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Actualité - Page 3

  • Cercle des Amis de Léon Degrelle

     

     

    38e Correspondance privée – Avril 2023

     

    C’est avec un infini plaisir qu’après une longue interruption qui nous faisait craindre le pire, nous avons reçu la dernière publication du Cercle des Amis de Léon Degrelle (notre dernière recension du courrier du Cercle remonte en effet au 13 octobre 2021 !).

    Et de fait, ce long silence traduisait bien les ennuis occasionnés par les démocrates champions de la liberté d’expression à sens unique. Mais il vaut mieux, chers Lecteurs, que vous preniez connaissance par vous-mêmes des explications des responsables de ce Cercle aux objectifs pourtant bien circonscrits. Documenter l’actualité degrellienne de la manière la plus scrupuleuse et exhaustive possible : c’est apparemment encore bien trop…

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    Nous ne pouvons que remercier chaleureusement nos Amis degrelliens de France pour leur inébranlable attachement à l’idéal solaire de l’auteur de Révolution des âmes : c’est un magnifique exemple de courage, d’abnégation et de persévérance qu’ils nous donnent, se montrant on ne peut plus dignes de la devise portée sur leur boucle de ceinturon par les Bourguignons de la Sturmbrigade Wallonien et leur Commandeur Léon Degrelle : « Mon Honneur s’appelle Fidélité » !



    Guy Sajer, alias Dimitri

     

    Ce n’est donc sûrement pas gratuitement si la première page de couverture s’orne de cette belle photo de Léon Degrelle, dédicacée, fin 1989, à « Guy Sajer, l’inoubliable poète de notre épopée en U.R.S.S. »

    Cette photo fut prise par notre Camarade Jacques de Schutter, photographe officiel de Léon Degrelle, dans son appartement de Madrid, au dernier étage de l’immeuble situé, à l’époque, rue García Morato, du nom de cet as de l’aviation nationaliste pendant la Guerre civile, comptant plus d’une cinquantaine de victoires –homologuées et présumées– dans ses duels aériens : après la mort de Franco et la damnatio memoriae –aujourd’hui, on dit « wokisme »– qui a frappé le souvenir de son époque, la rue s’est à nouveau appelée Calle Santa Engracia. Léon Degrelle se trouve à la fenêtre de son bureau donnant sur la vaste terrasse fleurie orientée à l’ouest, vers l’Escorial et le Valle de los Caídos : par temps clair, il avait le plaisir d’en contempler les montagnes de la Sierra de Guadarrama.

    Nous disions que le choix de cette photo par nos Amis du Cercle n’est sans doute pas dû au hasard, car, pour les jeunes d’aujourd’hui qui l’ignoreraient encore, Guy Sajer est l’auteur du livre Le Soldat oublié, l’un des récits les plus puissants sur la Seconde Guerre mondiale par l’expression naturelle de la foi du soldat en la justesse de son combat mais aussi par son évocation de l’horreur de la guerre et la peinture des souffrances, des émotions, des amitiés qu’il connaîtra sur le front et qui le marqueront à jamais.

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    Car c’est son histoire que Guy Sajer (le nom de sa mère) a racontée, celle d’un Alsacien, –pas tellement « malgré nous »–, engagé à 16 ans dans la prestigieuse division blindée Grossdeutschland, de la Wehrmacht, aux combats de laquelle il participera jusqu’à l’anéantissement du Reich. Après la guerre, Guy Mouminoux (le nom de son père) deviendra l’un des principaux auteurs de l’école franco-belge de bande dessinée, travaillant notamment pour les célèbres hebdomadaires Spirou et Pilote (dont il se fera éjecter à cause du Soldat oublié). Il  rejoindra alors Tintin (Hergé vient d'y publier Vol 714 pour Sydney, mais c'est Greg, –le créateur d'Achille Talon– alors rédacteur en chef du « Journal des jeunes de 7 à 77 ans », qu'il rencontre et qui l'engage) et même B.D. Magazine (dans le sillage de Charlie Hebdo dont le fondateur, le « Professeur Choron », un ancien d'Indochine, se prend d'affection pour lui, tout comme le rédac' chef, Cavanna). C’est sous le nom de Dimitri qu’il y entreprend sa meilleure série à succès Le Goulag (une vingtaine d’albums publiés chez différents éditeurs) et qu'il met en chantier ces chefs-d’œuvre de justesse et de réalisme dans la narration que sont les poignants récits de guerre Kaleunt et Raspoutitsa (Albin Michel).

    Le choix de cette photo dédicacée est d’autant plus approprié que dans une interview publiée en 2012 dans Guerres & Histoire, Guy Sajer livrait, avec sa franche simplicité, une expérience tout à fait semblable à celle que rapportait tout à l’heure l’éditorialiste du Cercle.

    A la question de savoir s’il avait gardé le contact avec un ancien de la Grossdeutschland qu’il met en scène dans Le Soldat oublié, Dieter Halls, l’auteur répondit : « Il est devenu citoyen américain après guerre. Nous sommes allés le voir avec mon épouse il y a une dizaine d’années à New York. Ça ne s’est pas très bien passé d’ailleurs. Il m’a un peu choqué : il avait tout renié. Nous étions devenus à ses yeux une bande de forbans qui avait massacré l’Europe. N’importe quoi ! La guerre, on nous l’a imposée. Il était devenu un autre type pour moi. Un Américain. Alors je n’ai pas cherché à le revoir. Moi, je ne crache pas sur les Allemands. »

     

    Raspoutitsa.jpeg

    Mise en images par Dimitri dans Raspoutitsa, c’est la séquence finale, de la tragédie vécue par Steinbek, un soldat allemand, au Front de l’Est et dans les goulags soviétiques. Ne jamais rien renier (ce qui n’empêche de toujours se faire couillonner)...

     

    Quant à son avis sur le Reich, on sent que ça dérange l’interviewer qui lui assène un « Hitler  ! » comme une objection irrécusable, mais Guy Sajer ne renie rien et retrouve les accents enthousiastes de sa jeunesse :

    « J’étais béat d’admiration devant l’Allemagne, je dois reconnaître. Tout était si impeccable, si organisé… J’étais conquis par ce pays. C’était une histoire d’amour. C’est un pays qui a une telle force. Regardez ce qui se passe encore aujourd’hui : c’est eux qui vont relever l’Europe ! Même dans la débandade finale, ils restaient organisés. Ils ont aussi leur lot de connerie, bien sûr.

    Mais Hitler, ça vous disait quelque chose quand même !
    Je l’ai vu une fois, à Chemnitz. Comme d’ici, la place ! Un petit bonhomme en casquette qui marchait très vite, qui saluait.

    Aviez-vous une affection particulière pour lui ?
    À nos yeux, il était le bienfaiteur de l’Allemagne. Il a totalement remonté le pays. Moi, j’étais rassuré par son régime. Je venais d’une France qui vivait dans un bordel invraisemblable. L’Allemagne était carrée, tout était précis, on savait ce qu’on avait à faire. Je n’étais pas maltraité. Il me semblait qu’avec l’Allemagne, j’avais retrouvé des parents qui géraient. On a chargé Hitler de tous les maux ! Absurde. C’était un sentimental. Arno Breker, le sculpteur intime d’Hitler, m’a raconté après guerre qu’il était un rêveur, un poète, un type extraordinaire. Je le crois toujours. »

     

    On croirait entendre Léon Degrelle…

     

     

    Degrelliana

     

     

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    Comme à son habitude, la Corrrespondance privée du Cercle passe en revue l’actualité à travers le prisme degrellien, sans oublier les livres, magazines et sites internet pouvant intéresser tout passionné de Léon Degrelle.

    C’est ainsi qu’au moment où se déroulent encore maintenant des procès de terroristes islamistes, on relira avec intérêt les observations sur les origines du terrorisme formulées dès après la guerre par Léon Degrelle dans son livre De Rex à Hitler publié bien après sa disparition (Editions de l’Homme Libre, 2015, 30 euros).

    De même, la dérive de skinheads américains échouant leur vie Dans l’Enfer carcéral américain (Rémi Tremblay, éd. Dualpha, 23 euros), après avoir désastreusement identifié la « défense de la race blanche » avec la violence urbaine et le meurtre, faute d’avoir eu accès à une véritable vie spirituelle –la Révolution des âmes degrellienne–, préalable indispensable à toute régénération politique de la société…

     

    SS Ukraine.jpgAffiche de recrutement pour la Waffen SS ukrainienne.

     

    L’interview de Fédor Kazan, qui appartenait à la division de la Waffen SS ukrainienne Galicie, est également riche d’enseignements sur la véritable politique nationale-socialiste en Ukraine, aussi bien au point de vue racial et social que religieux : mais cela ne saurait surprendre que ceux qui n’ont jamais lu les récits de Léon Degrelle.

    Il est impossible d’évoquer ici toutes les présentations des nombreuses publications que nous ne connaîtrions pas sans la lettre du Cercle.

    Ainsi de deux brochures éditées par le « Cercle François Duprat, organe de formation et de réflexion de la communauté militante nationaliste-révolutionnaire Lyon Populaire ». La première reprend le discours que Léon Degrelle prononça, le 5 mars 1944, au Palais de Chaillot Aux armes pour l’Europe. Il est complété par Appel aux jeunes européens, que publièrent les éditions Avalon en 1992. La seconde est la Lettre aux Français que Léon Degrelle, interdit de séjour en France, fit paraître dans le numéro spécial de Je suis partout consacré à Rex (« Qu’est-ce que Rex ? »), le 24 octobre 1936. En complément est jointe la Lettre au Pape [à propos d’Auschwitz], (Editions de l’Europe réelle, 1979 ; ce blog au 25 juillet 2020).

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    Pour commander ces brochures, il faut se rendre sur leurs comptes Instagram ou Facebook.

     

     

    René Baert : esthétique et éthique

    C’est la réédition d’une rare pépite des éditions nationales-socialistes belges de La Roue solaire que nous annonce également le Cercle. L’épreuve du feu, à la recherche d’une éthique fut publié en mars 1944 par René Baert, critique littéraire et artistique du Pays réel, aux éditions qu’il cofonda, un an plus tôt.

    A sa sortie, ce livre fut présenté élogieusement dans la presse d’Ordre Nouveau, notamment par Le Nouveau Journal dont Robert Poulet fut le rédacteur en chef : « C’est à [la révolution nationale et sociale] que se consacre René Baert dans son livre L’épreuve du feu, qui porte en sous-titre : à la recherche d’une éthique.

    Baert Epreuve Feu 2.png

    Il s’agit d’une suite de courts essais dont le lien et l’unité sont évidents. Livre un peu aride, sans doute, –mais la facilité n’est plus de mise en ces temps de fer, et puisque, justement, c’est contre l’esprit de facilité qu’il faut d’abord lutter. Livre d’utile mise au point. L’essentiel de notre combat sur le plan de la pensée et de l’éthique, se trouve condensé dans de brefs chapitres qui s’intitulent notamment : La mesure du monde, Liberté chérie, Apprendre à servir, Le salut est en soi, Mystique de l’action, L’homme totalitaire, Le sens révolutionnaire.

    On n’entreprendra pas ici de résumer un message qui se trouve déjà fortement condensé dans ces pages, et dont la signification essentielle tient peut-être dans ces quelques lignes :

    Le révolutionnaire est celui qui lutte pour que nous ne connaissions plus jamais un temps comme celui que nous avons connu avant cette guerre… Ah ! combien à ce temps exécrable préférons-nous celui que nous vivons aujourd’hui ! Ce n’est pas que nous soyons heureux d’avoir fait les frais d’une aventure qui ne nous concernait pas, ce n’est pas que nous bénissions l’épreuve qui nous condamne à étaler toutes nos misères aux yeux d’autrui, –mais ce qui nous enchante, c’est d’être entrés de plain-pied dans la lutte, c’est de participer dans la faible mesure de nos moyens au gigantesque travail de l’avènement de l’Europe… Le sens révolutionnaire de notre époque extraordinaire se traduit précisément dans l’immense besoin de quelques-uns de sauver leur patrie malgré elle… La tâche, plus que jamais, doit appartenir aux révolutionnaires. C’est toujours à la minorité combattante qu’appartient l’initiative de la lutte. Mais qu’on n’oublie pas que seuls pourront y participer ceux qui n’auront pas préféré leurs petites aises au risque qui fait l’homme.

    Cette tâche, elle est politique et sociale, mais elle est aussi spirituelle, éthique. Aussi bien est-ce à la recherche d’une éthique révolutionnaire que s’applique l’auteur de L’épreuve du feu. Il ne le fait pas sans se référer à de hauts maîtres, tels que Nietzsche ou, plus près de nous, l’Allemand Ernst Jünger (dont René Baert analyse lucidement l’œuvre et l’enseignement dans un chapitre intitulé Le travailleur), les Français Drieu la Rochelle ou Montherlant (entre lesquels il établit un remarquable parallèle). » (Le Nouveau Journal, 6 avril 1944).

    René Baert.pngRené Baert, réfugié en Allemagne en 1945 où il tentait de se préserver des générosités assassines de la « Libération », est arrêté et fusillé sans autre forme de procès par des militaires belges. On ne dispose que de peu d’éléments biographiques sur lui bien qu’il existe un site modeste qui lui est consacré (cliquez ici).

     

     

    L’épreuve du feu, de René Baert, est sorti aux éditions du Lore et est disponible à la Boutique Nationaliste du Cercle des Amis de Léon Degrelle (26 euros + 7,5 euros de frais de port).

     

     

     

     

    « Incivique ! » : une insulte qui justifie les spoliations à très bon marché…

    Le Cercle évoque aussi un article du Soir (14 mars 2023) intitulé Dans les petits papiers d’Edouard Degrelle qu’il cite d’ailleurs en entier. L’article explique que les Archives de l’administration des dommages aux biens privés sont désormais accessibles dans les dépôts provinciaux des Archives Générales du Royaume. Et c’est dans le dépôt d’Arlon (province de Luxembourg) qu’a été épinglé le dossier du Papa de Léon Degrelle : « Comme des centaines de milliers d’habitants de la province du [sic] Luxembourg, Edouard Degrelle, le père de Léon Degrelle, a déposé un dossier où il détaille par le menu les dégâts occasionnés à sa maison par la destruction des ponts de Bouillon en mai 1940 […] par l’armée française » (ce blog au 15 juin 2021). Le Soir est heureux de communiquer le résultat de cette demande légitime : « Edouard Degrelle ne touchera toutefois par un sou. […] Les inciviques n’ont pas droit aux dommages de guerre. »

     

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    Ce que Le Soir ne dit pas, c’est que les « inciviques » comme Edouard Degrelle sont de toute façon condamnés à la confiscation de tous leurs biens et à crever comme des rats en prison…

    Précisons que la maison paternelle de Bouillon fut rasée et remplacée par un bâtiment abritant… la « Justice de Paix » ! Aujourd’hui, cette maison –qui était devenue entretemps la bibliothèque communale– doit être rasée et l’ensemble des terrains qui appartenaient aux Degrelle (jusqu’à l’ancien couvent des Sépulcrines) est destiné à la construction pharaonique d’un hôtel de tout grand luxe (plus de dix millions d’euros d’investissement : ce blog au 14 janvier 2020) !...

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    L’entrée de la maison paternelle, rue du Collège à Bouillon, s’ornait de rosiers grimpants. Les immeubles voisins étaient loués, maisons bourgeoises à droite, modeste salon de coiffure à gauche. Après la guerre, l’ensemble des propriétés fut purement et simplement confisqué, la maison paternelle abattue (il fallait –damnatio memoriae oblige– anéantir tout souvenir de la famille maudite) et remplacée –ironie autant que provocation– par un bâtiment de la « Justice de Paix », l’emplacement du coiffeur devenant son parking…

    Le comble est que les propriétés saisies furent vendues aux enchères en 1952, prétendument « pour sortir d’indivision » ! Comme si les héritiers Degrelle ne pouvaient s’entendre sur la répartition des biens de leur famille ! Cette « vente publique définitive » concernait toutes les propriétés qu’Édouard Degrelle avait acquises autour de sa brasserie. Remarquons le neuvième et dernier lot, le « Bel immeuble à usage d’habitation et de commerce […] occupé actuellement par l’Administration des Postes », situé en face de la maison familiale, le long de la Semois (où se trouvait aussi la gare des trams vicinaux). Il avait été hypothéqué en 1933 par le Papa de Léon Degrelle afin de lui permettre d’éponger les dettes des éditions Rex.

    (Documentation ® Jacques de Schutter)

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    Anne (Degrelle) Lemay

     

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    Le Cercle renvoie à l’analyse critique que nous avons publiée sur ce blog (un dernier chapitre doit encore paraître), mais il fournit aussi un fort intéressant complément en renseignant le film de la conférence de presse de présentation de son livre par Anne entourée de ses filles, organisée par son éditeur le 29 septembre 2022. Pour y avoir accès, nos lecteurs hispanophones peuvent cliquer ici. Les autres pourront du moins découvrir sa faconde énergique face à un public –qui n’a sans doute pas (bien) lu son livre– conquis par le simple fait qu’elle est la fille de Léon Degrelle.

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    Cercle des Amis de Léon Degrelle, adhésion (26 ou 33 euros, selon que vous résidiez en France ou non) et renseignements sur les livres dont le Cercle assure la diffusion : www.boutique-des-nationalistes.com

    Adresse : Cercle des Amis de LD, BP 92733, 21027 Dijon Cedex, France. lesamisdeleon.degrelle@gmail.com

     

  • Godelieve Degrelle Lemay (14 avril 1938 - 14 avril 2023)

     

    Une Messe de Requiem sera célébrée ce vendredi 5 mai à la mémoire de

     

    Godelieve Degrelle Lemay

     

    décédée le vendredi 14 avril dernier à Madrid, le jour de son

    quatre-vingt-cinquième anniversaire.

