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guy sajer

  • Sous le manteau du Caudillo [2]

     

    Écrire l'Histoire ? L'inventer, c'est plus pratique !

     

    Bajo el manto.pngIl s'en passe des choses avec Léon Degrelle Sous le manteau du Caudillo Francisco Franco ! Surtout quand c'est José Luis Rodríguez Jiménez qui les racontent. Ce professeur de l'université espagnole aux diplômes les plus drolatiques adore en effet les ragots, bobards et autres médisances (ce blog au 1er septembre 2024). Mais il se prend parfois aussi pour une pythonisse, décrétant ex cathedra ce qu'il faut croire et penser, ce qu'il faut corriger ou interpréter.

     

    L'argument d'autorité sera d'autant plus oppressif et aliénant lorsqu'il prétend faire dire à Léon Degrelle ce qu'il ne dit absolument pas ou quand il veut lui faire dire l'exact contraire de ce qu'il dit.

     

    Je n'ai que du vide ? Mais j'écris l'Histoire comme je veux qu'elle soit !

     

    L'exemple du racisme et de l'antisémitisme de Léon Degrelle est éloquent, surtout qu'il se pare de la « compétence » de Jonathan Littell, auteur d'un seul roman, Les Bienveillantes, mais traduit dans toutes les langues, adapté au théâtre et même à l'opéra (on attend encore le cinéma) et sujet de nombreuses exégèses, évidemment universitaires. Littell a lui-même prétendu s'être inspiré du créateur de la Légion Wallonie pour forger l'univers mental de son héros : c'est pour le documenter, qu'il a écrit Le sec et l'humide, où il veut dégager de la manière d'écrire de l'auteur de La Campagne de Russie « la structure même de sa pensée » et, au-delà, de « mener une vérification expérimentale d'une certaine théorie du fascisme »...

     

    Littell Sec Humide.jpeg

     

    Jonathan Littell, « spécialiste de la langue » de La Campagne de Russie : « Dans La campagne de Russie, un invisible : le Juif. Comme s'il n'existait pas. Absence étrange, presque oppressante. [...] Pour Degrelle, quand il écrit, la solution finale est toujours déjà achevée. Il est donc naturel que son livre soit aussi judenrein (vide de Juifs) que le territoire où il se déploie. » (Le sec et l'humide, pp. 85-87)...

     

     

    Ce charabia pseudo-scientifique ne nous a pas empêché de dire ce que nous pensions de cette grotesque fiction scatologique (ce blog au 8 février 2018), mais en bon universitaire contemporain, Rodríguez ne vérifie rien et prend les divagations de Littell pour argent comptant : « Le traitement que réserve [Léon Degrelle] à l'ennemi est péjoratif et xénophobe. Jonathan Littell, qui fut le premier à s'intéresser au livre [La Campagne de Russie], parle d'un adversaire polymorphe et polysémique : dans l'ordre décroissant du nombre d'occurrences, il s'agit de russe, suivi de rouge, soviétique et bolcheviste. » (p. 94).

     

    Outre que nous ne voyons guère là trace de racisme, plutôt que de les décrire « polymorphes » (?) ou « polysémiques », nous rangerions ces termes plus volontiers dans la catégorie des parfaits synonymes... Mais comme Rodríguez (reprenant servilement Littell) doit absolument leur trouver des connotations péjoratives, il citera l'exemple des Mongols mangeant de la chair humaine (La Campagne de Russie, p. 25). Et puisque ce passage n'utilise aucun des termes « polychoses » incriminés, Rodríguez tourne la difficulté en disant que Léon Degrelle parle quand même de membres de l'Armée Rouge. Il prétendra ensuite démontrer le racisme de Léon Degrelle par l'incohérence de son récit inventé pour les besoins de sa cause raciste. Au prix d'un gros mensonge cependant, car, à nouveau, c'est celui qui prétend dénoncer le mensonge qui ment !

     

    « Néanmoins sans entrer dans des considérations théoriques, les descriptions qu'il fait des autres sont manifestement racistes [...]. Concernant son sentiment sur les troupes de l'Armée Rouge, on peut citer plusieurs exemples illustratifs. Les membres d'un convoi de prisonniers que Degrelle vit en Ukraine, lui apparurent des cannibales, et peut-être ont-ils été forcés de l'être après avoir été enfermés pendant de nombreux jours. Mais on ne comprend pas bien comment Degrelle a pu les voir s'ils étaient dans des wagons fermés. » (p. 94).

     

    Pour établir le racisme de Léon Degrelle, il fallait le persuader de mensonge : il n'a pas pu voir les mangeurs de chair humaine puisqu'ils étaient dans des wagons fermés ; donc il a inventé son récit pour les besoins de sa cause raciste ! Mais le menteur, c'est le prétendu prof d'unif qui ne cite pas complètement Léon Degrelle car cela invaliderait sa théorie woke comme on dit maintenant : le narrateur et ses compagnons ouvrent effectivement le wagon fermé !

     

    « Une nuit, des cris épouvantables nous réveillèrent. Nous stationnions dans une gare. Nous dégringolâmes, ouvrîmes les portes d'un wagon de prisonniers : des Asiates, voraces comme des murènes, se battaient en s'arrachant des morceaux de viande. Ces morceaux de viande, c'était de la viande humaine ! Le wagon se disputait les restes d'un Mongol mort qui avait été disséqué avec des lamelles de boîtes de conserve. » (p. 25).

     

    Mieux même, Léon Degrelle explique de la même façon que Rodríguez le cannibalisme des prisonniers par la faim extrême qui les tenaillait : « Nous apprîmes par la suite que les centaines de milliers d'hommes qu'on entassait de la sorte restaient parfois trois semaines debout, nourris quand il y avait de la nourriture à proximité des voies. Beaucoup de ces Asiates, amenés de leurs steppes sauvages, préféraient ronger une côte de Kalmouk ou de Tartare plutôt que de courir le risque de mourir de faim. » (p. 25).

     

    Mais admettre que Léon Degrelle ne fait que relater (certes avec le talent descriptif qu'on lui connaît) ce qu'il a vu et rien d'autre, ne permettrait pas aux « bons historiens » de criminaliser ceux qu'il faut désormais diaboliser de manière absolue.

     

     

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    Il n'y a pas que les prisonniers russes qui mouraient de faim. Les Bourguignons étaient logés à pareille enseigne. Ici, le cadavre d'un cheval grossièrement dépecé dans la campagne de Derenkowez, avant la percée de Tcherkassy.

