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pays réel

  • « Les ultimes secrets de Hergé » de Bob Garcia : un aveuglement antidegrellien, malgré des sources originales

    VA Tintin Palle Huld.jpegC’est Valeurs Actuelles qui nous l’a appris (c’était le 23 février dernier) : après Paul Remi (le frère de Hergé, ce blog au 1er février 2016), Rouletabille, évoqué par Guillaume Pinson (le fils de la concierge de Tintin lorsqu’il habitait rue du Labrador ?) dans la revue canadienne Etudes françaises (vol. 46, 2010), le motard Robert Sexé (une lubie de Francis Bergeron, ce blog aux 1er février et 4 mai 2016 ; 29 décembre 2021) et Albert Londres (par le faussaire Pierre Assouline, ce blog au 29 décembre 2021), il paraît que « En réalité, il faut regarder vers le Danemark pour y découvrir le prototype de Tintin. […] C’est Palle Huld, un garçon de 15 ans, commis dans un magasin d’accessoires automobiles » !

     

    La démonstration, toute de ragots incertains, signée par Philippe Delorme, laisse plutôt pantois : « On dit que l’abbé Norbert Wallez, le directeur du XXe siècle, le journal catholique pour lequel travaillait Hergé, aurait conseillé à ce dernier de créer un héros ressemblant au jeune Danois » ! Nous ignorons si ce Philippe Delorme a quelque chose à voir avec Paul-André Delorme qui signa naguère dans Rivarol un Léon Degrelle, flamboyant fasciste wallon, surprenant de « correctitude politique » (ce blog aux 13, 20 mai et 21 juin 2018), mais nous retrouvons dans son article une identique propension à la gratuité des « informations » non vérifiées…

    Nous avons, bien sûr, envoyé un commentaire circonstancié et dument référencé à la revue parisienne qui en a publié l’essentiel. Notre surprise fut plus grande encore de voir à notre suite une autre réponse allant semblablement dans notre sens, signée par… Francis Bergeron !

    L’occasion de nous réjouir de la remarquable évolution de l’auteur du malheureux Degrelle, Qui suis-je ? (ce blog à partir du 30 avril 2016) ! Dans sa biographie Georges Remi, dit Hergé (2011), il prétendait que « Tintin est le contraire de Degrelle quant au caractère » ; puis, à propos de son bouquin Hergé, le voyageur immobile (2015), il convenait dans Rivarol que « oui, Tintin, c’est Degrelle. Un peu. » (ce blog au 1er février 2016). Aujourd'hui, il écrit que «  le jeune journaliste du XXe siècle Léon Degrelle, qui portait des culottes de golf, impressionnait [Hergé] par le récit épique de ses reportages et l’a fortement influencé »...

    VA Gérard+Bergeron 1.jpeg

     

    Rappelons qu’au moment de la création de Tintin (janvier 1929), les « récits épiques » de Léon Degrelle ne pouvaient concerner que le saccage, en janvier 1928, de l’exposition bruxelloise à la gloire des Soviets (ce blog aux 29 septembre 2020 et 29 décembre 2021) : il provoqua un séisme politique qui secoua le monde politique belge, fut énergiquement encouragé par l’abbé Wallez, directeur du XXe Siècle, et favorisa l’engagement du courageux antibolcheviste au quotidien catholique où il devint officiellement le confrère de Hergé (précisons que c’est Valeurs Actuelles qui a mis des guillemets suspicieux à ce mot dans notre texte !). Hergé qui, dès son premier numéro de novembre 1927, prêtait déjà ses dessins à la gazette universitaire L’Avant-Garde de Léon Degrelle (ce blog aux 13 mars 2018, 15 octobre 2020 et 31 mars 2021).

    Lorsque donc l’abbé Norbert Wallez commanda à Hergé la création pour la jeunesse d’un nouveau héros qui irait combattre les communistes en Bolchévie, ce ne pouvait qu’être sur le modèle du remuant nouveau confrère Léon Degrelle dont le dessinateur s’inspira au physique comme au moral (ce blog du 21 septembre au 1er décembre 2020).

     

    Palle Huld

     

     

    Garcia Hergé Ultimes secrets.jpegMais revenons à l’article de Valeurs Actuelles. C’est pour présenter un énième ouvrage sur le créateur de Tintin, Hergé, les ultimes secrets, de Bob Garcia, tintinophile auteur de livres que nous ne connaissons pas, que Philippe Delorme en a repris le principal scoop sur « Le vrai Tintin ». Mais dans le livre, l’affirmation spécieuse (« On dit que… ») n’apparaît pas. L’argumentation n’est cependant pas plus convaincante.

     

    Il faut savoir que tout le bouquin prétend –et la plupart du temps de manière pertinente– retrouver des sources d’inspiration de Hergé dans les textes et dessins de Jam (Paul Jamin), Jiv (Jean Vermeire) et d’autres collaborateurs du Petit Vingtième. Mais concernant le jeune Danois ayant « gagné un concours qui lui avait permis d’effectuer un voyage sur les traces du héros de Jules Verne », c’est vraiment pousser le bouchon trop loin que d’oser affirmer que « Le Petit Vingtième révèle rétrospectivement plusieurs sources majeures d’Hergé » (p. 17), car les suppléments jeunesse du quotidien catholique que cite Bob Garcia sont de sept et dix ans postérieurs au début des aventures de Tintin et Milou chez les Soviets.

    En effet, jamais Palle Huld et son tour du monde n’ont été évoqués dans Le Petit Vingtième en 1928. Mieux même, alors que le centenaire de la naissance de Jules Verne est évoqué dans Le XXe Siècle (11 janvier et 11 février 1928), il n’y fut jamais question du scout Danois. Même lorsque le quotidien évoqua « Une façon originale de fêter Jules Verne » en signalant l’initiative de journaux scandinaves envoyant « un de leurs rédacteurs » sur les traces de Philéas Fogg, il ne fut jamais question du concours gagné par Palle Huld.

     

    XXe Siècle 07.02.1928 Ann. J. Verne.png

    Le XXe Siècle du 7 février 1928 évoque l’initiative de journaux scandinaves de tenter de rééditer l’exploit de Philéas Fogg. Mais il ne sera jamais question du concours organisé par le quotidien danois Politiken et gagné par Palle Huld, jeune employé dans un magasin d’accessoires pour automobiles.

     

    Prétendre alors que « le boy-scout danois Palle Huld » inspira le personnage de Tintin car « Un an avant Tintin, il portait un manteau à carreaux, posait sur la Place rouge, et son retour était acclamé par une foule en liesse » (p. 17), c’est vraiment le réduire à rien : un manteau à carreaux (voir à ce sujet le commentaire de Francis Bergeron ; ajoutons que le manteau de Tintin n’est nullement à carreaux, au contraire de son costume !), une pose sur la Place rouge (la photo de Valeurs Actuelles montre aussi une pose devant la Porte de Brandebourg, à Berlin) et un retour de voyage sous les acclamations… Mais rien, par exemple, sur le but du voyage : il n’est absolument pas question dans Les Aventures de Tintin reporter du Petit Vingtième au pays des Soviets de quelque tour du monde, mais d’un reportage sur « ce qui se passe […] en Russie soviétique », ce dont il n’est absolument pas question dans le récit de Palle Huld.

    Paris-Soir  01.05.1928.pngParis-Soir (1er mai 1928) a interviewé le « globe-trotter » Palle Huld et s’amuse de ce qu’il n’ait pas la moindre anecdote à raconter sur son périple à travers le monde. Même pas, n’en déplaise à Bob Garcia, sur « la Russie rouge » où il aurait dû préfigurer Tintin !...

     

     

     

    Ajoutons que les révélations du Petit Vingtième en 1935 et 1938 n’ont rien de « rétrospectif » puisqu’il semble bien que Hergé ne se serait servi de Le Tour du monde en 44 jours de Palle Huld qu’à partir de 1934 pour Le Lotus bleu (mais Bob Garcia n’en donne aucun exemple) et en 1942 pour l’affiche de sa pièce de théâtre (coécrite avec Jacques Van Melkebeke) Mr Boullock a disparu… reprenant l’idée de l’illustration de couverture où l’on voit le jeune Danois effectuer son tour du monde en courant sur un globe terrestre : Tintin, suivi des Dupondt, fait de même, mais en sens inverse.

    M.Boullock a disparu Ed. 6ème Art 1.jpg

    Dans un commentaire d’introduction fort bien documenté, l’auteur du pastiche Monsieur Boullock a disparu (Editions du 6ème Art), met côte à côte la couverture du livre de Palle Huld et l’affiche de cette pièce qui sera jouée au Théâtre royal des Galeries, à Bruxelles, du 26 décembre 1941 au 8 janvier 1942. Il s’agit de la deuxième pièce de théâtre mettant en scène Tintin, après Tintin aux Indes ou Le Mystère du Diamant Bleu, jouée du 15 avril au 8 mai 1941, toujours au Théâtre des Galeries.

     

    Il est clair que pour Bob Garcia, Léon Degrelle n’a rien à voir dans la naissance de Tintin. Et pour n’avoir pas à en parler, rien de tel que le coup du « passez muscade » : « L’abbé Wallez, directeur du Petit Vingtième, demande à Hergé d’utiliser son petit reporter de papier –créé pour l’occasion– pour dénoncer les abus, les dérives et les scandales du régime soviétique. » (p. 15). Sauf que le directeur du XXe Siècle –dont le Petit Vingtième n’était que le supplément jeunesse confié à Hergé, son rédacteur en chef– n’a pas demandé à Hergé « d’utiliser son petit reporter de papier », mais de créer un petit reporter qui serait tout particulièrement « implacable pour tous les pervertis de l’intelligence et du cœur » que sont les bolchévistes (Norbert Wallez, in Le XXe Siècle, 29 janvier 1928), que le pape Pie XI identifierait bientôt comme « intrinsèquement pervers ».

    XXe Siècle 13.01.1928 Saccage.png

    En première page du XXe Siècle, le 13 janvier 1928, l’article-phare célèbre l’action d’éclat des « patriotes belges » emmenés par Léon Degrelle contre les Soviets !.

     

    Le « créé pour l’occasion » de Bob Garcia permet de faire l’impasse sur l’origine exacte du « petit reporter de papier ». Certes, Le XXe Siècle avait rendu compte, le 19 avril 1928, du Moscou sans voiles de l’ancien consul belge en Russie. Mais le héros créé par Hergé pour son supplément Jeunesse n’est évidemment pas à l’image du cinquantenaire Joseph Douillet, mais bien plutôt du jeune Léon Degrelle, pourfendeur tout aussi implacable des bolchévistes comme le chroniqua avec un chaleureux enthousiasme Le XXe Siècle, trois mois plus tôt, le 13 janvier 1928. Tintin devait donc lui ressembler aussi bien au caractère qu’au physique et être un jeune journaliste intrépide et courageux aux fermes convictions spirituelles (l’irréfutable démonstration s’en trouve dans l’introduction Aux origines de Tintin de l’ouvrage posthume de Léon Degrelle, Cristeros, aux éditions de L’Homme Libre, 2020).

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  • La première interview de Léon Degrelle d’après-guerre (4)

    Copie de l’aide-mémoire destiné à la rencontre avec Robert Francotte (2)

    Notes San Sébastian p. 3.jpg

    III. Retour à Bruxelles – Août 1940

    Je retrouvai ma maison occupée par un Etat-Major de l’Aviation Allemande. Je dus loger, pendant une semaine, dans une mansarde. Je ne demandai rien. 

     3.


    Finalement, ce ne fut que sur intervention d’un avocat belge que ma maison fut évacuée [5].

    Je ne visitai aucune autorité allemande à mon retour et ne vis même pas une seule fois, avant mon départ pour le Front de l’Est, le 10 août 1941, le général Von Falkenhausen [6].

    Le « Pays Réel » ne reparut qu’en octobre [7].

     

    [5] Dans La Cohue de 1940, Léon Degrelle a raconté le détail de la manière dont il retrouva sa maison, le 30 juillet 1940, occupée par la Luftwaffe :

    Drève Lorraine.jpg

    Photo de la villa de Léon Degrelle, à l’orée du bois de la Cambre, à Bruxelles, telle que publiée dans Degrelle m’a dit, de la Duchesse de Valence : « La Drève de Lorraine, la belle propriété de Léon Degrelle, dans la forêt de Soignes, à l’entrée de Bruxelles. A gauche (quatre grandes fenêtres) : son bureau. Au-dessus, sous les toits, la bibliothèque (quinze mille volumes) » (cahier photographique entre les pages 40 et 41).