     

     

    La famille vous remercie de vous joindre à elle dans la prière

    pour le repos de son âme.

     

  • Godelieve de la Rosa-Degrelle

    14 avril 1938 -  14 avril 2023

     

    Godelieve de la Rosa Degrelle.jpeg

     

    Nous venons d’apprendre avec une profonde tristesse le décès de Godelieve de la Rosa, quatrième fille de Léon Degrelle et Marie-Paule Lemay.

    C’est précisément quatre-vingt-cinq ans après sa naissance que s’est éteinte celle qui reçut de son Papa le beau prénom qui « veut dire en flamand, petite amie de Dieu » (Léon Degrelle, in Duchesse de Valence, p. 357 ; ce blog au 4 juin 2019).

     

    Chantal+Léon-Marie+Godelieve-vert.jpg

    Au temps de la Drève de Lorraine : l’aînée Chantal, le petit Léon-Marie et sa tendre sœur Godelieve (photo du haut) ; photo du bas : la petite Godelieve, avec sa Maman et son petit frère Léon-Marie.

     

    Traversant les avanies de l’épuration qui la séparèrent de sa famille criminellement persécutée, elle fut confiée, dans un premier temps à son oncle Henri Cornet (époux de Madeleine, la sœur de Léon Degrelle, ce blog au 20 mars 2020), avant de rejoindre avec ses sœurs Chantal, Anne, Marie-Christine et son frère Léon-Marie, sa Bonne-Maman Jeanne Lemay. Celle-ci les emmènera dans le sûr refuge de sa propriété de Dordogne, leur assurant ainsi des études « normales » chez les Ursulines de Périgueux tout d’abord, puis chez les Sœurs de Saint-Joseph d’Annecy, ainsi qu’une éducation tout orientée sur une totale défiance envers leur père ainsi que sur son nécessaire éloignement (ce blog à partir du 23 octobre 2022).

     

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    Godelieve au « Chaubier », la maison de Bonne-Maman Jeanne, à Eyliac.

    Après sa libération en 1950, la Maman rejoindra enfin ses enfants dans le petit village d’Eyliac. Godelieve et ses sœurs l’accompagneront à Poitiers où elles recevront les cours de l’internat du Sacré-Cœur pendant trois ans. Godelieve suivra ensuite sa vocation de puéricultrice dont elle obtint le diplôme en 1956.

     

    C’est avec son frère Léon-Marie que son Papa parvint à prendre tout d’abord contact, à l’été 1957. Le jeune homme rejoignit aussitôt son père, mais fut malheureusement victime d’un accident de la circulation à Séville quelques mois plus tard, le 22 février 1958 (ce blog au 5 novembre 2022).

    Nous savons que Marie-Paule Lemay envoya alors sa fille Anne à Constantina afin d’accélérer une procédure de divorce (ce blog au 13 mars 2023). Sa sœur Godelieve devait rapidement la suivre, mais uniquement mue, quant à elle, par l’avide impatience de retrouver un père qu’elle n’avait plus vu depuis quelque treize ans. C’est lors des fêtes de Pâques 1958 qu’elle put enfin le rejoindre, décidant –tout comme le feront ses sœurs Anne et Marie-Christine– de rester auprès de son père et de faire définitivement sa vie en Espagne.

     

    Les trois sœurs y découvriront rapidement l’amour en rencontrant chacune l’homme de sa vie.

     

    Mariage Godelieve 09.01.1960.jpg

    Godelieve fut la première des filles de Léon Degrelle à se marier en Espagne : ce fut le samedi 9 janvier 1960, avec Antonio de la Rosa ; la cérémonie religieuse se tint dans l’église paroissiale de Constantina, dans une relative discrétion par rapport aux séismes médiatiques que provoquèrent les mariages d’Anne et Marie-Christine (ce blog aux 28 mai 2016 et 20 décembre 2022), bien qu’à la soirée, un bal mémorable ait rassemblé tout le village !

     

    Pour Godelieve, ce fut Antonio de la Rosa, un agent commercial de Murcie, qu’elle épousera le 9 janvier 1960, à Constantina. L’un de ses témoins fut le major Georges Jacobs, le premier Commandeur de la Légion Wallonie, qui avait rejoint son chef politique et dernier successeur à la tête des « Bourguignons », dès sa libération des geôles belges.

     

    LD Bourse Belga.jpegProbablement la photo de son enfance que Godelieve a préférée : elle la montre avec son frère Léon-Marie accompagner leur père sur son char de parade à la Bourse de Bruxelles (l'aînée, Chantal, les rejoindra peu après ; voir photos suivantes). Le Commandeur de la Légion apparaît dans la gloire de ses décorations, lors du défilé célébrant, le 1er avril 1944, la percée victorieuse de Tcherkassy. Selon son fils José Antonio de la Rosa-Degrelle, Godelieve la fit encadrer et ne la quitta jamais. C'est désormais lui qui s'en enorgueillit (ce blog au 15 décembre 2020).

     

    Godelieve eut trois enfants dont nous connaissons l’aîné, José Antonio, pour ses courageuses interventions à la télévision belge, défendant avec brio et bon sens son grand-père lors d’émissions destinées à culpabiliser Les Enfants de la Collaboration (ce blog aux 15 décembre 2020 et 9 janvier 2021).

     

    Défilé 44 Chantal+Léon-Marie+Godelieve.JPG

    Défilé 44 Chantal+Léon-Marie+Godelieve2.JPG

     

    Qu’il reçoive ici le témoignage de notre profonde sympathie. C’est de tout cœur que nous lui envoyons, ainsi qu’à toute sa famille, nos condoléances sincèrement émues.

     

    (Documentation © Jacques de Schutter)

     

  • Les mémoires effilochés d’Anne Degrelle-Lemay

    VI. Des « histoires » aux allures de méchantes

    carabistouilles !

     

    1.LD+Anne Dispute.jpg

    « J’ai commencé à connaître beaucoup de facettes de la personnalité de mon père. Je suis devenue son principal inquisiteur. Mes interrogatoires étaient constants. […] C’était un incroyable raconteur de carabistouilles […]. Mes questions délicates, pleines de pièges involontaires, fruits de mon esprit cartésien, lui posèrent plus d’un problème » (p. 93).

     

    2.Anne Degrelle Couverture.jpgMalgré son titre Degrelle, l’homme qui changea mon destin, les mémoires d’Anne Degrelle-Lemay, comme nous l’avons constaté (ce blog depuis le 23 octobre 2022), ne nous apprennent pas grand-chose sur la vie d’exil de Léon Degrelle en Espagne. Et nous doutons que, malgré leurs demandes pressantes, la curiosité des arrière-petits-enfants du fils qu’Adolf Hitler se fût choisi pourra s’en satisfaire. Surtout si leur source d’informations privilégiée n’est que leur grand-mère : « Ils me demandent souvent : “Grand-mère, comment vont tes mémoires ?” Je leur ai tellement parlé de leur bisaïeul, qu’ils veulent en savoir plus. Les conversations surgissent sans crier gare dans n’importe quelle réunion familiale, avec des questions et parfois des discussions passionnantes. La troisième génération s’intéresse et veut en savoir davantage. […] Je suis particulièrement fière en voyant leur curiosité pour se rapprocher de cet arrière-grand-père qu’ils ne connaissent que par ses livres et les histoires que leur raconte leur grand-mère. » (p. 165).

    N’oublions pas que le titre de son livre, L’homme qui changea mon destin, s’articule autour de deux personnages : l’homme Léon Degrelle, présenté comme le principal acteur (c’est lui qui agit sur le destin de l’autre) et Anne Degrelle-Lemay qui va raconter cet homme si important qu’il « changea [son] destin ».

    Mais au bout du compte, c’est plutôt le second personnage qui tire la couverture à lui comme elle le laisse entendre à la fin de ses mémoires : « cette biographie n’est pas la mienne en tant que telle, mais plutôt celle d’une fille d’un politique, un poète, un écrivain… que j’ai connu tardivement et que j’ai essayé de juger, toujours selon mes critères propres. » (p. 141). C’est donc bien d’elle qu’il s’agit principalement, surtout lorsqu’elle parle de son père, ou plutôt lorsqu’elle le juge, uniquement « selon [ses] critères propres », non autrement précisés.

    Relisons donc son livre dans la perspective autobiographique : comment se raconte-t-elle ? comment présente-t-elle ses relations avec sa famille et ses proches ?...

     

    3.Pays réel 1936.07.27 Naissance Anne.JPG

    Le Pays réel du 27 juillet 1936 annonce en première page la naissance, deux jours plus tôt, d’Anne, la petite sœur de Chantal Degrelle.

     

    Ce n’est que passé le milieu de son texte qu’Anne Degrelle évoque sa naissance, qui la relie directement au chef de l'Italie fasciste : « [Mon père] me raconta que le jour de ma naissance, il était à Rome et que c’est Mussolini qui lui communiqua l’heureuse nouvelle : le 25 juillet 1936. » (p. 102). Ce qu’elle ne dit pas, c’est que son nom même était un hommage au Duce puisqu’il reprenait celui d’Anna Maria, son dernier enfant, née sept ans auparavant : « J’ai passé avec [Mussolini] une huitaine de jours passionnants, presque familiaux, puisqu’il m’a annoncé lui-même la naissance de ma fille Anne, à qui j’ai donné le prénom de sa dernière fille à lui. » (Jean-Michel Charlier, Léon Degrelle. Persiste et signe, p. 175).

    Détail curieux : dans une autre interview, à Jacques de Launay, Léon Degrelle se serait trompé sur le jour de la naissance de sa fille en donnant une date plus tardive de deux jours (mais probablement ne s’agit-il que d’une erreur de transcription du journaliste-historien) : « Je l’ai vu [Mussolini] pour la première fois, trois mois après ma victoire électorale du 8 mai 1936, avec 21 sièges de députés, voyons, c’était le jour de la naissance de ma fille Anne, le 27 juillet 1936. » (Jacques de Launay, Histoires secrètes de la Belgique, 1935-1945, p. 198) !

     

    4.Chantal+Anne St-Nicolas 1943.jpg

    Drève de Lorraine, 6 décembre 1943 : les sages petites Chantal et Anne ont reçu leurs cadeaux de Saint-Nicolas. Parmi ceux-ci, un petit magasin d’épicerie a été déposé sur l’imposante malle au décor floral du XVIIe siècle trônant dans le hall d’entrée.

     

    De sa prime enfance à la Drève de Lorraine, Anne ne conserverait que de rares souvenances, mais suffisamment précises pour donner de sa maison une description quasi architecturale (en n’oubliant surtout pas l’indispensable note culpabilisatrice sur la « ruine familiale ») ; « Je me souviens comme si c’était hier que la première chose qu’on voyait en entrant dans la maison, en haut de l’escalier monumental, c’était cette Louve capitoline allaitant deux enfants, Romulus et Remus. Mon père était amoureux de la Rome impériale, passion que j’ai héritée de lui, et innombrables étaient les vestiges et témoignages de cette merveilleuse civilisation qu’on retrouvait à travers toute la maison : livres, vitrines, mosaïques, reproductions de sculptures, etc. L’art était sa passion, à l’égal de la politique qui entraîna plus tard notre ruine, mais je parlerai de cela plus tard. […] à cinq ou six ans, j’avais l’habitude d’aller explorer le reste de la maison : les salons aux meubles du XVIIIe siècle français, la salle à manger que j’examinais quand il allait y avoir un dîner important et je regardais, bouche bée, cette table merveilleusement dressée, ces fauteuils, ces lumières… Et le bureau de mon père ! Un bureau où il se rendait invisible à nos yeux. Je me souviens qu’on ne voyait pas les murs : uniquement des livres et des tapisseries flamandes […]. Je fouillais ces tapisseries en cherchant une ouverture pour entrer car la porte restait fermée… Et alors, je restais à observer ce beau monsieur, élégant, magique… mon père. Et tout à coup, il me voyait, éclatait de rire et me prenait dans ses bras. Pour quelques secondes, il était à nouveau mon père. […] Je n’ai aucun souvenir cependant de fêtes d’anniversaire, de premières communions, de vacances en famille » (p. 15).

     

    5.Chantal+Anne Bureau Drève.jpg

    Chantal et Anne s’amusent dans le bureau de leur père : leur petite table à dessin est placée devant la cheminée ; à l’arrière-plan, on distingue un impressionnant globe terrestre du XVIIIe siècle.

    Les moments heureux en famille à la Drève de Lorraine évoqués par Léon Degrelle, alors qu’Anne avait cinq ans, dans le Degrelle m’a dit de la Duchesse de Valence n’eussent-ils pas pu stimuler ses souvenirs ? D’autant plus que sont évoquées à leur appui les mêmes photos que celles dont parle Anne (p. 148, ce blog au 23 janvier 2023) : « Père affectueux, il n’avait jamais manqué, même aux heures les plus tumultueuses de son action, d’être le compagnon de ses enfants. Il jouait avec eux, leur racontait mille histoires amusantes et naïves.

    Papa, t’es un comique ! lui répétait, ravie, sa petite fille Annette.

    Il avait alors trois petites filles en vie, Chantal, Annette, Godelieve (Godelieve veut dire en flamand, petite amie de Dieu) et un garçonnet qui s’appelait Léon-Marie. Libre pendant des heures, chaque jour, Léon Degrelle courait les bois avec eux, durant ce bel été 1941, leur expliquant la vie des animaux et des plantes, leur développant de jolies légendes, ou bien jouait avec eux, plus enfant qu’eux, dans les fleurs ou les foins coupés de sa prairie. Il existe de lui de charmantes photos d’alors. Ses enfants sont blottis près de lui. » (pp.356-357).

    6.Dreve de Lorraine 1943.jpg

    Les enfants de Léon Degrelle, Annette, Godelieve, Léon-Marie et Chantal, profitent de la permission de leur papa (ici en civil, en avril 1943) pour se blottir près de lui, le temps d’une photo.

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  • Des croix gammées pour Zelensky !

     

    C’est le Paris-Match de cette semaine qui l’a révélé. Par accident toutefois, car dans son article, le poids des mots n’a pas vraiment correspondu au choc de la photo !

     

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    L’hebdomadaire français publie de fait sous le titre « Si ce n’est pas un camouflet, ça y ressemble », une photo de Philippe, roi des Belges, recevant Volodymir Zelensky pour prendre le thé autour d’une table décorée… de magnifiques croix gammées !

    Mais là n’est pas le camouflet évoqué par le magazine politiquement correct : celui-ci stigmatisait plutôt le « doigt d’honneur » qu’aurait adressé le président ukrainien à l’Union européenne puisqu’il commença sa tournée européenne par le Royaume-Uni brexité, avant de se rendre à Paris, puis seulement à Bruxelles.

    Heureusement que le souverain belge a le sens du symbole. Alors que le lourdingue Zelensky lui offrait un débris métallique d’avion pour souligner son exigence de disposer des derniers modèles de nos zincs de chasse, Philippe préféra rappeler subrepticement à son hôte quels furent ceux qui parvinrent à libérer un temps l’Ukraine du joug soviétique.

    On raconte d’ailleurs –car ce ne serait pas la première fois que, discrètement voire inconsciemment, le roi rendrait hommage au plus illustre de ses compatriotes : ce blog au 3 juillet 2020–, on raconte en effet (mais faut-il le croire ?) qu’il offrit en retour à l’Ukrainien une édition de luxe en russe (que Volodymir maîtrise parfaitement) de La Campagne de Russie de Léon Degrelle. Histoire sans doute de lui rappeler le sacrifice de tant de Belges qui, de Gromowaja-Balka à Tcherkassy, laissèrent la vie dans les champs de tournesol ensoleillés de l’Ukraine et dans ses boues glacées…

     

    Carte postale 1.JPGInnombrables furent les tombes de Légionnaires wallons en Ukraine (voir ce blog au 26 août 2022, le cimetière de la Légion à Tscherjakow, où fut enterré John Hagemans). La Légion fut sans doute la seule à ne pas occulter cette réalité cruelle dans ses cartes de propagande en la poétisant dans une photographie suggestive : la silhouette d’un Légionnaire (l’estafette Jacques Druet) se recueille ici devant les sépultures de ses camarades (Jean André, 22 ans, et Mathieu Brossel, 29 ans, tombés lors de la campagne du Donetz, les 10 et 11 juin 1942). Ci-dessous, les tombes vues de face. Léon Degrelle a dédié La Campagne de Russie « A la mémoire et à la gloire des deux mille cinq cents Volontaires belges de la Légion Wallonie, morts en héros au Front de l’Est de 1941 à 1945, dans la lutte contre le bolchevisme, pour l’Europe et pour leur Patrie. »

    Tombes André+Brossel.jpeg

     

    Nul doute que cela fut apprécié par l’ancien « humoriste » dont le sketch le plus notoirement consternant est son interprétation du tube hébreu Hava Nagila au piano avec son zizi.

    Par contre, on ne sait si le dernier Commandeur de la Légion Wallonie eût apprécié ce rappel historique en faveur d’un régime dont la corruption fait un candidat idéal à une Union européenne où la corruption règne au plus haut niveau.

    Comme, dans notre monde où l’insulte remplace le débat, tout le monde est désormais le nazi de tout le monde, il n’est pas exclu de penser qu’au nazi Zelensky, bankster décadent, le fils qu’Adolf Hitler se fût choisi eût sans doute préféré le nazi Poutine, défenseur déclaré des valeurs naturelles, à la base des sociétés, des cultures et de la civilisation européennes.

