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jeanne degrelle

  • In memoriam Chantal Degrelle

    13 février 1934 – 5 novembre 2022

     

    Ce n’est qu’aujourd’hui que nous apprenons avec une profonde tristesse le décès de Chantal Degrelle, la fille aînée de Léon Degrelle, survenu à Paris, le 5 novembre dernier, à 88 ans, pratiquement le même âge que son cher Papa.

    Née au domicile de ses parents, à Kessel-Lo, dans la banlieue de Louvain, Chantal ne bénéficia pas d’une enfance particulièrement heureuse, victime, à peine âgée de plus de deux ans, d’un grave accident domestique que tous crurent mortel.

     

    L’Accident

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    La presse rexiste se fit régulièrement l'écho de l'évolution de l'état de la petite Chantal Degrelle. Ici, les nouvelles données par Le Pays réel, les 28 juillet, 10 et 22 octobre, 13 et 14 décembre 1936...

     

    Hospitalisée en urgence absolue, elle devra recevoir des soins cliniques pendant plusieurs années, à Bruxelles, mais aussi à Paris où elle sera opérée à plusieurs reprises par le spécialiste européen de l’endoscopie broncho-œsophagienne, le Dr André Soulas, qui s’en souviendra encore dans ses ouvrages de technique endoscopique et ses cours de « perfectionnement théorique et pratique de broncho-œsophagologie » à l’Université de Paris, jusqu’au début même des années 50.

    Léon Degrelle, père exilé en Espagne, a rappelé à sa fille, dans une lettre émouvante de décembre 1974 (ce blog au 22 octobre 2019), les tourments que son état alarmant lui procura :

    « Toi ! ma petite Chantal chérie, si tendrement aimée, si douloureusement, pendant tant d’années ! Il n’y a pas un jour où je ne pense à toi, où je ne me souviens de ton long calvaire, qui fut aussi le nôtre, et si cruel, à ta petite maman et à moi. Je me vois encore, à 2 heures du matin, tout seul dans la nuit, sous la petite fenêtre, éclairée par une veilleuse, de la chambre où on te soignait à la clinique de Bruxelles, récitant désespérément mon chapelet pour que tu survives. Sache, Chérie, que maintenant encore, chaque nuit, absolument chaque nuit, je prie pour toi avant de m’endormir. J’ai mes petites habitudes, tout mon rouleau de prières que je récite jusqu’au moment même où je m’endors ; mes dernières pensées, chaque soir, pour Dieu et pour vous ; c’est ainsi ; et au fond, toute ma nature fut toujours ainsi, intensément humaine, puissante, dionysiaque, mais aussi profondément mystique.

     

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    Pendant ces années où la mort te guettait, au moment même où j’étais au sommet de ma puissance et de mes possibilités de domination, ton frêle petit corps blessé était toute ma palpitation intérieure. Tu m’accompagnais sur toutes les routes. Chaque instant où je pouvais m’arracher à mon immense labeur, c’était pour courir à pied, le soir, prier la Vierge de Hal ; c’était pour faire un aller et retour, nuit et jour, Bruxelles-Pyrénées, Pyrénées-Bruxelles, supplier la Vierge de Lourdes de te sauver. Et à Paris (que de courses de Bruxelles à Paris !) quand, en essayant de t’ouvrir à nouveau la voie de l’œsophage, on te creva la poumon, que des bulles d’air jaillissaient partout sous ta peau, que tu étais perdue, je me vois encore, ne pouvant plus rien attendre des hommes, me jeter sur la route de Lisieux : 154 kilomètres (si je ne me trompe pas) à pied, 154 km, flanqué de deux flics parisiens qui, au bout de 50 km, abandonnèrent, dans un champ de pommes de terre où je m’étais affalé pour reprendre un peu de forces !

    Jamais, je n’aurais pu croire qu’un corps humain pourrait avoir assez d’énergie pour faire 154 kilomètres ainsi, sans une heure dans un lit. Quand trois jours après, je réapparus de Lisieux, je te vois encore, sauvée, t’intéressant plus à mes jambes (je n’étais plus capable de faire un pas dans ta petite chambre de la clinique parisienne), qu’à ton propre sort ! Tu étais si gentille ! Tu as toujours été si gentille ! Et c’est une grande souffrance, dans mon exil, après avoir été si tendrement unis, unis par un tel calvaire, de ne pouvoir jamais t’avoir un instant contre mon cœur… » (Léon Degrelle, lettre à sa fille Chantal, le 29 décembre 1974).

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    Embrasée par la gloire militaire de son Papa

     

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    Profitant de sa longue permission accordée après le succès de la percée de l'encerclement de Tcherkassy, Léon Degrelle emmena sa fille Chantal et son fils Léon-Marie sur la côte belge, plus précisément à Coxyde où il visita une garnison allemande du Mur de l’Atlantique. On voit ici la petite famille au bord de la plage : Chantal, 10 ans, debout sur le parapet de béton à côté de son Papa, regarde l’agitation de la mer ; derrière elle, encapuchonné, Léon-Marie, 5 ans, préférerait sans doute jouer dans le sable… (voir ce blog au 13 octobre 2021 ; photo colorisée par le Cercle des Amis de Léon Degrelle pour la couverture de sa 37e Correspondance privée, septembre 2021).

     

    Un peu plus d’une semaine avant ce week-end pascal, c’était le triomphe de la Légion Wallonie, célébré par une prise d’armes à Charleroi d’abord, puis, à Bruxelles, par un défilé historique sur les boulevards du centre. Léon Degrelle saluant, de son véhicule de commandement blindé, ses troupes follement fêtées par une population communiant avec ferveur à leur héroïsme et à leur gloire (ce blog aux 15 décembre 2020, 15 et 26 janvier 2021, 7 mars 2022).

     

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    Arrivée place de la Bourse peu après Godelieve et Léon-Marie, Chantal est hissée sur le char de son Papa qui l’accueille dans ses bras. Les enfants du Commandeur de la Légion sont fleuris à l’instar de tous les Bourguignons défilant dans l’allégresse de la victoire. Et Chantal, comme son frère et sa sœur, sont rapidement gagnés par l’euphorie générale, stimulés par la prestance des Légionnaires et les vivats de la foule en liesse.

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    Mais les Bourguignons rejoignent bientôt le Front de l’Est. Cette fois, tout à fait au nord, en Estonie. Là aussi, le Papa aimant n’oublie pas ses enfants et, le 12 août 1944, leur écrit d’affectueuses lettres (voir aussi ce blog au 15 décembre 2020).

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    Au front, le 12 Août 1944.


    Ma chère grande Chantalinette,

    Est-ce qu’on a déjà écrit à Papa ? J’attends avec impatience !

    Je suis tout au bout du Front, à 2000 kilomètres de Bruxelles ! Devant nous, c’est les Bolchevistes, au fond de grandes sapinières et de marais. Il y a des millions de mouches très méchantes. Et aussi des sales grosses puces, toutes rouges.

    A droite, c’est la mer, très belle, au pied de grandes falaises, hautes de 100 mètres ! Nous sommes tout en haut. On ne doit pas trop approcher du bord, parce que ça croule ! Mais c’est magnifique, tout bleu, avec des presqu’îles vertes.

    Il y a des petits pois et des carottes. Mais les tomates sont encore toutes petites et toutes vertes, et les pommes sont dures comme des cailloux.

    Et dire que chez nous, il doit y avoir de magnifiques pêches, bien juteuses et de bonnes groseilles. Pauvre papa, il n’a pas de chance, il n’est jamais là au bon moment ! Mais quand vous mangez des pêches, il faut dire : « une pour papa ! » et mordre dedans à ma place. Comme cela, j’en aurai un peu quand même !

    J’écris mal, car je dois tout le temps secouer ma tête à cause de ces satanées mouches qui tournent ou qui mordent tout le temps !

    Et comment va ma grande Chantal ? Elle est toujours très gentille ? Elle ne bouscule pas les petits ? Et les points en classe ? Est-ce que Mademoiselle est contente ?

     

    MP Lemay+Léon Marie+Chantal.jpgLéon-Marie est sur les genoux de sa Maman à qui Chantal, assise sur le petit parc, donne le bras.

     

    Il faut tout me raconter. Et Godelieve ? Et Léon-Marie ? Et, surtout, la belle petite sœur ? Elle est jolie, hein ? Je suis bien triste de ne l’avoir vue que pendant une heure… Est-ce qu’on lui a fait un beau baptême ? Est-ce qu’elle parle déjà ? Il ne faut pas encore lui apprendre à aller en bicyclette : c’est trop tôt !

    C’est pourtant si bon de foncer en bicyclette, n’est-ce pas ma belle grande Chantal ? A la fin, on est toute mouillée, avec deux joues gonflées comme des grosses pommes rouges !

    Et la balançoire ? Est-ce qu’on s’y dispute encore ?

    Se couche-t-on tôt, le soir, maintenant ? Oui ?

    Moi, je me couche à 9h parce qu’on ne peut pas faire de lumière. Mais à 4h du matin, je suis déjà réveillé par le soleil. Dans ces pays-ci, le soleil se lève beaucoup plus tôt qu’en Belgique, mais il commence à faire noir à 9 heures déjà.

    Quand je reviendrai, je regarderai tous les cahiers ! Attention ! Il faut beaucoup de « Bien » et des « Très bien ».

    Au revoir, ma petite Chantalinette chérie ! Vous irez près de Godelieve, de Léon-Marie et de Marie-Christine et vous leur donnerez à chacun trois gros baisers en disant : « C’est de la part de papa » ! Papa en envoie de loin toute une charrette à sa grande fille si gentille.

    Papa

     

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    Les vœux de Léon Degrelle à sa fille Chantal pour Noël 1945 :

     

    Ma grande Chantal !

     

    Ton papa voudrait tellement être tout près de toi, sa grande fille ! Dis, quelle vie, la nôtre ! Tu le connais à peine, ton pauvre papa ! Il te retrouvait en revenant du Front, mais pour si peu de temps ! Tu étais chaque fois plus sage. Tu lui faisais tant de bien, tu lui rendais tant de courage quand tu lui donnais dix baisers, vingt baisers, en le serrant fort !

    Maintenant, il est loin de toi, ton petit papa, Chantalinette, mais il se souvient avec tant de tendresse de sa grande Chantal !

    Il faut que tu sois le modèle de toute la famille ! Un jour, les gens seront moins méchants et on se reverra tous. Tu reviendras te jeter dans mes bras. Je pleurerai peut-être, parce que je serai tellement heureux…

    C’est triste, tu sais, d’être un papa et d’être tout seul…

    Tous les jours, dis, ma petite Chantalinette, pense à ton papa… Parle-moi, de là-bas… Sois gentille, pieuse, courageuse, pour que je sois toujours content de ma grande fille. Car je regarderai dans tes yeux quand je te reverrai, et, tu le sais bien, j’y vois tout ! Je verrai que tu es restée ma Chantalinette, toujours plus sage, plus vaillante, une vraie fille de soldat.

    Tu sais encore bien comment je suis ? Dis ? C’est bien vrai ? Car si tu m’oubliais, je crois que je tomberais mort, tellement je serais malheureux !

    Chaque matin, tu me diras : « Bonjour, Papa ! » Je te répondrai de loin : « Bonjour, Chantalinette ! »

    Chaque soir, tu me diras : « Bonsoir, Papa ! ». Je te répondrai : « Bonsoir, ma grande Chantal ».

    Je fais, comme avant, une petite Croix sur ton front. Je suis ton petit

    Papa

     

    Joyeux

    Noël !

    – 1945 –

     

     

    La vie d’après-guerre

     

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    Léon Degrelle accueille dans sa propriété de La Carlina, sa fille Chantal, maman déjà d’une petite Corinne, et son mari Roland Autenheimer.

     

    Ce n’est malheureusement qu’à la suite du décès de son petit frère Léon-Marie, le 22 février 1958 (ce blog aux 26 février 2016 et 5 novembre 2022), que Chantal put retrouver son père, à la fin du mois de juillet. Entretemps, sa vie avait déjà pris un nouveau tournant en France, par son mariage, deux ans plus tôt, avec Roland Autenheimer et la naissance d’une petite fille (Chantal sera l’heureuse maman de deux filles, Corinne et Sophie).

     

    LD+Corinne+Chantal.jpg« Et tes filles ? Quel problème, les filles ! Quel est le père, quelle est la mère qui y comprennent quelque chose ? Y comprennent-elles quelque chose elles-mêmes ? Un garçon, ce n’est pas simple déjà. Mais cela a, tout de même, quelque chose de plus robustement élémentaire. La fille, ça a la vibration, les mille feux, mais aussi le va-et-vient dansant du papillon. Ce sont des nerfs. Ce sont mille désirs secrets. Et les mille semi-mensonges à elles-mêmes et aux autres, d’êtres qui ne veulent pas se reconnaître faibles, mais qui, en certains aspects, les plus mystérieux, le sont.