     

    Le lendemain de mon retour à Bruxelles, j’allai, le cœur battant, à la Drève de Lorraine, retrouver ma chère maison. Une sentinelle barrait l’entrée principale du parc. Non point que les Allemands eussent pris des mesures pour protéger ma propriété abandonnée, ce qui eût été assez indiqué si j’avais été l’agent n° 1 d’Hitler. Loin de là. Non seulement les autorités d’occupation n’avaient pas veillé à ce que le domaine restât intact, mais celui-ci était occupé, envahi par de nombreux membres de la Luftwaffe. Les concierges avaient été refoulés dans une maisonnette à l’écart. Des graminées hautes d’un mètre avaient poussé partout sur la terrasse. Quinze, vingt militaires allemands naviguaient dans les salons. Un gros colonel ronflait encore, nu et luisant, au milieu de mon lit d’érable.

    Je crus d’abord à un quiproquo. Mais non ! D’ailleurs, je ne saurais trop le répéter, les Allemands ne me devaient rien. Ils avaient réquisitionné ma maison comme n’importe quel autre immeuble. Je crus tout de même, puisque j’étais revenu, qu’on allait me rendre ma demeure. Il y avait à Bruxelles, à ce moment-là, des milliers d’autres logements libres.

    Mes propositions n’eurent absolument aucun succès. Ces messieurs se trouvaient bien chez moi et prétendaient fermement y rester.

    N
    e pouvant continuer à camper chez une de mes sœurs sur un sofa [ce blog au 20 mars 2020], j’obtins difficilement, après deux jours de palabres, de disposer d’une chambre à coucher dans mon habitation. Ce fut tout. Encore était-il impossible de dormir, les aviateurs vidant fort bruyamment, jusqu’au petit matin, les dernières bouteilles de ma cave.

    Je m’attendais à voir revenir, d’un jour à l’autre, ma femme et ma ribambelle d’enfants. S’ils étaient arrivés, j’eusse dû les loger à l’hôtel. Je mangeais à la diable, chez des gargotiers des environs. Cette occupation devenait tellement désagréable qu’il ne me resta plus qu’à confier l’affaire à un avocat. Celui-ci connaissait un civil allemand, ami de Goering, et obtint qu’il lui télégraphiât. Grâce à ce hasard, les bureaux de l’aviation reçurent enfin l’ordre d’évacuer le terrain, me laissant une maison aux parquets râpés, aux peintures écaillées par les appareils de radio et où, en fait de biens meubles, il ne restait plus, éparpillés dans une cave et n’ayant tenté personne, lors des pillages belges de la mi-mai, que mes chers vieux atlas enluminés de Mercator, d’Ortélius, de Kaerius, de Blaue et d’autres géographes selon mon cœur [ce blog au 17 octobre 2018].

    Kriegsberichter 8 août 43 a.jpg

    Précisément trois ans plus tard, le 8 août 1943, Léon Degrelle accueillera, dans son vaste bureau de la Drève de Lorraine, d’autres officiels de l’armée allemande autrement policés et respectueux des lieux, dont ces vingt et un correspondants de guerre SS des Légions de Volontaires et de la Waffen SS effectuant un voyage en Flandre à l’invitation du Generalmajor Richard Jungclaus, représentant du Reichsführer Heinrich Himmler. Au programme : visite d’Anvers, Gand, Bruges, Ostende ainsi que de la côte belge et des champs de bataille de la Première Guerre mondiale. Pour clore ce voyage, ils furent reçus par Léon Degrelle en son domicile bruxellois avant d’assister, au studio de Radio-Bruxelles, place Flagey, à un concert symphonique sous la direction du SS-Kriegsberichter flamand Paul Douliez (photo de la délégation ci-dessous, entourant Léon Degrelle : Paul Douliez est le second, à partir de la gauche, debout sur le muret du porche de la Drève de Lorraine), par ailleurs compositeur et auteur en 1954, –en dépit de sa condamnation à mort par contumace–, d’une biographie du compositeur flamand Peter Benoit (1834-1901) qui fait toujours autorité.

    Kriegsberichter 8 août 43 b.jpeg

     

    J’eusse pu, certes m’adresser directement aux autorités d’occupation. […] Ma maison avait été pillée de fond en comble. Les troupes allemandes avaient accroché du matériel partout dans ma maison, crevant ou ébréchant les murs, faisant des dégâts qui s’élevaient à des dizaines de milliers de francs.

    On eût pu tout de même envoyer un vague officier d’ordonnance pour m’aider à récupérer ma demeure et me proposer une indemnité en réparation des dommages que les troupes du Reich avaient causés. Il n’y eut aucune démarche, aucune visite. Je ne reçus aucun appui, aucun souhait, aucune offre de dédommagement. Je ne possédais plus un patard. J’avais emprunté mille francs pour payer mes repas dans les gargotes des environs. […] Je ne parvins à me tirer de mes difficultés matérielles que grâce à un paiement vraiment cocasse. Je n’étais pas mort : donc j’étais encore député ! Imperturbable, cette bonne vieille démocratie, qui m’avait expédié au massacre, m’envoya par chèque, peu après mon retour, les émoluments des trois mois pendant lesquels j’avais survécu ! ça me fit une affaire de dix mille francs que j’avais parlementairement gagnés en buvant de force l’urine démocratique de mes gardiens et en encaissant dans la figure leurs coups de sabots et de trousseaux de clefs. (La Cohue de 1940, pp. 109-111)

    [6] Fils d’un baron prussien, le général Alexander von Falkenhausen fut, durant la Seconde Guerre mondiale, le gouverneur militaire de la Belgique et du Nord de la France, reprenant ainsi le poste occupé par son oncle Ludwig à la fin de la Première Guerre. Réactionnaire antinazi, il ne pouvait que s’attirer l’inimitié des partisans de l’Europe nouvelle. Léon Degrelle le décrit ainsi dans le Persiste et signe de Jean-Michel Charlier :

    « Les Allemands conservateurs de Bruxelles étaient à peu près tous des fonctionnaires qui voulaient prolonger le vieil impérialisme industriel des Allemands de 1914, qui ne pensaient qu’à étendre l’espace territorial allemand et à s’emparer de la vie économique de ces régions riches, bien équipées, aux populations laborieuses, d’un gros rendement. La création de l’Europe n’intéressait pas les généraux à la Falkenhausen. Elle était à leurs yeux une lubie de plus d’un Hitler qu’ils haïssaient. Un accord avec la Haute Finance de la Belgique leur paraissait, par contre, un objectif d’un intérêt extrême. […]

    Avec le général von Falkenhausen et son équipe pro-capitaliste, nulle collaboration n’était pensable.

    Falkenhausen Clebs.jpeg

    Le gouverneur militaire de la Belgique et son clebs tout-puissant.

     

    Je me suis bien gardé de voir ce vieux junker égrillard une seule fois avant de filer en Russie. Je le fuyais comme la peste. Il vivait comme un mandarin –il avait longtemps résidé en Chine [ce blog au 23 août 2021]– dans un somptueux château brabançon, à Seneffe, propriété d’un Juif défenestré. Il s’adonnait au culte de son chien, arbitre en tout, dont les aboiements, ou le silence conciliant, indiquaient s’il fallait repousser ou accueillir le visiteur. En l’honneur de ce roquet-majordome, Falkenhausen avait fait fabriquer à Gand de richissimes cigarettes en tabacs anglais, portant le portrait du toutou comme un camée précieux » (pp. 253-254)

    Au vrai, Falkenhausen correspond d’ailleurs parfaitement au portrait dressé par Léon Degrelle. Dans ses verbeux autant que prétentieux Mémoires d’outre-guerre (Comment j’ai gouverné la Belgique de 1940 à 1944), c’est à peine s’il mentionne l’existence de Rex et de Léon Degrelle (« qui trahit la vocation réelle de son parti » !) aux côtés du VNV et de son chef dont il massacre le nom en « van der Wiele » (p. 162). Il faut attendre les « Annexes » et les questions de l’éditeur Jo Gérard pour en savoir davantage, c’est-à-dire qu’il essaya surtout de saboter le défilé triomphal de la Légion Wallonie à Charleroi et à Bruxelles (ce blog aux 15, 26 janvier 2021, 7 mars 2022).

    « –Et Léon Degrelle ?
    Cette fois, Alexandre von Falkenhausen sourit :
    – Celui-là… je ne l’ai vu qu’une fois, en 1943, à son retour du front russe. J’avais refusé à plusieurs reprises de le rencontrer, malgré ses insistantes démarches. Il en avait conçu, contre moi, un profond ressentiment et il répétait : “Il faut basculer ce général !”
    Mais Degrelle avait acquis sur Hitler une puissante influence, aussi me donna-t-on de Berlin l’ordre catégorique d’accueillir le chef du rexisme. Je répondis que je voulais bien le recevoir en tant que soldat, mais pas en tant que leader d’un parti politique.
    Je le vis donc et il me raconta pendant une demi-heure sa campagne. Il me parut assez exalté et singulièrement imbu de lui-même. Plutôt vulgaire, les Parisiens diraient : “un camelot”.

    Falkenhausen cigarette.jpeg

    Le hobereau prussien von Falkenhausen, ses bésicles d’un autre siècle et sa cigarette de tabac anglais artisanale…

     

    Mais Degrelle vous exposa-t-il ses idées politiques et comment il envisageait l’avenir de la Belgique ?
    – Non, il n’aborda pas ce thème, car il savait que je ne voulais considérer en lui que le soldat. On l’avait prévenu.
    Avez-vous posé des questions à Degrelle ?
    – J’ai essayé d’en obtenir quelques précisions sur la tactique des Russes, mais il se lançait aussitôt dans des récits colorés comme des images d’Epinal.
    Puisque nous parlons de Degrelle, vous dirais-je que pour étoffer le défilé de sa Légion Wallonie à Bruxelles, on avait amené dare-dare quelques centaines d’authentiques soldats allemands de la SS casernés à Beverloo. Cette parade eut lieu à Charleroi, mais contre mon ordre, elle passa au retour par Bruxelles, bien que j’aie tenté en vain de l’empêcher en écrivant aux protecteurs berlinois du chef rexiste qu’on risquait ce jour-là un bombardement allié sur Bruxelles. » (pp. 300-301)

    [7] C’est en fait le 25 août que Le Pays réel sera à nouveau présent dans les kiosques à journaux, soit trois mois après la capitulation.

    Pays réel 1940 08 25 Reparution.JPG

     

     

    À suivre

     

  • Il y a 80 ans, le 36e anniversaire de Léon Degrelle

     

    C’est aujourd’hui l’anniversaire de la naissance de Léon Degrelle. Le cent-seizième.

    Il y a 80 ans, c’est de manière particulière que se fêta son 36e anniversaire –l’âge de l’accomplissement du destin terrestre de Jésus, assurant la gloire du Christ-Roi–, par la publication d’un éditorial dans Le Pays réel du dimanche 14 juin 1942 (le journal ne paraissait pas le lundi) : c’est, à notre connaissance, le seul article célébrant l’anniversaire du tribun bourguignon jamais publié dans la presse rexiste.

    Cet anniversaire emblématique fut également célébré de manière grandiose sur le Front du Donetz où se trouvaient alors Léon Degrelle et ses Légionnaires, grâce au Prévôt de la Jeunesse, John Hagemans, et son génie scénographique, qui emmenait le Second Contingent de Volontaires, celui, bouillonnant d’héroïsme, de la Jeunesse rexiste.

    LD 1942 a.jpg
    Cet éditorial du Pays réel, le quotidien du « Front intérieur »,  était signé « J.D. », c’est-à-dire Jean Denis (1902-1992) qui, alternant la fonction avec le rédacteur en chef José Streel, allait prendre sa place d’éditorialiste pendant deux semaines, du 12 au 25 juin.

    Proclamé Docteur en Philosophie et Lettres de l’Université Catholique de Louvain en 1926, Jean Denis milita à l’Association Catholique de la Jeunesse Belge (ACJB) de Mgr Louis Picard dont il était le secrétaire et chez qui Léon Degrelle avait installé son « kot » (logement d’étudiant : ce blog au 5 avril 2017).

    C’est donc auprès de Mgr Picard promouvant inlassablement le culte du Christ-Roi défini par le pape Pie XI dans l’encyclique Quas Primas (1925) et qui donnerait son nom au mouvement de révolution des âmes de Léon Degrelle (ce blog aux 2 avril et 25 décembre 2017 ; Mgr Picard écrira un de ses livres les plus importants, Le Christ-Roi, pour les éditions Rex en 1929) que les deux jeunes gens nouèrent leurs premiers liens d’amitié.

