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2 juillet 1942 : assassinat du Bourgmestre rexiste de Ransart

 

 Une étape supplémentaire dans l’engrenage

de la violence

 

Un lecteur assidu de notre blog « Dernier Carré – Léon Degrelle », passionné par l’histoire de la Légion Wallonie, du mouvement rexiste et de Léon Degrelle, est également un collectionneur éclairé d’archives de la Deuxième Guerre mondiale. Mais contrairement à beaucoup, il ne se comporte pas comme le Dragon Fafner de la Tétralogie wagnérienne, assis sur son trésor et empêchant quiconque d’en approcher. Non seulement il les garde ouvertes aux chercheurs honnêtes, mais il sait s’en servir pour retracer avec intelligence et souci de la vérité historique certains épisodes méconnus ou occultés de cette période toujours plus fantasmée, falsifiée et diabolisée par les pseudo-historiens et journalistes d’aujourd’hui (et ça ne fait probablement que commencer avec le tsunami actuel de Cancel Culture).

Bénéficiant du bagage scientifique nécessaire et possédant une plume des plus agréables à lire, il nous a envoyé ce texte sur un des premiers assassinats politiques de la Guerre en Belgique. Evidemment inspiré par la « résistance » communiste, il fut le premier des crimes crapuleux contre les bourgmestres rexistes (voir ce blog aux 15 décembre 2020 et 7 juin 2018). Il déclencha surtout l’engrenage fatal de la guerre civile recherchée par les partisans moscovites. C’est ce qu’éclaire notre correspondant s’inscrivant résolument dans le « Dernier Carré » des historiens rigoureux et sans œillères.

 

Jean Joseph Demaret (°Heppignies, 13.10.1914) fit des études de droit à l’Université Catholique de Louvain avant de s’inscrire comme avocat au barreau de Charleroi en 1938. Depuis sa sortie du collège, il suivit Léon Degrelle dans toutes ses pérégrinations mais ce n’est qu’après avoir défendu son confrère Joseph Pévenasse (lui-même avocat et cadre supérieur de Rex) (1) devant le tribunal de Charleroi, qu’il se déclara ouvertement rexiste et commença à faire de la politique (2).

Jean Demaret.jpgIntelligent, jeune et dynamique, Jean Demaret occupa d’abord la fonction de chef du groupe Rex-Ransart. En avril 1941, il fut nommé directeur de la très active école des propagandistes de Rex à Charleroi (3). Créée à l’initiative de Gérard Dache, chef de l’arrondissement Rex-Charleroi, cette école proposait un cycle de conférences et de cours ouverts à tous les membres du mouvement (en particulier aux membres des Formations de Combat qui devaient idéalement y parfaire leur formation doctrinale). Les activités se déroulaient chaque jeudi à 19h30 et les intervenants faisaient partie des cadres (tant locaux que supérieurs) du mouvement rexiste. Parmi les exposés organisés, citons à titre d’exemple : « Le Parti Unique », « Organisation d’une section de Rex », « La décadence naturelle chez les collectivités », « Rex et la situation internationale », « Le problème social », « Rex et l’éducation de la jeunesse » ou encore « Le National-Socialisme et le socialisme rexiste ».

Quelques mois plus tard, le 27 octobre de la même année, il fut nommé bourgmestre rexiste de Ransart (4). Il tenta à deux reprises de s’engager à la Légion Wallonie, en vue du départ du 10 mars 1942, mais dut à son grand regret rester au pays pour des raisons de santé (5). Du 25 avril à la mi-juin 1942, il occupa le poste de chef du cercle Rex-Charleroi ad interim (6). Le 2 juillet 1942, vers 8h15-8h20 du matin, Jean Demaret était froidement assassiné à son domicile de Ransart (7) par un homme habillé en gendarme ; il était marié et n’avait que 27 ans.

 

 

Les circonstances du drame

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Le Nouveau Journal, 4 juillet 1942.

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La Légia, 4 juillet 1942.


L’infortunée victime n’avait que peu de chances de réchapper à cet attentat: l’agresseur, qui était armé d’un revolver de 7,65 mm, tira quatre coups à bout portant, touchant sa cible à trois reprises. Nous reproduisons ci-dessous le témoignage d’Olga Genaux, la servante du bourgmestre, qui était présente au moment des faits :

