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victor de laveleye

  • Laveleye, Gudrun Himmler, Vincent Reynouard, Saint-Jacques de Compostelle

     

    Cercle des Amis de Léon Degrelle

    XLIIe Correspondance privée – septembre 2024

     

     

    La quarante-deuxième Correspondance du Cercle des Amis de Léon Degrelle nous est arrivée en temps et en heure, et ce ne dut pas être un mince exploit car le président du Cercle fut mis en garde à vue en août dernier, accusé par la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) d' « apologie de crime contre l'humanité » !

     

    Cette privation de liberté absolument arbitraire s'accompagna d'une perquisition et de la saisie de téléphones portables ainsi que d'ordinateurs... Mais laissons l'éditorialiste de la Correspondance nous expliquer cet acharnement judiciaire ubuesque, qui tend cependant à devenir la norme au prétendu « pays des Droits de l'Homme » dans le traitement des nationalistes ou des identitaires, c'est-à-dire des Français ordinaires qui ont la prétention de vouloir demeurer ce qu'ils sont.

     

    Cercle 42 Edito.jpeg

     

     

    Nihil novi sub sole

     

    En miroir avec les persécutions insensées le frappant, le Cercle rappelle plaisamment le scandaleux emprisonnement –en 1937 déjà !– d'un militant rexiste, père de famille de huit enfants, coupable de... recel du chapeau de Victor de Laveleye, président du Parti libéral devenu ministre de la Justice !

     

    Comme quoi, il n'y a rien de neuf sous le soleil.

     

    Mais qui est ce Delaveleye (ainsi qu'il est enregistré, sans particule nobiliaire, dans le registre d'état civil de la ville de Bruxelles) et d'où vient sa hargne antirexiste ?

     

     

    PR 1936.05.21 Laveleye.png

     

    Il n'est que de consulter la presse de combat de Léon Degrelle, Le Pays réel, pour se renseigner. Lorsque, face à la campagne de Rex contre les banksters catholiques et socialistes, le Parti libéral s'afficha comme le parti aux « mains propres », il ne fallut pas gratter longtemps pour découvrir d'identiques turpitudes chez ces frères en franc-maçonnerie (voir le cas déjà évoqué ici de Marcel-Henri Jaspar, ce blog au 3 mai 2024) et Victor de Laveleye fut épinglé dès le 21 mai 1936 (ci-dessus).

     

     

     

    DH 1936.10.19 Laveleye président.pngLe quotidien libéral La Dernière Heure annonce, le 19 octobre 1936, la désignation de Victor de Laveleye au poste de président du parti libéral.

     

     

    À l'occasion de son accession à la présidence du parti libéral le 18 octobre 1936, Victor de Laveleye proclama immédiatement son ambition politique : être « le pivot de la lutte contre Rex » qui l'avait si âprement attaqué. Et de provoquer Léon Degrelle au débat, convaincu du refus du chef de Rex. Conviction pour le moins irréaliste vu la participation assidue et pugnace du tribun catholique aux meetings du parti socialiste qu'il transformait en triomphaux débats contradictoires (ce blog au 9 avril 2019).

     

    Ainsi donc la réunion libérale du 20 novembre 1936 tourna-t-elle au désastre, obligeant le président antirexiste à accepter le meeting contradictoire organisé le mois suivant à la salle de la Madeleine, d'une capacité de quatre mille personnes, non loin de la Grand-Place de Bruxelles. A nouveau, la presse rexiste put en faire ses choux gras, avec son reportage circonstancié dans deux éditions du Pays réel, tandis que les comptes rendus de la presse du système renvoyait les orateurs dos à dos.

     

     

    PR 1936.12.15 Madeleine.png     PR 1936.12.16 Madeleine.png

    DH 1936.12.15 Madeleine 1.png     Vingtième S. 1936.12.15.png

    Soir 1936.12.16.png

    De gauche à droite et de haut en bas : Le Pays réel des 15 et 16 décembre 1936 ; La Dernière Heure et Le Vingtième Siècle du 15 décembre 1936 et Le Soir du 16 décembre.

     

     

    C'est dans ce contexte que Victor de Laveleye, lui-même ancien volontaire de guerre, devenu ministre de la Justice le 20 avril 1937, fut « voué au mépris public » par sa Fédération des Volontaires de Guerre pour avoir immédiatement défendu devant le Parlement un projet de loi d'amnistie des activistes flamands ayant participé à la Flamenpolitik allemande durant la Première Guerre mondiale.

     

    On ne s'étonnera pas que les anciens combattants s'estimant trahis saisissent toute occasion pour manifester leur colère. Comme celle de la visite du ministre au Palais de Justice de Mons, le 2 juillet, où il fut pris à partie par un groupe d'Anciens de 14-18. Ce crime de lèse-excellence ministérielle fut sévèrement châtié, car, comme l'illustre encore le Cercle des Amis de Léon Degrelle, jamais le pouvoir en place ne laisse impunies les manifestations d'opposition populaires : furent donc immédiatement arrêtés et incarcérés « pour coups et outrages au ministre de la Justice », un officier de réserve qui avait tiré les cheveux du ministre, un Croix du Feu qui lui avait porté un coup et Valentin Van Dooren, conseiller provincial rexiste du Hainaut « sous l'inculpation de recel du chapeau de M. de Laveleye » (La Libre Belgique, 4 juillet 1937).

     

     

     

    Victor de Laveleye en quelques images...

     

    DH 1936.10.19 Laveleye président 1.png

    Le quotidien libéral La Dernière Heure du 19 octobre 1936 annonce la désignation du nouveau président du parti libéral, Victor de Laveleye.

     

    Extrait de son discours inaugural sur le thème Contre Rex, contre Moscou :

    « Dans le pays, l'esprit libéral vaincra ! Mon programme ? La contre-offensive immédiate. Dès demain à la première heure. La contre-attaque contre Rex et contre Moscou.

    Ne me demandez pas d'exposer en détail un plan de campagne. Ce serait avertir les adversaires des coups que nous allons leur porter. »

     

     

    PR 18.12.1936 Laveleye KO.png

    Le fameux meeting contradictoire de la Madeleine en 1936 entre Léon Degrelle et Victor de Laveleye qui se croyait le « pivot de la lutte contre Rex » a bien entendu excité la verve de Jam, le caricaturiste du Pays réel (18 décembre 1936).

