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arnaud de la croix

  • Quoi de neuf ? Léon Degrelle !

     

     

    Notre blog l'illustre à suffisance : Léon Degrelle fait l'actualité quasi en permanence. Deux gros volumes le concernant viennent encore de voir le jour.

     

    Rex ter zege !

     

    Le premier, écrit en néerlandais par Bruno Cheyns, est sorti à la fin de l'année dernière et s'attache à l'histoire de Rex en Flandre : Rex ter zege Rex vaincra, Léon Degrelle et Rex en Flandre, 1935-1945 »).

     

    Rex ter zege.jpeg

     

    Nous connaissons Bruno Cheyns pour sa biographie de Léon Degrelle, la première en néerlandais, Léon Degrelle, de Führer uit Bouillon  Léon Degrelle, le Führer qui venait de Bouillon », ce blog aux 10 décembre 2017 et 5 janvier 2018). Il s'attache cette fois à l'histoire de l'aile flamande du mouvement Rex.

     

    C'est par un article de l'hebdomadaire national-linguistique 't Pallieterke (ce blog, entre autres, au 23 février 2020) que nous avons eu connaissance de cette publication. En 2017, Bruno Cheyns nous avait invité à la présentation de son premier ouvrage, mais la réception (sans doute trop) critique que nous lui réservâmes nous a, cette fois, valu la punition d'être écarté des petits fours !

     

    Trève de plaisanteries (de plus, cette présentation se faisant en compagnie de la pythie imbuvable du Cegesoma Chantal Kesteloot –ce blog au 12 octobre 2023–, aucun regret donc !) : si la bibliographie concernant Léon Degrelle et son mouvement Rex en général est abondante, il n'existe par contre aucune étude particulière sur Rex-Vlaanderen. Et en cela, Bruno Cheyns fait certainement œuvre de pionnier.

     

    Lancement-Rex-ter-Zege.jpg

     

    Nous n'avons pas encore eu l'occasion de lire convenablement son volumineux ouvrage (quelque cinq cents pages !), mais nous épinglerons de son interview ces éléments quelque peu interpellants, en ce sens qu'ils illustrent l'éclairage biaisé qui, à nouveau, semble apporté à son étude.

     

    Selon l'hebdomadaire, l'auteur écrit dans son bouquin qu'aujourd'hui encore, on fait de la politique de « manière rexiste ». Et Bruno Cheyns de s'expliquer pour le Pallieterke.

     

    « Il est toujours tentant d'établir des parallèles, tellement il y en a. Mais nous devons être très prudents. Nous ne pouvons, par exemple, pas vraiment comparer la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis à l'émergence du rexisme ou du communisme [sic !] dans les années 1930. Et pourtant, nous constatons toujours le même parcours : on parvient à capter le mécontentement social, il s'ensuit un bref succès électoral et après quelques années tout s'écroule comme un château de cartes, car il y aura toujours quelqu'un d'autre qui surgira pour mieux capter encore les frustrations.

    Le populisme n'est jamais durable. Et ça, Donald Trump l'a aussi compris. Il essaie de mettre sur pied un mouvement « Make Amerika Great Again » (MAGA) pour pérenniser son succès électoral. C'est la seule façon qui permette à ce genre de partis et de politiciens de pouvoir devenir un facteur d'importance à long terme. Rex n'y est jamais parvenu, le VNV un peu mieux. Pourquoi ? Parce que le VNV avait une base programmatique spécifique : la problématique flamande. Rex n'avait pas cette base. [...]

    De plus, nous constatons que les partis politiques négligent souvent délibérément l'aspect substantiel afin de capter autant que possible le mécontentement existant. C'est aussi ce que fit Rex à l'époque. Le parti a rarement adopté une position claire, car choisir, c'est tout simplement perdre. C'est aussi ce que nous voyons aujourd'hui : on fait rarement encore des choix clairs. C'est la meilleure façon de faire plaisir à tout le monde. La politique s'est adaptée à la nature volatile de l'électeur. La politique opte pour des programmes faciles à digérer. C'est un des côtés pervers de notre système démocratique. Une partie non négligeable de l'électorat est à la recherche de solutions faciles à des problèmes souvent très complexes.

    Dans les années 1930 aussi, nous avons constaté une infantilisation de la politique. Rex était le parti des solutions faciles. Il ne fallait surtout pas gratter trop profondément dans le programme. On verrait bien ce qui allait arriver. C'était d'ailleurs littéralement les termes de Degrelle : Nous verrons bien comment nous voterons. Je préciserai bien comment mes parlementaires voteront. La conséquence fut qu'aucun choix ne fut fait. À court terme, c'est pratique, mais au fil du temps, les électeurs perdent leurs illusions. C'est ce qui est arrivé chez Rex. Les partis aux programmes superficiels ne peuvent jamais satisfaire tous leurs électeurs. »

     

     

    Cheyns Pallieter 28.11.2024 a.jpeg

    Bruno Cheyns au journal flamand 't Pallieterke : « En Flandre, nombreux furent les rexistes à rejoindre la résistance. » Son livre Rex ter zege s'ouvre d'ailleurs sur le récit du destin tragique du « rexiste » résistant Hubert d'Ydewalle qui, prisonnier en Allemagne, sera gravement blessé dans un bombardement allié et mourra dans d'atroces conditions dans un train de prisonniers évacués. Sauf que dès après les élections de 1937, Hubert d'Ydewalle avait rompu avec le rexisme. « D'Ydewalle voyait Rex dégénérer progressivement en une bande de profiteurs et d'opportunistes et se sentait trahi », analyse Bruno Cheyns.

    Selon Lionel Balland, dans un article biographique sur l'aristocrate flamand, il y a lieu d'être plus nuancé : « En juin 1937, Hubert d’Ydewalle quitte sa fonction de rédacteur en chef de l’organe de presse Le Pays Réel et celle de membre du Conseil politique de Rex pour diverses raisons : les fonds envoyés par le régime italien à Rex, le fossé entre Rex et le cardinal de Belgique [ce blog aux 8 avril 2017 et 13 mai 2018] et la personnalité de certains dirigeants de ce parti. [...] Des rexistes accusent d’Ydewalle d’avoir été contraint de laisser tomber Rex afin de sauver le futur héritage que son couple recevra de ses beaux-parents. » En effet, « À la suite des résultats des élections législatives du 24 mai 1936 qui voient la percée de Rex, la femme d’Hubert d’Ydewalle est menacée par son père, cadre du parti catholique, d’être déshéritée si Hubert ne rompt pas avec Rex »...

     

     

    Ainsi l'oracle Cheyns lance-t-il ses condamnations péremptoires associant, pour le discréditer, Trump au rexisme, réduisant son action et celle de Léon Degrelle à du « populisme » sans avenir et dénonçant l'absence de substance dans leur programme. Et de prophétiser d'ailleurs leur écroulement « comme un château de cartes »... À cela près que tout ce qu'il raconte du populisme nous semble tout autant si pas davantage adapté à la démagogie des partis traditionnels qu'au rexisme !

     

    Le richissime entrepreneur Donald Trump est avant tout un homme d'affaires qui veut urgemment rendre la prospérité à son pays en tranchant dans le vif pour l'immigration, les théories criminelles du genre, l'imposture climatique, les guerres inutiles, etc. En un mois, le bon sens est revenu au cœur de la gouvernance et des (bonnes) affaires aux États-Unis.