     

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    En 1993, Léon Degrelle reçut cordialement dans son appartement de Málaga le jeune trentenaire Alexandre Douguine, celui que la presse occidentale présente aujourd’hui comme le « Raspoutine de Poutine ». A l’époque, proche du GRECE d’Alain de Benoist, il était venu présenter son magazine элементы (« Elementy »), publication similaire à la revue Eléments de la Nouvelle Droite française, et parler avec lui de l’avenir de l’Europe et de la Russie. Après l’expérience électorale décevante de son Parti national-bolchevique en 1998, Alexandre Douguine se consacre à la géopolitique et théorise un eurasisme impérial qui l’amena, en 2008, à réclamer la récupération de la Crimée et l’annexion des régions russophones de l’Ukraine qui, pour lui, fait d’ailleurs partie intégrante de la Russie. Ses prises de position nationalistes radicales lui vaudront d’être visé, le 20 août de l’année dernière, par un attentat à la voiture piégée auquel il échappera, mais qui tuera sa fille Daria, elle-même politologue de l’eurasisme panslave. Selon les services de renseignement américains, la responsabilité de cet assassinat incombe à « certaines parties du gouvernement ukrainien », tout en se refusant à préciser « si le président Volodymyr Zelensky avait signé la mission »…

  • Les mémoires « effilochés » d’Anne Degrelle-Lemay

     

    V. Les lacunes historiques d’Anne…

     

     

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    Léon Degrelle a tout fait pour retrouver ses enfants, pas seulement matériellement en les accueillant en Espagne où ils firent leur vie, sauf Léon-Marie victime d’un accident mortel après quelques mois et Chantal qui était déjà mariée en France, mais affectueusement surtout. De la part d’Anne, cette affection fut-elle réciproque, spontanée et sincère ? Oui, nous affirme-t-elle avec assurance. Et nous n’avons aucune raison de ne pas la croire. Mais l’édition de cette « espèce de journal à destination de mes enfants et de mes petits-enfants » (p. 169) est-elle bien sans arrière-pensée ? Ses enfants pourraient-ils vraiment y trouver un portrait authentique de « Degrelle, L’homme qui changea [le] destin » de leur mère et grand-mère ?

     

     

    Anne Degrelle Couverture.jpgDepuis que nous avons commencé la présentation du livre de mémoires d’Anne Degrelle-Lemay, nous n’avons pu que souligner la carence et le biaisement continuels de l’information (ce blog à partir du 23 octobre 2022).

    Destiné surtout –affirme l’auteur– à mieux faire connaître à sa famille la vie, la pensée, l’idéal de leur grand-père et arrière-grand-père (« Je leur ai tant parlé de leur aïeul qu’ils veulent maintenant en savoir davantage », p. 165), ce livre ne pouvait passer sous silence la première moitié de la vie de Léon Degrelle. Encore qu’il ne dise pratiquement rien de l’enfance, des années d’université (un mot sur le journal L’Avant-Garde, un autre sur Mgr Picard et les Cristeros mexicains, p. 87)… Sur Rex, rien non plus, à part l’intérêt pour la politique sociale nationale-socialiste (p. 109, sans expliquer qu’en évoquant le régime hitlérien, la presse rexiste ne faisait alors que remplir sa mission d’information ni que le Führer y fut éreinté, pratiquement jusqu’à la capitulation de la Belgique) ou la politique de neutralité, « une clairvoyance [de la part de Léon Degrelle, qu’Anne estime] semblable à celle de Charles Maurras, un de ses grands amis »… que son père n’a –malheureusement– jamais rencontré ! (p. 110).

     

    Même si elle a la Belgique en horreur (« Je dois reconnaître que le coup de foudre n’était pas seulement pour [mon père], mais pour l’Espagne que j’aimais déjà autant sinon plus que la France et surtout que la Belgique que je haïssais depuis tant d’années pour tout le mal qu’elle fit à ma famille », p. 73), Anne se devait d’en expliquer l’originalité à ses enfants pour qu’ils comprennent mieux l’action de leur grand-père aussi bien en ce qui concerne la politique intérieure de Rex que pour le recrutement des Légionnaires du Front de l’Est. Mais là aussi, on nage dans l’imprécision et l’ignorance : « Nous savons que la Belgique se divise en deux régions, la Wallonie et la Flandre. Des cultures différentes, des langues différentes, des spécificités différentes. En Wallonie, on parle français, en Flandre le flamand, le néerlandais ainsi que l’allemand. » (p. 133). Outre que le flamand, sauf à le considérer comme un patois, est la même langue que le néerlandais effectivement parlé en Flandre, l’allemand n’est, quant à lui, parlé que dans les cantons de l’est, à la frontière allemande, c’est-à-dire enclavés en Wallonie.

     

    Anne semble également ignorer les origines françaises de son papa (une fois, p. 23, elle le présentera pourtant comme « belgo-français » : voir plus loin). Toujours est-il que, dans un texte écrit en 1949 expressément pour ses jeunes enfants dont il était séparé depuis plus d’un lustre (l’aînée, Chantal, avait quinze ans ; Anne, treize ; Godelieve, onze ; Léon-Marie, dix et Marie-Christine, cinq) et qu’Anne doit nécessairement connaître, son père ne manque pas de détailler : « Edouard Degrelle [le grand-père d’Anne] était né à Solre-le-Château, ville française, puisque l’Ardenne est coupée par la frontière belgo-française, ligne arbitraire, souvent modifiée, région pleine de simplicité et de noblesse. Elle était originaire de Gonrieux et pendant deux cents ans, avait porté le nom de cette terre. Les le Grêle de Gonrieux avaient cette devise qui fait croire qu’ils n’étaient pas costauds, mais qu’ils étaient bien décidés à vivre : Grêle est, mais croîtra ! Les Degrelle de Solre-le-Château habitaient depuis plusieurs générations une grande maison à pignons, blanche et vaste. Deux cent quatre-vingt huit Degrelle y étaient nés. Les familles étaient nombreuses, un Livre de Raison remontant à 1589 en fait foi ». (Léon Degrelle, Mon Combat, s.l., s.d., p. 20). Usmard Legros, le premier biographe de Léon Degrelle précise que 1589 est en fait l’année de naissance, à Sains-du-Nord (Avesnois), du « plus lointain ancêtre connu, Martin de Grelle » (Un homme… un chef. Léon Degrelle, 1937, p. 24).

    Degrelle Solre-le-Château.jpgMonument funéraire de la famille Degrelle dans le cimetière de Solre-le-Château (nord de la France). Cette concession à perpétuité fut élevée par Constantin-Joseph Degrelle (1784-1869), l’arrière-grand-père de Léon.

    « Mon père était d’origine wallonne. Il était né dans un beau village des Ardennes appelé Bouillon. Sa langue maternelle était le français. Et les zones aux nombreux conflits sociaux, régions minières et industrielles, étaient en terre flamande. » (p. 100) Sauf que les zones industrielles minières –à part un site dans le Limbourg flamand– se trouvent toutes en région wallonne, dans les provinces de Liège et du Hainaut, fiefs de la gauche socialiste et communiste avant de devenir terreau rexiste (c’est pourquoi l’hommage à la Légion Wallonie célébrant le succès de la percée de Tcherkassy, le 1er avril 1944, débuta à Charleroi : ce blog au 7 mars 2022).

     

    Quand Anne se mêle de l’histoire politique de son père, ce n’est pas mieux, incapable, par exemple, de situer correctement les relations de la famille Lemay avec son père :

    « Toute la famille de ma mère, à cette première époque de sa vie politique, le soutenait inconditionnellement. Elle partageait avec des milliers de personnes (âgées et jeunes, aisées ou pauvres) cette foi en un homme honnête décidé à lutter pour leurs droits. […] Mon père, un homme de principes et catholique jusqu’à la moelle, amoureux de sa Belgique natale, vit en Hitler un créateur d’hommes, un chef qui avait sorti son pays aux millions de chômeurs de la misère économique et lui avait rendu l’orgueil national après l’humiliation infligée à l’Allemagne après la Première Guerre mondiale. Mais il recherchait maintenant une expansion territoriale, couronnement de son ambition personnelle. Ce fut alors qu’en terminant l’un de ses meetings rassemblant des foules immenses, mon père lança son premier “Heil Hitler”. Pour mes grands-parents et le reste de la famille maternelle, cela signifia la rupture totale avec lui. » (p. 18).

    Sans doute parce que sa famille maternelle lui aura répété mille fois cette histoire, Anne Degrelle-Lemay se crut autorisée à revenir plus précisément sur les circonstances de la rupture de sa famille maternelle avec Léon Degrelle, les rendant du coup encore plus invraisemblables.

    C’est ainsi qu’Anne situe cette rupture des Lemay avec son père à l’époque des retentissants « Six Jours de Rex » : ils furent organisés du 19 au 24 janvier 1937 au Palais des Sports de Bruxelles et accueillaient chaque jour quelque quinze mille personnes payant chacune au moins 5 francs pour écouter Léon Degrelle :

    « Mais ce que mon père ne m’a pas dit alors et que je n’ai appris que bien des années plus tard de la bouche de ma grand-mère maternelle, c’est qu’à la fin du sixième jour, il commenta le succès de la politique hitlérienne en faisant de son chef un exemple à suivre et en exprimant ouvertement son admiration naissante pour lui. Il termina le meeting par un “Heil Hitler !” qui déclencha une polémique sauvage dans le monde politique –mais aussi citoyen– de l’époque. Mon grand-père maternel et toute la famille Lemay, jusqu’alors admirateurs de son combat aux racines profondément chrétiennes, commencèrent à l’écouter avec un certain scepticisme. » (p. 92).

     

    Pays réel 1937.01.21.JPG

    Reportage du Pays réel, le 21 janvier 1937.

     

    Plus loin, Anne confirmera les limites strictement patriotiques du soutien des Lemay, qui furent alors inexorablement atteintes (mais il ne s’agit plus du meeting « du sixième jour », c’est même le tout premier) : « C’est au cours du premier meeting qu’il commença à commenter les résultats de ce chef de l’Etat allemand. Déjà, il ne dissimulait pas son affinité avec lui aussi bien en ce qui concerne la politique intérieure que son aversion naissante qui finirait rapidement par devenir le but principal de son combat : Staline et son communisme. A partir du moment où il commença à adhérer tacitement [sic !] aux projets d’une future lutte européenne contre l’URSS emmenée par l’armée allemande –qui avait envahi son propre pays–, ses meetings se limitèrent à faire du recrutement. Dans la famille Lemay –celle de ma mère– cela provoqua un rejet total et certainement aussi dans de nombreuses autres familles qui ne pouvaient même pas imaginer laisser leurs fils aller se battre coude à coude avec l’envahisseur de leur pays, aussi noble que soit le but commun. » (p. 142).

    Tout le monde sait que le discours de Léon Degrelle se terminant par la profession de foi en l’avenir national-socialiste de l’Europe nouvelle fut prononcé le 5 janvier 1941 et non en 1937 à l’occasion des « Six Jours de Rex » : les différents thèmes traités dans les cinq discours prévus à cette occasion (le samedi était réservé à un « gala artistique ») ne pouvaient en aucun cas se clore (ni commencer !) par le salut à celui qui, à ce moment, était occupé à redresser l’Allemagne :

    - Les scandales et la révolte des citoyens
    - Rex reconstruira l’Etat
    - Justice sociale – Paix flamande
    - La jeunesse – Les valeurs morales – L’Eglise
    - Au-delà des partis : la Patrie !

     

    Pays réel 1937.01.25.JPG

    Reportage du Pays réel, le 25 janvier 1937. La photo montre Léon Degrelle et son épouse Marie-Paule, née Lemay, assistant au gala artistique de Rex, le samedi 23 janvier, organisé dans la salle de concert de la Société royale de la Grande Harmonie, peu avant sa démolition laissant place à l’actuelle place de l’Albertine, face aux bâtiments de la nouvelle Bibliothèque Royale.

     

    Si donc, après-guerre, Belle-Maman Lemay a raconté à Anne que c’est dès 1937 que son mari et sa famille prirent leurs distances avec Léon Degrelle à cause de sa proximité soudainement affichée avec l’horrible Hitler, ce ne peut s’expliquer que par leur volonté de se montrer, après-guerre et par grégarisme opportuniste, le plus antihitlérien possible.

    C’est ainsi qu’Anne rapporte la rupture des Lemay en assénant les contresens les plus invraisemblables à propos des raisons de l’engagement de son père aux côtés de l’Allemagne nationale-socialiste : « Mon père […] vit en Hitler […] un chef qui avait […] rendu à son pays l’orgueil national après l’humiliation infligée à l’Allemagne après la Première Guerre mondiale. Mais il recherchait maintenant une expansion territoriale, couronnement de son ambition personnelle. Ce fut alors qu’en terminant l’un de ses meetings rassemblant des foules immenses, mon père lança son premier Heil Hitler. Pour mes grands-parents et le reste de la famille maternelle, cela signifia la rupture totale avec lui. » (pp.17-18) Comme si Léon Degrelle avait non seulement accepté, mais cautionné à l’avance l’invasion de son pays par le Troisième Reich !

    Plus loin, Anne enfonce encore ce clou inepte pour souligner l'entêtement coupable de son père : « Je crois sincèrement qu’à cette époque déjà [août 1944], ma mère ne partageait plus les idéaux de son mari belgo-français qui combattait aux ordres d’un chef dont le seul but était de se rendre maître de l’Europe. » (p. 23).

    Anne ne peut pourtant pas ignorer les explications fournies par son père dans le document écrit en 1949 dont nous venons de parler. On y lit : « La Collaboration signifiait pour Léon Degrelle l’épanouissement de son pays dans une Europe unie et réconciliée. Il se ralliait à une politique de collaboration européenne non pas par sympathie pour l’homme Hitler et parce qu’il était allemand, mais dans la mesure où il était devenu européen et où il synchronisait toute la symphonie européenne pour en faire un chant plein de grandeur et d’harmonie. » (Mon Combat, p. 209). Prouvant qu’il ne s’agit pas d’explications a posteriori, il cite également quelques écrits de l’époque, publiés dans Le Pays réel, entre autres, celui-ci : « La rupture des carcans européens, l’organisation de l’Europe en une entité cohérente, va ramener le vieux Leo Belgicus à ses destinées nationales. Dans l’Europe d’Hitler, nous allons être une incomparable jetée de l’Europe centrale vers la mer du Nord et les Océans ; un confluent fabuleux des richesses du Continent et des autres mondes. » (Le Pays réel, 20 avril 1941).



    Pays réel 1941 08 09.pngEst-ce involontairement qu’Anne se fait tout de même l’écho des véritables raisons de l’engagement des milliers de Belges qui prêtèrent un serment de fidélité à Adolf Hitler dans la guerre contre le bolchevisme ? « J’ai expliqué les raisons pour lesquelles ils partirent pour le front de l’est : avant tout, pour recouvrer des droits pour leur pays, pour le représenter avec honneur et, en définitive, pour lutter pour l’Europe. » (p. 142).

    Mais les Lemay constituant désormais sa famille de prédilection, elle est bien obligée de leur donner raison en approuvant leur condamnation anticipative (et patriotique !) de la participation des rexistes et autres partisans de l’Europe nouvelle à la croisade antibolchevique aux côtés des Allemands ayant envahi la Belgique !

    Mais cela ne serait-il justement pas le tout premier chef d’accusation qui valut la condamnation à mort par contumace de Léon Degrelle par le Conseil de Guerre de Bruxelles, le 27 décembre 1944 ? A savoir « Avoir porté les armes contre la Belgique et ses alliés » ? Sauf qu’il fallut quand même attendre un arrêté-loi pris à Londres le 17 décembre 1942, pour déclarer les soviétiques alliés de la Belgique, c’est-à-dire près d’un an et demi après l’entrée en action de la Légion Wallonie et Léon Degrelle, et neuf mois après l’arrivée du second contingent emmené par John Hagemans (ce blog au 26 août 2022) !…

    [Ici, nous ne résistons pas à l’opportunité de vous présenter un petit intermède qui serait comique s'il n'était malséant, offert par le clown Proprof de l’Université de Liège, l’inénarrable Besace (ce blog au 30 juin 2016) qui avait déjà minimisé les atrocités de l’épuration en parlant d’excès aux limites acceptables et des pistolets-mitrailleurs de la Résistance qui partaient tout seuls (ce blog au 8 novembre 2019). Ici, il s’étouffe à l’idée qu’on puisse ne pas trouver judicieuses ces lois rétroactives et nous propose donc son « regard particulier » sur le sujet : « Les arguties juridiques invoquées par les combattants de l’Est quant au caractère rétroactif de la législation qui leur était appliquée parce qu’une circulaire interprétative étendait à l’URSS la notion d’ “allié” de fait, ne tenaient guère devant une évidente réalité : endosser le feldgrau quelques mois après l’invasion [en fait, quinze mois quand même, soit le quart de la durée de toute la guerre !] était un péché contre l’esprit bien plus que contre un article du Code pénal. » Il suffisait d'y penser ! Et de promulguer cet ajout dogmatique au Décalogue ! (Francis Balace, “Collaboration et répression en Wallonie : un regard particulier ?”, in Collaboration, répression, un passé qui résiste, Sous la direction de J. Gotovitch & Ch. Kesteloot, p. 53).]

    Malheureusement pour Anne Degrelle-Lemay, nous savons que le patriotisme de sa famille privilégiée fut pour le moins à géométrie variable, notamment par la lettre de Léon Degrelle à l’avocat des Lemay, Jean Thévenet (20 mars 1954) ; le seul Lemay a y être traité positivement est d’ailleurs son beau-père Marcel Lemay, l’époux de Belle-Maman, décédé à l’orée de la guerre et qu’il y appelle son « ami charmant ». On y apprend, entre autres, que Belle-Maman Lemay ne trouvait apparemment pas inconvenant de s’afficher au bras de son gendre « incivique », jusqu’au moins… 1944 et que le fils aîné, Marc Lemay, apporta la bénédiction de sa famille aux volontaires du premier contingent de la Légion Wallonie en partance pour le front de l’Est, le 8 août 1941 ! (ce blog au 20 décembre 2022).

