chez son fiancé : « Avocat brillant, Juan Servando n’était pas de haute naissance. Ce n’était pas un Mayalde, ni un Serrano Súñer. Son père, de grande culture et d’une intelligence fine, dentiste de profession, était aimé de tous et tout particulièrement de moi. Mon futur mari en avait hérité la façon d’envisager la vie : l’étude, le travail, l’honnêteté et, surtout, l’amour et la joie de vivre. » (p. 100).

    Les souvenirs d’Anne décriront alors son mariage comme une belle fête populaire, d’une joyeuse simplicité, dont l’écho international ne fut causé que par la seule extravagance de son père : « Notre mariage fut célébré le 21 juillet 1962 dans l’église paroissiale de Constantina. Bien évidemment, cet événement ne passa pas inaperçu dans la presse internationale. Mon père, avec un uniforme peu orthodoxe, mais avec la Croix de Fer autour du cou, me conduisit à l’autel au milieu d’une foule joyeuse et bruyante, la population du village qui l’appelait Don Juan de la Carlina, qui l’aimait et qui m’avait également adoptée. Ma robe était magnifique. J’avais donné des cours de français pendant un an à la petite-fille de la couturière. C’est ainsi que je me la suis offerte. Il était midi. Midi d’un 21 juillet dans la chaleur estivale andalouse. Après la cérémonie, la moitié du village monta jusqu’à La Carlina. Pas d’invitations ni de protocole. Du jambon, du bon vin et des rafraîchissements pour les enfants. De la musique, des guitares, de la joie… Je ne sais pas à quelle heure cela se termina car nous partîmes rapidement à Séville où commença notre lune de miel. » (pp. 101-102).

    Quelle concision dans l’évocation d’un des événements les plus marquants de sa vie ! Conduite à l’église par son père bizarrement accoutré, elle-même portant une belle robe payée avec ses propres économies, une fête villageoise d’une effervescence spontanée typiquement espagnole…

     

    Livre Anne 101.jpegÀ l’issue de la cérémonie religieuse, Anne et son époux Juan Servando Balaguer sortent de l’église Santa María de la Encarnación de Constantina (voir la photo où son père la conduit à l’autel, sur ce blog au 20 décembre 2022).

    Une nouvelle fois, la cartésienne s’est muée en romanesque ! Pas d’invitations ? Un costume bizarre ? Une robe payée de ses deniers ?

     

    Anne vient d’évoquer l’origine modeste de son mari qui n’était ni le comte de Mayalde, ni le ministre Serrano Súñer. Néanmoins, ces personnalités, et tant d’autres, figuraient pourtant parmi les cent cinquante convives, bel et bien invités à la noce, famille et amis (y compris des officiers américains de la base aérienne proche : ce blog au 23 octobre 2022) : « Parmi les invités qui assistèrent au mariage, se trouvaient Jaime de Mora y Aragón, le frère de Fabiola, la reine des Belges ; l’ex-ministre et beau-fils de Franco, Ramón Serrano Súñer ainsi que le colonel Otto Skorzeny, le héros de l’épopée de la libération du Duce, et le chef des commandos spéciaux » (José Luis Jerez Riesco, Degrelle en el exilio, p. 286).

     

    Anne parle de l’ « uniforme peu orthodoxe » de son père, « avec la Croix de Fer au cou ». C’était « en réalité l’habit de gala de la Phalange Espagnole que Léon Degrelle pouvait porter de par son appartenance à la Vieille Garde de la Phalange depuis 1934. » (Ibidem, p. 287, ce blog au 25 octobre 2019). Quant à « la Croix de Fer au cou », tout le monde aura compris qu’il s’agissait de la cravate de la Croix de Chevalier de la Croix de Fer avec Feuilles de Chêne.

     

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    Léon Degrelle et sa sœur Louise-Marie dans un restaurant de Grenade, vers 1960.

