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victor matthys

  • Léon Degrelle, toujours dans le collimateur

     

     Sous le manteau du Caudillo [3]

     

    Ragots en stock !

     

     

    Bajo el manto.pngNous avons pu, tout au long de deux articles bien loin d'être exhaustifs, mettre en évidence, pour tout ce qui est relatif à Léon Degrelle, les « qualités » professionnelles du Docteur en Histoire José Luis Rodríguez Jiménez, auteur de Bajo el manto del Caudillo Sous le manteau du Caudillo [Franco] » : ce blog aux 1er et 19 septembre 2024).

     

    Ces « qualités » sont plus évidemment des carences, tant sont flagrantes la complaisance pour les racontars de toutes sortes et l'outrecuidance dans la réécriture des faits. L'Université Rey Juan Carlos peut décidément compter sur son distingué professeur pour soigner aux petits oignons sa réputation pittoresque. Et ce, grâce à sa capacité à réviser unilatéralement l'histoire et à développer une cancel culture politiquement correcte, –ce qui est, à l'évidence, hautement apprécié aujourd'hui.

     

     

    Collaborer à tout prix !

     

    La puissance de ses raisonnements au service de l'histoire révisée pourra néanmoins en déconcerter plus d'un. La logique est d'ailleurs parfois tellement tirée par les cheveux qu'on ne comprend plus ni les tenants ni les aboutissants de la démonstration. Ainsi, par exemple : « La déception [de n'être pas partie prenante dans les projets de l'Allemagne victorieuse de la Belgique en mai 1940] ne poussa pas [Léon Degrelle] à faire marche arrière dans la collaboration déjà entamée [?] de Rex avec l'envahisseur ni dans l'adoption des allures et des idées [?] du nazisme. [...] Enfin, les déceptions furent nombreuses, mais cette marginalisation avait préparé le terrain [!!!] pour la collaboration avec l'occupant. » (pp. 65-66).

     

     

     

    LD Barbe juin 1940.jpeg

    Léon Degrelle libéré des geôles françaises, garda la barbe quelques semaines pour dissimuler les traces des sévices endurés durant sa captivité en France : le revoilà à Bruxelles, drève de Lorraine dans le bois de la Cambre, à l'entrée de sa propriété alors réquisitionnée par la Luftwaffe (pour prix de sa « collaboration » sans doute ? Voir La Cohue de 1940, p. 109 et ce blog au 8 octobre 2022).

    Pour l'historien diplômé de l'Université Complutense de Madrid, Léon Degrelle était en effet « collaborateur » du Reich dès avant mai 1940 ! C'est aussi ce que voulaient faire croire les autorités belges qui l'ont arrêté et ce qu'ont cru les militaires français qui l'ont torturé pour qu'il dévoile les plans secret d'Adolf Hitler ! « La police militaire française me croyait au courant de tous les secrets de Hitler. À force d'être rossé, je finirais bien par avouer quels étaient les plans de l'épouvantable Führer » ! (Léon Degrelle : persiste et signe, p. 220 ; ce blog aux 30 avril et 6 mai 2017).

    Mais loin de participer aux plans d'attaque de son pays, au moment de l'invasion allemande de la Belgique et du Luxembourg, Léon Degrelle était chez lui à Bruxelles où il récitait « lentement les admirables prières de l'Office des morts pour les héros qui succombaient à cette heure » (La Guerre en prison, p. 70). C'est à ce moment précis que « l'auditeur général Ganshof van der Meersch, le haineux factotum du ministre franc-maçon Janson » fit en sorte que, malgré son immunité parlementaire, il fût arrêté et enfermé « dans une cellule du palais de Justice de Bruxelles dès la première heure de la guerre, puis incarcéré à la prison de Saint-Gilles, mis au secret, transporté deux jours plus tard à la prison de Bruges, ensuite livré à la police française » (Persiste et signe, p. 217).

     

     

     

    Une fortune suspecte

     

    Nous pouvons étoffer ce dossier presque à l'infini : par exemple, à propos de la fortune de Léon Degrelle, lorsque Rodríguez reprend les soupçons psychotiques d'Anne Lemay[-Degrelle] (ce blog au 23 octobre 2022) : « Jamais sa fille n'a dit qu'il avait exercé quelque travail concret. [...] Bien entendu, les travaux [de La Carlina] qui durèrent plusieurs années, ont dû entraîner des coûts considérables. Le plus probable est qu'il dut faire face à ces frais grâce au soutien économique de certaines amitiés [etc. : voir ce blog sur la première fournée de ragots de Rodríguez, le 1er septembre 2024] » (p. 232).

     

     

     

    Plan LD Fontaine Carlina.jpg

    Anne Lemay[-Degrelle] n'a jamais précisé quel « travail concret » son père avait pu exercer, mais elle n'a jamais prétendu non plus qu'il fût totalement oisif. Elle raconte même l'avoir accompagné lors d'une visite chez des industriels basques avec lesquels il était en affaire (ce blog au 23 octobre 2022 ; voir aussi la lettre de Léon-Marie à sa cousine, quelques jours avant son accident, impressionné par les compétences de son père pour le commerce et l'industrie  : « Papa s’occupe beaucoup d’affaires diverses ; il est très adroit pour cela », ce blog au 26 février 2016). Mais cela n'intéresse pas Rodríguez. Ce sont pourtant ces revenus qui permirent la construction de La Carlina, dont Léon Degrelle –architecte, pour l'occasion !– dessina lui-même quelques plans ainsi que les principaux ornements et détails architecturaux (ici l'une des fontaines de la propriété).

     

     

    Si Léon Degrelle put compter dans les premiers temps de son exil sur le soutien précieux d'amis politiques avec qui il avait noué des liens personnels lors de son premier voyage en Espagne en février 1939 (ce blog au 1er septembre 2024), leur aide fut davantage matérielle (transport, abris, soins de santé, appuis politiques,...) que pécuniaire. Elle permit néanmoins à l'exilé de réunir les conditions nécessaires pour lui permettre de commencer à gagner sa vie. C'est ainsi qu' « À la date du 21 novembre 1947, la section du travail des étrangers a délivré la carte de travail numéro 20.969 correspondant au dossier numéro 28.164 au nom d'Enrique Durand, son nouveau patronyme, apatride né à Varsovie. Ce document l'autorisait à travailler à Madrid en tant qu'expert d'art dans l'entreprise d'Enrique Durán avec un salaire annuel de 12.000 pesetas. » (José Luis Jerez Riesco, Degrelle en el exilio, p. 114).

     

    Ce premier permis de travail n'avait cependant qu'une validité de quelques mois (jusqu'au 7 juillet 1948). Mais il permit le véritable démarrage de ses activités professionnelles, comme il l'a détaillé à Jean-Michel Charlier : « je suis arrivé à posséder en exil quelques biens, un toit, et surtout ce qui m'est indispensable dans la vie : des œuvres d'art. Comment ? C'est simple : j'ai trimé. [...] Pendant plusieurs années, coupé de presque tout le monde, perdu dans un bled de la Sierra Morena, à vingt kilomètres du premier village, je n'ai pu me servir que d'un vieux téléphone à moulinet pour mener mes premières opérations. C'était presque pittoresque. J'ai ensuite contribué à monter près du Guadalquivir une industrie métallurgique. J'ai réussi aussi d'excellentes opérations sur du coton d'Australie. Puis je suis devenu constructeur. J'ai fourni notamment un toit à cinquante ménages d'une base américaine. » (Persiste et signe, p. 395 ; voir les esquisses de plans pour les maisons américaines sur ce blog, le 23 octobre 2022). Sur le sujet, Rodríguez eût également pu et dû consulter la biographie consacrée à Léon Degrelle en exil par José Luis Jerez Riesco (p. 191 sv.). Mais sans doute trouve-t-il l'auteur trop peu recommandable, puisqu'il le dénonce comme « néo-nazi espagnol [...] admirateur du leader belge » (p. 366). Sa biographie (ce blog, entre autres, au 28 mai 2016) est pourtant bien mieux documentée que la publication de Rodríguez , par exemple sur les sociétés commerciales et entrepreneuriales créées par Léon Degrelle après la saisie de La Carlina, dans les années 1960-1970, pour gagner sa vie : MADESA (Madrid Europa SA), CODERSA (Comercio y Decoración SA), Torre del Sol SA, Tintebel,...

     

     

     

    LD Chantier Maisons américaines.jpg

    Devenu constructeur au début des années 1950, Léon Degrelle surveille le chantier des maisons à destination d'une cinquantaine de ménages d'une base américaine.

     

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    En civil pour passer inaperçu ?