     

    Départ 8 août Gare Nord.jpeg

    L’aîné des fils Lemay ne fut pas seul à venir saluer, le 8 août 1941, à la Gare du Nord de Bruxelles, le départ des nouveaux Croisés pour leur combat sacrificiel contre la menace bolchevique sur l’Europe.

     

    Nous verrons ailleurs (quand nous parlerons de Jeanne Degrelle-Brevet) que Léon Degrelle pouvait parfois s’agacer des lacunes historiques de sa fille. Aussi pourrions-nous nous réjouir que tout ce qui concerne la vie militaire de son père soit directement tiré de ses propres livres. Mais nous allons vite déchanter.

    Les livres de son père lui sont bien sûr l’occasion de célébrer son courage et sa valeur militaire : « Il ne pouvait passer inaperçu. Il s’attira rapidement le respect non seulement de ses hommes, mais aussi des autorités allemandes qui surent voir en lui un soldat courageux, un grand stratège emmenant ses hommes avec courage et intelligence à des victoires et des conquêtes de villes et de régions d’importance capitale sur la route vers Moscou. Des victoires qui lui valurent une ascension fulgurante dans la hiérarchie et les décorations militaires. Les pages de son livre uniquement consacrées aux combats, aux misères, aux tragédies, aux souffrances atroces, je ne vais pas les mettre dans ces mémoires. Ce que je veux souligner, c’est le courage de ce soldat qui parvint à être un des commandants militaires les plus admirés par ses hommes et par les plus hautes autorités allemandes. Elles le respectaient. Il pouvait leur parler d’égal à égal. […] Les décorations étincelant sur son uniforme d’officier rendaient justice à ses progressions régulières dans le commandement militaire. […] J’avais seulement sept ans. Bien qu’on nous tînt, nous les enfants, à l’écart de ces événements, nous savions que nous avions un père qui était un HEROS pour notre entourage. Et quand nous avions l’occasion de le voir entre des meetings et des réunions, l’affection qu’il nous prodiguait compensait les longues absences que nous devions subir. Je possède toujours des photos attachantes de ces rencontres éphémères, dont une, en particulier, sur l’escalier de notre maison de la Drève de Lorraine » (pp. 146 et 148).

     

    LD Drève Anne+Léon-M.+God..jpgEst-ce une des photos dont parle Anne ? En permission après la bataille de Tcherkassy et sa réception par le Führer lui octroyant la croix de Chevalier de la Croix de Fer, Léon Degrelle pose sur les marches de sa villa de la Drève de Lorraine avec Anne, Léon-Marie et Godelieve (février 1944).

    Mais ce que saluera surtout Anne Degrelle-Lemay tout au long de ses citations, c’est le talent littéraire de son père :

    « On devrait étudier le livre de mon père, “La Campagne de Russie”, dans les facultés d’Histoire, sinon de Lettres, car c’est une page de l’histoire de l’Europe et, qui plus est, magnifiquement écrite. Ce n’est pas Victor Hugo, mais c’est un grand auteur. […] “La Campagne de Russie”, cette grande épopée écrite en un français magnifique et traduite en de nombreuses langues, ne cessera jamais d’apparaître dans mes commentaires sur la personnalité de mon père, qui n’était pas seulement un simple soldat, mais un être humain aux profondes racines chrétiennes. […] C’est sur le front du Dnieper que commença l’immense odyssée de cette guerre cruelle, qu’il a magnifiquement racontée dans son livre “La Campagne de Russie”. Je reconnais que la lecture de ce livre ne m’attirait pas dans l’absolu, mais je l’ai terminé fascinée, stupéfaite non pas tant par l’aventure de ces hommes, mais pas la beauté des descriptions de chaque recoin, de chaque village, de chaque rivière, de chaque bois de cet immense et merveilleux pays qu’est la Russie. Ces six cents pages reflètent une lutte acharnée, traversant les régions et les localités aux noms imprononçables pour moi. […] Maintenant que je me suis attelée à la tâche d’entrer dans les pages de ce livre, je me sens difficilement capable de pouvoir refléter le sentiment qui m’envahit et l’admiration pour cet écrivain capable de transmettre de manière magistrale l’état d’âme de ces milliers d’hommes dont il était devenu responsable. […] Le Donetz, le Dnieper, le Caucase, l’Ukraine n’ont plus de secrets pour moi. Cette envie qui m’a prise d’écrire pour partager quelque chose de mes souvenirs m’a amenée à plonger dans la lecture de sa fameuse “Campagne de Russie”. Elle m’a passionnée, émerveillée ; elle m’a fait pleurer… ou sourire car, au milieu de tant de malheurs, ce génie de la plume trouve toujours le mot juste, la pointe sarcastique qui vous éloigne pour une seconde du récit dramatique et si souvent sanglant. […] Chaque description, comme sortie de la palette d’un peintre, parlait avec une sensibilité quasi hors de propos au milieu de cet enfer, de paysages enneigés, de bois dont les branches couvertes de givre brillaient à la lumière du soleil couchant. Des pages d’une beauté absolue : un baume pour le cœur et l’esprit. […] En lisant entre les lignes, je ressens l’angoisse spirituelle qui l’étreignait, lui si croyant, face à tant d’horreur et de morts. Mais “La Campagne de Russie” demeure l’épopée de sa vie qui attire le plus ses adeptes. Alors que pour moi, c’est elle qui a causé le plus de traumatismes dans ma vie. » (pp. 141 et 144-146).

     

    Almas ardiendo1-horz.jpg

    « Le livre peut-être le plus connu en Espagne parmi ses œuvres spirituelles est “Les âmes qui brûlent”, avec une introduction et la traduction de Don Gregorio Marañón, édité dans les années 50. » (p. 166). Première édition d’Almas Ardiendo (jusqu’à aujourd’hui, il y en eut plus d’une douzaine !) aux éditions La Hoja de Roble (« La Feuille de Chêne », avec une « Ilustración de M. A. Dans » : pourrait-il s'agir d'une aquarelle de la célèbre peintre naïve espagnole María Antonia Dans, 1922-1988 ?) fondées à Lora del Rio par Léon Degrelle en 1954. Ci-dessous, l’édition proposée par le président de l’Asociación Cultural Amigos de Léon Degrelle, José Luis Jerez Riesco, en 2009 (avec une photo de couverture inexplicablement inversée et déformée : voir la photo originale ci-avant). Dans des « Paragraphes préliminaires », il propose une méditation sur Les âmes qui brûlent/Les âmes ardentes, inspirée par les Pères de l’Eglise, les philosophes grecs et romains ainsi que la réflexion spirituelle de José Antonio ; il donne aussi de précieux renseignements sur les premières éditions de cet ouvrage, aussi bien en français qu’en espagnol. Actuellement épuisée, le texte de cette édition peut se télécharger (malheureusement sans les Préliminaires de José Luis Jerez Riesco ni le Prologue de Gregorio Marañon).

    Almas ardiendo3.jpg

     

    « Je ne veux cependant pas terminer mon histoire sans consacrer quelques pages au Léon Degrelle poète, philosophe et écrivain, car ce sont les aspects de sa vie que j’ai le plus admirés. Doté d’une grande sensibilité, il a abordé magistralement des thèmes aussi délicats que l’amour, la beauté, la célébration de sa terre natale qui a abouti à “La Chanson ardennaise”. Il n’a jamais perdu la foi en Dieu. Elle le poussa à écrire “Je te bénis ô belle mort”, des poèmes inspirés par l’œuvre de Sainte Thérèse d’Avila. Je les ai gardés longtemps sur ma table de nuit. […] Je conserve dans ma bibliothèque un espace spécial pour diverses brochures, soigneusement éditées, de vers et de réflexions qui montrent un homme profondément spirituel. L’une d’elles est intitulée “Aux mauvais jours” et fut écrite à l’hôpital de Saint-Sébastien en 1945… Une vraie relique. Chaque fois que je la lis, une immense tristesse m’envahit. Dans son long exil, ce qui l’a sauvé, ce fut l’intense vie intellectuelle qui ne l’abandonna jamais. […] Sa plume fut ce qui le sauva mentalement durant son long enfermement dans un sous-sol obscur et, plus tard, lorsqu’il commença à aller mieux, chez notre chère Clarita. C’est chez elle qu’il trouva la paix nécessaire pour continuer à écrire, entre autres, sa “Campagne de Russie”. Il ne répondit jamais à mes questions : que faisais-tu ? de quoi vivais-tu ? Tout ce que je sais, c’est qu’il n’arrêta jamais d’écrire, de la poésie, de l’histoire, tous ces livres magnifiques qui remplirent sa vie en exil. » (p. 166).

    Remarquons au passage que jusqu’à la dernière page de ses mémoires, Anne Degrelle-Lemay aura été incapable de trousser le moindre compliment (ici, sur le précieux don poétique de son père) sans l’assortir de remarques fielleuses sur l’origine de son argent !...

    Mais ces considérations paraîtront bien anodines face aux remises en question d’événements historiques rapportés dans les livres autobiographiques du Commandeur de la Légion Wallonie !

    Rappelons-nous qu’Anne n’a pas hésité pas à traiter son père de « raconteur de carabistouilles » (traduction élégante de « narrador embaucador », termes désignant un narrateur filou, trompeur, escroc, p. 93 ; ce blog au 23 octobre 2022). Elle va maintenant lui attribuer une nouvelle calembredaine… Ou, plutôt, elle va avaliser la thèse des hyènes de l’histoire sur la relation unique développée par Adolf Hitler envers Léon Degrelle. Et ce, à propos de la fameuse phrase « Si j’avais un fils, je voudrais qu’il fût comme vous. » (ce blog aux 12 mai 2016, 21 juin et 20 juillet 2018).

    « Il nous a souvent raconté que Hitler lui avait dit “Si j’avais un fils, j’aimerais qu’il soit comme vous”. Moi, je le regardais et lui, il me souriait. Il connaissait mon scepticisme. J’ai toujours été difficile à convaincre. Mais peut-être que c’était vrai… » (p. 154).

     

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    Pour Anne Degrelle-Lemay, l’insigne proximité manifestée par Adolf Hitler envers son père, Léon Degrelle, ne relèverait que d’une fiction romanesque que sa sagacité « cartésienne » serait parvenue à détecter !...

     

    Le regard d’Anne et le sourire de son père tels qu’ici rapportés ne sont pas un regard de confiance et un sourire de bienveillance. Non, le scepticisme qu’aurait ainsi, comme toujours, brandi Anne face aux affirmations de son père rend au contraire son regard dubitatif, sinon incrédule, tandis que le sourire avec lequel aurait répondu son père manifesterait une connivence avec sa fille, tellement « cartésienne » qu’il en reconnaîtrait ainsi sa lucide perspicacité ! Certes, elle ajoute « peut-être que c’était vrai », mais dans ce contexte, comme elle l’a dit ailleurs, cela ne se pourrait que si l’on acceptait de « prendre des vessies pour des lanternes » (p. 93 ; en espagnol : « comulgar con ruedas de molino », communier avec des meules de moulin [à la place d’hosties] !).

    Mais qu’en est-il en réalité ?

    Le récit de la célèbre phrase que le Führer adressa au fils qu’il se choisit est très précisément extrait –nous dit Anne Degrelle-Lemay– de La Campagne de Russie de Léon Degrelle (et présenté d’emblée comme un récit « romanesque » ; nous citons le texte tel que donné par Anne et expliquerons ensuite nos soulignages) :

    « Dans son livre “La Campagne de Russie” [Anne donne le titre en français], il raconte, comme dans un roman, l’aventure de sa rencontre avec Hitler : “17 février. Nous nous étions retrouvés, vainqueurs, de l’autre côté de la rivière Lisyanka. Nous étions sauvés. Nous avions gagné. Le lendemain, notre immense colonne était en marche depuis quelques heures, protégée par les blindés du général Hube. Un petit avion décrivait des cercles au-dessus de nous et finit par atterrir près de nous. C’était un appareil de reconnaissance envoyé par Hitler. Il était à ma recherche. Aussitôt, mes soldats me hissèrent dans l’avionnette. Je traversai, en quatre heures de vol, le sud puis tout l’ouest de la Russie. A la nuit tombée, j’atterrissais à l’aéroport du G.Q.G. Mais dans quel état ! L’uniforme en lambeaux, déchiqueté par tant de corps à corps. Himmler me donna une chemise propre et fit en sorte qu’on arrange ce qu’il restait de mon uniforme. En échange, je laissai dans sa belle salle de bain d’énormes poux furieusement anthropophages. Puis il m’emmena dans sa voiture verte, à une heure du matin jusqu’au lieu de rendez-vous avec le Führer. Je vois encore Hitler s’avancer vers moi, me serrer contre lui et… me remettre le Collier de la Ritterkreuz qui était alors –il ne faut pas l’oublier– la décoration la plus élevée de l’Armée allemande. Il me prit les mains entre les siennes et me dit simplement : “Je me suis fait tant de soucis pour vous !” Je me retrouvais là, près de Hitler, dans sa cabane rustique, devant une cheminée où quelques bûches crépitaient. En quittant son bureau, nous nous réunîmes avec quelques maréchaux dans un salon voisin pour fêter avec une bouteille de champagne –lui qui n’aimait pas les boissons alcoolisées– la victoire de Tcherkassy.”

    Il nous a souvent raconté que Hitler lui avait dit “Si j’avais un fils, j’aimerais qu’il soit comme vous”. Moi, je le regardais et lui, il me souriait. Il connaissait mon scepticisme. J’ai toujours été difficile à convaincre. Mais peut-être que c’était vrai… » (pp. 153-154).

    Campaña de Rusia.JPGLe problème est que le texte fourni par Anne Degrelle-Lemay n’est en rien extrait de La Campagne de Russie, ni de la version espagnole La Campaña de Rusia qui en est la traduction fidèle. D’où vient-il ? Et pourquoi remplace-t-il la version donnée dans l’œuvre originale, « cette grande épopée écrite en un français magnifique » quasiment digne de Victor Hugo (voir ci-avant) ? Voilà qui jette quand même un sérieux doute sur la sincérité de l’appréciation du talent littéraire de son père exprimée par Anne…

    Le texte choisi n’est en effet aucunement littérairement travaillé par son auteur : il s’agit de la retranscription des interviews données par Léon Degrelle à Jean-Michel Charlier, que celui-ci a publiées en 1985 dans Léon Degrelle : persiste et signe (éditions Jean Picollec ; nous citons le texte français d’après ce livre). Le texte cité par Anne se trouve aux pages 331-332 (pp. 313-314 de l’édition espagnole Léon Degrelle firma y rubrica, Ediciones Dyrsa, 1986).

    Mieux, –ou plutôt pire !–, Anne Degrelle-Lemay s’est permise de corriger des expressions et de réécrire des tournures ou des passages entiers : c’est ce que nous avons souligné dans notre citation de son livre, comme si c’était la version corrigée par ses soins qui, en réalité, méritait les éloges !

    Firma y rubrica.jpeg
    C’est ainsi, par exemple, qu’elle corrige en « petit avion », « avion-cigogne », traduction du surnom donné à cet avion de reconnaissance construit pas l’ingénieur Gerhard Fieseler et dont le train d’atterrissage surélevé lui valut d’être appelé Storch (cigogne). Elle change aussi « chars » en « blindés », « champ d’aviation » en « aéroport » ou « quelques centaines de gros poux russes » en « énormes poux »… Elle ajoute des phrases inutiles (« Nous avions gagné ») et se permet aussi de réécrire tout le passage relatif à la réception au champagne que Léon Degrelle avait écrit de la sorte ; « Sortant de son bureau, je m’étais à peine attablé dans un salon voisin avec ses maréchaux qu’il [Adolf Hitler] avait surgi une bouteille de champagne au bout de chaque bras, nous les apportant pour festoyer, lui qui détestait les boissons alcoolisées ! » (La Campagne de Russie, p. 336).

    Malheureusement, la seule chose qu’elle ne change pas, c’est l’erreur de transcription qui se trouve tout au début de la citation : « Nous nous étions retrouvés, vainqueurs, de l’autre côté de la rivière Lisyanka. »

    Lisyanka n’est pas une rivière, mais une ville (qui donne d’ailleurs son titre à un chapitre de La Campagne de Russie : pp. 314-322 ; pp. 149-153 de l’édition espagnole). C’est Jean-Michel Charlier qui commet l’erreur en retranscrivant les paroles de Léon Degrelle qui avait sans doute parlé de « la rivière de Lisyanka ». Dans La Campagne de Russie, il explique d’ailleurs que le moment-clé de la percée de Tcherkassy fut le passage de la rivière traversant cette ville : « Nous nous dépêtrâmes dans la neige épaisse et descendîmes le long de la route. Nous finîmes par atteindre, au cœur de Lysjanka, la rivière, très large, gonflée, ourlée de crêtes de glace. » (p. 322). Cette rivière, c’est le Gniloï-Tikitch.

    Mais là, bien sûr, n’est pas le plus important. La scène que rapporte Anne représente la rencontre qu’Adolf Hitler a voulue en faisant chercher Léon Degrelle par son avion personnel sur le front le 20 février 1944. Or ce n’est pas à cette occasion que le Führer a prononcé la fameuse phrase où il se reconnaissait un fils spirituel en Léon Degrelle. C’est six mois plus tard, le 27 août 1944, comme il le souligne justement dans ses entretiens avec Jean-Michel Charlier, source privilégiée d’Anne, mais qu’elle ignore ici : « Hitler, en m’étreignant la main dans ses deux mains, pensait-il qu’au-delà de ses forces qui s’épuisaient, à force de travail, j’étais là, jeune lion ? Six mois plus tard, il me dirait la phrase célèbre : Si j’avais un fils, je voudrais qu’il soit comme vous ! Dès février 1944, il avait décidé que je porterais l’étendard de l’Europe nouvelle en Occident. Il me faisait recevoir officiellement à Paris. » (Persiste et signe, p. 337 ; p. 319 de l’édition espagnole).

