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  • Léon Degrelle dans l'art de la médaille

    Les médaillons de Victor Demanet et

    Marc Colmant

     

    Si Léon Degrelle a été abondamment dessiné (par exemple, en pré-Tintin, par Albert Raty, ce blog au 1er février 2016), peint (notamment par un artiste flamand, ce blog au 13 avril 2022) et caricaturé, le plus souvent méchamment et calomnieusement, mais aussi de manière sympathique (toujours chez Jam ; avec rosserie lorsque, après-guerre, il deviendra Alidor ! ce blog, par exemple, aux 2 février 2017, 4 juin 2019, 26 mai 2022), il fut aussi célébré dans le marbre, le bronze ou le cuivre, et ce, par les meilleurs artistes belges.

    victor demanet,marc colmant,albert raty,jam,alidor,révolution des Âmes,godefroid de bouillon,saint arnould,henri de man,plan du travail,orec,jules boever,fernand degreef,ganshoren,le cercle du collectionneurFusain du grand peintre ardennais Albert Raty, en frontispice de Mon pays me fait mal, publié en 1927 par un Léon Degrelle de vingt ans, dont la houppette inspirera Hergé (ce blog, entre autres, au 23 janvier 2016). Charles, le frère d'Albert Raty, avait épousé Jeanne, la sœur aînée de Léon Degrelle, le 23 avril 1924.

    Nous évoquerons ici quelques plaquettes, médaillons ou médailles ornés de son profil, constituant autant d'œuvres d'art séduisantes et pittoresques.

     

    Victor Demanet

     

    La plus belle plaque murale est due, sans doute, au ciseau de Victor Demanet (1895-1964) montrant un Degrelle sûr de lui, au visage fermé dont le sourcil anguleux souligne la détermination. Ce bas-relief fut fidèlement sculpté, en 1936, d’après le célèbre cliché diffusé au milieu des années 30 sous la forme d’une carte postale à la signature imprimée. Elle faisait partie d’une série de portraits de Léon Degrelle, vendus au profit du fonds de propagande de Rex. Ces photographies avaient été réalisées par le Studio Max, situé sur le prestigieux (à l’époque) boulevard de Waterloo de Bruxelles, dans le haut de la ville (ce blog au 3 mai 2021).

     

    LD Studio Max-horz.jpg

     

    Rien dans les biographies disponibles de Victor Demanet ne signale de particulière sympathie pour Léon Degrelle et le rexisme.

    Si la Biographie Nationale (t. 43, suppl. XV, fasc. 1er, col. 287-292) souligne bien son « amour du peuple » s’exprimant particulièrement dans sa « sculpture dédiée au labeur ouvrier », elle se garde bien de le rapprocher de la constante exhortation de Léon Degrelle à la « Révolution des âmes » (ce blog au 12 octobre 2023). L’auteur prend d’ailleurs soin de préciser qu’aux côtés de « nos rois (principalement le roi Albert), nos reines, nos princes », l’activité sculpturale officielle de Victor Demanet honore plus spécialement… « nos résistants ». Tant il est vrai que le sculpteur namurois fournit, après-guerre, nombre de bronzes exaltant la brigade Piron, le général Patton ou différentes personnalités de la résistance et de l’antirexisme, tel, par exemple, François Bovesse,

    Force nous est néanmoins de constater qu’au temps de la lutte épique contre les « banksters », des grands rassemblements populaires de Léon Degrelle et des formidables succès électoraux rexistes, Demanet multiplia les portraits du chef de Rex, notamment cette belle médaille du jeune Léon Degrelle au col de chemise ouvert, en 1938. Disponible en différents formats –dont une épinglette–, elle présente au revers la reproduction du célèbre bas-relief « Vouloir » (aussi appelé « L’Effort »), sommé du texte « Rex vaincra » ou, dans la version néerlandaise, « Rex Ter Zege ».