     

    Enfin, lorsqu’Anne insiste sur sa belle robe acquise en échange de cours particuliers, nous nous étonnerons que, pour une fois, elle ne s’interroge pas sur l’origine des fonds qui permirent d’assurer toute la pompe de sa cérémonie nuptiale et l’organisation de la réception fastueuse dans les luxuriants jardins de La Carlina. Car, à ce moment, Léon Degrelle se débattait dans les insurmontables difficultés du financement de ses travaux immobiliers qui l’amèneront à une faillite inéluctable (ce blog au 23 octobre 2022). Ignorerait-elle, –ainsi que l’expliqua son papa dans une lettre à sa sœur Louise-Marie du 17 septembre 1969–, que pour couvrir les frais du mariage de sa fille et lui donner tout le lustre qu’il estimait indispensable, il n’hésita pas à brader son plus fameux incunable du XVe siècle comportant quelque deux mille gravures ?

     

    « Halo d’incompréhension » encore que cette comparaison entre la jalousie du père et celle du fils, la victime étant finalement toujours Anne…

    « Mon mari avait reçu une éducation stricte de son père, machiste andalou convaincu qui, au début de nos fiançailles, voyait d’un mauvais œil la permissivité de son fils à mon égard. Ooooh, quel péché ! Je pouvais m’habiller comme je voulais : petites robes sans manches, pantalons courts, maillots de bain, etc. Grand scandale dans un village de la montagne sévillane dans les années 60. Mais il se convainquit rapidement que j’étais une fille bien et que mon amour pour son fils ne pouvait laisser prise à aucun soupçon. […] J’avais parfois pitié de ma belle-mère et je la laissais se défouler sur moi. Elle finissait toujours par se convaincre que si son mari était jaloux comme le Maure de Venise, c’était parce qu’il l’aimait énormément. En définitive, tout cet atavisme remontait à bien des siècles et cela m’amusait. Mon mari aussi était jaloux et plus d’une fois il s’affronta verbalement à des garçons qui, d’après lui, me regardaient avec trop d’insistance. Moi, cela me faisait beaucoup rire, mais les dragueurs nous plaisent toujours à nous les filles, pourvu qu’ils soient beaux et respectueux […]. » (p. 124-125)…

     

     

    Servando Balaguer, l’homme politique

     

    Que saurons-nous d’autre sur Servando Balaguer ? Pas grand-chose, à part des manifestations de « halo d’incompréhension », comme celle-ci, pourtant antérieure encore au mariage, relative aux rencontres, dont raffolait Anne, avec les comtes de Mayalde ou la famille du ministre des Affaires étrangères et beau-fils du Caudillo, Ramón Serrano Súñer : « Mon fiancé n’appréciait guère cette vie sociale qu’il devait partager avec le milieu de son futur beau-père. » (p. 89).

     

    Et pourtant c’est avec enthousiasme qu’il deviendra un acteur important de la vie politique espagnole au sein du mouvement nationaliste Fuerza Nueva. Mais, –nouvel « halo d’incompréhension » ?–, ce serait à son épouse Anne qu’il serait redevable d'avoir pu rencontrer le président Blas Piñar : « Mon mari écrivit en mon nom à Don Blas pour le remercier de la position de la revue Fuerza Nueva qu’il dirigeait personnellement. » (p. 112).

     

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    Il s’agit du fameux éditorial de février 1972, Ceux qui ne pardonnent pas, qui provoqua la saisie de l’hebdomadaire nationaliste où Blas Piñar protestait contre l’ordre de recherche et d’arrestation (busca y captura) de Léon Degrelle par le gouvernement d’Opus Dei (ce blog aux 25 mai 2019 et 3 janvier 2023).

     

    Dans le troisième volume de ses mémoires (La pura Verdad, 2001), Blas Piñar donne cependant une version quelque peu différente, s’honorant de l’amitié plus du gendre de Léon Degrelle, que du mari d’Anne : « Cet article m’a valu des déboires –comme la saisie de ce numéro de la revue, mais l’article fut quand même repris dans le numéro suivant–, et m’a procuré aussi des satisfactions. L’une d’entre elles fut la visite de remerciement ainsi que l’amitié de Juan Servando Balaguer Parreño, le beau-fils du Chef rexiste. » (p. 308).