     

    LD Laveleye Grafopress.jpeg

     

    Voici la seule photographie du meeting de la Madeleine (14 décembre 1936) que nous connaissions. C'est un cliché de presse de l'agence de « Photo reportage belge » Graphopresse, légendée : « LE MEETING CONTRADICTOIRE DEGRELLE de LAVELEYE. Ce soir, en la salle de la Madeleine, a eu lieu un meeting contradictoire. MM. Degrelle et de Laveleye prirent la parole à tour de rôle. Voici des attitudes des deux orateurs. GRAPHOPRESSE B. 14.12.36 ».

     

    PR 22.04.1937 Jam Laveleye ministre.png   PR 15.07.1937 Jam Laveleye dehors.png

     

    Jam a résumé en deux dessins la carrière éphémère de ministre de la Justice de Victor de Laveleye : trois mois seulement séparent en effet le dessin de gauche, montrant le Premier ministre Paul Van Zeeland et son ministre des Affaires étrangères Paul-Henri Spaak qui offrent le portefeuille de la Justice à un Victor de Laveleye arborant les insignes de la franc-maçonnerie sur son orgueilleuse poitrine et s'arrosant les épaules de ses pellicules légendaires, du dessin de droite montrant le ministre renvoyé qui, férocement attaqué par les membres de son propre parti, essayait de dissimuler son éjection par une démission volontaire.

    (Dessins publiés dans Le Pays réel des 22 avril et 15 juillet 1937)

     

     

     

    Gudrun

     

    Gudrun.jpg

     

    Autre publication risquant encore d'aggraver le cas du Cercle auprès de ses persécuteurs –et pourtant d'une importance historique majeure– : l'interview accordée en 1992 par Gudrun Burwitz, née Himmler (1929-2018, ce blog au 13 novembre 2018). Il en existe une version anglaise, disponible sur le site anglophone « Honorer les Anciens », Mourning the Ancient  (où se trouve aussi l'interview du général Otto Ernst Remer, ce blog au 6 juillet 2024). En voici donc enfin la traduction française.

     

    Celle qu'une certaine presse à sensation a surnommée la Princesse du nazisme et qui a toujours honoré et défendu la mémoire de son père, évoque dans cet entretien, ses premières impressions d'enfant, toutes de bonheur, dans la vie et dans ce qui était son univers, l'Allemagne nationale-socialiste.

     

     

    Gudrun AH Berghof.png

    Depuis ses tout premiers souvenirs, Gudrun (à gauche, avec les tresses, s'élançant vers le Führer) ne peut évoquer que sourires et bonheur dans le Reich national-socialiste. Mais elle connut un changement radical avant même ses seize ans, en 1945. Elle vécut alors désormais dans la démocratie rétablie par les vainqueurs enseignant qu' « une nation et son peuple doivent mourir et souffrir parce qu'ils constituent une menace pour la “liberté” » (les deux photographies de Gudrun proviennent du site Mourning the Ancient).

     

     

    « La vie était belle, et je le dis dans tous les sens du terme. [...] Quand j'ai commencé à me souvenir de ma vie, c'était en 1934 [...]. Tout ce dont je me souviens, c'est que j'entendais que tout le monde avait une vie meilleure, j'entendais comment l'Allemagne avait surmonté beaucoup de désespoir et une misère économique. Les gens que je voyais étaient vraiment heureux ; il y avait des sourires partout où j'allais [...]. C'était l'essence du national-socialisme ; tout était fait pour le peuple, pour aider à améliorer la vie et le bonheur de chacun. [...] La vie dont je me souviens dans le Reich était organisée, heureuse, épanouissante et pleine d'espoir. »

     

    Fantasmes de la fille du présumé criminel absolu idéalisant son père ou nostalgie d'un véritable paradis perdu ?

     

    Santoro 1938.jpegSans doute a-t-on naturellement tendance à embellir le passé, mais en l'occurrence, des publications existent bel et bien pour documenter ce que furent les débuts du régime national-socialiste. Le livre de Cesare Santoro publié en 1938, Quatre années d'Allemagne d'Hitler, figure certainement parmi les plus intéressants et documentés. Un livre qui ne se trouve plus que dans les bouquineries (en ville ou en ligne), mais qui peut aussi se télécharger.

     

    On pourra aussi se reporter aux tout récents articles de Vincent Reynouard publiés dans quatre numéros consécutifs de Rivarol sous un titre révélateur de la volonté de l'auteur de rendre justice à la vraie nature et aux véritables intentions du national-socialisme et des régimes d'ordre nouveau qu'il a soutenus, 1944-2024 : 80 ans, ça suffit. Libérons-nous de nos “libératueurs” ! (Rivarol, 4, 11, 18 et 25 septembre 2024).

     

    Complémentaires des impressions laissées à Gudrun par ses heureux souvenirs d'enfance, ces articles de Vincent Reynouard expliquent quelles furent les mesures concrètes permettant « d'améliorer la vie et le bonheur de chacun » et comment était organisée la société pour être, toujours selon les termes de Gudrun, « heureuse, épanouissante et pleine d'espoir ». Comment aussi fut proposée aux autres nations européennes la création d'un ordre économique et social semblablement émancipateur.

     

    Et d'évoquer d'emblée quelle aurait dû être l'Europe nouvelle : « Économiquement, l'Allemagne met à la disposition de l'Europe ses idées, son système et sa faculté d'organisation économiques, ainsi que les moyens d'action indispensables. Le nouvel ordre économique sera fondé sur l'égalité des droits de tous les peuples européens et fondé sur la capacité de travail et la production, non sur la fortune arbitraire et le capital. L'Allemagne n'a pas l'intention d'imposer aux autres peuples son organisation sociale et son idéologie, mais elle est persuadée que ses acquisitions sociales sont d'une importance dépassant le cadre national et l'expression des exigences du XXe siècle. L'Europe nouvelle, telle qu'on la représente, est une Europe sans chômage, sans crise économique et financière, une Europe de distribution du travail, ayant à sa disposition les appareils techniques les plus modernes pour la production et un système de communications inter-européennes élaboré en commun. » (Rivarol, 4 septembre 2024). Il ne s'agit pas là de plans sur la comète élaborés par un néo-nazi impénitent, mais de la vision concrète de l'avenir qui attendait l'Europe des Nations dans l'orbite nationale-socialiste, telle qu'exprimée par le Reich victorieux dès après la signature de l'armistice de 1940.