     

    Médaille FR 1 A Demanet-horz.jpg

    Les médailles conçues par Victor Demanet pour exalter la figure de Léon Degrelle et l’action spirituelle et sociale de son mouvement Rex ont été commercialisées sous deux formats : 8,25 et 5,35 cm, gravées des deux côtés de la pièce. À l’avers, le profil de Léon Degrelle, col ouvert, à l’expression déterminée, est entouré (auréolé !) de son nom : à gauche « LEON » précédé du monogramme de Victor Demanet ; à droite « DEGRELLE ». Le revers s’orne de la reproduction de « L’Effort » ou « Vouloir », sujet ayant servi de support à de nombreuses médailles commémoratives professionnelles ; au-dessus, la devise « REX VAINCRA » ; au-dessous, l’emblème de Rex en couronne du Christ-Roi, imaginé par Richard Krack (ce blog au 12 novembre 2020). Cette médaille existe également sous forme d'insigne à piquer au revers de son veston ou de broche pour le vêtement (2,25 cm de diamètre) dont l’arrière, aveugle, est muni d’une attache sous forme d’épingle verticale ou d’épingle à fermoir de sécurité.

     

    Peut-être est-ce d’ailleurs à cette proximité avec Léon Degrelle que le sculpteur dut la commande pour la ville de Bouillon (dont le père du tribun, le brasseur Edouard Degrelle, était conseiller communal, constamment réélu depuis 1904, en même temps d’ailleurs que conseiller provincial de Luxembourg) de deux statues emblématiques de la ville, Godefroid de Bouillon et Saint Arnould.

    L’initiative en revient à l’éphémère et inefficace Office de Redressement économique (OREC, un organisme imaginé par Henri De Man dans le cadre de son Plan du Travail et mis en place en avril 1935 pour stimuler un programme de travaux publics et de résorption du chômage : il disparut dès 1938), mais ce sont des mécènes, associés à l’Administration des Ponts et Chaussées, qui en assurèrent le financement. Prononçant le discours inaugural à la cérémonie de remise des statues à la ville de Bouillon, le représentant du gouvernement justifia le choix historique et artistique des nouveaux ornements du Pont de Liège, concluant : « À l’ombre du vieux château, ces statues de Godefroid de Bouillon et de Saint Arnould rappelleront qu’ici, l’on a toujours le culte de la patrie et de la grandeur nationale. »

    Av. Lxbg 28.06.1939.pngPeu après la réalisation des portraits de Léon Degrelle, Victor Demanet sculptera deux statues monumentales pour la ville natale de son modèle : Saint Arnould et Godefroid de Bouillon. Leur inauguration, le 25 juin 1939, fut l’occasion d’une cérémonie grandiose, associant les représentants de la Cour royale et du Gouvernement aux notables locaux. L’Avenir du Luxembourg, le grand quotidien catholique de la province (dont le grand-père maternel de Léon Degrelle, le Dr Jules Boever, fut l’un des fondateurs), en fit un compte rendu détaillé (« Pour honorer deux de ses illustres enfants, Bouillon a vécu des heures inoubliables »), mais en confondant les deux sculptures: la photo de première page ne reproduit pas le monument de Saint Arnould, mais celui de Godefroid de Bouillon !...


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    lacés de part et d’autre de l’accès au Pont de Liège du côté de la place Saint-Arnould, sur la même rive que la maison familiale des Degrelle, les deux monuments en pierre du pays de Gaume, entendaient immortaliser les principaux ducs de Bouillon, Saint Arnould, –premier de la lignée et patron des brasseurs–, et Godefroid de Bouillon, chef de la Première Croisade, avoué du Saint-Sépulcre et modèle inspirant de Léon Degrelle.