     

    Autre détail complètement faux : Léon Degrelle abandonna son uniforme en quittant le Danemark pour la Norvège : « Habillés en civil, [Degrelle et Du Welz] voyagèrent sur un dragueur de mines allemand jusqu'à Oslo. » (p. 54). Déjà, dans La Campagne de Russie, le Commandeur de la Wallonie avait laissé entendre que l'hostilité relative de la population norvégienne à son égard et celui de ses compagnons était provoquée par l'uniforme allemand qu'ils portaient : « Nous nous arrêtâmes deux fois pour demander notre route. Les promeneurs nous dévisageaient : non, faisait chaque tête [,,,] malgré la brillance du printemps, la guerre et sa hargne passaient d'abord... » (p. 266). Il sera plus précis avec Wim Dannau en 1969 (mais dans le français approximatif typique du peu scrupuleux journaliste dans Face à face avec le rexisme, Le Scorpion, 1971) : « Oslo était de toutes parts frénésie de la libération, mais sans violence aucune ! Parce qu'enfin, nous étions en uniforme de la Waffen SS ! Ce n'était pas une recommandation : une auto de la Waffen SS ! Nous avons traversé la ville entière ; on était à l'avant de la petite voiture. Moi avec au cou mon collier de la Ritter-Kreuz ; ça se reconnaissait. Mais les gens faisaient des petits bonjours et on s'écartait pour laisser passer la voiture et c'est les même gens qui, le lendemain, ont massacré tous les Waffen SS qu'ils ont trouvés dans la ville quand sont descendus de la montagne les gens de la résistance. Mais les gens de la ville, ils étaient là, bien calmes ! » (p. 100).

     

    Ainsi que dans Tintin mon copain (écrit au début des années 1990, publié en 2000) : « Dans ma petite Volkswagen, Feuilles de Chêne au cou, je portais toujours mon uniforme de Commandeur de Division de la Waffen SS. S'il fallait périr, je voulais que ce fût fièrement, à l'ordonnance ! » (p. 136).

     

     

     

    LD+Du Welz 1945 Mola.jpg

    D'une terrasse du second étage de l'Hôpital Mola, Léon Degrelle (l'épaule gauche toujours plâtrée) et Robert Du Welz assistent à un match de boxe organisé dans le patio de la clinique : les deux officiers SS ont toujours le même pantalon feldgrau de l'uniforme qu'ils portaient lors du crash du Heinkel du ministre Speer dans la baie de San Sebastián au petit matin du 8 août 1945.

     

     

    De même, c'est sans équivoque que Léon Degrelle répondit à la question précise du journaliste de Playboy en avril 1979 (ce blog au 19 septembre 2024) :

    « DEGRELLE :La situation en Norvège était étrange, il n'y avait pas de haine. J'ai pu me promener pendant des heures dans les rues d'Oslo le jour de la capitulation.

    PLAYBOY : Habillé en civil ?

    DEGRELLE : Jamais je n'ai enlevé mon uniforme. Je suis arrivé en Espagne en le portant. »

     

    Pour preuve encore de l'insanité de l'affirmation gratuite de Rodríguez, l'anecdote savoureuse que Léon Degrelle confia à Jean-Michel Charlier en 1976 : « Dans ma chambrette de blessé à l'hôpital militaire de San Sebastián, j'étais au secret. Au bout de quinze mois, après que toutes mes offres de retour en Belgique eussent été repoussées, et mon expulsion théorique d'Espagne ordonnée, il m'a bien fallu déguerpir de cette bâtisse. Je ne possédais même pas de vêtements civils. J'étais tombé dans la mer en uniforme de la Waffen SS. Pour prendre le vert, j'avais absolument besoin d'au moins un pantalon qui ne fût pas de couleur feldgrau ! [...] Il me fallait donc faire teindre ce vieux pantalon hérétique. Pendant plusieurs semaines j'ai vendu à d'autres internés mes quelques cigarettes de blessé jusqu'à réunir les dix pesetas que la femme de charge de l'hôpital réclamait pour la teinture ! C'était le tarif le plus bas. La teinture, d'ailleurs, était tellement détestable que lorsque j'ai retiré ce pantalon historique, le soir de mon évasion, j'avais des cuisses noires comme celles du maréchal Mobutu ! La teinture s'était plaquée sur ma peau comme une décalcomanie. » (Persiste et signe, pp. 393-394).

     

     

    Un baragouineur et un faux gradé...

     

    Ou, autre exemple de renseignement non vérifié mais croustillant, l'affirmation (inspirée sans doute également par Anne Lemay[-Degrelle], ce blog au 3 janvier 2023), selon laquelle Léon Degrelle parlait « un espagnol grossier entrecoupé de phrases en français » (p. 244), alors que, cinq pages plus loin, Rodríguez cite le témoignage de Jean-Louis Urraca qui vécut plusieurs années auprès de l'exilé : « il s'exprimait couramment en espagnol qu'il parlait bien, avec tout le vocabulaire, mais avec un accent prononcé » (p. 249).

     

    Enfin –exemple beaucoup plus déplaisant–, cette allégation calomnieuse déniant à Léon Degrelle son grade de colonel. Pour l'occasion, Rodríguez n'hésite pas à reprendre l'antienne du Degrelle-menteur radotée par les historiens officiels : « [...] Himmler qu'il cherchait et qu'il finit par retrouver, d'après ce qu'il dit car il se pourrait bien que cette histoire ne serve qu'à mettre dans la bouche du chef de la SS son accession au grade de colonel, alors que tout était déjà perdu. Peut-être n'est-ce qu'un mensonge et qu'il ne pensait qu'à fuir et à se cacher. » (p. 54)

     

     

     

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    Le Soldbuch de Léon Degrelle détaille tout son parcours militaire depuis son engagement, le 8 août 1941, comme simple soldat jusqu'au grade de Standartenführer (colonel), obtenu le 20 avril 1945, jour du cinquante-sixième anniversaire du Führer. Et tant pis pour l'expertise universitaire de Rodríguez, Docteur ès histoires fabriquées.

     

     

    Ce nouveau « scoop » mouillé est peut-être bien issu de la prétendue Encyclopédie du Pic de la Mirandole Eddy De Bruyne (ce blog à partir du 23 mars 2017) qui prétend que le grade ultime de Léon Degrelle fut SS-Obersturmbannführer (lieutenant-colonel), à l'exclusion donc de colonel et, a fortiori, de général. Mais ce dictionnaire ne figure pas dans les Références bibliographiques et archivistiques de Rodríguez, au contraire des autres publications de De Bruyne. Les aurait-il mal lues, car, reprenant le Journal (non publié) de l'Untersturmführer (sous-lieutenant) Charles Generet, De Bruyne raconte : « Le 1er mai 1945, Degrelle et sa suite passèrent la nuit à Kalkhorst. Himmler y passa dans le courant de la matinée du 2 mai sans que Degrelle eût le temps de le rencontrer. L'ironie du sort voulut que Duwelz fût occupé à coudre les insignes de Standartenführer (colonel) sur l'uniforme de Degrelle ». (Léon Degrelle et la Légion Wallonie, la fin d'une légende, pp. 225-226).

     

    Sur les divagations de De Bruyne à propos du caractère illégitime des actes officiels de Heinrich Himmler après la dictée de son testament par Adolf Hitler, nous renvoyons à notre article circonstancié publié sur ce blog le 28 novembre 2017.

     

     

     

    LD-Skorzeny  Années 50.jpg

    A la fin des années 50, très probablement à La Carlina, Léon Degrelle se fait photographier avec son uniforme en compagnie de son ami, le Standartenführer (colonel) Otto Skorzeny. On remarquera les pattes de col portant les insignes de Standartenführer cousus par l'officier d'ordonnance Robert Du Welz au petit matin du 2 août 1945.

    Le mariage à Madrid de la dernière fille de Léon Degrelle, Marie-Christine, avec un jeune avocat galicien, le 9 octobre 1969, fut à nouveau l'occasion d'un hourvari médiatique. Le journal flamand Telstar (hebdomadaire aujourd'hui disparu), en profita pour s'interroger sur les ressources financières de « Don León José de Ramírez Reina alias Léon Degrelle ». Et d'obtenir cette intéressante conclusion d'Otto Skorzeny : « Les initiés savent en effet que Léon Degrelle a connu financièrement aussi bien des hauts que des bas. C'est surtout son ami Otto Skorzeny, le libérateur de Mussolini, qui a toujours été présent pour le protéger quand les choses allaient mal. Skorzeny est le représentant de grandes entreprises en Espagne et n'a jamais laissé tomber son camarade Léon. Son explication toute sereine :

    Herr Léon était général SS. Et moi, colonel. Ainsi tout est dit. »

    (Telstar, 18 octobre 1969, p. 7)

     

     

     

    Un gendre collabo face à un beau-père patriote ?

     

    Allez ! Un dernier ragot pour la route : il nous éclairera sur l'étendue de la conscience professionnelle de ce docteur en histoire qui ne lit que superficiellement ses documents et, surtout, ne vérifie pas ses informations, ou plutôt ce qu'il a compris de ses lectures.

     

     

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    C'est ainsi que Rodríguez va nous élucubrer toute une faribole sur la rupture des relations entre Léon Degrelle et Marcel Lemay, son beau-père : « Mais du reste de la famille, [Degrelle] ne devait avoir que peu de nouvelles. Il vivait depuis des années dans un isolement physique et émotionnel, sans échanger de courrier avec sa femme ou sa belle-famille, avec lesquels les relations s'étaient détériorées depuis longtemps. Son beau-père avait trouvé la mort sur le front d'Alsace en combattant les Allemands et au moins un de ses beaux-frères s'était également battu contre la Wehrmacht. Le fait que Degrelle ait combattu sous l'uniforme allemand semble suffire à expliquer la rupture, mais il y a une autre raison, très commentée par la famille : sa fille Anne assure que le pire pour eux fut qu'il clôtura un de ses meetings en lançant le cri Heil Hitler ! ; il fit de même pour l'éditorial du Pays réel du 1er janvier 1941, intitulé Salut à 1941. » (p. 188).