« Ce matin, entre 8h et 8h15, à la suite d’un coup de sonnette, je suis allée ouvrir la porte de la maison. Je me suis trouvée en présence d’un gendarme vêtu d’une veste d’uniforme et coiffé d’un képi de gendarme, ne portant pas de guêtres. […] Il s’est adressé à moi en langue française, en tenant la main droite dans la poche de son veston, me demandant s’il pouvait voir Mr. Demaret, sans me donner aucune explication. Comme je croyais avoir affaire à un gendarme, je l’ai prié d’entrer dans le vestibule ; j’ai fermé la porte d’entrée, je suis allée dans le bureau de Mr. Demaret, qui était debout, en face de son bureau, en train de trier des papiers pour se rendre à l’audience. Je me suis adressée à Mr. Demaret en lui disant qu’il y avait un gendarme qui voulait lui parler. Mr. Demaret a répondu : “Faites-le entrer, Olga”. Je suis retournée dans le vestibule et ai fait passer devant moi le gendarme en lui disant : “Entrez, Monsieur”. Il est entré dans le bureau, et alors que je tirais la porte sur moi pour la fermer, j’ai entendu que le gendarme disait en s’adressant à Mr. Demaret : “Je désirais vous voir pour…”. En ce même moment, j’ai vu que le gendarme étendait son bras et ai entendu trois [sic (8)] coups de feu, suivis de trois lueurs. J’ai tout abandonné et je me suis sauvée au W.C. [] » (9).

Après avoir mortellement touché le bourgmestre de Ransart, le gendarme s’empressa de monter sur sa bicyclette, qu’il avait laissée devant la maison de la victime, pour prendre la fuite en toute hâte. Réveillée par les détonations, l’épouse de Jean Demaret témoigne à son tour :

« Alors que je me trouvais au lit, j’ai entendu plusieurs coups de feu sans pouvoir préciser le nombre. J’ai cru qu’il s’agissait d’une bombe et immédiatement je me suis levée. J’ai demandé à ma servante ce qui se passait. Cette dernière m’a répondu que Monsieur était tué. Je suis descendue et suis passée en face du bureau qu’occupe mon mari. La porte de ce bureau était ouverte et j’ai constaté que mon mari était étendu derrière son bureau. Je ne me suis pas approchée et me suis rendue directement chez ma voisine []. Me trouvant indisposée chez cette personne, on m’a conduite chez le pharmacien » (10).

Dans sa fuite précipitée, le meurtrier croisa la route de Georges Goffaux (°Ransart, 02.06.1887), échevin rexiste à Ransart (qui prendra la succession de Jean Demaret en tant que bourgmestre de Ransart, dès le 7 juillet) :

« Ce matin, après le journal parlé de 8 heures, je me suis rendu dans la prairie de Mr. Blikaert […]. Il pouvait être à ce moment 8h30 car j’ai parlé un peu avec Mr. Blikaert. [] Au même moment, j’ai vu, venant de la rue du Petit Sablon, un gendarme monté sur un vélo et se dirigeant vers la rue de la Station. A 50 mètres derrière ce gendarme, suivaient trois cyclistes en tenue civile, allant dans la même direction que le gendarme. Mon attention a été attirée tout spécialement sur le gendarme qui pédalait rapidement et qui, arrivé à ma hauteur, a baissé la tête. Je n’ai pu voir sa figure. [] Après ces faits, je me suis rendu sur mon terrain situé rue d’Heppignies, à Ransart. Me trouvant en cet endroit, une femme qui m’est inconnue est venue me dire que le bourgmestre de Ransart venait d’être assassiné par un gendarme, en spécifiant que c’était probablement un faux gendarme. J’ai déduit immédiatement que le gendarme que j’avais rencontré à vélo, rue du Petit Sablon, vingt minutes auparavant, pourrait être l’auteur de cet acte, et que, d’autre part, les trois civils qui le suivaient pourraient n’être pas étrangers au crime » (11).

Cette dernière intuition de l’échevin Goffaux fut très rapidement confirmée par divers témoignages recueillis par la gendarmerie : l’assassin n’avait pas agi seul mais bien avec trois complices. En effet, pendant que le gendarme était introduit chez le bourgmestre pour accomplir sa besogne meurtrière, deux de ses complices l’attendaient à une centaine de mètres de là :

« Vers 8h10, je suis sorti de chez moi pour me rendre à l’école ; sur la rue, j’ai remarqué la présence d’un homme habillé de gris et coiffé d’une casquette de paille ; j’ai continué à marcher dans la direction de la place ; l’homme habillé de gris tenait un vélo à la main et se dirigeait vers la place, mais sur l’autre accotement, et vint s’arrêter près d’un homme habillé de noir qui se trouvait en face du mur de clôture du jardin de Monsieur Denis ; son vélo était appuyé contre le mur. Arrivé à la hauteur de cet homme, je me suis arrêté pour uriner et j’ai entendu l’homme habillé de gris dire à l’homme habillé de noir, en wallon : “I d’meure longtint” [il reste longtemps]. J’ai continué tout doucement à marcher et, à ce moment, j’ai entendu que l’on criait dans la maison de Jean Demaret “Oh ! Oh !”, une ou deux fois, sur un ton très élevé ; la porte du bourgmestre était ouverte. Toujours sur le même moment, j’ai vu un gendarme sortir précipitamment […] » (12).