     

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    Dix mois après leur inauguration, les statues de Victor Demanet échappèrent miraculeusement à la destruction lorsque les artificiers du 295e régiment d’infanterie de l’armée française firent sauter, au soir du 11 mai 1940, les ponts de Bouillon sur la Semois, tout en bombardant les quartiers populaires situés en bordure de la rivière (les documents mis aujourd’hui à la disposition des touristes laissent entendre mensongèrement que la dévastation de la ville fut l’œuvre des Allemands. Ainsi du site Connaître la Wallonie qui écrit sans sourciller : « lors de l’invasion allemande de mai 1940, aucune chance n’est laissée au Pont de Liège. Le bombardement épargne miraculeusement les deux statues » !). Les ouvrages d’art furent rapidement réparés par le génie allemand, installant sur le pont de Liège une passerelle permettant le passage des piétons, assurant ailleurs la traversée pour le charroi le plus lourd (ce blog au 15 juin 2021).

    Saint Arnould 1940.pngPhoto prise peu après la prise de Bouillon par les Allemands en mai 1940. Une autochenille allemande Sd. Kfz. 10 (Sonderkraftfahrzeug 10) est stationnée à l'entrée du pont de Liège, près de la statue intacte de Saint Arnould.

     

    Les statues ne furent que peu abîmées : la photo de 1940 (ci-contre) montre en effet un Saint Arnould intact alors que celles de 1941 (ouvrant et fermant cette digression) le montrent, neuf mois plus tard, décapité, Godefroid demeurant entier. Certains n’ont pas manqué de voir dans cette mutilation une menace voilée contre le brasseur Edouard Degrelle via son saint patron…

     

    Après la guerre, les œuvres d’art restaurées ne furent néanmoins pas autorisées à rejoindre le lieu pour lequel elles avaient été conçues : punition pour la supposée (et dès lors coupable) proximité degrellienne de leur concepteur ?

     

    Godefroid fut le mieux traité, placé à la fin du sentier pédestre menant à l’entrée de son château. Saint Arnould, quant à lui, a été relégué tout au bout du quai de la Tannerie, en surplomb de la Semois, loin de toute habitation et dissimulé par l’abondante végétation, ce qui a grandement facilité une nouvelle décapitation par d’imbéciles vandales en juin 2020.

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    (Les photos ouvrant et fermant ce texte ont été prises le 6 février 1941 par le Service photographique de Ministère des Travaux publics de Belgique et sont conservées aux Archives générales du Royaume).

     

     

    Marc Colmant

     

    Le sculpteur bruxellois Marc Colmant (1898-1962) est un artiste moins connu que Victor Demanet, ne bénéficiant pas de notice dans la Biographie Nationale, ni même d’une référence sur « Wikipedia ».

    IMG_20231107_123824.jpgC’est dire que nous n’avons guère de renseignements sur lui, sinon qu’il réalisa de belles statuettes dans le style romantique qui connaissent toujours le succès dans les ventes d'art contemporaines ainsi que des médaillons pour quelques tombes de notables, notamment celle du bourgmestre de Ganshoren, Jan Frans (Fernand) Degreef, mort en 1928 (photo ci-contre).

     

     

    Colmant Faune.jpg« Marc Colmant est un sculpteur qui, à en juger par ce qu'il expose, aime à travailler en petites dimensions. La plupart du temps, cela lui réussit très bien. Il y a dans Faune à la Sarbacane [...] un mouvement, une élégance nerveuse du meilleur aloi. » (Le Nouveau Journal, 26 novembre 1943).

     

    Ce n’est pourtant pas par hasard que Marc Colmant réalisa une médaille en l’honneur de Léon Degrelle : il était lui-même militant rexiste et même troisième candidat de la liste de Rex aux élections communales du 16 octobre 1938 à Ganshoren, la commune du nord de l'agglomération bruxelloise où il habitait. Il ne sera malheureusement pas élu.

    Médaille LD Marc Colmant.png

     

    Le médaillon proposé par Marc Colmant (diam. 14 cm) est, tout comme le bas-relief de Victor Demanet, inspiré de la photographie du Studio Max. Mais il n'est pas traité à la manière de Demanet que nous pourrions qualifier d' « hyperréaliste ». Si les accentuations de relief et l'arrondi de la tête mettent sa jeunesse en évidence, ils confèrent aussi à Léon Degrelle une expression plus introspective, soulignée par sa moue mi-amusée, mi-dubitative et des sourcils interrogateurs. Un portrait du jeune chef tout au service du destin de renaissance spirituelle du peuple qu'il s'est assigné, autrement dit, la « révolution des âmes » (ce blog, entre autres, au 31 mars 2020).