    Les « charognes écœurantes [des chevaux] furent bientôt l'essentiel de notre nourriture. De nos bases de ravitaillement plus rien n'arrivait [...]. Pendant une semaine, nous vécûmes en mastiquant des morceaux de viande limoneuse que nous allions tailler avec nos couteaux dans les fesses étiques des juments crevées. Nous hachions comme nous le pouvions ces chairs innommables et les avalions crues et sans sel. »

    Léon Degrelle, La Campagne de Russie, p. 184.

     

     

    Aussi, toujours à la suite de Littell, pour le convaincre d'antisémitisme, Rodríguez va-t-il incriminer ce que Léon Degrelle ne dit pas et trouver dans ce non-dit la preuve du mal, et dans ce qui est dit, un mensonge dissimulant le mal : « il est évident que Degrelle passe sous silence beaucoup de choses qu'il dut voir et entendre. [...] En lisant La Campagne de Russie, on est surpris par l'absence quasi absolue des slaves et des juifs. Nous n'avons trouvé qu'une seule référence à un juif, péjorative, étrange et certainement inventée : dans la région du Caucase, il rencontra des tas de cadavres ennemis empilés en état de putréfaction ; un jour, il s'approcha pour photographier la scène macabre et il lui sembla qu'un des corps bougeait. » (p. 95)

     

    C'était un « meneur bolcheviste » juif, qui s'était caché « dans ce pourrissoir depuis la veille et avait laissé les larves le recouvrir ». On trouva sur lui un testament déclarant que « juif, il était décidé à tout pour venger les juifs ». Et Léon Degrelle d'ajouter cette conclusion : « La passion des hommes n'a pas de limites... » (p. 172).

     

    A nouveau, pour Rodríguez, ce récit ne peut qu'avoir été inventé par Léon Degrelle pour le seul besoin d'exprimer son antisémitisme. Mais alors pourquoi ce cas est-il unique dans les mémoires de guerre de Léon Degrelle ? Pourquoi donc, plus simplement, ce récit ne rapporterait-il pas –comme partout ailleurs dans le livre– une expérience vécue par l'auteur ? Et pourquoi Rodríguez, pour établir son fantasme, doit-il à nouveau amputer sa citation d'éléments essentiels et inventer (contrairement à Léon Degrelle) ce qui n'existe pas : « Il est quand même étrange –une preuve de son mépris de cette matière ?– que l'auteur demande au lecteur du livre pourquoi ce combattant voudrait venger les juifs » (p. 95). Rien n'est étrange, car tout est dans le texte : le « combattant » veut venger les juifs car il est lui-même juif. Et Léon Degrelle n'interroge pas le lecteur : face à ce fanatisme, il constate que « La passion des hommes n'a pas de limites ». Remarquons surtout que l'auteur ne restreint pas son propos aux seuls juifs : il dit bien « La passion des hommes ». On repassera donc pour l'antisémitisme...

     

    D'où vient aussi cette conviction que ne pas parler de juifs dans ses souvenirs du front de l'Est trahit un évident antisémitisme ? Dans ses souvenirs de combats (Paul Terlin, La Neige et le Sang), Henri Moreau, grand blessé de guerre, amputé des deux avant-bras, ne parle également jamais des juifs avec qui il n'eut jamais affaire. De même que les autres Bourguignons qui ont laissé des mémoires, tels Henri Philippet (Et mets ta robe de bal) ou Fernand Kaisergruber (F.K. Gruber, Nous n'irons pas à Touapse, ce blog au 30 juin 2021 ; ce dernier parlera néanmoins d'un seul juif : un légionnaire wallon, « J.. Marber », ce blog au 20 mars 2020), ou le Français Guy Sajer (Le Soldat oublié ; ce blog au 10 mai 2023) Il est vrai que Littell soupçonne là un vaste et noir complot : « Il y a à ce mutisme de solides raisons tactiques : après Nuremberg, il n'est plus de bon ton de parler des Juifs, cela peut même être dangereux, en tout cas cela ne peut que nuire à la Cause » (Le sec et l'humide, p. 87)...

     

     

    J. Marber 1.jpeg      J. Marber 2.jpeg

     

    Ce Légionnaire wallon soigné par un infirmier pour une blessure au pied lors des entraînements du second contingent de Volontaires (10 mars 1942) serait peut-être « un volontaire d'origine juive du nom de Marber ». Théo Verlaine (La Légion Wallonie en photos et documents, p. 103) a mis au conditionnel cette identification proposée déjà par Jean Mabire et Eric Lefèvre (Légion Wallonie, 1941-1945, p. 48). À raison, car Fernand Kaisergruber (ce blog, entre autres, au 29 mars 2018) lui a signalé l'erreur, reconnaissant formellement un des frères Marlair, légionnaires originaires de Saint-Servais (Namur), et dont les prénoms commencent également tous deux par un J (Jean et Joseph), d'où peut-être la confusion des noms, presque homophones, et prénoms.

    « En ce qui me concerne, je considère ce passage à la Waffen SS comme une promotion, et non des moindres ! Dans les heures qui viennent, toute la Légion passe un examen médical, et bien des cœurs battent plus vite, de crainte de se voir refuser l'entrée dans cette nouvelle famille qui nous fascine. Pendant cette visite, j'entends tout à coup : Sie da ! Kommen Sie mal her ! (Vous là, venez un peu ici !). Je me retourne et je constate que c'est notre camarade J. Marber qu'on interpelle. Quand Marber se trouve à trois pas de l'officier, celui-ci empoigne un instrument servant à mesurer l'angle facial et se rapproche de lui. J'ai compris ! Notre camarade Marber est juif, je le sais, on le sait ; il ne s'en est pas caché, mais cela n'a jamais posé de problèmes entre nous. Il n'en va plus de même aujourd'hui, semble-t-il. Du moins, je le suppose. L'angle facial mesuré, je devine plutôt que je n'entends l'officier poser la question à notre camarade : Jude ? Et de même, Marber lui répond : Ja ! Marber a été interpellé de la même manière que l'aurait été n'importe lequel d'entre nous, ni plus, ni moins courtoisement, et c'est tout aussi courtoisement qu'il a été démobilisé. Il est rentré en Belgique le surlendemain et n'a jamais été inquiété ensuite. » (F.K. Gruber, Nous n'irons pas à Touapse, p. 141).

     

     

    C'est que Littell fait effectivement de l'absence du juif dans le récit degrellien une preuve de culpabilité : « De [l'Holocauste], pas un mot dans le texte de Degrelle. Ce n'est pas nié ; c'est comme si ça n'avait pas existé. Pourtant, ça a bien existé ; et impossible, à l'Est, de ne pas l'avoir ouï dire, commenté, si ce n'est vu. » (p. 89).