     

    Le tribun idéaliste Léon Degrelle voyait infiniment plus loin que les indispensables réformes matérielles. C'est la révolution des âmes qu'il entendait insuffler à ses compatriotes (mais pour Bruno Cheyns, ce ne sont là sans doute que des paroles en l'air) : « je m'étais dit, en voyant l'espèce de rébellion parfaitement normale du peuple, qu'il s'agirait de dégager celui-ci de l'égoïsme et du matérialisme, non pas en s'acharnant à promettre plus que Marx, qu'Engels, que Lénine, mais en essayant de repeindre de neuf chaque cœur délaissé, lassé, souillé, de recomposer une véritable communauté humaine, juste, fraternelle, de ranimer en elle les plus hautes vibrations d'âmes. » (Persiste et signe, p. 55).

     

    Cette profession de foi guidant son action dut naturellement être au cœur de la conversation impromptue entre Léon Degrelle, tout auréolé du triomphe électoral rexiste du 24 mai 1936, et Adolf Hitler. Apprenant sa présence à Berlin le 26 septembre, le Führer le fit en effet venir à la Chancellerie afin de jauger le discernement, le caractère, le cœur du jeune tribun.

     

    Timbre Rex vaincra ter zege.png

     

    Ce fut une « entrevue foudroyante ». Après avoir écouté « avec émotion ce jeune homme qui parlait avec passion de la grandeur du peuple auquel il appartenait », Adolf Hitler confia à son ministre des Affaires étrangères Joachim von Ribbentrop : « Je n'ai jamais vu de tels dons chez un jeune homme de cet âge » (ce blog aux 12 mai 2016 et 21 juin 2018).

     

    Léon Degrelle, quant à lui, entrait en communion avec « l'homme qui avait su redresser son pays, le sauver du chaos, de l'anarchie, de la misère, lui rendre une âme, une religion, une mission ». Rencontre qui se révéla décisive pour le reste de sa vie : « cette interprénétration instinctive, insaisissable pour le commun des mortels, nous a liés pour toujours sur le plan humain le plus haut. » (Persiste et signe, p. 181 ; sur les relations Léon Degrelle-Adolf Hitler, voir ce blog, entre autres, au 20 juillet 2018).

     

    Ce que Cheyns appelle « populisme », –en l'occurrence, un régime qui abandonne l'étalon-or pour l'étalon-travail, restaure la communauté nationale par la collaboration des classes, stimule chacun au service du bien commun, refonde un socialisme national–, et inévitablement destiné, selon lui, à l'effondrement « comme un château de cartes », produisit un empire populaire qui ne fut anéanti qu'au prix d'une effroyable guerre mondiale, emportant en même temps la promesse du renouveau bourguignon.

     

    Aujourd'hui, pour en parler, il semblerait qu'il faille s'aligner sur l'histoire officielle. Le site flamand Doorbraak a ainsi publié une recension de Rex ter zege par l'historien prolifique Pieterjan Verstraete qui, après avoir décrit le « panier de crabes » de Rex-Vlaanderen (« Degrelle [...] n'a cessé d'insulter ses partisans ») évoque la décomposition du mouvement dans toutes les directions, la collaboration (DeVlag, avec Jef Van de Wiele) comme la résistance (Armée secrète)...

     

    Beaucoup plus intéressante est l'interview publiée (en français) par Lionel Balland sur le site EuroLibertés.

     

    Cheyns EuroLibertés.png

     

    Lionel Balland, spécialiste des mouvements nationalistes, est l'animateur infatigable du blog éponyme commentant « L'actualité des partis patriotiques en Europe » ; il est également l'auteur de l'indispensable Léon Degrelle et la presse rexiste.

     

    Est-ce la précision des questions posées ou la personnalité de l'interviewer, mais Bruno Cheyns répond de manière moins expéditive et beaucoup plus judicieuse que dans le journal flamand, même si nous ne partageons pas les présupposés antiflamands qu'il prête à Léon Degrelle (sur le « sentiment flamand » de celui-ci, voir ce blog au 10 juin 2016). Ne reproduisons donc ici que l'opinion de Bruno Cheyns, plus pertinente, sur la différence de traitement de la collaboration en Flandre et en Wallonie, expliquant certainement l'absence d'opposition nationaliste crédible dans la partie francophone de la Belgique.

     

    Si, après la IIe Guerre mondiale, la collaboration était mal vue, tant en Flandre qu’en Belgique francophone, au fil des années, la situation a semblé évoluer différemment en Flandre. Comment expliquez-vous cela ?

    La collaboration et la répression ont causé un traumatisme historique dans les deux parties du pays. Celui-ci y a, cependant, été traité d’une manière différente. Alors que le processus de remise en cause avait déjà commencé en Flandre au cours des premières décennies qui ont suivi la IIe Guerre mondiale, en Belgique francophone, il n’était tout simplement pas question d’aborder le sujet de la collaboration. Cela a créé la perception erronée que, en Belgique, il y avait principalement une coopération avec les Allemands du côté flamand, tandis que la Résistance s’était développée en Wallonie et à Bruxelles. En Flandre, la collaboration a été remise à l’ordre du jour politique par les nationalistes flamands dès les années 1950, de sorte qu’il y avait aussi beaucoup d’intérêt dans les cercles universitaires à dépouiller la collaboration de toute émotion et à la comprendre d’une manière plus scientifique. Cela a progressivement créé une image plus nuancée de la collaboration, ce qui a finalement également profité au processus de gestion du passé. En Wallonie, la collaboration a été presque complètement étouffée, d’abord par honte, mais peu à peu aussi pour des raisons politiques. La plupart des partis politiques wallons craignaient qu’une attitude plus nuancée à l’égard de la collaboration ne puisse à nouveau faire le lit de « l’extrême-droite ». Il était donc dans leur intérêt de maintenir en vie l’épouvantail, ce qui a très bien fonctionné. À ce jour, la Wallonie est l’une des seules régions d’Europe occidentale où l’ « extrême droite » n’a tout simplement aucune possibilité de percer.

     

     

    Une biographie « grand public »

     

    C'est un fidèle lecteur, M. Thibaut B., qui nous a prévenu de la publication d'une nouvelle biogaphie de Léon Degrelle, en nous fournissant le lien vers l'éditeur parisien Perrin.

     

    Degrelle Perrin.png

     

    Le texte de présentation se place résolument sous le même genre de calembour, –fiente de l'esprit qui vole selon Victor Hugo–, que le titre du film de Philippe Dutilleul (Léon Degrelle ou la Führer de vivre), Führex se voulant évidemment une variante explicative (mais appauvrie !) du sobriquet Fourex dont ses ennemis avaient affublé Léon Degrelle après la percée de Rex aux élections de 1936.

     

     

    Fourex Drapeau rouge 15.08.1936.png

    Le Drapeau rouge, 15 août 1936.

     

     

    L'annonce éditoriale se poursuit en prétendant publier la « première biographie grand public » du chef de Rex et dernier commandeur de la Légion Wallonie.

     

    Qu'est-ce que cela signifie ?

     

    Que les essais de Jean-Marie Frérotte (Le dernier fasciste), Arnaud de la Croix (Degrelle 1906-1994) ou Francis Bergeron (ce blog à partir du 30 avril 2016) sont réservés aux docteurs ès Lettres ou que les méchancetés de Charles d'Ydewalle (La triple imposture), Pol Vandromme (Le loup au cou de chien) ou Marc Magain (Un tigre de papier) ne valent rien ou pas grand-chose (nous serions là plutôt d'accord !), de même que les menteries des historiens stipendiés à la Collignon, Conway et De Bruyne  ? En tout état de cause, –et pour s'en tenir aux ouvrages publiés après la Deuxième Guerre mondiale–, la première véritable biographie grand public de Léon Degrelle est et reste –toujours aisément accessible sur le marché du livre d'occasion– le Degrelle m'a dit..., signé par Louise Narvaez, Duchesse de Valence.