    Pour l'artiste, qui signe fièrement son œuvre, aucun besoin de nommer le portrait de celui qui s'est rendu célèbre en chassant les banksters de la cité, à l'instar de Celui qui chassa les marchands du Temple. Seul compte le mot d'ordre : REX VAINCRA.

    À l'évidence, l’œuvre d'un artiste qui connaît son modèle de près et apprécie sa joie de vivre et son humanité curieuse et attentive.

    Après la guerre, il semble bien que Marc Colmant eut à souffrir d'une définitive damnatio memoriae car nous n'avons plus trouvé trace d'aucune exposition accueillant ses œuvres, ni d'aucune critique les commentant. Même sa tombe a subi cette loi inique de l'effacement en disparaissant du cimetière communal de Ganshoren.

    Colmant Tombe Ganshoren.jpg

    Marc Colmant est mort en 1962 à l'âge de 64 ans seulement. Il reposait dans le caveau de ses parents qu'il avait aménagé dans l'ancien cimetière de Ganshoren. Malgré sa valeur aussi bien historique que patrimoniale, sa tombe a été rasée peu avant l'ouverture du Nouveau Cimetière en 1976. Voici l'endroit où se trouvait le monument funéraire, dans la seconde allée, à l'emplacement numéro 68...

     

    Toutes les œuvres ici décrites sont disponibles sur le site Le Cercle du Collectionneur.

  • 15 juin 1906 : Léon Degrelle naissait à Bouillon, voilà 117 ans…

    LD+Maman 20.06.1906.png

    Le petit Léon est dans les bras de sa Maman, peu après son baptême, le 20 juin 1906 (ce blog au 15 juin 2016). Ci-après, la photo complète où l’on voit le fier Papa contempler son fils ; assis, le Docteur Jules Boever (père de Marie Degrelle-Boever) ; debout à droite, l’abbé Joseph Boever, frère de la Maman et Parrain de l’enfant qu’il vient de baptiser.

     

    Baptême LD 20.06.1906.jpgJour de liesse au foyer du brasseur Edouard Degrelle et de son épouse Marie, sur les bords de la Semois, à Bouillon : un cinquième enfant leur est né, «  un peu avant neuf heures du soir, quand le soleil s’éteignait sur les centaines de roses pourpres de la vieille maison familiale » (Duchesse de Valence, p. 31).

     

    Famille Degrelle Façade arrière.jpg

    La façade arrière, empourprée de rosiers grimpants, de la maison familiale, le long de la Semois, face au château de Godefroid de Bouillon.

     

    La sœur aînée, Marie (30 juillet 1896-6 mars 1980), était née quelque dix ans auparavant et entrera au couvent des Sœurs Visitandines des Abys le 7 décembre 1921, à Paliseul, non loin de Bouillon (ce blog aux 15 juin 2021 et 5 novembre 2022). Un petit Edouard naîtra cinq ans plus tard, le 7 mars 1901, mais décédera d’une méningite infectieuse vingt mois plus tard, le 12 novembre 1902. Deux petites sœurs agrandiront encore la famille avant l’arrivée de Léon : Jeanne (14 juillet 1902- 1er juin 1963 ; épouse de Charles Raty : ce blog aux 25 décembre 2016 et 13 mars 2023) et Madeleine (29 juin 1904-22 juin 1992 ; épouse du confiseur Henri Cornet : ce blog au 20 mars 2020).