     

    C’est cette rencontre qui précipita la carrière politique de Servando, Anne se réservant néanmoins un rôle de mouche du coche rexiste : « La politique en général nous plaisait à tous deux. Nous commençâmes à assister à de nombreux meetings organisés par le parti. Sa ligne me rappelait beaucoup REX et ses aventures dont je connaissais tant de choses pour avoir écouté mon père pendant les longues heures de discussions des premières années de ma vie espagnole que j’ai partagées avec lui. Mon mari commença vite à faire partie de l’équipe politique. Il était aussi un grand orateur et participait aux réunions organisées aux quatre coins des provinces espagnoles. Il endossait chaque fois plus de responsabilités dans le parti et, dans les années 70, il créa la branche Fuerza Joven. Il se chargea personnellement de la formation humaine et politique des jeunes du parti dans une ambiance de respect et de discipline. Toute cette jeunesse l’aimait et l’appréciait énormément. » (p. 112).

     

    Soyons néanmoins de bon compte : Blas Piñar appréciait beaucoup Anne dont il salue à plusieurs reprises dans son ouvrage l'implication politique dans les activités du mouvement Fuerza Nueva, notamment à l’occasion d’un meeting de l’Eurodroite à Marseille, le 10 novembre 1978 : « Mon discours, en français, m’avait été traduit avec un soin particulier par Anne Degrelle. » (La Pura Verdad, p. 242).

     

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    Grand meeting de Fuerza Nueva dans les arènes monumentales de Las Ventas (près de 30.000 personnes) à Madrid pour célébrer, le 18 juillet 1979, le quarante-troisième anniversaire du soulèvement national contre le Front populaire et ses exactions « révolutionnaires ». La réunion était placée sous le signe de l’Eurodroite, avec la participation de délégations, entre autres, italienne (MSI), française (Parti des Forces Nouvelles) et belge (Front de la Jeunesse). C’est Servando Balaguer qui animait la réunion, présentant les différents orateurs précédant Blas Piñar, le plus fameux tribun d’Espagne, et, en conclusion de cet Acte d'affirmation nationale, proposant à l'auditoire survolté d'entonner les hymnes patriotiques.

     

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    Servando Balaguer au meeting du 18 juillet 1979 dans les arènes de Madrid : il entonne l’Oriamendi (marche du mouvement légitimiste, du nom de la ville basque où les partisans de Charles, frère du défunt roi Ferdinand VII, emportèrent la victoire lors de la première guerre carliste). Suivront le Cara al Sol, chant de la Phalange écrit par José Antonio Primo de Rivera lui-même, ainsi que l’hymne national espagnol, resté sans paroles, mais, ici, avec un texte de Fuerza Nueva, chanté avec ferveur par la foule.

    Comme Anne ne dit rien de plus des impressionnantes activités politiques de son mari, précisons que Servando Balaguer était pratiquement devenu le bras droit de Blas Piñar qu’il remplaçait dans les événements auxquels il ne pouvait participer. Ainsi, par exemple, des congrès du Parti des Forces Nouvelles français de 1978 et 1979 ou de la campagne électorale italienne en Sicile en décembre 1978 où il sut remplacer avec éloquence le leader de Fuerza Nueva retenu à Rome par une audience privée avec le pape Jean-Paul II. Il noua également des liens privilégiés avec les nationalistes belges : « Juan Servando Balaguer participa, au nom de Fuerza Nueva, au camp du Front de la Jeunesse (plus tard, Forces Nouvelles) en décembre 1977 ; à son IIIe Congrès, le 18 avril 1978, où il prononça un des discours de clôture » (La PuraVerdad, p. 306).

    C’est lui qui représenta également Fuerza Nueva au « Meeting de l’Eurodroite » de Bruxelles, le 2 juin 1979, organisé par le Front de la Jeunesse belge. Celui-ci ne participait évidemment pas aux élections européennes du 10 juin suivant, mais il s’agissait d’offrir une tribune au président du Mouvement Social Italien, Giorgio Almirante, pour s’adresser à la forte communauté italienne de Belgique.

    Non seulement le meeting fut interdit par le bourgmestre libéral de Bruxelles sous l’éternel prétexte de « risque de troubles à l’ordre public », mais comme le meeting avait été remplacé par une conférence de presse dans la grande salle de bal de l’Hôtel Métropole, un arrêté ministériel fut pris en extrême urgence et signifié par deux agents de la Gendarmerie à Giorgio Almirante au moment même où il allait prendre la parole.

     

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    Il y eut effectivement des troubles à l’ordre public provoqués impunément par les bandes gauchistes : la terrasse du rez-de chaussée du Métropole fut saccagée et toutes ses vitrines brisées ; les voitures particulières endommagées ne furent que des « victimes collatérales »...