     

     

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    Le contexte de cette publication est également des plus intéressants, car cet éditorial de Nouvel-An est significativement placé à côté de la proclamation de Nouvel-An d'Adolf Hitler annonçant la poursuite de l’œuvre politique du national-socialisme : garantir les droits élémentaires de l'homme à tous ceux qui n'ont rien.

     

     

    Le problème, c'est que Rodríguez embrouille la chronologie à plaisir, mélangeant dates et faits comme s'ils étaient strictement contemporains. À le lire, quand l'armée allemande est passée à l'offensive, le 10 mai 1940, les relations du chef de Rex avec son beau-père « s'étaient détériorées depuis longtemps », « depuis des années » même. La preuve étant que Marcel Lemay fut tué « sur le front d'Alsace en combattant les Allemands », alors que Léon Degrelle combattait « sous l'uniforme allemand », après avoir lancé « le cri Heil Hitler ! »... À l'appui de sa brillante démonstration, il invoque, dans ses Références bibliographiques et archivistiques, le témoignage irréfragable de Léon Degrelle lui-même : « S'agissant des données relatives à la famille Degrelle durant la guerre mondiale et l'après-guerre : la mort du beau-père, dans La Cohue de 1940, pp. 42-43 [...] » (p. 380).

     

    Apprenons donc au professeur d'université qu'au moment de l'invasion allemande, Léon Degrelle ne portait pas l'uniforme allemand et ne criait pas « Heil Hitler ! », mais avait été jeté en prison (ce blog aux 30 avril et 6 mai 2017). Quant à La Cohue de 1940, le professeur devrait certainement apprendre à lire ! « Je retrouvai à Paris [pour les fêtes de Noël 1939], venant directement de la ligne Maginot, mon beau-frère, jeune candidat officier, et mon beau-père, capitaine de réserve, qui, malgré ses cinquante-sept ans, avait lâché ses usines et était reparti gaillardement, comme volontaire, au front d'Alsace ; il allait mourir pour la France quelques mois plus tard. » (p. 43).

     

     

     

    PR 1936.09.12 Jean Lemay Espagne1.png

    Le Pays réel, 12 septembre 1936.

     

     

    Notons tout d'abord que les relations « détériorées depuis longtemps » avec son beau-père n'ont manifestement pas empêché Léon Degrelle de passer les fêtes de Noël 1939 avec lui et « au moins un de ses beaux-frères ». Rien de plus normal puisque ce beau-frère n'est autre que le très rexiste Jean Lemay, sous-lieutenant de l'armée française. Jean Lemay accompagna ainsi, en septembre 1936, les envoyés spéciaux du Pays réel (José Streel, Hubert d'Ydewalle, Serge Doring) dans leur visite du front nationaliste en pleine guerre civile espagnole.

     

     

    PR 1940.10.26 Mort Marcel Lemay.png

    Notons également que le beau-père Marcel Lemay n'est pas mort au front au cours de la Bataille d'Alsace en juin 1940. Léon Degrelle l'avait pourtant bien écrit noir sur blanc : « il allait mourir pour la France quelques mois plus tard », c'est-à-dire le 5 octobre 1940, à Eyliac, dans sa propriété de Dordogne (ce blog au 13 mars 2023). Son faire-part mortuaire publié dans Le Pays réel le 26 octobre 1940 reste assez vague sur les causes du décès, le déclarant « mort des suites de la guerre ». Comme le confiera son fils Michel à Philippe Dutilleul, réalisateur du film La Führer de vivre (février 2009, ce blog au 20 décembre 2022), son père serait plus sûrement mort « de chagrin » (L'Avenir, 26 mars 2009).

     

    Chagrin causé par la défaite humiliante de la France ? Chagrin causé par la captivité subie par son fils Jean dans un camp de prisonniers en Allemagne (la famille Lemay demandera d'ailleurs à Léon Degrelle d'intervenir pour sa libération : ce blog au 20 décembre 2022) ? On ne sait, mais ce chagrin ne fut certainement pas causé par un désaccord avec les positions politiques de son beau-fils, car un tel différend n'exista jamais, Rodríguez se gardant bien de citer la suite du texte de La Cohue de 1940 : « Je passai une semaine avec eux, blaguant, flânant. Mon beau-père et moi étions des amis intimes. J'admirais son patriotisme bruyant et incandescent. Son devoir à lui, Français, une fois la guerre engagée, était de se battre. Mon devoir à moi, Belge, tant que la guerre épargnait la Belgique, était d'éviter à mon pays cette catastrophe tout en lançant à l'Europe les derniers appels pacifiques qui pourraient encore, peut-être, la sauver des abîmes de feu et de sang vers lesquels elle se précipitait. » (p. 43).

     

    Il n'y eut donc jamais le moindre différend entre Marcel Lemay et Léon Degrelle, qui étaient « des amis intimes ». L'industriel tournaisien fut même le principal soutien financier de son gendre, participant, par exemple, au sauvetage des presses de Rex en 1934 à hauteur de 200.000 francs (+/- 18.000 euros), au financement des campagnes électorales du mouvement (500.000 francs –45.000 euros– en 1937 ; 800.000 francs –71.000 euros– en 1938) ainsi qu'à l'établissement du couple Degrelle à la Drève de Lorraine en 1939 (un prêt de 600.000 francs, ce blog au 13 mars 2023). Tous ces dons étaient parfaitement connus de tous, suscitant d'ailleurs le persiflage de la presse antirexiste.

     

     

    DH 1938.10.27 Drève Lemay.png

    Caricature parue en « une » de La Dernière Heure le 27 octobre 1938 (les élections communales du 16 octobre ne furent pas un succès pour le mouvement rexiste en crise depuis le revers électoral de 1937 : ce blog au 22 mai 2024).

     

     

    Cette fable de la rupture de la confiance et des relations entre le père et le grand-père d'Anne Lemay[-Degrelle] fut probablement inventée par la grand-mère, Jeanne Caton et ce, comme nous l'avons établi (ce blog au 24 janvier 2023), par sa « volonté de se montrer, après-guerre et par grégarisme opportuniste, le plus antihitlérien possible » afin de sauver autant que possible la florissante entreprise familiale. Mais qu'un historien reprenne cette fiction sans la moindre vérification et en triturant encore plus gravement la chronologie relève du mensonge, plus encore que de la mauvaise foi !

     

    Précisons aussi qu'après avoir défendu la politique officielle de la Belgique qui était celle de la neutralité, réaffirmée encore par le roi Léopold III à la fin de 1939 (ce blog au 20 mai 2018), Léon Degrelle qui, en tant qu'aîné de famille nombreuse, avait été exempté du service militaire (ce blog au 31 juillet 2017), demanda à s'engager dans les troupes belges, exactement à l'image de son beau-père (ce blog au 7 mai 2016).

     

    Alors, amalgamer la mort en 1940 du grand-père –prétendument tué au combat– au Heil Hitler tactique de janvier 1941 (destiné à rappeler au Führer la nécessité d'une politique nationale-socialiste en Belgique plutôt que la réactivation d'une Flamenpolitik par les hobereaux prussiens d'occupation : ce blog au 18 mai 2017) censé aggraver le port de l'uniforme allemand de juillet 1941 (héroïque participation à la croisade antibolchevique, nécessaire au retour respecté de la Belgique dans le concert des nations de l'Europe d'Ordre nouveau), ressortit à la diffamation. D'autant que, nous le savons aujourd'hui, malgré les contorsions des historiens officiels, aucune de ces actions de Léon Degrelle inspirées par un patriotisme qui n'avait rien à envier à celui de Marcel Lemay ne fut jamais condamnée par le roi, disposé d'ailleurs lui-même à jurer allégeance au Führer (ce blog au 28 juin 2017) !

     

     

     

    AH Léopold Bercht. 1940.11.16.jpg

    Affiche contre le retour du roi Léopold III soumis au référendum du 12 mars 1950 ; « Auteur responsable : Salomon Deloye Place Cardinal Mercier, Ougrée. Imprimerie Union coopérative, 26 place Saint-Lambert Liège – Directeur : J. Malaise »

     

    Après avoir grossièrement refusé de rencontrer Adolf Hitler en visite à Bruxelles le 1er juin 1940 (ce blog au 28 juin 2017), le roi Léopold III fut tout heureux de se voir accorder, grâce à l'entregent de sa sœur Marie-José, épouse du fils du roi d'Italie, un entretien avec le Führer, qui se tint à Berchtesgaden, le 19 novembre 1940 (et non le 16 comme indiqué sur ce placard). Cette rencontre conforta le souverain dans sa détestation du régime parlementaire et son inclination pour l'Ordre nouveau. Même si le cours des événements imposa finalement une indispensable marche arrière, il n'en reste pas moins que sa volonté communiquée par l'omniprésent secrétaire du Roi, le comte Capelle aux démentis à posteriori systématiques, encouragea aussi bien Léon Degrelle et les Volontaires au Front de l'Est, que des journalistes comme Robert Poulet à collaborer avec le Reich national-socialiste dans une perspective toute patriotique (ce blog au 25 mai 2016).