     

    LD Acte naissance.jpg

    Acte de naissance de Léon Degrelle, établi le 16 juin 1906, à 4 heures « de relevée » (c’est-à-dire à 16h) par l’échevin Emile Férot. En rouge, dans la marge, est signifiée la perte de la nationalité belge du citoyen Léon Degrelle, alors âgé de 39 ans : « Léon-Joseph-Marie-Ignace Degrelle dont l’acte de naissance est inscrit ci-contre a été déchu de la qualité de belge par jugement rendu le 27 décembre 1944, par défaut, par le Conseil de guerre de Bruxelles en application des dispositions de l’article 18 bis du Code pénal, modifié par la loi du 19 juillet 1934, art. 1er de l’arrêté-loi du 17 décembre 1942 inscrit aux registres de l’état-civil de la commune d’Uccle, le 31 août 1945, sous le n° 17. Bouillon, le quatre octobre mil neuf cent quarante-cinq. L’officier de l’état civil, Liégeois ».

     

    C’est dire la joie qui accueillit ce nouveau petit garçon, appelé à devenir le chef de famille. Il fut baptisé, par son parrain, l’abbé Joseph Boever, le frère de sa Maman, le 20 juin 1906 (ce blog au 15 juin 2016) et reçut les prénoms de Léon, en l’honneur de son grand-père Léon Degrelle (1829-1914), Joseph et Marie, en l’honneur des Saints Parents de Jésus (mais ce sont aussi les prénoms de son Parrain et de sa Maman), et Ignace, en l’honneur de Saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus, à laquelle appartenaient ses oncles Henri (1857-1929), Louis (1859-1941) et Célestin (1866-1933) et ses grands-oncles paternels Célestin (1819-1863), Edouard (1821-1890) et Edmond (1835-1879) : ce blog au 6 mars 2016. Léon Degrelle aimait rappeler, à ce propos, le mot de l’évêque de Namur, Mgr Thomas-Louis Heylen, grand ami de la famille Degrelle : « Chez les Degrelle, on est Jésuite de père en fils. » (Duchesse de Valence, p. 29)

     

    La fratrie s’agrandira encore en accueillant Louise-Marie (20 juillet 1907-10 mars 1999 ; épouse de Hector Massart), Edouard (30 avril 1909, assassiné à Bouillon le 8 juillet 1944 ; ce blog au 15 juin 2021) et, enfin, Suzanne (7 octobre 1911-7 janvier 1999 ; épouse de Joseph Lamoral).

     

    Enfants Degrelle.jpgLa fratrie Degrelle réunie, en 1911, peu après la naissance de Suzanne, la petite dernière, au fond de leur jardin longeant la Semois, devant le château de Godefroid de Bouillon. De gauche à droite, au premier rang : Léon donne la main à sa sœur Louise-Marie tenant un bouquet de fleurs, au côté d’Edouard, avec son petit chien à roulettes ; au second rang : Jeanne, Marie, tenant sa petite sœur Suzanne dans les bras, et Madeleine.

     

     

    Être né dans la cité de Godefroid de Bouillon sera certes souligné comme un signe du destin dans la vie du petit Léon et, plus tard, dans la geste héroïque de la croisade contre le bolchevisme.

     

    « Bouillon est la patrie d’Induciomare qui tint en échec les Légions de Jules César et mourut, insoumis, dans la profondeur de la forêt d’Ardennes. C’est aussi la patrie de Godefroid le Précurseur, l’animateur de la lutte contre l’Infidèle, le défenseur du Tombeau du Christ. En effet, si le vaillant Duc ne vécut guère dans son duché ni dans ce château semblable à un lion couché sur un rocher dominant la rivière, et même s’il le vendit pour subvenir aux frais de la Croisade, sa Mère, Sainte Ide y vécut et y mourut, là où est aujourd’hui le monastère de Clairfontaine, et c’est le cœur des mamans, n’est-ce pas, qui forme l’âme des enfants ?...

     

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    Le château de Bouillon, aquarelle de René Henrotay. Volontaire du 8 août 1941 à la Légion Wallonie, René Henrotay termina la guerre comme Hauptscharführer. Condamné à la prison à perpétuité en 1947, il fut libéré en 1951. Auteur de Chemins d'Idéal, Ukraine, Caucase, Tcherkassy (édition Aux Bâtons de Bourgogne, 1999) ainsi que d'un Léon Degrelle, Essai biographique, publié à compte d'auteur en 2002 sous le nom de Gilles Delvigne, René Henrotay a rejoint la « Grande Armée » le 25 mars 2010. Il avait 88 ans.