     

    L'éditeur prétend surtout que cette nouvelle biographie constitue un portrait « sans a priori et sans complaisance », ce qui, tout compte fait, ne devrait normalement qu'être le propre de tout travail de recherche pour un historien consciencieux. Parlant de Léon Degrelle, il met néanmoins « ami de Tintin » entre des guillemets désapprobateurs et évoque un « partisan du négationniste Faurisson », évitant le terme plus adéquat de révisionniste...

     

    On nous a présenté l'auteur, Frédéric Saenen, comme un célinien doublé d'un spécialiste de Drieu La Rochelle. C'est sans doute vrai et nous sommes probablement bien coupable de n'avoir jamais eu la curiosité de le connaître. Ce sera bientôt chose faite...

     

     

     

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    Le mensuel Historia daté de mars 2025 présente déjà l'ouvrage de Frédéric Saenen qu'il a probablement reçu en service de presse anticipé. Si tout ce qui est écrit là se retrouve effectivement dans le livre, ce n'est plus d'une « biographie grand public » que nous devrons parler, mais d'un énième opus politiquement correct ressortissant au bourrage de crânes obligatoire depuis la fin de la guerre...

     

     

    Attendons donc de voir, car la parution était annoncée pour le 20 février, mais notre petit libraire chez qui nous voulons garder nos habitudes ne nous l'a promis que pour cette fin de semaine.

     

     

    Je ne regrette rien

     

    Terminons par une note toute positive, avec ce petit livre nullement consacré à Léon Degrelle, mais écrit par un ami qui a déjà eu mille vies –dont nous pûmes partager une infime partie !

     

    Sous le titre « légionnaire » Je ne regrette rien, Francis Dossogne vient en effet de publier quelques séquences du film de sa vie.

     

    Dossogne recto.jpeg     Dossogne verso.jpeg

     

     

    L'auteur est bien connu des dénonciateurs compulsifs de l' « extrême droite » pour avoir compté parmi les fondateurs du Front de la Jeunesse (et aussi avoir été condamné, avec trois ou quatre autres supposés malfaiteurs –et néanmoins loyaux compagnons–, pour appartenir à un prétendu « noyau dur » de milice privée non autrement défini), avoir été journaliste au Nouvel Europe-Magazine, avoir représenté notre pays dans les réunions de l'Eurodroite (ce blog au 5 août 2023), etc.

     

    Mais cela ne constituera qu'une toute petite partie des multiples événements auxquels sa vie ultérieure de détective-baroudeur l'auront mêlé et dont il ne nous dira que ce qu'il nous sera permis de savoir.

     

    Le livre donne parfois l'impression de n'avoir pas été rigoureusement relu et sa concision laisse souvent le lecteur sur sa faim. Mais cette brièveté incisive aiguise toujours la curiosité, nous refusant la tentation d'abandonner la lecture avant d'avoir tourné la dernière page !

     

    Parmi les innombrables rencontres exceptionnelles jalonnant sa vie, il en est une que Francis n'oubliera certainement jamais et qu'il souligne dans ses souvenirs, c'est l'entrevue pétillante d'esprit et stimulante d'énergie avec Léon Degrelle. Le toujours flamboyant banni de Belgique accueillait volontiers ses jeunes compatriotes, surtout si comme lui, ils rayonnaient de foi et d'idéal.

     

    « Dans le mensuel [Nouvel Europe-Magazine], des textes de Léon Degrelle, de Giorgio Almirante et de Robert Brasillach avaient été, entre autres, fréquemment publiés qui faisaient écho à nos thèses et venaient sensiblement les soutenir et les exalter.

    Je me souvenais avec grande émotion de la Campagne de Russie, livre du premier auteur cité, qui avait été une référence pour nous tous en ce qu'il nous racontait son engagement dans la Légion Wallonie pour combattre le bolchevisme. Dans ma tête flottait cette description de paysage :

    Ces grands étangs étaient peuplés de milliers de joncs, pareils à des lances, hauts de trois mètres, surmontés de plumets bruns et roses... Le gel avait étreint les campagnes...

    J'avais aussi eu l'occasion de le rencontrer, en Espagne, alors qu'il était en exil loin de la Belgique. Un personnage qui m'était alors apparu bien plus grand que Napoléon dont l'homme politique avait d'ailleurs relativisé les victoires en disant qu'elles n'avaient duré que quelques journées...

    Il avait ajouté :

    – Bien peu de choses tout compte fait ! En gesticulant de tout son corps comme pris dans une transe. » (p. 77-78).

     

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  • Léon Degrelle, le « dictateur des cours de récréation » ?

     

    Bertrand de Jouvenel, revu par Robert Brasillach

     

     

    Récemment, nous démasquions une nouvelle fois la malhonnêteté du SoirMag qui republiait des fragments du Degrelle m'a dit de la Duchesse de Valence traficotés par feu Pierre Stéphany (ce blog au 4 février 2025).

     

    Nous dénoncions la malveillante citation « un dictateur pour cour de récréation”, comme devait dire Bertrand de Jouvenel, qui l'interviewa en 1936 », contrefaisant le texte original de la Duchesse rouge : « un article de Bertrand de Jouvenel, dépeignant Degrelle en 1936 avec une grande sympathie, écrivant qu'il avait dû, au collège, être un dictateur des cours de récréation. » Car, en effet, le dictateur pour cour de récréation (un pauvre chefaillon cherchant à terroriser ses condisciples), n'est pas celui des cours de récréation (exerçant son ascendant tout de séduction sur ses camarades).

     

    Nous insistions sur le fait que cette citation n'était connue que par la brochure de Robert Brasillach, Léon Degrelle et l'avenir de “Rex”, rappelant que Bertrand de Jouvenel « déclarait trouver en Léon Degrelle comme un souvenir du dictateur des cours de récréation qu'il avait dû être » et expliquant qu'il ne fallait pas prendre l'expression de manière négative car elle « met bien l'accent sur la jeunesse extraordinaire de [Rex] et sur la vertu de cette jeunesse. » Nous ajoutions enfin que, malgré toutes nos recherches, nous n'étions pas parvenu à retrouver « le journal parisien où a paru l'article de Bertrand de Jouvenel ».

     

    1 LD L'Assaut 20.10.1936 a.pngVoilà une quête désormais achevée, grâce à l'amitié de notre fidèle lecteur T.V., passionné d'Histoire, aux riches collections minutieusement cataloguées (ce blog au 23 janvier 2021), et qui a eu l'extrême gentillesse de nous envoyer cet article de Bertrand de Jouvenel, si important pour tous ceux qui évoquent –en bien comme en mal– la jeunesse de Léon Degrelle, mais jusqu'ici parfaitement introuvable !

     

    Cet article s'intitule L'expérience Van Zeeland et le coup de foudre Degrelle et a paru dans l'hebdomadaire français L'Assaut, le 20 octobre 1936, en septième page (mais l'article était annoncé en « une »).

     

    Ce L'Assaut n'est bien sûr pas à confondre avec son homonyme belge, Hebdomadaire de Combat de la Jeunesse, également intitulé L'Assaut donc –les runes de la SS figurant les deux « S » du titre–, et édité par le Prévôt et futur Hauptscharführer Pierre Mezetta, pour sa Jeunesse Légionnaire, à partir de mai 1944.

    3 L'Assaut n°2.jpeg

     

    Quelque huit ans auparavant, L'Assaut parisien, sous-titré Hebdomadaire de Combat politique et littéraire, se voulait « un journal libre », « inféodé à aucun chef politique, à aucun parti, à aucun groupement d'intérêts » (éditorial du n° 1, 13 octobre 1936).

     

    Imprimé par Robert Denoël, l'éditeur belgo-parisien de Céline, et domicilié à son siège social, L'Assaut était dirigé par l'écrivain Alfred Fabre-Luce, alors sympathisant du Parti Populaire Français de Jacques Doriot. Il connaîtra trente-quatre numéros, du 13 octobre 1936 au 8 juin 1937, avant d'être absorbé par le quotidien La Liberté, appartenant à Jacques Doriot (où continueront d'écrire Fabre-Luce et Jouvenel, mais aussi Georges Suarez, Georges Blond, Pierre Drieu La Rochelle,...).