 

Enquête de police et instruction judiciaire

La police de Ransart (dont les bureaux se trouvaient à quelques dizaines de mètres de là) fut rapidement avertie et, à 8h25, l’agent de police Vanherck alertait son commissaire, René Delvaux, qui se trouvait encore à son domicile. À 8h40, la police locale arriva sur les lieux du crime et, après avoir organisé un service d’ordre aux fins d’éviter les attroupements de curieux qui se formaient déjà, procéda aux premières constatations (13). Entretemps, Jean Hancotte (°Ottignies, 08.05.1910), docteur en médecine domicilié à Ransart, avait été appelé pour constater le décès et rédiger le certificat d’usage (14).

Vers 9 heures, la police judiciaire près le parquet de Charleroi, représentée par les inspecteurs Aimé Ancart (commissaire principal), Léon Clara, Maurice Poucet et Auguste Van Cauter, arrivait à son tour au domicile du bourgmestre Demaret :

« Comprenant que les devoirs prescrits en telle occurrence devaient se faire avec célérité et sous une seule direction, je me suis mis, ainsi que mon personnel, à la disposition de Monsieur Ancart pour recherches ou devoirs à remplir » (15).

À
la demande du procureur du Roi de Charleroi, Louis Thunis, le dossier passa dans les mains du juge d’instruction Mayence. Les témoins-clés de cette affaire furent rapidement entendus et, dans la mesure où l’itinéraire (aller-retour) de l’assassin et de ses trois complices était relativement bien connu, des dizaines de riverains furent également interrogés dans les jours suivants. Le lendemain du crime, le signalement de l’agresseur était communiqué à toutes les brigades de gendarmerie voisines avec pour mission d’enquêter dans leurs ressorts respectifs sur les « membres des groupements subversifs » afin d’y trouver un individu correspondant à ce signalement ; ces recherches restèrent infructueuses.

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Signalement du meurtrier et de ses complices

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Rapport de la brigade de gendarmerie de Sombreffe daté du 4 juillet 1942.

Très vite, les enquêteurs arrivèrent à la conclusion que l’assassin n’était pas un vrai gendarme : plusieurs témoignages évoquent en effet un uniforme incomplet (sans guêtres, ni ceinturon, ni sacoche) et porté quelque peu maladroitement ; par ailleurs, on ne connaissait aucun différend entre le « mayeur » et la gendarmerie. En utilisant cet uniforme, l’assassin avait estimé pouvoir être d’autant plus facilement introduit auprès du bourgmestre que celui-ci, de par sa fonction, recevait fréquemment chez lui des représentants des forces de l’ordre.

 

Un crime politique annoncé

À peine plus d’une heure après le tragique événement, cet assassinat était qualifié de « crime politique » dans un rapport de la gendarmerie nationale (16). Il ne faisait en effet aucun doute que le bourgmestre Demaret avait été abattu par des partisans armés en raison de son appartenance au mouvement rexiste et de ses sympathies assumées pour l’Ordre Nouveau. D’après les témoignages recueillis par les enquêteurs, il est apparu que le bourgmestre avait déjà reçu, à plusieurs reprises, des lettres anonymes de menace lui annonçant «qu’il aurait son tour».


Le père de la victime, Hector Demaret (°Heppignies, 26.04.1883), commissaire au cheptel à Ransart, et lui-même membre de Rex, indiqua aux mêmes enquêteurs que des tracts haineux avaient été distribués à Ransart visant la famille Demaret ; la maison de cet homme avait d’ailleurs été vandalisée (17). D’autres menaces avaient été proférées sur les murs de la maison communale et sur ceux de l’église de Ransart. Deux mois avant l’attentat, plusieurs vitres de la maison du bourgmestre avaient également été brisées, de sorte que le bâtiment était surveillé par la police de Ransart toutes les nuits entre 22h et 6h30 (18).