    Et cette nouvelle rencontre –à nouveau voulue par Adolf Hitler en faisant encore chercher Léon Degrelle par son avion personnel sur le front– est également parfaitement documentée dans La Campagne de Russie (pp. 377-381 ; pp. 180-183 de l’édition espagnole) : « Hitler avait repris une vigueur nouvelle. […] Il me décora. Puis il me guida vers une petite table ronde. […] Son œil brillait de bonne humeur. Il se lança avec passion dans un débat sur l’avenir du socialisme. Son visage, admirablement soigné, frémissait. Ses mains fines et parfaites avaient des gestes élémentaires mais ardents, compagnes vivantes de l’orateur. […] Au moment du départ, comme s’il eût voulu graver à jamais dans mon cœur un souvenir plus personnel, Hitler revint me prendre la main dans ses deux mains : “Si j’avais un fils, me dit-il lentement, affectueusement, je voudrais qu’il fût comme vous…” »

    Cette reconnaissance d’un étranger à l’insigne proximité spirituelle s’exprima à peine un mois après la tentative d’assassinat perpétrée, le 20 juillet 1944, par des officiers allemands félons…

    Alors, d’où vient la mise en doute par Anne de la phrase d’Adolf Hitler ? Et, pour mieux l’étayer, pourquoi avoir placé tout le récit de la rencontre de son père avec le Führer (sans être capable de choisir la bonne date !) dans la fiction d’un roman qu’elle se permet de réécrire ?

     

    Vermeire Charleroi 01.04-horz.jpg

    « Le lieutenant Jean Vermeire donne le ton. Lui, porte une veste de général privée d’insignes et une culotte de cheval mauve que, de Frédéric II à Keitel, nul ne découvrit jamais dans l’armée allemande. » (Saint-Loup, Les SS de la Toison d’Or, Presses de la Cité, p. 81).

    « Un petit détail amusant, c’est que lors d’un de nos premiers rassemblements au camp de Regenwurmlager, le major Bode avait dit, à bien haute voix, en voyant Vermeire pour la première fois : Was ist den das für ein Operetten Offizier ! Et c’est certes la raison pour laquelle Vermeire ne manquait plus jamais la moindre occasion pour critiquer le major Bode. » (Fernand Kaisergruber, commentaire dactylographié sur le livre de Jean Mabire, Légion Wallonie, Au front de l’est, 1941-1944, Presses de la Cité).

     

    Outre que nous avons vu l’irrésistible propension d’Anne Degrelle-Lemay à semer partout les graines morbides de sa méfiance et de ses soupçons, une origine de la remise en cause particulière de la phrase historique du Führer pourrait bien être le SS-Hauptsturmführer Jean Vermeire. Son incommensurable orgueil fut en effet cruellement blessé, non seulement par le refus constant de Léon Degrelle de le reconnaître officiellement comme son « bras droit » (« J’en ai déjà un, ça me suffit ! » plaisantait-il, mi-moqueur, mi-agacé), mais aussi par celui de son épouse Jeanne Degrelle-Brevet de lui confier les drapeaux de la Légion, après le décès du Commandeur (ce blog au 17 janvier 2016).

    C’est en effet à partir de la disparition de son Chef que Jean Vermeire entreprit d’écorner sa « légende », notamment en remettant en question la réalité de la fameuse phrase (ce blog au 21 juin 2018).

    En 2008, en participant au documentaire de Philippe Dutilleul, Léon Degrelle ou la Führer de vivre, il échafauda l’impossibilité mentale pour Adolf Hitler d’avoir même imaginé prononcer pareille phrase à l’adresse d’un étranger. Comme si cet officier par usurpation (nous nous expliquerons plus tard sur ce terme), qui n’a jamais pu même voir le Führer autrement qu’en image, avait quelque compétence historique ou psychologique l’autorisant à se mettre à sa place…

    « Il voulait avoir un fils ? Le fils d’un Belge ? C’est pas des phrases à répéter !... Ça ne tient pas debout ! Ça m’a toujours heurté… Et on reprend cette phrase… on reprend cette phrase… tout le temps… tout le temps…

    Hitler s’est avancé vers Degrelle et il lui a dit textuellement : “Ich habe mich grosse Sorge gemacht”, “Je me suis fait des grands soucis”. [Il exhibe un papier] Voilà ! Et ça, moi, j’ai reçu ce texte, après, par Gille. Après, parler du fils d’Hitler… C’était un affront à tous les jeunes de l’Allemagne ! Il y avait d’autres héros tout de même !... Donc il n’a pas dit ça ! Ce n’est pas possible ! C’est… c’est… c’est égoïstement inventer l’histoire qui obligeait toute l’Allemagne… Et nous alors ? Qu’est-ce qu’on devient là-dedans ???... Mais je lui ai demandé plusieurs fois : je dis, mais… “Ohhhhh…, il m’a dit, ben… oh là là… j’ai été reçu comme un fils.” Voilà, je dis, la légende ! »

     

    Vermeire papier Gilles.JPGDans le film de Philippe Dutilleul, comme preuve que jamais Adolf Hitler n’aurait pu dire à Léon Degrelle que s’il avait un fils, il aimerait qu’il soit comme lui, Jean Vermeire présente sa source en agitant une grande feuille blanche devant la caméra (capture d’écran du film-documentaire Léon Degrelle ou la Führer de vivre donnant « la parole aux derniers témoins directs et proches de Léon Degrelle »).

    Mais la caméra prend bien soin de ne pas filmer son contenu en gros plan. Il s’agirait pourtant d’un document intéressant, prétendument écrit par le Generalleutnant Herbert Otto Gille, commandeur de la 5. SS-Panzerdivision Wiking, affirmant qu’à la réception à laquelle il fut convié avec Léon Degrelle à la Wolfschanze du Führer, ce dernier n’aurait fait qu’exprimer son inquiétude sur le sort des Wallons. Nous le croyons bien volontiers, car le général Gille fut convié au Quartier Général de Hitler avec les principaux Commandeurs ayant assuré le succès de la percée de Tcherkassy. Ce qui veut dire qu’il parle de la rencontre du 20 février 1944 et non de celle du 27 août, qu’il ne fait donc que confirmer ce que Léon Degrelle a toujours dit (notamment dans La Campagne de Russie, p. 328) et qu’il nous aurait vivement intéressé de connaître l'intégralité de ce compte rendu. Pour sa part, Léon Degrelle a écrit : « le Führer s’était avancé vers moi, m’avait pris la main droite dans ses deux mains et l’étreignait avec affection. […] je ne sentais que ses deux mains qui pressaient la mienne, je n’entendais que sa voix, un peu rauque, qui m’accueillait, me répétait : “Vous m’avez donné tant d’inquiétude !..” ». Le scoop de Vermeire n’est donc qu’un mensonge (mais le personnage en est coutumier !). On se demande d’ailleurs s’il a effectivement rencontré le général Gille pour lui commander un procès-verbal des propos d’Adolf Hitler à Léon Degrelle ! Surtout que, pour des raisons de simple chronologie, il ne pouvait de toute évidence concerner la phrase qui « heurte » tant Vermeire et lui servir à convaincre Léon Degrelle d’affabulation… On regrettera donc qu’il n’ait pas harcelé plutôt le général Felix Steiner qui était, lui, bien présent le 27 août (c’est lui qui est sur la photo que nous publions plus avant entre Adolf Hitler et Léon Degrelle) !

    Ci-dessous, une photo officielle des commandeurs qui furent reçus par le Führer, le 20 février 1944 : de gauche à droite, Herbert Otto Gille, Theo-Helmut Lieb et Léon Degrelle, reçus à Berlin par le chef de la presse du Reich, le Dr Otto Dietrich.

     

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    « Ça ne tient pas debout » ? Et les préoccupations constantes d’Adolf Hitler vis-à-vis de Léon Degrelle depuis leur première rencontre du 26 septembre 1936 jusques et y compris les derniers moments dans le Führerbunker (tous les détails sur ce blog au 21 juin 2018) tiennent-elles debout ?

    « Il y avait d’autres héros tout de même » ? D’innombrables, en effet ! Mais y en eut-il un seul autre que Léon Degrelle –qu’il soit Allemand ou Volontaire étranger – que le Führer fît rechercher sur le front par son avion personnel pour le recevoir personnellement, –et ce, à deux reprises !–, lui remettre les plus hautes décorations militaires et s’entretenir particulièrement avec lui ? Et où serait l’affront aux jeunes de l’Allemagne (surtout de la Waffen SS, composée par ailleurs à plus de 70% de camarades non-Allemands) quand l’élite du commandement militaire allemand de la Wehrmacht avait cherché à assassiner son chef suprême en pleine guerre ?...

    Nous ne commenterons pas davantage cette indécente prétention de Vermeire de faire la leçon (post mortem !) à son Chef, d’oser l’accuser d’égoïsme, de se mettre outrageusement dans la peau d’Adolf Hitler et des jeunes soldats allemands et de se plaindre péniblement qu’on ne fasse pas davantage cas de lui et, accessoirement, des autres Bourguignons : nous avons eu l’occasion de dire ce que nous en pensions sur ce blog le 21 juin 2018. Mais nous laisserons à un autre Volontaire wallon, du Second contingent du 10 mars 1942, Raymond Van Leeuw, le soin de dire ce qu’il faut définitivement penser de celui qui bâtit toute se carrière militaire sur le mensonge de son grade !

    Raymond Van Leeuw fut, lui, le véritable homme de confiance de Léon Degrelle dont il organisa le secrétariat lorsqu’il le rejoignit en Espagne : nous citerons des extraits de lettres qu’il envoya à Anne Degrelle ainsi qu’à son mari Servando Balaguer : il nous faudra en effet à nouveau parler du rôle néfaste de Vermeire à l’occasion de la disparition du Commandeur de la Légion Wallonie et dont sa fille ne souffle mot (voir la dernière partie de notre présentation de son livre L’homme qui changea mon destin).

    Le travail de sape concernant la relation entre Adolf Hitler et Léon Degrelle mené avec opiniâtreté par Jean Vermeire après 1994 est intéressant à suivre car il permet d’établir un parallélisme assez précis avec ce qu’on peut lire chez Anne Degrelle-Lemay.

    Pieterjan Verstraete.jpegC’est ainsi qu’il amena l’historien flamand Pieter Jan Verstraete à écrire dans sa biographie de Léon Degrelle : « Que Hitler, à l’occasion de cette troisième rencontre [le 27 août 1944] avec le vaniteux Degrelle, ait dit : “Si j’avais un fils, je voudrais qu’il soit comme vous”, cela s’est avéré, des années plus tard, n’être qu’une invention. Selon son ami intime Vermeire, le Führer aurait simplement dit qu’il s’était fait de “grandes inquiétudes” sur le sort de Degrelle et des siens sur le front. » (Le beau Léon. Léon Degrelle, Aspekt, 2010, p. 121).

    Remarquons que pour donner du poids à son scoop, Vermeire s’est présenté comme un « intime » de Léon Degrelle, et même comme son « ami » (mon Dieu, est-il encore besoin d'ennemis avec de pareils amis ?) ! C’est également en termes semblables qu’Anne nous le présente : « Jean Vermeire qui était un de ses grands confidents » (p. 140).

    Notons aussi en quoi consiste la correction de l’histoire que Vermeire offre à Verstraete : ce n’est pas « Si j’avais un fils… » que le Führer aurait dit à Léon Degrelle ; il aurait seulement fait part de ses « grandes inquiétudes ». Du coup, lorsque l’historien flamand, pour raconter la rencontre précédente, celle du 20 février 1944, s’en remet à ce que le Commandeur de la Wallonie a écrit dans La Campagne de Russie, il publie le texte en prenant soin –tout comme Anne– de supprimer le passage où Adolf Hitler fait part de son inquiétude à Léon Degrelle : pour justifier l’intervention de Vermeire, ce détail doit en effet disparaître puisque le créateur de fake news le situe… six mois plus tard !!!

    Anne Degrelle-Lemay pense sans doute faire la même chose en citant le récit de la réunion du 20 février 1944 qu’elle place, sans le dire, au 27 août 1944 afin d’établir que la seule chose exprimée par Adolf Hitler ce jour-là fut, comme le prétend Vermeire, son inquiétude et non pas sa confidence toute personnelle.

    « Mais peut-être que c’était vrai… » Le coup de pied de l’âne, qui ne veut pas dire son nom !...

    Jean Vermeire ne publia jamais rien, mais, dès qu’il se rendit compte, après la disparition de Léon Degrelle, qu’il ne réaliserait jamais son objectif de s’emparer des drapeaux de compagnie dessinés par John Hagemans pour la Légion (ce blog au 17 janvier 2016), il s’efforça d’influencer négativement ceux qui pensaient pouvoir recourir à ses « souvenirs » et à sa compétence comme à une source fiable de première main.

    En ce qui concerne Anne Degrelle-Lemay, cela alla même plus loin puisqu’elle s’en remit à lui pour la dispersion des cendres, s’en servit pour contester les dernières volontés testamentaires de son père et l’appuya dans l’affaire des drapeaux : nous aurons l’occasion d’y revenir dans notre dernier examen des mémoires effilochés d’Anne Degrelle-Lemay.

     

    Vermeire urne Führer de vivre.JPG

    L’ancien SS-Hauptsturmführer Jean Vermeire n’hésita pas à exhiber l’urne funéraire vide de Léon Degrelle devant la caméra de Philippe Dutilleul pour son documentaire Léon Degrelle ou la Führer de vivre en affirmant mensongèrement avoir respecté les dernières volontés du défunt (ce blog aux 17 janvier 2016 et 31 mars 2019). Il refusa toujours de rendre cette relique à l’épouse de son Chef, Jeanne Degrelle-Brevet.

  • Les mémoires « effilochés » d’Anne Degrelle-Lemay

     

    IV. Des bribes et des morceaux…

     

    1 Anne + Léon Madrid 2.jpg

    Comme elle le précise dans ses mémoires, Anne Degrelle-Lemay n’écoute son père qu’avec un esprit « plus critique que favorable » (p. 128)…

     

    2 Anne Degrelle Couverture.jpgQuand nous avons appris la nouvelle de la publication du petit livre d’Anne Degrelle-Lemay, Degrelle, L’homme qui changea mon destin (ce blog au 29 juin 2022), nous avons réellement cru que nous aurions enfin accès à l’histoire véritable des années d’exil du plus célèbre condamné à mort de Belgique (27 décembre 1944). De celui qui, déchu de la nationalité belge en 1944, vit, par deux fois de son exil heureusement inaccessible à la persécution des « épurateurs » belges, les délais légaux de prescription prolongés expressément pour son seul cas (Lex Degrelliana de 1964, renouvelée en 1974), fut déclaré « étranger indésirable » (1974) et « interdit de séjour » (1984). Et alors que le mausolée de Mussolini ne dérange personne à Predappio, les cendres de Léon Degrelle, dans la foulée de son décès (31 mars 1994) furent immédiatement frappées –fait unique dans l’histoire de la Belgique– d’interdiction d’accès au territoire belge par un arrêté royal spécial pris en urgence par Albert II (18 avril 1994) : en effet, pour les éternels haineux, « la présence sur le territoire belge des restes mortels de Léon Degrelle est incontestablement de nature à provoques des troubles à l’ordre public » (Moniteur belge du 23 avril 1994) !!!

     

    3 Moniteur 18 avril 1994 Cendres LD.jpeg

     

    Cette multiplication des artifices juridiques pour persécuter Léon Degrelle n’est cependant rien face à l’acharnement des autorités politiques et judiciaires belges pour obtenir son extradition –c’est-à-dire l’exécution de sa condamnation à mort– et, accessoirement, pour empoisonner son existence en exil.

     

    Mais des conditions de vie de son père, malheureusement, Anne Degrelle ne souffle pratiquement pas mot. Sauf, nous l’avons vu (ce blog au 23 octobre 2020), pour rendre inutilement suspecte l’origine des fonds nécessaires à son train de vie et à la construction de la Carlina. Elle ne peut pourtant pas avoir ignoré toutes les entreprises de son père pour gagner sa vie. C’est ainsi qu’après avoir été obligé de quitter son domaine de Constantina, il constitua, au fil des ans, diverses sociétés commerciales plus ou moins éphémères et rentables, dont, par exemple, Madrid Europa SA, s’occupant de matériel agricole et industriel ainsi que d’édition. Les statuts en furent déposés en 1963 devant le notaire Blas Piñar, de Madrid, Le directeur de l’entreprise portait désormais le nom de Léon José de Ramírez Reina alors que, parmi les trois actionnaires, se trouvait le beau-frère d’Anne, Antonio de la Rosa, le mari de sa sœur Godelieve…

     

    C’est qu’Anne n’a pas l’air non plus d’être plus précisément au courant d’autres événements capitaux de la vie d’exilé de son père. Concernant, par exemple, les circonstances de son adoption devant mener à l’obtention de la nationalité espagnole dont elle semble mettre en doute la version pourtant avérée donnée par le principal intéressé.

     

    « Dans sa chère Andalousie, tout le monde le regardait comme un monsieur étrange qui parlait un espagnol des plus bizarres, qui était très beau, amusant et familier. A cette époque, il était “Don Juan Sanchís de La Carlina”. Lorsque je suis arrivée en 1958, il disposait déjà de ses papiers officiels espagnols. Je ne suis jamais vraiment parvenue à savoir comment il avait obtenu le nom de famille Ramírez Reina figurant sur sa carte d’identité espagnole. D’après ce qu’il m’a raconté, une dame de Constantina l’avait adopté, lui donnant ainsi son nom. » (p. 130)

     

    4 CI Leon Jose de Ramirez Reina 1-vert.jpg

    De validité limitée, les cartes d’identité espagnoles devaient être remplacées tous les cinq ans : voici celle, obtenue en 1971, de Léon Degrelle, devenu León José de Ramírez Reina. (Documentation © Jacques de Schutter).

