In memoriam Léon Degrelle (1906-1994)
Etsi mortuus urit !
31 mars 1994 – 31 mars 2025
Mais le feu, lui, a des flammes diverses, s'élève, s'abaisse, renaît s'élance. Ce livre [Les Âmes qui brûlent], c'est du feu, avec les exaltations du feu, les démesures du feu.
Si au moins, il pouvait en avoir la bienfaisante chaleur ! Si des âmes pouvaient près de lui trouver réconfort et vigueur, comme on les trouve à méditer, le soir, près d'un grand feu de bois presque silencieux. Les ondes de sa puissante vie pénètrent, et leur rayonnement, et leur recueillement. Elles s'offrent complètement, elles se livrent complètement.
Le don, le vrai don est ainsi, s'anéantissant jusqu'au dernier brandon.
Ici, dans mon cas personnel, il ne s'agit plus que d'un feu mort. Ma vie s'est écrasée dans des abîmes, a été submergée par des lames de fond qui ont tout recouvert.
Mais je veux croire malgré tout que ces élans qui animèrent l'action d'un homme mort déjà aux yeux de la plupart des hommes –s'il a le malheur de vivre encore pour lui-même– pourront encore rejoindre spirituellement de-ci de-là, dans le monde, des cœurs anxieux...
Je me souviens de trois mots que j'avais déchiffrés un jour sur une tombe de marbre noir, là-bas à Damme en Flandre, dans une église de ma patrie perdue :
ETSI MORTUUS URIT.
« Même mort, il brûle... »
Puissent ces pages [des Âmes qui brûlent], dernier feu fugace de ce que je fus, brûler encore un instant, réchauffer encore un instant des âmes hantées par la passion de se donner et de croire, de croire malgré tout, malgré l'assurance des corrompus et des cyniques, malgré le triste goût amer que nous laissent à l'âme le souvenir de nos chutes, la conscience de notre misère et l'immense champ de ruines morales d'un monde qui est certain de ne plus avoir besoin de salut, qui s'en fait gloire et qui pourtant doit être sauvé, doit plus que jamais être sauvé.
(Léon Degrelle, Les Âmes qui brûlent, chapitre I, « Le Feu et les Cendres », pp. 29-30).
Il ne fait pas de doute que Léon Degrelle visita attentivement la belle cité de Damme, qui fut jusqu'au XIVe siècle un avant-port prospère de Bruges (Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, épousa à Damme, en 1468, Marguerite d'York, sœur du roi d'Angleterre Édouard IV).
Attentif aux gravures lapidaires, il ne retint pas seulement l'inscription tombale Etsi mortuus urit, mais aussi la devise Pacem Opto du chanoine Johannes Van der Stricht, complaisamment gravée avec son blason au fronton du porche d'entrée de son vaste domaine curial du XVIe siècle, la Ferme de Saint-Christophe, à la sortie de la petite ville, de l'autre côté du canal qui la borde et mène à Bruges.
L'éditorial de Léon Degrelle « Puissance de Rex », dans Le Pays réel du 29 juin 1938, appelant au succès du Congrès national de Lombeek-Notre-Dame, prévu le 10 juillet suivant (ce blog au 15 mars 2024), se sert de cette épigraphe religieuse pour dénoncer l'étouffement des prévarications de bankster du Premier ministre Paul Van Zeeland (ce blog au 14 avril 2017).
Damme, c'est la patrie de Thyl Ulenspiegel, dont la chronique de Charles De Coster a célébré la Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses au pays de Flandres et ailleurs.
Le malicieux garçon, effronté au cœur pur, est horrifié par la corruption et la perfidie du clergé catholique ainsi que par l'épouvantable répression de l'Inquisition contre la réforme (son père dénoncé pour ses sympathies protestantes fut livré vif au bûcher). Il rencontre alors le comte de Brederode avec qui il sympathise au lendemain de sa présentation, le 5 avril 1566, du « Compromis des Nobles » des XVII Provinces à la régente des Pays-Bas, Marguerite d'Autriche, demi-sœur du roi Philippe II d'Espagne, leur souverain. L'échec de cette requête réclamant l'arrêt de l'Inquisition et des persécutions religieuses, marqua le début de la révolte des Gueux dont Brederode fut le premier chef.
Or c'est justement Hendrik, seigneur de Brederode et Vianen, vicomte d'Utrecht, dit le Grand Gueux, qui imagina la formule Etsi mortuus urit.