Bien que ce crime politique ne fût pas le premier du genre, les assassinats de ce type étaient encore assez peu fréquents au milieu de 1942. En effet, jusqu’à cette époque, on ne dénombrait alors « que » quelques victimes civiles (et désarmées) parmi les rexistes: Paul Gérard, chef du cercle de Tournai (assassiné le 17 septembre 1941) (19) ; Jean Oedekerken, commandant de Flamme au sein des Formations de Combat et secrétaire du commandant des F.C. de Bruxelles (assassiné le 1er octobre 1941 : le sang de cette victime ayant éclaboussé le drapeau de Rex décorant le local en fit le « Drapeau du sang », désormais conservé dans le « Sacrarium », honorant les morts tombés au champ d’honneur sur le Front de l’Est, comme sur le « Front intérieur ») (20) ; Oscar Sohy, bourgmestre rexiste de Nalinnes (grièvement blessé au couteau le 17 janvier 1942) (21) ; Urbain C. J. Dodémont, commandant de Flamme aux F.C. et secrétaire communal de Visé (assassiné le 9 mars 1942 : son fils, Urbain L. J. Dodémont, venait de tomber au front le 28 février 1942 au cours des combats de Gromowaja-Balka) (22) ; Alfred Farin, secrétaire administratif et financier au cercle rexiste d’Ath (abattu à Lessines le 7 avril 1942) (23). A côté de ces premiers assassinats (ou tentatives), on peut encore noter d’autres faits qui datent de la même époque : le 6 mars 1942, une bombe explosa au Foyer rexiste de Charleroi (24) ; quatre jours plus tard, le 10 mars 1942, à l’occasion du départ à Bruxelles du « Second Contingent », deux autres bombes explosèrent, tandis qu’une troisième fut trouvée à temps dans une corbeille de la Gare du Nord (25).

Pour reprendre les termes d’un journaliste de l’époque, il semblait évident que les « malandrins et bandits de tout poil » faisaient preuve d’une « audace croissante » (26). Plutôt que de bandits, il s’agissait bien entendu de partisans armés qui, depuis le déclenchement de l’opération Barbarossa (22 juin 1941), étaient passés à l’action, appliquant scrupuleusement les consignes de Moscou visant à attaquer l’ennemi allemand et ses alliés sur leurs arrières (27). La plupart de ces actes terroristes étaient en effet d’inspiration communiste et le Parti communiste belge (PCB), une fois libéré de la contrainte morale du Pacte de non-agression germano-soviétique d’août 1939, s’était rapidement lancé dans une guérilla sans pitié contre les Allemands et leurs agents belges (28). L’action de ces francs-tireurs étant d’ailleurs restée très discrète jusqu’au 22 juin 1941, on pourrait légitimement s’interroger sur la sincérité et l’intensité de leur «patriotisme»: leur fidélité allait-elle réellement à la Belgique ou plutôt à l’Union soviétique ?

Comme on l’apprit plus tard, le bourgmestre Jean Demaret avait lui-même été assassiné par des hommes de Victor Thonet, militant communiste, ancien combattant des Brigades internationales en Espagne et chef des partisans à Charleroi. Il fut arrêté le 23 décembre 1942, condamné à mort le 12 avril suivant et passé par les armes le 20 avril 1943 (29). Son assassin (le faux gendarme) était un certain François Michiels (dit « Ferdinand ») qui dirigea ensuite les partisans de La Louvière. Arrêté le 20 janvier 1943, il fut fusillé en même temps que son chef Victor Thonet au Tir National le 20 avril suivant (30).

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Le Pays réel, 8 juillet 1942.

 

Les funérailles du bourgmestre Demaret et le discours de Victor Matthys

Le lundi 6 juillet 1942, les funérailles du bourgmestre de Ransart se déroulèrent dans un climat fort tendu et en présence d’une foule nombreuse. Quelque temps après l’assassinat du mandataire politique, les dirigeants rexistes avaient conclu un accord avec l’abbé Pierre Lempereur, prêtre f.f. à Ransart, en vue de pouvoir célébrer des funérailles religieuses, le défunt étant un catholique pratiquant.

Le prêtre avait consenti à réciter l’office divin pour autant qu’il n’y ait dans l’église aucune garde d’honneur ni aucun drapeau patriotique ou politique. Cependant, la veille de l’enterrement, l’homme de Dieu se rétracta pour des raisons qui indignèrent les Rexistes. Il semble en fait que l’abbé se conformait aux instructions du cardinal Van Roey du 13 mai 1941, instructions suffisamment floues pour laisser place à l’interprétation de chacun : « Il faut absolument éviter que les offices religieux, notamment les funérailles, ne deviennent l’occasion ou le prétexte de manifestations politiques ou ne revêtent un caractère politique. […] il est inadmissible que certaines factions politiques veuillent abuser des cérémonies de l’Eglise dans des buts profanes. Si donc cette intention se manifeste, soit en raison du défunt ou des défunts pour qui on demande des funérailles, soit en raison de l’endroit ou du jour où on les demande, soit en raison d’autres circonstances, le curé ou le recteur de l’église ne peut les célébrer. […] on ne peut donc pas tolérer que le catafalque dans l’église soit entouré de gardes-de-corps, qu’il soit couvert d’un drapeau quelconque […], que des chants ou des airs non liturgiques […] soient joués aux orgues pendant ou après la messe, ou d’autres choses de ce genre. Par ailleurs, il faut veiller que les offices funèbres, qu’on demande pour des militaires ou des citoyens méritants, soient célébrés avec la discrétion voulue et ne dégénèrent pas en manifestations publiques. Il ne doit pas y avoir d’oraisons funèbres dans les églises à cette occasion. » (31)