    Ce qui explique les contorsions embarrassées des historiens de cour, tel, par exemple, Martin Conway : « En fait, dans cette matière [l'attitude du Roi favorable à la Légion] comme dans tant d'autres relatives aux faits et gestes de Léopold III et de son entourage durant la guerre, beaucoup dépend de l'interprétation que l'on fait de certains commentaires assez réservés par ailleurs. » (Degrelle, les années de collaboration, p. 107). Le même Conway devant admettre du bout des lèvres que « des rumeurs persistent au sein de Rex et de la Légion selon lesquelles tous ceux qui ont demandé l'avis de la Cour n'ont pas été déconseillés de se battre en Russie. » (p. 108).

     

    Léopold III AH Berchtesgaden.pngIl est vrai que les témoignages abondent sur une réserve royale finalement assez peu réservée :

    « Le Comte Capelle m'a dit que le Roi était tout a fait favorable à la Légion, mais qu'il ne pouvait le manifester publiquement. » (Pierre Daye, in Recueil de documents établi par le Secrétariat du Roi concernant la période 1936-1949, p. 366).

     

    « Le 8 août 1941, [le Roi] dit à Capelle : [...] Sans être admirateur de Hitler, il faut reconnaître qu'il essaie de mettre de l'ordre dans son pays et d'inculquer l'esprit de discipline dans la jeunesse. [...] S'il ne parvient pas à abattre le bolchevisme, nous connaîtrons, après la guerre, le plus grand danger que l'Humanité ait jamais connu et que ne veulent pas soupçonner actuellement les esprits à courte vue. » (in Jan Velaers et Herman Van Goethem, Léopold III en Belgique, sous l'Occupation, in Léopold III, Éditions Complexe, p. 160).

     

    « le Roi me demanda un jour (en été 1940) si je croyais que dans une Europe fédérée sous l'hégémonie allemande, il pourrait en tant que Roi prêter à Hitler un serment comportant une certaine allégeance, comme dans le Reich d'antan les monarques à l'Empereur. [...] Après l'entrevue de Berchtesgaden en novembre 1940, le Roi me dit à plusieurs reprises que [...] il avait été profondément impressionné par la personnalité de Hitler. Au printemps de 1941, il alla même un jour jusqu'à dire : C'est un homme comme il en naît un tous les mille ans”. » Henri de Man, Le Dossier Léopold III, Éditions des Antipodes, p. 33).

     

    Pour un point sur les relations entre Léopold III, Adolf Hitler et Léon Degrelle, voir ce blog au 28 juin 2017. Mais c'est très volontiers que nous conclurions avec le malheureux Victor Matthys, condamné à mort par les tribunaux de la répression : « La moindre conclusion que l'on en tire, après les entretiens de Berchtesgaden, est [que le Roi] se réserve d’approuver le vainqueur. » (ce blog au 7 juin 2018).

     

    Dessin extrait d'une caricature anonyme publiée en 1940 par la Ligue d'Action wallonne

     

     

    Nous terminerons là notre revue largement incomplète des ragots et autres médisances de Rodríguez car c'est la réécriture complète du bouquin que la correction de ses billevesées imposerait...

     

    Cela ne veut néanmoins pas dire que nous allons maintenant quitter l'ouvrage du docte cathédrant car, –divine surprise !–, le lecteur pourra tout de même trouver quelques précieux renseignements inédits... cachés sous le manteau du Caudillo !

     

     

    À suivre

     

  • « Les ultimes secrets de Hergé » de Bob Garcia : un aveuglement antidegrellien, malgré des sources originales

    VA Tintin Palle Huld.jpegC’est Valeurs Actuelles qui nous l’a appris (c’était le 23 février dernier) : après Paul Remi (le frère de Hergé, ce blog au 1er février 2016), Rouletabille, évoqué par Guillaume Pinson (le fils de la concierge de Tintin lorsqu’il habitait rue du Labrador ?) dans la revue canadienne Etudes françaises (vol. 46, 2010), le motard Robert Sexé (une lubie de Francis Bergeron, ce blog aux 1er février et 4 mai 2016 ; 29 décembre 2021) et Albert Londres (par le faussaire Pierre Assouline, ce blog au 29 décembre 2021), il paraît que « En réalité, il faut regarder vers le Danemark pour y découvrir le prototype de Tintin. […] C’est Palle Huld, un garçon de 15 ans, commis dans un magasin d’accessoires automobiles » !

     

    La démonstration, toute de ragots incertains, signée par Philippe Delorme, laisse plutôt pantois : « On dit que l’abbé Norbert Wallez, le directeur du XXe siècle, le journal catholique pour lequel travaillait Hergé, aurait conseillé à ce dernier de créer un héros ressemblant au jeune Danois » ! Nous ignorons si ce Philippe Delorme a quelque chose à voir avec Paul-André Delorme qui signa naguère dans Rivarol un Léon Degrelle, flamboyant fasciste wallon, surprenant de « correctitude politique » (ce blog aux 13, 20 mai et 21 juin 2018), mais nous retrouvons dans son article une identique propension à la gratuité des « informations » non vérifiées…

    Nous avons, bien sûr, envoyé un commentaire circonstancié et dument référencé à la revue parisienne qui en a publié l’essentiel. Notre surprise fut plus grande encore de voir à notre suite une autre réponse allant semblablement dans notre sens, signée par… Francis Bergeron !

    L’occasion de nous réjouir de la remarquable évolution de l’auteur du malheureux Degrelle, Qui suis-je ? (ce blog à partir du 30 avril 2016) ! Dans sa biographie Georges Remi, dit Hergé (2011), il prétendait que « Tintin est le contraire de Degrelle quant au caractère » ; puis, à propos de son bouquin Hergé, le voyageur immobile (2015), il convenait dans Rivarol que « oui, Tintin, c’est Degrelle. Un peu. » (ce blog au 1er février 2016). Aujourd'hui, il écrit que «  le jeune journaliste du XXe siècle Léon Degrelle, qui portait des culottes de golf, impressionnait [Hergé] par le récit épique de ses reportages et l’a fortement influencé »...

    VA Gérard+Bergeron 1.jpeg

     

    Rappelons qu’au moment de la création de Tintin (janvier 1929), les « récits épiques » de Léon Degrelle ne pouvaient concerner que le saccage, en janvier 1928, de l’exposition bruxelloise à la gloire des Soviets (ce blog aux 29 septembre 2020 et 29 décembre 2021) : il provoqua un séisme politique qui secoua le monde politique belge, fut énergiquement encouragé par l’abbé Wallez, directeur du XXe Siècle, et favorisa l’engagement du courageux antibolcheviste au quotidien catholique où il devint officiellement le confrère de Hergé (précisons que c’est Valeurs Actuelles qui a mis des guillemets suspicieux à ce mot dans notre texte !). Hergé qui, dès son premier numéro de novembre 1927, prêtait déjà ses dessins à la gazette universitaire L’Avant-Garde de Léon Degrelle (ce blog aux 13 mars 2018, 15 octobre 2020 et 31 mars 2021).

    Lorsque donc l’abbé Norbert Wallez commanda à Hergé la création pour la jeunesse d’un nouveau héros qui irait combattre les communistes en Bolchévie, ce ne pouvait qu’être sur le modèle du remuant nouveau confrère Léon Degrelle dont le dessinateur s’inspira au physique comme au moral (ce blog du 21 septembre au 1er décembre 2020).

     

    Palle Huld

     

     

    Garcia Hergé Ultimes secrets.jpegMais revenons à l’article de Valeurs Actuelles. C’est pour présenter un énième ouvrage sur le créateur de Tintin, Hergé, les ultimes secrets, de Bob Garcia, tintinophile auteur de livres que nous ne connaissons pas, que Philippe Delorme en a repris le principal scoop sur « Le vrai Tintin ». Mais dans le livre, l’affirmation spécieuse (« On dit que… ») n’apparaît pas. L’argumentation n’est cependant pas plus convaincante.

     

    Il faut savoir que tout le bouquin prétend –et la plupart du temps de manière pertinente– retrouver des sources d’inspiration de Hergé dans les textes et dessins de Jam (Paul Jamin), Jiv (Jean Vermeire) et d’autres collaborateurs du Petit Vingtième. Mais concernant le jeune Danois ayant « gagné un concours qui lui avait permis d’effectuer un voyage sur les traces du héros de Jules Verne », c’est vraiment pousser le bouchon trop loin que d’oser affirmer que « Le Petit Vingtième révèle rétrospectivement plusieurs sources majeures d’Hergé » (p. 17), car les suppléments jeunesse du quotidien catholique que cite Bob Garcia sont de sept et dix ans postérieurs au début des aventures de Tintin et Milou chez les Soviets.