     

    Nous signalerons, pour clore le sujet, l'existence d'un article d'une bonne vingtaine de pages de Rodríguez qui se pense spécialiste de l'antisémitisme de Léon Degrelle parce qu'il pastiche le soi-disant spécialiste de son écriture : Léon Degrelle, Du silence à la négation de l'Holocauste (revue Thémata, janvier 2022). Particulièrement déjanté, ce texte prétend se servir de Léon Degrelle pour établir que le révisionnisme contribuerait à « justifier la violence des néo-nazis » et que son existence même constitue « une forme de violence à l'encontre des victimes du Troisième Reich ».

     

    Il faut tout de même souligner que Jonathan Littell reconnaît, à propos de Léon Degrelle, l'évidence : « il est vrai qu'il n'a jamais participé directement à l'extermination des Juifs, et qu'avant la guerre l'antisémitisme ne faisait pas partie de son répertoire politique. » (p. 89).

     

     

    « Ce n'était pas l'avion de Speer » : le scoop qui fait plouf !

     

    Mais Rodríguez ne fait pas que broder sur les ragots ou fabuler sur le vide, Docteur en Histoire, il est capable de découvrir les erreurs historiques et de rectifier les fausses informations. C'est ainsi qu'il va nous asséner un scoop de taille : contrairement à ce qu'a prétendu Léon Degrelle (La Campagne de Russie, 1949 ; Duchesse de Valence, Degrelle m'a dit, 1961), il n'a jamais atteint les côtes espagnoles à bord du Heinkel 111 d'Albert Speer !

     

    « Terboven [commissaire du Reich pour la Norvège] aurait ajouté, selon la version degrellienne, qu'un avion privé, celui du ministre de l'Armement Albert Speer, se trouvait sur l'aérodrome militaire. [...] Speer raconte dans ses mémoires qu'à aucun moment il n'a quitté l'Allemagne ; il serait donc absurde que l'avion qui lui était attribué pour sa fonction se trouve à Oslo. » (p. 55).

     

    Et Rodríguez de nous détailler la « vraie » histoire des moyens de déplacements aériens de l'architecte préféré d'Adolf Hitler : « Speer rendait souvent visite à sa femme et à ses enfants [à Kappeln, sur les rives de la mer Baltique], utilisant pour ce faire un avion piloté par un ami, l'as de l'aviation Werner Baumbach. [...] Speer raconte aussi qu'avec Baumbach, il avait imaginé un plan d'évasion. Un hydravion quadrimoteur à grande autonomie –qui, du nord de la Norvège, avait approvisionné pendant la guerre une base météorologique allemande dans une baie isolée du Groenland– les conduirait là-bas avec quelques amis ; ils disposaient déjà en cet endroit des ressources nécessaires pour rester cachés pendant les premiers mois de l'occupation de l'Allemagne. Mais ils ont finalement abandonné ce projet jugé absurde. » (pp. 55-57).

     

    En résumé, Speer aurait eu à sa disposition un petit avion utilisé pour visiter sa famille et un gros hydravion, non utilisé, pour sa fuite. Que serait donc alors venu faire là son Heinkel (et pourquoi nous demanderons-nous aussi ne fait-il pas partie de la flotte aérienne de Speer décrite par Rodríguez ?) ? Se rendant compte de l'incohérence de son récit, Léon Degrelle, selon Rodríguez, l'aurait alors rectifié : « Des années plus tard, Degrelle corrigea la version concernant l'avion qu'il avait reçu à Oslo ou en un autre endroit (avec un avion abandonné sur le champ de bataille, nous nous élançâmes dans le ciel, mes six compagnons et moi, en réalité cinq) » (p. 57).

     

     

    Historia Militar LD Ciordia.jpeg

     

    L'incroyable équipée degrellienne de la dernière chance, atteignant in extremis la frontière espagnole après une odyssée aérienne de plus de 2300 kilomètres et sauvant son équipage au prix d'un crash qui eût pu être mortel, n'a pas manqué de susciter l'intérêt de spécialistes d'histoire militaire et d'aéronautique. Il en est qui se posèrent la question de la présence du Heinkel de Speer à Oslo. Tel Jean-Louis Roba : « que faisait l'appareil de Speer en Norvège alors que son légitime propriétaire se trouvait à ce moment à Flensburg (dans le Schleswig-Holstein) comme membre du gouvernement de l'Admiral Karl Dönitz ? » (Histoire de Guerre, avril 2000, p. 13). Juan Arráez Cerdá fait de même, qui traduit en grande partie l'article de J.-L. Roba, mais sans jamais le citer ! « Que diable faisait l'avion de Speer à Oslo alors que ce dernier se trouvait à ce moment à Fesburg [sic], (Schleswing [sic]-Holstein) faisant partie du nouveau gouvernement allemand de l'amiral Karl Doenitz ? » (Revista española de Historia Militar, octobre 2004, Léon Degrelle : le vol vers la liberté, p. 164 ; le principal intérêt de cet article réside dans la pleine page 167 réservée au beau portrait, par l'excellent dessinateur de presse espagnol Ciordia, de Léon Degrelle en fond de tableau du Heinkel 111 atteignant la baie de La Concha à San Sebastián ; il fait d'ailleurs aussi la couverture du magazine). Peut-être cet article espagnol est-il à l'origine du « scoop » de Rodríguez (qui n'en fait cependant jamais état) ? 

     

     

    Ainsi donc Léon Degrelle aurait modifié sa version fictive de l'avion de Speer ? Oui, nous dit Rodríguez en voulant nous faire croire qu'il en apporte la preuve : « La version corrigée par Degrelle sur le bimoteur avec lequel il vola, qui ne serait pas celui du ministre Speer, se trouve dans l'interview de Marino Gómez Santos, L'aventure humaine de Léon Degrelle, “Nous sommes vraiment entrés en politique comme des apôtres, ABC, 11.10.1969 » (p. 366).

     

    Il faut tout de même bien constater, à nouveau, que ce n'est pas vrai et que dans cette interview, on ne trouvera nulle part mention de ce que « le bimoteur [...] ne serait pas celui du ministre Speer », pas plus qu'il aurait été la propriété de qui que ce soit d'autre. On ne peut donc pas parler de « correction » ; éventuellement, tout au plus, d'une « omission » ou plutôt d'une absence de précision, mais dont on ne peut rien conclure de significatif.

