Une surprenante publication de Rivarol (3) : Comment démolir Léon Degrelle en faisant semblant de l’apprécier…
Voici donc le troisième volet de notre réponse à l’article de Paul-André Delorme publié par Rivarol, le 11 avril dernier, aux pages 10 et 11.
Entre-temps, nous avons bien entendu écrit à la rédaction pour marquer notre surprise consternée face à la publication dans cet hebdomadaire de haute tenue intellectuelle et morale d’une « biographie » célébrant apparemment Léon Degrelle, flamboyant fasciste wallon, mais reprenant en réalité la plupart des poncifs de l’antidegrellisme, et ce, quelques jours seulement après le vingt-quatrième anniversaire de sa disparition.
Le directeur de la rédaction, M. Jérôme Bourbon, nous a assuré de sa compréhension et proposé de faire valoir notre point de vue dans le « Courrier des lecteurs », ce que nous avons fait en un bref article renvoyant les lecteurs de Rivarol à notre blog, car nous aurions eu besoin sans aucun doute également de deux pages entières de l’hebdomadaire pour détailler notre mise au point…
Comme nous l’avons montré, les bévues, lapsus et autres pataquès ne manquent pas : relevons encore l’erreur de prénom du frère de Léon Degrelle sauvagement assassiné à Bouillon le 8 juillet 1944 : il ne s’agit pas de « Gérard », mais d’Edouard Degrelle ! Par ailleurs, « les collaborationnistes français […] Doriot, Déat et de Brinon » n’ont jamais honoré Léon Degrelle « de leur présence lors de certains de ses discours en Belgique » ; ils ont par contre tous bien assisté au fameux meeting du Palais de Chaillot à Paris, le 5 mars 1944…
Mais bien plus grave est la reprise inattendue des calomnies diffamatoires à l’égard de Rex et de son Chef ou du persiflage gratuit des affirmations de Léon Degrelle, dans l’intention d’établir et stigmatiser ses prétendues rodomontades de mythomane.
Dans cette avant-dernière mise au point, nous donnerons un exemple significatif de calomnie diffamatoire.
Rex : sus aux juifs et aux résistants ?!!!
« Degrelle, à partir de 1942, laisse la direction de Rex à un de ses fidèles, Victor Matthys, qui lance le mouvement dans des opérations contre les Juifs et les résistants. »
Voilà bien la plus infâme calomnie que l’on puisse répandre sur l’histoire de Rex ! Le mouvement degrellien, puisque devenu national-socialiste, n’a donc pu que participer à ce qu’il est désormais convenu de présenter comme consubstantiel à tout mouvement d’ordre nouveau : la curée « contre les Juifs et les résistants » !!! Et de porter péremptoirement cette initiative fantasmagorique au compte de Victor Matthys qui aurait même réduit l’action de Rex à ce genre d’opérations de basse police...
Il n’existe pas de biographie spécialement consacrée au chef ad interim de Rex, mais on peut faire confiance aux auteurs très politiquement corrects des rares notices biographiques le concernant pour que, si tel avait été le cas, fût souligné ce rôle criminel, afin d’empêcher que son nom soit, comme il l’est aujourd’hui, oublié dans l’anonymat des collaborateurs de moindre importance.
Nous passerons rapidement sur les prétendues « opérations contre les Juifs » puisque le nom même de ces victimes désormais emblématiques de la Seconde Guerre mondiale ne fut jamais prononcé au cours du procès à grand spectacle condamnant Victor Matthys à la peine de mort. De même, ni Eddy De Bruyne dans son Encyclopédie se présentant comme l’ouvrage de référence par excellence de la collaboration belge, ni Alain Collignon, historien de l’officiel « Centre d’études guerre et société » aux jugements certifiés infaillibles, ni même le professeur d’Oxford Martin Conway, chroniqueur du rexisme de guerre, ne font endosser quelque crime antisémite au tout de même « chef des Légionnaires du front de l’intérieur »…
En ce qui concerne les « résistants », c’est ce qu’il est convenu d’appeler la « tuerie de Courcelles » qui valut à Victor Matthys et à vingt-six de ses co-inculpés d’être fusillés dans le dos le 10 novembre 1947. Cette opération de représailles au massacre à la mitraillette (*) d’Oswald Englebin, bourgmestre rexiste de Charleroi, et de sa famille (il succédait au bourgmestre Prosper Teughels lui-même assassiné neuf mois auparavant) marqua le plus grand succès des terroristes communistes qui, depuis l’invasion de l’Union Soviétique, s’efforçaient de créer un climat de guerre civile dans le pays. Elle fut menée à regret par un Victor Matthys moralement contraint de ne plus rester sans réponse aux innombrables meurtres impunis de rexistes abattus comme au champ de foire.