    6 Juan Ramirez Filosia2.jpgL’alcalde de Constantina, le Dr Juan Ramírez Filosía, de par ses liens familiaux avec Matilde Ramírez Reina qui adopta Léon Degrelle, deviendra un cousin par alliance du Commandeur de la Légion Wallonie !

     

    À nouveau, du mystère et des soupçons où il n’y en a pas. On a d’ailleurs peine à croire qu’Anne qui a vécu cinq ans à Constantina n’ait jamais, sinon rencontré, du moins entendu parler de Matilde Ramírez Reina, veuve de 72 ans, habitant 13 calle Pozuelo, et qui tint longtemps commerce dans la petite ville. Elle était de la famille de l’alcalde (bourgmestre), le docteur Juan Ramírez Filosía, responsable provincial du Movimiento et ami proche de Léon Degrelle : c’est d’ailleurs dans sa maison que fut dressée la chapelle ardente où fut veillé toute la nuit du 22 au 23 février 1958, jour des funérailles, le corps de Léon-Marie Degrelle (ce blog au 26 février 2016). Matilde Ramírez Reina était également la tante de l’ancien propriétaire de la Carlina, Manuel Amaya. Ce sont ces deux proches, Juan Ramírez Filosía et Manuel Amaya, qui seront les témoins de son acte d’adoption, le 24 décembre 1954. Tous les détails sont dans Degrelle en el exilio (de José Luis Jerez Riesco, aux éditions Wandervögel, 2000, p. 228). Blas Piñar, président du parti nationaliste Fuerza Nueva, explique dans ses mémoires que c’est lui qui, en tant que notaire, assura la légalité de l’acte d’adoption, le 17 septembre 1955 (La pura Verdad, Fuerza Nueva, 2002, p. 307).

     

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  • Les mémoires « effilochés » d’Anne Degrelle-Lemay

    III. Les persécutions liées au nom Degrelle

     

    Anne + LD Uniforme Phal. Carlina 1.jpg

    LD Mariage Anne 21.07.1962.jpegEn 1962, Anne prépare son mariage en Espagne avec son papa. Le voici tel qu’il accompagnera sa fille à l’autel, le 21 juillet, jour de la fête nationale belge, en grand uniforme de gala de la Phalange espagnole, paré de toutes ses décorations gagnées aux combats du Front de l’Est.

     

    Nous avons vu, dans le second volet de notre présentation des mémoires d’Anne Degrelle-Lemay, combien lui étaient apparues scandaleuses les persécutions politiques, sociales, financières subies par la famille Lemay, uniquement –selon ce qu’elle nous dit– pour avoir été apparentée à Léon Degrelle par son mariage avec Marie-Paule Lemay.

     

    Mariage Marie-Paule Tournai.jpg

    Dans le salon de la maison de ses parents, rue Saint-Jacques, à Tournai, le 29 mars 1932, Marie-Paule Lemay attend Léon Degrelle, son futur époux, entourée de ses pages et demoiselles d’honneur.

     

    Elle y revient encore dans les dernières pages de son livre : « La France est le pays où j’ai vécu et souffert de la haine dès la fin de la guerre lorsque je vivais dans la maison de ma grand-mère. Les paysans de la région étaient assez nettement à gauche. C’est alors que nous, les cinq enfants, nous dûmes cacher notre identité et prendre le nom de ma mère, alors en prison pour “collaboration”. Mon oncle, son frère, agriculteur qui dirigeait la ferme, nous raconta qu’on le lyncha presque, la dernière année de la guerre lorsqu’un de ces résistants découvrit qu’il était un beau-frère de Léon Degrelle. » (p. 164).

    Porter le nom Degrelle est désormais une malédiction dont il faut à tout prix essayer de se protéger, car tous ceux qui le portent sont voués à être implacablement persécutés : « Avec le temps, j’appris que toutes les sœurs, les beaux-frères et neveux de mon père finirent également dans d’immondes prisons. Ses parents, mes grands-parents paternels, alors déjà très âgés, et ayant indiciblement souffert à cause de l’assassinat d’un de leurs fils et des combats menés par l’autre fils au Front, furent également incarcérés dans des prisons séparées. C’est ainsi qu’ils périrent tous les deux sans qu’on leur permette de se revoir un instant, même lorsqu’ils tombèrent gravement malades. Sans le moindre soutien, pas même d’un prêtre, eux, fervents catholiques, fidèles à leur foi jusqu’au bout, moururent sans plus rien savoir des leurs. » (p. 30).

    Mais pour Anne, la principale victime de cette vindicte impitoyable fut sa mère, l’épouse de Léon Degrelle.

    LLB 1946 05 17 Condamnation MP 1-vert.jpg

    La Libre Belgique, 17 Mai 1946.

    « Elle fut la femme la plus forte que j’ai connue. Je pourrais parler pendant des heures de sa force intérieure. Elle avait vécu des années d’authentique enfer, séparés de ce qu’elle aimait le plus, ses enfants, et en particulier cette petite fille qui la fuyait maintenant. Elle avait enduré la haine démentielle de tout un pays et de juges sectaires habités par un sentiment de vengeance aveugle contre des gens en leur majorité absolument innocents de quelque crime. Elle, uniquement pour être la femme de Léon Degrelle, mérita le pire des châtiments, condamnée à dix ans de prison. Et quelle prison ! » (p. 48)

     

    En effet, pour lui avoir rendu visite à la prison de Namur, Anne peut certainement témoigner des conditions ignobles de détention de sa mère ainsi que du traumatisme que cette visite provoqua chez elle qui n’avait qu'une dizaine d'années : « Ce que nous vîmes tout d’abord, ce n’était pas des gardiennes, mais des religieuses. Pour moi, une religieuse était synonyme de bonté et de douceur, mais ce que nous avions devant nous, c’étaient des femmes en habit religieux, oui, mais avec le regard le plus dur et le plus haineux que j’aie jamais vu.

    Elles nous introduisirent dans une sorte de parloir avec deux bancs, une grande table au milieu et une minuscule ouverture par où passait à peine la lumière.

    Après un long temps d’attente, des pas se rapprochèrent et l’impatience grandit dans mon âme… Elle entra enfin par cette porte, entre deux religieuses gardiennes de prison. Elles ne nous permirent pas d’avoir le moindre contact physique avec elle. Ni une caresse, ni un baiser. Ma sœur Chantal et moi, nous ne pouvions qu’obéir. Je n’ai même pas été capable verser une seule larme en voyant ces êtres cruels capables de torturer ainsi des petites filles et une mère qui avait tant souffert. Elles savaient pourtant que le seul crime qu’elle avait commis était de porter le nom de son mari.

    Physiquement, elle était méconnaissable. Cette femme dont nous nous rappelions l’extrême beauté, avec ses beaux yeux bleus et sa chevelure blonde, ne nous paraissait plus que l’ombre d’elle-même. Son expression déchirée par la douleur, les yeux gris, noyés des larmes qu’elle ne pouvait empêcher de couler, un petit corps qui se devinait à peine sous un sombre uniforme et les pieds chaussés d’espadrilles. Elle qui n’avait été que glamour et élégance.

    Nous voulions lui donner quelques gâteaux mais les geôlières nous en empêchèrent. Assises de part et d’autre de la table, nous ne pouvions que nous regarder, nous imprégner de cette image tragique sous le regard glacé de ces “servantes de Dieu”. […]

    Je crois que, jusqu’à aujourd’hui, ce souvenir est le plus traumatisant et le plus infiniment douloureux qu’aucun autre qui l’a précédé. Chaque fois que je revois cette image de profond désespoir, de solitude et d’abandon total, je ne peux retenir mes larmes. Quinze ans plus tard, j’en ai également arraché à mon père, son mari, quand je lui ai raconté cela de la manière la plus minutieuse possible. Quant au sujet des responsabilités, c’est une autre affaire. J’y reviendrai… ou non. […]

    Ma grand-mère, voyant à quel point nous avions été marquées, tout à fait inconsolables, décida qu’il n’y aurait plus de visites à la prison. Des années plus tard, ma mère nous raconta que ce fut elle qui décida que nous ne reviendrions plus, car elle ne voulait plus nous voir souffrir ainsi. » (pp. 38-39).

     

    Michel Lemay Dutilleul Capture écran.JPG

    À nouveau, Anne Degrelle-Lemay laisse entendre que son père pourrait porter de (secrètes ?) responsabilités dans l’emprisonnement de sa mère et ses conditions de détention. Mais, en définitive, elle choisira de ne pas en dire davantage dans son livre : « Quant aux responsabilités… j’y reviendrai… ou non. »

    Son oncle Michel qui connaît certainement le sujet mieux qu’elle, ne tournera pas autour du pot. Il déclarera tout net –et sans sous-entendus accusateurs, ni même imputer quelque responsabilité au mari de sa sœur– face à la caméra de Philippe Dutilleul pour son documentaire au titre-jeu de mots déplorable Léon Degrelle ou la Führer de vivre (2009): « Le fait d’avoir été mise en taule pendant quatre ou cinq ans alors qu’elle n’avait rien fait, c’est certain que ce fut quelque chose de déplorable. D’ailleurs aucune épouse d’homme politique n’a eu à subir son sort. Normalement, on s’adresse au personnage, pas à son épouse ! Donc elle a certainement énormément souffert. Ça a cassé sa vie, forcément. Si elle était en prison, elle payait pour son mari. C’était un couple, ils ont fait quand même cinq gosses. Évidemment, comme toute jeune femme, quand elle a vu l’ascension de son mari, je suppose qu’elle a été un peu grisée. C’est normal. Mais elle n’a jamais pris position ; elle n’est jamais intervenue personnellement dans les affaires politiques quelles qu’elles soient. » (Capture d’écran du film-documentaire Léon Degrelle ou la Führer de vivre donnant « la parole aux derniers témoins directs et proches de Léon Degrelle »).

     

    Pour Anne et les autres enfants du Commandeur de la Wallonie, comme nous l’avons vu dans notre chapitre précédent, changer de nom et porter celui de la mère alla donc de soi, non pour égarer les recherches des « détectives » de Léon Degrelle –il fallait pour cela trouver des résidences gardées secrètes– mais pour échapper aux persécutions d’une épuration sans fin.

     

    « A nouveau, l’inconnu. Pourquoi cet autre nom aujourd’hui ? Pourquoi une telle crainte chez les adultes de ce que nous pourrions raconter de cette vie qu’il fallait effacer absolument ? Et là, à dix ans déjà et plus mûre que n’importe quel enfant de mon âge, je commençai à adapter mon esprit à une future existence de mensonges, de peur de tout faire foirer et surtout de questionnements : qu’avait fait mon père pour que je doive me cacher de lui, enterrer ce nom qui mettait en danger ma vie ainsi que –je l’ai su plus tard– celle de mon oncle Manu et de sa famille. » (p. 32)

     

    « Des amies, à cette époque, je ne me souviens pas d’en avoir eu une en particulier. Je me sentais toujours différente. Ma famille n’était pas normale. Du reste, je n’avais ni père, ni mère. Je portais un faux nom. Je me sentais prisonnière de cette situation anormale. C’était comme une flétrissure qui ne me quitterait jamais. » (p. 45).

     

    On le voit, cette situation n’est pas sans conséquence sur le psychisme de l’enfant. Mais comme elle le découvrira rapidement, ce changement de nom était néanmoins nécessaire pour protéger les enfants de Léon Degrelle contre la haine de la populace. Mais s’agit-il bien d’une haine irraisonnée ? Tous ces braves gens ont-ils nécessairement tort ? A nouveau, Anne entretient le doute : « Qu’avait fait mon père pour que je doive enterrer ce nom qui mettait en danger ma vie ainsi que celle de mon oncle Manu et de sa famille ? » !...

     

    Anne se contentera de nous rapporter deux ou trois expériences qui, si elles n’ont pas mis sa vie ou celle de ses sœurs en danger et relèvent donc davantage de l’anecdote, sont néanmoins révélatrices de l’intolérance de la société pour tout ce qui touche aux « vaincus » et, plus précisément de l’exécration désormais attachée au nom de Degrelle.

     

    « Ma sœur Chantal avait une amie, Henriette, qui appartenait à une famille de propriétaires terriens très appréciée dans la région. Un jour, elle fut invitée à la maison et rencontra un des cousins appartenant à la noblesse. C’était un conte de fées, car elle tomba éperdument amoureuse de ce garçon. Et je n’exagère pas. Mais, en vérité, cet amour entraînerait un véritable drame. Chantal, innocente et aveuglée par l’amour, lui raconta toute sa vie. Ce qui ne posa aucun problème au garçon. Bien plus, son amie lui sembla encore plus intéressante avec ce halo de mystère, sa fausse identité et ses aventures incroyables. Mais lorsqu’il raconta tout à ses parents, ceux-ci virent tout de suite le problème. C’est ainsi que finit cette histoire d’amour. Chantal dut tout avaler d’un coup. Un coup bas de la vie, qui lui brisa le cœur à dix-sept ans ! Jamais plus ils ne se revirent. On ne jouait pas avec la France qui avait combattu dans “La Résistance”. » (p. 51).

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    Portrait-charge de Marie-Paule Lemay pendant son procès (Le Soir, 17 mai 1946)

    « En 1953, je me suis présentée à mon premier BAC. […] A nouveau, je dus payer les pots cassés à cause de ma nouvelle identité : j’avais cessé d’être Anne Lemay pour redevenir Anne Degrelle. Aucune de mes compagnes de classe ne s’était aperçue que j’avais réussi puisque l’Anne Lemay qu’elles connaissaient n’apparaissait sur aucune des listes officielles.

    L’année suivante, pour le second BAC, où j’obtins la « mention très bien » en philosophie (j’avais choisi Voltaire), ma découverte du résultat fut encore plus romanesque.

    Ce jour-là, ma meilleure amie, Martine Parent, m’avait proposé de venir dormir à sa maison. Le soir, nous étions toutes les deux dans sa chambre à écouter à la radio la liste alphabétique des candidats reçus. Soudain mon vrai nom sort et je me mets à faire de bonds de joie sur les lits. Martine me regardait sans rien comprendre et je dus tout confesser du mensonge dans lequel j’avais vécu depuis la fin de la guerre.

    Je ne me souviens plus des explications que j’ai dû donner au reste de la famille. […]

    Le plus triste de cette histoire, c’est que Martine et moi, nous dûmes cesser de nous voir. Il n’était pas question que je rentre dans le cercle de cette famille de grands industriels de Roubaix, une autre ville importante du nord de la France où ils vivaient. Dix ans après la fin de la guerre, c’était toujours la même chose ! » (p. 56).

     

    On le voit, la détestation attachée au nom « Degrelle », suscitée par la haine des démocrates victorieux, fut bien une réalité, imposant aux enfants du dernier Commandeur de la Légion Wallonie l’indispensable précaution de se cacher en changeant de nom.

     

    Nous ne pouvons néanmoins que manifester de l’étonnement lorsque l’auteur nous explique que les enfants de Léon Degrelle réussirent à se préserver en portant le nom Lemay, en même temps que ses oncles Lemay n’étaient nullement protégés par leur nom et se faisaient persécuter uniquement parce qu’ils auraient été parents par alliance du même Léon Degrelle !

     

    En fait, ne furent cruellement persécutés parce qu’ils s’appelaient Degrelle que les parents et les sœurs (le frère avait déjà été assassiné !) de Léon Degrelle ainsi que leurs maris. Et, bien sûr, son épouse qui portait le nom Degrelle depuis son mariage, le 29 mars 1932.

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    L'Avenir du Luxembourg, 10 octobre 1947.

     

    Et les Lemay alors ? Y compris l’oncle Emmanuel (« Manu » dans le récit d’Anne) réfugié au fin fond de la Dordogne où les villageois résistantialistes auraient découvert ses liens de parenté avec Léon Degrelle (dont ils n'avaient probablement jamais entendu parler) ?

     

    Cet oncle, Emmanuel Lemay, avait épousé, peu auparavant, en 1944, Lucette Roger qu’Anne aimera « aussi comme une mère, “une de plus” » (p. 47). Est-ce bien pour héberger des enfants belges qui portaient son nom qu’il se fit menacer et insulter ? « Le 16 août était l’anniversaire de la mort de quelques héros locaux de la Résistance. Une manifestation d’hommage était organisée dans une clairière près de notre maison. Mon oncle et la famille s’associèrent à la cérémonie : discours du maire et de quelques anciens combattants, bouquets de fleurs et beaucoup d’émotion. En échange de sa collaboration –dans ce cas, le mot est bien choisi – mon oncle ne reçut qu’insultes et menaces. Ils sont même venus le chercher pour le livrer à la police. À nouveau cette haine viscérale contre toute la famille. Uniquement pour être le beau-frère de Léon Degrelle. » (pp. 32-33).

     

    Mais il semble bien que le nom Degrelle ne soit pour rien dans les malheurs de la famille Lemay, tout de même plutôt dérisoires comparés à ceux des Degrelle. Le parcours de la famille Lemay entre 1939 et 1945 ne semble en effet pas avoir eu grand-chose à voir avec la Résistance et qui aurait donc très bien pu s’attirer toute seule les tourments de l’ « épuration ». Encore que nous n’ayons jamais trouvé trace de quelque procès impliquant des membres de la famille Lemay ou de leur importante et florissante société « Ciments Lemay » (dont pourrait sembler plausible l’implication dans la construction du formidable Mur de l’Atlantique, tant celui-ci dut engloutir tous les matériaux des usines continentales nécessaires au béton de ses bunkers : mais aucune trace n’en est à retrouver).