     

    Et pourquoi monter en épingle ce seul mini-détail de l'interview (et celui du nombre erroné de passagers : six au lieu de cinq) et lui accorder un crédit qu'il n'a pas ? Et pourquoi n'en attacher aucun au fait que le journal précise, par exemple au mépris de toute vraisemblance, un lieu de résidence fantaisiste du « fondateur du rexisme [...] passé par Madrid avec un billet aller-retour [...]. Il n'y a que quelques mois que nous avons appris qu'il vivait au Brésil, par quelques grands reportages publiés dans une revue de São Paulo »...

     

    Pour que tienne la route cette thèse de la correction par Léon Degrelle de son affabulation de 1949 (La Campagne de Russie, p. 494), répétée en 1961 (Duchesse de Valence, Degrelle m'a dit, p. 20), il faudrait qu'il s'y tienne à partir de cette publication dans le magazine ABC de 1969. Or nous sommes bien loin du compte puisque le fugitif d'Oslo maintint la « version Speer » dans ses Interviews recueillies pour la télévision française par Jean-Michel Charlier en 1976 (rassemblées dans le livre Léon Degrelle : persiste et signe, en 1985) : « Vers minuit [le 7 mai 1945], sur un avion abandonné avec son équipage par le ministre Speer, j'ai décollé d'un champ d'aviation de fortune sans éclairage, sans balisage, avec de l'essence pour 2150 km. Il y a 2300 km jusqu'à l'Espagne, que j'espérais atteindre. » (p. 366).

     

    Plus encore, Léon Degrelle donne de précieux détails explicatifs sur l'avion de l'architecte de la Chancellerie de Berlin stationné à Oslo dans une interview de 1979 : « Le ministre Speer avait prêté son avion particulier [précision importante : voir ci-après] à Terboven, un Heinkel bimoteur qui resta en Norvège avec la capitulation. » (Playboy España, avril 1979, p. 46 ; détail piquant : le même magazine réservé aux adultes publie quelques pages plus loin une longue interview tout aussi exclusive... d'Albert Speer se présentant comme un « ex-leader nazi repenti » ! voir en fin d'article).

     

    Mieux, puisque Rodríguez aime citer le quotidien madrilène ABC, mettons-lui sous le nez l'édition du 14 décembre 1982 présentant une nouvelle interview, où si l'on suit la logique du soi-disant historien Léon Degrelle recorrige la correction de 1969 : « Avec quatre officiers [cette fois, une personne de moins, au lieu d'une en trop !], il s'empara de l'avion du ministre de la Guerre, Speer, et effectua un vol nocturne et héroïque qui s'acheva sur le sable même de la plage de la Concha, à San Sebastián, quand l'appareil, un Heinkel bimoteur, se retrouva sans combustible. Nous volions sans lumières fuyant le feu antiaérien des Français. Quand nous avons aperçu Irún, à seulement quelques minutes de vol, nous avons vu la mort de près. » (Ismael Fuente Lafuente, « Léon Degrelle, la dernière relique du nazisme, écrit ses mémoires à Madrid », in ABC, 14 décembre 1982).

     

     

     

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    Emblème de la Fliegerstaffel des Führers : une tête d'aigle « cartoonisée ». A droite, l'insigne est apposé sur un Focke-Wulf Fw 200, avion de transport civil, militarisé pour le transport de troupes. Quelques-uns de ces appareils intégrèrent effectivement l'Escadrille du Führer pour les déplacements des membres de l’État-Major et de son Chef.

     

     

     

    Voici donc la véritable histoire du Heinkel 111H-23 portant le code TQ + MU mis à la disposition d'Albert Speer en tant que ministre de l'Armement.

     

    L'avion, tout comme l'équipage dirigé par le pilote Albert Duhinger, n'appartenaient pas à la Luftwaffe (détail qui a son importance : voir ci-après), mais à la Fliegerstaffel des Führers, l'escadrille du Führer, composée d'appareils réservés à son usage personnel ou celui des hauts dignitaires du régime dont, bien évidemment, Speer.

     

     

     

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    Comme tous les appareils de l'escadrille Fliegerstaffel des Führers, le Heinkel 111 du ministre Speer affichait sur son nez l'emblème spécial de l'unité : une tête d'aigle noir (au bec rouge ou noir) dans un cercle blanc bordé de noir : on le distingue encore sur les photos des débris de l'avion entreposés dans les ateliers de l'aérodrome militaire de Logroño.

     

    Heinkel Logrono 2.jpeg

     

     

     

    L'avion se trouvait à Oslo car, ainsi que Léon Degrelle l'explique en avril 1979 (Playboy España), « Le ministre Speer avait prêté son avion particulier à Terboven, un Heinkel bimoteur » à long rayon d'action. Ses réservoirs pleins pouvaient lui assurer une autonomie maximum de 2150 kilomètres, précise l'interlocuteur de J.-M. Charlier en 1976. Et pourquoi cet appareil était-il à Oslo ? Mais très certainement afin de permettre au Commissaire du Reich pour la Norvège –démis de ses fonctions par le nouveau Président du Reich Karl Dönitz– d'assurer son évacuation. Éventuellement vers l'Alpenfestung, la « Forteresse des Alpes », en Bavière, distante de quelque 1750 kilomètres ? « [Speer] l'avait préalablement mis à la disposition du commissaire du IIIe Reich allemand en Norvège, Josef Terboven, et l'avait autorisé à s'en servir. » (José Luis Jerez Riesco, Degrelle en el exilio, p. 13).

     

    Mais Josef Terboven qui avait résolu de mourir sur place plutôt que de quitter son poste, saisit alors l'occasion d'offrir à Léon Degrelle l'appareil mis à son service qui était seul capable de traverser toute l'Europe, avec un équipage qui n'attendait que des ordres pour effectuer sa mission : « Le Dr Terboven m'accueillit en compagnie de son ami le général Reedis. Ils étaient magnifiquement calmes. Pourtant on allait les retrouver tous les deux, le lendemain matin, exsangues, un revolver dans leur main glacée, n'ayant voulu ni l'un ni l'autre remettre la Norvège aux vainqueurs. [...] Le Dr Terboven me dit alors d'une voix grave :

    J'ai demandé à la Suède de vous donner asile. Elle a refusé. Un sous-marin eût pu, peut-être, vous emmener jusqu'au Japon. Mais la capitulation est absolue : les sous-marins ne peuvent plus partir. Il reste ici, en bas de la montagne, à l'aérodrome, un avion privé. C'est l'appareil du ministre Speer. Voulez-vous risquer votre chance, tenter, cette nuit encore, de gagner l'Espagne ? » (La Campagne de Russie, p. 495).