    Corinne, 16 ans ! Je voudrais regarder au fond de ses yeux, essayer de savoir ce qui s’y passe. Mais ça l’embêterait sans doute. Ou au moins, ça la gênerait. Personne n’aime être observé, ni même s’analyser. On aime mieux flotter dans le vague. Au fond, seul le temps impose l’analyse à laquelle, naturellement, on se refuse parce qu’elle pourrait encombrer. Expliquer, essayer de diriger, et surtout donner des leçons, ne sert à rien. Chacun entend bien tout savoir sur son cas, en tout cas beaucoup mieux que les autres ! » (Lettre de Léon Degrelle à sa fille Chantal, le 29 décembre 1974).

     

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    La vie de Chantal ne fut jamais marquée par les préoccupations politiques, accaparée qu’elle fut toujours par l’éducation de ses filles dans l’amour du bien et du beau. Sa vie fut essentiellement faite de service, voire de sacrifice. Elle sera en effet confrontée à un divorce difficile qu’elle affronta sans haine ni méchanceté et aux tracas incessants pour subvenir seule aux besoins de la famille.

     

    La lettre que son père lui écrivit à la fin de l’année 1974 ne fait aucun doute sur l’admiration sincère que lui inspirait « l’épanouissement apostolique de [l’] existence » de Chantal (ce blog au 22 octobre 2019). Et c’est bien en sa fille Chantal qu’il reconnaît non seulement la gardienne de son héritage, mais la championne de son idéal (nous soulignons) :

    « La plus noble évasion, celle, en tout cas, qui console de tout, c’est Dieu. J’ai du bonheur à savoir que ta vie en est imprégnée. Tu sais, à la vérité, ce fut mon vrai grand idéal. J’eusse voulu n’être que cela. Cela m’intéressait beaucoup plus que la politique. Je ne sais si tu as le petit bouquin Les Âmes qui brûlent où j’évoque tout cela. Tu es la seule à prolonger ce qui fut mon grand rêve. […] Alors, ma grande Chérie, si tu as dépassé le barrage artificiel de la fausse joie criarde d’un monde qui n’est qu’une brillante poussière compressée qui, tôt ou tard, se décomposera, tu as atteint l’essentiel. La seule chose qui ne ment pas, qui ne déçoit jamais, c’est la grande paix intérieure, c’est la vocation secrète qui surpasse tout. »

     

    Chantal+Jeanne Belgique 1996.jpgRespectant les volontés de son père, Chantal se trouva toujours aux côtés de son épouse Jeanne.

     

    Ce n’est qu’après le décès de son Papa qu’elle se préoccupa de l’héritage politique que celui-ci laissait. Elle multiplia alors les rencontres avec ceux qui l’avaient le mieux connu –épouse, famille, amis– ainsi que les réunions avec les Bourguignons qui lui furent toujours fidèles.

     

    Chantal se considéra sans faux-fuyant comme l’héritière de droit de l’idéal spirituel et social de son Papa et, ne se mêlant en rien aux polémiques que certains suscitèrent et entretinrent, elle fit en sorte de tenir toujours haut le drapeau de l’honneur et de la fidélité.

     

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    Réunion de Bourguignons du Dernier Carré, à Namur, en 1996 : au centre, se donnant le bras, on reconnaît l’épouse du Chef, Jeanne Degrelle, sa sœur Louise-Marie Massart et sa fille Chantal Degrelle.

     

    Nous ne citerons ici que deux brèves déclarations de Chantal Degrelle.

     

    La première se voulait modeste encouragement aux membres du Cercle des Amis de Léon Degrelle, mais sa lecture n’a certainement pu que stimuler tous ses adhérents à poursuivre leur combat de justice et de vérité.

     

    Chantal Degrelle.jpgChers Amis,

    J’ai été très touchée de votre grande admiration envers mon père Léon Degrelle. Vos revues sont toujours très belles et instructives sur ce passé « terrible » et grandiose à la fois !

    Je vais avoir 83 ans, mais resterai jusqu’à la fin de ma vie dans le souvenir de mon père qui fut un grand Homme politique, fidèle, courageux, écrivain remarquable et… un sacré caractère !...

    Je conserverai précieusement toutes vos documentations et je les transmettrai.

    Merci encore de tout cœur pour votre attachement, votre respect, votre grande admiration envers mon père Léon Degrelle.

    Bien respectueusement,

    Chantal Degrelle

     

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    La seconde déclaration est celle qui fut demandée à Chantal Degrelle par Philippe Dutilleul pour introduire son documentaire Léon Degrelle ou la Führer de vivre (2009 ; on dirait ce mauvais titre choisi pour justifier la sentence hugolienne « Le calembour est la fiente de l'esprit »).

     

    Emmenée sur les marches de la Bourse de Bruxelles où elle avait accompagné son père présidant, le 1er avril 1944, au défilé des Bourguignons vainqueurs, Chantal tint, dans sa fraîche spontanéité, un discours qui ne pouvait que heurter le « politiquement correct » d’un film destiné à la télévision d’État, chargée depuis d’insinuer que les héros wallons du Front de l'Est n’étaient finalement que des criminels de guerre (ce blog aux 30 novembre 2019, 23 février 2020, 7 juin 2021 et 11 mars 2022).

     

    Pourtant, ce sont bien les commentaires de Chantal Degrelle qui reflètent la seule vérité historique !

     

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    « C’était le 1er avril 1944. J’étais dans le char, à côté de Papa, avec mon frère et ma sœur. Et il y avait une foule considérable, qui arrivait en courant de tous les côtés. Moi, j’étais émerveillée, j’avais à peine 10 ans. Mon Dieu… Je revois encore tout ça… Ces milliers de gens qui accouraient de partout ! Et des acclamations ! Et Papa était rayonnant de bonheur, hein ! Le visage illuminé… Il faut aussi dire que c’était le sommet de la gloire de mon père, hein, cette année-là. C’était absolument la gloire, c’était le… Il était grandiose !

    Voilà le souvenir que je garde de Papa.

    Et malheureusement, cinq mois après, les chars anglo-américains allaient défiler exactement par le même trajet… Voilà… C’est l’Histoire. On ne peut pas changer le cours de l’Histoire hein ? C’est comme ça ! »

    (Capture d'écran de la diffusion du film Léon Degrelle ou la Führer de vivre, le 5 mars 2009).

     

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    Nous remercions vivement la CPDH (Collection Privée de Documentations Historiques) de ©Jacques de Schutter pour nous avoir donné libre accès à sa documentation iconographique.

  • Les mémoires effilochés d’Anne Degrelle-Lemay

    VI. Des « histoires » aux allures de méchantes

    carabistouilles !

     

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    « J’ai commencé à connaître beaucoup de facettes de la personnalité de mon père. Je suis devenue son principal inquisiteur. Mes interrogatoires étaient constants. […] C’était un incroyable raconteur de carabistouilles […]. Mes questions délicates, pleines de pièges involontaires, fruits de mon esprit cartésien, lui posèrent plus d’un problème » (p. 93).

     

    2.Anne Degrelle Couverture.jpgMalgré son titre Degrelle, l’homme qui changea mon destin, les mémoires d’Anne Degrelle-Lemay, comme nous l’avons constaté (ce blog depuis le 23 octobre 2022), ne nous apprennent pas grand-chose sur la vie d’exil de Léon Degrelle en Espagne. Et nous doutons que, malgré leurs demandes pressantes, la curiosité des arrière-petits-enfants du fils qu’Adolf Hitler se fût choisi pourra s’en satisfaire. Surtout si leur source d’informations privilégiée n’est que leur grand-mère : « Ils me demandent souvent : “Grand-mère, comment vont tes mémoires ?” Je leur ai tellement parlé de leur bisaïeul, qu’ils veulent en savoir plus. Les conversations surgissent sans crier gare dans n’importe quelle réunion familiale, avec des questions et parfois des discussions passionnantes. La troisième génération s’intéresse et veut en savoir davantage. […] Je suis particulièrement fière en voyant leur curiosité pour se rapprocher de cet arrière-grand-père qu’ils ne connaissent que par ses livres et les histoires que leur raconte leur grand-mère. » (p. 165).

    N’oublions pas que le titre de son livre, L’homme qui changea mon destin, s’articule autour de deux personnages : l’homme Léon Degrelle, présenté comme le principal acteur (c’est lui qui agit sur le destin de l’autre) et Anne Degrelle-Lemay qui va raconter cet homme si important qu’il « changea [son] destin ».

    Mais au bout du compte, c’est plutôt le second personnage qui tire la couverture à lui comme elle le laisse entendre à la fin de ses mémoires : « cette biographie n’est pas la mienne en tant que telle, mais plutôt celle d’une fille d’un politique, un poète, un écrivain… que j’ai connu tardivement et que j’ai essayé de juger, toujours selon mes critères propres. » (p. 141). C’est donc bien d’elle qu’il s’agit principalement, surtout lorsqu’elle parle de son père, ou plutôt lorsqu’elle le juge, uniquement « selon [ses] critères propres », non autrement précisés.

    Relisons donc son livre dans la perspective autobiographique : comment se raconte-t-elle ? comment présente-t-elle ses relations avec sa famille et ses proches ?...

     

    3.Pays réel 1936.07.27 Naissance Anne.JPG

    Le Pays réel du 27 juillet 1936 annonce en première page la naissance, deux jours plus tôt, d’Anne, la petite sœur de Chantal Degrelle.

     

    Ce n’est que passé le milieu de son texte qu’Anne Degrelle évoque sa naissance, qui la relie directement au chef de l'Italie fasciste : « [Mon père] me raconta que le jour de ma naissance, il était à Rome et que c’est Mussolini qui lui communiqua l’heureuse nouvelle : le 25 juillet 1936. » (p. 102). Ce qu’elle ne dit pas, c’est que son nom même était un hommage au Duce puisqu’il reprenait celui d’Anna Maria, son dernier enfant, née sept ans auparavant : « J’ai passé avec [Mussolini] une huitaine de jours passionnants, presque familiaux, puisqu’il m’a annoncé lui-même la naissance de ma fille Anne, à qui j’ai donné le prénom de sa dernière fille à lui. » (Jean-Michel Charlier, Léon Degrelle. Persiste et signe, p. 175).

    Détail curieux : dans une autre interview, à Jacques de Launay, Léon Degrelle se serait trompé sur le jour de la naissance de sa fille en donnant une date plus tardive de deux jours (mais probablement ne s’agit-il que d’une erreur de transcription du journaliste-historien) : « Je l’ai vu [Mussolini] pour la première fois, trois mois après ma victoire électorale du 8 mai 1936, avec 21 sièges de députés, voyons, c’était le jour de la naissance de ma fille Anne, le 27 juillet 1936. » (Jacques de Launay, Histoires secrètes de la Belgique, 1935-1945, p. 198) !

     

    4.Chantal+Anne St-Nicolas 1943.jpg

    Drève de Lorraine, 6 décembre 1943 : les sages petites Chantal et Anne ont reçu leurs cadeaux de Saint-Nicolas. Parmi ceux-ci, un petit magasin d’épicerie a été déposé sur l’imposante malle au décor floral du XVIIe siècle trônant dans le hall d’entrée.

     

    De sa prime enfance à la Drève de Lorraine, Anne ne conserverait que de rares souvenances, mais suffisamment précises pour donner de sa maison une description quasi architecturale (en n’oubliant surtout pas l’indispensable note culpabilisatrice sur la « ruine familiale ») ; « Je me souviens comme si c’était hier que la première chose qu’on voyait en entrant dans la maison, en haut de l’escalier monumental, c’était cette Louve capitoline allaitant deux enfants, Romulus et Remus. Mon père était amoureux de la Rome impériale, passion que j’ai héritée de lui, et innombrables étaient les vestiges et témoignages de cette merveilleuse civilisation qu’on retrouvait à travers toute la maison : livres, vitrines, mosaïques, reproductions de sculptures, etc. L’art était sa passion, à l’égal de la politique qui entraîna plus tard notre ruine, mais je parlerai de cela plus tard. […] à cinq ou six ans, j’avais l’habitude d’aller explorer le reste de la maison : les salons aux meubles du XVIIIe siècle français, la salle à manger que j’examinais quand il allait y avoir un dîner important et je regardais, bouche bée, cette table merveilleusement dressée, ces fauteuils, ces lumières… Et le bureau de mon père ! Un bureau où il se rendait invisible à nos yeux. Je me souviens qu’on ne voyait pas les murs : uniquement des livres et des tapisseries flamandes […]. Je fouillais ces tapisseries en cherchant une ouverture pour entrer car la porte restait fermée… Et alors, je restais à observer ce beau monsieur, élégant, magique… mon père. Et tout à coup, il me voyait, éclatait de rire et me prenait dans ses bras. Pour quelques secondes, il était à nouveau mon père. […] Je n’ai aucun souvenir cependant de fêtes d’anniversaire, de premières communions, de vacances en famille » (p. 15).