C’est sans doute ce qui permit au curé de conclure son accord, puis, après réflexion (ou pressions ?), de se rétracter, tout en expliquant son refus par les nouvelles exigences des Rexistes qui étaient contraires à la convention initiale (32). Les Rexistes, quant à eux, condamnèrent l’attitude déloyale et sectaire du clergé local :

« Catholique pratiquant, Jean Demaret aurait été enterré sans une prière de l’église si, au moment de la descente du cercueil dans le caveau, un prêtre inconnu n’était sorti de la foule pour réciter une absoute. En tout cas, le clergé local aura tout fait pour lui refuser des obsèques chrétiennes. Cependant, il avait été convenu qu’aucun drapeau ne couvrirait le catafalque, que le corps ne serait pas gardé militairement à l’intérieur de l’église et que les participants à la cérémonie n’entreraient pas dans le temple en formations constituées mais se disperseraient. Malgré cela, il a plu au singulier pasteur de cette paroisse de considérer comme cérémonie politique les funérailles officielles faites au bourgmestre de la commune, assassiné dans l’exercice de sa charge ; il lui a refusé ses prières » (33).

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Le Journal de Charleroi, 7 juillet 1942.

Dans son allocution prononcée devant la maison mortuaire, Frans Rousseaux, commissaire d’arrondissement de Charleroi, stigmatisa l’acte commis contre la personne de Jean Demaret en terminant son intervention par ces mots : « Dieu fasse que son sang ne retombe pas sur des innocents ! » (34). Avant que le cortège ne s’ébranle en direction du cimetière, Victor Matthys, Chef ad interim de Rex, prononça également un discours dont la teneur marqua un durcissement de ton vis-à-vis des agissements des partisans, manifestement destiné à les impressionner :

« Avec éloquence, M. Matthys exalta la foi rexiste. Il rendit hommage aux héros de la Légion et aux martyrs du front intérieur. Il souligna toutefois que le soldat tombait les armes à la main et vengé, tandis que ceux d’ici mouraient victimes des coups portés avec traîtrise […]. Il déplora toutes ces morts et termina par ces mots : “Nul n’est encore vengé, et c’est pour nous un perpétuel remords. C’est pourquoi je tiens à souligner [] l’impuissance de la justice de ce pays. Je déclare donc que chaque fois qu’un Rexiste tombera, un de nos ennemis sera abattu”. Cette déclaration fut saluée par les acclamations de la foule » (35).

Nouveau Journal 07.07.1942.jpgLe Nouveau Journal, 7 juillet 1942.

 

La « Permanence Jean Demaret »

En l’honneur du sacrifice du bourgmestre de Ransart tombé sur le front de l’intérieur, les autorités du mouvement rexiste décidèrent d’inaugurer la « Permanence Jean Demaret », bureau établi à la rue de Turenne et destiné à répondre à toutes les questions concernant le Mouvement rexiste, les Formations de Combat, les Gardes Wallonnes et le N.S.K.K.

Pays réel 12.08.1942.jpgLe Pays réel, 12 août 1942.

 

La série sanglante continue

Pour les Rexistes, qui au départ n’avaient jamais envisagé de douter de l’appareil judiciaire ou de se substituer à lui, il devenait difficile de continuer à croire en celui-ci. Clairement dépassés par les événements, ils tentèrent pendant de nombreux mois, de faire preuve de patience et de modérer leurs réactions, ne fût-ce que pour ménager l’opinion publique (qui ne leur était pas nécessairement favorable) et pour ne pas s’aliéner d’éventuels soutiens. Cependant, devant la multiplication des actes terroristes et en raison d’une impunité réelle pour la plupart de leurs auteurs, les Rexistes vont s’engager, doucement mais sûrement, sur la voie de la contre-terreur.

E
n effet, malgré la mise en garde exprimée par Victor Matthys lors du discours prononcé à l’occasion des funérailles de Jean Demaret, les violences à l’encontre des Rexistes ne cessèrent pas. Bien au contraire, les chiffres explosèrent au cours du second semestre de l’année 1942 : 60 attentats furent commis contre des collaborateurs (contre 7 au premier semestre) et 25 d’entre eux périrent (contre 3 au premier semestre) (36). D’après Gérard Romsée, qui était bien informé en sa qualité de secrétaire général à l’Intérieur, en novembre 1942, trois bourgmestres collaborationnistes furent assassinés en seulement une semaine (37).