    En effet, jamais Palle Huld et son tour du monde n’ont été évoqués dans Le Petit Vingtième en 1928. Mieux même, alors que le centenaire de la naissance de Jules Verne est évoqué dans Le XXe Siècle (11 janvier et 11 février 1928), il n’y fut jamais question du scout Danois. Même lorsque le quotidien évoqua « Une façon originale de fêter Jules Verne » en signalant l’initiative de journaux scandinaves envoyant « un de leurs rédacteurs » sur les traces de Philéas Fogg, il ne fut jamais question du concours gagné par Palle Huld.

     

    XXe Siècle 07.02.1928 Ann. J. Verne.png

    Le XXe Siècle du 7 février 1928 évoque l’initiative de journaux scandinaves de tenter de rééditer l’exploit de Philéas Fogg. Mais il ne sera jamais question du concours organisé par le quotidien danois Politiken et gagné par Palle Huld, jeune employé dans un magasin d’accessoires pour automobiles.

     

    Prétendre alors que « le boy-scout danois Palle Huld » inspira le personnage de Tintin car « Un an avant Tintin, il portait un manteau à carreaux, posait sur la Place rouge, et son retour était acclamé par une foule en liesse » (p. 17), c’est vraiment le réduire à rien : un manteau à carreaux (voir à ce sujet le commentaire de Francis Bergeron ; ajoutons que le manteau de Tintin n’est nullement à carreaux, au contraire de son costume !), une pose sur la Place rouge (la photo de Valeurs Actuelles montre aussi une pose devant la Porte de Brandebourg, à Berlin) et un retour de voyage sous les acclamations… Mais rien, par exemple, sur le but du voyage : il n’est absolument pas question dans Les Aventures de Tintin reporter du Petit Vingtième au pays des Soviets de quelque tour du monde, mais d’un reportage sur « ce qui se passe […] en Russie soviétique », ce dont il n’est absolument pas question dans le récit de Palle Huld.

    Paris-Soir  01.05.1928.pngParis-Soir (1er mai 1928) a interviewé le « globe-trotter » Palle Huld et s’amuse de ce qu’il n’ait pas la moindre anecdote à raconter sur son périple à travers le monde. Même pas, n’en déplaise à Bob Garcia, sur « la Russie rouge » où il aurait dû préfigurer Tintin !...

     

     

     

    Ajoutons que les révélations du Petit Vingtième en 1935 et 1938 n’ont rien de « rétrospectif » puisqu’il semble bien que Hergé ne se serait servi de Le Tour du monde en 44 jours de Palle Huld qu’à partir de 1934 pour Le Lotus bleu (mais Bob Garcia n’en donne aucun exemple) et en 1942 pour l’affiche de sa pièce de théâtre (coécrite avec Jacques Van Melkebeke) Mr Boullock a disparu… reprenant l’idée de l’illustration de couverture où l’on voit le jeune Danois effectuer son tour du monde en courant sur un globe terrestre : Tintin, suivi des Dupondt, fait de même, mais en sens inverse.

    M.Boullock a disparu Ed. 6ème Art 1.jpg

    Dans un commentaire d’introduction fort bien documenté, l’auteur du pastiche Monsieur Boullock a disparu (Editions du 6ème Art), met côte à côte la couverture du livre de Palle Huld et l’affiche de cette pièce qui sera jouée au Théâtre royal des Galeries, à Bruxelles, du 26 décembre 1941 au 8 janvier 1942. Il s’agit de la deuxième pièce de théâtre mettant en scène Tintin, après Tintin aux Indes ou Le Mystère du Diamant Bleu, jouée du 15 avril au 8 mai 1941, toujours au Théâtre des Galeries.

     

    Il est clair que pour Bob Garcia, Léon Degrelle n’a rien à voir dans la naissance de Tintin. Et pour n’avoir pas à en parler, rien de tel que le coup du « passez muscade » : « L’abbé Wallez, directeur du Petit Vingtième, demande à Hergé d’utiliser son petit reporter de papier –créé pour l’occasion– pour dénoncer les abus, les dérives et les scandales du régime soviétique. » (p. 15). Sauf que le directeur du XXe Siècle –dont le Petit Vingtième n’était que le supplément jeunesse confié à Hergé, son rédacteur en chef– n’a pas demandé à Hergé « d’utiliser son petit reporter de papier », mais de créer un petit reporter qui serait tout particulièrement « implacable pour tous les pervertis de l’intelligence et du cœur » que sont les bolchévistes (Norbert Wallez, in Le XXe Siècle, 29 janvier 1928), que le pape Pie XI identifierait bientôt comme « intrinsèquement pervers ».

    XXe Siècle 13.01.1928 Saccage.png

    En première page du XXe Siècle, le 13 janvier 1928, l’article-phare célèbre l’action d’éclat des « patriotes belges » emmenés par Léon Degrelle contre les Soviets !.

     

    Le « créé pour l’occasion » de Bob Garcia permet de faire l’impasse sur l’origine exacte du « petit reporter de papier ». Certes, Le XXe Siècle avait rendu compte, le 19 avril 1928, du Moscou sans voiles de l’ancien consul belge en Russie. Mais le héros créé par Hergé pour son supplément Jeunesse n’est évidemment pas à l’image du cinquantenaire Joseph Douillet, mais bien plutôt du jeune Léon Degrelle, pourfendeur tout aussi implacable des bolchévistes comme le chroniqua avec un chaleureux enthousiasme Le XXe Siècle, trois mois plus tôt, le 13 janvier 1928. Tintin devait donc lui ressembler aussi bien au caractère qu’au physique et être un jeune journaliste intrépide et courageux aux fermes convictions spirituelles (l’irréfutable démonstration s’en trouve dans l’introduction Aux origines de Tintin de l’ouvrage posthume de Léon Degrelle, Cristeros, aux éditions de L’Homme Libre, 2020).

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  • Il y a 80 ans, le 36e anniversaire de Léon Degrelle

     

    C’est aujourd’hui l’anniversaire de la naissance de Léon Degrelle. Le cent-seizième.

    Il y a 80 ans, c’est de manière particulière que se fêta son 36e anniversaire –l’âge de l’accomplissement du destin terrestre de Jésus, assurant la gloire du Christ-Roi–, par la publication d’un éditorial dans Le Pays réel du dimanche 14 juin 1942 (le journal ne paraissait pas le lundi) : c’est, à notre connaissance, le seul article célébrant l’anniversaire du tribun bourguignon jamais publié dans la presse rexiste.

    Cet anniversaire emblématique fut également célébré de manière grandiose sur le Front du Donetz où se trouvaient alors Léon Degrelle et ses Légionnaires, grâce au Prévôt de la Jeunesse, John Hagemans, et son génie scénographique, qui emmenait le Second Contingent de Volontaires, celui, bouillonnant d’héroïsme, de la Jeunesse rexiste.

    LD 1942 a.jpg
    Cet éditorial du Pays réel, le quotidien du « Front intérieur »,  était signé « J.D. », c’est-à-dire Jean Denis (1902-1992) qui, alternant la fonction avec le rédacteur en chef José Streel, allait prendre sa place d’éditorialiste pendant deux semaines, du 12 au 25 juin.

    Proclamé Docteur en Philosophie et Lettres de l’Université Catholique de Louvain en 1926, Jean Denis milita à l’Association Catholique de la Jeunesse Belge (ACJB) de Mgr Louis Picard dont il était le secrétaire et chez qui Léon Degrelle avait installé son « kot » (logement d’étudiant : ce blog au 5 avril 2017).

    C’est donc auprès de Mgr Picard promouvant inlassablement le culte du Christ-Roi défini par le pape Pie XI dans l’encyclique Quas Primas (1925) et qui donnerait son nom au mouvement de révolution des âmes de Léon Degrelle (ce blog aux 2 avril et 25 décembre 2017 ; Mgr Picard écrira un de ses livres les plus importants, Le Christ-Roi, pour les éditions Rex en 1929) que les deux jeunes gens nouèrent leurs premiers liens d’amitié.

    Dès lors, Jean Denis demeurera d’une fidélité irrévocable à son engagement auprès de celui qu’il regardera toujours comme son « chef, c’est-à-dire le dépositaire de notre volonté collective » (dédicace de son ouvrage doctrinal Principes rexistes, 1936) : rédacteur en chef de l’hebdomadaire Soirées (1931), journaliste au Pays réel (1936), il sera élu député rexiste de Namur aux élections du 24 mai 1936.

    Jean Denis So!rées 1933 08 25.jpeg

    Une des rares photos de Jean Denis que nous avons pu retrouver : publiée dans le « numéro spécial consacré à Rex » de Soirées (25 août 1933), elle montre le rédacteur en chef de ce magazine, fier d’avoir compris « le langage poétique de l’image » recherchant en permanence« la simple conjonction des textes et des documents photographiques ».

     

    Durant la guerre, celui que Léon Degrelle considérait comme l’ « un des premiers et des plus purs militants du rexisme » sera responsable du Département culturel de l’Etat-major du Chef de Rex (1941), tout en poursuivant son œuvre d’éditorialiste au Pays réel, de journaliste à Radio-Bruxelles et de chroniqueur au National-socialisme, l’ « Organe mensuel du mouvement rexiste », dès son lancement en décembre 1942. Il sera également nommé par le commandant de la Gendarmerie nationale, le colonel Adrien Van Coppenolle, professeur à l’école de Tervuren de la Police générale du Royaume.