    Dès lors, Jean Denis demeurera d’une fidélité irrévocable à son engagement auprès de celui qu’il regardera toujours comme son « chef, c’est-à-dire le dépositaire de notre volonté collective » (dédicace de son ouvrage doctrinal Principes rexistes, 1936) : rédacteur en chef de l’hebdomadaire Soirées (1931), journaliste au Pays réel (1936), il sera élu député rexiste de Namur aux élections du 24 mai 1936.

    Jean Denis So!rées 1933 08 25.jpeg

    Une des rares photos de Jean Denis que nous avons pu retrouver : publiée dans le « numéro spécial consacré à Rex » de Soirées (25 août 1933), elle montre le rédacteur en chef de ce magazine, fier d’avoir compris « le langage poétique de l’image » recherchant en permanence« la simple conjonction des textes et des documents photographiques ».

     

    Durant la guerre, celui que Léon Degrelle considérait comme l’ « un des premiers et des plus purs militants du rexisme » sera responsable du Département culturel de l’Etat-major du Chef de Rex (1941), tout en poursuivant son œuvre d’éditorialiste au Pays réel, de journaliste à Radio-Bruxelles et de chroniqueur au National-socialisme, l’ « Organe mensuel du mouvement rexiste », dès son lancement en décembre 1942. Il sera également nommé par le commandant de la Gendarmerie nationale, le colonel Adrien Van Coppenolle, professeur à l’école de Tervuren de la Police générale du Royaume.

    Avec José Streel (1911-1946, ce blog au 30 juin 2016), auteur, en 1941, de La Révolution du Vingtième Siècle (œuvre majeure qui vient de reparaître aux éditions de L’Æncre), Jean Denis est considéré comme l’idéologue du rexisme. Le destin des deux hommes, s’il fut quelque peu parallèle, ne connut cependant pas une identique fin funeste.

    Après avoir voulu mettre les leurs à l’abri en Allemagne en 1944 (Jean Denis était le papa de quatre jeunes enfants ; José Streel, de trois), ils seront vite rattrapés par la « justice » belge.

    Déjà condamné à mort par contumace le 17 janvier 1945, José Streel fut arrêté à Bruxelles le 3 mai et, après une parodie de procès, fusillé le 21 février 1946 ; tandis que Jean Denis, arrêté en Allemagne le 2 mai 1945, convaincu de « trahison » en sa qualité de lieutenant de réserve, fut également condamné à mort par le Conseil de Guerre de Bruxelles pour « ses causeries à la radio où il reprenait toutes les théories de Degrelle » (Le Soir, 6 janvier 1946). Le Ministère public les avait pourtant méprisées en décrétant ces billets « bêtes à faire pleurer, faits de ragots et de racontars farcis de fautes de français » (Le Soir, 29 novembre 1945) ! À cela s’ajouta également l’extravagante amende de deux millions de francs belges (près d’un million d’euros d’aujourd’hui !). La peine fut néanmoins commuée et après cinq ans d’un emprisonnement dans les conditions les plus dégradantes, Jean Denis fut libéré en 1951.

    Pays réel 1936.05.29 Jean Denis b.JPGPhotographie de Jean Denis publiée dans Le Pays réel, le 29 mai 1936, pour saluer son élection à la Chambre des Représentants parmi les 21 députés rexistes.

    Ruiné et profondément meurtri par la haine bestiale d’une justice prétendant avoir ainsi « épuré » la société, Jean Denis, refusant désormais d’encore s’exprimer, put se retirer dans une paisible bourgade rurale du Brabant wallon, mais à l’écart de Chastre, son village natal, dont le curé (le bien nommé abbé Maton) témoigna méchamment et stupidement à son procès, le dénonçant comme un « suppôt de l’hitlérisme », car il se serait prétendu « chrétien mais nazi » (La Libre Belgique, 4 décembre 1945)...

     

    Pays réel 1942 06 14 a.JPG

     

    L’anniversaire du Chef de Rex

     

    Demain, quinze juin, Léon Degrelle entrera dans sa trente-septième année.

    Chaque année, cette date du 15 juin est célébrée par tous les rexistes avec une ferveur d’un caractère familial. A pareille époque, depuis deux lustres déjà, les lettres et les télégrammes de congratulation affluaient et des fleurs par brassées étaient adressées à celui qui fut vraiment pour nous tous le messager de Dieu et qui, à l’instant même où notre génération sacrifiée allait sombrer dans le désespoir, suscita en elle d’inépuisables énergies de rédemption.

    Marie-Paule Lemay Secours Légionnaire.jpgMarie-Paule Degrelle préside une réunion de Solidarité Légionnaire dont elle est la présidente.

     

    Aujourd’hui, nous aurons tous une pensée pour le Chef qui se trouve éloigné de nous de plus de trois mille kilomètres, et nos hommages iront à Madame Degrelle qui demeure l’admirable gardienne d’un foyer qui nous est cher à tous.

    Voici un an, tandis que nous fêtions les 35 ans du Chef, il y avait dans nos hommages une sorte de tendresse affectueuse. Léon Degrelle, en effet, était à peine remis des souffrances indescriptibles qu’il avait endurées dans les prisons françaises et en nous souvenant du fait qu’un an auparavant, au moment où il entrait dans sa 35e année, il était prisonnier condamné à mort, nous appréciions mieux l’incalculable bienfait de la Providence qui, au terme d’une si longue épreuve, nous l’avait rendu, physiquement affaibli, mais moralement plus fort, plus grand et plus énergique que jamais.

    Pub Guerre en prison LD Pays réel 42.05.01.JPGLéon Degrelle vient de publier ses douloureux souvenirs de prison : arrêté par la Sûreté belge en dépit de son immunité parlementaire à l’aube du 10 mai 1940, il fut livré, avec une vingtaine d’autres Belges, au mépris de toute disposition légale, aux forces de police françaises et balloté de prisons en bagnes et en camps d’internement où il fut battu et torturé (voir ce blog au 6 mai 2017 ; publicité parue dans Le Pays réel, le 1er mai 1942).

     

    En ces instants où nous considérions un passé si récent et si douloureux avec une émotion que nous ne pouvions point cacher, nous ne soupçonnions pas que, huit jours plus tard, allait se produire en Europe un événement capital qui serait pour notre pays l’occasion de s’affirmer à nouveau dans le monde et, pour Léon Degrelle, le point de départ d’une nouvelle action et de nouveaux sacrifices, auprès desquels pâliraient tous ceux d’un passé pourtant chargé de luttes dramatiques.

    Le jour même où s’ouvraient les hostilités contre la barbarie bolcheviste, la Légion naissait dans la volonté du Chef de REX. Sans la Légion, nous ne serions aujourd’hui nulle part, non pas seulement nous, membres du mouvement rexiste, mais nous, Belges.

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    Défilé de Volontaires de la Légion Wallonie dans la croisade contre le bolchevisme, à Bruxelles, place Royale, devant la statue du premier Croisé, Godefroid de Bouillon (mai 1943).

     

    Avec la Légion, nous sommes maintenant partout chez nous en Europe. Et cela, c’est à Léon Degrelle, et à lui seul, que nous le devons. Il eut ce mouvement spontané du cœur, qui était en même temps un trait de génie, par lequel une occasion unique, une occasion qui ne se représente pas deux fois dans un siècle d’histoire, fut saisie fermement, instantanément, avec une irrésistible pugnacité.

    Pays réel 1942 06 10 Citation Légion.JPGÀ la Une du Pays réel du 10 juin 1942 : la Légion Wallonie entre dans la gloire des armées engagées sur le Front de l’Est.

     

    Telle doit être notre pensée dominante en ce jour anniversaire de Léon Degrelle et ce n’est plus au martyr persécuté, mais au héros légionnaire que doivent aller nos hommages affectueux.

    Plus que jamais nous devons être orgueilleux de notre Chef qui, par sa vaillance, a su imposer le prestige de notre nom à l’Europe entière.

    Nous n’avons pas à refaire aujourd’hui toute l’histoire de la Légion. Cette histoire est tellement chargée d’événements héroïques qu’il ne nous serait pas possible de les évoquer même schématiquement au cours d’un bref article.

     

     

    Le trente-sixième anniversaire de Léon Degrelle au Front de l’Est

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    A l'occasion du trente-sixième anniversaire de Léon Degrelle, le Prévôt de la Jeunesse, John Hagemans, qui vient d’arriver au Front avec le Contingent du 10 mars, issu principalement des « Serments de la Jeunesse » du mouvement rexiste, organise la présentation des nouveaux étendards de la Légion qu’il a dessinés personnellement, ainsi qu’une solennelle prestation de serment de fidélité des jeunes légionnaires rexistes au Chef.

     

    Il en laissera cette relation :

    « Il y a eu ici une cérémonie admirable le 15 juin [1942], pour l’anniversaire du Chef. Prestation de serment en sa présence, avec tous les participants (c’est certainement la première fois que ça arrive, hein, ça !) en feldgrau ! Casques d’acier, etc. Ce fut très simple, mais d’une grandeur vraiment extraordinaire. Après le serment, dont les paroles de renoncement prenaient une valeur particulière dans notre état militaire, le Chef fit un speech où les vieux partisans “thiois” comme nous eurent une indicible joie à l’entendre parler pour la première fois depuis que la Jeunesse Nationale-Socialiste combat avec ce thème bien précis de “cette Jeunesse thioise qui refera l’Empire, le Saint Empire d’Occident…”

    Voilà enfin une reconnaissance de fait qui nous passe bien de toutes les autres, n’est-ce pas ! Le thème général de son discours fut : “Refaire les Dix-Sept Provinces” et ce, au sein de la Germanité, avec le génie éclairé d’Adolf Hitler au sommet de ce tout admirable que sera le Grand Empire Germanique reconstitué. “Dans cet Empire, dit-il aussi, nous inscrirons comme aux plus beaux âges la splendeur de notre civilisation, de cette civilisation des Dix-Sept Provinces, la fleur de la culture germanique”, etc., etc. »

    (John Hagemans, Prévôt de la Jeunesse, 1914-1942, Edition de la Jeunesse Légionnaire, 1943, pp. 74-75).

     

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    John Hagemans a reconnu en Léon Degrelle son Chef naturel, tel qu’il le présente dans la Charte de la Jeunesse : « Seule la valeur personnelle d’un Chef pourra faire de lui un aide sérieux au point de vue moral. Le Chef veillera à être toujours de bonne humeur dans l’effort. S’il a bon caractère, il a gagné l’amitié de son équipe et s’il se montre courageux, dévoué, il gagnera rapidement son respect et sa considération. Le Chef doit être pour tous l’exemple vivant. »

    Sur ce cliché, John Hagemans et Léon Degrelle sont parmi les jeunes Légionnaires : « Le Chef communique sa bonne humeur. »

     

    Contentons-nous de donner à nos lecteurs quelques détails complémentaires au sujet des récentes distinctions dont fut honoré le Chef de REX. Ces renseignements, que les précédentes correspondances ne nous avaient pas fournis, nous ont été apportés par des légionnaires en permission.

    La nomination de Léon Degrelle au grade d’officier est un événement historique en ce sens que c’est la première nomination faite par Adolf Hitler, en tant que Chef des armées d’Europe. C’est la première fois que le Chancelier Hitler a nommé un officier étranger dans une armée d’étrangers, soumis à ses ordres pour la Croisade antibolcheviste. Cette nomination a été faite au Grand Quartier Général, au Front. Elle a été signée par le Fuehrer lui-même, et contresignée par le général Keitel. Enfin signalons encore que le document officiel indique que Léon Degrelle a été nommé officier « pour sa bravoure exceptionnelle au combat ». L’importance de ces quelques détails n’échappera certainement pas à nos militants et il est absolument inutile de la commenter.

    Pays réel 1942 05 10 LD Lieutenant Epée d'or.JPGDans l’euphorie suscitée par les honneurs récompensant l’héroïsme de Léon Degrelle, Victor Matthys, chef a.i. de Rex, lança une souscription pour offrir une épée en or au nouvel officier, gravée des noms des Légionnaires tombés au champ d’honneur. Quelques jours plus tard, Léon Degrelle fit savoir qu’il refusait pareil hommage et demanda d’offrir l’argent récolté à Solidarité légionnaire pour les familles des victimes du Front de l’Est.

    Pays réel 1942 05 20 LD refuse Epée d'or 2.jpg

     

    Quant à la Croix de Fer de 1ère classe, celle-ci a été donnée au Chef de REX pendant les combats mêmes, à l’improviste, sans diplôme, à la lisière d’un petit bois où le Général de division avait rejoint la Légion. C’est donc une fois encore en reconnaissance des témoignages les plus évidents et les plus indiscutables d’une bravoure exceptionnelle que cette distinction a été décernée au Chef de REX. Il convient de noter à ce propos que l’attribution de la Croix de Fer de première classe est un fait extrêmement rare. Dans un secteur assez vaste du front où combat la Légion, Léon Degrelle est le seul titulaire de cette haute distinction.