     

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    Chantal et Anne s’amusent dans le bureau de leur père : leur petite table à dessin est placée devant la cheminée ; à l’arrière-plan, on distingue un impressionnant globe terrestre du XVIIIe siècle.

    Les moments heureux en famille à la Drève de Lorraine évoqués par Léon Degrelle, alors qu’Anne avait cinq ans, dans le Degrelle m’a dit de la Duchesse de Valence n’eussent-ils pas pu stimuler ses souvenirs ? D’autant plus que sont évoquées à leur appui les mêmes photos que celles dont parle Anne (p. 148, ce blog au 23 janvier 2023) : « Père affectueux, il n’avait jamais manqué, même aux heures les plus tumultueuses de son action, d’être le compagnon de ses enfants. Il jouait avec eux, leur racontait mille histoires amusantes et naïves.

    Papa, t’es un comique ! lui répétait, ravie, sa petite fille Annette.

    Il avait alors trois petites filles en vie, Chantal, Annette, Godelieve (Godelieve veut dire en flamand, petite amie de Dieu) et un garçonnet qui s’appelait Léon-Marie. Libre pendant des heures, chaque jour, Léon Degrelle courait les bois avec eux, durant ce bel été 1941, leur expliquant la vie des animaux et des plantes, leur développant de jolies légendes, ou bien jouait avec eux, plus enfant qu’eux, dans les fleurs ou les foins coupés de sa prairie. Il existe de lui de charmantes photos d’alors. Ses enfants sont blottis près de lui. » (pp.356-357).

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    Les enfants de Léon Degrelle, Annette, Godelieve, Léon-Marie et Chantal, profitent de la permission de leur papa (ici en civil, en avril 1943) pour se blottir près de lui, le temps d’une photo.

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  • Les mémoires « effilochés » d’Anne Degrelle-Lemay

     

    V. Les lacunes historiques d’Anne…

     

     

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    Léon Degrelle a tout fait pour retrouver ses enfants, pas seulement matériellement en les accueillant en Espagne où ils firent leur vie, sauf Léon-Marie victime d’un accident mortel après quelques mois et Chantal qui était déjà mariée en France, mais affectueusement surtout. De la part d’Anne, cette affection fut-elle réciproque, spontanée et sincère ? Oui, nous affirme-t-elle avec assurance. Et nous n’avons aucune raison de ne pas la croire. Mais l’édition de cette « espèce de journal à destination de mes enfants et de mes petits-enfants » (p. 169) est-elle bien sans arrière-pensée ? Ses enfants pourraient-ils vraiment y trouver un portrait authentique de « Degrelle, L’homme qui changea [le] destin » de leur mère et grand-mère ?

     

     

    Anne Degrelle Couverture.jpgDepuis que nous avons commencé la présentation du livre de mémoires d’Anne Degrelle-Lemay, nous n’avons pu que souligner la carence et le biaisement continuels de l’information (ce blog à partir du 23 octobre 2022).

    Destiné surtout –affirme l’auteur– à mieux faire connaître à sa famille la vie, la pensée, l’idéal de leur grand-père et arrière-grand-père (« Je leur ai tant parlé de leur aïeul qu’ils veulent maintenant en savoir davantage », p. 165), ce livre ne pouvait passer sous silence la première moitié de la vie de Léon Degrelle. Encore qu’il ne dise pratiquement rien de l’enfance, des années d’université (un mot sur le journal L’Avant-Garde, un autre sur Mgr Picard et les Cristeros mexicains, p. 87)… Sur Rex, rien non plus, à part l’intérêt pour la politique sociale nationale-socialiste (p. 109, sans expliquer qu’en évoquant le régime hitlérien, la presse rexiste ne faisait alors que remplir sa mission d’information ni que le Führer y fut éreinté, pratiquement jusqu’à la capitulation de la Belgique) ou la politique de neutralité, « une clairvoyance [de la part de Léon Degrelle, qu’Anne estime] semblable à celle de Charles Maurras, un de ses grands amis »… que son père n’a –malheureusement– jamais rencontré ! (p. 110).

     

    Même si elle a la Belgique en horreur (« Je dois reconnaître que le coup de foudre n’était pas seulement pour [mon père], mais pour l’Espagne que j’aimais déjà autant sinon plus que la France et surtout que la Belgique que je haïssais depuis tant d’années pour tout le mal qu’elle fit à ma famille », p. 73), Anne se devait d’en expliquer l’originalité à ses enfants pour qu’ils comprennent mieux l’action de leur grand-père aussi bien en ce qui concerne la politique intérieure de Rex que pour le recrutement des Légionnaires du Front de l’Est. Mais là aussi, on nage dans l’imprécision et l’ignorance : « Nous savons que la Belgique se divise en deux régions, la Wallonie et la Flandre. Des cultures différentes, des langues différentes, des spécificités différentes. En Wallonie, on parle français, en Flandre le flamand, le néerlandais ainsi que l’allemand. » (p. 133). Outre que le flamand, sauf à le considérer comme un patois, est la même langue que le néerlandais effectivement parlé en Flandre, l’allemand n’est, quant à lui, parlé que dans les cantons de l’est, à la frontière allemande, c’est-à-dire enclavés en Wallonie.

     

    Anne semble également ignorer les origines françaises de son papa (une fois, p. 23, elle le présentera pourtant comme « belgo-français » : voir plus loin). Toujours est-il que, dans un texte écrit en 1949 expressément pour ses jeunes enfants dont il était séparé depuis plus d’un lustre (l’aînée, Chantal, avait quinze ans ; Anne, treize ; Godelieve, onze ; Léon-Marie, dix et Marie-Christine, cinq) et qu’Anne doit nécessairement connaître, son père ne manque pas de détailler : « Edouard Degrelle [le grand-père d’Anne] était né à Solre-le-Château, ville française, puisque l’Ardenne est coupée par la frontière belgo-française, ligne arbitraire, souvent modifiée, région pleine de simplicité et de noblesse. Elle était originaire de Gonrieux et pendant deux cents ans, avait porté le nom de cette terre. Les le Grêle de Gonrieux avaient cette devise qui fait croire qu’ils n’étaient pas costauds, mais qu’ils étaient bien décidés à vivre : Grêle est, mais croîtra ! Les Degrelle de Solre-le-Château habitaient depuis plusieurs générations une grande maison à pignons, blanche et vaste. Deux cent quatre-vingt huit Degrelle y étaient nés. Les familles étaient nombreuses, un Livre de Raison remontant à 1589 en fait foi ». (Léon Degrelle, Mon Combat, s.l., s.d., p. 20). Usmard Legros, le premier biographe de Léon Degrelle précise que 1589 est en fait l’année de naissance, à Sains-du-Nord (Avesnois), du « plus lointain ancêtre connu, Martin de Grelle » (Un homme… un chef. Léon Degrelle, 1937, p. 24).

    Degrelle Solre-le-Château.jpgMonument funéraire de la famille Degrelle dans le cimetière de Solre-le-Château (nord de la France). Cette concession à perpétuité fut élevée par Constantin-Joseph Degrelle (1784-1869), l’arrière-grand-père de Léon.

    « Mon père était d’origine wallonne. Il était né dans un beau village des Ardennes appelé Bouillon. Sa langue maternelle était le français. Et les zones aux nombreux conflits sociaux, régions minières et industrielles, étaient en terre flamande. » (p. 100) Sauf que les zones industrielles minières –à part un site dans le Limbourg flamand– se trouvent toutes en région wallonne, dans les provinces de Liège et du Hainaut, fiefs de la gauche socialiste et communiste avant de devenir terreau rexiste (c’est pourquoi l’hommage à la Légion Wallonie célébrant le succès de la percée de Tcherkassy, le 1er avril 1944, débuta à Charleroi : ce blog au 7 mars 2022).

     

    Quand Anne se mêle de l’histoire politique de son père, ce n’est pas mieux, incapable, par exemple, de situer correctement les relations de la famille Lemay avec son père :

    « Toute la famille de ma mère, à cette première époque de sa vie politique, le soutenait inconditionnellement. Elle partageait avec des milliers de personnes (âgées et jeunes, aisées ou pauvres) cette foi en un homme honnête décidé à lutter pour leurs droits. […] Mon père, un homme de principes et catholique jusqu’à la moelle, amoureux de sa Belgique natale, vit en Hitler un créateur d’hommes, un chef qui avait sorti son pays aux millions de chômeurs de la misère économique et lui avait rendu l’orgueil national après l’humiliation infligée à l’Allemagne après la Première Guerre mondiale. Mais il recherchait maintenant une expansion territoriale, couronnement de son ambition personnelle. Ce fut alors qu’en terminant l’un de ses meetings rassemblant des foules immenses, mon père lança son premier “Heil Hitler”. Pour mes grands-parents et le reste de la famille maternelle, cela signifia la rupture totale avec lui. » (p. 18).

    Sans doute parce que sa famille maternelle lui aura répété mille fois cette histoire, Anne Degrelle-Lemay se crut autorisée à revenir plus précisément sur les circonstances de la rupture de sa famille maternelle avec Léon Degrelle, les rendant du coup encore plus invraisemblables.

    C’est ainsi qu’Anne situe cette rupture des Lemay avec son père à l’époque des retentissants « Six Jours de Rex » : ils furent organisés du 19 au 24 janvier 1937 au Palais des Sports de Bruxelles et accueillaient chaque jour quelque quinze mille personnes payant chacune au moins 5 francs pour écouter Léon Degrelle :

    « Mais ce que mon père ne m’a pas dit alors et que je n’ai appris que bien des années plus tard de la bouche de ma grand-mère maternelle, c’est qu’à la fin du sixième jour, il commenta le succès de la politique hitlérienne en faisant de son chef un exemple à suivre et en exprimant ouvertement son admiration naissante pour lui. Il termina le meeting par un “Heil Hitler !” qui déclencha une polémique sauvage dans le monde politique –mais aussi citoyen– de l’époque. Mon grand-père maternel et toute la famille Lemay, jusqu’alors admirateurs de son combat aux racines profondément chrétiennes, commencèrent à l’écouter avec un certain scepticisme. » (p. 92).

     

    Pays réel 1937.01.21.JPG

    Reportage du Pays réel, le 21 janvier 1937.

     

    Plus loin, Anne confirmera les limites strictement patriotiques du soutien des Lemay, qui furent alors inexorablement atteintes (mais il ne s’agit plus du meeting « du sixième jour », c’est même le tout premier) : « C’est au cours du premier meeting qu’il commença à commenter les résultats de ce chef de l’Etat allemand. Déjà, il ne dissimulait pas son affinité avec lui aussi bien en ce qui concerne la politique intérieure que son aversion naissante qui finirait rapidement par devenir le but principal de son combat : Staline et son communisme. A partir du moment où il commença à adhérer tacitement [sic !] aux projets d’une future lutte européenne contre l’URSS emmenée par l’armée allemande –qui avait envahi son propre pays–, ses meetings se limitèrent à faire du recrutement. Dans la famille Lemay –celle de ma mère– cela provoqua un rejet total et certainement aussi dans de nombreuses autres familles qui ne pouvaient même pas imaginer laisser leurs fils aller se battre coude à coude avec l’envahisseur de leur pays, aussi noble que soit le but commun. » (p. 142).

    Tout le monde sait que le discours de Léon Degrelle se terminant par la profession de foi en l’avenir national-socialiste de l’Europe nouvelle fut prononcé le 5 janvier 1941 et non en 1937 à l’occasion des « Six Jours de Rex » : les différents thèmes traités dans les cinq discours prévus à cette occasion (le samedi était réservé à un « gala artistique ») ne pouvaient en aucun cas se clore (ni commencer !) par le salut à celui qui, à ce moment, était occupé à redresser l’Allemagne :

    - Les scandales et la révolte des citoyens
    - Rex reconstruira l’Etat
    - Justice sociale – Paix flamande
    - La jeunesse – Les valeurs morales – L’Eglise
    - Au-delà des partis : la Patrie !