     

    En conclusion de ces articles richement documentés, nous découvrons le « secret » de la vie heureuse et épanouie de la jeune Gudrun : « pour accepter la révolution nationale et sociale dont l'Allemagne avait donné l'exemple, les Français –et plus généralement les peuples européens– devaient s'extraire de leur égoïsme. Le défi envoyé par le destin, le vrai, était là [...] dans une lutte contre soi-même pour se bonifier. » (Rivarol, 25 septembre 2024).

     

    Ne retrouvons-nous pas là la révolution des âmes préconisée, illustrée et vécue tout au long de sa vie par Léon Degrelle ? Conduite révolutionnaire du si jeune tribun belge qui impressionna définitivement Adolf Hitler lors de leur première et décisive rencontre du 26 septembre 1936 (ce blog aux 12 mai et 4 juin 2016).

     

     

     

    Rivarol Reynouard Notes.jpeg

    Toutes les dispositions, précisions, réalisations présentées par Vincent Reynouard sont systématiquement étayées, non par des considérations contemporaines d'historiens politiquement corrects ou non, mais par des références extraites de documents d'époque (Rivarol du 4 septembre 2024).

     

     

    Pour cette leçon d'histoire sans les oeillères légitimant les habituelles contre-vérités diffamatoires, Vincent Reynouard ne fait insistons-y que s'appuyer sur un impressionnant appareil de références ne laissant aucune place à la fantasmagorie. Il nous annonce aussi que ces articles indispensables seront très prochainement publiés « sous la forme d'une brochure illustrée ayant pour titre : Ne pas se tromper d'ennemi. Elle sera disponible auprès de la Boutique Sans Concession. »

     

     

    Degrelliana

     

    Et malgré les gravissimes persécutions qui affectent son travail, le Cercle parvient toujours à nous surprendre par la richesse de ses découvertes degrelliennes.

     

    Campagne Russie suédois 2016.pngAinsi des éditions et rééditions continues des œuvres de l'auteur de Révolution des Âmes en langues étrangères.

     

    Une réédition de La Campagne de Russie en suédois nous est signalée : Kriget på östfronten (Guerre au Front de l'Est, Mémoires d'un volontaire SS, 1941-1945, cartonné, 2016, 430 pages, 249 kr (22,10 €) aux éditions Logik Förlag.

     

    Mais c'est surtout la mise à disposition du lecteur francophone des Notes écrites en cheminant vers Compostelle qui intéressera nos lecteurs. Elles ne sont accessibles –gratuitement !– que par téléchargement de la brochure offerte au format pdf par les éditions Fenice Europa.

     

    Nous disposions déjà, depuis 2002, de l'édition de L'Homme Libre sous le titre Mon Chemin de Saint-Jacques (ce blog au 3 mai 2021). Ici, c'est le fac-similé du tapuscrit des lettres retraçant le pèlerinage de Léon Degrelle à Saint-Jacques de Compostelle qui nous est proposé.

     

    Et l'initiative est intéressante car les feuillets sont corrigés par une autre main que celle de Léon Degrelle, ce qui nous permet d'intéressantes découvertes éditoriales.

     

    Il ne peut s'agir que de Marie-Antoinette Van Lede (1907-1960), l'épouse de Robert Du Welz, aide de camp du dernier Commandeur de la Légion Wallonie (ce blog au 28 novembre 2017 et 13 octobre 2021), à qui ces lettres ont très certainement été adressées et qui les a réunies en un précieux volume.

     

     

    Compostelle.png     Compostelle Page garde.png

     

    À droite, la page de garde du manuscrit relatant le pèlerinage de Léon Degrelle à Saint-Jacques de Compostelle. Ne comportant pas encore de titre précisément choisi, elle ne présente que le nom de l'auteur et le dessin de la Feuille de Chêne ornant sa croix de Chevalier de la Croix de Fer : elle sera l'emblème des éditions À la Feuille de Chêne (La Hoja de Roble, en espagnol).

     

    Le titre figurant sur la page de garde du tapuscrit (et repris en couverture de cette édition italienne, à gauche) constitue en fait une description du contenu que Marie-Antoinette Du Welz donne à la dactylographie qu'elle a réalisée du manuscrit de Léon Degrelle.

     

    Cette page est donc extraite du manuscrit de Léon Degrelle, qui a ébauché la présentation qu'il souhaite mais sans s'être encore décidé sur le titre exact. De même que provient également du manuscrit le dessin du traditionnel pèlerin de Saint Jacques, accompagné d'une citation calligraphiée de Révolution des Âmes, « C'est l'air, c'est la lumière des sommets qui t'appellent... » (p. 174).

     

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    Après s'être installée avec toute sa famille en Espagne fin 1947, Marie-Antoinette Du Welz offrit ses services au début des années 1950 à Léon Degrelle en tant que secrétaire. Elle se chargea ainsi de la dactylographie de La Grande Bagarre en 1950 (ce blog au 26 mai 2016) et de l'édition espagnole des Âmes qui brûlent en 1952.

     

    Marie-Antoinette Du Welz qui tapa le manuscrit du Chemin de Compostelle à la machine à l'automne 1951, se chargea naturellement aussi de la relecture et de la correction de son travail. On trouve ainsi le plus souvent dans ce tapuscrit la correction de fautes de frappe, mais aussi quelques annotations. On lit, par exemple, à la page 16 du tapuscrit, la proposition de correction : « Tu as dû te tromper :... [Estella], c'est NAJERA » (27 juin).

     

    Compostelle Correction MA Du Welz.png

     

    Effectivement, l'étape d'Estella, son « vieux palais royal » et ses églises « aux beaux chapiteaux sculptés » (25 juin) est décrite quelques pages auparavant. Estella avait particulièrement impressionné Léon Degrelle (« Estella (ma ville préférée) », 26 juin) qui profitait aussi de son pèlerinage pour se procurer objets d'art, meubles ou instruments originaux qui trouveront, dix ans plus tard, l'écrin qui les magnifieront dans la finca sévillanne de La Carlina.