    Pays réel 1942 06 09 Croix Fer 1Cl. LD.JPG


    I
    l y a, dans la vie, d’étranges concordances et d’émouvantes coïncidences. Les circonstances dans lesquelles fut attribuée au Chef la Croix de Fer de 1ère classe sont, à ce propos, particulièrement évocatrices.

    C’était, comme nous l’avons dit, à la lisière d’un petit bois, vers la fin de la matinée, le 21 mai dernier, au moment précis où toutes les hiérarchies du mouvement, des centaines de militants rexistes et de parents de légionnaires se trouvaient réunis dans la cour de la Caserne des Grenadiers à Bruxelles, pour la cérémonie religieuse de commémoration des Héros tombés dans le combat.

    Pays réel 1942 05 22 Hommage martyrs rexistes.JPG

    L’impressionnante cérémonie d’hommage aux « martyrs du Mouvement rexiste », –ceux d'avant-guerre, de la Légion au Front de l'Est ainsi que du « Front intérieur », auxquels étaient également associés le Chef du Verdinaso (mouvement national-solidariste thiois) Joris Van Severen et les vingt autres victimes d’Abbeville, assassinés deux ans auparavant, le 20 mai 1940–, fut organisée à la Caserne des Grenadiers, sise rue des Petits Carmes, derrière le Petit Sablon. Après-guerre, cette caserne fut connue sous le nom de « Caserne Prince Albert » (abritant le « Club Prince Albert », le mess des officiers de la garnison de Bruxelles). Il ne faut donc pas la confondre avec l’autre Caserne des Grenadiers située près du Parc royal de Laeken, qui abrita après-guerre l’Ecole des Cadets et accueille aujourd’hui la quatrième Ecole européenne de Bruxelles. Dans son ouvrage sur la Légion Wallonie (Heimdal, 2015), André Lienard situe, lui, l’événement dans une « Caserne Saint-Jean » inexistante et le date de 1943 (vol. 1, p. 401) !

    (Première page du Pays réel du 22 mai 1942)

    C’était au moment même où, des marches de l’autel, le prêtre officiant exaltait les vertus d’énergie, de courage et de volonté.

    Deux ans auparavant, jour pour jour, heure pour heure, Léon Degrelle, enchaîné, torturé par des bourreaux infâmes, passait à Abbeville, non loin du kiosque tragique et n’échappait à la mort que par un hasard miraculeux.

    Ainsi se manifeste à nous, jusque dans des détails visibles et troublants, le rythme d’une vie d’homme : la vie d’un homme qui est notre vie, parce que cet homme est notre Chef.

    Vers lui vont aujourd’hui toutes nos pensées. A lui vont toutes nos énergies. Et à la veille de cet anniversaire qui nous est si cher, nous ne pouvons mieux faire que de répéter le cri de guerre et de ralliement de nos Jeunesses :

    – Au Chef !

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  • Degrelle – Hergé, même combat ! (5)

    Le Sceptre d’Ottokar

    Il ne manque pas, dans l’œuvre de Hergé –surtout dans Quick et Flupke–, de dessins caricaturant Mussolini ou Hitler (ainsi d’ailleurs que n’importe quel dirigeant politique français ou britannique : voir, par exemple, Tintin mon copain, p. 34). Mais c’est surtout Le Sceptre d’Ottokar, (publié dans Le Petit Vingtième dans les années critiques 1938-1939) que l’on brandit pour prouver l’incompatibilité entre Hergé et le nazisme : le conflit borduro-syldave évoque l’Anschluss, les Bordures se servent d’avions « nazis » Heinkel HE 118 et le méchant chef de la Garde d’Acier (démarquage de la Garde de fer du « fasciste » roumain Codreanu) s’appelle Müsstler, nom associant Mussolini et Hitler : pouvait-on faire plus antinazi, et ce, en pleine « drôle de guerre » ?

     

    On ne peut certes que constater que les vilains Bordures ressemblent à des nazis : « à l’époque, c’est bien entendu l’Allemagne qui était visée », déclare Hergé à Numa Sadoul (Tintin et moi, p. 129). En cela, Hergé manifeste simplement qu’il est aussi le produit de son époque et de la société dans laquelle il vit. Société dont les opinions sont bien sûr également modelées par la presse qu’elle lit. Et à cette époque, la presse (y compris catholique) était unanimement aussi bien antihitlérienne qu’antibolchevique. Degrelle lui-même avait consacré un numéro spécial de Soirées contre Hitler dès le 12 mai 1933. Et par la suite, son hebdomadaire a continué d’éreinter le Führer et son régime pendant une grande partie de 1934 et 1935 (20 juillet 1934 : « La terreur hitlérienne, reportage hallucinant »)… Il faudra attendre l’entrevue avec Hitler du 26 septembre 1936 pour que le Degrelle de Prière à Notre-Dame de la Sagesse ne voie plus guère d’incompatibilité avec le Hitler de Mein Kampf avant de devenir définitivement le Degrelle de Hitler pour mille ans !

     

    32 Soirées 1933 05 12.jpegPremier numéro spécial de Soirées sur Adolf Hitler, peu après son accession au pouvoir. Un an plus tard, le ton sera beaucoup plus agressif. Après la défense désespérée de la politique de neutralité face à l’Allemagne et aux alliés franco-britanniques, l’hostilité au régime national-socialiste culminera lors de l’invasion. Le Pays réel titrera en grandes capitales sur toute sa première page, encadrant un grand portrait du roi Léopold III : « Un crime. L’Allemagne attaque la Belgique. […] Rex au service de la Belgique. […] Vive la Belgique ! Vive le Roi ! Vive Léon Degrelle ! » A ce moment, le député Léon Degrelle était déjà incarcéré et soumis à l’arbitraire de la Sûreté de l’Etat belge (voir ce blog aux 30 avril et 6 mai 2017)…

     

    Et si Hergé n’alla peut-être pas si loin, remarquons néanmoins que la détestation unanime de la presse de l’époque manifestée pour Hitler et le national-socialisme ne l’empêcha pas, à la même époque que le Sceptre d’Ottokar, de critiquer le refus des offres de paix de Hitler dans des planches spectaculaires où Flupke montant la garde à la frontière est remplacé par un sourd-muet pour rendre inaudibles et inefficaces les propos amicaux d’un Führer qui s’en repart découragé, ni de publier, en 1939, la série antibelliciste de Monsieur Bellum (voir Tintin mon copain, pp. 58 et 60-62)… A ce propos, nous ne pouvons passer sous silence l’interprétation délibérément mensongère de celui qui se présente comme un « hergéologue distingué », Philippe Goddin, larbin en chef de la Fondation Hergé, chargé du lissage politiquement correct de l’image de Hergé. Contre toute vraisemblance, il n’hésite pas à présenter cette planche destinée à l’hebdomadaire Vers le Vrai de son ami d’enfance Julien De Proft (condamné à deux ans de prison par les tribunaux d’épuration) comme un acte hostile à Hitler : « Un vétéran belge de la Grande Guerre juge plus prudent de remplacer son jeune compatriote, qui n’est autre que Flupke, par un sourd-muet, moins exposé à la propagande de cet inquiétant Führer » (Philippe Goddin, Hergé, Lignes de vie, p. 197 ; ce tricheur multipliera ainsi les contresens en réinterprétant tous les engagements de Hergé pour s’efforcer de les désamorcer, ainsi, par exemple, du sens pourtant limpide de L’Etoile mystérieuse, p. 292 : «Certains iront jusqu'à assimiler la bannière étoilée du Peary à un gage donné aux Allemands. Une vue contestable [...]. Le gouvernement des Etats-Unis n'est impliqué ni de près ni de loin dans l'histoire. »).

     

    Mais revenons au Sceptre d’Ottokar pour y découvrir que ce n’est pas tant l’essence du national-socialisme qui y est dénoncée (dont le culte de la beauté et de la nature eût dû séduire Hergé), mais plutôt les emblèmes, organisations, saluts,… si faciles à caricaturer. Et d’ailleurs, nous affirmons que ce faisant, Hergé dénonce tous les « régimes aveuglément dictatoriaux » mis dans le même sac : « La Bordurie est clairement un régime fasciste [mais] la Bordurie est tout simplement un état policier, c’est tout. Et je suis contre les états policiers, point » explique-t-il aux journalistes de Humo (11 janvier 1973, p. 21). C’est d’ailleurs ainsi qu’il faudrait lire le nom du despote Müsstler un peu autrement que le précise Hergé à qui on reproche à ce moment ses prises de positions anticommunistes : Müs-st-ler, pour Mussolini, Staline et Hitler. Hergé cherche en effet alors à se dédouaner dans ses interviews à Humo ou à Numa Sadoul : « le mauvais du Sceptre d’Ottokar ne s’appelle-t-il pas Müsstler, combinaison évidente de Mussolini-Hitler ? » (Numa Sadoul, Tintin et moi, p. 129). Mais dans son interview aux néerlandais Heinemans et Van Impe, il supprimera encore un dictateur, rendant complètement caduc son jeu de mots : « Mon “Müsstler” dans Le Sceptre d’Ottokar , c’est Mussolini » (Elsevier, 22 décembre 1973, p. 155)…

     

    De même qu’on fait toujours semblant d’oublier que si la Garde d’Acier évoque sans doute la Garde de Fer –le mouvement nationaliste roumain–, son antenne syldave, le ZZRK, porte, elle, un nom aux relents bien soviétiques : Zyldav Zentral Revolutzionär Komitzät ! Quelque dix ans après la guerre, dans l’Affaire Tournesol, la Bordurie sera d’ailleurs clairement identifiée à un état stalinien, avec les moustaches du Petit père des peuples comme emblème national.

     

    Parlant de son essence, il faut bien convenir que le national-socialisme est avant tout une éthique de vie et même une esthétique de vie où le destin personnel ne s’accomplit qu’en communion avec et pour les siens. À partir de là, on comprend mieux la démarche de Hergé : son opposition au régime bordure qui a des allures nazies dans Le Sceptre d’Ottokar alors qu’il devient plus clairement soviétique dans L’Affaire Tournesol, ressortit davantage à la dénonciation de toute dictature imbécile où ne peuvent exister ni épanouissement individuel ni justice sociale (voir, dans la conclusion Comment rester Tintin sans Léon Degrelle, ce que Hergé illustrera dans les Picaros). C’est également ce qu’avait manifestement compris la censure allemande lorsqu’elle signifia à l’auteur du Sceptre qu’elle avait bien saisi ses intentions profondes (voir plus loin le sujet La tragédie de la « libération »).

     

    Le gommage des traits antisémites

    À l’appui de la rupture radicale qu’aurait opérée Hergé avec ses « péchés de jeunesse », on a relevé con amore la saga impressionnante des « corrections » supprimant les gags mettant en scène des juifs, changeant les noms à consonance sémitique, réécrivant, redessinant ou modifiant tout ce qui pourrait encore donner prise à l’infamante accusation de racisme (voir Tintin mon copain, pp. 150 sv.). Cette course au politiquement correct rendant toujours plus incolores, inodores et insipides les aventures de Tintin a cependant souffert deux exceptions notables.

     

    La première concerne l’absence de suppression (ou de correction) d’une caricature antisémite évidente. Il s’agit d’un dessin de L’Oreille cassée (voir Tintin mon copain, p. 81) où on voit le boutiquier d’un magasin de brocante présenter toutes les caractéristiques caricaturales du juif : nez crochu, dos voûté, barbe, calotte, lorgnons et les mains qui se frottent de plaisir à la perspective d’une bonne affaire (sans parler de l’accent yiddish : « Ah, voui !... »). Ce juif-ci est resté inexplicablement intact, depuis sa première publication dans Le Petit Vingtième, le 21 janvier 1937, jusqu’à ses plus récents tirages d’aujourd’hui !

     

    33 LD T-shirt Tintin Copain.jpgAutre exception, d’un tout autre genre puisqu’il s’agit d’une création originale, véritable « hyperbolisation » du trait juif le plus brocardé, –l’imposante protubérance nasale !–, présentée en une hilarante séquence au second degré et qui nuance de manière surprenante cette autocensure que l’on croyait devenue automatique chez le Hergé d’après-guerre.