     

    Pays réel 1937.01.25.JPG

    Reportage du Pays réel, le 25 janvier 1937. La photo montre Léon Degrelle et son épouse Marie-Paule, née Lemay, assistant au gala artistique de Rex, le samedi 23 janvier, organisé dans la salle de concert de la Société royale de la Grande Harmonie, peu avant sa démolition laissant place à l’actuelle place de l’Albertine, face aux bâtiments de la nouvelle Bibliothèque Royale.

     

    Si donc, après-guerre, Belle-Maman Lemay a raconté à Anne que c’est dès 1937 que son mari et sa famille prirent leurs distances avec Léon Degrelle à cause de sa proximité soudainement affichée avec l’horrible Hitler, ce ne peut s’expliquer que par leur volonté de se montrer, après-guerre et par grégarisme opportuniste, le plus antihitlérien possible.

    C’est ainsi qu’Anne rapporte la rupture des Lemay en assénant les contresens les plus invraisemblables à propos des raisons de l’engagement de son père aux côtés de l’Allemagne nationale-socialiste : « Mon père […] vit en Hitler […] un chef qui avait […] rendu à son pays l’orgueil national après l’humiliation infligée à l’Allemagne après la Première Guerre mondiale. Mais il recherchait maintenant une expansion territoriale, couronnement de son ambition personnelle. Ce fut alors qu’en terminant l’un de ses meetings rassemblant des foules immenses, mon père lança son premier Heil Hitler. Pour mes grands-parents et le reste de la famille maternelle, cela signifia la rupture totale avec lui. » (pp.17-18) Comme si Léon Degrelle avait non seulement accepté, mais cautionné à l’avance l’invasion de son pays par le Troisième Reich !

    Plus loin, Anne enfonce encore ce clou inepte pour souligner l'entêtement coupable de son père : « Je crois sincèrement qu’à cette époque déjà [août 1944], ma mère ne partageait plus les idéaux de son mari belgo-français qui combattait aux ordres d’un chef dont le seul but était de se rendre maître de l’Europe. » (p. 23).

    Anne ne peut pourtant pas ignorer les explications fournies par son père dans le document écrit en 1949 dont nous venons de parler. On y lit : « La Collaboration signifiait pour Léon Degrelle l’épanouissement de son pays dans une Europe unie et réconciliée. Il se ralliait à une politique de collaboration européenne non pas par sympathie pour l’homme Hitler et parce qu’il était allemand, mais dans la mesure où il était devenu européen et où il synchronisait toute la symphonie européenne pour en faire un chant plein de grandeur et d’harmonie. » (Mon Combat, p. 209). Prouvant qu’il ne s’agit pas d’explications a posteriori, il cite également quelques écrits de l’époque, publiés dans Le Pays réel, entre autres, celui-ci : « La rupture des carcans européens, l’organisation de l’Europe en une entité cohérente, va ramener le vieux Leo Belgicus à ses destinées nationales. Dans l’Europe d’Hitler, nous allons être une incomparable jetée de l’Europe centrale vers la mer du Nord et les Océans ; un confluent fabuleux des richesses du Continent et des autres mondes. » (Le Pays réel, 20 avril 1941).



    Pays réel 1941 08 09.pngEst-ce involontairement qu’Anne se fait tout de même l’écho des véritables raisons de l’engagement des milliers de Belges qui prêtèrent un serment de fidélité à Adolf Hitler dans la guerre contre le bolchevisme ? « J’ai expliqué les raisons pour lesquelles ils partirent pour le front de l’est : avant tout, pour recouvrer des droits pour leur pays, pour le représenter avec honneur et, en définitive, pour lutter pour l’Europe. » (p. 142).

    Mais les Lemay constituant désormais sa famille de prédilection, elle est bien obligée de leur donner raison en approuvant leur condamnation anticipative (et patriotique !) de la participation des rexistes et autres partisans de l’Europe nouvelle à la croisade antibolchevique aux côtés des Allemands ayant envahi la Belgique !

    Mais cela ne serait-il justement pas le tout premier chef d’accusation qui valut la condamnation à mort par contumace de Léon Degrelle par le Conseil de Guerre de Bruxelles, le 27 décembre 1944 ? A savoir « Avoir porté les armes contre la Belgique et ses alliés » ? Sauf qu’il fallut quand même attendre un arrêté-loi pris à Londres le 17 décembre 1942, pour déclarer les soviétiques alliés de la Belgique, c’est-à-dire près d’un an et demi après l’entrée en action de la Légion Wallonie et Léon Degrelle, et neuf mois après l’arrivée du second contingent emmené par John Hagemans (ce blog au 26 août 2022) !…

    [Ici, nous ne résistons pas à l’opportunité de vous présenter un petit intermède qui serait comique s'il n'était malséant, offert par le clown Proprof de l’Université de Liège, l’inénarrable Besace (ce blog au 30 juin 2016) qui avait déjà minimisé les atrocités de l’épuration en parlant d’excès aux limites acceptables et des pistolets-mitrailleurs de la Résistance qui partaient tout seuls (ce blog au 8 novembre 2019). Ici, il s’étouffe à l’idée qu’on puisse ne pas trouver judicieuses ces lois rétroactives et nous propose donc son « regard particulier » sur le sujet : « Les arguties juridiques invoquées par les combattants de l’Est quant au caractère rétroactif de la législation qui leur était appliquée parce qu’une circulaire interprétative étendait à l’URSS la notion d’ “allié” de fait, ne tenaient guère devant une évidente réalité : endosser le feldgrau quelques mois après l’invasion [en fait, quinze mois quand même, soit le quart de la durée de toute la guerre !] était un péché contre l’esprit bien plus que contre un article du Code pénal. » Il suffisait d'y penser ! Et de promulguer cet ajout dogmatique au Décalogue ! (Francis Ballace, “Collaboration et répression en Wallonie : un regard particulier ?”, in Collaboration, répression, un passé qui résiste, Sous la direction de J. Gotovitch & Ch. Kesteloot, p. 53).]

    Malheureusement pour Anne Degrelle-Lemay, nous savons que le patriotisme de sa famille privilégiée fut pour le moins à géométrie variable, notamment par la lettre de Léon Degrelle à l’avocat des Lemay, Jean Thévenet (20 mars 1954) ; le seul Lemay a y être traité positivement est d’ailleurs son beau-père Marcel Lemay, l’époux de Belle-Maman, décédé à l’orée de la guerre et qu’il y appelle son « ami charmant ». On y apprend, entre autres, que Belle-Maman Lemay ne trouvait apparemment pas inconvenant de s’afficher au bras de son gendre « incivique », jusqu’au moins… 1944 et que le fils aîné, Marc Lemay, apporta la bénédiction de sa famille aux volontaires du premier contingent de la Légion Wallonie en partance pour le front de l’Est, le 8 août 1941 ! (ce blog au 20 décembre 2022).

     

    Départ 8 août Gare Nord.jpeg

    L’aîné des fils Lemay ne fut pas seul à venir saluer, le 8 août 1941, à la Gare du Nord de Bruxelles, le départ des nouveaux Croisés pour leur combat sacrificiel contre la menace bolchevique sur l’Europe.

     

    Nous verrons ailleurs (quand nous parlerons de Jeanne Degrelle-Brevet) que Léon Degrelle pouvait parfois s’agacer des lacunes historiques de sa fille. Aussi pourrions-nous nous réjouir que tout ce qui concerne la vie militaire de son père soit directement tiré de ses propres livres. Mais nous allons vite déchanter.

    Les livres de son père lui sont bien sûr l’occasion de célébrer son courage et sa valeur militaire : « Il ne pouvait passer inaperçu. Il s’attira rapidement le respect non seulement de ses hommes, mais aussi des autorités allemandes qui surent voir en lui un soldat courageux, un grand stratège emmenant ses hommes avec courage et intelligence à des victoires et des conquêtes de villes et de régions d’importance capitale sur la route vers Moscou. Des victoires qui lui valurent une ascension fulgurante dans la hiérarchie et les décorations militaires. Les pages de son livre uniquement consacrées aux combats, aux misères, aux tragédies, aux souffrances atroces, je ne vais pas les mettre dans ces mémoires. Ce que je veux souligner, c’est le courage de ce soldat qui parvint à être un des commandants militaires les plus admirés par ses hommes et par les plus hautes autorités allemandes. Elles le respectaient. Il pouvait leur parler d’égal à égal. […] Les décorations étincelant sur son uniforme d’officier rendaient justice à ses progressions régulières dans le commandement militaire. […] J’avais seulement sept ans. Bien qu’on nous tînt, nous les enfants, à l’écart de ces événements, nous savions que nous avions un père qui était un HEROS pour notre entourage. Et quand nous avions l’occasion de le voir entre des meetings et des réunions, l’affection qu’il nous prodiguait compensait les longues absences que nous devions subir. Je possède toujours des photos attachantes de ces rencontres éphémères, dont une, en particulier, sur l’escalier de notre maison de la Drève de Lorraine » (pp. 146 et 148).

     

    LD Drève Anne+Léon-M.+God..jpgEst-ce une des photos dont parle Anne ? En permission après la bataille de Tcherkassy et sa réception par le Führer lui octroyant la croix de Chevalier de la Croix de Fer, Léon Degrelle pose sur les marches de sa villa de la Drève de Lorraine avec Anne, Léon-Marie et Godelieve (février 1944).

    Mais ce que saluera surtout Anne Degrelle-Lemay tout au long de ses citations, c’est le talent littéraire de son père :

    « On devrait étudier le livre de mon père, “La Campagne de Russie”, dans les facultés d’Histoire, sinon de Lettres, car c’est une page de l’histoire de l’Europe et, qui plus est, magnifiquement écrite. Ce n’est pas Victor Hugo, mais c’est un grand auteur. […] “La Campagne de Russie”, cette grande épopée écrite en un français magnifique et traduite en de nombreuses langues, ne cessera jamais d’apparaître dans mes commentaires sur la personnalité de mon père, qui n’était pas seulement un simple soldat, mais un être humain aux profondes racines chrétiennes. […] C’est sur le front du Dnieper que commença l’immense odyssée de cette guerre cruelle, qu’il a magnifiquement racontée dans son livre “La Campagne de Russie”. Je reconnais que la lecture de ce livre ne m’attirait pas dans l’absolu, mais je l’ai terminé fascinée, stupéfaite non pas tant par l’aventure de ces hommes, mais pas la beauté des descriptions de chaque recoin, de chaque village, de chaque rivière, de chaque bois de cet immense et merveilleux pays qu’est la Russie. Ces six cents pages reflètent une lutte acharnée, traversant les régions et les localités aux noms imprononçables pour moi. […] Maintenant que je me suis attelée à la tâche d’entrer dans les pages de ce livre, je me sens difficilement capable de pouvoir refléter le sentiment qui m’envahit et l’admiration pour cet écrivain capable de transmettre de manière magistrale l’état d’âme de ces milliers d’hommes dont il était devenu responsable. […] Le Donetz, le Dnieper, le Caucase, l’Ukraine n’ont plus de secrets pour moi. Cette envie qui m’a prise d’écrire pour partager quelque chose de mes souvenirs m’a amenée à plonger dans la lecture de sa fameuse “Campagne de Russie”. Elle m’a passionnée, émerveillée ; elle m’a fait pleurer… ou sourire car, au milieu de tant de malheurs, ce génie de la plume trouve toujours le mot juste, la pointe sarcastique qui vous éloigne pour une seconde du récit dramatique et si souvent sanglant. […] Chaque description, comme sortie de la palette d’un peintre, parlait avec une sensibilité quasi hors de propos au milieu de cet enfer, de paysages enneigés, de bois dont les branches couvertes de givre brillaient à la lumière du soleil couchant. Des pages d’une beauté absolue : un baume pour le cœur et l’esprit. […] En lisant entre les lignes, je ressens l’angoisse spirituelle qui l’étreignait, lui si croyant, face à tant d’horreur et de morts. Mais “La Campagne de Russie” demeure l’épopée de sa vie qui attire le plus ses adeptes. Alors que pour moi, c’est elle qui a causé le plus de traumatismes dans ma vie. » (pp. 141 et 144-146).