     

    Compostelle Achats.png

     

    D'autres indications, au crayon et la plupart du temps illisibles, devaient servir à la version espagnole. Mais pour décrire une épique bousculade populaire, l'évocation de la verve burlesque du caricaturiste Dubout –inconnu des Espagnols– disparaîtra simplement du texte (« Parfois, un taxi [à la Dubout], brinquebalant, pétaradant, hissant par ses fenêtres dix ou douze têtes hirsutes, cramoisies, enthousiastes. », 26 juin).

     

    Plus loin, l'expression « soupente-train » (3 juillet) est banalement traduite par « couchette » (litera), qui ne fait que pauvrement référence à l'origine du néologisme degrellien : « tous les lits sont alignés l'un derrière l'autre, comme un train » (2 juillet) ; « tout le monde dort à la queue-leu-leu dans le tram-tram » (3 juillet)...

     

     

     

    LD Grippette.jpegRare photo de Léon Degrelle grimpant dans un peuplier servant de poste d'observation sur le front de l'Est. Sans doute eût-il pu se servir de « grippettes » si les pionniers de la Sturmbrigade n'avaient déjà planté dans l'arbre des barres d'acier servant d'échelle...

     

    Détail à ne pas négliger : les impressionnantes bottines cloutées. Elles ne quitteront jamais leur propriétaire : dans le Heinkel s'écrasant à San Sebastián comme lors du pèlerinage à Compostelle.

     

    Elles en parcourent toute l'épopée : « Mes gros clous glissent sur le macadam » (21 juin) ; « J'ai enfin fait sonner, sous le fer de mes grosses godasses, l'escalier d'une toute vieille fonda [auberge] » (27 juin) ; « Il n'y a que mes grosses godasses qui me mettent un peu hors du lot banal des clochards. Tout le pays les dévore... des yeux, m'interpelle à leur sujet. Porter quatre kilos aux chevilles leur paraît encore presque pis (que horror !) que les mille kilomètres à franchir. Una barbaridad ! Pourtant ils me sauvent. [...] Ces godillots sont une merveille, sont insensibles à tous les accidents de terrain. Je ne remarque même plus qu'ils pèsent. Et mes pieds, grâce à eux, sont intacts : pas une écorchure, pas un doigt de pied rouge ;  à une exposition de "ganado" [bétail], ils auraient, rayon pattes, le prix d'honneur. » (29 juin).

     

     

    Il est cependant un exemple d'intervention malheureuse de l'auteur de la version espagnole contaminant le texte français, dans la description de l'accès à l'église du petit village basque d'Erro : « Même les églises sont des châteaux-forts, parfois perchées au haut d'un roc, comme au village d'Erro, liée au village par un escalier en grippette. » (21 juin).

     

    « Grippette » n'est pas un terme du français académique, encore qu'il dérive évidemment du verbe gripper, dont le Dictionnaire de l'Académie nous dit qu'il signifie Attraper et qu' « il se dit proprement Du chat et de quelques autres animaux », Littré précisant « En parlant du chat ou de tout autre animal à griffes ». Ce mot appartient au parler forestier de Bouillon, c'est-à-dire au wallon des Ardennes, et désigne le « crochet de grimpeur à l'arbre (employé par l'élagueur) » (Lucien Léonard, Lexique namurois, Société de Langue et de Littérature wallonnes, p. 541). Embêté de trouver un équivalent espagnol, le traducteur a proposé caracol (escargot) : « por un escalera de caracol », expression reprise par l'éditeur français perplexe face à la grippette degrellienne qui devient alors « un escalier en colimaçon » (p. 11 de l'édition de L'Homme Libre; notre édition espagnole est Mi camino de Santiago, Ediciones Barbarroja: ce blog au 3 mai 2021).

     

    Mais l'escalier donnant accès à l'église d'Erro n'est nullement en colimaçon : à mi-hauteur, il se divise en deux pour rejoindre le porche à ses deux extrémités. C'est cette particularité dessinant la forme de deux crochets qui éveille chez Léon Degrelle le souvenir des « grippettes » utilisées par les élagueurs dans les bois de son enfance. Les évocations de son terroir natal ne sont d'ailleurs pas rares dans le récit de son pèlerinage à Saint Jacques : « J'ai franchi une rivière sous les branches, sur un pont de bois branlant. Je pensais à Papa sans cesse, à nos promenades de jadis. » (21 juin) ; « il fait par ici un froid d'hiver ardennais ! » (23 juin) ; « Les derniers coups de marteau des tonneliers s'éteignaient. Je rêvais à mon enfance. » (28 juin) ; « Chère, imagine la côte d'Auclin à Bouillon, multipliée par quatre. » (13 juillet) ; « Rivière du type de la Lesse, joyeuse, bondissante, chantante, longée de pêcheurs à la truite, coupée vingt fois par des barrages de pierre et d'étranges claies rondes, en fagots. » (15 juillet),...

     

     

     

    Erro Eglise grippettes.png

    L'église d'Erro et son escalier « en grippette » : cette église n'est pas vraiment celle que Léon Degrelle put voir en 1951 : celle-là fut détruite par un incendie et celle-ci reconstruite en 1958. Mais malgré l'adoption d'une architecture contemporaine, elle a conservé l'escalier monumental formant un double crochet qui l'agrippe au minuscule village.

     

     

    À l'origine de la publication de ce tapuscrit, se trouve Giancarlo Rognoni, fallacieusement accusé d'avoir participé au démarrage de la pseudo-stratégie de la tension en 1969 par le monstrueux massacre de la Piazza Fontana à Milan (17 morts, 85 blessés) et condamné à la perpétuité avant d'être spectaculairement blanchi par la cour de cassation, il y a aujourd'hui vingt ans.

     

    Comme beaucoup de persécutés par les (vraiment coupables) services des États « démocratiques », Giancarlo Rognoni put fortifier ses convictions auprès de Léon Degrelle, sans doute le plus fidèle des ambassadeurs de l'ordre nouveau, désormais voué à l'exécration universelle.

     

    Voici, extrait de la préface de ce livre, le récit que Giancarlo Rognoni nous donne de sa rencontre avec Léon Degrelle, prélude à cette publication inattendue : son caractère anecdotique ne dissimule pas son intérêt pour la compréhension de l'idéal d'harmonie, de beauté, de communion présidant à une authentique révolution des âmes.