     

    4 L'Assaut 13.10.1936'.png

     

    Bertrand de Jouvenel dresse donc ce portrait de Léon Degrelle dans le second numéro de L'Assaut  : « Il faut se représenter Degrelle comme un étudiant. Un étudiant qui grimpe sur les épaules d'une statue et harangue ses camarades. Eux l'applaudissent en riant. Parce qu'il a de l'ardeur, parce qu'il a du cran, parce qu'il a de la gaîté, parce qu'il est ce que tous voudraient être.

    Il est comme tout le monde”. Dans un groupe de ses partisans, on ne le distingue pas. Mais il est comme personne, parce que le groupe où il se trouve est soudain animé et joyeux.

    C'est un don. Au lycée, à l'Université, nous avons connu les meneurs : on se disputait les places proches de la sienne. [...]

    D'ordinaire, ce pouvoir mystérieux, qui fait les dictateurs de la cour du lycée, s'évapore. Le garçon qu'on a jadis idolâtré, on le retrouve éteint, terni, endormi dans une position subalterne. Degrelle, lui, a compris la valeur de ce pouvoir. Il en a recherché les causes. Il a étudié les moyens de le développer et de le maintenir.

    Degrelle, m'a-t-on dit, ne sait rien. Il est possible qu'il ne soit pas fort en économie politique. [...]

    Mais Degrelle, en tout cas, sait ce que les autres ne savent pas. Que la vie publique ne comporte pas seulement des rapports d'affaires entre le gérant et les administrés. Mais aussi des rapports d'amour.

    C'est un séducteur naturel, capable d'analyser le mécanisme de la séduction. Jusqu'où va l'amour qu'il inspire, un détail vraiment cocasse le montrera. Lorsqu'il a fait un de ses grands discours, Degrelle est en nage, et il change de chemise. La chemise quittée, il arrive qu'elle soit coupée en morceaux par ses partisans, qui veulent chacun son souvenir ! »

     

     

     

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    Portrait de Léon Degrelle par Sid, le caricaturiste maison, illustrant l'article de Bertrand de Jouvenel. Ci-dessous, un autre dessin pour le même article, montre deux messieurs au bar du Rendez-vous des Belges : ils se sont détournés de la République française (appelée la Gueuse par les monarchistes) pour consommer une « gueuse lambic » (encore que la bière bruxelloise s'écrive avec un « z » !) ...

    6 LD L'Assaut 20.10.1936 c.png

     

     

     

    La première chose que nous constaterons, c'est qu'il n'est nulle part fait mention de « cour de récréation », mais, en l'occurrence, des « dictateurs de la cour du lycée ».

     

    Ce qui veut dire que malgré ses allures d'enquêteur sur sources de première main, la référence du SoirMag, feu Pierre Stéphany, n'est en aucun cas « Bertrand de Jouvenel, qui l'interviewa [Léon Degrelle] en 1936 » ! Comme tous les contempteurs de Léon Degrelle –à l'instar du méchant folliculaire Pol Vandromme (ce blog aux 4 février 2025 et 14 avril 2016)–, il n'a que traficoté le texte rapporté par Robert Brasillach dans son ouvrage Léon Degrelle et l'avenir de “Rex”.

     

    Comme nous l'avons montré dans notre article précédent, c'est effectivement le journaliste de Je suis partout qui a rapporté les impressions de Bertrand de Jouvenel sur le jeune Léon Degrelle. Impressions toutes positives («  Au lycée, à l'Université, nous avons connu les meneurs : on se disputait les places proches de la sienne ») que Brasillach développera ainsi : « Bertrand de Jouvenel évoquait un jour ces garçons autour de qui, dans les lycées et les collèges, on se range naturellement, qui font la loi dans la classe, que l'on aime et que l'on admire. » (p. 14).

     

    C'est la phrase suivante de Jouvenel (« D'ordinaire, ce pouvoir mystérieux, qui fait les dictateurs de la cour du lycée, s'évapore ») que l'auteur de L'avenir de Rex va paraphraser en utilisant une formule qui permettra malheureusement le contresens médisant : « Et, bien que la plupart du temps, ces admirations ne survivent pas à l'âge d'homme, il déclarait trouver en Léon Degrelle comme un souvenir du “dictateur des cours de récréation” qu'il avait dû être. » (p. 14).

     

    On le voit, les guillemets utilisés ici ne concernent pas une citation, mais ressortissent plus exactement à la mise en relief de quelques mots. Et comme nul n'a jamais eu accès à l'original de L'Assaut, chacun a cru pouvoir mettre l'expression sous la plume de Jouvenel, tout en se permettant, bien sûr, de l'adapter à ses intentions malhonnêtes. Personne ne pouvant imaginer, bien sûr, que si Robert Brasillach n'utilisait pas les termes précis de son confrère, c'est qu'il le citait de mémoire (en se trompant ?)... ou qu'il voulait plutôt souligner l'originalité de sa propre expression.

     

    Mais où Bertrand de Jouvenel alla-t-il chercher que Léon Degrelle disposait de « ce pouvoir mystérieux, qui fait les dictateurs de la cour du lycée », pouvoir qui, contrairement à l'habitude, ne s'évapora point ? De ses conversations avec le chef de Rex ? Nous ne le croyons pas, à lire la réaction de celui-ci sur ce qu'on a raconté de sa scolarité (voir ci-après). Nous pensons que ces renseignements lui ont plutôt été fournis par des familiers, tel le nouveau député rexiste Usmard Legros, lui-même en train de préparer sa biographie Un homme... un chef.

     

     

     

    7 Usmard Legros PR 01.07.1936.jpgLe nouveau député de Rex, Usmard Legros sur les marches du Parlement belge (Le Pays réel, 1er juillet 1936). Il publiera en 1938 Un homme... un chef. Léon Degrelle, la première biographie du chef de Rex éditée en Belgique.

     

     

    Nous y lirons en effet ce portrait : « La pension, si elle lui est supportable, le change pourtant beaucoup. [...] Sa volonté décidée toujours tendue, son initiative continuelle étonnent ses professeurs et ses condisciples [...], car ils sont déconcertés par son caractère si entier. Élève espiègle, vif, spirituel, il agace parfois et fascine toujours par sa facilité et son abondance littéraires. [...] Voici la Poésie et la Rhétorique qui sont bien faites pour l'épanouissement des jeunes talents ! L'élève qui ne s'y révèle pas reste souvent toute sa vie un médiocre. Léon Degrelle s'impose de plus en plus dans la littérature qui l'attire. » (pp. 42-43).

     

    Bertrand de Jouvenel n'a bien sûr alors pas encore pu lire cette biographie, mais il a pu apprendre que dès ses études secondaires, Léon Degrelle, « ce gaillard débordant de santé et d'optimisme », a fasciné et séduit. Usmard Legros rapportera également cette querelle marquant l'autorité de l'adolescent s'imposant dans la cour de récréation : « un incident de récréation assez grave, marqua son entrée chez les Jésuites. Trop bouillant ou trop provincial on ne sait, il se prit de querelle avec un jeune pédant qui, au réfectoire, se servait d'un couvert frappé d'armoiries. Le jeune nobilion, au cours d'une discussion, lui lança son mépris, en criant “roture”. D'un bond, l'attrapant par la tête, Léon Degrelle le conduisit sous le robinet et l'aspergea d'abondance en lui disant : Roture te nettoie, défends toi Chevalier !”. Un préfet perspicace fit comme au tribunal, il punit les deux querelleurs pour coups réciproques... » (p. 42).