     

    Face à une telle violation de la liberté d’expression d’un député italien, candidat aux élections européennes, garantie par la loi électorale, tous les orateurs ne purent que protester vainement, Servando Balaguer soulignant surtout le ridicule dont l’Etat belge se couvrait. C’est alors qu’un « journaliste » de la télévision belge l’interrompit en vociférant : « Parce que lorsque vous étiez au pouvoir avec Franco, il y avait plus de liberté, sans doute ? » Répondant du tac au tac, le responsable de Fuerza Nueva pour les relations avec les mouvements européens asséna cette évidence sans réplique : « Bien sûr ! Il y avait tellement de liberté et tellement de tranquillité chez nous que c’est en Espagne que, chaque année, le Roi des Belges Baudouin est venu passer ses vacances ! » (Fuerza Nueva, 9 juin 1979).

    La photo ci-dessous montre la tribune de la conférence de presse de l’Hôtel Métropole : de gauche à droite, Pascal Gauchon (Parti des Forces Nouvelles, France) annonce un « meeting de réparation » à Strasbourg, tout juste deux jours avant les élections, « où Giorgio Almirante ne risquera pas d’être empêché de parler ! », Giorgio Almirante (MSI, Italie) sous le coup de l’interdiction de s’exprimer qui vient de lui être signifiée, Francis Dossogne (Front de la Jeunesse, Belgique), Elie El Turk (Forces Nouvelles, Liban) et Servando Balaguer (Fuerza Nueva, Espagne).

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    Servando Balaguer veilla-t-il Franco avec Léon Degrelle ?

     

    La seule anecdote rapportée par Anne où son mari et son père eussent pu être réunis est celle de la mort de Francisco Franco et la présentation de sa dépouille dans une chapelle ardente au Palais d’Orient.

    Anne décida d’y emmener ses trois aînés afin de rendre hommage au Caudillo « pour avoir donné l’hospitalité à mon père Léon Degrelle en tant que réfugié politique. […] Nous quittâmes la maison à quatre heures de l’après-midi et ne pûmes passer devant le cercueil que le lendemain matin vers trois heures. » (p. 112).

    C’est en se présentant devant le défunt que, stupéfaite, elle reconnaît au côté du cercueil… son mari Servando : « Enfin, vers les 3h30 du matin, nous passâmes devant le corps de Franco et quelle ne fut pas ma surprise et celle de mes enfants en voyant mon mari veiller le cercueil, avec cinq autres garçons de Fuerza Joven, portant impeccablement leur uniforme ! Même lui ne pouvait s’y croire ! » (p. 113).

     

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    Congrès des responsables régionaux de Fuerza Joven, le 12 octobre 1979, en uniforme impeccable, chemise bleue de la Phalange et bonnet rouge de la Communion Traditionaliste : au premier plan, Servando Balaguer est accroupi au milieu, devant le premier rang, le regard tourné vers sa droite.

     

    « Quelques jours plus tard, mon père vint manger à la maison. Il me raconta qu’il ne pouvait assister publiquement à aucune de ces manifestations de deuil. La presse étrangère était trop nombreuse et il devait se cacher. » (p. 113).

     

    Sauf qu’à ce moment, Léon Degrelle n’avait plus aucune raison de se cacher : l’ordre de « busca y captura » était devenu caduc depuis que le gouvernement belge avait pris, le 17 décembre 1974 (soit près d’un an auparavant !), un arrêté ministériel le déclarant « étranger indésirable ». Ce qui rendait désormais impossible toute demande d’extradition. Aussi, tirant parti de cette nouvelle situation, l’encombrant exilé en profita-t-il pour se lancer dans de nouveaux projets immobiliers en Andalousie, sans manquer de se rappeler au bon souvenir de ses compatriotes en publiant ses fameuses Lettres à mon Cardinal dont plus de dix mille exemplaires seront vendus !

     

    Sauf aussi qu’à l’instar de Servando Balaguer, Léon Degrelle participa lui aussi à la veillée du corps du Généralissime Franco. Et que cela ne passa évidemment pas inaperçu dans la « presse étrangère » !