Les victimes rexistes se firent donc de plus en plus nombreuses à partir de l’été 1942. Parmi celles-ci, citons notamment : René Van Nieuwenhuise, bourgmestre rexiste d’Estaimpuis (assassiné le 12 septembre 1942) (38) ; Marcel Rondoz, industriel, chef du groupe Rex-Spa (assassiné le 16 septembre 1942) (39) ; Charles Henault, médecin, chef de Rex-Verviers et bourgmestre f.f. (assassiné le 11 novembre 1942) (40) ; Prosper Jean Teughels, bourgmestre rexiste de Charleroi (assassiné le 19 novembre 1942) (41) ; Pierre Dehu, échevin rexiste de Strépy-Bracquegnies (assassiné le 18 novembre 1942) (42) ; Alfred Lebrun, fonctionnaire, rexiste, à Verviers (assassiné le 27 novembre 1942) (43) ; Henri Martin, pharmacien à Molenbeek, rexiste de la première heure (assassiné le 10 décembre 1942) (44) ; Mathieu Kaumont, vicaire de Lasne-Chapelle-Saint-Lambert, sympathisant rexiste (assassiné le 18 décembre 1942) (45) ; Jean Gauthier, fils du bourgmestre rexiste de Ham-sur-Heure, légionnaire wallon en permission (assassiné à la place de son père, le 19 décembre 1942) (46) ; Jules Minsoul, membre des Gardes Wallonnes (assassiné le 17 janvier 1943) (47) ; Joseph Gilkin, conducteur de tramway, rexiste, à Liège (assassiné le 18 janvier 1943) (48) ; Marie Villers, membre du Mouvement des Femmes Rexistes (assassinée le 23 janvier 1943) (49) ; Emmanuel Boisbourdin, cabaretier, ancien légionnaire wallon démobilisé (décédé à l’hôpital le 28 février 1943 des suites d’une tentative d’assassinat) (50) ; Etienne Troosters, membre des Formations de Combat (décédé à l’hôpital militaire le 12 mars 1943 des suites d’une tentative d’assassinat) (51) ; Antoine Modave, secrétaire de la Ligue Wallonne contre le Cancer, rexiste (assassiné le 12 mars 1943) (52) ; Max Mathieu, philatéliste, rexiste (tentative d’assassinat ; il succombe à ses blessures le 15 mars 1943) (53) ; Alphonse Degreef, employé communal, rexiste (tentative d’assassinat ; il succombe à ses blessures le 17 mars 1943) (54); Julien Curvers, cultivateur, rexiste (assassiné en mars 1943) (55) ; Jef Van Buynder, rexiste de la première heure et membre du N.S.K.K. (assassiné en mars 1943) (56) ; etc. La liste est interminable.

Pays réel 24.09.1942.jpgLe Pays réel, 24 septembre 1942.

Dans son plaidoyer rédigé en prison, Victor Matthys estimait à plus de 700 le nombre de victimes dans les rangs rexistes entre septembre 1941 et août 1944 (57). Parmi ceux-ci, l’on trouvait certes plusieurs dirigeants régionaux et locaux, mais aussi et surtout une masse de « lampistes » (sympathisants, modestes militants, simples membres du mouvement), ainsi que de nombreuses femmes (épouses et mères de collaborateurs) et même plusieurs enfants (58).

L’exécution de nombreux otages par les Allemands en représailles aux assassinats civils et politiques ne parvint pas à stopper (ni même à ralentir) l’activité meurtrière des partisans armés (59). Malgré une patience indéniable de la part des Rexistes jusqu’au second semestre de l’année 1942, ceux-ci ne purent finalement que constater les limites et l’impuissance tant de la justice belge que des mesures prises par l’Occupant dans le cadre de la recherche des auteurs de ces crimes :

« C’est à cette époque […] que se trouve la genèse de tous les drames qui allaient suivre. […] Lorsque de but en blanc, toute une catégorie d’hommes se trouvent privés des protections sociales habituelles, devient un gibier libre, est menacée dans sa vie même, n’est-il pas naturel que se pose à ces hommes la question : “comment nous défendre ?”. La carence des autorités légales nous rendait à une sorte d’état primitif, sans aucun précédent, semble-t-il, auquel se référer. Le problème, ce n’était pas de punir ou de venger, le problème était de vivre, c’est-à-dire d’éviter que ces meurtres ne se poursuivent contre nous. Et cela nous pensions que le droit naturel nous y autorisait dès le moment où le droit écrit nous laissait livrés à nous-mêmes. Et pour nous défendre, nous n’avions pas 36 moyens à notre disposition, la stratégie révolutionnaire (et nous étions en période révolutionnaire) n’en connaît qu’un, répondre à la terreur par la terreur, faire cesser le mal par le mal, puisqu’il n’y avait pas moyen de faire autrement » (60).