     

    Dans un courrier de 1954 (dont nous avons pu conserver le brouillon) à l’avocat de sa femme, Jean Thévenet, conseil de la famille Lemay croyant se sauver en l’accablant, Léon Degrelle règle l’affaire en quelques lignes éclairantes : « Les autres de la famille Lemay [à part mon épouse Marie-Paule] ? Mais la femme de l’aîné [Marc, 1912-1942], était au vu et au su de toute la ville de Tournai, la maîtresse d’un Allemand. Le deuxième Lemay, Jean, prisonnier des Allemands, au lieu de rester avec ses camarades, fit demander par sa mère sa libération anticipée dès l’automne de 1940, en s’adressant à des religieux, d’une part, en me demandant, d’autre part, d’intervenir près d’Abetz, ambassadeur du Reich, ce que je fis, et Jean Lemay fut libéré sur ordre télégraphique de Ribbentrop. Le troisième, Emmanuel [1920-1988], fut membre de la fameuse milice de Darnand, fit même une période d’entraînement à la mitrailleuse ! Il épousa –durant l’été 1944 !–, la fille d’un collaborateur notoire, échevin rexiste d’une grosse agglomération ouvrière de la banlieue de Mons [Gustave Roger, de Bracquegnies ?], mariage auquel j’assistai en uniforme d’officier supérieur de la SS, collier de la Ritterkreuz au cou. Il existe une photo assez drôle de ma belle-mère [Jeanne Lemay-Caton, 1888-1970] à mon bras, cette après-midi là. Tout ce monde était devenu entretemps anglophile ? Disons plutôt qu’il le devint, comme beaucoup d’autres, lorsqu’ils eurent senti le vent tourner. Le 8 août 1941, au départ de la Légion Wallonie pour le front de l’Est, l’aîné de mes beaux-frères d’alors était venu à Bruxelles, fort affectueusement, m’apporter à la gare du Nord, les adieux de la belle-famille.

    Donc là, vraiment, qu’on mette des sourdines aux indignations post-fabriquées ! »

    1954.03 LD Thévenet Lemay.jpeg


    M
    ais Anne Degrelle-Lemay demeurera inflexible dans ses certitudes et sa conviction de la culpabilité de son père : « De nos longues conversations et de mes innombrables heures de lecture m’est restée l’image d’un père qui a foutu la vie de sa famille en l’air, et la mienne en particulier » ! (p. 141).

     


    À suivre

     

  • Les mémoires « effilochés » d’Anne Degrelle-Lemay

    II. Anne Degrelle ou Anne Lemay ?

     

    Anne + LD 1958.jpg

    Une des toutes premières photos, probablement prise dans un bar de Constantina, d’Anne Degrelle avec son père chez qui elle est arrivée en juillet 1958. Léon Degrelle porte une cravate et un brassard noirs en signe de deuil pour son fils Léon-Marie, mort dans un accident de la circulation, le 22 février précédent.

     

     

    Anne Degrelle Couverture.jpgNous avons terminé la première partie de notre présentation des mémoires d’Anne Degrelle-Lemay (ce blog au 23 octobre 2020) par l’attitude surprenante de son père à son égard : « Pour lui, j’avais grandi dans un milieu hostile. Même lorsque je lui disais qu’il n’y eut jamais de commentaire haineux à son égard de la part de la famille Lemay, il en voyait le résultat dans ma prédisposition à douter. » (p. 93).

     

    Doutes qui se manifestèrent dès le tout premier contact : « Il n’était pas cette personne terrible que nous devions absolument fuir “pour notre sécurité”, comme on nous l’avait répété pendant tant d’années. Nous étions deux personnes qui se cherchaient, qui se regardaient, qui enlevaient des barrières. Nous faisions connaissance, mais toujours avec méfiance en ce qui me concerne ; et lui, il se rendait compte que j’avais encore du mal à l’inclure dans ma vie. » (p. 67).

    Et Léon Degrelle avait sans doute bien raison de soupçonner l’hostilité plus subtile que la famille Lemay instilla dans l’esprit de ses enfants. C’est Anne qui l’explique encore, à l’occasion d’une affirmation semblable d’apparent détachement des Lemay à son encontre : « Je ne puis qu’affirmer que je n’ai entendu de la bouche de ma grand-mère ou de n’importe lequel de mes oncles la moindre parole négative sur mon père. On ne parlait tout simplement pas de lui et, plus incroyable encore, nous ne posions pas de questions non plus sur lui. C'était un sujet tabou. Le simple fait de prononcer son nom pouvait nous mettre en danger. » (p. 42).

    Mais ce n’est pas du détachement ou de l'insensibilité, c’est de l’anxiété mêlée de suspicion, comme le reconnaît d’ailleurs Anne un peu plus loin : « Je lui expliquais que je ne pouvais relever ni estime ni aversion de la part de la famille Lemay. À peine de l’indifférence apparente, mais aussi de la peur, de la crainte d’avoir à répondre à des questions embarrassantes de notre part » (p. 93).

    Mais tout cela est-il bien vrai ? Anne nous laisse quand même entendre que les propos des Lemay sur Léon Degrelle n’étaient finalement pas si équivoques que cela, comme elle l'admet dans le récit de sa première rencontre avec son père : « Il n’était pas cette personne terrible que nous devions absolument fuir “pour notre sécurité”, comme on nous l’avait répété pendant tant d’années. » (p. 67). Elle le confirme encore dans le compte rendu de ses conversations à La Carlina : « C’est là que j’ai appris de vive voix ce qu’avait été la vie de cet être mystérieux et redoutable qu’on m’avait décrit durant toute mon enfance. » (p. 128).

    Pourquoi, d’ailleurs, la famille Lemay aurait-elle sinon utilisé toutes les ressources de la damnatio memoriae à l’encontre de leur parent par alliance, à savoir le silence, la calomnie et l’iconoclasme : « C’était un sujet tabou. Le simple fait de prononcer son nom pouvait nous mettre en danger. De sa vie et de ses erreurs politiques, de sa “responsabilité” dans le malheur de tant de gens, on ne parlait jamais. À la maison, il n’y avait aucune photo qui pouvait nous le rappeler. On en avait même découpé quelques jolies, comme celle où nous étions avec lui, ma sœur Chantal et moi, et que je lui ai montrée des années plus tard. “Ils m’ont guillotiné !” me dit-il, plaisantant toujours avec les choses les plus tristes… » (p. 42). Cette iconoclastie se voulait d’ailleurs systématique : « Malgré les soins attentifs de la famille Lemay pour découper les photos sur lesquelles apparaissait mon père, j’ai quand même pu l’apercevoir sur certaines d’entre elles. » (p. 66).

     

    Photo coupée Chantal+Anne.jpeg

    Anne publie dans son livre (p. 43) une photo où elle figure avec sa sœur Chantal (à gauche) : la famille Lemay a pris soin d’enlever la tête de Léon Degrelle (on en voit toutefois la main gauche autour de la taille d’Anne), en déchirant la photo à la main et non aux ciseaux, comme en témoigne les bords arrachés autour de la tête des enfants.

     

    L’éducation ainsi reçue par Anne a laissé de telles traces évidentes que son père perçoit les réticences de sa fille dès le premier abord : lorsqu’elle débarque à Séville qui l’enivre de son atmosphère lumineuse et paradisiaque, Léon Degrelle n’est pas dupe : « Mon père était également déconcerté, pas à cause des palmiers ni du parfum des jasmins, mais par ma réaction. » (p. 67). Elle précise en effet que sa première attitude en rencontrant son père fut celle de la méfiance : « À ce moment, il fallait encore que de nombreux doutes disparaissent pour que j’aie totalement confiance en lui. » (p. 67). Et cette confiance est-elle possible puisque son frère les avait quittées, sa mère et elle, pour rejoindre « le responsable de tous [leurs] malheurs », –chose dont elle ne veut même pas « essayer de comprendre les raisons » (p. 61) ? Son attitude, en découvrant son père, n’a pu que trahir pareils sentiments embarrassés.

    C’est que « jamais mon père ne renonça à nous retrouver, à récupérer ses enfants ». Alors que, toujours, la famille Lemay fut résolue à l’en empêcher : « La famille de ma mère, comme d’authentiques garants de notre sécurité, essayait de nous emmener d’un endroit à l’autre, d’un collège à l’autre, s’efforçant d’égarer ces pseudo-détectives qui essayaient de nous localiser et de nous suivre à la trace, toujours à l’affût. » (p. 61).


    Le récit de l’enfance d’après-guerre d’Anne donne plusieurs exemples de ces parties dramatiques de cache-cache dans la Dordogne de son oncle Manu qui l’y recueille, et jusqu’au collège où il l’a mise en pension dans les Alpes : « De notre séjour à Annecy, demeurent quelques témoignages photographiques : Chantal, Godelieve et moi, portant l’uniforme du collège, sur la balustrade en fer forgé d’un pont près du lac.

    Lac Annecy Chantal God Anne.jpeg

     

    Mais qui a pris cette photo ? […] Notre père dont on nous cachait tout afin de nous protéger (mais on ne nous l’a expliqué que bien après) ? Des années plus tard, en regardant cette photo, mon esprit de détective a commencé à assembler les pièces du puzzle et j’eus la certitude que les auteurs de ce reportage clandestin n’avaient pu qu’être les limiers de mon père. Cinq enfants ne disparaissent pas sans laisser de trace. Leur recherche ne pouvait cesser avant d’avoir porté ses fruits, dix ans plus tard. Je m’imagine l’angoisse de ma grand-mère et de mes oncles devant effacer tout indice et rester en alerte permanente pour empêcher qu’ils puissent atteindre leur objectif et nous emmener chez lui. » (p. 37).

    « Mais nous demeurions cachés. C’était vraiment la volonté de la famille de ma mère de nous mettre à l’abri des agents de mon père. Ma famille maternelle craignait qu’il nous kidnappe. Le Puy-Haut était l’endroit idéal. Mais depuis l’Espagne, mon père n’abandonnait pas et je le comprends aujourd’hui… Un jour, mon oncle Manu arriva à la maison hors d’haleine après avoir monté en courant la côte du Puy-Haut. Il nous demanda de nous cacher et, surtout, de ne pas aller sur la terrasse. Une voiture immatriculée en Espagne venait d’arriver au Chaubier (sa maison ainsi que la nôtre pendant trois ans). Mon oncle était parvenu à les semer, je ne sais pas encore comment, mais on n’a plus entendu parler de ces détectives espagnols… provisoirement. » (p. 42).

     

    On le voit, si les Lemay ne disent pas crûment de mal de leur beau-fils, beau-frère ou mari, ils se conduisent envers lui comme envers un pestiféré ou un malfaiteur. Anne y insiste d’ailleurs : « Durant toute notre vie, [ma mère] avait lutté pour nous tenir à l’écart de son influence, de l’incertitude d’une vie dont elle a toujours voulu nous tenir éloignés » (p. 72) ; « Ce n’est qu’un exemple du souci permanent avec lequel [ma grand-mère et mon oncle] vivaient pour nous protéger de tout danger » (p. 42) !

     

    MP+Chantal+Anne+Léon-M+God.jpg

    Dans le parc de la Drève de Lorraine, Marie-Paule Degrelle-Lemay et ses enfants, (de g. à dr.) Chantal, Anne, Léon-Marie et Godelieve : « Je me souviens de ma mère, apparemment heureuse, mais je me rendais compte qu’elle souffrait. D’abord, à cause de l’accident de Chantal, et, plus imperceptiblement (les enfants sentent ces choses), à cause de la vie tellement particulière qu’elle supportait suite aux dérives politiques de son mari. » (p. 15).

     

    Aussi doit-t-elle changer de nom dès son arrivée chez son oncle en Dordogne : « il fallait effacer définitivement ce nom et le remplacer par celui de notre mère. Ce fut le début de cette vie aux origines fictives, à l’enfance réinventée, aux drames qu’il fallait abandonner en un endroit caché et lointain de notre mémoire. Attention à ne jamais parler de cette courte vie antérieure, de cette famille, celle de mon père, qu’il ne fallait pas même nommer et de laquelle, pour notre sécurité, on réussit à nous séparer pour toujours. » (p. 32). « Cette vie a fini par me plaire. J’ai arrêté de me considérer comme un drôle d’oiseau. Je portais un faux nom. Personne ne le savait. Du coup, ma vie d’avant avait cessé d’être un fardeau. » (p. 34).

    Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Anne vécut écartelée entre les deux familles, sans se rendre compte, apparemment, qu’on lui imposait un état de recluse sous prétexte d’empêcher son père de le lui imposer (« Ma famille maternelle avait peur qu’il nous kidnappe », p. 42)…

    C’est ainsi qu’après avoir refusé de comprendre pourquoi Léon-Marie, son frère adoré avait rejoint « le responsable de tous [leurs] malheurs […] cette personne dont le nom seul était tabou », elle, qui se considérait comme « celle qui était la plus opposée à tout ce qu’il représentait dans [leur] vie », dut néanmoins, sur les instances de sa mère, accepter de rejoindre son père après la mort accidentelle de Léon-Marie : « La douleur fut atroce. Je me souviens seulement de ma mère que nous étions incapables de consoler et chez qui nous ne pouvions qu’ajouter de la douleur à la douleur. […] La force de ma mère m’impressionnait chaque jour davantage. Toutes ses pensées allaient vers mon père. Elle imaginait à quel point cet homme devait être brisé. Dans son cœur, il n’y avait pas de place pour la rancune. Son mariage était brisé, mais aujourd’hui, c’étaient des parents unis dans la tragédie. […] De sorte qu’un jour, alors que je revenais du travail à la maison, cette mère détruite me dit : “Je veux que tu ailles en Espagne consoler ton père.” » (pp. 61-64).

     

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    La tombe de Léon-Marie, premier des enfants de Léon Degrelle à avoir rejoint leur père en Espagne : quelques mois à peine après son arrivée, il fut victime d’un accident de moto à Séville, le samedi 22 février 1958. Ses funérailles furent célébrées le lendemain à Constantina ; il repose dans le cimetière municipal (ce blog au 26 février 2016).

     

    Anne qui, tout au long de ses souvenirs, se présente comme une cartésienne intransigeante, analyse alors cet écartèlement, à partir de l’expérience de son frère : « Qu’est-ce que je faisais soudainement en Espagne ? Ce Léon Degrelle, mon père, n’avait jamais fait partie de ma vie. Je devais apprendre à le connaître, tout en sachant que tous deux, nous devions supporter un terrible malheur : la mort d’un garçon de dix-huit ans. Ma mère m’avait envoyée pour le “consoler” : mais moi aussi, j’étais détruite et pétrie de sentiments mitigés. Je ne voulais pas que des pensées difficiles à écarter me viennent à l’esprit. Je savais que ce père devait souffrir indiciblement de ce nouveau coup du destin. D’un autre côté, il y avait cette fuite de mon frère d’un foyer qui lui avait tout donné, d’une mère et de sœurs qui l’adoraient, vers un père qu’il considérait (je l’ai compris par après car j’ai partagé ces mêmes sentiments) comme un exilé, un homme qui souffrait d’une séparation cruelle de toute sa famille. Il ne s’agissait pas de se détacher de sa famille maternelle mais d’un désir devenu une obsession d’apprendre de vive voix quels avaient été les péchés et les “crimes” de cet homme cherchant désespérément à revoir ses enfants, leur raconter sa version de l’histoire, et se faire pardonner pour le calvaire qu’ils avaient eu à souffrir par “sa” faute. » (p. 66).

    Cet écartèlement est bien présent aussi lors de la toute première rencontre entre le père et la fille –ce qui, comme nous l’avons vu– n’a pas échappé à Léon Degrelle : « Je ne pouvais me défaire de l’image de ma mère, si combattante et d’une noblesse de caractère et de sentiments peu courante, que j’avais laissée à Paris submergée de douleur. Mais je savais ce qu’elle voulait : que je l’aide, lui, à surmonter ce coup tragique, ultime coup du destin à notre famille. » (p. 67).

    Léon-Marie.jpg« [Léon-Marie] avait une tête pleine de rêves ; c’était un grand lecteur, romantique et mélomane jusqu’à la moelle ; il avait aussi une qualité qui nous enchantait tous, son sens de l’humour. Nous passions avec lui des moments de rire incroyables, avec des gags dignes des meilleurs humoristes, mais sans jamais dépasser les bornes car c’était un gentleman, avec cette classe naturelle qu’il avait héritée de sa mère. » (p. 61).

     

    Aussi, dans ses mémoires, si Anne ne manque pas de souligner l’amour qu’elle vouera désormais à ce père retrouvé, cet amour se teintera néanmoins toujours de circonspection : « Suprêmement élégant, portant costume clair et cravate. J’examinais tout. Il était exactement comme je me l’imaginais. Ce fut un coup de foudre (l’amour au premier regard). Voilà ma première impression. […] Son visage grave, au regard profond, aux yeux brillants pleins de larmes. Ce sont eux qui furent responsables du fait que je ne pourrais plus vivre séparé de lui. » (p. 66). « Nos retrouvailles aboutirent à un coup de foudre. Je l’aimais, tout en sachant qu’il me ferait souffrir. » (p. 72). « Les questions que la raison m’inspirait pour que je voie une réalité que je ne voulais pas accepter demeuraient dans un fond caché de mon esprit, prisonnières d’un amour naissant dont j’avais tant besoin. Nous nous aimions, point final. » (p. 80). Elle conclura ainsi dans les dernières pages : « J’ai appris à le juger, à me faire ma propre opinion, plus critique que favorable. […] Ces années de la Seconde Guerre mondiale, depuis le départ en 1941 du premier contingent de la Légion Wallonie jusqu’au désastre final en 1945, ont constitué l’axe central de cette biographie : non la mienne en tant que telle mais en tant que fille d’un politique, d’un poète, d’un écrivain… que j’ai connu tardivement et que j’ai toujours essayé de juger selon mes propres critères. » (pp. 128 et 141).