    Avec José Streel (1911-1946, ce blog au 30 juin 2016), auteur, en 1941, de La Révolution du Vingtième Siècle (œuvre majeure qui vient de reparaître aux éditions de L’Æncre), Jean Denis est considéré comme l’idéologue du rexisme. Le destin des deux hommes, s’il fut quelque peu parallèle, ne connut cependant pas une identique fin funeste.

    Après avoir voulu mettre les leurs à l’abri en Allemagne en 1944 (Jean Denis était le papa de quatre jeunes enfants ; José Streel, de trois), ils seront vite rattrapés par la « justice » belge.

    Déjà condamné à mort par contumace le 17 janvier 1945, José Streel fut arrêté à Bruxelles le 3 mai et, après une parodie de procès, fusillé le 21 février 1946 ; tandis que Jean Denis, arrêté en Allemagne le 2 mai 1945, convaincu de « trahison » en sa qualité de lieutenant de réserve, fut également condamné à mort par le Conseil de Guerre de Bruxelles pour « ses causeries à la radio où il reprenait toutes les théories de Degrelle » (Le Soir, 6 janvier 1946). Le Ministère public les avait pourtant méprisées en décrétant ces billets « bêtes à faire pleurer, faits de ragots et de racontars farcis de fautes de français » (Le Soir, 29 novembre 1945) ! À cela s’ajouta également l’extravagante amende de deux millions de francs belges (près d’un million d’euros d’aujourd’hui !). La peine fut néanmoins commuée et après cinq ans d’un emprisonnement dans les conditions les plus dégradantes, Jean Denis fut libéré en 1951.

    Pays réel 1936.05.29 Jean Denis b.JPGPhotographie de Jean Denis publiée dans Le Pays réel, le 29 mai 1936, pour saluer son élection à la Chambre des Représentants parmi les 21 députés rexistes.

    Ruiné et profondément meurtri par la haine bestiale d’une justice prétendant avoir ainsi « épuré » la société, Jean Denis, refusant désormais d’encore s’exprimer, put se retirer dans une paisible bourgade rurale du Brabant wallon, mais à l’écart de Chastre, son village natal, dont le curé (le bien nommé abbé Maton) témoigna méchamment et stupidement à son procès, le dénonçant comme un « suppôt de l’hitlérisme », car il se serait prétendu « chrétien mais nazi » (La Libre Belgique, 4 décembre 1945)...

     

    Pays réel 1942 06 14 a.JPG

     

    L’anniversaire du Chef de Rex

     

    Demain, quinze juin, Léon Degrelle entrera dans sa trente-septième année.

    Chaque année, cette date du 15 juin est célébrée par tous les rexistes avec une ferveur d’un caractère familial. A pareille époque, depuis deux lustres déjà, les lettres et les télégrammes de congratulation affluaient et des fleurs par brassées étaient adressées à celui qui fut vraiment pour nous tous le messager de Dieu et qui, à l’instant même où notre génération sacrifiée allait sombrer dans le désespoir, suscita en elle d’inépuisables énergies de rédemption.

    Marie-Paule Lemay Secours Légionnaire.jpgMarie-Paule Degrelle préside une réunion de Solidarité Légionnaire dont elle est la présidente.

     

    Aujourd’hui, nous aurons tous une pensée pour le Chef qui se trouve éloigné de nous de plus de trois mille kilomètres, et nos hommages iront à Madame Degrelle qui demeure l’admirable gardienne d’un foyer qui nous est cher à tous.

    Voici un an, tandis que nous fêtions les 35 ans du Chef, il y avait dans nos hommages une sorte de tendresse affectueuse. Léon Degrelle, en effet, était à peine remis des souffrances indescriptibles qu’il avait endurées dans les prisons françaises et en nous souvenant du fait qu’un an auparavant, au moment où il entrait dans sa 35e année, il était prisonnier condamné à mort, nous appréciions mieux l’incalculable bienfait de la Providence qui, au terme d’une si longue épreuve, nous l’avait rendu, physiquement affaibli, mais moralement plus fort, plus grand et plus énergique que jamais.

    Pub Guerre en prison LD Pays réel 42.05.01.JPGLéon Degrelle vient de publier ses douloureux souvenirs de prison : arrêté par la Sûreté belge en dépit de son immunité parlementaire à l’aube du 10 mai 1940, il fut livré, avec une vingtaine d’autres Belges, au mépris de toute disposition légale, aux forces de police françaises et balloté de prisons en bagnes et en camps d’internement où il fut battu et torturé (voir ce blog au 6 mai 2017 ; publicité parue dans Le Pays réel, le 1er mai 1942).

     

    En ces instants où nous considérions un passé si récent et si douloureux avec une émotion que nous ne pouvions point cacher, nous ne soupçonnions pas que, huit jours plus tard, allait se produire en Europe un événement capital qui serait pour notre pays l’occasion de s’affirmer à nouveau dans le monde et, pour Léon Degrelle, le point de départ d’une nouvelle action et de nouveaux sacrifices, auprès desquels pâliraient tous ceux d’un passé pourtant chargé de luttes dramatiques.

    Le jour même où s’ouvraient les hostilités contre la barbarie bolcheviste, la Légion naissait dans la volonté du Chef de REX. Sans la Légion, nous ne serions aujourd’hui nulle part, non pas seulement nous, membres du mouvement rexiste, mais nous, Belges.

    Défilé Légion Bxl.jpg

    Défilé de Volontaires de la Légion Wallonie dans la croisade contre le bolchevisme, à Bruxelles, place Royale, devant la statue du premier Croisé, Godefroid de Bouillon (mai 1943).

     

    Avec la Légion, nous sommes maintenant partout chez nous en Europe. Et cela, c’est à Léon Degrelle, et à lui seul, que nous le devons. Il eut ce mouvement spontané du cœur, qui était en même temps un trait de génie, par lequel une occasion unique, une occasion qui ne se représente pas deux fois dans un siècle d’histoire, fut saisie fermement, instantanément, avec une irrésistible pugnacité.

    Pays réel 1942 06 10 Citation Légion.JPGÀ la Une du Pays réel du 10 juin 1942 : la Légion Wallonie entre dans la gloire des armées engagées sur le Front de l’Est.

     

    Telle doit être notre pensée dominante en ce jour anniversaire de Léon Degrelle et ce n’est plus au martyr persécuté, mais au héros légionnaire que doivent aller nos hommages affectueux.

    Plus que jamais nous devons être orgueilleux de notre Chef qui, par sa vaillance, a su imposer le prestige de notre nom à l’Europe entière.

    Nous n’avons pas à refaire aujourd’hui toute l’histoire de la Légion. Cette histoire est tellement chargée d’événements héroïques qu’il ne nous serait pas possible de les évoquer même schématiquement au cours d’un bref article.

     

     

    Le trente-sixième anniversaire de Léon Degrelle au Front de l’Est

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    A l'occasion du trente-sixième anniversaire de Léon Degrelle, le Prévôt de la Jeunesse, John Hagemans, qui vient d’arriver au Front avec le Contingent du 10 mars, issu principalement des « Serments de la Jeunesse » du mouvement rexiste, organise la présentation des nouveaux étendards de la Légion qu’il a dessinés personnellement, ainsi qu’une solennelle prestation de serment de fidélité des jeunes légionnaires rexistes au Chef.

     

    Il en laissera cette relation :

    « Il y a eu ici une cérémonie admirable le 15 juin [1942], pour l’anniversaire du Chef. Prestation de serment en sa présence, avec tous les participants (c’est certainement la première fois que ça arrive, hein, ça !) en feldgrau ! Casques d’acier, etc. Ce fut très simple, mais d’une grandeur vraiment extraordinaire. Après le serment, dont les paroles de renoncement prenaient une valeur particulière dans notre état militaire, le Chef fit un speech où les vieux partisans “thiois” comme nous eurent une indicible joie à l’entendre parler pour la première fois depuis que la Jeunesse Nationale-Socialiste combat avec ce thème bien précis de “cette Jeunesse thioise qui refera l’Empire, le Saint Empire d’Occident…”

    Voilà enfin une reconnaissance de fait qui nous passe bien de toutes les autres, n’est-ce pas ! Le thème général de son discours fut : “Refaire les Dix-Sept Provinces” et ce, au sein de la Germanité, avec le génie éclairé d’Adolf Hitler au sommet de ce tout admirable que sera le Grand Empire Germanique reconstitué. “Dans cet Empire, dit-il aussi, nous inscrirons comme aux plus beaux âges la splendeur de notre civilisation, de cette civilisation des Dix-Sept Provinces, la fleur de la culture germanique”, etc., etc. »

    (John Hagemans, Prévôt de la Jeunesse, 1914-1942, Edition de la Jeunesse Légionnaire, 1943, pp. 74-75).