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    En effet, une dépêche de l’Agence France Presse datée du 26 novembre 1975 signala le malaise cardiaque dont souffrit Léon Degrelle à l’issue de sa veillée du défunt, le surlendemain de la mort du chef de l’État espagnol : « L’ancien chef du rexisme belge Léon Degrelle, a été frappé d’une attaque cardiaque dans la nuit du 22 au 23 novembre après avoir veillé pendant deux heures la nuit le corps du général Franco au palais d’Orient, apprenait-on mercredi à Madrid. »

     

    Cette dépêche de la célèbre agence de presse française fut reprise par la plupart des journaux belges ainsi que par la presse internationale.

     

    Léon Degrelle lui-même confirma cet incident à un journaliste de l’hebdomadaire argentin Siete Dias ilustrados : « Devant la dépouille de Franco, qui était son ami, l’homme demeura deux heures dans une attitude pensive, une attitude de recueillement. Quand il sortit, le jour se levait sur la grande esplanade. Les soldats achevaient les préparatifs pour dresser l’autel et les tribunes où allaient se célébrer les funérailles quelques heures plus tard. […] Cet homme grand et fort, Léon Degrelle, fondateur et Chef du mouvement rexiste belge, vacilla et s’écroula devant la porte du Palais, terrassé par une crise d’angine de poitrine.

    Léon Degrelle : Une fois de plus, j’ai échappé à la mort, comme en mai 1940 à Abbeville […]. J’ai plus de vies qu’un chat ! –constate-t-il en souriant. En Ukraine et au Caucase […], j’ai survécu à sept blessures et onze fractures. Et j’ai échappé aussi à la mort, malgré tous mes os brisés, quand je me suis écrasé en avion dans le Golfe de Gascogne et, plus tard, à Séville quand on a voulu m’enlever […]. » (19 juillet 1976).

    Siete Dias 19.07.1976.jpgAlors, pourquoi Anne propose-t-elle cette carabistouille ? A-t-elle voulu faire de son mari le seul membre de sa famille à avoir été la sentinelle du défunt Caudillo ? Ou voulait-elle cacher que la veillée inattendue de son père exprimant sa reconnaissance pour la fidèle protection que lui assura Francisco Franco ne fut possible que par la présence de son propre mari dans la chapelle ardente ? De Servando qui ne pouvait rien refuser à son beau-père qu’il admirait sans les réserves fantasmagoriques entretenues par sa femme ? Toujours ce « halo d’incompréhension »...

     

     

    Servando Balaguer, avocat de Léon Degrelle

     

    Anne n’en dira pas plus et ne parlera plus de son époux que pour chroniquer sa dépendance fatale au jeu ainsi que son décès. Et c’est bien dommage car, ce faisant, elle passe, par exemple, totalement sous silence son rôle d’avocat, pourtant déterminant, dans la défense de Léon Degrelle attaqué par Violeta Friedman, Vénézuélienne d’origine juive vivant en Espagne. L’affaire avait pourtant commencé par la prétention du rabbin Abraham Cooper et de la Fondation Simon Wiesenthal de Los Angeles d’offrir un million de dollars pour la capture de Léon Degrelle, prétention qu’a justement dénoncée Anne dans son livre (ce blog au 3 janvier 2023). En juillet 1986, Violeta Friedman perdit son procès contre Léon Degrelle qu’elle accusait d’avoir douté de la mort de juifs dans des chambres à gaz en répondant à un journal espagnol qui lui demandait de réagir à la mise à prix de sa tête. Elle interjeta appel de cette décision.

     

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    « A nouveau, le tribunal venait d’acquitter Léon Degrelle, soulignant l’absence absolue d’intérêt à agir de la part de la plaignante. À l’issue de l’audience, Violeta Friedman, s’adressant aux photographes de presse couvrant l’affaire, leur dit d’un ton autoritaire : Photographiez-les bien tous pour que nous puissions les ficher ! Elle parlait des jeunes idéalistes présents dans le prétoire. » (Degrelle en el exilio, p. 474)

     

    Les remous médiatiques et les multiples plaidoiries de cette affaire à rebondissements mériteraient certainement d’être retracés méticuleusement. Contentons-nous ici de n’en évoquer que les principales étapes telles que les retrace José Luis Jerez Riesco dans son Degrelle en el exilio, récit d’autant plus intéressant que lui-même, jeune avocat, put assister le conseil principal de Léon Degrelle, le gendre de celui-ci, Servando Balaguer :