     

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    « Le livre peut-être le plus connu en Espagne parmi ses œuvres spirituelles est “Les âmes qui brûlent”, avec une introduction et la traduction de Don Gregorio Marañón, édité dans les années 50. » (p. 166). Première édition d’Almas Ardiendo (jusqu’à aujourd’hui, il y en eut plus d’une douzaine !) aux éditions La Hoja de Roble (« La Feuille de Chêne », avec une aquarelle de la célèbre peintre naïve espagnole María Antonia Dans, 1922-1988) fondées à Lora del Rio par Léon Degrelle en 1954. Ci-dessous, l’édition soignée proposée par le président de l’Asociación Cultural Amigos de Léon Degrelle, José Luis Jerez Riesco, en 2009. Dans des « Paragraphes préliminaires », il propose une méditation sur Les âmes qui brûlent/Les âmes ardentes, inspirée par les Pères de l’Eglise, les philosophes grecs et romains ainsi que la réflexion spirituelle de José Antonio ; il donne aussi de précieux renseignements sur les premières éditions de cet ouvrage, aussi bien en français qu’en espagnol. Actuellement épuisée, cette édition peut se télécharger (malheureusement sans les Préliminaires de José Luis Jerez Riesco ni le Prologue de Gregorio Marañon).

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    « Je ne veux cependant pas terminer mon histoire sans consacrer quelques pages au Léon Degrelle poète, philosophe et écrivain, car ce sont les aspects de sa vie que j’ai le plus admirés. Doté d’une grande sensibilité, il a abordé magistralement des thèmes aussi délicats que l’amour, la beauté, la célébration de sa terre natale qui a abouti à “La Chanson ardennaise”. Il n’a jamais perdu la foi en Dieu. Elle le poussa à écrire “Je te bénis ô belle mort”, des poèmes inspirés par l’œuvre de Sainte Thérèse d’Avila. Je les ai gardés longtemps sur ma table de nuit. […] Je conserve dans ma bibliothèque un espace spécial pour diverses brochures, soigneusement éditées, de vers et de réflexions qui montrent un homme profondément spirituel. L’une d’elles est intitulée “Aux mauvais jours” et fut écrite à l’hôpital de Saint-Sébastien en 1945… Une vraie relique. Chaque fois que je la lis, une immense tristesse m’envahit. Dans son long exil, ce qui l’a sauvé, ce fut l’intense vie intellectuelle qui ne l’abandonna jamais. […] Sa plume fut ce qui le sauva mentalement durant son long enfermement dans un sous-sol obscur et, plus tard, lorsqu’il commença à aller mieux, chez notre chère Clarita. C’est chez elle qu’il trouva la paix nécessaire pour continuer à écrire, entre autres, sa “Campagne de Russie”. Il ne répondit jamais à mes questions : que faisais-tu ? de quoi vivais-tu ? Tout ce que je sais, c’est qu’il n’arrêta jamais d’écrire, de la poésie, de l’histoire, tous ces livres magnifiques qui remplirent sa vie en exil. » (p. 166).

    Remarquons au passage que jusqu’à la dernière page de ses mémoires, Anne Degrelle-Lemay aura été incapable de trousser le moindre compliment (ici, sur le précieux don poétique de son père) sans l’assortir de remarques fielleuses sur l’origine de son argent !...

    Mais ces considérations paraîtront bien anodines face aux remises en question d’événements historiques rapportés dans les livres autobiographiques du Commandeur de la Légion Wallonie !

    Rappelons-nous qu’Anne n’a pas hésité pas à traiter son père de « raconteur de carabistouilles » (traduction élégante de « narrador embaucador », termes désignant un narrateur filou, trompeur, escroc, p. 93 ; ce blog au 23 octobre 2022). Elle va maintenant lui attribuer une nouvelle calembredaine… Ou, plutôt, elle va avaliser la thèse des hyènes de l’histoire sur la relation unique développée par Adolf Hitler envers Léon Degrelle. Et ce, à propos de la fameuse phrase « Si j’avais un fils, je voudrais qu’il fût comme vous. » (ce blog aux 12 mai 2016, 21 juin et 20 juillet 2018).

    « Il nous a souvent raconté que Hitler lui avait dit “Si j’avais un fils, j’aimerais qu’il soit comme vous”. Moi, je le regardais et lui, il me souriait. Il connaissait mon scepticisme. J’ai toujours été difficile à convaincre. Mais peut-être que c’était vrai… » (p. 154).

     

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    Pour Anne Degrelle-Lemay, l’insigne proximité manifestée par Adolf Hitler envers son père, Léon Degrelle, ne relèverait que d’une fiction romanesque que sa sagacité « cartésienne » serait parvenue à détecter !...

     

    Le regard d’Anne et le sourire de son père tels qu’ici rapportés ne sont pas un regard de confiance et un sourire de bienveillance. Non, le scepticisme qu’aurait ainsi, comme toujours, brandi Anne face aux affirmations de son père rend au contraire son regard dubitatif, sinon incrédule, tandis que le sourire avec lequel aurait répondu son père manifesterait une connivence avec sa fille, tellement « cartésienne » qu’il en reconnaîtrait ainsi sa lucide perspicacité ! Certes, elle ajoute « peut-être que c’était vrai », mais dans ce contexte, comme elle l’a dit ailleurs, cela ne se pourrait que si l’on acceptait de « prendre des vessies pour des lanternes » (p. 93 ; en espagnol : « comulgar con ruedas de molino », communier avec des meules de moulin [à la place d’hosties] !).

    Mais qu’en est-il en réalité ?

    Le récit de la célèbre phrase que le Führer adressa au fils qu’il se choisit est très précisément extrait –nous dit Anne Degrelle-Lemay– de La Campagne de Russie de Léon Degrelle (et présenté d’emblée comme un récit « romanesque » ; nous citons le texte tel que donné par Anne et expliquerons ensuite nos soulignages) :

    « Dans son livre “La Campagne de Russie” [Anne donne le titre en français], il raconte, comme dans un roman, l’aventure de sa rencontre avec Hitler : “17 février. Nous nous étions retrouvés, vainqueurs, de l’autre côté de la rivière Lisyanka. Nous étions sauvés. Nous avions gagné. Le lendemain, notre immense colonne était en marche depuis quelques heures, protégée par les blindés du général Hube. Un petit avion décrivait des cercles au-dessus de nous et finit par atterrir près de nous. C’était un appareil de reconnaissance envoyé par Hitler. Il était à ma recherche. Aussitôt, mes soldats me hissèrent dans l’avionnette. Je traversai, en quatre heures de vol, le sud puis tout l’ouest de la Russie. A la nuit tombée, j’atterrissais à l’aéroport du G.Q.G. Mais dans quel état ! L’uniforme en lambeaux, déchiqueté par tant de corps à corps. Himmler me donna une chemise propre et fit en sorte qu’on arrange ce qu’il restait de mon uniforme. En échange, je laissai dans sa belle salle de bain d’énormes poux furieusement anthropophages. Puis il m’emmena dans sa voiture verte, à une heure du matin jusqu’au lieu de rendez-vous avec le Führer. Je vois encore Hitler s’avancer vers moi, me serrer contre lui et… me remettre le Collier de la Ritterkreuz qui était alors –il ne faut pas l’oublier– la décoration la plus élevée de l’Armée allemande. Il me prit les mains entre les siennes et me dit simplement : “Je me suis fait tant de soucis pour vous !” Je me retrouvais là, près de Hitler, dans sa cabane rustique, devant une cheminée où quelques bûches crépitaient. En quittant son bureau, nous nous réunîmes avec quelques maréchaux dans un salon voisin pour fêter avec une bouteille de champagne –lui qui n’aimait pas les boissons alcoolisées– la victoire de Tcherkassy.”

    Il nous a souvent raconté que Hitler lui avait dit “Si j’avais un fils, j’aimerais qu’il soit comme vous”. Moi, je le regardais et lui, il me souriait. Il connaissait mon scepticisme. J’ai toujours été difficile à convaincre. Mais peut-être que c’était vrai… » (pp. 153-154).

    Campaña de Rusia.JPGLe problème est que le texte fourni par Anne Degrelle-Lemay n’est en rien extrait de La Campagne de Russie, ni de la version espagnole La Campaña de Rusia qui en est la traduction fidèle. D’où vient-il ? Et pourquoi remplace-t-il la version donnée dans l’œuvre originale, « cette grande épopée écrite en un français magnifique » quasiment digne de Victor Hugo (voir ci-avant) ? Voilà qui jette quand même un sérieux doute sur la sincérité de l’appréciation du talent littéraire de son père exprimée par Anne…

    Le texte choisi n’est en effet aucunement littérairement travaillé par son auteur : il s’agit de la retranscription des interviews données par Léon Degrelle à Jean-Michel Charlier, que celui-ci a publiées en 1985 dans Léon Degrelle : persiste et signe (éditions Jean Picollec ; nous citons le texte français d’après ce livre). Le texte cité par Anne se trouve aux pages 331-332 (pp. 313-314 de l’édition espagnole Léon Degrelle firma y rubrica, Ediciones Dyrsa, 1986).

    Mieux, –ou plutôt pire !–, Anne Degrelle-Lemay s’est permise de corriger des expressions et de réécrire des tournures ou des passages entiers : c’est ce que nous avons souligné dans notre citation de son livre, comme si c’était la version corrigée par ses soins qui, en réalité, méritait les éloges !

    Firma y rubrica.jpeg
    C’est ainsi, par exemple, qu’elle corrige en « petit avion », « avion-cigogne », traduction du surnom donné à cet avion de reconnaissance construit pas l’ingénieur Gerhard Fieseler et dont le train d’atterrissage surélevé lui valut d’être appelé Storch (cigogne). Elle change aussi « chars » en « blindés », « champ d’aviation » en « aéroport » ou « quelques centaines de gros poux russes » en « énormes poux »… Elle ajoute des phrases inutiles (« Nous avions gagné ») et se permet aussi de réécrire tout le passage relatif à la réception au champagne que Léon Degrelle avait écrit de la sorte ; « Sortant de son bureau, je m’étais à peine attablé dans un salon voisin avec ses maréchaux qu’il [Adolf Hitler] avait surgi une bouteille de champagne au bout de chaque bras, nous les apportant pour festoyer, lui qui détestait les boissons alcoolisées ! » (La Campagne de Russie, p. 336).

    Malheureusement, la seule chose qu’elle ne change pas, c’est l’erreur de transcription qui se trouve tout au début de la citation : « Nous nous étions retrouvés, vainqueurs, de l’autre côté de la rivière Lisyanka. »

    Lisyanka n’est pas une rivière, mais une ville (qui donne d’ailleurs son titre à un chapitre de La Campagne de Russie : pp. 314-322 ; pp. 149-153 de l’édition espagnole). C’est Jean-Michel Charlier qui commet l’erreur en retranscrivant les paroles de Léon Degrelle qui avait sans doute parlé de « la rivière de Lisyanka ». Dans La Campagne de Russie, il explique d’ailleurs que le moment-clé de la percée de Tcherkassy fut le passage de la rivière traversant cette ville : « Nous nous dépêtrâmes dans la neige épaisse et descendîmes le long de la route. Nous finîmes par atteindre, au cœur de Lysjanka, la rivière, très large, gonflée, ourlée de crêtes de glace. » (p. 322). Cette rivière, c’est le Gniloï-Tikitch.

    Mais là, bien sûr, n’est pas le plus important. La scène que rapporte Anne représente la rencontre qu’Adolf Hitler a voulue en faisant chercher Léon Degrelle par son avion personnel sur le front le 20 février 1944. Or ce n’est pas à cette occasion que le Führer a prononcé la fameuse phrase où il se reconnaissait un fils spirituel en Léon Degrelle. C’est six mois plus tard, le 27 août 1944, comme il le souligne justement dans ses entretiens avec Jean-Michel Charlier, source privilégiée d’Anne, mais qu’elle ignore ici : « Hitler, en m’étreignant la main dans ses deux mains, pensait-il qu’au-delà de ses forces qui s’épuisaient, à force de travail, j’étais là, jeune lion ? Six mois plus tard, il me dirait la phrase célèbre : Si j’avais un fils, je voudrais qu’il soit comme vous ! Dès février 1944, il avait décidé que je porterais l’étendard de l’Europe nouvelle en Occident. Il me faisait recevoir officiellement à Paris. » (Persiste et signe, p. 337 ; p. 319 de l’édition espagnole).