     

    Il s’agit du fameux épisode du « nasique » de Vol 714 pour Sidney (p. 42), publié en 1967. On y voit les « méchants » Allan et Rastapopoulos en embuscade dans la forêt indonésienne et surpris par un singe au gros nez mou, le nasique. Effrayé, le singe s’enfuit sous les sarcasmes d’Allan : « Oh ! un… truc, un… chose, un… un nasique ! C’est ça, un nasique !...Ha ! ha !... Regardez-le détaler comme un lapin ! Quel pif !... Non mais, quel pif !... vous avez vu ce pif ?!... Il me rappelle vaguement quelqu’un… Mais qui ?... » A ce moment, Allan, décomposé, croise le regard furieux de Rastapopoulos avec son gros nez sémitique !

     

    Mais Rastapopoulos est-il juif ? Certains ont prétendu que l’affairiste grec Aristote Onassis lui aurait servi de modèle, au moins dans cette aventure de Tintin où il reçoit sur son yacht luxueux la cantatrice Bianca Castafiore, tel Onassis invitant la « jet-set » internationale à bord du somptueux Christina, avec surtout une certaine Maria Callas…

     

    D’autres insistent sur une lettre de 1973 dans laquelle Hergé présente son personnage comme suit : « Rastapopoulos ne représente exactement personne en particulier. Tout est parti d'un nom, nom qui m'avait été suggéré par un ami ; et tout s'est articulé autour de ce nom. Rastapopoulos, pour moi, est plus ou moins grec levantin (sans plus de précision), de toute façon apatride, c'est-à-dire (de mon point de vue à l'époque) sans foi ni loi ! ... Un détail encore : il n'est pas juif ! » (Benoît Peeters, Hergé, fils de Tintin, p. 105)

     

    Le « détail » a son importance car il contredit tout ce qui précède et qui caractérise traditionnellement le juif dans la caricature : apatride, sans foi ni loi… La parenthèse « (sans plus de précision) » qui s’applique à « grec levantin » empêche de préciser qui le terme « levantin » désigne. C’est-à-dire la population non musulmane de l’Empire ottoman, principalement juive. Et levantin juif n’exclut bien sûr pas d’être « plus ou moins » d’origine grecque (comme Onassis, originaire de Smyrne !)… D’où la nécessité du détail rédempteur : « il n’est pas juif ! »

     

    On le voit : cette explication de Hergé sent l’embrouille, et pour cause : il s’agit d’une réponse (10 novembre 1973) au courrier d’un lecteur de l’hebdomadaire Tintin (Benoît Peeters, Hergé, fils de Tintin, p. 105, n. 1). Passé maître, depuis l’épuration de 1945, dans l’art du camouflage, Hergé a l’habitude de noyer le poisson, comme lorsqu’il répond, en 1961, à un autre lecteur qui lui demandait « Comment vous voyiez-vous il y a 15 ans ? » , c’est-à-dire en 1946 : « Conscient de l’importance de la question, je désire que nos lecteurs profitent de l’expérience que j’ai acquise dans ce domaine. Pour me voir, j’ai toujours utilisé, il y a quinze ans comme aujourd’hui, et avec d’excellents résultats, un appareil extrêmement ingénieux qu’on nomme “miroir” » ! (Tintin mon copain, p. 177)

     

    34 Vroylande Contes.jpgBien qu’il fût illustré par de magnifiques dessins de Hergé, ce recueil de Fables de Robert de Vroylande (Styx, 1941) ne connut jamais de réédition (à part un fac-simile en trente exemplaires publié par l’Association des Amis de Hergé du Canton de Vaud, en 2005). Et ce, à cause du seul conte Les deux juifs et leur pari décrété antisémite. Rappelons que le très catholique Robert du Bois de Vroylande, après avoir été rédacteur en chef de Rex en 1934-35, rompit avec Léon Degrelle engagé contre les « banksters » du Parti catholique et fit paraître en 1936 les pamphlets rageusement impuissants Quand Rex était petit et Léon Degrelle pourri. Du coup, la bien-pensance d’aujourd’hui n’hésite pas à imputer de manière diffamatoire à Léon Degrelle l’arrestation, la déportation et la mort en camp de concentration allemand en 1944 de l’opposant Robert du Bois de Vroylande, décoré de la Croix du Prisonnier politique à titre posthume…

     

    Pour autant, jamais Hergé n’avait mis en évidence avec une telle insistance le trait physique juif le plus caricaturé : son nez ! Et il le fait par un gag le comparant à l’appendice d’un primate ! Est-ce pour exonérer Rastapopoulos de sa judéité ? On nous permettra d’en douter car l’animal est justement un « nazi-que » : le nom seul, par antiphrase, suffit à évoquer le juif ! Et il est d’ailleurs plus que probable que ce soit le nom même de l’animal (qu’Allan prend soin de répéter à son « patron ») qui a inspiré cette séquence du plus haut comique !

     

    À l’appui de cette conviction, rappelons que, lorsqu’il faisait parler des étrangers fantaisistes (Syldaves, Arumbayas,…) ou lorsqu’il donnait des noms de fantaisie à ses héros: l’émir Ben Kalish Ezab [jus de réglisse] ou le cheikh Bab El Ehr [radoteur] dans Tintin au pays de l’or noir, Endaddine Akass [et ça dans ta caisse] dans Tintin et l’Alph-Art, etc., Hergé utilisait le marollien, dialecte bruxellois uniquement compréhensible par ses lecteurs de la capitale belge. Et, en flamand de Bruxelles, « Nazike » signifie « petit nazi » (à propos du marollien dans l’œuvre de Hergé, voir aussi Tintin mon copain, p. 6)…

     

    Qu’on nous permette enfin de préciser que les traits sémitiques de Rastapopoulos soulignés dans cette séquence au second degré sont comme par hasard associés à un redoutable bankster (président d’une hollywoodienne Cosmos Pictures dans Les Cigares du Pharaon, trafiquant d’opium dans Le Lotus bleu, trafiquant d’armes et d’esclaves dans Coke en Stock, etc.) : dans Vol 714 pour Sydney, ce redoutable chef de gang, gêné « de ne plus être milliardaire », a décidé d’enlever « un célèbre milliardaire », trouvant « plus simple et plus rapide de prendre une partie » de sa fortune… (pp. 3 et 20).

     

    Pareille association est d’ailleurs récurrente dans l’œuvre de Hergé qui, dès Tintin au Congo, y pourfend systématiquement l’impérialisme américain, à l’instar d’un certain Léon Degrelle. L’identification des dirigeants de banques ou de multinationales américaines avec des personnages sémitiques culminera, comme chacun sait, dans L’Etoile mystérieuse où Tintin, mandaté par le « Fonds Européen de Recherches Scientifiques » mettra en échec les manœuvres de la banque américaine Blumenstein/Bohlewinkel (lire le chapitre « L’ennemi : l’impérialisme américain », in Cristeros, pp. 70-75).

     

    Nous conclurons ce chapitre en rappelant la réponse de Hergé aux accusations récurrentes de racisme et d’antisémitisme : « Quand est-ce qu’on va enfin bien vouloir voir ce que le plus petit enfant voit : que tous ces albums sont, de a à z, des caricatures. Les Noirs et les Jaunes et les Peaux-rouges et les Juifs et les Arabes ont tous des traits exagérés et sont laids à faire peur, d’accord. Mais regardez un peu aussi les figures de Blancs : ils n’ont quand même pas l’air plus beaux pour un poil ! Et alors, on me fout dans les pattes que les méchants de l’histoire sont noirs ou juifs ou n’importe quoi. Mais sacrebleu ! Qu’ils comptent une fois combien de mauvais blancs se baladent dans les albums de Tintin ! Rastapopoulos, c’est un brave homme, sans doute ? Et le colonel Boris, Dawson, les frères Loiseau, Miller, le docteur Müller, Allan Thompson, Alfred Halambique, Bohlwinkel et tant d’autres : tous de braves blancs sans doute ? Dans mes histoires, je ne m’intéresse pas aux races, mais aux gens. Comment est-ce que Tintin pourrait vivre une aventure à l’étranger si n’y habitaient pas des gens de l’endroit ? Ces types voudraient peut-être que l’Amérique du Sud ou l’Inde soit remplie de Blancs ? Je trouve toutes ces insinuations parfaitement dégoûtantes ! » (Humo, 11 janvier 1973, p. 24).

     

    Nous remarquerons, au passage, la candeur de Hergé qui évacue l’accusation d’antisémitisme en rangeant simplement les « méchants juifs » parmi les « méchants blancs »… Comme si cela allait suffire aux censeurs de l’inexpiable !

     

     A suivre

     

     

  • Le vain crachat des nains politiques 

    Comparer le président du Vlaams Belang,

    Tom Van Grieken, à Léon Degrelle !

     

    Coup de tonnerre dans le ciel serein du politiquement correct belge : les nationalistes flamands du Vlaams Belang, donnés, sinon pour morts et enterrés, du moins pour déjà cliniquement morts, sont devenus, aux élections législatives du 26 mai dernier, la deuxième force politique du pays, toutes régions confondues, avec 12% des voix et 18 élus à la Chambre des représentants !

     

    Eerst onze mensen2-horz.jpgSeuls les nationalistes de la N-VA (Nouvelle Alliance Flamande, guère plus fréquentables que ceux du Vlaams Belang, puisque les socialistes francophones, les écolos, les sociaux-chrétiens « humanistes » francophones et les anti-Flamands de Défi- Front des Francophones ont exclu tout partenariat avec eux), –qui avaient «gelé» toute revendication nationaliste pour participer au dernier gouvernement et ont perdu 8 sièges– disposent de 7 députés de plus, soit 25. Tandis que –subtilité surréaliste de la démocratie belge !– les socialistes francophones qui ont quelque 170.000 électeurs (2,5 % !) de moins que le Vlaams Belang, disposent de deux sièges de plus (soit 20 !)...

     

    Face à cet immense succès, il était donc normal que Tom Van Grieken, président du Vlaams Belang, soit reçu, comme tous les autres présidents de parti ayant envoyé des représentants à la Chambre, en audience par le Roi. Ce qui provoqua la haine hystérique de toute la presse francophone qui souligna avec horreur que cela n’était plus jamais arrivé depuis que Léopold III avait reçu… Léon Degrelle en 1936 : la mine dégoûtée de la commentatrice de la télévision s’accompagnait d’images parfaitement apocryphes d’un discours du Commandeur de la Légion Wallonie sur fond d’étendards à croix gammée…

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    L’audience de Léon Degrelle chez Léopold III, le 28 mai 1936, aura duré tout juste une heure de plus que celle de Tom Van Grieken chez Philippe. Ci-dessous, Léon Degrelle à sa sortie du Palais royal.

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    Il n’en fallait pas plus pour que tout ce que le pays compte de donneurs de leçons se croie autorisé à donner son avis négatif et trouve, comme par magie, un écho complaisant dans toutes les gazettes francophones. Petit florilège.

     

    « Le simple fait que le président du Vlaams Belang puisse franchir les grilles du Palais fait froid dans le dos » (Maxime Prévot, président du « centre démocrate humaniste », anciens démocrates chrétiens) ; « Le Vlaams Belang est un parti raciste et violent et malgré cela, le Roi reçoit le Vlaams Belang. Je trouve ça choquant » (Laurette Onkelinx, présidente du Parti socialiste bruxellois aux origines flamandes pourtant pas très politiquement correctes : voir ce blog au 18 janvier 2016) ; « Le Vlaams Belang est un parti qui ne défend pas les valeurs qui sont les nôtres, démocratiques, de solidarité, de protection des droits de l’homme, de construction de l’Europe dans l’union et la démocratie, qui stigmatise les immigrés et les réfugiés dans sa propagande et dans ses programmes. […] Je ne vous cacherai pas qu’à certains égards, cela me fait penser aux années trente » (Antoinette Spaak, fille de Paul-Henri, le ministre socialiste qui eût tant voulu collaborer avec l’occupant nazi de 1940, voir ce blog aux 11 octobre 2016 et 7 juin 2018) ; « Le Vlaams Belang reste fidèle à son ADN anticonstitutionnel, anti-belge, anti-démocratique et avec une constance qui frise l’obsession, homophobe et anti-femmes. Les mâles du Vlaams Belang ont réussi leur coup : serrer la main du chef de l’Etat. » (Conseil des femmes francophones) ; « Le Vlaams Belang justifie pleinement par sa nature antidémocratique et subversive le maintien de cette mesure d’exception qu’est le cordon sanitaire » (Centre communautaire laïc juif).