     

    La précision « avion particulier », « avion privé » est importante : échappant à la Luftwaffe, l'appareil n'était pas concerné par les termes de la capitulation. Il est vrai que ce détail ne pouvait avoir de valeur que pour des bureaucrates attachés à la lettre des règlements : pour les contrôleurs aériens, l'avion pouvait encore voler dans l'espace aérien norvégien, mais hors des frontières ou non, le Heinkel n'était qu'un avion ennemi à abattre pour les vainqueurs de l'Allemagne, avant ou après que la capitulation fut effective.

     

    On connaît la suite. Mais pour achever de ruiner la fable grotesque de l'avion-qui-n'était-pas-celui-de-Speer présentée comme vérité biblique par l'historien aux scoops de pétard mouillé, nous observerons que la réalité du Heinkel de fonction du ministre de l'Armement ne fut jamais remise en question par les seuls qui n'auraient pas manqué de le faire : les premiers intéressés !

     

     

     

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    Le pilote Albert Duhinger. Il est possible que ce pilote (qui malgré son âge d'un peu plus de 30 ans n'était qu'Oberfeldwebel, c'est-à-dire sergent-chef) n'ait pas fait partie de l'équipage d'origine du Heinkel 111 d'Albert Speer. Dans ses interviews qu'il publia en 1971, le journaliste Wim Dannau (spécialiste, dans les années 1960, de l'aéronautique pour les hebdos d'ados Spirou et Tintin, il n'hésita pas à escroquer de nombreuses archives de son hôte pour ses éditions lucratives) fait dire à Léon Degrelle dans un français approximatif : « C'est alors que nous sommes tombés sur l'avion de Speer. [...] J'ai cherché dans tous les environs où on pouvait trouver des navigateurs. J'ai repéré un immense type qui s'appelait Albert, qui avait été à Bruxelles à la Luftwaffe et est tellement Bruxellois qu'il était tombé amoureux d'une Bruxelloise. Il avait eu une histoire effroyable et avait été cassé de son grade –pas pour des raisons amoureuses qu'il avait été dégradé– mais en fait, il avait été dégradé pour être trop amoureux. Et Albert, qui est devenu par la suite, Alberto en Espagne, est maintenant un grand pilote en Argentine ! » (Degrelle. Face à face avec le rexisme, p. 99). Concernant l'interdiction de vol consécutive à la capitulation de l'Allemagne, Duhinger a précisé à Georges Gilsoul qu'il affirma à la tour de contrôle devoir conduire son appareil à Trondheim, plus au nord de la Norvège (Gil raconte, décembre 1975). Ce que confirme Léon Degrelle : « Théoriquement, l'équipage conduisait à Trondhjem [ancienne graphie norvégienne] le Heinkel du ministre Speer. Le commandant du champ lui-même ignorerait la destination réelle du bimoteur et la présence de deux passagers clandestins. [...] Toutefois, la capitulation n'entrerait officiellement en vigueur que le lendemain, 8 mai 1945. » (La Campagne de Russie, pp. 494-495).

     

     

    Les membres de l'équipage tout d'abord : ils eurent certainement l'obligation de préciser, lors de leurs interrogatoires, l'origine de l'avion qu'ils devaient piloter, mais il ne fut jamais question en Espagne que de l'appareil d'Albert Speer. De plus, l'infatigable globe-trotter Georges Gilsoul (ce blog au 1er septembre 2024) connut très bien Albert Duhinger, devenu pilote de ligne en Argentine : « Oui, dans la nuit du 7 au 8 août 1945, mon ami le pilote Alberto Duringen [sic], que j'ai bien connu à Buenos Aires entre 1948 et 1974, l'a promené dans l'Heinkel d'Albert Speer, d'Oslo à Saint-Sébastien » (Gil raconte, 20 novembre 1989). Imagine-t-on que si l'avion n'avait pas été celui de Speer, cela n'aurait jamais été mentionné à l'un ou l'autre moment des conversations entre Duhinger/Duringen et son ami réfugié ?

     

    Mieux encore : imagine-t-on qu'Albert Speer lui-même, –qui était loin de porter Léon Degrelle dans son cœur–, n'aurait pas profité de l'occasion de ses multiples publications, conférences et interviews pour moucher celui qui, non seulement se servait de son nom et de son prétendu avion pour donner plus de sel au récit de son évasion, mais se permettait en plus de lui donner des leçons d'honneur et de fidélité ? « Le plus piaffant [des ministres du Reich] était Speer, ministre des Armements, qui retourna complètement sa casaque une fois la guerre perdue, mais qui a été le tout dernier ministre allemand que je vis porteur de l'uniforme brun du Parti et du brassard nazi, le 2 mai 1945, alors que Hitler était déjà mort depuis trois jours. Il éprouva quelque humeur, quand, par la suite, je lui rappelai plutôt sarcastiquement le pavoisement vestimentaire qu'il arborait quand nous nous étions rencontrés, ce jour-là, en pleine apocalypse, près de Flensburg. » (Persiste et signe, p. 337).

     

    Dans La Campagne de Russie, Léon Degrelle avait plaisamment décrit l'agitation du ministre Speer et de son entourage, immobilisés comme lui dans les épouvantables embouteillages bombardés par l'aviation anglaise : « Les centaines de camions en feu bloquaient tout. Le ministre Speer, son auto coincée dans le tohu-bohu, essayait lui-même de dégager la voie. Il était entouré des membres de l'état-major de l'Organisation Todt, vêtus d'éblouissants uniformes couleur pistache et caca d'oie. Ces honnêtes carêmes-prenants faisaient le plus drôle d'effet dans ce tumulte. » (p. 478).

     

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    Nous ne possédons malheureusement que la réponse que le ministre repenti lui envoya le 28 juin 1979 mais, à en juger par son contenu, Léon Degrelle devait l'avoir invité chez lui et sans doute s'était-il rappelé à son bon souvenir en évoquant peut-être leur rencontre dont question ci-dessus, ou plus sûrement l'anecdote du vol à bord de son Heinkel 111 qui l'impliquait, certes indirectement, dans le sauvetage du condamné à mort belge.

     

    Pourtant, Albert Speer ne profita pas de sa réponse pour l'enjoindre de cesser de répandre l'information concernant « son » avion si elle était effectivement fausse : il se contenta de rejeter avec une politesse glacée son invitation. Il avait prétendument trop de travail et puis, qu'auraient-ils eu à se dire puisqu'ils n'étaient en rien d'accord sur « les événements de l'époque »...