     

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    Photo touristique prise à Tolède, lors du premier séjour d’Anne Degrelle auprès de son père (portant toujours le deuil de son fils) : il fera avec elle le voyage de Madrid, visita Tolède, puis remonta vers le pays basque pour la laisser à Irun, dans le train de Paris : « Tout ce qu’il voulait, c’était me faire profiter au maximum de sa présence, emplir ma mémoire de souvenirs merveilleux et me convaincre de la vie magnifique qu’il pouvait nous offrir, à mes sœurs et à moi, si nous voulions revenir chez lui » (p. 72).

     

    La famille Degrelle, quant à elle, non seulement ne bénéficiera pas d’une telle affection spontanée tant elle avait sombré dans l’oubli le plus total, mais, de plus, elle devra endurer davantage que la défiance entretenue envers son père : une quasi-aversion.

    « Et moi ? Avais-je encore quelque souvenir de la maison de mes grands-parents paternels ? Et de Bouillon ? Très vaguement. J’avais beaucoup de tantes car mon père avait quatre sœurs. L’une d’entre elles, l’aînée, se fit religieuse cloîtrée –je pense que c’était de l’Ordre du Carmel […]. De mes tantes et de mes cousins, de mon oncle assassiné, je n’ai pas le moindre souvenir. […] Cependant, ce fut l’une de mes tantes, Louise, la sœur quasi-jumelle de mon père, qui porta la responsabilité de la reprise de contact de mon frère avec son père. J’ai déjà raconté […] cette chasse incessante de la famille Degrelle pour nous emmener en Espagne auprès de mon père, jusqu’à ce qu’à l’insu de ma mère, ils « kidnappèrent » mon frère et l’emmenèrent sans passeport ni papiers, caché dans une voiture, jusqu’à Séville. Nous savons désormais à quelle tragédie aboutirent ces retrouvailles. » (p. 162).

     

    Marie + Louise-Marie Couvent.jpg« Nous avons été voir une fois [la sœur aînée de mon père] et c’est à peine si je me souviens de son visage, mais je me rappelle bien l’affection avec laquelle elle nous embrassa. Je ne sais pas ce qu’elle pensait de son frère Léon. Mère Marie des Abys –c’est ainsi que nous la connaissions– a vécu toute la guerre ainsi que la persécution dont fut victime le reste de sa famille, parents, frères et sœurs, depuis la solitude de son couvent. Je sais qu’elle est morte très âgée et que mon père eut énormément de chagrin lorsqu’il apprit son décès. » (p. 162 ; Marie, sa sœur aînée –30 juillet 1896 - 6 mars 1980– était la marraine de Léon, voir ce blog au 15 juin 2021. Marie était religieuse de l'ordre de la Visitation de Sainte-Marie ; elle est ici au côté de sa sœur, Louise-Marie Massart, dans le parc du monastère des Abys, à Paliseul, non loin de Bouillon).

    « Ghislaine Massart, une nièce de mon père –c’est-à-dire une cousine à nous–, découvrit (je dois saluer ici les talents de détective de ces membres de la famille) l’endroit où travaillait ma mère à Paris […]. Mon frère, qui vivait également à Paris, allait souvent la voir après ses cours. C’est ainsi que ma cousine le retrouva et commença son travail de “réconciliation familiale”… Elle ne réalisait pas le mal qu’elle faisait à la famille Lemay, à ma mère en particulier, à ma grand-mère, qui nous avaient élevés pendant toute notre enfance et notre adolescence, qui nous avaient protégés de la rancune et de la haine de ceux qui nous persécutaient uniquement à cause de notre nom. » (p. 61).

     

    LD+Guilaine Massart.jpgLéon Degrelle dans son refuge de Majalimar, en 1949, en compagnie de sa nièce Ghislaine Massart, la fille de sa sœur Louise-Marie.

     

    « Au mois de juillet 1958, […] de nouvelles figures que je ne connaissais de nulle part débarquèrent tous les jours. Des cousins du côté de mon père, la famille Degrelle, que je n’avais jamais vus de ma vie. Une de mes cousines, Ghislaine Massart, était précisément la responsable de la fuite de mon frère de Paris, qui connut une fin si tragique. […] Et, parmi ces arrivées en bataille, j’eus l’honneur de connaître un autre cousin, fils d’une sœur de mon père, au regard mauvais, que je fuyais et qui essaya de m’embrasser entre deux portes en s’attirant ainsi une baffe magistrale. » (p. 77).


    Mais à nouveau, si Anne n’éprouve qu’antipathie ou indifférence pour sa famille paternelle, c’est à son père qu’elle en impute la responsabilité : n’affiche-t-il pas son désintérêt pour la vie d’après-guerre des Lemay ? Aussi n’hésitera-t-elle pas à manifester à son tour amnésie et insensibilité : « Il savait que la famille Lemay nous avait sauvés de la cruelle vengeance des vainqueurs dont furent victimes tant de familles emprisonnées dans des conditions inhumaines. Parmi elles, sa propre famille : parents, sœurs, nièces adolescentes… Persécution dont nous fûmes protégés mes sœurs, mon frère et moi, mais à laquelle n’échappa pas ma mère. Dans nos conversations, il essayait de ne pas approfondir ce que furent notre enfance, notre vie estudiantine et notre relation inexistante avec la famille Degrelle. Il devait souffrir en voyant que nous n’avions absolument aucun souvenir d’elle. Fracture complète. Vide total. » (p. 86).

    Anne se fera néanmoins violence en s’efforçant de garder le contact avec le côté Degrelle de sa famille, mais son apparente bonne volonté ne pourra se couronner d’aucun succès :

    « Pourtant, j’ai essayé de garder des relations familiales avec tous, en allant les visiter avec mes enfants à Bruxelles, ainsi qu’à Anvers où vivait une de mes tantes mariée avec un Flamand [Suzanne Lamoral]. Ils étaient des plus affectueux, se coupant en quatre pour nous faire plaisir et essayer de rattraper le temps perdu, mais avec le temps, nous nous sommes éloignés et nous ne nous sommes même pas revus quand mon père est mort. » (p. 162 ; de la fratrie de Léon Degrelle, en 1994, seules vivaient encore Suzanne Lamoral et Louise-Marie Massart, toutes deux malades, handicapées –Louise-Marie étant même aveugle– et incapables de faire le voyage d’Espagne).

     

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    Anne Degrelle n’aurait malheureusement quasi plus aucun souvenir précis de ses grands-parents paternels. Rapportant les propos de son père, elle nous dit que sa grand-mère paternelle était « la femme la plus généreuse et douce au monde, incarcérée comme le reste de sa famille dans une cellule nauséabonde, sans pouvoir revoir ni son mari ni lui donner un ultime baiser avant de mourir » (p. 165). Elle est ici avec sa grand-mère, tandis que sa sœur Chantal est avec son grand-père dans le parc de la Drève de Lorraine ; à l’arrière-plan, son père est en conversation avec Victor Matthys.

     

    La conclusion s’impose donc, sans appel : « En cet été de 58, tous ces oncles et cousins débarquèrent les uns après les autres à La Carlina. En me rappelant cela aujourd’hui quelque 60 ans plus tard, je dois reconnaître que je ne les ai jamais considérés comme ma famille. » (p. 162).

    Et son corolaire, inévitable, est : « Ma véritable famille fut toujours la famille Lemay. Et ma grand-mère maternelle est irremplaçable dans mon cœur. » (p. 162).

    Aussi le ton est-il tout autre lorsqu’il est question des parents maternels. D’autant plus qu’ils eurent également, semble-t-il, à souffrir après la guerre. Et la cause de cette souffrance est clairement imputée à Léon Degrelle, même si cette cause est tout accidentelle, due au seul mariage de Marie-Paule.

    « Mais nous sommes toujours en 1945, la guerre vient de finir et nous nous retrouvons dans cet orphelinat de l’Assistance publique. Qui est ce couple qui s’approche de nous et nous invite à les suivre avec tant d’amour ? Il s’agissait d’un frère de ma mère et de sa femme. Ma grand-mère maternelle, ma bonne-maman adorée, s’était rendue à Bruxelles et les avait envoyés pour nous sauver. » (p. 28).

    « Ma bonne-maman [Lemay] ne nous abandonnerait jamais malgré qu’à cette époque elle avait déjà 57 ans. Elle était restée veuve durant toute la guerre et ses fils étaient déjà majeurs et indépendants. Elle n’avait plus désormais d’yeux que pour ces cinq enfants “orphelins” à cette époque. » (p. 29).

    « La dernière nuit [avant mon départ en pension à Annecy], –je ne sais si j’étais plus sensible que les autres–, je ne fis rien d’autre que pleurer et ma bonne-maman ne trouva pas d’autre remède que de se coucher avec moi. Elle avait un lit immense avec un édredon en plumes (déjà à cette époque) et un grand feu de cheminée. Je ne sais pas si ce fut une bonne idée de passer cette dernière nuit blottie contre ma bonne-maman –ma mère pendant tant d’années– car il m’en est resté un souvenir si profond et agréable qu’aujourd’hui encore j’en suis émue en me le rappelant. » (p. 34). « Je suis terriblement pratique. Je tiens mes pieds fermement sur terre. Comme je l’ai dit, je vis au présent. Et mon présent, c’était, en premier lieu, ma bonne-maman, ma raison de vivre, et ensuite, le collège. » (p. 45). « J’ai appris à vivre au jour le jour avec cette merveilleuse grand-mère qui, dans sa volonté de nous aider et de nous protéger de cette tragédie qui l’atteignait elle-même, s’était transformée en notre mère. » (p. 46).

    La bonne-maman Lemay occupe ainsi une place toute particulière dans le cœur d’Anne, ayant littéralement remplacé sa mère dans sa prime adolescence et l’ayant surtout « protégée » de son père qui semble même craindre de reconnaître sa responsabilité dans la situation où s’est retrouvée plongée la famille Lemay, qui est la seule que se reconnaît Anne : « Arriva le moment des questions aussi bien de son côté que du mien. Mais il n’osait pas trop creuser, craignant d’apprendre les détails du calvaire qu’avaient vécu ma mère, ma grand-mère, mes oncles maternels et nous autres, ses cinq enfants, qui avons échappé à l’Assistance publique grâce, précisément, à cette femme intelligente, courageuse, merveilleuse : ma grand-mère maternelle. » (p. 85).

     

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    Les portraits que nous avons de la bien-aimée « bonne-maman » d’Anne Degrelle-Lemay sont rares : celui-ci provient de son livre de souvenirs (p. 33). De gauche à droite, au premier plan, Anne, Godelieve, Chantal et Léon-Marie ; à l’arrière-plan, Jeanne Lemay-Caton et, dans ses bras, la petite Marie-Christine. Nous le reproduisons car celui dont nous disposons est justement amputé du visage d’Anne (ci-dessous : Anne est debout à l’arrière-plan) : de gauche à droite, devant la grand-mère Jeanne Lemay, Chantal, Marie-Christine, Léon-Marie et Godelieve.

    Bonne-maman Lemay2.jpg

     

    « La maison ou, plutôt, la ferme, appartenait à mon oncle Manu, le petit frère de ma mère, à peine marié et papa d’une fillette d’à peine un an qui deviendrait l’amie inséparable de ma petite sœur du même âge. Mon oncle était ingénieur agronome et, suivant sa vocation, avait acheté cette ferme […]. Je me souviens de ces années à Eyliac comme comptant parmi les plus heureuses de ma vie. » (pp. 29-30).

     

    « Le Périgord était une région où la Résistance avait été très active pendant toute l’occupation allemande. Quand mon oncle Manu arriva à Eyliac, jeune marié, les paysans et les fermiers des environs ne connaissaient rien du reste de la famille. Ils s’estimaient, s’aidaient pour les travaux des champs ; ils étaient amis. Mais lorsque nous sommes arrivés, ma grand-mère et nous cinq, les bonnes gens de l’endroit commencèrent d’abord à avoir des soupçons, puis à poser des questions et enfin à manifester ouvertement leur haine. […] Mon oncle ne reçut que des insultes et des menaces. […] De nouveau cette haine viscérale contre toute la famille. Uniquement pour être le beau-frère de Léon Degrelle. Je ne pouvais pas passer sous silence cet épisode de la vie de mon oncle qui nous a tant aidés et protégés dans cette étape de notre vie, si difficile pour tous. » (pp. 32-33).

     

    « La famille de ma mère (des industriels importants en France), malgré qu’elle fut frappée de sanctions financières exorbitantes uniquement pour avoir été de la famille politique de Léon Degrelle, continua de jouir d’une fortune considérable de sorte que, grâce à elle, nous pûmes continuer à fréquenter de bons collèges » (p. 35).

     

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    Photo du mariage de Léon Degrelle avec Marie-Paule Lemay, prise dans le jardin de la propriété des Lemay, à Tournai, le 3 mars 1932, au lendemain des fêtes de Pâques. C’est probablement la seule fois que les deux familles furent réunies pour une fête. « Entre-temps, ma mère vivait le pire cauchemar de sa vie (mais on ne nous avait alors rien raconté), enfermée dans une geôle en Belgique après avoir été condamnée à dix ans de prison pour être la femme de Léon Degrelle. » (p. 29).

     

    « [Marie-Paule Lemay] savait que sa mère et ses frères avaient perdu une fortune en paiement d’ “indemnités de guerre”, confiscation de leurs biens et coups quasi-mortels à la cimenterie de la famille Lemay, tout cela à cause des liens de parenté avec Léon Degrelle. Et en outre, ils durent encore supporter tous les frais de notre éducation et de notre scolarité pendant l’incarcération de ma mère. » (p. 47).

    « J’évoquais simplement des images de foyer, d’amour, de rires de ma petite sœur, de bûches flambant dans la cheminée, de baisers de ma bonne-maman ou de ma tante Lucette (que j’aimais aussi comme une mère, “une de plus”) » (p. 47).

    « Le conseiller familial, –c’était mon oncle Michel (un frère de ma mère) qui, déjà à cette époque, dirigeait nos vies presque comme un père – voulait me garder auprès de lui et me conseiller dans mes études et la voie à suivre. Il vivait avec sa femme, ma tante Pierrette, à Tournai, à seulement 40 km de Lille. C’est lui qui dirigeait l’énorme usine des “Ciments Lemay” fondée par son père, mon grand-père Marcel Lemay, et qui traversa de multiples péripéties pendant la guerre. Brillant ingénieur, il succéda à deux de ses frères (également ingénieurs industriels) qui, pour diverses raisons, finirent l’un au Venezuela, l’autre au Mexique. Bref, mon oncle Michel et son épouse Pierrette me prirent sous leur aile. J’étais la fille qu’ils n’avaient pu avoir. » (p. 54).

    « Un jour, j’ai surpris des conversations entre eux sur leur désir de m’adopter légalement, tout d’abord par amour, et puis aussi pour débarrasser ma mère des frais de mon éducation. » (p. 56).

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    L’oncle Michel, l’aspirant papa d’Anne, a bien décidé de tourner la page degrellienne : rangé désormais dans la bien-pensance, il s’est racheté une réputation politiquement correcte grâce à des fréquentations choisies, s’est offert un rond-point à Tournai en blocs de pierre de ses carrières, –l’inaugurant avec le ministre-président de la Région wallonne, le socialiste Rudy Demotte (à gauche ; Michel Lemay lève le drap à droite ; capture d’écran NoTélé). Il légua une somme relativement symbolique aux filles de feue sa sœur Marie-Paule, avant de laisser l’essentiel de sa fortune à un fonds de mécénat local portant son nom et celui de sa deuxième épouse, Claire Lemay-Poncheau, géré par la Fondation Roi Baudouin. Son faire-part de décès, en 2012, ne signale que de rares amis de l’establishment tournaisien, aucun membre de sa famille, et mentionne les honneurs officiels que son néo-conformisme lui ont valus.

     

    « Mais l’événement le plus triste qui vint ternir mon bonheur, peu de jours après la naissance de ma petite Hélène, fut le décès de ma grand-mère maternelle, pivot et guide de toute mon enfance et adolescence [28 janvier 1970]. Je ne pus être à ses côtés aux moments ultimes de sa vie, car Hélène n’avait que quinze jours et avait besoin de toute mon attention. » (p. 104)

     

    « Ma mère mourut au printemps de 1984 [le 29 janvier !]. […] Je pleurai désespérément. Se mêlaient en moi la peine immense de sa perte et le remords de l’avoir laissée seule en France, ayant choisi de vivre aux côtés de ce père dont elle avait voulu nous éloigner pendant quinze ans. » (p. 118)

     

    « Mon unique famille fut la famille Lemay. Pendant les années les plus cruciales de mon enfance et de ma jeunesse, ma grand-mère et mes oncles ont toujours été à mes côtés. Ma mère, après ses cinq ans de torture carcérale, revint dans nos vies avec des cicatrices impossibles à fermer. Elle fut admirable dans ses efforts pour essayer d’ignorer les souvenirs qui la tourmentaient, soigner les blessures de son corps et de son esprit, et assumer ses responsabilités quant à notre formation humaine et intellectuelle. » (p. 117)

    Anne Degrelle est donc d’abord et avant tout Anne Lemay. En témoigne encore le vif désagrément dont elle nous fait part au moment de son installation dans l’Espagne de son père : « Mais en Espagne, j’étais la fille de Léon et mon nom devait être Degrelle : cela m’a coûté énormément de devoir m’y habituer. » (p. 131).

     

     

    L’essentiel de la documentation iconographique de cet article provient de la CPDH (Collection Privée de Documentations Historiques) de ©Jacques de Schutter.

     

     

    À suivre