C'est pour manifester sa ferme opposition aux placards du roi et à l'Inquisition, qu'il fit frapper un jeton « politique » dont l'origine et la description sont données dans un recueil numismatique de l'époque.
On a vu comme Brederode & les Confédérés parurent dans Bruxelles vêtus de bure grise avec de petites écuelles de bois à la ceinture, en vue de ce qu'avait dit le Comte de Berlaymont à Marguerite d'Autriche, Gouvernante des Pays-Bas, que ceux qui lui avaient présenté la Requête n'étaient que des Gueux.
Mais comme Brederode n'avait fait cela que pour se moquer du Comte de Berlaymont, pour faire voir que ces Gueux dont il était le chef étaient des Gueux illustres, il fit faire une Bouteille d'or en forme de calebasse, & une écuelle du même métal, qu'il portait attachées à sa ceinture. On conserve cette bouteille & cette écuelle à Utrecht dans le Cabinet d'un curieux. On lit autour de l’Écuelle ces paroles :
WIVEL DIE GEUX.
Vivent les Gueux.
La Maison de Brederode, pour exhorter les Nobles & les peuples à défendre leurs liberté & les privilèges de leur Patrie, fit faire cette Médaille qui est : La main de Mucius Scévola au milieu des flammes tenant une Épée, avec ces paroles :
AGERE AUT PATI FORTIORA,
ROMANUM EST.
Entreprendre & souffrir courageusement des choses
extrêmes, cela est digne d'un Romain.
[...]
REVERS :
La hure d'un Sanglier au milieu des flammes & au dessous, une Croix de Bourgogne enflammée faite de deux bâtons de Laurier. On voit cette Légende :
ETSI MORTUUS URIT.
Quoiqu'il soit mort, il ne laisse pas de brûler.
AU BAS :
CALC. VIAN.
Jeton de Vienne.
L'inscription du bas est mal interprétée par l'auteur de l'Histoire métallique : « VIAN » est mis pour la ville de Vianen, dans l'actuelle province d'Utrecht, dont le comte Hendrik van Brederode était le seigneur, et non pour la capitale autrichienne !
Il faut lire « Calc[ulus] Vian[en] », c'est-à-dire « Jeton [pion à calculer] de Vianen ». La forme latine de Vianen étant « Vigenna », son abréviation eût été « VIG » ; il faut donc penser que le jeton a conservé le nom néerlandais.
La hure de sanglier et les bâtons de Bourgogne enflammés sont les emblèmes de la maison de Brederode.
L'avers de la pièce porte la date 1566, celle de l'échec du Compromis des Nobles, le 5 avril, et du Banquet des Gueux organisé le lendemain par Brederode. Chaque convive prononça alors le serment Agere aut pati fortiora (« Agir ou souffrir davantage ») repris sur le jeton.
On voulait marquer par cette Médaille que Brederode abattrait la Maison d'Espagne qui commençait à se consumer par les atteintes qu'il lui avait déjà données. Et en même temps, on voulait représenter que le grand coup qu'on avait frappé contre elle serait un coup dont elle se ressentirait, après même que Brederode serait mort.
Ces paroles Etsi mortuus urit sont fort naturelles, car on dit que les défenses du sanglier frottées ou frappées les unes contre les autres jettent des étincelles de feu aussi bien que les bâtons de Laurier.
On fit ces vers [...] :
Quoiqu'on me brûle à petit feu,
Cependant, l'on avance peu.
Je brûle ; après ma mort, les autres, de mes flammes,
Les Gueux, tout Gueux qu'il sont, plus il sont opprimés,
Plus ils paraissent animés :
C'est le propre des grandes âmes.
(Supplément à l'Histoire métallique de la République de Hollande, dans lequel, outre plusieurs médailles qu'on a ajoutées, depuis la naissance de la République, jusqu'à la fin de l'année 1689, on verra toutes celles qui ont été frappées sur l'expédition de S.A. le Prince d'Orange, Roi d'Angleterre, & sur son couronnement. Et les tombeaux des personnages illustres qui ont sacrifié leur vie pour la Hollande, leur patrie.
Amsterdam, Chez Pierre Mortier, Libraire sur le Vygen Dam, à l'Enseigne de la Ville de Paris, 1690, Avec Privilège de Nosseigneurs les États.)
Aujourd'hui, à notre connaissance, des messes de requiem pour le repos de l'âme de Léon Degrelle seront célébrées un peu partout en Belgique, Espagne, France, Italie et Mexique.
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