     

    Mathieu de Montmorency, le vainqueur de Bouvines, naquit en ce même château féodal qui subit bien des attaques pendant des siècles, mais soutint tous les sièges sans jamais être vaincu. Une seule fois pourtant, la forteresse se rendit, non à des guerriers, mais à l’appel des mânes de Saint Lambert : le Prince-Evêque de Liège, pour venir à bout de la résistance de cette place-forte, avait dû aller chercher comme renfort les reliques de l’Evêque-Martyr de Liège, leur avait fait traverser en pompeux cortège toute l’Ardenne, et le Saint, le Prince-Evêque, les gens d’armes et les gens d’Eglise renforçant le siège devant le château-fort, celui-ci, –fait unique dans son histoire –, avait levé le combat et le pont-levis avait été baissé, s’inclinant devant celui qui avait jadis évangélisé la Campine et le Condroz… » (Léon Degrelle, Mon Combat, pp 15-16).

     

    Château Bouillon 1919.jpegVue du château de Bouillon, prise en surplomb de la rue du Collège : le grand bâtiment blanc en bas, à gauche, est l’athénée (un peu caché par les arbres) ; juste à côté, on distingue très bien la maison et la brasserie d’Edouard Degrelle (avec la petite maison qui deviendra un salon de coiffure : ce blog au 20 mai 2023).

     

    Mais les origines mêmes de sa famille pouvaient laisser deviner quelle serait la destinée du futur chef de peuple.

     

    « Je suis un Belge provenant des territoires occidentaux, trois fois plus vastes [que la Belgique de 1830], réunis au XIVe et au XVe siècles par les ducs de Bourgogne.

    Par la famille de mon père, né à Solre-le Château, près de Maubeuge, j’appartiens aux Marches du Sud, enlevées à mon pays par les tenaces rois de France.

    Par la famille de ma mère, les Boever, originaires de la Moselle, j’appartiens aux Marches Germaniques de l’Est, détachée de ma patrie par le traité de 1839.

    Je suis donc intégralement un homme de ces fameuses Dix-Sept Provinces qui, de l’embouchure du Rhin à la Somme, constituèrent, pendant des siècles, une remarquable unité géographique, politique, économique. Je me sentais né pour leur résurrection, opérée d’ailleurs partiellement depuis lors, sur le plan médiocre des affaires, au sein du Benelux. Certes […], nous en sommes maintenant au stade de l’Europe et le combat des nationalismes exclusifs est dépassé. Mais dans la première moitié du siècle, la patrie, avant tout, comptait. Et ma patrie était celle-là. » (Duchesse de Valence, p. 28).

    Leo Belgicus Carlina.jpg

    Lorsqu’il reproduisit, en précieux azulejos sévillans, le Leo Belgicus des Dix-Sept Provinces bourguignonnes qu’il fut près de ressusciter (ce blog au 17 octobre 2018), Léon Degrelle n’oublia pas les berceaux de sa famille issue des Marches du Sud et de l’Est : on y retrouve Bouillon et La Roche (également sur la carte originale de Petrus Kaerius), mais aussi Solre-le-Château (où s’établirent les Degrelle et où naquit son père) et Greven-Macheren (aujourd’hui Grevenmacher, dont les Boever maternels étaient originaires).

     

    Quels étaient les ancêtres de Léon Degrelle ?