     

     

     

    8 LD L'Assaut E. d'Astier 06.04.1937 a.png

    L'Assaut, malgré l'article de Bertrand de Jouvenel salué par Le Pays réel pour avoir écrit avec « sympathie sur le mouvement rexiste, totalement incompréhensible pour la majorité des Français » (ce blog au 4 février 2025), n'est pas un journal favorable à Rex et à son chef Léon Degrelle. Il soutiendra d'ailleurs ouvertement Paul Van Zeeland lors de l'élection législative partielle bruxelloise du 11 avril 1937, notamment dans l'article ci-dessus signé, le 6 avril, par Emmanuel d'Astier. Le Soir s'en fera généreusement l'écho au matin même des élections : « Un hebdomadaire français, L'Assaut, créé par M. Fabre-Luce pour combattre dans son pays le Front populaire, vient de rendre au Premier ministre belge un hommage qu'il n'est pas superflu de reproduire ici. [...] Les Belges seront assurément sensibles à un hommage qui leur est ainsi indirectement rendu. Les électeurs de l'arrondissement de Bruxelles s'en souviendront dimanche. » (Le Soir, 11 avril 1937, p. 2).

     

    L'Assaut enfoncera encore son clou pro-Van Zeeland au lendemain de l'élection, le 13 avril, dans un article signé cette fois par son rédacteur en chef.

     

    9 LD L'Assaut Fabre 13.04.1937 a.png

     

     

     

    Léon Degrelle n'était sans doute pas vraiment d'accord avec l'image de son adolescence donnée par Jouvenel, car Robert Brasillach le reprend en insistant sur le bien-fondé de ce trait de caractère qu'il a lui-même traduit en « dictateur des cours de récréation » : « Je ne pense pas qu'on doive se fâcher de ce mot, et Léon Degrelle moins que quiconque. ». Et pourquoi ? Parce qu'il exalte par excellence la puissance triomphale de la jeunesse : « Il met bien l'accent sur la jeunesse extraordinaire de ce mouvement, et sur la vertu de cette jeunesse ». Et d'insister : « Il est aisé de voir que c'est à Louvain que s'est formé le dictateur des cours de récréation. Non que des préoccupations plus sérieuses n'aient pas, à cet instant, déjà conquis Léon Degrelle et ses amis. Mais on s'en voudrait d'oublier cette chaude atmosphère de gaieté, de brasseries, de chahuts d'étudiants, de passion joueuse, qui donne aux abstractions (la jeunesse aime toujours les abstractions) une telle couleur vivante. Il s'amusa beaucoup. En un siècle où ne sait plus rire, avoue-t-il franchement, nous avons ri. Et d'ajouter avec gravité : La farce est un apostolat. La farce est une école. On y apprend à être inventif, décidé. Qui sait si la farce, après tout, n'est pas une excellente préparation politique ? Au moins enseigne-t-elle le mépris des conformismes, sans lequel je ne crois pas qu'on puisse jamais rien faire de bon. » (pp. 14-15).

     

    En prétendant répondre à Bertrand de Jouvenel, c'est pourtant la formule précise de Robert Brasillach que la Duchesse de Valence reprend, preuve assez flagrante que Léon Degrelle avait encore moins apprécié l'expression « dictateur des cours de récréation » que « dictateur de la cour du lycée ».

     

     

    Lt 03.04.1937 Brasillach Almeras Rex.jpg

    Robert Brasillach s'est passionné pour Rex et Léon Degrelle. En voyage en Italie, il se presse de rentrer pour vivre à Bruxelles l'élection législative partielle du 11 avril 1937 qui opposa Léon Degrelle au Premier ministre Van Zeeland, candidat unique du Système. Ci-dessus, le mot adressé par l'écrivain-poète à son ami le journaliste Roger d'Almeras, annonçant son départ pour la Belgique. Son compte rendu sera bien entendu publié dans l'hebdomadaire Je suis partout du 17 avril 1937. L'article prend le parfait contre-pied d'Alfred Fabre-Luce, comme on le voit à travers cette présentation du talent oratoire du tribun de Rex.

    « Je crois être assez insensible à l'art de l'éloquence. [...] L'éloquence de Léon Degrelle m'a toujours plu parce qu'elle est simple, directe, jamais ennuyeuse, jamais fausse. Mais je n'ai jamais rien entendu qui approche le discours de Léon Degrelle à la veille de l'élection du 11 avril.

    Je plaindrais ceux qui n'y ont pas été sensibles. Dans cette foule debout, qui aurait dû être fatiguée par l'attente interminable, la chaleur, je n'ai vu que des visages tendus, émerveillés, et parfois de longs cris interrompaient Léon Degrelle. Lentement, l'orateur extraordinaire construisait son poème devant nous. Je ne puis employer d'autres mots. Déjà, un jour où il avait tenu neuf réunions, je le savais, à la dernière, il n'avait parlé que... du printemps. Les orateurs communistes venus pour manifester n'avaient pas bougé : manifeste-t-on contre le printemps ? Cette fois, c'est de son pays que parle Léon Degrelle. Il écarte la haine, la division. Parmi les soutiens de son adversaire, il trouve les assassins de prêtres, les brûleurs d'églises. [...] Mais lui, ce soir, puisque le mot d'ordre de M. Van Zeeland est : "Votez belge", il veut chercher à savoir ce que c'est que la Belgique.

    Et il fait le portrait de son peuple. Je pense à Péguy, avec ses mots charnels, sa patiente construction d'un univers. [...] De ses mains, il semble modeler un visage invisible. Et pendant une heure et demie, la Belgique, avec ses arts, ses paysages, ses saints, ses génies, son histoire, son Empire, devant nous s'anime et vit. Il parle de la mer par où s'en allèrent les conquérants et les saints, ces soixante-dix kilomètres de mer qui suffisent à la Belgique pour son rêve. A un moment il invoque ses rois morts, et je ne suis pas sûr que la foule, emportée par la ferveur, ne les ait pas vus, réellement, se lever dans la lumière. Je le répète, je n'ai jamais rien entendu de pareil. » (Je suis partout, 17 avril 1937, p. 5)

     

    Je suis partout 17.04.1937.png

     

     

     

    Rien n'assombrit jamais l'amitié que nouèrent les deux jeunes idéalistes : à la veille de son exécution inique, Robert Brasillach donnera encore à d'ultimes vers, le titre degrellien qui l'avait vivement impressionné quelque dix ans auparavant, Mon pays me fait mal (ce blog au 12 novembre 2020), et Léon Degrelle ne manqua jamais, de son exil espagnol, de rendre hommage au poète qui le marqua indéfectiblement (ce blog au 25 octobre 2019).

     

     

    10 Mon Pays me fait mal.jpg     11 Brasillach Pays mal.png

    À gauche, la plaquette Mon Pays me fait mal, de Léon Degrelle, tirée en 1927 à 240 exemplaires ; à droite, le treizième des Poèmes de Fresnes, écrit par Robert Brasillach, à la veille d'être fusillé le 6 février 1945.