    Et cette nouvelle rencontre –à nouveau voulue par Adolf Hitler en faisant encore chercher Léon Degrelle par son avion personnel sur le front– est également parfaitement documentée dans La Campagne de Russie (pp. 377-381 ; pp. 180-183 de l’édition espagnole) : « Hitler avait repris une vigueur nouvelle. […] Il me décora. Puis il me guida vers une petite table ronde. […] Son œil brillait de bonne humeur. Il se lança avec passion dans un débat sur l’avenir du socialisme. Son visage, admirablement soigné, frémissait. Ses mains fines et parfaites avaient des gestes élémentaires mais ardents, compagnes vivantes de l’orateur. […] Au moment du départ, comme s’il eût voulu graver à jamais dans mon cœur un souvenir plus personnel, Hitler revint me prendre la main dans ses deux mains : “Si j’avais un fils, me dit-il lentement, affectueusement, je voudrais qu’il fût comme vous…” »

    Cette reconnaissance d’un étranger à l’insigne proximité spirituelle s’exprima à peine un mois après la tentative d’assassinat perpétrée, le 20 juillet 1944, par des officiers allemands félons…

    Alors, d’où vient la mise en doute par Anne de la phrase d’Adolf Hitler ? Et, pour mieux l’étayer, pourquoi avoir placé tout le récit de la rencontre de son père avec le Führer (sans être capable de choisir la bonne date !) dans la fiction d’un roman qu’elle se permet de réécrire ?

     

    Vermeire Charleroi 01.04-horz.jpg

    « Le lieutenant Jean Vermeire donne le ton. Lui, porte une veste de général privée d’insignes et une culotte de cheval mauve que, de Frédéric II à Keitel, nul ne découvrit jamais dans l’armée allemande. » (Saint-Loup, Les SS de la Toison d’Or, Presses de la Cité, p. 81).

    « Un petit détail amusant, c’est que lors d’un de nos premiers rassemblements au camp de Regenwurmlager, le major Bode avait dit, à bien haute voix, en voyant Vermeire pour la première fois : Was ist den das für ein Operetten Offizier ! Et c’est certes la raison pour laquelle Vermeire ne manquait plus jamais la moindre occasion pour critiquer le major Bode. » (Fernand Kaisergruber, commentaire dactylographié sur le livre de Jean Mabire, Légion Wallonie, Au front de l’est, 1941-1944, Presses de la Cité).

     

    Outre que nous avons vu l’irrésistible propension d’Anne Degrelle-Lemay à semer partout les graines morbides de sa méfiance et de ses soupçons, une origine de la remise en cause particulière de la phrase historique du Führer pourrait bien être le SS-Hauptsturmführer Jean Vermeire. Son incommensurable orgueil fut en effet cruellement blessé, non seulement par le refus constant de Léon Degrelle de le reconnaître officiellement comme son « bras droit » (« J’en ai déjà un, ça me suffit ! » plaisantait-il, mi-moqueur, mi-agacé), mais aussi par celui de son épouse Jeanne Degrelle-Brevet de lui confier les drapeaux de la Légion, après le décès du Commandeur (ce blog au 17 janvier 2016).

    C’est en effet à partir de la disparition de son Chef que Jean Vermeire entreprit d’écorner sa « légende », notamment en remettant en question la réalité de la fameuse phrase (ce blog au 21 juin 2018).

    En 2008, en participant au documentaire de Philippe Dutilleul, Léon Degrelle ou la Führer de vivre, il échafauda l’impossibilité mentale pour Adolf Hitler d’avoir même imaginé prononcer pareille phrase à l’adresse d’un étranger. Comme si cet officier par usurpation (nous nous expliquerons plus tard sur ce terme), qui n’a jamais pu même voir le Führer autrement qu’en image, avait quelque compétence historique ou psychologique l’autorisant à se mettre à sa place…

    « Il voulait avoir un fils ? Le fils d’un Belge ? C’est pas des phrases à répéter !... Ça ne tient pas debout ! Ça m’a toujours heurté… Et on reprend cette phrase… on reprend cette phrase… tout le temps… tout le temps…

    Hitler s’est avancé vers Degrelle et il lui a dit textuellement : “Ich habe mich grosse Sorge gemacht”, “Je me suis fait des grands soucis”. [Il exhibe un papier] Voilà ! Et ça, moi, j’ai reçu ce texte, après, par Gille. Après, parler du fils d’Hitler… C’était un affront à tous les jeunes de l’Allemagne ! Il y avait d’autres héros tout de même !... Donc il n’a pas dit ça ! Ce n’est pas possible ! C’est… c’est… c’est égoïstement inventer l’histoire qui obligeait toute l’Allemagne… Et nous alors ? Qu’est-ce qu’on devient là-dedans ???... Mais je lui ai demandé plusieurs fois : je dis, mais… “Ohhhhh…, il m’a dit, ben… oh là là… j’ai été reçu comme un fils.” Voilà, je dis, la légende ! »

     

    Vermeire papier Gilles.JPGDans le film de Philippe Dutilleul, comme preuve que jamais Adolf Hitler n’aurait pu dire à Léon Degrelle que s’il avait un fils, il aimerait qu’il soit comme lui, Jean Vermeire présente sa source en agitant une grande feuille blanche devant la caméra (capture d’écran du film-documentaire Léon Degrelle ou la Führer de vivre donnant « la parole aux derniers témoins directs et proches de Léon Degrelle »).

    Mais la caméra prend bien soin de ne pas filmer son contenu en gros plan. Il s’agirait pourtant d’un document intéressant, prétendument écrit par le Generalleutnant Herbert Otto Gille, commandeur de la 5. SS-Panzerdivision Wiking, affirmant qu’à la réception à laquelle il fut convié avec Léon Degrelle à la Wolfschanze du Führer, ce dernier n’aurait fait qu’exprimer son inquiétude sur le sort des Wallons. Nous le croyons bien volontiers, car le général Gille fut convié au Quartier Général de Hitler avec les principaux Commandeurs ayant assuré le succès de la percée de Tcherkassy. Ce qui veut dire qu’il parle de la rencontre du 20 février 1944 et non de celle du 27 août, qu’il ne fait donc que confirmer ce que Léon Degrelle a toujours dit (notamment dans La Campagne de Russie, p. 328) et qu’il nous aurait vivement intéressé de connaître l'intégralité de ce compte rendu. Pour sa part, Léon Degrelle a écrit : « le Führer s’était avancé vers moi, m’avait pris la main droite dans ses deux mains et l’étreignait avec affection. […] je ne sentais que ses deux mains qui pressaient la mienne, je n’entendais que sa voix, un peu rauque, qui m’accueillait, me répétait : “Vous m’avez donné tant d’inquiétude !..” ». Le scoop de Vermeire n’est donc qu’un mensonge (mais le personnage en est coutumier !). On se demande d’ailleurs s’il a effectivement rencontré le général Gille pour lui commander un procès-verbal des propos d’Adolf Hitler à Léon Degrelle ! Surtout que, pour des raisons de simple chronologie, il ne pouvait de toute évidence concerner la phrase qui « heurte » tant Vermeire et lui servir à convaincre Léon Degrelle d’affabulation… On regrettera donc qu’il n’ait pas harcelé plutôt le général Felix Steiner qui était, lui, bien présent le 27 août (c’est lui qui est sur la photo que nous publions plus avant entre Adolf Hitler et Léon Degrelle) !

    Ci-dessous, une photo officielle des commandeurs qui furent reçus par le Führer, le 20 février 1944 : de gauche à droite, Herbert Otto Gille, Theo-Helmut Lieb et Léon Degrelle, reçus à Berlin par le chef de la presse du Reich, le Dr Otto Dietrich.

     

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    « Ça ne tient pas debout » ? Et les préoccupations constantes d’Adolf Hitler vis-à-vis de Léon Degrelle depuis leur première rencontre du 26 septembre 1936 jusques et y compris les derniers moments dans le Führerbunker (tous les détails sur ce blog au 21 juin 2018) tiennent-elles debout ?

    « Il y avait d’autres héros tout de même » ? D’innombrables, en effet ! Mais y en eut-il un seul autre que Léon Degrelle –qu’il soit Allemand ou Volontaire étranger – que le Führer fît rechercher sur le front par son avion personnel pour le recevoir personnellement, –et ce, à deux reprises !–, lui remettre les plus hautes décorations militaires et s’entretenir particulièrement avec lui ? Et où serait l’affront aux jeunes de l’Allemagne (surtout de la Waffen SS, composée par ailleurs à plus de 70% de camarades non-Allemands) quand l’élite du commandement militaire allemand de la Wehrmacht avait cherché à assassiner son chef suprême en pleine guerre ?...

    Nous ne commenterons pas davantage cette indécente prétention de Vermeire de faire la leçon (post mortem !) à son Chef, d’oser l’accuser d’égoïsme, de se mettre outrageusement dans la peau d’Adolf Hitler et des jeunes soldats allemands et de se plaindre péniblement qu’on ne fasse pas davantage cas de lui et, accessoirement, des autres Bourguignons : nous avons eu l’occasion de dire ce que nous en pensions sur ce blog le 21 juin 2018. Mais nous laisserons à un autre Volontaire wallon, du Second contingent du 10 mars 1942, Raymond Van Leeuw, le soin de dire ce qu’il faut définitivement penser de celui qui bâtit toute se carrière militaire sur le mensonge de son grade !

    Raymond Van Leeuw fut, lui, le véritable homme de confiance de Léon Degrelle dont il organisa le secrétariat lorsqu’il le rejoignit en Espagne : nous citerons des extraits de lettres qu’il envoya à Anne Degrelle ainsi qu’à son mari Servando Balaguer : il nous faudra en effet à nouveau parler du rôle néfaste de Vermeire à l’occasion de la disparition du Commandeur de la Légion Wallonie et dont sa fille ne souffle mot (voir la dernière partie de notre présentation de son livre L’homme qui changea mon destin).

    Le travail de sape concernant la relation entre Adolf Hitler et Léon Degrelle mené avec opiniâtreté par Jean Vermeire après 1994 est intéressant à suivre car il permet d’établir un parallélisme assez précis avec ce qu’on peut lire chez Anne Degrelle-Lemay.

    Pieterjan Verstraete.jpegC’est ainsi qu’il amena l’historien flamand Pieter Jan Verstraete à écrire dans sa biographie de Léon Degrelle : « Que Hitler, à l’occasion de cette troisième rencontre [le 27 août 1944] avec le vaniteux Degrelle, ait dit : “Si j’avais un fils, je voudrais qu’il soit comme vous”, cela s’est avéré, des années plus tard, n’être qu’une invention. Selon son ami intime Vermeire, le Führer aurait simplement dit qu’il s’était fait de “grandes inquiétudes” sur le sort de Degrelle et des siens sur le front. » (Le beau Léon. Léon Degrelle, Aspekt, 2010, p. 121).

    Remarquons que pour donner du poids à son scoop, Vermeire s’est présenté comme un « intime » de Léon Degrelle, et même comme son « ami » (mon Dieu, est-il encore besoin d'ennemis avec de pareils amis ?) ! C’est également en termes semblables qu’Anne nous le présente : « Jean Vermeire qui était un de ses grands confidents » (p. 140).

    Notons aussi en quoi consiste la correction de l’histoire que Vermeire offre à Verstraete : ce n’est pas « Si j’avais un fils… » que le Führer aurait dit à Léon Degrelle ; il aurait seulement fait part de ses « grandes inquiétudes ». Du coup, lorsque l’historien flamand, pour raconter la rencontre précédente, celle du 20 février 1944, s’en remet à ce que le Commandeur de la Wallonie a écrit dans La Campagne de Russie, il publie le texte en prenant soin –tout comme Anne– de supprimer le passage où Adolf Hitler fait part de son inquiétude à Léon Degrelle : pour justifier l’intervention de Vermeire, ce détail doit en effet disparaître puisque le créateur de fake news le situe… six mois plus tard !!!

    Anne Degrelle-Lemay pense sans doute faire la même chose en citant le récit de la réunion du 20 février 1944 qu’elle place, sans le dire, au 27 août 1944 afin d’établir que la seule chose exprimée par Adolf Hitler ce jour-là fut, comme le prétend Vermeire, son inquiétude et non pas sa confidence toute personnelle.

    « Mais peut-être que c’était vrai… » Le coup de pied de l’âne, qui ne veut pas dire son nom !...

    Jean Vermeire ne publia jamais rien, mais, dès qu’il se rendit compte, après la disparition de Léon Degrelle, qu’il ne réaliserait jamais son objectif de s’emparer des drapeaux de compagnie dessinés par John Hagemans pour la Légion (ce blog au 17 janvier 2016), il s’efforça d’influencer négativement ceux qui pensaient pouvoir recourir à ses « souvenirs » et à sa compétence comme à une source fiable de première main.

    En ce qui concerne Anne Degrelle-Lemay, cela alla même plus loin puisqu’elle s’en remit à lui pour la dispersion des cendres, s’en servit pour contester les dernières volontés testamentaires de son père et l’appuya dans l’affaire des drapeaux : nous aurons l’occasion d’y revenir dans notre dernier examen des mémoires effilochés d’Anne Degrelle-Lemay.