Nous publierons prochainement la Plaidoirie que lut Victor Matthys devant le Conseil de Guerre de Charleroi le 4 juillet 1946 : le lecteur pourra juger de sa sincérité, de son idéal, de son sens des responsabilités et de son exceptionnelle élévation morale. Il pourra également vérifier qui furent les véritables initiateurs de ces opérations de guerre civile et qui furent ceux qui appartinrent en vérité au camp des massacrés.
En attendant, voici la remise en contexte qu’opéra Léon Degrelle pour Jean-Michel Charlier, auteur du seul documentaire authentiquement objectif sur le Chef de Rex et Chef de la Légion « Wallonie », Autoportrait d’un fasciste.
« Lorsque je suis revenu de mes prisons en 1940, après tout ce que j’avais souffert, et si injustement, j’eusse pu, quand même, me révolter et dire : ces salauds-là, ils me le paieront ! Eh bien ! Est-ce que je me suis vengé ? Sur qui ? Sur personne ! Un vrai chef pardonne. Un vrai chef conquiert ses adversaires à force de générosité. […] J’ai toujours rêvé de transformer l’homme à force de l’aimer. C’est ingénu ? Peut-être bien. Mais j’y crois. Je préfère me tromper en aimant que m’imposer en haïssant. […]
Nous étions à peine à l’entraînement à la frontière polonaise qu’un premier assassinat se déclenchait au pays, celui d’un notaire de Tournai qui avait –unique crime !– assisté à la gare du Nord à Bruxelles le 8 août 1941 au départ de notre Légion pour le front de l’Est. Abattu par qui ? Par des tueurs communistes. Pour ceux-ci, dès l’instant où nous étions partis au combat contre les Soviets, nous étions devenus l’ennemi à massacrer. La capitale de leur pays, ce n’était pas Bruxelles, ni Paris, ni Amsterdam, c’était Moscou. Ces mêmes communistes qui avaient été antihitlériens avant juillet 1939, pro-hitlériens acharnés en 1940, redevenaient brusquement antihitlériens le 22 juin 1941. Pendant trois ans, ils allaient, pour épauler Staline, se vouer méthodiquement à l’assassinat de leurs compatriotes, qui en fait n’étaient leurs compatriotes en rien du tout, car la patrie des communistes était ailleurs. […]
Les tueurs moscoutaires s’abattirent avant tout sur les familles de nos soldats, proie immédiate, virtuellement sans défense. Ce fut une succession d’assassinats de plus en plus horribles : on tuait les femmes, on tuait les gosses, on tuait les vieux parents, pour frapper en plein cœur nos soldats du Front de l’Est. Pendant deux ans, nos familles ont connu, sans réagir, des centaines de ces tragédies. Près de mille de nos gens ont été massacrés de façon effroyable. […]
Pendant que j’étais au front russe, nos gens avaient conservé, dans l’ensemble, le contrôle de leurs nerfs. C’est seulement au bout de deux affreuses années de terreur que quelques ripostes isolées se produisirent. Faibles d’ailleurs. Et c’est facile à comprendre : les gens de notre bord étaient en général des gens modérés. Rien ne les prédisposait psychologiquement à des actions violentes. Ces quelques réactions violentes demeurèrent locales, malhabiles : 5 %, ou moins, des quelque mille assassinats dont nos amis et nos familles furent les victimes.
Le crime de guerre le plus retentissant de la Résistance en Belgique fut, incontestablement, l’assassinat du dirigeant rexiste Englebin, bourgmestre de Charleroi, abattu à Courcelles en juillet 1944 avec sa femme et son gamin. Assassinat qui succédait à l’assassinat du précédent bourgmestre, l’ex-député Teughels, un héros de la Première Guerre mondiale. Cent cinq autres Rexistes avaient été, en quelques mois, abattus dans cette région.