     

     

     

    Speer à LD 1979.06.29.png

     

    Le 28 juin 1979, Albert Speer répond par une fin de non-recevoir à une lettre-invitation que Léon Degrelle lui avait adressée à la suite de la publication conjointe de leurs interviews par Playboy en avril 1979. Ce courrier fait aujourd'hui partie des collections du Cercle du Collectionneur : la lettre est froide mais se veut polie (formule de salutation en français) et même compatissante (« la haine qui vous poursuit »). Cette fausse courtoisie culmine avec la photo (nullement dédiée à Léon Degrelle puisque signée six ans plus tôt, le 8 novembre 1973) jointe dans l'enveloppe trop petite pour la contenir sans la plier en deux...

     

    Traduction :

     

    « Albert Speer

    Heidelberg, 28.06.79

     

    Cher Monsieur Degrelle [en français dans le texte],

     

    Votre lettre m’a surpris, car je ne m'y attendais pas. A l'occasion de mes lectures, j'ai pu en apprendre davantage sur votre destinée. Y compris sur la haine qui vous poursuit.

     

    Vous avez certainement lu dans mon livre mon point de vue sur les événements de l'époque ainsi que sur le procès de Nuremberg. Mon point de vue n’a pas beaucoup changé.

     

    Je pense que nous ne sommes pas d’accord sur ce point. Mais je respecte aussi votre point de vue, tout comme, ainsi que je crois le comprendre à travers vos lignes, vous respectez le mien.

     

    Il est peu probable que je vienne en Espagne. Je travaille sans relâche et je viens d'écrire un livre sur mon architecture, publié par les éditions Propyläen Verlag  écrire un livre », c'est beaucoup dire : dans le bouquin en question, Albert Speer. Architektur, Arbeiten 1933-1942 (1978), Albert Speer s'est contenté de signer un préambule de deux pages, l'ouvrage proprement dit de quelque 180 pages richement illustrées étant en fait constitué de contributions de Karl Arndt, Georg Friedrich Koch et Lars Olof Larsson].

     

    Avec mes sentiments cordiaux,

     

    Votre

    [signé Albert Speer] »

     

     

     

    À suivre

     

     

     

  • Cercle des Amis de Léon Degrelle

     

     

    38e Correspondance privée – Avril 2023

     

    C’est avec un infini plaisir qu’après une longue interruption qui nous faisait craindre le pire, nous avons reçu la dernière publication du Cercle des Amis de Léon Degrelle (notre dernière recension du courrier du Cercle remonte en effet au 13 octobre 2021 !).

    Et de fait, ce long silence traduisait bien les ennuis occasionnés par les démocrates champions de la liberté d’expression à sens unique. Mais il vaut mieux, chers Lecteurs, que vous preniez connaissance par vous-mêmes des explications des responsables de ce Cercle aux objectifs pourtant bien circonscrits. Documenter l’actualité degrellienne de la manière la plus scrupuleuse et exhaustive possible : c’est apparemment encore bien trop…

    Cercle Amis 38 p. 2.jpeg

    Nous ne pouvons que remercier chaleureusement nos Amis degrelliens de France pour leur inébranlable attachement à l’idéal solaire de l’auteur de Révolution des âmes : c’est un magnifique exemple de courage, d’abnégation et de persévérance qu’ils nous donnent, se montrant on ne peut plus dignes de la devise portée sur leur boucle de ceinturon par les Bourguignons de la Sturmbrigade Wallonien et leur Commandeur Léon Degrelle : « Mon Honneur s’appelle Fidélité » !



    Guy Sajer, alias Dimitri

     

    Ce n’est donc sûrement pas gratuitement si la première page de couverture s’orne de cette belle photo de Léon Degrelle, dédicacée, fin 1989, à « Guy Sajer, l’inoubliable poète de notre épopée en U.R.S.S. »

    Cette photo fut prise par notre Camarade Jacques de Schutter, photographe officiel de Léon Degrelle, dans son appartement de Madrid, au dernier étage de l’immeuble situé, à l’époque, rue García Morato, du nom de cet as de l’aviation nationaliste pendant la Guerre civile, comptant plus d’une cinquantaine de victoires –homologuées et présumées– dans ses duels aériens : après la mort de Franco et la damnatio memoriae –aujourd’hui, on dit « wokisme »– qui a frappé le souvenir de son époque, la rue s’est à nouveau appelée Calle Santa Engracia. Léon Degrelle se trouve à la fenêtre de son bureau donnant sur la vaste terrasse fleurie orientée à l’ouest, vers l’Escorial et le Valle de los Caídos : par temps clair, il avait le plaisir d’en contempler les montagnes de la Sierra de Guadarrama.

    Nous disions que le choix de cette photo par nos Amis du Cercle n’est sans doute pas dû au hasard, car, pour les jeunes d’aujourd’hui qui l’ignoreraient encore, Guy Sajer est l’auteur du livre Le Soldat oublié, l’un des récits les plus puissants sur la Seconde Guerre mondiale par l’expression naturelle de la foi du soldat en la justesse de son combat mais aussi par son évocation de l’horreur de la guerre et la peinture des souffrances, des émotions, des amitiés qu’il connaîtra sur le front et qui le marqueront à jamais.

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    Car c’est son histoire que Guy Sajer (le nom de sa mère) a racontée, celle d’un Alsacien, –pas tellement « malgré nous »–, engagé à 16 ans dans la prestigieuse division blindée Grossdeutschland, de la Wehrmacht, aux combats de laquelle il participera jusqu’à l’anéantissement du Reich. Après la guerre, Guy Mouminoux (le nom de son père) deviendra l’un des principaux auteurs de l’école franco-belge de bande dessinée, travaillant notamment pour les célèbres hebdomadaires Spirou et Pilote (dont il se fera éjecter à cause du Soldat oublié). Il  rejoindra alors Tintin (Hergé vient d'y publier Vol 714 pour Sydney, mais c'est Greg, –le créateur d'Achille Talon– alors rédacteur en chef du « Journal des jeunes de 7 à 77 ans », qu'il rencontre et qui l'engage) et même B.D. Magazine (dans le sillage de Charlie Hebdo dont le fondateur, le « Professeur Choron », un ancien d'Indochine, se prend d'affection pour lui, tout comme le rédac' chef, Cavanna). C’est sous le nom de Dimitri qu’il y entreprend sa meilleure série à succès Le Goulag (une vingtaine d’albums publiés chez différents éditeurs) et qu'il met en chantier ces chefs-d’œuvre de justesse et de réalisme dans la narration que sont les poignants récits de guerre Kaleunt et Raspoutitsa (Albin Michel).

    Le choix de cette photo dédicacée est d’autant plus approprié que dans une interview publiée en 2012 dans Guerres & Histoire, Guy Sajer livrait, avec sa franche simplicité, une expérience tout à fait semblable à celle que rapportait tout à l’heure l’éditorialiste du Cercle.