     

    « Nous avons été une famille extrêmement nombreuse : en quatre cents ans, il est né, il a vécu, sans compter les enfants morts en bas âge, deux cent quatre-vingt-huit Degrelle. Tout cela est inscrit sur notre livre de raison, que je possède encore. On y marquait les naissances, la raison pour laquelle on avait donné tel nom aux enfants, et comment étaient morts les vieux. J’ai eu un ancêtre tué à Austerlitz, et ce jour-là, il lui naissait une fille, et on l’a appelée Souffrance. Une autre, née au moment des guerres de Napoléon elle aussi, s’est appelée Victoire. Pendant quatre cents ans, des paysans appelés Degrelle ont cultivé le même champ. Dans le livre de raison, on a aussi gardé les lettres d’amour du fiancé à la fiancée. En même temps que de leur amour, ils se donnent des nouvelles du temps, de la récolte, ils disent : le blé, ou le seigle, seront bons cette année. Je pense, voyez-vous, qu’en France, au temps des rois, il y avait des millions de familles qui étaient pareilles à la mienne : et c’est pour cela que la France était un grand pays. » (Robert Brasillach, Degrelle et l’avenir de Rex, pp. 7-8).

     

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    Petite ferme des aïeuls (maternels) de Léon Degrelle, probablement à La Roche.

     

    Le premier biographe de Léon Degrelle, Usmard Legros, a eu accès à ce fameux Livre de Raison réalisé par un lointain cousin de la branche française, Arthur Degrelle (1847-1902) et a pu l’exploiter pour présenter ce pan de la famille Degrelle.

     

    « Son plus lointain ancêtre connu est Martin de Grelle, né à Sains du Nord en 1589. Il est le point de départ de deux lignées dont l’aînée émigra en Belgique et dont l’autre demeura presque intégralement française. […] Léon Degrelle se rattache à l’ascendance Belge créée au début du 17e siècle, à Gonrieux, petit village de la Province de Namur, à quelques kilomètres de Couvin. Jean, né à Sains en 1623, un des dix enfants de Martin, en fut l’auteur. Cette branche resta Belge pendant près de deux cents ans. Elle redevint française par les conquêtes de la révolution et vraisemblablement en 1815, après le congrès de Vienne, voulant redevenir sujet de la monarchie d’ancien régime, Constant-Joseph Degrelle retourna au Pays de ses ancêtres. Il s’installa avec sa famille à Solre-le-Château où il tint un important commerce. Trois de ses fils entrèrent dans les ordres ; Léon, le seul qui se maria, reprit sa succession et il eut lui-même neuf enfants. Son négoce prospère en faisait un homme fort considéré à Solre.

     

    Acte naissance Grd-père LD.jpegActe de naissance de Léon Degrelle, fils de Jean-Célestin Degrelle qui installa la famille à Solre-le-Château (ce blog au 24 janvier 2023), père d’Edouard Degrelle et grand-père de notre Léon Degrelle.

     

     

    Soucieux de l’éducation de ses quatre fils, il leur fit entreprendre des études supérieures. Trois d’entre eux, comme leurs oncles, furent touchés par la grâce du sacerdoce, tandis qu’Edouard entreprit une carrière libérale. Comme un fils de bon bourgeois, on l’envoya en pension. Mais il fallait un collège catholique, pas trop éloigné de la localité. Seul, celui de Notre Dame de la Paix à Namur donnait ces facilités qui comptaient au temps des diligences. C’est ainsi que le père de Léon Degrelle, amené à faire ses humanités en Belgique, poursuivit dans l’enseignement supérieur à Louvain où il prit les grades d’Ingénieur Brasseur et d’Agronome. En 1895, il épousait Marie Boever de La Roche, devenait régisseur dans la Province de Namur, au château de Leignon et quelques années plus tard s’établissait comme brasseur à Bouillon, où il demanda et obtint la naturalisation [le 1er novembre 1899].

    Jusqu’à la révolution française, les Degrelle portaient la particule. De vieux parchemins révèlent la devise : grêle es, mais croîtras. Quel lointain aïeul de la douce France rapporta après un fait marquant cette devise qui dicte tout un programme ?  » (Usmard Legros, Un homme… un chef, pp. 24-25)

     

    Brasserie Degrelle Facture 2.jpg

    En-tête des factures de la brasserie d’Edouard Degrelle. Elle présente une belle gravure de la propriété sise le long de la Semois, comprenant la brasserie et le domicile familial (au milieu). Deux ans après l’obtention de son diplôme d’ingénieur brasseur, Edouard Degrelle se porta acquéreur, le 17 juin 1896, de cette brasserie, la plus ancienne de Bouillon, dont le propriétaire, Adolphe Rogissart, venait de décéder. Son contremaître, le maître-brasseur Jules Wuillaume (1831-1909) resta quelque temps en fonction chez le nouveau propriétaire dont il devint l’ami et fut un des témoins de la déclaration de naissance de Léon Degrelle (voir ci-avant, la reproduction de cet acte de naissance).