     

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    John Hagemans a reconnu en Léon Degrelle son Chef naturel, tel qu’il le présente dans la Charte de la Jeunesse : « Seule la valeur personnelle d’un Chef pourra faire de lui un aide sérieux au point de vue moral. Le Chef veillera à être toujours de bonne humeur dans l’effort. S’il a bon caractère, il a gagné l’amitié de son équipe et s’il se montre courageux, dévoué, il gagnera rapidement son respect et sa considération. Le Chef doit être pour tous l’exemple vivant. »

    Sur ce cliché, John Hagemans et Léon Degrelle sont parmi les jeunes Légionnaires : « Le Chef communique sa bonne humeur. »

     

    Contentons-nous de donner à nos lecteurs quelques détails complémentaires au sujet des récentes distinctions dont fut honoré le Chef de REX. Ces renseignements, que les précédentes correspondances ne nous avaient pas fournis, nous ont été apportés par des légionnaires en permission.

    La nomination de Léon Degrelle au grade d’officier est un événement historique en ce sens que c’est la première nomination faite par Adolf Hitler, en tant que Chef des armées d’Europe. C’est la première fois que le Chancelier Hitler a nommé un officier étranger dans une armée d’étrangers, soumis à ses ordres pour la Croisade antibolcheviste. Cette nomination a été faite au Grand Quartier Général, au Front. Elle a été signée par le Fuehrer lui-même, et contresignée par le général Keitel. Enfin signalons encore que le document officiel indique que Léon Degrelle a été nommé officier « pour sa bravoure exceptionnelle au combat ». L’importance de ces quelques détails n’échappera certainement pas à nos militants et il est absolument inutile de la commenter.

    Pays réel 1942 05 10 LD Lieutenant Epée d'or.JPGDans l’euphorie suscitée par les honneurs récompensant l’héroïsme de Léon Degrelle, Victor Matthys, chef a.i. de Rex, lança une souscription pour offrir une épée en or au nouvel officier, gravée des noms des Légionnaires tombés au champ d’honneur. Quelques jours plus tard, Léon Degrelle fit savoir qu’il refusait pareil hommage et demanda d’offrir l’argent récolté à Solidarité légionnaire pour les familles des victimes du Front de l’Est.

    Pays réel 1942 05 20 LD refuse Epée d'or 2.jpg

     

    Quant à la Croix de Fer de 1ère classe, celle-ci a été donnée au Chef de REX pendant les combats mêmes, à l’improviste, sans diplôme, à la lisière d’un petit bois où le Général de division avait rejoint la Légion. C’est donc une fois encore en reconnaissance des témoignages les plus évidents et les plus indiscutables d’une bravoure exceptionnelle que cette distinction a été décernée au Chef de REX. Il convient de noter à ce propos que l’attribution de la Croix de Fer de première classe est un fait extrêmement rare. Dans un secteur assez vaste du front où combat la Légion, Léon Degrelle est le seul titulaire de cette haute distinction.

    Pays réel 1942 06 09 Croix Fer 1Cl. LD.JPG


    I
    l y a, dans la vie, d’étranges concordances et d’émouvantes coïncidences. Les circonstances dans lesquelles fut attribuée au Chef la Croix de Fer de 1ère classe sont, à ce propos, particulièrement évocatrices.

    C’était, comme nous l’avons dit, à la lisière d’un petit bois, vers la fin de la matinée, le 21 mai dernier, au moment précis où toutes les hiérarchies du mouvement, des centaines de militants rexistes et de parents de légionnaires se trouvaient réunis dans la cour de la Caserne des Grenadiers à Bruxelles, pour la cérémonie religieuse de commémoration des Héros tombés dans le combat.

    Pays réel 1942 05 22 Hommage martyrs rexistes.JPG

    L’impressionnante cérémonie d’hommage aux « martyrs du Mouvement rexiste », –ceux d'avant-guerre, de la Légion au Front de l'Est ainsi que du « Front intérieur », auxquels étaient également associés le Chef du Verdinaso (mouvement national-solidariste thiois) Joris Van Severen et les vingt autres victimes d’Abbeville, assassinés deux ans auparavant, le 20 mai 1940–, fut organisée à la Caserne des Grenadiers, sise rue des Petits Carmes, derrière le Petit Sablon. Après-guerre, cette caserne fut connue sous le nom de « Caserne Prince Albert » (abritant le « Club Prince Albert », le mess des officiers de la garnison de Bruxelles). Il ne faut donc pas la confondre avec l’autre Caserne des Grenadiers située près du Parc royal de Laeken, qui abrita après-guerre l’Ecole des Cadets et accueille aujourd’hui la quatrième Ecole européenne de Bruxelles. Dans son ouvrage sur la Légion Wallonie (Heimdal, 2015), André Lienard situe, lui, l’événement dans une « Caserne Saint-Jean » inexistante et le date de 1943 (vol. 1, p. 401) !

    (Première page du Pays réel du 22 mai 1942)

    C’était au moment même où, des marches de l’autel, le prêtre officiant exaltait les vertus d’énergie, de courage et de volonté.

    Deux ans auparavant, jour pour jour, heure pour heure, Léon Degrelle, enchaîné, torturé par des bourreaux infâmes, passait à Abbeville, non loin du kiosque tragique et n’échappait à la mort que par un hasard miraculeux.

    Ainsi se manifeste à nous, jusque dans des détails visibles et troublants, le rythme d’une vie d’homme : la vie d’un homme qui est notre vie, parce que cet homme est notre Chef.

    Vers lui vont aujourd’hui toutes nos pensées. A lui vont toutes nos énergies. Et à la veille de cet anniversaire qui nous est si cher, nous ne pouvons mieux faire que de répéter le cri de guerre et de ralliement de nos Jeunesses :

    – Au Chef !

    LD 1942 c.jpg

  • 2 juillet 1942 : assassinat du Bourgmestre rexiste de Ransart

     

     Une étape supplémentaire dans l’engrenage

    de la violence

     

    Un lecteur assidu de notre blog « Dernier Carré – Léon Degrelle », passionné par l’histoire de la Légion Wallonie, du mouvement rexiste et de Léon Degrelle, est également un collectionneur éclairé d’archives de la Deuxième Guerre mondiale. Mais contrairement à beaucoup, il ne se comporte pas comme le Dragon Fafner de la Tétralogie wagnérienne, assis sur son trésor et empêchant quiconque d’en approcher. Non seulement il les garde ouvertes aux chercheurs honnêtes, mais il sait s’en servir pour retracer avec intelligence et souci de la vérité historique certains épisodes méconnus ou occultés de cette période toujours plus fantasmée, falsifiée et diabolisée par les pseudo-historiens et journalistes d’aujourd’hui (et ça ne fait probablement que commencer avec le tsunami actuel de Cancel Culture).

    Bénéficiant du bagage scientifique nécessaire et possédant une plume des plus agréables à lire, il nous a envoyé ce texte sur un des premiers assassinats politiques de la Guerre en Belgique. Evidemment inspiré par la « résistance » communiste, il fut le premier des crimes crapuleux contre les bourgmestres rexistes (voir ce blog aux 15 décembre 2020 et 7 juin 2018). Il déclencha surtout l’engrenage fatal de la guerre civile recherchée par les partisans moscovites. C’est ce qu’éclaire notre correspondant s’inscrivant résolument dans le « Dernier Carré » des historiens rigoureux et sans œillères.

     

    Jean Joseph Demaret (°Heppignies, 13.10.1914) fit des études de droit à l’Université Catholique de Louvain avant de s’inscrire comme avocat au barreau de Charleroi en 1938. Depuis sa sortie du collège, il suivit Léon Degrelle dans toutes ses pérégrinations mais ce n’est qu’après avoir défendu son confrère Joseph Pévenasse (lui-même avocat et cadre supérieur de Rex) (1) devant le tribunal de Charleroi, qu’il se déclara ouvertement rexiste et commença à faire de la politique (2).

    Jean Demaret.jpgIntelligent, jeune et dynamique, Jean Demaret occupa d’abord la fonction de chef du groupe Rex-Ransart. En avril 1941, il fut nommé directeur de la très active école des propagandistes de Rex à Charleroi (3). Créée à l’initiative de Gérard Dache, chef de l’arrondissement Rex-Charleroi, cette école proposait un cycle de conférences et de cours ouverts à tous les membres du mouvement (en particulier aux membres des Formations de Combat qui devaient idéalement y parfaire leur formation doctrinale). Les activités se déroulaient chaque jeudi à 19h30 et les intervenants faisaient partie des cadres (tant locaux que supérieurs) du mouvement rexiste. Parmi les exposés organisés, citons à titre d’exemple : « Le Parti Unique », « Organisation d’une section de Rex », « La décadence naturelle chez les collectivités », « Rex et la situation internationale », « Le problème social », « Rex et l’éducation de la jeunesse » ou encore « Le National-Socialisme et le socialisme rexiste ».

    Quelques mois plus tard, le 27 octobre de la même année, il fut nommé bourgmestre rexiste de Ransart (4). Il tenta à deux reprises de s’engager à la Légion Wallonie, en vue du départ du 10 mars 1942, mais dut à son grand regret rester au pays pour des raisons de santé (5). Du 25 avril à la mi-juin 1942, il occupa le poste de chef du cercle Rex-Charleroi ad interim (6). Le 2 juillet 1942, vers 8h15-8h20 du matin, Jean Demaret était froidement assassiné à son domicile de Ransart (7) par un homme habillé en gendarme ; il était marié et n’avait que 27 ans.