    A la question de savoir s’il avait gardé le contact avec un ancien de la Grossdeutschland qu’il met en scène dans Le Soldat oublié, Dieter Halls, l’auteur répondit : « Il est devenu citoyen américain après guerre. Nous sommes allés le voir avec mon épouse il y a une dizaine d’années à New York. Ça ne s’est pas très bien passé d’ailleurs. Il m’a un peu choqué : il avait tout renié. Nous étions devenus à ses yeux une bande de forbans qui avait massacré l’Europe. N’importe quoi ! La guerre, on nous l’a imposée. Il était devenu un autre type pour moi. Un Américain. Alors je n’ai pas cherché à le revoir. Moi, je ne crache pas sur les Allemands. »

     

    Raspoutitsa.jpeg

    Mise en images par Dimitri dans Raspoutitsa, c’est la séquence finale, de la tragédie vécue par Steinbek, un soldat allemand, au Front de l’Est et dans les goulags soviétiques. Ne jamais rien renier (ce qui n’empêche de toujours se faire couillonner)...

     

    Quant à son avis sur le Reich, on sent que ça dérange l’interviewer qui lui assène un « Hitler  ! » comme une objection irrécusable, mais Guy Sajer ne renie rien et retrouve les accents enthousiastes de sa jeunesse :

    « J’étais béat d’admiration devant l’Allemagne, je dois reconnaître. Tout était si impeccable, si organisé… J’étais conquis par ce pays. C’était une histoire d’amour. C’est un pays qui a une telle force. Regardez ce qui se passe encore aujourd’hui : c’est eux qui vont relever l’Europe ! Même dans la débandade finale, ils restaient organisés. Ils ont aussi leur lot de connerie, bien sûr.

    Mais Hitler, ça vous disait quelque chose quand même !
    Je l’ai vu une fois, à Chemnitz. Comme d’ici, la place ! Un petit bonhomme en casquette qui marchait très vite, qui saluait.

    Aviez-vous une affection particulière pour lui ?
    À nos yeux, il était le bienfaiteur de l’Allemagne. Il a totalement remonté le pays. Moi, j’étais rassuré par son régime. Je venais d’une France qui vivait dans un bordel invraisemblable. L’Allemagne était carrée, tout était précis, on savait ce qu’on avait à faire. Je n’étais pas maltraité. Il me semblait qu’avec l’Allemagne, j’avais retrouvé des parents qui géraient. On a chargé Hitler de tous les maux ! Absurde. C’était un sentimental. Arno Breker, le sculpteur intime d’Hitler, m’a raconté après guerre qu’il était un rêveur, un poète, un type extraordinaire. Je le crois toujours. »

     

    On croirait entendre Léon Degrelle…

     

     

    Degrelliana

     

     

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    Comme à son habitude, la Corrrespondance privée du Cercle passe en revue l’actualité à travers le prisme degrellien, sans oublier les livres, magazines et sites internet pouvant intéresser tout passionné de Léon Degrelle.

    C’est ainsi qu’au moment où se déroulent encore maintenant des procès de terroristes islamistes, on relira avec intérêt les observations sur les origines du terrorisme formulées dès après la guerre par Léon Degrelle dans son livre De Rex à Hitler publié bien après sa disparition (Editions de l’Homme Libre, 2015, 30 euros).

    De même, la dérive de skinheads américains échouant leur vie Dans l’Enfer carcéral américain (Rémi Tremblay, éd. Dualpha, 23 euros), après avoir désastreusement identifié la « défense de la race blanche » avec la violence urbaine et le meurtre, faute d’avoir eu accès à une véritable vie spirituelle –la Révolution des âmes degrellienne–, préalable indispensable à toute régénération politique de la société…

     

    SS Ukraine.jpgAffiche de recrutement pour la Waffen SS ukrainienne.

     

    L’interview de Fédor Kazan, qui appartenait à la division de la Waffen SS ukrainienne Galicie, est également riche d’enseignements sur la véritable politique nationale-socialiste en Ukraine, aussi bien au point de vue racial et social que religieux : mais cela ne saurait surprendre que ceux qui n’ont jamais lu les récits de Léon Degrelle.

    Il est impossible d’évoquer ici toutes les présentations des nombreuses publications que nous ne connaîtrions pas sans la lettre du Cercle.

    Ainsi de deux brochures éditées par le « Cercle François Duprat, organe de formation et de réflexion de la communauté militante nationaliste-révolutionnaire Lyon Populaire ». La première reprend le discours que Léon Degrelle prononça, le 5 mars 1944, au Palais de Chaillot Aux armes pour l’Europe. Il est complété par Appel aux jeunes européens, que publièrent les éditions Avalon en 1992. La seconde est la Lettre aux Français que Léon Degrelle, interdit de séjour en France, fit paraître dans le numéro spécial de Je suis partout consacré à Rex (« Qu’est-ce que Rex ? »), le 24 octobre 1936. En complément est jointe la Lettre au Pape [à propos d’Auschwitz], (Editions de l’Europe réelle, 1979 ; ce blog au 25 juillet 2020).

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    Pour commander ces brochures, il faut se rendre sur leurs comptes Instagram ou Facebook.

     

     

    René Baert : esthétique et éthique

    C’est la réédition d’une rare pépite des éditions nationales-socialistes belges de La Roue solaire que nous annonce également le Cercle. L’épreuve du feu, à la recherche d’une éthique fut publié en mars 1944 par René Baert, critique littéraire et artistique du Pays réel, aux éditions qu’il cofonda, un an plus tôt.

    A sa sortie, ce livre fut présenté élogieusement dans la presse d’Ordre Nouveau, notamment par Le Nouveau Journal dont Robert Poulet fut le rédacteur en chef : « C’est à [la révolution nationale et sociale] que se consacre René Baert dans son livre L’épreuve du feu, qui porte en sous-titre : à la recherche d’une éthique.

    Baert Epreuve Feu 2.png

    Il s’agit d’une suite de courts essais dont le lien et l’unité sont évidents. Livre un peu aride, sans doute, –mais la facilité n’est plus de mise en ces temps de fer, et puisque, justement, c’est contre l’esprit de facilité qu’il faut d’abord lutter. Livre d’utile mise au point. L’essentiel de notre combat sur le plan de la pensée et de l’éthique, se trouve condensé dans de brefs chapitres qui s’intitulent notamment : La mesure du monde, Liberté chérie, Apprendre à servir, Le salut est en soi, Mystique de l’action, L’homme totalitaire, Le sens révolutionnaire.