     

     

     

    Il n'empêche que Léon Degrelle ne se vit jamais en dictateur de quoi que ce soit, même pas des cours de récréation ! C'est ce qu'il tint à rappeler dans sa première biographie « autorisée », publiée sous la signature de Louise Narvaez, Duchesse de Valence. Nous avons vu (ce blog au 4 février 2025) comment, immédiatement, les points avaient été mis sur les « i ». La Duchesse affirmait n'avoir pas cru Bertrand de Jouvenel « dépeignant Degrelle en 1936 avec une grande sympathie, écrivant qu'il avait dû, au collège, être un dictateur des cours de récréation », et rapportait les propos mêmes de Léon Degrelle décrivant son entrée difficile au pensionnat :

    «  Jamais je n'avais quitté la maison, écrivit-il un jour. [...] De mon univers de gamin des bois, on me plongeait brusquement dans une lourde casemate, parmi deux cents “aristos”, à peu près tous garçons des villes, moitié noblesse, moitié grosse bourgeoisie. Je ne connaissais personne. Brusquement, ces hautes murailles grises, ces visages inconnus ! Je me cachais pendant la récréation, pour rester seul. À table, je me tenais muet, raide comme un piquet. On m'avait baptisé “amidon”. »

     

    L'anecdote de ce brocart, attesté par le principal intéressé, est tout de même assez incompatible avec l'histoire du « dictateur des cours de récréation ». Même Arnaud de la Croix, auteur d'une biographie faisant de Léon Degrelle –à l'instar, prétend-il, de son modèle Godefroid de Bouillon– un antisémite compulsif, a relevé cette invraisemblance : « De son côté, le journaliste français Bertrand de Jouvenel, qui interviewa Hitler en 1936, voit en Degrelle un dictateur des cours de récréation”. [...] Pourtant, dans son collège namurois, ses condisciples surnomment le jeune campagnard Amidon : un détail qui ne cadre guère avec le portrait supposé de meneur extraverti qui aurait, dès les années de collège, imposé aux autres son autorité. » (p. 22).

     

    Néanmoins l'expression, facile à détourner, est intéressante à conserver. Et donc, pour concilier les deux anecdotes, Stéphany, comme nous l'avons vu, va inventer une nouvelle origine au surnom : il proviendrait de l'insupportable arrogance de Léon à la chevelure gominée au Bakerfix (ce blog au 4 février 2025) !

     

     

     

     

    12 LD + Raty.pngLe collégien Léon Degrelle, à l'époque de ses deux dernières années d'humanités (Poésie et Rhétorique) : il a seize ou dix-sept ans, aux côtés de Charles Raty qui épousera Jeanne, sa sœur aînée (ce blog au 13 mars 2023).

     

     

    Pour connaître le vrai collégien Léon Degrelle, outre l'ouvrage –fidèle expression de Léon Degrelle lui-même– de la Duchesse de Valence, nous nous reporterons aussi sûrement vers l'autobiographie que l'exilé en Espagne écrivit pour ses enfants dont il était séparé depuis la fin de la guerre : elle fut publiée, dans les années 2000, sous le titre Mon Combat.

     

    « Collégien, il sera un élève à l'esprit vif, toujours en éveil, à la répartie vive ; les premières semaines lui paraîtront dures : il est dépaysé, il ne connaît personne, il se sent étranger dans ce grand collège où il croit qu'il ne s'habituera jamais... Il pense avec une nostalgie poignante à sa chère vieille maison si paisible, si accueillante, à ses parents, à sa mère surtout, et sa tendresse est grandie par l'absence... Très timide, un peu farouche même, il faudra tout un temps pour qu'il se lie à d'autres élèves ; il a l'impression qu'on rit de lui, car un garçon a imité, pour se moquer, son accent de Bouillon qui est plus dur que le parler chantant de la vallée de la Meuse. Et puis il est paralysé par la crainte de l'échec en classe : au Collège Saint Pierre, il était second ; bon ; mais on n'était que deux, et quand les oncles et tantes s'informaient de ses études, les sœurs criaient en s'esclaffant "il est dernier, dernier"... Ce qui était tout de même un peu vrai ; si cela devenait tout à fait vrai dans cette classe de trente élèves, quelle honte... Voilà les premiers concours. Qu'est-ce que cela va donner ? Le cœur battant, Léon attend les résultats. Quelle joie ! Il est parmi les premiers ! Du coup, il reprend confiance et voit le collège sous des couleurs plus riantes. Il quitte la classe en sifflotant dans le rang, ce qui lui vaut un bref rappel à l'ordre... Allons, ce n'est plus la vie quiète de Bouillon, ici, mais enfin, on peut y connaître aussi des bons jours ; et il écrira fièrement ses premiers succès à ses parents. » (p. 68).

     

     

  • Trente ans après la disparition de Léon Degrelle

     

    L' « hommage » du SoirMag

     

    Qui l'eût cru ? L'hebdo TV du Soir (merci à notre fidèle ami, courageusement abonné au SoirMag, de nous avoir envoyé l'article) a célébré –à sa façon, il est vrai– le trentenaire de la disparition de Léon Degrelle : « Décédé il y a 30 ans, Léon Degrelle reste comme une tache noire sur l'histoire de Belgique. » Preuve s'il en fallait, qu'encore et toujours, Léon Degrelle demeure populaire et qu'encore et toujours, à temps et à contretemps, il faut salir sa mémoire à coups de ragots et de mensonges...

     

    SoirMag 30.03.2024 a.jpeg

     

    Pourquoi en effet consacrer sans cesse autant d'encre à diffamer le charismatique Chef de Rex, si son combat contre la pourriture politique ne trouvait pas, aujourd'hui encore, écho naturellement positif dans notre particratie aux scandales politico-financiers permanents ? Ce n'est sûrement pas pour rien que le journaleux de service se devait de rappeler qu'en 1936 déjà, Léon Degrelle « invente le mot banksters pour fustiger le grand capital » !

     

    C'est donc sur une double-page intitulée doctement Le crépuscule d'un traître que l'hebdomadaire entend raisonner ses lecteurs et leur rappeler qu'il faut détester le seul homme politique belge dont le programme n'était pas que socio-économico-politique, mais essentiellement spirituel et moral : « rendre à notre peuple sa pureté et sa noblesse [...], lui rendre la passion du foyer, lui rendre la foi dans les grandes valeurs morales [...] en renouant avec nos traditions de fierté et d'héroïsme. » (ce blog au 15 mars 2024)...

     

    Pour ce faire, pour établir la « tache noire » que représenterait sur l'histoire de la Belgique le défenseur des Cristeros offrant leur vie à Christus Rex contre les lois violemment irréligieuses de la république mexicaine (ce blog, entre autres, au 7 février 2019), le SoirMag va donc chercher une infaillible (?) caution historique chez les appointés des Archives de l’État, « spécialisés » dans la Deuxième Guerre mondiale, dont nous avons souvent pu épingler l'incompétence crasse (ce blog dès le 18 mars 2016) : c'est ainsi qu'ils soulignent, par exemple, dans leur « inventaire de ses méfaits [dressé] pour le Cegesoma », le fait que Léon Degrelle « a été décoré par Hitler en août 1944 » !

     

    Signal 44 LD Finlande.pngUn crime de guerre inexpiable de Léon Degrelle : avoir été élevé, par Adolf Hitler en personne, au rang de Chevalier de la Croix de Fer en récompense de son héroïsme dans les combats du Front de l'Est. C'était  le 20 février 1944 et non « en août 1944 » où, le 27, il devait encore recevoir, toujours des mains du Führer, les Feuilles de Chêne. Et sans doute Léon Degrelle aggrava-t-il son cas en faisant la « une » du grand bimensuel populaire allemand Signal célébrant cet événement exceptionnel (ici, l'édition finlandaise du 1er mars 1944 ; voir aussi ce blog au 9 mai 2016).

     

     

    Ainsi d'Alain Colignon n'hésitant pas à culpabiliser une « enfant de la collaboration » d'avoir involontairement sauvé la vie de sa mère vouée au peloton d'exécution parce qu'elle en était enceinte (ce blog au 15 décembre 2020). Ainsi de Chantal Kesteloot insinuant systématiquement que les Volontaires du Front de l'Est n'étaient que des « criminels de guerre » (ce blog aux 11 mars 2022 et 12 octobre 2023). Ainsi même de l'inénarrable Francis Balace (que, vu l'enflure de son impéritie, Léon Degrelle n'appelait plus que « Besace », ce blog au 30 juin 2016), le plus calamiteux professeur d'Histoire de l'Université de Liège (ce blog, entre autres, au 8 novembre 2019)...