     

    Le pire, c’est que Tom Van Grieken se soit senti concerné, atteint, blessé par ces éructations impuissantes : « Nos 800.000 électeurs sont taxés de racistes et on me compare à un fasciste comme Léon Degrelle ! »

     

    Voilà qui manifeste une émotivité sympathique mais qui pourrait être dommageable, et surtout une méconnaissance totale de l’attitude de Léon Degrelle, premier homme politique francophone à avoir pris à bras le corps le problème politique de l'ignorance, voire du dénigrement, de l'identité flamande dans l’Etat belge et à avoir voulu résoudre concrètement cette question par un accord prophétique avec les nationalistes flamands de l’époque (le VNV –Alliance nationale flamande– de Staf Declercq) puisqu’il préfigurait clairement le fédéralisme –et même le confédéralisme– permettant aux deux communautés de se développer parallèlement, dans le respect de leur autonomie, c’est-à-dire de leur identité et de leurs talents (voir le blog «Dernier Carré – Weltanschauung» aux 8 juillet 2016 sv. et 13 août 2016 sv.)

     

    Pays réel 09.10.36 Accord Rex VNV.jpgVoilà aussi qui méconnaît totalement le sentiment de Léon Degrelle –qui avait donné le rare et magnifique prénom flamand de Godelieve (Aimée de Dieu) à son quatrième enfant en signe d’amour sincère pour le peuple flamand et sa culture–, sentiment qui, dès 1926, s’exprimait déjà avec lucidité : «Sous prétexte de patriotisme mal compris, n’essayons pas de faire une bouillabaisse indigeste en confondant le ciel classique de Wallonie et les lointains infinis de la Flandre […]. Niveler l’âme flamande et l’âme wallonne serait un non-sens et un mal : l’égalité fait souvent la médiocrité. » (Léon Degrelle, Méditation sur Louis Boumal, p. 60).

     

    En 1928, Léon Degrelle publiait Les Flamingants, petit livre défendant les revendications flamandes, salué par la presse flamande et l’Association Catholique de la Jeunesse Belge, et dont l’influence fut non négligeable non seulement dans l’apaisement des tensions à l’Université Catholique de Louvain, mais aussi dans l’accélération de la flamandisation de l’Université de Gand (le texte de cette brochure est intégralement publié sur «Weltanschauung» le 8 juillet 2016).

     

    Vlaams blok balai pin's-horz.jpgIl semble décidément loin le temps (1994) où le Vlaams Blok d’alors avait repris le balai rexiste pour nettoyer le pays des banksters…

     

    Le nationalisme flamand ne se construirait-il plus qu’en s’opposant stérilement aux Wallons (attitude que ne font d’ailleurs qu’exacerber leurs responsables politiques n’hésitant pas à négocier des accords de majorité avec les archéo-communistes du Parti du Travail de Belgique !) et ne serait-il plus que linguistique, tant semble abandonné l’exemple de Leiders comme Joris van Severen qui, à l’instar de Léon Degrelle rêvant de rendre à nos provinces leur gloire bourguignonne, luttait pour ressusciter le Dietschland dont les Thiois de langue romane faisaient partie intégrante (voir ce blog au 7 mai 2019) ? Nous entretiendrons pourtant toujours fidèlement la mémoire de Karel Dillen, à l'origine du Vlaams Belang, ami de Robert Poulet et Maurice Bardèche, et qui avait tenu à ce qu’un poème de Robert Brasillach figurât sur son Souvenir mortuaire

     

    Il est donc sans doute inutile, puisqu’il en méconnaît la langue et qu'aucune traduction n'en existe, d’envoyer au président du Belang les ouvrages déjà cités ou d'autres tels Révolution des âmes, Cristeros ou La Cohue de 1940 pour le convaincre qu’en se voyant comparé à Léon Degrelle, Tom Van Grieken devrait se sentir honoré plutôt que diffamé.

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    Dans une dédicace au livre Les Flamingants, publié en 1928, Léon Degrelle écrit, à la fin des années 1980, ces lignes dont la sincérité ne se peut mettre en doute :

    « Cette petite brochure, quand même, signifiait beaucoup : le geste de fraternité qui voulait défendre une cause juste, celle des Flamands.

    Il fut le premier, et les Flamands ne l’oublièrent point !

    Et moi, toujours, je resterai un Flamand de cœur.

    Léon Degrelle »

     

    Pourtant, puisque l’intérêt n'a pas échappé à Tom Van Grieken de faire traduire en français son intelligent et salubre ouvrage de prospective politique L’Avenir entre nos mains. Révolte contre les élites, il nous paraît utile de lui rappeler ce qu’il y écrit sur la dictature culturelle que la gauche a imposée depuis une cinquantaine d’années de part et d’autre de la frontière linguistique en obligeant chacun à craindre de transgresser ses tabous : nous avons bien peur que Tom Van Grieken vienne d’y céder…

     

    « Le marxisme culturel est le nouveau sectarisme. Comme la sexualité était taboue au dix-neuvième siècle, il est aujourd’hui tabou d’exprimer des opinions ou d’agir hors des frontières du discours dominant du marxisme culturel. » (p. 134) Et si quelqu’un –tel un Tom Van Grieken– s’y risquait, il se ferait immédiatement dénoncer par un « monsieur je-sais-tout suffisant [ou, telle l’arrogante Laurette Onkelinx, une madame je-sais-tout] qui déguise son schéma de pensée politique en morale et qui se considère supérieur par définition à quiconque aurait l’outrecuidance de le contredire. » (p. 133) Le pire étant que, inconsciemment, même leurs opposants ont maintenant peur de ne pas s’y conformer, « se disant qu’ils pourraient bien être un de ces jours à leur tour victimes d’une chasse aux sorcières politiquement correcte » (p. 131) « La censure et sa pire forme, l’autocensure, sont [dès lors] devenues la norme. » (p. 130)

    Tom Van Grieken L'avenir.jpg

    « Partout, les électeurs se rebellent contre l’establishment. Ils en ont assez de l’immigration de masse, de la globalisation et de la tyrannie du politiquement correct. Ils ne sont pas entendus par le monde politique et les élites socio-économiques et culturelles. » C’est cette révolte contre ces « élites » au niveau de la Flandre qu’explique Tom Van Grieken, en montrant un chemin que les Wallons auraient tout intérêt à prendre également ! Ce livre indispensable (20 euros) se commande en cliquant sur : 

    http://www.uitgeverijegmont.be/index.php?route=product/product&product_id=107

     

    De l'œuvre puissante de Léon Degrelle, nous ne proposerons à la réflexion du président du Vlaams Belang que ce court paragraphe résumant le sens de l’action degrellienne, dont il pourrait certainement tirer profit : « Je le répète à tous les jeunes de maintenant : tout est toujours possible. Il n’y a pas d’obstacle pour celui qui a la foi, qui est brûlé par elle, et qui brûlera les autres grâce à elle. Je m’étais dit, en voyant l’espèce de rébellion parfaitement normale du peuple, qu’il s’agirait de dégager celui-ci de l’égoïsme et du matérialisme, non pas en s’acharnant à promettre plus que Marx, qu’Engels, que Lénine, mais en essayant de repeindre de neuf chaque cœur délaissé, lassé, souillé, de recomposer une véritable communauté humaine, juste, fraternelle, de ranimer en elle les plus hautes vibrations d’âmes. »

    (Léon Degrelle : persiste et signe, pp. 54-55)

     

    Pour l’heure, nous n'hésitons pas un seul instant à faire confiance à Tom Van Grieken pour faire avancer la cause flamande : ce qui ne pourrait, providentiellement, que précipiter également la perte de la gauche clientéliste qui parasite la Wallonie en y confisquant le pouvoir (Tom Van Grieken analyse d’ailleurs parfaitement la situation dans son livre, au chapitre Transferts : détournement de prospérité en période d’austérité). Sans les transferts de fonds flamands, ils ne pourraient en effet plus s’y pavaner en satrapes de républiques bananières, ni s’acheter leur clientèle électorale tout en n’oubliant pas leur propre porte-monnaie (depuis des temps immémoriaux, tous les scandales politico-financiers belges ont toujours impliqué les politiciens socialistes : voir ce blog aux 29 mai 2016 et 9 avril 2019)…

     

    Mais peut-il pour autant faire confiance au président de la N-VA, Bart De Wever qui, en s’amalgamant les votes du Vlaams Belang, vient de se rendre compte que « jamais la Flandre n’avait autant voté national-flamand », tout en précisant « ne pas apprécier certains points ni le style du parti et encore moins certaines de ses figures qui ont trop fricoté du côté brun » ?

     

    A la fin de la campagne électorale le prétentieux et outrecuidant président de la N-VA n’avait en effet pas hésité à traiter le Vlaams Belang de « parti de merde » et son président de « guignol ». Le soir même des élections, en prenant connaissance des premiers résultats, il parlait de « dimanche noir » et, en fin de soirée, quand les résultats étaient pliés, de « drame »… De là à lui faire confiance pour supprimer le scandaleux et antidémocratique « cordon sanitaire » censé protéger la société belge de tout accès du Vlaams Belang à la scène politique, il y a un pas difficile à franchir.

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    Désormais, Tom Van Grieken doit savoir qu’il devra se battre seul contre tous, profiteurs, menteurs, banksters, nains politiques, partisans séniles de systèmes échouant systématiquement dans leurs promesses fallacieuses d'une société de justice et de prospérité... Comme surent le faire –avec l’ardeur de leur jeunesse et la certitude de leur bon droit– Léon Degrelle et le mouvement Rex (dessin de Jam, Les Dernières Cartouches).

     

    Rappelons-nous que c’est à la seule initiative du Vlaams Belang que la N-VA –qui l’avait tout d’abord accepté – s’est finalement rendu compte du piège insupportable que tendait le « Pacte de Marrakech » sur les migrations, s’emparant soudainement du sujet pour essayer de se refaire une virginité politique en faisant tomber le gouvernement.

     

    Souvenons-nous surtout qu’aux dernières élections communales, il ne manquait qu’un seul siège au Vlaams Belang pour disposer de la majorité dans la ville de Ninove : la N-VA préféra entrer dans une monstrueuse coalition rassemblant le fouillis de tous les autres partis contre le seul Vlaams Belang ! Comme en 1937, quand tous les partis –des communistes aux catholiques– s’unirent avec la bénédiction du Cardinal Van Roey, contre le seul Léon Degrelle (voir ce blog aux 6 mai 2016 et 14 avril 2017)…

     

     

  • Joris van Severen et Léon Degrelle

    Léon Degrelle s’engagea au Front de l’Est.

    Joris van Severen aurait-il franchi ce pas ?

     

    Suite à un article paru dans le courrier trimestriel du Centre d’Etudes Joris van Severen (« Un camarade de tranchée de Joris van Severen sur le front de l’Yser, officier sur le Front de l’Est ? »), nous nous sommes intéressé à l’histoire du colonel Jules Frankignoul, officier de l’armée belge prisonnier à l’Oflag de Prenzlau, qui, en 1944, se porta volontaire pour rejoindre la Division Wallonie au Front de l’Est avant d’y renoncer sur pression de son entourage (voir ce blog au 23 janvier 2019).

     

    Nous avions écrit que nous ne pouvions « souscrire à la conclusion de Maurits Cailliau, sentant par trop son politiquement correct contemporain » car nous avions interprété qu’il se réjouissait que l’ami de Joris van Severen ne se soit pas compromis au Front de l’Est.

     

    Nous posant la question de savoir en quoi la qualité d’ami de Joris van Severen eût pu paraître incompatible avec un engagement au Front de l’Est, nous ajoutions : « Il n’est évidemment pas question pour nous d’imaginer ce que l’histoire du Verdinaso, du mouvement flamand et de la collaboration fût devenue si Joris van Severen n’avait pas été assassiné le 20 mai 1940. Mais peut-on exclure qu’il eût pu entrevoir de nouvelles possibilités pour le Dietschland après la victoire allemande ? qu’il eût d’ailleurs pu s’y voir encouragé par l’entourage royal ? qu’à l’instar de Léon Degrelle, il se fût engagé contre le communisme, aussi patriotiquement que tant d’autres Flamands ? qu’il eût pu se montrer fier de l’engagement de son ami Frankignoul dans les rangs de ceux qui voulaient bâtir une nouvelle Europe libérée des banksters, authentiquement nationale et sociale ? »

     

    Joris vitrail.jpegC’est à cela qu’entend répondre M. Maurits Cailliau dans le nouveau courrier (2e trimestre 2019, pp. 19-20) du Studiecentrum Joris van Severen.

     

    Entretemps, il nous est prêté, en tant que rédacteur de notre Courrier, un excès de « political correctness » –accusation que, par ailleurs, nous rejetons avec force. Elle se fonde sur le soupçon que nous aurions voulu innocenter celui qui fut l’ami de Joris van Severen au temps du Front de l’Yser d’un possible engagement au Front de l’Est. Nous savons tous en effet que nombre de disciples de Joris van Severen –et sûrement pas parmi les plus modestes d’entre eux – ont résolument franchi ce pas.