    On n’entreprendra pas ici de résumer un message qui se trouve déjà fortement condensé dans ces pages, et dont la signification essentielle tient peut-être dans ces quelques lignes :

    Le révolutionnaire est celui qui lutte pour que nous ne connaissions plus jamais un temps comme celui que nous avons connu avant cette guerre… Ah ! combien à ce temps exécrable préférons-nous celui que nous vivons aujourd’hui ! Ce n’est pas que nous soyons heureux d’avoir fait les frais d’une aventure qui ne nous concernait pas, ce n’est pas que nous bénissions l’épreuve qui nous condamne à étaler toutes nos misères aux yeux d’autrui, –mais ce qui nous enchante, c’est d’être entrés de plain-pied dans la lutte, c’est de participer dans la faible mesure de nos moyens au gigantesque travail de l’avènement de l’Europe… Le sens révolutionnaire de notre époque extraordinaire se traduit précisément dans l’immense besoin de quelques-uns de sauver leur patrie malgré elle… La tâche, plus que jamais, doit appartenir aux révolutionnaires. C’est toujours à la minorité combattante qu’appartient l’initiative de la lutte. Mais qu’on n’oublie pas que seuls pourront y participer ceux qui n’auront pas préféré leurs petites aises au risque qui fait l’homme.

    Cette tâche, elle est politique et sociale, mais elle est aussi spirituelle, éthique. Aussi bien est-ce à la recherche d’une éthique révolutionnaire que s’applique l’auteur de L’épreuve du feu. Il ne le fait pas sans se référer à de hauts maîtres, tels que Nietzsche ou, plus près de nous, l’Allemand Ernst Jünger (dont René Baert analyse lucidement l’œuvre et l’enseignement dans un chapitre intitulé Le travailleur), les Français Drieu la Rochelle ou Montherlant (entre lesquels il établit un remarquable parallèle). » (Le Nouveau Journal, 6 avril 1944).

    René Baert.pngRené Baert, réfugié en Allemagne en 1945 où il tentait de se préserver des générosités assassines de la « Libération », est arrêté et fusillé sans autre forme de procès par des militaires belges. On ne dispose que de peu d’éléments biographiques sur lui bien qu’il existe un site modeste qui lui est consacré (cliquez ici).

     

     

    L’épreuve du feu, de René Baert, est sorti aux éditions du Lore et est disponible à la Boutique Nationaliste du Cercle des Amis de Léon Degrelle (26 euros + 7,5 euros de frais de port).

     

     

     

     

    « Incivique ! » : une insulte qui justifie les spoliations à très bon marché…

    Le Cercle évoque aussi un article du Soir (14 mars 2023) intitulé Dans les petits papiers d’Edouard Degrelle qu’il cite d’ailleurs en entier. L’article explique que les Archives de l’administration des dommages aux biens privés sont désormais accessibles dans les dépôts provinciaux des Archives Générales du Royaume. Et c’est dans le dépôt d’Arlon (province de Luxembourg) qu’a été épinglé le dossier du Papa de Léon Degrelle : « Comme des centaines de milliers d’habitants de la province du [sic] Luxembourg, Edouard Degrelle, le père de Léon Degrelle, a déposé un dossier où il détaille par le menu les dégâts occasionnés à sa maison par la destruction des ponts de Bouillon en mai 1940 […] par l’armée française » (ce blog au 15 juin 2021). Le Soir est heureux de communiquer le résultat de cette demande légitime : « Edouard Degrelle ne touchera toutefois par un sou. […] Les inciviques n’ont pas droit aux dommages de guerre. »

     

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    Ce que Le Soir ne dit pas, c’est que les « inciviques » comme Edouard Degrelle sont de toute façon condamnés à la confiscation de tous leurs biens et à crever comme des rats en prison…

    Précisons que la maison paternelle de Bouillon fut rasée et remplacée par un bâtiment abritant… la « Justice de Paix » ! Aujourd’hui, cette maison –qui était devenue entretemps la bibliothèque communale– doit être rasée et l’ensemble des terrains qui appartenaient aux Degrelle (jusqu’à l’ancien couvent des Sépulcrines) est destiné à la construction pharaonique d’un hôtel de tout grand luxe (plus de dix millions d’euros d’investissement : ce blog au 14 janvier 2020) !...

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    L’entrée de la maison paternelle, rue du Collège à Bouillon, s’ornait de rosiers grimpants. Les immeubles voisins étaient loués, maisons bourgeoises à droite, modeste salon de coiffure à gauche. Après la guerre, l’ensemble des propriétés fut purement et simplement confisqué, la maison paternelle abattue (il fallait –damnatio memoriae oblige– anéantir tout souvenir de la famille maudite) et remplacée –ironie autant que provocation– par un bâtiment de la « Justice de Paix », l’emplacement du coiffeur devenant son parking…

    Le comble est que les propriétés saisies furent vendues aux enchères en 1952, prétendument « pour sortir d’indivision » ! Comme si les héritiers Degrelle ne pouvaient s’entendre sur la répartition des biens de leur famille ! Cette « vente publique définitive » concernait toutes les propriétés qu’Édouard Degrelle avait acquises autour de sa brasserie. Remarquons le neuvième et dernier lot, le « Bel immeuble à usage d’habitation et de commerce […] occupé actuellement par l’Administration des Postes », situé en face de la maison familiale, le long de la Semois (où se trouvait aussi la gare des trams vicinaux). Il avait été hypothéqué en 1933 par le Papa de Léon Degrelle afin de lui permettre d’éponger les dettes des éditions Rex.

    (Documentation ® Jacques de Schutter)

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    Anne (Degrelle) Lemay

     

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    Le Cercle renvoie à l’analyse critique que nous avons publiée sur ce blog (un dernier chapitre doit encore paraître), mais il fournit aussi un fort intéressant complément en renseignant le film de la conférence de presse de présentation de son livre par Anne entourée de ses filles, organisée par son éditeur le 29 septembre 2022. Pour y avoir accès, nos lecteurs hispanophones peuvent cliquer ici. Les autres pourront du moins découvrir sa faconde énergique face à un public –qui n’a sans doute pas (bien) lu son livre– conquis par le simple fait qu’elle est la fille de Léon Degrelle.

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    Cercle des Amis de Léon Degrelle, adhésion (26 ou 33 euros, selon que vous résidiez en France ou non) et renseignements sur les livres dont le Cercle assure la diffusion : www.boutique-des-nationalistes.com

    Adresse : Cercle des Amis de LD, BP 92733, 21027 Dijon Cedex, France. lesamisdeleon.degrelle@gmail.com