     

    « Après le dîner, la conversation a porté sur les volontaires européens de la dernière guerre mondiale. C'est alors que Carlo Maria sortit de sa bibliothèque un texte qu'il m'invita à lire. Il s'agissait de Hitler pour mille ans, écrit par Degrelle. Le lendemain matin, j'avais les yeux humides et l'esprit rêveur, mais le texte était à jamais gravé dans mon âme.

     

    À l'époque, je n'aurais jamais imaginé que des années plus tard, poursuivi par la police politique, je toquerais à un appartement à Madrid et que le général et sa femme Jeanne ouvriraient la porte, m'accueillant avec l'éternel salut des peuples d'Europe : Bienvenue chez nous, Camarade”. À partir de ce jour, une relation constante, régulière et, si je puis dire, affectueuse, s'est établie, qui a duré jusqu'au décès du général et qui a beaucoup enrichi mon esprit.

     

    LD+Giancarlo Rognoni.jpgIl me parlait de tout, avec une originalité qui peut surprendre ; l'espace que le général laissait aux événements de la guerre était restreint, alors qu'il s'était engagé comme simple soldat et avait atteint le sommet de la hiérarchie militaire dans une armée qui ne distribuait certainement pas les grades. Degrelle était un soldat courageux, un homme politique intègre, un journaliste brillant et un écrivain passionnant, mais à mes yeux, il était avant tout un grand maître, le grand maître d'un ordre de chevalerie, le dernier à avoir foulé la terre d'Europe. Ce même homme qui m'était apparu, tant d'années auparavant, surgissant presque par magie des brumes de la lagune.

     

    Lors d'une de nos nombreuses rencontres, il m'a confié une copie dactylographiée d'un de ses carnets de voyage, me laissant, ainsi qu'à ma communauté, la liberté de l'utiliser comme témoignage de la manière la plus appropriée au bien commun. Ce texte était Mon chemin de Saint-Jacques : le récit de son pèlerinage en 1951 à Saint-Jacques-de-Compostelle. Le texte est resté dans un tiroir de bureau pendant de nombreuses années jusqu'à ce que la persévérance et la détermination d'un autre disciple, Livio di Como, en fasse un outil du voyage, informatisé et mis à la disposition de tous, disciples, chercheurs, aspirants pèlerins. »

     

     

     

    Guide Bleu LD.jpeg

    Le Guide Bleu – Espagne : Léon Degrelle possédait cette édition de 1935 au moins à partir de 1948 (d'amères réflexions sur sa situation ont été formulées sur les pages blanches de fin de volume et datées du 24 novembre 1948). Ce guide alliant les itinéraires routiers aux renseignements culturels et historiques a certainement accompagné le pèlerin sur son chemin de Compostelle comme en atteste les annotations et les signets, de même que cette évocation dans sa lettre du 23 juin 1951.

     

    Compostelle Guide.png

     

    On ne peut qu'être emporté par le lyrisme puissant imprégnant la relation de son pèlerinage par Léon Degrelle. Au service de sa foi fervente, de sa volonté sans compromission et même de l'humour lui permettant de supporter méfiance et rebuffades des hommes ainsi que les morsures de mouches et de puces ou les attaques de chiens et de taureaux, ce bouillonnement passionné animant chaque épisode illustre son identification naturelle, spontanée et quasi littérale avec le vrai poète selon Juvénal, « celui qui marche hors des sentiers battus, qui ne compose rien qui ne soit original [...] parce qu'il a une âme sans angoisse ni amertume, qu'il aime les forêts et boit aux sources des Muses » (Satire, VII).

     

    Compostelle Juvénal.png

     

    « Mais le paysage était si beau que je me laissais tenter tout de même. Chère, imagine la côte d'Auclin à Bouillon, multipliée par quatre. La piste descendit, pendant une heure, zigzaguant sur les morceaux de schiste, dans un paysage embaumé de bruyères, de genêts, de fougères, de milliers de chênes courtauds. Puis tout en bas, j'arrivai à un grand ruisseau (tellement ardennais !) bondissant dans les pierres, liseré de foins étroits non encore mûrs. On tournait. On remontait. On enjambait des petits ponts faits de poutres et de fagots. Silence, solitude étrange. J'ai suivi pendant deux heures ce gros ruisseau sans voir personne. Manger ? Heureusement j'avais emporté d'Astorga un quignon de pain. Je m'assis près d'une cascade chantante, bleutée de libellules et trempai mon pain dans l'eau limpide. Dîner de roi. » (13 juillet 1951).

     

     

     

    Cercle des Amis de Léon Degrelle, adhésion (30 ou 37 euros, selon que vous résidiez en France ou non) : www.boutique-nationaliste.com 

     

    Adresse : Cercle des Amis de LD, BP 92733, 21027 Dijon Cedex, France.

    lesamisdeleon.degrelle@gmail.com

     

  • Sculpteur de la famille royale et de Léon Degrelle

    Eugène De Bremaecker signe le médaillon des 31 ans de Léon Degrelle

     

    Dans notre article sur le premier buste de Léon Degrelle par Ferruccio Vecchi, cofondateur des premiers Faisceaux italiens de combat (ce blog au 3 mai 2024), nous regrettions de n'avoir pas inclus le sculpteur Eugène De Bremaecker parmi les médailleurs du Chef de Rex (ce blog au 11 novembre 2023), faute d'avoir trouvé quelque représentation de son œuvre.

     

    Eugène De Bremaecker.png

    Eugène De Bremaecker (1879-1963)

     

     

    Un lecteur fidèle et critique de nos explorations degrelliennes, par ailleurs collectionneur averti de belles pièces de cette époque passionnante et chercheur expérimenté de son histoire, nous a fait le plaisir de nous envoyer un cliché de son exemplaire de la médaille réalisée par Eugène De Bremaecker.

     

    La mauvaise photographie que nous avions reprise du Pays réel du 14 juin 1937 ne lui rendait pas justice, ne permettant pas de reconnaître vraiment les traits de Léon Degrelle et, à peine, sa silhouette !

     

    LD Bremaecker 1.JPG     LD Bremaecker 2.JPG

     

     

    Nous pouvons maintenant constater que l'artiste a parfaitement rendu la physionomie de son modèle, saisie dans sa juvénile mais ferme confiance. Il se dégage de son expression à la fois de l'innocence, du sang-froid et de la force d'âme.