    En ce qui nous concerne, nous nous garderons bien d’écrire l’histoire avec des « et si… » à propos de ce que Joris van Severen aurait pu faire s’il n’avait pas été assassiné à Abbeville en mai 1940. Toutefois, et après avoir étudié de nombreux documents allemands ainsi que les notes du journal de Joris van Severen lui-même, nous avons bien peur de devoir penser qu’il aurait plutôt partagé le sort d’un Paul Hoornaert, le chef de la Légion Nationale, qui mourut dans un camp de concentration allemand [certains parlent de Sonnenburg, aujourd’hui en Pologne, sur l’Oder, réservé à des opposants politiques des pays occupés ; d’autres du Fort de Breendonk, près d’Anvers] (nous avons rassemblé nos conclusions dans un essai intitulé « Les soupçons légitimes des Allemands sur le Verdinaso » qui sera publié dans le 23e Annuaire Joris van Severen qui paraîtra en mai prochain).

     

    Nous regrettons d’avoir heurté M. Cailliau à propos de ce que nous avons compris à tort comme une tentation de « politiquement correct » et nous ne polémiquerons pas sur le fait de savoir qui écrit le plus d’histoire-fiction en évoquant la possibilité de réaliser le rêve thiois au sein du IIIe Reich ou celle d’aller mourir dans un de ses camps de concentration puisque, malheureusement, Joris van Severen n’a eu la possibilité d’effectuer aucun de ces choix après son assassinat à Abbeville, le 24 mai 1940.

     

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  • Gilets jaunes : enfin le réveil du Pays réel ?

    Sans y aller de notre analyse que tant d’autres ont mieux faite que nous, soulignant le mépris des autorités politiques envers ce mouvement de révolte authentiquement populaire et dénonçant les pressions des lobbys mondialistes pour le casser (Licra : « notre rôle est d’alerter l’opinion sur les risques charriés par ce mouvement » ; B’nai B’rith : « Attention, danger ! »,…), nous ne reprendrons que ce témoignage d’un gilet jaune illustrant parfaitement la rage imbécile des usurpateurs et démentant surtout la prétendue vacuité idéologique du peuple en voie d’insurrection.

     

    Balai Jam.jpg

     

    Un gilet jaune sur les Champs-Elysées

     

    Dès l’arrivée gare du Nord, les CRS en nombre procédaient à l’interpellation (au sens réel du terme) des suspects à gilet jaune : ouverture des sacs, fouille au corps, photo des cartes d’identité. Là, mes genouillères, protège-tibias et masque en papier ont été aussitôt confisqués pour destruction immédiate ! « Nous avons des ordres… » A l’approche du Boulevard Beaumarchais nouvelle fouille au corps Devant le peu d’affluence à la Bastille, tous refluent vers les Champs-Elysées. Tous les deux cents mètres, la fouille au corps se répète.

    Pour la plupart, les CRS sont arrogants, nous traitent comme je ne parlerais pas à mon chien quand le couple de pékins bien mis est accueilli par un « Par ici, Messieurs-Dames s’il vous plaît ».

    A la quatrième fouille au corps, on m’enlève mes lunettes de piscine. À la huitième, on me confisque mes gants de moto en cuir, tout neufs, « pour destruction… ». Je tente de protester, quand son collègue réplique : « Vaut mieux les gants qu’une garde à vue ! » Inouï. Je me dis que, décidément, les « Heures les plus sombres des Années noires », c’est ici et maintenant !

    Ainsi la police nous contraint-elle à lui remettre, sous peine d’arrestation parfaitement arbitraire, tout ce qui pourrait servir à nous protéger des jets de toutes parts et principalement des coups de matraque, des gaz lacrymogènes (certains seraient prohibés par la Convention de Genève) et des tirs de « flash-balls » : la police politique du régime nous veut vulnérables à ses coups.

    Si vous avez des doigts arrachés, un genou brisé ou perdez l’ouïe, c’est de votre faute : vous n’aviez qu’à rester chez vous, à subir sans broncher les diktats du pouvoir. Après le concept de « guerre préventive » mis au point par les néo-cons sionistes américains, voici à présent celui de l’arrestation préventive. « Minority Report », c’est ici et maintenant…

    Je réussis à conserver une deuxième paire de lunettes de piscine, mieux camouflée, comme mes bouchons d’oreilles.

    Après une heure et demie de pérégrination, quand on parvient sur l’Avenue, la lassitude, l’humiliation et un surcroît d’indignation sont palpables alentour. Je croise un aveugle en gilet jaune et, plus loin, un parachutiste en grande tenue, avec sa fourragère ; à son avant-bras est noué un gilet jaune. Le ressentiment monte peu à peu. On repère la proximité des colonnes Morris pour pouvoir s’abriter au besoin. Soudain, des cris : « Couchez-vous ! »

    On court, on s’agite, on s’agenouille sous le parapet de granit : les CRS viennent de se déployer au pas de charge et braquent vers nous leurs fusils à « flash-balls ». L’alerte passe, aucun tir pour cette fois, mais, peu après,  en quelques instants, trois manifestants pacifiques sont successivement à terre ; on ameute des camarades pour les transporter sur les bas-côtés : tirs de « flash-balls » aux jambes…

    Aujourd’hui, l’ambiance est surnaturelle. Contrairement aux jours ordinaires où c’est la carte bancaire qui est pavoisée et portée en triomphe sur l’Avenue, on est frappé, parmi quelques pancartes altermondialistes, de la profusion des bannières : Flandres, Bretagne, Auvergne, Lorraine, Normandie… A ma droite, flotte au vent un drapeau tricolore « Sacré-Cœur, espoir et salut de la France » que côtoie un étendard blanc fleurdelisé.

     

    Les Champs-Elysées sont entièrement pavoisés. Le majordome des usuriers a beau nous mépriser et nous brutaliser; les médias à la botte ont beau l’occulter, la contre-révolution est en marche, le pays réel est là, en insurrection contre le pays légal, contre la dictature des Banksters, comme les appelait Léon Degrelle.

     

    (Courrier de François L., publié par Rivarol n°3356, le 12 décembre 2018)

     

     

    Léon Gilet jaune.jpg

     

     

    Puisse 2019 voir le réveil du peuple réel

    contre les banksters !

     

    Meilleurs vœux pour une belle année 2019,

    radieuse et combative !

     

    Vivons-la à l’exemple de Léon Degrelle :

    dans l’honneur et dans la recherche permanente

    du beau, du bon et du vrai !

  • Le vrai camp des massacrés : Victor Matthys face au terrorisme de la Résistance

     

    Mise au point devant le Conseil de Guerre de Charleroi, le 4 juillet 1946

     

    Il est aujourd’hui admis, comme un dogme dont on se garde bien de vérifier la pertinence, que les Rexistes du temps de guerre ne rassemblèrent qu’une infâme bande de tueurs assoiffés du sang des nobles et courageux résistants.

     

    C’en est au point que des auteurs appartenant à ce qu’il est convenu d’appeler notre « famille de pensée » reprennent sans davantage y réfléchir cet odieux poncif. Ainsi de Paul-André Delorme publiant dans un Rivarol qui n’en peut mais une phrase telle que « à partir de 1942, […] Victor Matthys […] lance le mouvement [Rex] dans des opérations contre les Juifs et les résistants ». Nous avons montré (ce blog au 29 mai 2018) ce qu’il fallait penser de pareille affirmation gratuite constituant une flétrissure injuste sinon méchante de la mémoire du Chef a.i. de Rex qui sut se montrer digne des héros du Front de l’Est et de leur Commandeur Léon Degrelle (la parfaite concordance de vue entre les deux hommes se déduit de ce discours scrupuleusement honnête) en organisant, dans une perspective de réconciliation nationale, l’action politique et sociale des Rexistes.

     

    Matthys Bad Tölz 16 juin 1944.jpgPour mieux en juger, il nous a semblé nécessaire de publier le texte de la dernière prise de parole publique de Victor Matthys : ce n’est pas une plaidoirie car il se sait condamné d’avance, mais une mise au point dont la sincérité se mesure à la proximité de l’échéance inéluctable qui l’attend. Jugé pour la « tuerie de Courcelles » consécutive au massacre de la famille d’Oswald Englebin, bourgmestre rexiste du Grand-Charleroi, Victor Matthys tient à rappeler le contexte de guerre civile créé par la résistance communiste tuant indistinctement et impunément hommes, femmes et enfants liés de près ou de loin au mouvement d’Ordre Nouveau. Ces crimes répugnants endeuillant tant de familles parfaitement innocentes devinrent à ce point insupportables qu’il n’était humainement plus possible de ne pas réagir. Et ce, alors même que les plus hautes autorités judiciaires reconnaissaient la fatalité d’une réaction de la part du camp des victimes.

     

    Mais ce n’est plus tant devant le Conseil de Guerre de Charleroi que Victor Matthys s’est alors exprimé, mais face à l’Histoire, endossant résolument toutes ses responsabilités de chef, rappelant l’idéal du Mouvement et en appelant au jugement de la postérité, qu’il espère moins partisane, mais que nous savons toujours prisonnière d’une « histoire » bien cadenassée...

     

     

     

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  • Une surprenante publication de Rivarol (2) : Pourquoi reprendre les poncifs de la diffamation anti-degrellienne ?

    Le neutralisme belge de Léon Degrelle aurait caché

    ses sympathies nazies !

     

    « Au début des hostilités (septembre 1939-mai 1940), Degrelle se rallie à la politique de neutralité belge de Léopold III et du gouvernement Pierlot. Ce qui ne l’empêche pas d’adopter une attitude hostile à la France et à la Grande-Bretagne, et favorable à l’Allemagne ».

     

    Que voilà une singulière inversion des faits ! Tout d’abord, la politique de neutralité avait été proclamée par le Roi Léopold III dès le 14 octobre 1936, dans son discours au Conseil des ministres, avant d’être réaffirmée par le Premier ministre Pierlot, le 3 septembre 1939, à l’occasion de la déclaration de guerre de la Grande-Bretagne et de la France à l’Allemagne.

     

    Et s’il y eut un responsable politique à mener bec et ongles campagne pour une stricte et honnête neutralité belge vis-à-vis de tous ses voisins, ce fut bien Léon Degrelle (tout comme d’ailleurs son ami Hergé qui participa activement à l’hebdomadaire neutraliste L’Ouest, en ridiculisant les va-t-en-guerre franco-britanniques avec sa bande dessinée « Monsieur Bellum »).

     

    Par contre, le Roi, tout comme ses ministres, biaisaient on ne peut plus cyniquement cette politique officielle de neutralité, au nom de ce qu’on a appelé « l’impossible neutralité des consciences » (tout comme le Monsieur Bellum de Hergé s’exclamant, dans L’Ouest du 14 décembre 1939, face à son poste de radio : « Neutralité !... Neutralité !... Mais la neutralité des consciences, ça, jamais !... ») !

     

    Ignorant tout de ces agissements, Léon Degrelle saluera d’ailleurs avec enthousiasme, dans Le Pays réel du 28 octobre 1939, l’allocution radiodiffusée du Roi à l’intention des Etats-Unis. Il en proposera un résumé schématisant les points essentiels en autant de « points de repère » obligés ne souffrant aucune attitude hostile ou favorable envers quelque belligérant !

     

    Neutralité PR 28 X 39a.jpg« Le Roi a voulu la neutralité. Il l’a guidée, protégée. Si des milliers de mères ne pleurent pas, si nos villes ne sont pas éventrées, c’est au génie politique et à la ténacité du Roi que les Belges le doivent. […] Dans notre nuit symbolique, ces phrases s’élevaient comme des […] points de repère qui marqueront désormais notre route.

    1. Notre neutralité est dans la ligne de notre histoire. […]

    2. Notre neutralité épargne à notre pays les horreurs indicibles de la guerre. […]

    3. Notre neutralité sauve la vie même de la Belgique. […]

    4. Notre neutralité défend la civilisation. […]

    5. Notre neutralité n’admet pas d’asservissement économique. […]

    6. Notre neutralité n’est pas une attitude de lâches. »

    Et de conclure en se félicitant d’avoir gardé ce cap qui lui valut d’être accusé de favoriser l’Allemagne, puisque, dans son discours, le Roi lui-même le payait de ses avanies en officialisant tous les principes de la vraie neutralité : « A certains, ces nobles paroles apparaîtront comme des mises au point, parfois même comme des reproches. Mais à ceux qui ont lutté pour faire entrer dans l’esprit public chacun de ces mots d’ordre, à ceux qui ont subi les injures et les suspicions les plus pénibles pour les défendre, ces consignes royales ont apporté la récompense la plus émouvante et la plus haute… Quand on est du côté de la Patrie, il faut tenir bon, même si ça coûte et si on se sent seul. Ceux qui ont défendu la paix ont, à certaines heures, senti toute l’amertume qu’il y avait à dire le vrai et juste quand il était si simple de saisir à pleines brassées les succès en suivant les passions des foules. Mais la parole du Roi a payé de tout. Et le bonheur se mêle aujourd’hui à la joie du devoir ingrat, accompli pour lui-même. »

     

    M. Delorme eût donc été mieux inspiré d’écrire : Au début des hostilités (septembre 1939-mai 1940), Degrelle se rallie à la politique officielle de neutralité belge de Léopold III et du gouvernement Pierlot, ce qui lui valut d’être traité de valet de Hitler, alors que les autorités belges adoptaient secrètement des mesures favorables à la France et à la Grande-Bretagne, privilégiant ces derniers face à l’Allemagne » !