     

    Vermeire urne Führer de vivre.JPG

    L’ancien SS-Hauptsturmführer Jean Vermeire n’hésita pas à exhiber l’urne funéraire vide de Léon Degrelle devant la caméra de Philippe Dutilleul pour son documentaire Léon Degrelle ou la Führer de vivre en affirmant mensongèrement avoir respecté les dernières volontés du défunt (ce blog aux 17 janvier 2016 et 31 mars 2019). Il refusa toujours de rendre cette relique à l’épouse de son Chef, Jeanne Degrelle-Brevet.

  • La canaille Assouline : les preuves définitives !

    Pierre Assouline, fieffé menteur antidegrellien (3)

     

     

    Foin des fumisteries : Assouline n’est qu’une vilaine canaille !

    Pour établir son mensonge d’appointé, Assouline a même osé utiliser l’argument –qu’il croyait sans aucun doute massue– d’un témoignage du familier des deux amis, Paul Jamin, alias Jam et Alidor : « Degrelle est un vantard. Il n’a jamais été Tintin, ni inspiré Hergé en quoi que ce soit. C’est tellement évident quand on songe qu’en plus, Tintin, lui, est le contraire d’un fanfaron… » (Hergé, p. 79).

    Tonnerre de Brest ! Serions-nous refaits ? Mais quelle est la référence de pareille affirmation ? La note 101 du bouquin nous la fournit : « Témoignage de Paul Jamin à l’auteur. » C’est-à-dire des propos absolument invérifiables, qu'Assouline met dans la bouche du caricaturiste décédé depuis un an (le 19 février 1995) : nous sommes donc condamnés à devoir croire la canaille sur parole !…

    Alors, Paul Jamin a-t-il vraiment raconté à Assouline ce que celui-ci voulait tellement entendre ? Nous nous permettons d’en douter, ne fût-ce que par la seule phrase « Degrelle n’a jamais inspiré Hergé en quoi que ce soit », contredite, comme nous venons de le voir, par Hergé lui-même (ce blog au 27 décembre 2021), ce que ne pouvait ignorer le fidèle Paul Jamin.

     

    Déménagement Jamin.jpeg

    Tintin mon copain, contrairement aux verba volatils prétendument rapportés par le laquais politiquement correct, a produit des scripta tangibles les contredisant de manière bien plus crédible. Le dessin bien élucidé par sa légende que nous reprenons ci-avant de la page 227 associe Tintin et Léon Degrelle, comme dans tant d'autres d'Alidor publiés dans l'hebdomadaire Pan. Pourquoi donc le dessinateur aurait-il associé régulièrement les deux personnages s'ils n'avaient rien à voir l'un avec l'autre ?

     

    Jam Hergé Wallez Ticket Parade.jpegCe dessin corrobore d’ailleurs celui des « trois pères de Tintin » que nous avons reproduit en début d’article (ce blog au 27 décembre 2021). L'explication du thème de sa vignette fournie par Paul Jamin aux éditeurs du livre dont il devait illustrer la couverture (Eric Fournet, Quand Hergé découvrait l’Amérique, Didier Hatier, 1992) contredit d’ailleurs clairement la pseudo-confidence à Assouline et confirme son caractère apocryphe : Jam n’a pas dessiné un vrai Tintin (ce qui ne lui aurait bien évidemment posé aucun problème), mais, comme il y insiste, « un jeune homme qui pourrait fort bien appartenir à la famille de celui que Hergé envoya en reportage en la Russie des Soviets » (p. 9), c’est-à-dire son frère d’âme, son modèle Léon Degrelle. Rappelons aussi que Paul Jamin, non seulement a relu, en 1989-90, le livre ultime de Léon Degrelle documentant son rapport à Tintin, mais qu’il conseilla judicieusement à son auteur de le faire relire aussi par le spécialiste par excellence de l’œuvre de Hergé, Stéphane Steeman, qui se rendit à Malaga, une première fois, en octobre 1991 (ce blog au 21 mai 2016)…

    Pour autant, Assouline ignorait-il l’identité Degrelle-Tintin ? Non, bien évidemment !

    Nous avons montré comment la chronologie d’Assouline et ses supputations relèvent de la fumisterie et de ses basses besognes au service de la politique commerciale de l’usurpateur Rodwell. Mais veut-on une preuve supplémentaire de sa duplicité ?

     

     

    Profiter de Tintin ? Non ! Attaquer les banksters !

    La thèse d’Assouline est que ce n’est qu’« au soir de sa vie » que Léon Degrelle, incorrigible « prétentieux et mythomane », se serait inventé le rôle de modèle de Tintin : pour les besoins de son Tintin mon copain, toujours en achèvement à l’hôpital où il décéda le 31 mars 1994 (ce blog au 21 septembre 2020 ; notons qu’en 1996, Assouline publia sa biographie censée ruiner le crédit de Tintin mon copain sans avoir même pu lire le dernier livre de Léon Degrelle : il ne sortit des presses syldaves du Pélican d’Or qu’à la « Noël 2000 », comme indiqué à la page 2, –voir ce blog au 10 mai 2017).

    En prétendant cela, Assouline sait que ce n’est pas vrai et qu’il ment : la confidence a effectivement échappé en 1976 (près de vingt auparavant et du vivant de Hergé donc) à Léon Degrelle interviewé par Jean-Michel Charlier pour les deux formidables « Dossiers Noirs » qu’il lui consacra (Autoportrait d’un fasciste : ce blog au 1er juillet 2017). Il est donc primordial de disqualifier ses propos. Voyons ensemble de quelle perverse façon.

    Dans son interview à Jean-Michel Charlier, Léon Degrelle raconte comment, engagé dans l’action catholique (ce blog aux 5 et 8 avril 2017), –le mouvement Rex n’existait pas encore–, il en était rapidement venu aux prises avec la hiérarchie catholique dans les prémisses de ce qui deviendra son combat contre les banksters : « Je m’étais mis, entre autres, à dénoncer le “Boerenbond”. […] C’était la plus grosse organisation religioso-financière des Flandres, une organisation théoriquement parfaite, qui avait pour mission officielle et tout à fait louable de venir en aide aux paysans mais qui, en réalité, avait branché sur ce plan pieux une organisation bancaire géante qui drainait les économies des campagnards chrétiens. Elle avait fait disparaître dans des spéculations des centaines de millions de francs : c’était une affaire honteuse. Mais l’Eglise d’alors touchait sa part sur tout. […] Dès l’instant où j’ai sauté avec mon gourdin sur tous ces salauds, j’ai vu se dresser contre moi le cardinal Van Roey, brandissant sa crosse. La situation était presque comique parce que, précisément, peu avant, il venait de préfacer un bouquin à moi, une Histoire de la guerre scolaire, ouvrage aux parrains originaux puisque la couverture portait, en dehors de mon nom, “Préface du cardinal Van Roey”, archevêque de Malines, et ensuite, “Illustrations de Hergé”, le brave Hergé, Remy Georges, grand copain, le père de Tintin l’universel affublé de mes pantalons de golf. Dès que ma campagne de Vlan eut été déclenchée, le cardinal, avec encore au début une certaine discrétion, me voua aux feux dévorants de l’Enfer où grillent –et c’est juste– les anti-ploutocrates. » (Léon Degrelle: Persiste et signe, Interviews recueillies pour la télévision française par Jean-Michel Charlier, Jean Picollec Editeur, 1985, p. 71).

     

    Histoire Guerre scolaire-horz.jpg

    Ce n’est pas à proprement parler une « préface » que signa le cardinal Van Roey à l’Histoire de la Guerre scolaire de Léon Degrelle, mais une élogieuse lettre de félicitations, reproduite à la fin de l’ouvrage.

     

    On aura bien compris que la référence à Tintin est purement anecdotique dans le récit degrellien de ses premiers démêlés avec le cardinal-primat de Belgique : il ne s’agissait aucunement de parler de son rôle dans les aventures de Tintin, mais de mettre en évidence l’incongruité de la réaction du cardinal qui venait de lui signer une épître flatteuse pour son livre illustré par Hergé. Rien de plus, sinon de rappeler au passage que le héros de Hergé –autre détail cocasse–  avait été affublé de ses pantalons de golf…

    Mais comment Assouline rapporte-t-il le témoignage de Léon Degrelle ? Bien évidemment sans préciser le moindre contexte ! Comme s’il l’avait surpris en flagrant délit de mensonge ! « L’identification de Léon Degrelle à Tintin est d’ailleurs bien trop tardive pour n’être pas a priori suspecte. En 1976 encore, enregistrant douze heures de film et vingt heures de bande-son pour y raconter sa vie en long et en large, il ne citera Hergé qu’une seule fois. Pour affirmer que son “grand copain” avait affublé son petit personnage “de mes pantalons de golf”. Comme s’il avait été le seul à en porter alors qu’entre les deux guerres, c’était l’uniforme des grands voyageurs soucieux de leur mise ! » (Hergé, p. 79).

    Remarquons à nouveau que si les pantalons de golf constituaient prétendument, à l'époque, « l’uniforme des grands voyageurs soucieux de leur mise », Assouline se garde bien d’en donner le moindre exemple, et certainement pas Robert Sexé ou Albert Londres !

     

     

    La confidence fortuite

    Quant à l’argument de la date « tardive », il suinte également la mauvaise foi la plus crasse : « En 1976 encore »… Comme s’il s’agissait d’un nouvel exemple de la récupération qu’il dénonce.

    Non ! C’est en 1976 que cette confidence échappe incidemment à Léon Degrelle, pour la seule et unique fois du vivant de Hergé (nous verrons plus loin pourquoi). Cette allusion tout à fait accessoire au Tintin de Hergé est même très convaincante en ce qu’elle est spontanée et naturelle : Léon Degrelle se souvient simplement que le dessinateur qui s’inspira de lui pour son nouveau héros était involontairement mêlé à ses déboires avec le cardinal Van Roey, ce qui rendait la situation « presque comique ».

    La meilleure preuve qu’Assouline a bien compris ce que Léon Degrelle voulait dire, c’est qu’il cache la raison de l'évocation de Tintin et fait semblant de déplorer que Léon Degrelle, prétendument tout à son autoglorification au long de « douze heures de film », n’aura cité Hergé que cette seule et unique fois. Et ce, pour l'unique raison de s'accaparer indument la paternité de Tintin !

     

    Hergé Voilà.jpegTémoignage manifeste de la proximité indéniable de Hergé avec les idéaux d’Ordre nouveau défendus non seulement par Léon Degrelle et Rex mais également par la rédaction de son journal Le Soir : Hergé fait la « une » de l’hebdomadaire rexiste Voilà en pleine guerre, le 10 juillet 1942. Il surclasse, tel le bienveillant Créateur, un Tintin interloqué (dessin du caricaturiste maison R.V. Roy). Cette « gazette hebdomadaire de la bonne humeur » créée par Léon Degrelle et fort populaire (tirage : 30.000 exemplaires) était dirigée par Victor Meulenijzer, ami d’enfance de Hergé, qui avait été directeur du Pays réel après le départ de Léon Degrelle pour le Front de l’Est. Il paiera de sa vie sa fidélité à l’idéal bourguignon de son chef : il fut fusillé le 30 août 1945, après une parodie de procès qui désespéra son ami Hergé.

     

    Rappelons que Hergé était toujours vivant lorsque Léon Degrelle confia à Jean-Michel Charlier ce détail presque superfétatoire s’il n’avait été amusant. Une telle publicité eût néanmoins pu lui porter préjudice. Léon Degrelle en était d’ailleurs conscient, qui témoignera, après le décès de son ami, dans son Tintin mon copain : « D’un Hergé rexiste, on avait assez peu parlé après 1945. Dans mon refuge, je n’allais pas compromettre un vieux frère comme Georges, qui avait déjà fort à faire pour désherber dans ses albums les quelques nez crochus que la Résistance avait dénichés à la loupe ! » (p. 195).

    Amis Mabire.jpgEn fait, Tintin mon copain, entrepris après la disparition du dessinateur en 1983, n’est en rien une tentative de récupération : c’est un hommage à l’ami fraternel. Nous avons montré comment un article de Jean Mabire, Léon Degrelle fut-il Tintin ?, datant de plus ou moins 1985 et resté inédit, amena la décision de Léon Degrelle de révéler tous les tenants et aboutissants de sa précoce amitié avec Hergé (Léon Degrelle était bien Tintin ! L’intuition première de Jean Mabire, in Magazine des Amis de Jean Mabire, n° 45, Solstice d’été 2015, pp. 18-29).