     

    Autre caution du « sérieux » de l'information de cet article : l'ésotériste Arnaud de la Croix (ce blog au 13 décembre 2016) qui postule un antisémitisme pourtant inexistant chez Léon Degrelle (ce blog au 12 octobre 2023). Il est vrai que, pour ce pseudo-historien, le croisé du Front de l'Est était inspiré par son modèle Godefroid de Bouillon, tout autant antisémite puisqu'il aurait rançonné tous les Juifs rencontrés sur sa route lors de la Première Croisade !

     

    On aura deviné qu'il est inutile de passer en revue le chapelet de calomnies de cet article uniquement destiné à salir l'image de celui qui est présenté comme un « traître [qui] écrit pour justifier ses actes en déformant la vérité » ! Quand on sait que son premier livre de souvenirs, La Cohue de 1940, fut interdit de diffusion et les exemplaires qu'on parvint à saisir, mis au pilon, on se doute bien que les vérités qui y étaient dévoilées sur les politiciens de 1940, à nouveau aux affaires après 1945, n'étaient vraiment pas bonnes pour leur réputation...

     

    Ce qui dérange en particulier tous ces gens d'alors et d'aujourd'hui, c'est l'aura qui se dégage toujours de ce personnage légendaire et la sympathie qu'il suscite naturellement. Sympathie qu'il faut absolument stigmatiser et condamner, à défaut de pouvoir l'interdire : « Le souvenir de Degrelle continue de gêner la Belgique », « il a réellement séduit, enflammé et rallié une partie de ses compatriotes au service de l'Allemagne nazie », « comment cet homme put à ce point galvaniser une partie de nos compatriotes avec ses diatribes fascisantes, finalement assez primaires », « un intrigant qui subjugua pourtant certains Bruxellois et Wallons, [...] dont le nom provoque encore un profond malaise »...

     

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    En 1990 comme en 1930, la même ferveur a toujours accompagné le fascinant Léon Degrelle.

     

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    « Stéphane Steeman sème le trouble en faisant le déplacement [en Espagne pour rencontrer Léon Degrelle], ce qui ne manque pas de susciter la polémique à Bruxelles autour de l'humoriste » (voir ce blog, entre autres, aux 27 janvier 2016 et 21 septembre 2020). Sur cette photo prise en octobre 1991, Léon Degrelle et Stéphane Steeman devisent agréablement à une terrasse sur le Paseo Maritimo de Malaga.

     

    Pour illustrer notre propos et vérifier qui déforme réellement la vérité, épinglons seulement cette ahurissante affirmation : « [Léon Degrelle] est condamné à mort par fusillade le 27 décembre 1944 par le Conseil de guerre à Bruxelles. Par contumace, car il s'est enfui outre-Rhin, [...] cherchant à se dissimuler pour échapper à ses poursuivants » !

     

    Comme si Léon Degrelle avait cherché à échapper à son procès et à sa condamnation ! Mais il ignorait même totalement la tenue d'une telle iniquité qui prétendit le condamner à partir de lois d'exception ! C'est le 16 décembre 1944 que le persécuteur Ganshof van der Meersch (ce blog au 30 avril 2017) signe le mandat d'arrêt de Léon Degrelle et que, trois jours plus tard, l'assignation à comparaître parvient au... bourgmestre d'Uccle (fuyant le terrorisme de la résistance, la famille Degrelle avait quitté la Drève de Lorraine depuis le mois de septembre 1944 : ce blog au 13 mars 2023). Léon Degrelle a donc tout ignoré et de son procès et de sa condamnation : le 16 décembre 1944 débutait l'offensive Von Rundstedt et le Commandeur des Bourguignons se trouvait alors en visite à Prague et à Vienne.

     

    La Division Wallonie reformée et forte de plus de 4000 hommes était, quant à elle, à l'entraînement dans le Hanovre et Léon Degrelle était surtout préoccupé de la transformer en corps d'armée Occident réunissant Français et Wallons sous son commandement (ce blog au 25 mai 2021).

     

    Ce n'est que le 24 décembre que Léon Degrelle reçut l'ordre de Himmler de se rendre dans les Ardennes, non pour combattre, mais pour assurer, en tant que Volksführer, «  l'ordre civil, politique et militaire dans les territoires occupés par les troupes allemandes ». Le jour de Noël, il sera à Saint-Vith qu'il quitte dès le lendemain car les bombardiers anglo-américains s'appliquaient à anéantir la petite cité germanophone belge sous des tonnes de bombes incendiaires, exterminant quasiment la population civile restée sur place. Il se logera alors à Limerlé, à une vingtaine de kilomètres plus au sud. Vu l'échec de la bataille des Ardennes, Léon Degrelle et son état-major quittèrent ce village le 10 janvier 1945 au matin et rejoignirent la Division Wallonie engagée dans les ultimes combats de Poméranie pour retarder les hordes staliniennes et permettre aux populations civiles allemandes de leur échapper.

     

    LD Limerlé.jpegPendant l'opération Wacht am Rhein de reconquête de la Belgique par l'Allemagne, Léon Degrelle (ici, surplombant un Saint-Vith pas encore tout à fait réduit en cendres) est investi, en tant que Chef de Peuple, de tous les pouvoirs politiques et militaires pour restaurer la paix civile.

     

    Loin donc d'être « latitant », Léon Degrelle n'a rien su à ce moment de ses démêlés judiciaires, ni surtout des extravagances juridiques qui prétendirent les fonder (ce blog au 9 janvier 2021) : lois rétroactives, réduction à six mois du délai d'appel, déchéance automatique de la nationalité belge, perte définitive des droits civils et politiques,... Rappelons que l'extradition de Léon Degrelle d'Espagne exigée par la Belgique avait pour objet l'exécution de la sentence de mort et en aucun cas la tenue d'un nouveau procès, contradictoire cette fois, proposée en vain et réclamée à maintes reprises par le contumace malgré lui...

     

    Mais cela ne suffit pas à l'establishment s'indignant que si « Degrelle figure dans le camp des vaincus », « il n'a jamais été rattrapé par son passé. [...] Il ne sera pas inquiété dans sa retraite au soleil » (une bonne douzaine de tentatives d'assassinat ou d'enlèvement quand même ! Voir ce blog au 3 janvier 2023). Néanmoins, l'auteur de l'article peut tout de même se réjouir : « Mais sa famille a été condamnée : femme, parents, frère assassiné par les résistants à la fin du conflit » !

     

    De quoi certainement mettre du baume au cœur de ces gens confits dans la haine recuite ! Quelle différence avec celui qu'Adolf Hitler a déclaré considérer comme le fils qu'il se fût choisi (ce blog, entre autres, au 20 juillet 2018) et a logiquement reconnu comme « Chef de peuple » (ce blog au 28 novembre 2017) !

     

    Comment Léon Degrelle envisageait-il en effet sa mission au moment même où, le 27 décembre 1944, sa condamnation était affichée sur la Grand-Place de Bruxelles et où le peloton d'exécution fourbissait ses armes dans la cour de la prison de Saint-Gilles ?