    Comme on peut le voir, Edouard Degrelle brassait bière blanche et bière brune, mais distillait également le populaire genièvre ainsi que différentes liqueurs. Le jeune brasseur était également devenu « Fournisseur breveté de la Maison de S.A.R. Monsgr le Comte de Flandre », Philippe de Belgique, frère de Léopold II et père de son successeur, le roi Albert Ier. Cette facture, de 1909, est adressée aux « Révérendes Sœurs de la Visitation Ste Marie, au Monastère des Abys, à Paliseul ». C’est dans ce couvent que la fille aînée d’Edouard Degrelle, Marie, prononcera ses vœux perpétuels, le 28 décembre 1925, après un noviciat de quatre ans, devenant Sœur Anne-Marie.

     

    Quant à la famille de la Maman, Marie Boever, les « grands-parents maternels de Léon Degrelle […] appartenaient à la Moselle luxembourgeoise, terre détachée des Pays-Bas par le Traité de 1839 : leurs études, leurs voyages, leurs mariages restèrent orientés vers la patrie séculaire. Irrédentisme… » (Léon Degrelle, Mon Combat, pp. 20-21).

     

    Jules Boever Grd-père maternel.jpgJules Boever (1839-1916) s’était gagné de nombreuses décorations, dont la Croix Pro Ecclesia et Pontifice du Saint-Siège, pour service « à l’Eglise et au Pape », la croix d’Officier de l’Ordre de la Couronne et la croix de Chevalier de l’Ordre de Léopold.

    « Le Docteur Boever faisait ses visites à cheval, la nuit ou le jour. Une nuit, on l’appela auprès d’une pauvre femme, mère de six enfants, qui donna le jour à des jumeaux. Rien n’était prêt, même pas pour la venue d’un enfant. Le Docteur rentra chez lui, une maison tiède et confortable où sa femme, pareille à la Femme Forte de l’Evangile, élevait ses douze enfants ; la plus petite dormait encore dans son grand berceau en bois courbé. Il mit le bébé dans le lit de sa mère, empila dans le berceau une partie de la layette, de chaudes couvertures, du linge, des vivres, mit tout cela en travers de son cheval et revint chez la pauvresse à quinze kilomètres de sa demeure. » (Léon Degrelle, Mon Combat, pp. 21-22).

     

    Le grand-père maternel, le Dr Jules Boever, est également une personnalité exceptionnelle : « Médecin à La Roche, le bon docteur ne fait pas que soigner des malades. C’est un homme actif, truculent, qui se lance dans la politique. Vers 1879, à l’époque héroïque de la lutte scolaire, il se livre passionnément à la propagande, en adversaire acharné et intransigeant du libéralisme. Leader du parti catholique dans sa région, il va, court à travers les villages répandre son catéchisme politique et ne craint la contradiction de personne ; tel un sanglier, à coups de boutoir, il fonce sus à l’ennemi qu’il taille en pièces. A dix lieues à la ronde, ce gaillard redoutable est appelé Le démon de La Roche. » (Usmard Legros, Un homme… un chef, p. 28).

     

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    « Léon Degrelle, issu de deux familles vivant aux frontières de leur patrie qui n’est plus leur pays parce que ces provinces lui ont été arrachées, sera le mainteneur de l’esprit des Grands Pays-Bas. » (Mon Combat, p. 21).

     

     

    Nous sommes, pour la plus grande partie de l’iconographie de cet article, redevable à Jacques de Schutter et ses impressionnantes collections degrelliennes.