C’est dans ce contexte, et donc assez tardivement au regard des crimes commis depuis septembre 1941, que les Rexistes commencèrent à s’armer massivement (61) et à mettre sur pied deux organisations chargées de les protéger :

  • En avril 1943, le Département Sécurité et Information de Rex (DSI), avec pour mission de rechercher les auteurs des attentats. Dirigés par Charles Lambinon, les agents de ce département étaient répartis en différentes brigades mobiles (Brigade A à La Louvière, Brigade B à Charleroi, Brigade C à Huy, etc.).
  • En novembre 1943, l’étendard de Protection Paul Colin (Formation B), unité organisée par Joseph Pévenasse, avec pour mission d’assurer la protection des Rexistes menacés.

La suite est connue de tous et suffisamment martelée par les historiens officiels, universitaires et/ou travaillant sous l’égide du CEGESOMA, très politiquement correct : l’escalade de la violence (jusqu’à plusieurs Rexistes tués chaque jour en juillet-août 1944 !) amena de nombreux membres de ces deux formations de police rexiste à commettre des délits (vols, incendies) et à élargir leur champ d’activités en participant eux-mêmes à des expéditions contre des réfractaires (62), à des assassinats (63) et à des représailles (64). Étrangement, on parle nettement moins souvent des fonds importants qui ont été extorqués « au nom de la Résistance » auprès de riches fermiers et industriels pendant l’Occupation (65), des règlements de comptes durant la même période (agissements providentiellement requalifiés comme des « actes patriotiques » après la guerre), ou encore des exécutions sommaires à la Libération.

Notre propos n’est certainement pas d’excuser ou de légitimer les crimes horribles et inutiles qui ont été commis par certains Rexistes dans les derniers mois de l’Occupation (comportements qui ont fort malheureusement compromis et entaché le Mouvement rexiste), mais bien d’en préciser le contexte avec un minimum d’honnêteté tout en insistant sur la chronologie des faits.

 

 

(1) Joseph Pévenasse (°Charleroi, 10.10.1900), qui fut candidat rexiste pour la Chambre aux élections législatives de mai 1936, était, au début du second conflit mondial, chef des Formations de Combat de l’arrondissement de Charleroi et Inspecteur fédéral du Mouvement rexiste.

(2) Déclaration de Madame Jean Demaret (née Francine Hubinon) faite le 9 juillet 1942 au commissaire principal Aimé Ancart de la police judiciaire près le parquet du procureur du Roi de Charleroi (dossier d’instruction judiciaire).

(3) Le Pays Réel, 08.04.1941.

(4) Le Pays Réel, 01.11.1941 ; Le Journal de Charleroi, 07.07.1942.

(5) Le Pays Réel, 17.02.1942 et 04.07.1942.

(6) En remplacement de Raymond Stouffe qui remplaçait lui-même Gérard Dache, démissionnaire suite à son refus de s’engager à la Légion Wallonie (Le Pays Réel, 19.03.1942 ; Plisnier Fl., Le Rexisme et l’Ordre Nouveau dans la région de Charleroi de 1933 à 1944, mémoire académique, 2001-2002, p. 104 et 228).

(7) Place des Ducs de Bourgogne, 21 (aujourd’hui Place Louis Delhaize, 26).

(8) Quatre douilles ont été ramassées sur la scène du crime.

(9) Déclaration d’Olga Genaux, datée du 2 juillet 1942, au commissaire principal Aimé Ancart (dossier d’instruction judiciaire).

(10) Déclaration de Francine Hubinon (épouse Demaret), datée du 2 juillet 1942, au commissaire principal Aimé Ancart (dossier d’instruction judiciaire).

(11) Déclaration de Georges Goffaux, datée du 2 juillet 1942, au commissaire principal Aimé Ancart (dossier d’instruction judiciaire).

(12) Déclaration de Jean Guignet, datée du 3 juillet 1942, au commissaire de police de Ransart René Delvaux (procès-verbal n°93).

(13) Déclaration de René Delvaux, commissaire de police à Ransart, datée du 2 juillet 1942 (procès-verbal n°89).

(14) Déclaration de Jean Hancotte, datée du 4 juillet 1942, au commissaire principal Aimé Ancart (dossier d’instruction judiciaire).

(15) Déclaration de René Delvaux, commissaire de police à Ransart (voir supra).

(16) « Compte rendu d’un événement extraordinaire arrivé à Ransart », expédié le 2 juillet 1942 à 9h30 (Brigade de gendarmerie de Ransart, pièce n°58).

(17) Déclaration de Hector Demaret, datée du 2 juillet 1942, au commissaire principal Aimé Ancart (dossier d’instruction judiciaire).

(18) Déclaration de Francine Hubinon, datée du 2 juillet 1942, au commissaire principal Aimé Ancart (dossier d’instruction judiciaire).

(19) Le Pays Réel, 19.09.1941 et 20.09.1941.

(20) Idem, 03.04.1941 et 04.10.1941

(21) Idem, 20.01.1942.

(22) Idem, 22.04.1942 et 30.04.1942.