    « La défense de Léon Degrelle […] fut confiée à son beau-fils, Servando Balaguer, accompagné et assisté, en toge, à la barre, par son ami, l’avocat José Luis Jerez Riesco. […] Le verdict rendu le 9 février 1988 fut favorable à Degrelle, […] estimant que les propos tenus par Léon Degrelle à la revue Tiempo ne relevaient aucunement d’ expressions ou de faits personnels et que, à aucun moment, il n’avait fait quelque référence à Violeta Friedman ni à sa famille et que [le tribunal] se refusait à se prononcer sur des considérations à caractère historique ou politique. […] Le 5 décembre 1989, le Tribunal Suprême [saisi en cassation] confirma en tous points le verdict de l’Audiencia Territorial, rejetant le recours et donnant entièrement raison à Léon Degrelle […].

    C’est alors que, le 12 janvier 1990, une requête individuelle de protection [« recurso de amparo »] fut introduite devant le Tribunal Constitutionnel. […] Léon Degrelle était représenté par le procureur Francisco de las Alas Pumariño y Miranda, assisté par l’avocat Juan Servando Balaguer Parreño. […] Le jugement 214/91 de ce Tribunal Constitutionnel, politisé par la procédure de sélection de ses magistrats, fut rendu le 11 novembre 1991. […] Ce fut la consécration de la criminalisation du droit à la liberté d’expression sur certains faits historiques. Le jugement était bref et disait textuellement : 1) Déclarer nuls les jugements [précédents] ; 2) Reconnaître à la plaignante le droit à l’honneur. » (pp. 472-480).

     

    José Luis Jerez Riesco termine cependant ce chapitre en relevant que le Tribunal Constitutionnel est revenu sur ce jugement le 7 novembre 2007, de sorte que « en Espagne, du moins, on peut étudier l’Histoire de manière contradictoire dans la recherche de la vérité. […] Léon Degrelle a finalement gagné cette bataille juridique car il avait raison, au-delà de la mort. » (p. 484).

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    Ultime désillusion de Léon Degrelle lisant dans le quotidien El País du 12 novembre 1991 l’annonce du dernier verdict qu’il put connaître : « La Cour Constitutionnelle protège Friedman contre l’incitation à la haine contre les juifs de l’ex-chef des SS Degrelle » ! Seize ans plus tard, il obtiendra pourtant justice, le Tribunal Constitutionnel revenant sur ce jugement : « À l’instar du Cid Campeador, Léon Degrelle a gagné sa bataille juridique au-delà de la mort ! » (José Luis Jerez Riesco, Degrelle en el exilio, p. 481).

     

     

    Servando Balaguer au décès de Léon Degrelle

     

    Pour Anne Degrelle-Lemay, le rôle de Servando Balaguer au cours des heures tragiques du décès de son papa s’est strictement limité à celui de conducteur d’automobile. Aussi n’occupe-t-il aucune place (et n'est pas autrement évoqué que sous le vocable « mon mari ») dans L’agonie et la mort de mon père, le chapitre le plus sensible de ses mémoires. Et pourtant…

     

    En vacances à la Costa del Sol, Anne fut la première à être appelée au chevet de son père : « Je savais qu’il ne survivrait pas à ce dernier combat. Il respirait avec difficulté. Son cœur et ses poumons s’affaiblissaient. J’étais assise à ses côtés, anxieuse mais sereine, tenant ses mains entre les miennes. De temps en temps, il ouvrait les yeux et son regard me semblait absolument conscient, comme s’il voulait exprimer quelque chose : la peur, la douleur (mais pas physique, car il était sous calmants), des questions... C’étaient des éclairs de regard qui sont restés gravés dans mon esprit.

    Ma fille et des amis se relayaient devant la porte, dans le couloir, pour que personne ne vienne déranger ces heures ultimes de contact intime entre un père et sa fille. […]

    Les premiers qui arrivèrent furent mon fils Juan avec ma sœur Christine et mon mari au volant de la voiture. Godelieve et son mari les suivaient depuis Madrid. Notre ami Alex se chargea de prévenir les amis de mon père […].

    Néanmoins, quand il expira, nous étions seuls, mon fils Juan et moi, à ses côtés. Sa figure se transforma. Tout signe de douleur ou d’angoisse avait disparu, jusqu’aux rides de sa peau de 88 ans. Il n’exprimait plus que la paix.