     

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    A propos des véritables agissements des responsables belges et des sentiments de Léon Degrelle, voir ce blog aux 4 juin 2016 et 28 juin 2017.

     

    Après avoir ainsi présenté Léon Degrelle comme une espèce d’agent de la « Cinquième colonne » allemande, il coulait dès lors de source pour M. Delorme de présenter comme normale l’arrestation scandaleuse, en violation flagrante de son immunité parlementaire, du député Léon Degrelle : « En mai 1940, Degrelle et de nombreux rexistes sont arrêtés préventivement» Sur l’arrestation de Léon Degrelle, son incroyable transfert à une justice française inexistante, les sévices et tortures qu’il dut subir au long de près de trois mois d’incarcération et de mise au secret dans plus d’une quinzaine de prisons, forteresses et camps de concentration, voir ce blog aux 30 avril et 6 mai 2017.

     

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    La « Bourgogne » degrellienne asservie à l’Allemagne ?

     

    « [Léon Degrelle] nourrit alors un grand projet : celui de faire de la Wallonie l’élément dominant d’une nouvelle Bourgogne, d’une nouvelle Lotharingie […]. Ces deux entrevues [entre Hitler et Degrelle] donnent lieu à des discussions approfondies sur la politique allemande en Belgique. […] la vraisemblance suggère que les deux hommes se sont accordés sur la création de cette Grande Bourgogne chère à Degrelle, même s’ils l’envisageaient de manières différentes (une marche du Reich sous stricte tutelle, pour Hitler, un Etat largement autonome de la communauté germanique, pour le chef rexiste). […] Et il est certain que [Hitler] considérait la “grande Bourgogne” à venir comme un simple protectorat ».

     

    Nous avons déjà eu l’occasion de montrer en long et en large que le projet de « nouvelle Bourgogne » non seulement n’était en rien utopique mais que sa conception, et du point de vue d’Adolf Hitler et de celui de Léon Degrelle, n’était en rien non plus antinomique (voir ce blog aux 20 mai 2016 et 28 juin 2017).

     

    Croix Bourgogne 03 05 78.jpegIl suffit de lire ce qu’en dit Felix Kersten –kinésithérapeute de Heinrich Himmler et en rien concerné par cette affaire (c’était probablement la première fois qu’il entendait parler de Léon Degrelle !)– recueillant le rapport d’un entretien que le Reichsführer venait d’avoir avec Adolf Hitler : « La Bourgogne sera reconstituée sous une forme moderne ; ce sera un modèle et ses capacités en feront un des États les plus riches qui ait jamais existé. […] La Bourgogne sera un État indépendant au sein de l'Empire européen, disposant de ses lois propres, de son armée et de son gouvernement propres, de sa monnaie, de ses services postaux et de ses distinctions propres. […] Hitler a donné l'ordre exprès qu'aucune autorité du Parti national-socialiste allemand n'ait le droit d'interférer dans les affaires de la Bourgogne. Il y aura une ambassade bourguignonne à Berlin et une allemande en Bourgogne. [...] La Bourgogne sera inspirée par la philosophie SS afin que l’État modèle dont rêve le Führer devienne une réalité. » (cité d'après The Kersten Memoirs, with an Introduction by H.R. Trevor-Roper, Chap. XXVI « The Burgundian Free State », pp. 184-185.)

     

    On le voit, contrairement à ce qu’affirme péremptoirement P.-A. Delorme, il n’est nullement question d’ «  […] une marche du Reich, sous stricte tutelle, […] un simple protectorat », mais bien d’un Etat indépendant, devant d’ailleurs fonctionner comme un Etat modèle, servant d’ « exemple pour tous les Etats du monde » (Kersten, p. 185)…

     

    Autre affirmation gratuite de l’auteur qui n’a manifestement rien compris au destin bourguignon de la Belgique au sein de la nouvelle Europe que lui assuraient les deux chefs de peuple : « [Léon Degrelle] pense alors, en effet, que la Belgique, dont pourtant il prétendait incarner l’identité, est désormais condamnée, d’une part en raison de la défaite et de l’hostilité allemande, d’autre part de l’existence d’un mouvement indépendantiste flamand décidé à profiter de la situation pour parvenir à ses fins. »

     

     Leo Belgicus 21 02 79.jpegCela, c’est ce qu’écrivent les « historiens officiels » pour condamner la « trahison » de Léon Degrelle. Mais nous avons montré comment le chef de Rex avait surmonté ces obstacles dressés par la vieille administration militaire allemande pangermaniste et sa Flamenpolitik, en s’imposant directement auprès du Führer (voir ce blog, notamment, au 28 juin 2017). La certitude belgo-bourguignonne sort d’ailleurs renforcée de la rencontre inéluctable Hitler-Degrelle qui suivit le sauvetage de Tcherkassy, contredisant très précisément les allégations de M. Delorme :

    « Hitler m’avait remis la cravate de la Ritterkreuz. Je m’était battu en vrai soldat. Le Führer le reconnaissait. J’étais fier. Mais ce qui m’exaltait surtout dans cette nuit frémissante, c’était le prestige qu’aux yeux d’Hitler avaient acquis mes soldats. […] Nous étions partis pour le front anti-bolchevique afin qu’au-delà du malheur, le nom de notre patrie, jetée au sol en mai 1940, retentisse à nouveau, glorieux et honoré. Soldats de l’Europe, nous voulions que, dans l’Europe qui se créait si douloureusement, notre vieux pays reconquît une place aussi rayonnante que dans le passé. Nous étions les hommes du pays de Charlemagne, des ducs de Bourgogne et de Charles-Quint. Après vingt siècles de merveilleux rayonnement, ce pays ne pouvait pas sombrer dans la médiocrité ou dans l’oubli ! Nous nous étions jetés à la rencontre de la souffrance pour que, de notre sacrifice, jaillissent à nouveau de la grandeur et des droits à la vie ! Dans cette baraque, devant ce génie en pleine puissance, je me disais quel le lendemain, le monde entier saurait ce qu’avaient fait les Belges à Tcherkassy. Il connaîtrait l’hommage éclatant que le Reich, pays de soldats, leur avait rendu ! Je me sentais brisé, rongé par ces semaines terribles. Mais mon âme chantait ! La gloire était là, gloire pour notre Légion héroïque, gloire, au-delà d’elle, pour notre patrie en route vers la résurrection ! » (La Campagne de Russie, p. 330).

     

    *

    * *

     

    Degrelle et Hitler ne pouvaient pas se comprendre !

     

    « Ces deux entrevues [entre Hitler et Degrelle] donnent lieu à des discussions approfondies sur la politique allemande en Belgique (par le truchement d’un interprète, chacun des deux interlocuteurs ignorant la langue de son vis-à-vis). »

     

    C’est cette précision incongrue qui vaudra à P.-A. Delorme un courrier de M. Claude C. publié par Rivarol le 18 avril 2017, nous révélant par la même occasion cette publication : « sur la question de l’interprète : dans le blog le dernier carré.hautetfort.com, il y a une contribution très intéressante du 05/01/2018, “Adolf H. comprenait très bien le français”, car il avait été estafette en 14-18 et passait son temps libre dans des cafés français, et Degrelle, depuis 3 ans sur le Front de l’Est, en contact quotidien avec des officiers allemands, se débrouillait très bien en allemand. »

     

    C’est en effet la thèse que nous défendons : les deux interlocuteurs pouvaient très bien se comprendre, même si chacun s’exprimait dans sa langue maternelle.

     

    Nous nuancerons cependant notre démonstration sur la maîtrise de l’allemand par Léon Degrelle, qui s’appuyait, entre autres, sur l’épisode lui ayant valu les « Feuilles de Chêne », décrit comme suit par le général Anton Grasser : « Son engagement personnel est caractérisé parle fait qu’il donna ses ordres debout sur le bord du fossé, incitant ainsi à la résistance les Estoniens peu endurcis. » Nous en concluions : « Il faut bien supposer que les ordres qui se devaient d’être précis et parfaitement intelligibles furent effectivement donnés en allemand par un Léon Degrelle s’adressant à des soldats allemands et estoniens !... »

     

    C’est Léon Degrelle lui-même qui va tempérer nos propos en nous donnant sa propre version de cet épisode crucial : « Je ne voyais qu’une chose : c’est que Dorpat était rempli de centaines de camions en retraite […]. Je fis dégringoler tous les soldats du premier camion et de deux autres camions qui suivaient. Par bonheur, un sous-officier allemand comprenait le français à merveille. Je lui fis traduire mes ordres : “Nous allons contre-attaquer immédiatement. Il y aura des Croix de fer, ce soir même, pour ceux qui auront été les plus braves. Les Russes ne s’attendent pas à une réaction maintenant. C’est le bon moment pour leur sauter dessus. Vous allez voir ça ! Tout est une question d’audace. En avant, camarades !” Emmenant à contre-poil cette soixantaine de soldats, en déroute cinq minutes plus tôt, je courus aux Bolchevistes qui avançaient dans les talus du chemin. »

     

    Mais si le retournement des fuyard par des ordres précis et de vigoureuses paroles a pu se faire rapidement grâce à un interprète, cela ne fait pas de Léon Degrelle un béotien de l’allemand puisqu’à la page suivante, il confirme notre théorie d’une connaissance élémentaire de la langue : « Il fallait avertir sur-le-champ le général Wagner. […] J’obtins la Kommandantur, puis le général, absolument stupéfait d’apprendre ce qui se passait et que j’étais là. Je savais comme lui que le sort de Dorpat se jouait sur mon coteau. Il n’eut pas besoin de m’expliquer grand’chose. Je lui promis que, moi vivant, les Russes ne passeraient pas. […] J’avais vidé les camions en fuite, confisqué les mitrailleuses et les munitions qui s’y trouvaient. Mes soldats avaient repris confiance. J’allais de l’un à l’autre, les réconfortant dans un sabir mi-allemand, mi-français. La plupart avaient vu ma photo dans les journaux, et ils s’habituaient à l’idée que l’affaire prenait une tournure originale. »

      

    LD espagnol 27 09 78.jpegNous en conclurons que Léon Degrelle avait une connaissance plutôt passive de l’allemand, mais qu’il pouvait la manier suffisamment bien pour se faire comprendre. Relisons ce qu’il dit lui-même de ses capacités : « Officiellement, j’ignorais la langue allemande […] Avec le temps, certains Allemands s’aperçurent que j’avais parfaitement compris des réflexions qu’ils avaient échangées, à mon insu, croyaient-ils. Ils me firent la réputation d’un jouteur redoutable, connaissant l’allemand sur le bout des doigts, mais qui faisait semblant de l’ignorer. La vérité, c’est que je ne savais pas l’allemand. Je n’ai jamais eu de dispositions spéciales pour apprendre les langues germaniques. Je ne comprenais donc pas l’allemand, mais – ce qui est une toute autre chose – je devinais l’allemand, comme j’ai toujours deviné les autres langues. Connaissant les quelques centaines de mots de base, j’établissais des rapports, des intonations me frappaient. En tout cas, en allemand, j’ai toujours compris ce que je ne devais pas comprendre. Parfois, quand l’interprète avait escamoté une nuance dans sa traduction, je l’interrompais pour rectifier. Les autres s’exclamaient alors : “Vous voyez bien que vous connaissez l’allemand !” Et pourtant je ne le connaissais pas. Je le sentais, c’est tout. […] Pendant la guerre, quand même j’avais parfaitement compris, je faisais semblant de n’avoir rien compris du tout. Ainsi, pendant que l’interprète s’éternisait à bredouiller sa traduction, j’avais tout le temps de préparer et de peser mes réponses. C’était un petit truc extrêmement utile. » (De Rex à Hitler, Editions de l’Homme Libre, p. 328).

     

     

    A suivre.