    Et, comme nous l’avons déjà dit, ces liens d’amitié ne se démentirent jamais après-guerre, par les visites de Germaine Kieckens et Paul Jamin en Espagne, par l’envoi de ses albums par Hergé à Léon Degrelle, par les courriers d’invitation, de remerciements, de recommandations envoyés par Léon Degrelle à Hergé (ce blog au 10 mai 2017).

    Voici quelques exemples éloquents de lettres –adressées pour toute sécurité au fidèle ami commun, Paul Jamin– contenant des messages personnels pour Hergé :

    « Merci aussi au cher Georges de ses quatre bouquins, merveilleux (comme toute la série). Dis-lui que je serais très heureux de le voir se détendre ici. Si ça leur plaît, qu’ils viennent faire un séjour ici, s’inspirer dans une atmosphère très naturelle. Sa femme serait dans un très beau site, nous l’aiderions à se retaper à force d’air pur, de bons plats, et d’affection ! » (21 juillet 1959).

    « Vois un peu si Monsieur Tintin n’a pas besoin d’un beau palais andalou. Il serait à lui à bon compte, et sur-le-champ. » (28 janvier 1961 ; Léon Degrelle évoque ici sa belle propriété de la Carlina –ce blog au 17 octobre 2018– où se rendit effectivement, mais seule, Germaine Kieckens, à au moins deux reprises : ce blog au 10 mai 2017).

    « Je t’envoie, en insistant beaucoup là-dessus, une preuve du talent de l’artiste de Lyon dont je t’avais parlé et que je te demande de recommander vraiment à notre bon vieil Hergé (un fuerte abrazo !). […] Décide Hergé à lui faire une offre intéressante. Il me ferait grand plaisir. » (3 janvier 1967).

     

    LD Picaros.jpg

    Hergé n’a jamais manqué de faire parvenir ses albums de Tintin à celui qui avait inspiré son héros. Jusqu’à Tintin et les Picaros, en 1976. Seul Tintin et l’Alph-art, posthume (1986), a toujours manqué à sa collection.

     

    Voulez-vous une ultime preuve qu’Assouline ne croit absolument pas à la thèse politiquement correcte selon laquelle Léon Degrelle serait définitivement étranger à Tintin ? Et que donc Assouline a menti pour satisfaire ses commanditaires, les héritiers abusifs de la Fondation Hergé qui veulent à tout prix imposer leur menterie ?

     

     

    L'éclairante dédicace

    Nous la trouverons dans la dédicace de son ouvrage Hergé publié à l’instigation de ladite Fondation deux ans seulement après la disparition de Léon Degrelle, tant elle appréhendait la publication annoncée de Tintin mon copain et voulait à tout prix la désamorcer (voir Armand Gérard, Léon Degrelle était bien Tintin ! L’intuition première de Jean Mabire, op. cit., p. 18).

    Cette dédicace était destinée à la propre veuve de Léon Degrelle, à qui l'auteur envoya son ouvrage en priorité, dès sa sortie de presse (l'achevé d'imprimé et le dépôt légal renseignent, à la page 467, « février 1996 » !). Il écrivit, à la suite du titre Hergé :

    « pour Jeanne Degrelle
    et tintin pour les autres !
    Elle y trouvera la trace et
    l’ombre de qui vous savez…

                                                                 Pierre
                                                                         Assouline

                                                                    Mars 96 »

     

    Dédicace Assoulline Jeanne.jpeg

    Par le jeu de mots qu’il effectue sur le nom de Tintin en le privant de sa majuscule, Assouline détruit explicitement, –en s’en amusant !–, la thèse officielle qu’il a été obligé de défendre dans sa biographie de commande : « tintin, rien, bernique pour les autres ! » Le point d’exclamation est d’Assouline, transformant bien le nom du héros des jeunes de 7 à 77 ans en interjection envoyant au diable tous ceux qui se refusent obstinément à comprendre Hergé, à reconnaître le vrai Tintin et seront donc sans doute satisfaits de lire cette biographie bienséante du pourtant « rexisant » ami de Léon Degrelle.

    Examinons d’ailleurs la forme de la dédicace d’Assouline. Il n’utilise pas la préposition « à » que l’on attendrait pour l’hommage du livre à une personne chère ou simplement intéressée, mais la préposition « pour », juste après le titre Hergé, et sur la même ligne, indiquant manifestement qui est la véritable destinataire de l’œuvre. L’auteur confesse donc à Jeanne Degrelle que ce livre a en fait été écrit « pour » elle et pas pour ceux qui l’ont officiellement commandé : « tintin pour les autres ! », précise-t-il explicitement.

    Notons aussi le passage, dans la même phrase, de l’emploi du pronom personnel de la troisième personne du singulier « Elle », logique en ce qu’il évoque la dédicataire « Jeanne Degrelle », à la forme de politesse du pronom de la seconde personne du singulier « vous » : Pierre Assouline exprime donc son implication personnelle dans la dédicace.

    Jeanne Degrelle peut et doit lui faire confiance : ce qu’il lui dit là est la stricte vérité. Nous ne sommes plus dans la dédicace académique où l’on eût attendu « l’ombre de qui elle sait », mais dans une relation personnelle, « l’ombre de qui vous savez » : ce n’est plus un Assouline qui parle à une Madame Degrelle, c’est maintenant moi, Pierre, qui vous parle, à vous, Jeanne. Et c’est d’ailleurs signé familièrement du prénom « Pierre », le nom étant reporté significativement à la ligne suivante…

    Certes, Jeanne Degrelle ne pourra trouver dans cette biographie que « la trace et l’ombre » de Léon Degrelle qui était pourtant si proche de Hergé, puisqu’il s’agit d’une œuvre de commande. Mais la confidence qu’Assouline lui fait dans sa dédicace doit suffire à rétablir la vérité : c’est « tintin » pour les autres, les commanditaires, car « Tintin », c’est et ce sera toujours Léon Degrelle !

     

    Jeanne+LD Malaga.jpg

    Jeanne Degrelle et son tellement plus que Tintin d’époux, à Malaga, au début des années 1990…

     

    Cette analyse serait tirée par les cheveux ? Mais ce serait faire injure au fin connaisseur de la langue française qu’est Assouline que de prétendre le contraire : comme nous l’avons constaté, il n’utilise aucun mot ou tournure au hasard, même et surtout si c’est pour se garantir le confort et la sécurité de ses mensonges. C’est ainsi qu’en 2014, au moment même de la disparition d’une Jeanne Degrelle qu’il estimait ne plus devoir ménager (Jeanne Degrelle-Brevet décéda le 15 décembre 2014 : ce blog au 17 janvier 2016), il commettra un roman, Sigmaringen (Gallimard), où il se permettra à nouveau d’outrager Léon Degrelle, en reprenant les calomnies qu’il dut crédibiliser dans sa biographie aux ordres : nous ne manquerons pas d’y revenir bientôt.

    En vérité, cette dédicace –toute personnelle et que son auteur ne destinait évidemment pas à quelque publicité (sans doute ne fut-elle d'ailleurs envoyée dans l'urgence à Jeanne Degrelle que dans le but de « désamorcer » sa légitime réaction à la lecture de l'histoire biaisée des relations Hergé-Degrelle)– désigne la dédicataire comme seule habilitée à trouver dans son livre fallacieux « la trace et l’ombre » de qui elle sait pertinemment être le vrai Tintin, c’est-à-dire, à l’évidence, son immortel époux Léon Degrelle.

     

     

    Tintin LD Aramis 20.07.1991.jpgA l’occasion de sa visite chez Léon Degrelle à Malaga en 1991, le dessinateur Aramis (Minute, Présent, Le Crapouillot, Valeurs Actuelles,…) a dédicacé à ses hôtes ce dessin original et explicite dans la plus pure tradition de la « ligne claire » hergéenne. Le créateur de Tintin avait déjà revêtu son héros de tous les uniformes militaires du IIIe Reich (Hergé, L’Aviation. Guerre 1939-1945, collection « Voir et Savoir », 1953 : ce blog au 29 septembre 2020), Aramis lui donne, avec encore plus de pertinence, l’uniforme degrellien de SS-Sturmbannführer (commandant) muni de toutes ses décorations, y compris la croix de Chevalier de la Croix de Fer reçue des mains mêmes d’Adolf Hitler.

  • Hommage à l’épouse de Léon Degrelle ?

    Lors d’un voyage à travers les méandres d’Internet, quelle ne fut pas notre surprise de tomber sur une pièce musicale intitulée Degrelle’s Woman.

     

    Opus-7.jpgIl s’agit du quatrième morceau d’un disque intitulé Opus 7, interprété au piano seul par un certain Tom Fahy. La pièce ressemble à de la musique de salon, un peu « jazzy », et parfaitement interchangeable avec les onze autres compositions du disque. Leurs titres ne laissent deviner aucun autre intérêt pour l’ultime Commandeur de la Légion « Wallonie ». Tous les titres sont en anglais, sans lien avec l’histoire de Léon Degrelle : « Les chambres de Cerro Concepción » (quartier allemand de Valparaiso, Chili), « Quand tu étais quatre », « C’était une bonne vie… et courte », « Loin du sang, loin du sentiment »,… Deux titres sont en allemand : « Die letzte Geburt Haus » (la dernière maison natale) et « Gleichschaltung » (nivellement) et deux titres portent un nom féminin : l’épouse de Joseph Goebbels (« Magda’s Theme ») ? la fille de Heinrich Himmler (« Gudrun’s Prize Pedant ») ?

     

    Nous n’avons rien trouvé de bien substantiel sur ledit Tom Fahy, ni photographie, ni biographie, sauf ces quelques bribes.

     

    Tom Fahy est un compositeur-interprète jouant indifféremment du piano, de la trompette, du saxophone, de la guitare et… du « Wagner-Tuba ». Il a formé un groupe de jazz à Honolulu en 1991 qui a produit en vingt ans une foultitude de disques dont deux au moins présentent une pochette de «mauvais» aloi (label «Stag Records»). Ajoutons que l’essentiel de l’œuvre de cet artiste prolifique porte des titres dont n’apparaissent que les consonnes, habitude bien connue des langues permettant de lire aussi bien « Yahvé » que « Jéhovah »…

     

    Opus-6-horz.jpg

     

    L’artiste serait décédé en juin 2009.

     

    La seule chose qui puisse être ajoutée à ce pauvre commentaire est ce que l’auteur lui-même a écrit (ou paraphrasé de Mein Kampf) pour la pochette de son disque :

    « Si par votre comportement, vous ne reflétez pas la solidité de votre personnalité, vous ne serez d’aucune utilité pour l’Etat, quelle que soit votre race. Si votre conduite est ignoble, votre éducation pauvre, votre aptitude à raisonner étique, pas plus vous que votre progéniture n’aurez une quelconque valeur ici-bas : le Futur appartient à la Qualité.

    Tom Fahy, De l’Etat »

     

    Alors, quelle est l’origine de l’inspiration de Tom Fahy pour son « Degrelle’s Woman » ? La première épouse de Léon Degrelle, Marie-Paule Lemay ? Les conquêtes féminines du « Beau Léon » ? La bien-aimée seconde épouse de l’exilé espagnol, Jeanne Brevet ? Bien malin celui qui pourrait déduire quoi que ce soit de cette musiquette euphonique…

    LD culotte golf+Lemay-horz.jpg

    A gauche, Marie-Paule Lemay, à l’époque de ses fiançailles avec Léon Degrelle. A droite, Jeanne, seconde épouse de Léon Degrelle dont elle emplit d’amour toute sa vie de proscrit.

     


  • In Memoriam Jeanne Degrelle (1922-2014)

    Il y a un peu plus d’une année, le 15 décembre, s’éteignait parmi les siens à son domicile de Malaga, Jeanne Degrelle, la compagne dévouée de notre Chef.

    Nièce du fondateur de la Milice française, Joseph Darnand, Jeanne Degrelle, née Brevet, était la fille d’Alexandre Brevet, un grand antiquaire de Bourg-en-Bresse.


    Jeanne Brevet épousa en premières noces Henry Charbonneau, proche ami de son oncle, combattant de la Phalange africaine en Tunisie, avant de devenir le rédacteur en chef de Combats, l’organe de la Milice, puis, après la guerre, journaliste à L’Aurore et à Valeurs actuelles. Il publia également Les Mémoires de Porthos, indispensable histoire des nationalistes français entre 1920 et 1946, ainsi que L’Aventure est finie pour eux, portraits de quelques grandes figures contemporaines, parmi lesquelles Léon Degrelle.

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