     

    Nous remercions donc avec beaucoup de gratitude notre correspondant attentif de nous avoir fourni ce précieux document. Il nous illustre en effet qu'Eugène De Bremaecker est un portraitiste des plus fins, ce que confirment ses nombreux bustes et médaillons ciselés à l'image des plus hautes personnalités du pays: Léopold III et Astrid, les souverains belges, le Prince Charles-Théodor (qui donna son nom à la troupe scoute de Léon Degrelle –ce blog au 15 juin 2021– et qui deviendra régent du Royaume en 1944), le cardinal Mercier (premier guide spirituel de Léon Degrelle : ce blog au 26 mars 2017), les tribuns socialistes Emile Vandervelde et Camille Huysmans,... en plus de nombreuses compositions inspirées par la musique ou la danse.

     

    Max+Brem. Patriote ill. 1936.10.04.png

    Le Patriote illustré, 4 octobre 1936.

     

    Cette activité de portraitiste quasi officiel lui valut une interview en première page du quotidien Le Soir recueillant quelques anecdotes sur les Rois et Princes devant le chevalet ou l'ébauchoir, le 19 avril 1930 (Eugène de Bremaecker avait déjà eu les honneurs de la « Une » de La Dernière Heure, le 2 août 1927, dont l'essentiel se retrouve dans la notice Wikipedia de l'artiste).

     

    Méd. Centenaire 1930 aa.png

    C'est Eugène De Bremaecker qui fut choisi pour la réalisation de la médaille commémorative du centenaire de l'indépendance de la Belgique (ainsi d'ailleurs que pour la médaille du Volontaire-Combattant 1914-1918 : voir ci-après). L'encyclopédie du savoir universel Wikipedia présente bien la médaille mais sans indiquer le nom de son créateur.

     

    « ...Qu'a donc à nous dire maintenant le statuaire Eugène De Bremaecker des deux princes Léopold et Charles-Théodor, dont il fit les bustes pour l'iconographie familiale du Palais royal ?

    La toute première des séances consacrées au jeune duc de Brabant faillit tourner au tragique. La chose se passait dans l'appartement dit Fontainebleau du Palais de Belle-Vue. L'éclairage de la salle étant défectueux, l'artiste proposa à son jeune modèle d'aller s'installer dans la serre toute proche. Et il allait sonner des domestiques pour le déménagement de son lourd matériel, lorsque le prince Léopold l'arrêta :

    Nous nous en tirerons bien à nous deux, monsieur l'artiste. On n'est jamais plus vite servi que par soi-même.

    Et d'empoigner à l'instant la plus lourde pièce de l'attirail, lequel, en deux ou trois étapes, se trouva commodément à sa nouvelle place. Tout un système séducteur se révélait là. Mais alors quelque chose survint qui fit pâlir d'effroi Eug. De Bremaecker. Une violente rafale soufflait au dehors. Elle arracha de la charpente d'un toit voisin une grosse poutre qui, projetée au travers du vitrage de la serre, effleura le visage du prince héritier, tout en faisant pleuvoir des éclats de verre tout autour de lui. Une déviation d'un centimètre ou deux et la poutre eût tué ou grièvement blessé le futur titulaire de la Couronne. Celui-ci, souriant, ne broncha point. L'artiste, lui, frissonna à la pensée de la terrible responsabilité qu'eût été la sienne, si le malheur s'était produit.

     

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    Bremaecker Prince Charles DH 1935.05.26.png

    La Dernière Heure, 26 mai 1935.

    Un autre se manifesta chez le jeune comte de Flandre, Charles-Théodor, beaucoup moins expansif, celui-ci, que son frère. Il ne parlait guère pendant la pose ; mais quand il sortait de son mutisme, c'était pour s'exprimer en véritable marin de vocation, profondément épris de navigation lointaine. Avec cela franc, sincère et décidé au possible. Il confia un jour au statuaire qu'il ne pourrait jamais se résoudre à dire blanc quand il pensait noir ou vice versa. Si, par exemple, on me met devant une œuvre d'art, en sollicitant pour elle une admiration qu'elle ne m'inspire pas, vous m'arracheriez la langue plutôt qu'un éloge. Devant une chose dont je ne sens pas la qualité, le maximum qu'on puisse obtenir de moi, c'est que je me taise, par politesse.

    Voilà... Heureux, les artistes à qui leurs modèles livrent ainsi un peu de leur visage intérieur ! Admis à scruter le dedans comme les dehors, de quelle vie véritable ils peuvent animer la toile, ou le bronze, ou le marbre !

    Gérard Harry »

    (Le Soir, 19 avril 1930)

     

    Mais quels furent les liens entre Eugène De Bremaecker et Léon Degrelle ? Le sculpteur fut-il un rexiste convaincu ? A l'instar, par exemple, du médailleur Marc Colmant qui se porta candidat du mouvement Rex aux élections municipales de sa commune bruxelloise, Ganshoren, en 1938, l'année qui suivit la remise du médaillon de De Bremaecker au Chef ?

     

    En fait, nous n'en savons rien et nous ne pouvons que risquer quelques hypothèses à partir des rares traces de l'artiste dans le sillage rexiste.

     

    Eugène De Bremaecker est le seul médailleur dont l'oeuvre a été illustrée dans le quotidien rexiste : ni Victor Demanet, ni Marc Colmant n'ont eu cette opportunité. Jamais il ne sera d'ailleurs fait mention de leur médaillon degrellien dans Le Pays réel. Les productions de Marc Colmant n'y bénéficieront même jamais d'aucun commentaire ou présentation (son nom ne sera ainsi mentionné que dans la seule liste des candidats rexistes aux élections de Ganshoren !). Et si ce n'est pas le cas du plus célèbre Victor Demanet (dont le quotidien ne manque pas de signaler les bustes, médaillons et bas-reliefs consacrés, en 1936, 1937 et 1938, au roi Albert à Arlon, Crainhem et Léopoldville), ce sera toujours sans illustration.

     

     

    PR 1936.12.07 Puccini.png

    Le buste de Giacomo Puccini offert au Théâtre Royal de la Monnaie, le 17 décembre 1936, à l'occasion de représentations de La Bohème, par Eugène de Bremaecker et le fils du compositeur, Antonio Puccini. Nous ignorons où cette sculpture se trouve actuellement. Photo publiée par Le Pays réel, le 7 décembre 1936.