    A ce moment, moi qui avais eu souvent des crises de foi, j’éprouvai un immense sentiment de Paix. Y avait-il un Au-Delà où un dieu miséricordieux l’attendait ? Le bonheur qu’exprimait son visage à cet instant me bouleversa. Voulait-il me transmettre quelque chose ?

    Je ne veux pas m’étendre sur l’émoi international que provoqua son décès. Ajouter seulement que mon fils fut le seul qui veilla son corps dans le funérarium de Malaga toute la nuit du Vendredi Saint jusqu’à ce que, le samedi, l’entreprise de pompes funèbres se charge de l’incinération.

    Mon mari, mes enfants et moi rentrâmes à Madrid, essayant de retrouver une vie éloignée de la presse et des commentaires de la radio et de la télévision. » (pp. 139-140).

     

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    L’hôpital Parque San Antonio sur l’avenue longeant la plage de Malaga.

     

    Fiche Malaga De Schutter.jpgCorrigeons simplement ce récit avec le rare témoignage d’une personne présente, le photographe Jacques de Schutter qui a rédigé une « fiche de voyage » sur son séjour à Malaga en ces moments dramatiques :

     

    « On va vers la clinique. Chantal [fille aînée de Léon Degrelle] va et revient après un certain temps. C’est là qu’on apprend que Léon a été transféré au crématorium. Jeanne est à l’hôpital : là aussi, c’est la catastrophe… très malade… poumon atteint… etc., etc. Elle ne pourra même pas assister à la crémation de son mari. Drame complet ! Taxi. On part à 30 km de Malaga pour le crématorium. La fille de Jeanne, Caroline, nous accompagne. On arrive au crématorium sur les hauteurs de Malaga. Toute la famille est là : les quatre filles, Chantal, Anne, Godelieve, Marie-Christine, avec leur mari et leurs enfants respectifs.

    Chambre mortuaire. Derrière une vitre, le cercueil est là, avec Léon Degrelle. Office funèbre. Messe. Je suis tout près du cercueil dans un bois sombre de couleur acajou, bords arrondis, un Christ sur le dessus. Il est à ma droite. Des fleurs : une couronne d’œillets roses, blancs et rouges ; des roses rouges, cinq ou six maximum ; des orchidées… La cérémonie est très intime, maximum vingt personnes. Office religieux. Pas de communion ni de musique –nous sommes le Vendredi Saint.

    Léon Degrelle est mort à 23h, le jeudi 31 mars 1994. La crémation a eu lieu le vendredi 1er avril 1994 à 23h (il fait nuit).

     

    C’est Raymond Van Leeuw qui gère les opérations à 23h. Il n’y a que des hommes ! Toutes les familles sont rentrées à Malaga. Restent sur place le mari d’Anne [Servando Balaguer], le mari de Godelieve, le mari de Marie-Christine et deux ou trois autres personnes hommes.

    Raymon Van Leeuw leur demande de le suivre et de l’accompagner pour la fermeture du cercueil. Aucun d’entre eux n’acceptera ou ne souhaite participer à cette opération !

    Raymond me demande de l’accompagner pour la fermeture du cercueil. J’accepte. Nous n’étions que deux !

    Après la crémation, au bout d’un certain temps, l’urne est récupérée et délivrée avec un document (papier) qui a été remis ainsi que l’urne au mari d’Anne [Servando Balaguer] qui n’a pas voulu en prendre possession !... et l’a donnée à Vermeire… Alors que la demande impérative de Léon et de Jeanne voulait que l’urne soit remise à Raymond.

    Après, tout le monde se sépare. »

     

    Servando Bibliothèque.jpg« C’est l’époque [les années 70] où j’ai le plus aimé et admiré mon mari. Il avait un cabinet d’avocats qu’il avait monté quelques années auparavant avec deux collègues et qu’il garda jusqu’à sa mort. […] Ce fut une époque positive pour nous deux. Une dizaine d’années avait passé depuis notre arrivée à Madrid. Nous avions quatre enfants merveilleux. Notre vie professionnelle et… sentimentale allait bien. » (p. 110).
    Les points de suspension de la dernière phrase sont d’Anne. Toujours ce « halo d’incompréhension ».