     

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  • L’écrivain flamand Filip De Pillecyn, à propos de l’exécution de Victor Matthys

    Une illustration de la « répression sans mesure
    et sans fin »…

    Un ami flamand, lecteur régulier du blog « Dernier Carré – Léon Degrelle », a lu attentivement notre écho « degrellien » aux préoccupations du ‘t Pallieterke à propos de l’anniversaire de la Libération risquant fort d’occulter la face hideuse de celle-ci (la répression aveugle des « inciviques », voir ce blog au 6 juillet 2019). Ce qui l’a décidé à nous offrir la récente réédition du journal de Filip De Pillecyn (1891-1962), écrit pendant ses 58 mois d’incarcération pour cause de collaboration, dans quinze cellules de trois prisons !

     

    De Pillecyn 1.jpegSalué comme « le Prince des Lettres néerlandaises » par le romancier flamand Gérard Walschap (1898-1989, baronisé en 1975), Filip De Pillecyn est l’un des plus importants écrivains flamands contemporains. Après des études de philologie germanique à l’Université Catholique de Louvain, il s’engage en 1915 comme combattant volontaire sur le front de l’Yser. Son expérience de soldat flamand dans une armée francophone l’amène à formuler les bases de l’ « activisme » flamand. Séduit par la doctrine nationale-socialiste, il rêve d’un Diestschland corporatif indépendant au sein de l’empire germanique (à l’instar, dirons-nous, de la Bourgogne de Léon Degrelle).

     

    Membre du Conseil culturel flamand fondé par le prêtre nationaliste Cyriel Verschaeve (1874-1949), De Pillecyn s’attache à développer un art flamand dont l’enracinement exprime l’âme du peuple, et devient directeur général de l’enseignement secondaire. Arrêté en septembre 1944, il sera condamné trois ans plus tard à dix ans d’emprisonnement, à un million de francs de «dommages et intérêts» à l’Etat belge ainsi qu’à la suppression de ses droits civiques et à une interdiction d’encore publier ses œuvres. Libéré conditionnellement en 1949, il parvient à publier ses derniers romans grâce à une maison d’édition spécialement créée pour les auteurs frappés d’interdit professionnel par la prétendue « épuration ». Avant son décès le 7 août 1962, Filip De Pillecyn sera encore membre du Comité du Pèlerinage de l’Yser dont les rassemblements annuels à la tour de l’Yser sont l’occasion de rappeler les buts du Frontbeweging (« mouvement frontiste » créé pour protester contre l’unilinguisme francophone de l’armée belge et affirmer la spécificité flamande) : « Plus jamais de guerre, autonomie et paix de Dieu ».

    Pillecyn Vlaamse Weeldereeks.jpg

    Filip De Pillecyn, « Pur styliste », carte postale de la série « Vlaamse Weeldereeks » (Collection Patrimoine flamand) distribuée par De Standaard Boekhandel, à l’époque département librairie du quotidien catholique De Standaard qui crache aujourd’hui toutes ses dents contre ce livre de Filip De Pillecyn (voir ci-après).

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  • Le vrai camp des massacrés : Victor Matthys face au terrorisme de la Résistance

     

    Mise au point devant le Conseil de Guerre de Charleroi, le 4 juillet 1946

     

    Il est aujourd’hui admis, comme un dogme dont on se garde bien de vérifier la pertinence, que les Rexistes du temps de guerre ne rassemblèrent qu’une infâme bande de tueurs assoiffés du sang des nobles et courageux résistants.

     

    C’en est au point que des auteurs appartenant à ce qu’il est convenu d’appeler notre « famille de pensée » reprennent sans davantage y réfléchir cet odieux poncif. Ainsi de Paul-André Delorme publiant dans un Rivarol qui n’en peut mais une phrase telle que « à partir de 1942, […] Victor Matthys […] lance le mouvement [Rex] dans des opérations contre les Juifs et les résistants ». Nous avons montré (ce blog au 29 mai 2018) ce qu’il fallait penser de pareille affirmation gratuite constituant une flétrissure injuste sinon méchante de la mémoire du Chef a.i. de Rex qui sut se montrer digne des héros du Front de l’Est et de leur Commandeur Léon Degrelle (la parfaite concordance de vue entre les deux hommes se déduit de ce discours scrupuleusement honnête) en organisant, dans une perspective de réconciliation nationale, l’action politique et sociale des Rexistes.

     

    Matthys Bad Tölz 16 juin 1944.jpgPour mieux en juger, il nous a semblé nécessaire de publier le texte de la dernière prise de parole publique de Victor Matthys : ce n’est pas une plaidoirie car il se sait condamné d’avance, mais une mise au point dont la sincérité se mesure à la proximité de l’échéance inéluctable qui l’attend. Jugé pour la « tuerie de Courcelles » consécutive au massacre de la famille d’Oswald Englebin, bourgmestre rexiste du Grand-Charleroi, Victor Matthys tient à rappeler le contexte de guerre civile créé par la résistance communiste tuant indistinctement et impunément hommes, femmes et enfants liés de près ou de loin au mouvement d’Ordre Nouveau. Ces crimes répugnants endeuillant tant de familles parfaitement innocentes devinrent à ce point insupportables qu’il n’était humainement plus possible de ne pas réagir. Et ce, alors même que les plus hautes autorités judiciaires reconnaissaient la fatalité d’une réaction de la part du camp des victimes.

     

    Mais ce n’est plus tant devant le Conseil de Guerre de Charleroi que Victor Matthys s’est alors exprimé, mais face à l’Histoire, endossant résolument toutes ses responsabilités de chef, rappelant l’idéal du Mouvement et en appelant au jugement de la postérité, qu’il espère moins partisane, mais que nous savons toujours prisonnière d’une « histoire » bien cadenassée...

     

     

     

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  • Une surprenante publication de Rivarol (3) : Comment démolir Léon Degrelle en faisant semblant de l’apprécier…

    Voici donc le troisième volet de notre réponse à l’article de Paul-André Delorme publié par Rivarol, le 11 avril dernier, aux pages 10 et 11.
    Entre-temps, nous avons bien entendu écrit à la rédaction pour marquer notre surprise consternée face à la publication dans cet hebdomadaire de haute tenue intellectuelle et morale d’une « biographie » célébrant apparemment Léon Degrelle, flamboyant fasciste wallon, mais reprenant en réalité la plupart des poncifs de l’antidegrellisme, et ce, quelques jours seulement après le vingt-quatrième anniversaire de sa disparition.

    Le directeur de la rédaction, M. Jérôme Bourbon, nous a assuré de sa compréhension et proposé de faire valoir notre point de vue dans le « Courrier des lecteurs », ce que nous avons fait en un bref article renvoyant les lecteurs de Rivarol à notre blog, car nous aurions eu besoin sans aucun doute également de deux pages entières de l’hebdomadaire pour détailler notre mise au point…

    Degrelle Léon (Palais de Chaillot 5.03.44) 01.JPGComme nous l’avons montré, les bévues, lapsus et autres pataquès ne manquent pas : relevons encore l’erreur de prénom du frère de Léon Degrelle sauvagement assassiné à Bouillon le 8 juillet 1944 : il ne s’agit pas de « Gérard », mais d’Edouard Degrelle ! Par ailleurs, « les collaborationnistes français […] Doriot, Déat et de Brinon » n’ont jamais honoré Léon Degrelle « de leur présence lors de certains de ses discours en Belgique » ; ils ont par contre tous bien assisté au fameux meeting du Palais de Chaillot à Paris, le 5 mars 1944…

    Mais bien plus grave est la reprise inattendue des calomnies diffamatoires à l’égard de Rex et de son Chef ou du persiflage gratuit des affirmations de Léon Degrelle, dans l’intention d’établir et stigmatiser ses prétendues rodomontades de mythomane.

     

    Dans cette avant-dernière mise au point, nous donnerons un exemple significatif de calomnie diffamatoire.

     

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  • Un scoop de « Médor » : Rex en technicolor !

    ddd.jpgEn mars dernier, le journal télévisé de la RTBF diffusait une séquence sur la récupération de « clichés peu connus découverts un peu par hasard dans une cave bruxelloise » par le « magazine d’enquête » Médor, par ailleurs totalement inconnu.

    Même si la séquence (toujours visible sur www.rtbf.be/auvio) bénéficiait de l’éclairage objectif de l’historien Mathieu Simons (auteur de l’excellent Rex et l’Ordre Nouveau dans l’arrondissement de Verviers 1935-1945, voir ce blog en date du 30 juin 2016), rien dans ce que montrait la télévision belge francophone n’avait l’air particulièrement inédit, ce qui apparentait plutôt le reportage à un film promotionnel pour un nouveau magazine en quête de publicité et de lecteurs. Le fait d’ailleurs que les photos ne soient pas reproduites dans leur état d’origine, mais aient été colorisées faisait même penser sinon à une supercherie, en tout cas à une manœuvre sensationnaliste.

    Nous avions d’autant plus rapidement oublié ce « scoop » que nous n’avions jamais trouvé trace de la publication Médor chez aucun libraire… Jusqu’à ce que nous tombions par hasard sur elle, parmi les innombrables bandes dessinées d’un magasin spécialisé du centre de Bruxelles !

     

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