(23) Idem, 12.04.1942.

(24) Idem, 08.03.1942.

(25) Idem, 11.03.1942 ; souvenirs du légionnaire Roger Gondry, p. 20 ; souvenirs du légionnaire Roland Devresse, p. 11 et 29.

(26) Gazette de Charleroi, 04.07.1942.

(27) Aaron P. et Gotovitch J. (ss. dir.), Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, André Versaille éditeur, 2008, p. 389.

(28) Conway M., Degrelle. Les années de collaboration, Quorum, 1993, p. 166.

(29) Gotovitch J., Victor Thonet (1883-1973), Bruxelles, Centre des Archives du communisme en Belgique (CArCoB), 2016, p. 7.

(30) Le Journal de Charleroi, 13.09.1943.

(31) Le Cardinal van Roey et l’occupation allemande en Belgique, Actes et documents publiés par le Chanoine Leclef, Goemaere Editeur, 1945, pp. 93-94.

(32) Plisnier Fl., op. cit., p. 105-106.

(33) Le Pays Réel, 18.07.1942.

(34) Idem, 08.07.1942.

(35) Le Journal de Charleroi, 07.07.1942.

(36) De Jonghe A., La lutte Himmler-Reeder pour la nomination d’un HSSPF à Bruxelles (1942-1944) – Troisième partie : évolution d’octobre 1942 à octobre 1943, in : Cahiers d’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale, 1978, p. 7.

(37) Idem, p. 8.

(38) Le Pays Réel, 15.09.1942.

(39) Idem, 18.09.1942.

(40) Idem, 17.11.1942.

(41) Idem, 20.11.1942.

(42) Idem, 22.11.1942 et 01.12.1942.

(43) Idem, 05.12.1942.

(44) Idem, 12.12.1942.

(45) Idem, 19.12.1942 et 22.12.1942.

(46) Idem, 22.12.1942.

(47) Idem, 19.01.1943.

(48) Idem, 20.01.1943.

(49) Idem, 28.01.1943.

(50) Idem, 04.03.1943.

(51) Idem, 14.03.1943 et 16.03.1943.

(52) Idem, 16.03.1943 et 17.03.1943.

(53) Idem, 17.03.1943.

(54) Idem, 17.03.1943 et 18.03.1943.

(55) Idem, 18.03.1943.

(56) Idem.

(57) Le documentaire « Face et revers » (diffusé à la RTBF en mars 1988) en admettait près de 750.

(58) Plaidoyer de Victor Matthys devant le Conseil de guerre de Charleroi (mai-août 1946).

(59) Entre novembre 1942 et juillet 1944, 240 otages furent fusillés sur ordre de la Militärverwaltung de von Falkenhausen. Les tribunaux belges firent quant à eux exécuter 242 condamnations à mort dans les rangs des « inciviques » (Courtoy M., La question des otages en Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale, in : Occupation et répression militaire allemandes, 2007, p. 104 et sv.).

(60) Plaidoyer de Victor Matthys devant le Conseil de guerre de Charleroi (mai-août 1946).

(61) Dès la fin de 1941 et au début de 1942, les autorités allemandes avaient admis la nécessité de distribuer des permis de port d’arme et quelques pistolets aux dirigeants rexistes les plus vulnérables ; cette distribution resta cependant fort limitée dans un premier temps, la Militärverwaltung demeurant opposée à un armement généralisé des militants rexistes (Conway M., op. cit., p. 121).

(62) Notamment dans la région de Ciney à la fin du mois d’août 1944.

(63) Notamment le gouverneur de la province de Namur François Bovesse en février 1944, l’abbé Alphonse Huyberechts, curé d’Ottignies, en juillet 1944, le bourgmestre de Wavre Alphonse Bosch et le bâtonnier du Barreau de Bruxelles Louis Braffort en août 1944.

(64) Notamment la « Tuerie de Courcelles », en août 1944.

(65) Éclairants sont à cet égard les Souvenirs politiques (1918-1951) du comte Henry Carton de Wiart, ministre d’Etat : « Des vols à main armée étaient commis à peu près chaque jour dans tous les coins du pays sans qu’on sût toujours si ces coups de main étaient exécutés par des patriotes en quête de ressources pour organiser la Résistance ou s’ils étaient l’œuvre de bandits authentiques. C’est ainsi que le 16 novembre 1943, trois inconnus s’emparaient de 14 millions à l’Office des Chèques Postaux de Bruxelles. […] J’en eus l’expérience personnelle pendant l’hiver 1943-1944. Nous étions à Jévigné [petit village ardennais, dans le sud de la province de Liège]. […] Plusieurs fois nous vîmes surgir des bandes d’individus masqués et armés, réclamant de l’argent qu’on leur remettait sans en savoir la destination. » (pp. 303-304).

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