     

    Par contre, quand Le Pays réel présente le buste de Puccini sculpté par De Bremaecker pour le Théâtre de La Monnaie (la scène lyrique bruxelloise), en décembre 1936, une grande photographie ouvre sa rubrique culturelle. De même, lorsque le médaillon de Léon Degrelle est évoqué dans Le Pays Réel du 14 juin de l'année suivante, une photo illustre naturellement l'article. Mais ce traitement, apparemment de faveur, traduit-il une plus grande proximité politique ? Pourrait-on le penser alors qu'à partir de ce moment, le nom de l'éminent médailleur ne sera plus jamais mis en avant (à part sa participation parmi tant d'autres à une exposition bruxelloise en 1938) ?

     

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    Antonio, le fils de Giacomo Puccini, et son épouse, accompagnés du sculpteur Eugène De Bremaecker lors de la remise du buste dans le foyer de l'opéra de Bruxelles (photographie publiée dans le magazine Hebdo, le 25 décembre 1936.)

     

    Ne peut-on cependant penser que le fait même d'offrir à Léon Degrelle son portrait exprimé dans le bronze suppose au moins quelque sympathie pour le modèle ?

     

    Notre correspondant suggère deux éléments pour, éventuellement, l'expliquer :

     

    « 1. De Bremaecker était un volontaire de la guerre 1914-1918. Or, au moins pour la période 1936-1937, REX put compter sur le soutien de nombreux vétérans de la Grande Guerre (Degrelle mettant régulièrement en avant les anciens combattants dans ses discours et écrits).

     

    2. De Bremaecker semble avoir été un artiste particulièrement attaché à la famille royale comme en témoignent les ''bustes royaux'' qu'il réalisa d'Albert Ier, du prince Charles ou encore de la Reine Astrid. Or, REX était un mouvement monarchiste très attaché à la personne du Roi dont il voulait d'ailleurs renforcer les prérogatives.

     

    Tout cela reste malgré tout fort léger pour sérieusement envisager une communauté d'idéal entre l'artiste et le politicien et, à moins de trouver quelques nouveaux éléments probants, il me semble plus prudent de ne pas considérer De Bremaecker comme ayant été un (sympathisant) rexiste. »

     

    Que De Bremaecker fût particulièrement attaché à la famille royale, nous venons de le vérifier, constatant même qu'une relation de confiance avait pu s'établir entre le sculpteur et les membres de la Cour prenant la pose et s'ouvrant aux confidences.

     

    eugène de bremaecker,léopold iii,prince charles,charles-théodor,victor demanet,marc colmant,puccini,pierre daye,xavier de grünne,paul de mont,marcel-henri jaspar,louis franck,max-léo gérard,victor de laveleye,rené lustQu'en tant que volontaire de guerre (il est, à ce titre, l'auteur, en 1930, de la Médaille du Volontaire-Combattant ainsi que de nombreux monuments glorifiant les héros de la Première Guerre mondiale), il fût sensible aux honneurs rendus par Rex aux Anciens Combattants est également hautement probable : avant les élections triomphales de 1936, de nombreux héros de la Grande Guerre furent accueillis avec éclat par Léon Degrelle sur les listes rexistes : ainsi –pour ne citer que les plus connus– du Comte Xavier de Grünne (ce blog au 28 septembre 2022), volontaire-combattant grièvement blessé aux combats de Tirlemont et prisonnier de guerre, ami intime du Roi Albert ;

    eugène de bremaecker,léopold iii,prince charles,charles-théodor,victor demanet,marc colmant,puccini,pierre daye,xavier de grünne,paul de mont,marcel-henri jaspar,louis franck,max-léo gérard,victor de laveleye,rené lustPortrait de Pierre Daye par Jam (Paul Jamin) dans Le Pays réel, le 7 mai 1936.

    de Pierre Daye (ce blog aux 4 mai 2016 et 24 mars 2021), célèbre chroniqueur, soldat-milicien ayant participé aux combats de Namur, d'Anvers, de l'Yser et dans les colonies allemandes d'Afrique ; du dramaturge Paul De Mont (ce blog au 10 juin 2016), officier volontaire-combattant, Croix de l'Yser, Croix du Feu, grand invalide, amputé des deux jambes,... Tous les sénateurs rexistes (huit sénateurs élus directs, trois provinciaux et un coopté) sont d'ailleurs d'anciens combattants de la Première Guerre mondiale.

     

    A la question de savoir si De Bremaecker fut militant ou même simple membre de Rex, il faut très certainement répondre par la négative. Mais pareille hypothèse est sans doute parfaitement oiseuse car si nous considérons que les médailles qui furent éditées avec le profil de Léon Degrelle datent toutes de la même période 1937-1938, on pourrait se demander si ces oeuvres ne répondaient pas à une commande ou à une espèce de concours (une suggestion pour un cadeau ?) avec un cahier des charges tel que : présenter le profil du chef de Rex ainsi qu'afficher le slogan du mouvement « Rex vaincra ».

     

    Médaille Bremaecker R.JPG  Médaille Demanet R.png  Médaille Colmant.png

    De gauche à droite et par ordre chronologique, le slogan « Rex vaincra » selon Eugène De Bremaecker, Victor Demanet et Marc Colmant.

     

    Ce sont en effet les impératifs auxquels répondent précisément les trois médaillons que nous avons examinés (ce blog au 11 novembre 2023). Nous n'avons bien sûr trouvé aucune trace de pareille demande dans les organes rexistes : une telle publicité n'eût pu qu'alimenter les railleries de la presse prompte à accuser le tribun rexiste de mégalomanie !...

     

    Aussi ne pouvons-nous, compte tenu de tous ces éléments, exclure non plus quelque sympathie pour Léon Degrelle et de l'intérêt pour son combat contre les « banksters » avec le balai pour emblème et « Propreté ! » comme slogan.