C’est alors, après ce fleuve de sang, que certains de nos amis, à bout d’angoisse, ne purent plus contenir leur douleur. Ils arrivèrent sur les lieux du dernier attentat, du triple attentat, rassemblèrent ceux-là qu’ils considéraient comme les principaux responsables moraux de cette tuerie et les exécutèrent. Fatale riposte ! Tous ceux qui y avaient participé furent –troisième massacre– fusillés d’une balle dans le dos, dans ce même Charleroi, après 1945. […] La veille de l’exécution à Charleroi de vingt-[sept] condamnés, on avait cousu un disque rouge dans le dos du veston des futures victimes afin de fournir des cibles faciles aux fusilleurs ! Ceux qui allaient être abattus le lendemain durent passer leurs dernières heures, dans l’enceinte cellulaire, à contempler, hagards, cette grosse marque macabre, couleur de sang, sous les épaules de leurs compagnons d’infortune. » (Léon Degrelle : persiste et signe, pp. 376-383).
Mais tout « flamboyant » qu’il soit, sans doute Léon Degrelle n’en est-il pas plus crédible pour P.-A. Delorme ? Nous le renverrons alors vers un journaliste peu suspect de sympathies d’Ordre nouveau : Pierre Stéphany, correspondant de La Libre Belgique, Le Patriote Illustré, Paris-Match, etc. Il est l’auteur d’une série de livres chroniquant la vie quotidienne des Belges sous l’Occupation. Nous y lisons, sous le titre Un terrorisme crapuleux :
« Des résistants considérés comme authentiques pouvaient d’ailleurs se conduire comme des brutes. Il arriva plus d’une fois que, à défaut de trouver au nid le collaborateur dont on voulait se défaire, on s’en prenne à sa femme et à ses enfants. […] Jo Gérard, dans son livre sur la Régence, citant le chiffre de 740 meurtres commis dans notre pays entre le 1er janvier et le 1er mars 1944, donne une liste impressionnante d’assassinats sans excuses […]. Dans un numéro spécial d’août 1945, Le Partisan devait publier le bilan de son action entre septembre 1942 et août 1945 : 962 militaires ennemis tués et 1137 collaborateurs abattus. Ils se croyaient tout permis. […]
Lors du procès intenté en 1951 à Bruxelles à un partisan accusé d’avoir abattu un homme à Virginal pendant la guerre, un témoin vint déclarer que, secrétaire général de l’Armée belge des Partisans, il avait eu à connaître, en avril 1942, d’un ordre donnant à chaque membre de l’organisation le droit d’exécuter quand il voulait et comme il voulait “les traîtres de la SS”. Avant cette date, le partisan devait avoir reçu, pour ce faire, un ordre de son supérieur hiérarchique, qui lui-même le tenait du commandement national. Après, la qualité de traître affectée à la future victime ne devait même pas avoir été officiellement communiquée à l’exécuteur virtuel ; chaque partisan armé avait, en conscience, la faculté de décider. C’est à partir de là que les cadavres se mirent à joncher le pavé […].
En 1992, à la suite de la publication par Le Soir d’un document sur un fait de résistance, un lecteur fit paraître dans le courrier de ce journal une lettre où il était dit notamment : “Je comprends la rancœur de ces malheureux villageois. A l’époque, j’étais dans la Résistance ; pas forcément un héros, mais j’étais bien jeune aussi. […] On nous demandait d’abattre des vieillards, parfois, et aussi de toutes jeunes filles ou des jeunes gens auxquels on ne pouvait rien reprocher, uniquement parce qu’un membre de leur famille collaborait ou se trouvait sur le front russe. Parfois, il faut bien le dire, on nous demandait même d’abattre des gens sans raison bien précise […]. » (1944. Le bonheur et les épreuves de l’année la plus longue, pp. 126-129).
(*) On sait que les tueurs furent au nombre de cinq, mais ils ne furent jamais ni activement recherchés ni arrêtés. Le Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique (2008, p. 120) se contente d'écrire: « L'identité et les motivations des cinq auteurs de l'assassinat d'Englebin ne sont pas clairement établies »...
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