     

    Il s'en est expliqué dans le documentaire historique de Jean-Michel Charlier, Autoportrait d'un fasciste (ce blog au 1er juillet 2017), qui fut invariablement déprogrammé des chaînes françaises de la télévision. Mais l'essentiel de l'interview peut toujours se retrouver dans l'ouvrage Léon Degrelle : persiste et signe (Interviews recueillies pour la télévision française par Jean-Michel Charlier, éd. Jean Picollec, 1985) :

     

    « A mon arrivée au front des Ardennes, lors de l'offensive du maréchal von Rundstedt, le jour de la Noël 1944, quelle fut ma première initiative ? Je fis imprimer des milliers de tracts à jeter sur la Belgique : j'accordais l'amnistie immédiate à tous nos adversaires, en vertu de mes pouvoirs de Volksführer reconnu officiellement par Hitler, dans le strict respect des accords internationaux et plus particulièrement de la Convention de La Haye qui fixe les droits des délégués du pouvoir militaire en zone de guerre. Usant de ces prérogatives, je lançais également un décret accordant immédiatement à tous nos compatriotes luttant dans le camp des Alliés des droits identiques à ceux de nos soldats, au port de leurs décorations, aux pensions des invalides, des orphelins et des veuves, leur assurant la considération due à tous les braves, quelle qu'eût été politiquement leur couleur.

    Nous bâtissions notre œuvre future dans un esprit de fraternité. C'était normal. Il n'y a pas un homme d’État qui puisse baser un grand travail sur la haine. La haine est un complexe d'infériorité, le réflexe de l'homme qui doute de son pouvoir de conviction. Si le responsable d'un pays y recourt, il n'est plus qu'un politicien déporté par ses passions et par la peur. On travaille par amour de son peuple et avec l'amour de son peuple. Jamais nous n'avons connu d'autre loi dans notre aciton, du premier au dernier jour du Rexisme. » (p. 375).

     

    LD Voiture Limerlé 1.jpeg LD Voiture Limerlé 2.jpegCes photos de la voiture de Léon Degrelle abandonnée dans les Ardennes ont été publiées par Giovanni Hoyois, ancien secrétaire général de l'ACJB (l'Action catholique de la Jeunesse belge où milita également l'étudiant Léon Degrelle, ce blog au 15 mars 2024) dans son livre L'Ardenne dans la tourmente (Dupuis, [1945]).

    L'auteur raconte : « Un jour, Degrelle s'enhardit à vouloir se rendre à La Roche, mais son auto fut mitraillée près d'Houffalize et il eut peine à la ramener à Limerlé où force lui fut de l'abandonner. » (p. 167).

    Quoique devenu résolument antidegrellien après la condamnation épiscopale de Rex le 20 novembre 1935 (ce blog au 8 avril 2017), Hoyois confirme la détermination de Léon Degrelle d'apaiser les passions déchirant le royaume, même s'il met cette volonté sur le compte de la hâblerie  : « Degrelle se vantait des grandes victoires qu'il escomptait toujours et il se gonflait d'importance : Nous sommes à Liége et aux portes de Bruxelles. Je suis nommé gouverneur général de la Belgique. Dans six mois, la guerre sera finie et je rentrerai à Bruxelles pour pacifier le pays. » (p. 166).

  • « Un retour de Léon Degrelle aurait empoisonné le climat politique belge » - Arnaud de la Croix, dans "L’Echo", 24 septembre 2016

     

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    Avouons que L’Echo, gazette belge de la Finance, ne figure pas dans nos lectures quotidiennes. Cet article, au titre prometteur, nous avait donc échappé, mais nous l’avons retrouvé sur le site du quotidien. Loin d’expliquer les vraies raisons de l’exil forcé de celui dont la Belgique faisait semblant de réclamer l’extradition, cet échange de propos convenus se travestissant en pseudo-interview établit un parallèle « entre notre époque et les années trente », c’est-à-dire la « crise économique et financière » actuelle et le combat degrellien contre les banksters (toujours actifs mais passés sous silence) pour dénoncer « la montée des populismes », toujours néfaste à la finance apatride. Tout ça, en gros, pour assurer la publicité d’un bouquin –ramassis de calomnies parfois culotées, le plus souvent éculées–, sur Degrelle, 1906-1994, publié aux éditions Racine.

    Nous en ferons une recension circonstanciée, mais attardons-nous un peu sur le florilège de contrevérités bombardées par le pisse-copie de service, un certain Jean-Paul Bombaerts, cancanant avec l’auteur du bouquin, un certain Arnaud de la Croix (mais pas gammée pour un sou, rassurez-vous !).


    Ce dernier se présente comme un « historien belge » (ce qu’il est sans doute au même titre que les Frères Taloche qui, eux au moins, savent nous faire rire de leurs calembredaines !) prétendant combler « cette lacune » de l’absence de « biographie complète » de Léon Degrelle !

    On se demande bien en quoi « cette lacune » pouvait gêner nos ragoteurs puisque le journaleux assène de prime abord que Léon Degrelle n’est qu’un « personnage […] vantard, à la limite du grotesque ». Ce que confirme tout de go le sieur De la Croix (qui, in petto, le jure solennellement Croix de bois, Croix de fer, si je mens, je vais en enfer !) : « Il est vrai que Degrelle était un menteur éhonté et un mythomane invétéré » !

    Alors, pourquoi lui consacrer un livre ? Sans doute pour documenter les « mensonges » et la « mythomanie » de sa cible... Il prétend en tout cas en fournir quelques exemples pour allécher peut-être les capitalistes lecteurs du quotidien de la Bourse belge, dont les préoccupations sont assurément aux antipodes de son sujet.

    - « il crée la Légion Wallonie pour […] obtenir le poste de Gauleiter pour la Belgique francophone » !

    - « Hitler lui aurait déclaré : Si j’avais eu un fils, j’aurais voulu qu’il soit comme vous. C[’]est bien sûr une pure invention » !!

    - « il va pouvoir amadouer les nationalistes flamands en abandonnant Bruxelles à la Flandre » !!!

    - « Son comportement sur le front de l’Est […] La réalité, c’est qu’il avançait souvent des excuses pour ne pas être au front » !!!!!!!

    - « Je ne pense pas que Degrelle, contrairement à ce qu'il affirmait, avait des révélations à faire. […] Il aurait notamment pu faire des déclarations embarrassantes sur l'attitude du gouvernement belge en France. […] C'est surtout Paul-Henri Spaak qui ne voulait pas voir Degrelle rentrer en Belgique. » !

    Spaak craignait donc des non-révélations "embarrassantes"!.. Il y a vraiment des taloches qui se perdent…

    Il est encore question d’antisémitisme et bien sûr de Hergé, mais nous reviendrons plus en détail sur ce ramassis de mensonges où le grotesque le dispute à l’imbécillité. Beaucoup d’éléments de réponse se trouvent d’ailleurs déjà dans notre recension de l’opuscule Degrelle, qui suis-je ? de Francis Bergeron (voir ce blog à partir du 30 avril 2016).


    Pour le reste, rappelons que, jusqu’à aujourd’hui, il existe bien deux importants et indispensables ouvrages pouvant prétendre au statut de « biographie complète » de Léon Degrelle, retraçant « l’ensemble de son parcours, de son enfance sur les bords de la Semois à sa retraite espagnole » :

     

    - Louise Narvaez, Duchesse de Valence, Degrelle m’a dit…, Les Grands Documents de l’Histoire, 1961.

    - Jean-Michel Charlier, Léon Degrelle persiste et signe. Interviews recueillies pour la télévision française, Editions Jean Picollec, 1985.


    Deux autobiographies sont également indispensables à toute personne soucieuse de documents de première main :

    - Mon combat, récit de sa vie rédigé après-guerre par Léon Degrelle à l’intention de ses jeunes enfants dont il vivait séparé. Edition à compte propre, sans nom d’éditeur, ni lieu, ni date, par un cercle d’amis de Léon Degrelle, peu après 1994.


    - Tintin mon copain, Editions Pélican d’Or, Klow, Syldavie, 2000.

     

    Dans notre monde démocratique garantissant la liberté de pensée et d’expression, tous ces ouvrages sont désormais rares et difficilement disponibles, sauf chez quelques bouquinistes spécialisés qu’il faut savoir dénicher…