     

    Rex Balais 1936.jpg   Rex 1936.01.03 Propreté.png

     

    Et ce, malgré que les parents d'Eugène De Bremaecker fussent d'actifs militants libéraux : le père, Alexis De Bremaecker, fut conseiller libéral à Bruxelles et la mère, Céline, s'occupait de la section féminine de l'Association libérale de Bruxelles. Que la vigoureuse campagne anti-banksters de Léon Degrelle en 1936 n'épargnât pas de grandes figures du Parti libéral (outre le ministre des Transports Marcel-Henri Jaspar –ce blog au 3 mai 2024–, figurèrent ainsi dans le collimateur rexiste le ministre d’État Louis Franck, gouverneur de la Banque nationale ; le ministre des Finances Max-Léo Gérard ; le ministre de la Justice Victor de Laveleye, etc.) ne heurta manifestement pas le sculpteur, avide lui aussi sans doute d'un assainissement des mœurs politiques...

     

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    Ne manquons pas non plus de relever que si la médaille sculptée par Eugène De Bremaecker honorait les trente et un ans de Léon Degrelle, sa remise au cours du banquet d'anniversaire se passa aussi dans le contexte électrique de la défaite électorale du 11 avril 1937. Deux mois plus tard, le 11 juin, le rédacteur en chef du Pays réel et membre du conseil politique de Rex, Hubert d'Ydewalle, démissionnait avec fracas de ses fonctions, provoquant un véritable séisme politique dans le mouvement.

     

    L'anniversaire de Léon Degrelle devait être l'occasion d'afficher l'union des rexistes et la confiance en l'avenir : Eugène De Bremaecker semble avoir participé ostensiblement et activement à cette manifestation de refondation puisque le quotidien rexiste ne manqua pas de souligner que « La fête se termina par un bal fort animé et l'on retrouvait dans la foule animée des danseurs, MM. René Lust, chef de Rex-Bruxelles-arrondissement, [...] De Bremaecker et quantité de dirigeants rexistes ».

     

    C'est dans cette perspective que, dès le lendemain, les membres du Conseil politique de Rex mettaient leur mandat à la disposition du chef de Rex « pour toute réorganisation éventuelle ». Plusieurs des membres de ce Conseil allaient d'ailleurs en profiter pour prendre rapidement leurs distances : Pierre Daye démissionna immédiatement de ses fonctions de président du groupe parlementaire rexiste à la Chambre. Xavier de Grünne attendra, quant à lui, la fin de l'année pour quitter le navire.

     

    Mais d'autres ne retarderont pas plus longtemps leur départ, provoquant ce qu'on ne peut qu'appeler une hémorragie dans les rangs du mouvement. Ainsi de René Lust, chef du Front populaire de Rex, région de Bruxelles, président du conseil d'administration de Radio-Rex et membre du Conseil politique de Rex, qui s'enfuit dès le 19 juin ; Jacques Crokaert, membre du Conseil politique, le 20 juin ; quant au colonel Georges Vigneron, s'il quittera la direction des Gardes rexistes le 23 juin, il conservera son siège de sénateur provincial. Ce mouvement délétère se poursuivra jusqu'aux élections législatives anticipées du 2 avril 1939.

     

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    Alarmé par cette avalanche de défections et déçu par ces abandons, Léon Degrelle veut néanmoins y voir, au-delà de l'ingratitude et de l'opportunisme des dissidents, l'occasion d'une salutaire purification du mouvement. Dans son discours de réception du médaillon d'Eugène De Bremaecker, il affirme : « Qui serait devenu député, sénateur ou dirigeant à Rex ou dans ses journaux sans y être porté par la seule et unique force de Rex ? Que ceux qui ne sont pas contents fichent le camp. [...] Ceux qui voudraient se faire de Rex un escabeau seront balayés. [...] Les douleurs et les trahisons ne nous abattront pas. Ce sont ces épreuves qui feront la victoire et qui nous feront rester semblables à ce que nous étions au premier jour. » (Le Pays réel, 14 juin 1937, p. 3).

     

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    PR 1937.06.14 Banquet 2.png   PR 1937.06.14 Banquet 3.png

     

    Nous étonnerons-nous de ne plus entendre parler d'Eugène De Bremaecker dans l'entourage rexiste après cette fête d'anniversaire où il remit à Léon Degrelle le médaillon qu'il lui avait sculpté ?

     

    L'artiste n'avait en effet pas à se montrer plus catholique que le Pape ni plus rexiste que le chef de Rex-Bruxelles, René Lust, dont le nom lui avait été associé, par Le Pays réel, parmi les danseurs assidus du bal clôturant cette mémorable soirée du 12 juin 1937 !...

     

    Eugène De Bremaecker n'eût de toute façon jamais suivi Léon Degrelle dans sa croisade antibolchevique destinée à rendre à la Belgique, grâce à l'héroïsme de ses faits d'armes au Front de l'Est, une place respectée dans l'Europe d'Ordre nouveau : son patriotisme était trop ancré dans la haine de l'Allemand issue de la Grande Guerre. Il ne parlera d'ailleurs jamais de cet « ennemi héréditaire » qu'en utilisant les expressions patronymiques argotiques classiquement péjoratives. Ainsi de deux anecdotes confiées à l'hebdomadaire Pourquoi Pas ? le 7 janvier 1949 : « C'était pendant la guerre... Une auto boche, fonçant dans le décor et derrière un tramway, manque de me tuer net. Je venais de frôler la mort de tellement près, et dans un éclair si rapide, que c'est après seulement que le choc se fit sentir. » (p. 28) ; « Je me vante d'y avoir écrit [dans la Gazette], en 1934, un article sur ce que nous préparait la Bochie, et dans lequel j'avais tout prévu jusqu'aux parachutages. » (p. 29)...

     

    Après la guerre, De Bremaecker eut bien encore l'occasion d'exprimer son art du portrait dans des médaillons exaltant des figures sportives, musicales ou patriotiques. Nous remarquerons également que, tout comme pour la médaille de Léon Degrelle, le sculpteur opte toujours pour le profil gauche, une caractéristique qui semble lui appartenir en propre !

     

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    Photographies extraites, de gauche à droite et de haut en bas, de La Libre Belgique du 6 juin 1945 (maréchal Montgomery), de La Dernière Heure des 11 novembre 1947 (Jef Scherens, septuple champion du monde de cyclisme sur piste), 9 juillet 1948 (le musicologue Gaston Knosp), 18 octobre 1948 (lieutenant-général Van Strydonck de Burkel) et 1er mai 1948 (le compositeur Marcel Poot) et de La Libre Belgique du 5 septembre 1949 (le roi Albert et la reine Elisabeth au cours de la Première Guerre mondiale).