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jean-marie frérotte

  • « Éléments », magazine de la Nouvelle Droite... et des idées à l'envers ?

     

    L'histoire revisitée par les clowns du wokisme triomphant

     

     

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    Le magazine Éléments dirigé par Alain de Benoist (La Nouvelle Droite au XXIe siècle : Orientations face aux années décisives, La Nouvelle Librairie, 2023) vient de publier une interview complaisante de Frédéric Saenen, promouvant sans réserve sa perfide satire de Léon Degrelle que son chroniqueur complice, Laurent Schang, toute vergogne avalée, ose nous vendre –en rubrique Histoire s'il vous plaît, et non Humour ou même Polémique– comme « le portrait sans fard ni trémolos d'un ambitieux qui, pour s'être rêvé en Führer des Wallons, finit sa vie avec le titre peu enviable de personnalité la plus détestée du royaume de Belgique » (ce blog au 1er décembre 2025).

     

    En 1992, la présence du nom de Léon Degrelle dans la liste proposée pour le classement des Cent Wallons du siècle suscita « des réactions indignées de la part de plusieurs résistants. » À l'époque, –Léon Degrelle vivait encore !–, les responsables de l'initiative convainquirent les indisposés « qu'une démarche historique qui se voulait scientifique ne pouvait occulter des aspects du passé quels qu'ils soient. » (Paul Delforge, in Les Cahiers nouveaux, septembre 2012, p. 62). On mesure la régression des démarches historiques quand on lit aujourd'hui Clown auguste Schang ou d'autres « spécialistes », par exemple du Cegesoma, plus officiels, mais tout aussi bouffons (sur ce blog, cliquer sur « Cegesoma » dans les Archives par tags)...

     

     

     

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    Nous avons vu (ce blog au 1er décembre 2025) comment, dans son sketch sur « Léon Degrelle et la cause flamande », Clown blanc Saenen estimait impossible pour le Chef de Rex d' « entrer en réel dialogue avec le nord du pays ». En effet, « L'obstacle majeur au rapprochement de Degrelle avec la Flandre est avant tout... sa méconnaissance totale du néerlandais. »

     

    Quelques coupures de journaux illustrant les succès colossaux des meetings de Léon Degrelle expliquant son programme en français en région flamande établissent aisément l'absurdité de pareille thèse. Alors, que dire du délire qui s'empare des foules lorsqu'il s'essaie à le présenter en néerlandais, comme au Congrès de Rex à Lombeek, le 10 juillet 1938 ! (Léon Degrelle spreekt Vlaamsch –« Léon Degrelle parle flamand »–, Supplément du Pays réel non daté, 60.000, REX Congrès national Lombeek, 10-7-38, p. 39, en cinq langues –français, néerlandais, espagnol, italien, anglais–, mais pas en allemand).

     

    Renvoyons surtout à notre série Léon Degrelle et le nationalisme flamand, sur notre blog Le Dernier Carré « Weltanschauung », à partir du 8 juillet 2016...

     

    À propos du Congrès de Lombeek, épinglons la petite canaillerie de Clown blanc l'artificieux (son bouquin en regorge, évidemment invisibles au godiche Clown auguste) : à la fin de sa présentation, Frédéric Saenen ironise : « Debout à bord d'une voiture découverte qui, après être passée sous d'impressionnantes arcades, remonte lentement l'allée centrale, le Chef arrive à la tribune. Le Nuremberg du pauvre consacre Degrelle en Führerke (petit Führer en néerlandais) des rexistes. » Et de préciser en note de bas de page que ce n'est pas lui qui déconsidère de la sorte le congrès de Lombeek en l'appelant « Nuremberg du pauvre », mais le premier historien de Rex de l'après-guerre : « J.-M. Étienne, Le Mouvement rexiste jusqu'en 1940, op. cit., p. 156. ». Sauf que Jean-Michel Étienne ne prend pas la médisance à son compte, mais fait mine au contraire d'en dénoncer la méchanceté, sans toutefois en préciser l'origine : « on a appelé méchamment ce congrès le Nuremberg du pauvre”... ». Autrement subtil.

     

     

    Que dire aussi de la saynète que Clown auguste Schang consacre à Hergé ? Sa fausse question vaut pourtant tellement son pesant de chafouinerie ! « Degrelle [...] s'est souvent vanté d'avoir inspiré le personnage de Tintin. Quelle est la part de vérité dans cette affirmation ? Si tant est qu'il y en ait une. » Mais qu'ajouter à ce que nous avons déjà démontré et redémontré ? Nous renvoyons donc simplement le lecteur à notre série Degrelle-Hergé, même combat ! (ce blog à partir du 21 septembre 2020 ou, mieux encore, cliquez sur « Hergé » dans les Archives par tags).

     

     

    Léon Degrelle, l' « hitlérolâtre »...

     

     

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    Nous avons souvent montré à travers notre iconographie (ce blog, pour cette seule année, aux 28 février, 15 mars et 11 août) comment Léon Degrelle était une cible privilégiée des caricaturistes et dessinateurs de presse, parfois vulgairement, parfois aussi avec humour et talent.

     

    On a ici un exemple du supérieurement clownesque René Magritte, qui se fit membre du Parti communiste en 1932 et réalisa, pour un Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes, cette affiche en 1936 en réaction au triomphe électoral de Rex. Si, à l'époque, le dessin se voulait expressément calomniateur, il anticipait néanmoins avec justesse les sentiments qui allaient unir les deux hommes au cours de la guerre. Encore qu'en formulant son « hypothèse paternelle », ce serait plutôt Hitler qui se fût vu continué par Léon Degrelle (voir encore ci-après, à propos des sentiments d'Adolf Hitler pour celui qu'il considéra comme le « fils idéal » ) !

     

    Si Magritte était donc un fier communiste « résistant » à la menace fasciste, il ne fallait pas lui en demander beaucoup plus : ce n'est pas lui qui, à l'exemple de Léon Degrelle, eût mis sa peau en jeu pour défendre ses idées. En effet, la maison de ventes Arenberg Auctions qui a mis aux enchères à Bruxelles, le 16 octobre dernier, un exemplaire de l'affiche a expliqué son caractère « absolument rarissime [...] par le fait qu’elle a été détruite, par prudence, lors de l’arrivée des Allemands au début de la Seconde Guerre mondiale [...]. Durant l’Occupation, si Magritte a peur d’être arrêté, c’est notamment à cause de cette image »... Estimée entre 2000 et 2500 euros, l'affiche (anti)degrellienne a été adjugée 38.400 euros (frais de vente de 28 % compris).

     

     

    Clown auguste Schang : « À quel moment de son parcours situez-vous son basculement, du réactionnaire catholique au Germain hitlérolâtre ? »

    Clown blanc Saenen : « [...] Une fois revenu de ses prisons [...], Degrelle [...] comprend qu'il ne peut plus vraiment avoir de destinée strictement belge. Il s'offre alors littéralement à Hitler, dans une lettre stupéfiante d'avril 1941, donc deux mois avant le déclenchement de l'opération Barbarossa, qui signe son basculement complet. »

     

    Tout à son rôle d'asticoteur de Clown blanc Saenen, Clown auguste Schang ne veut présenter Léon Degrelle que de manière négative à ses lecteurs néo-droitistes : l'auteur de Révolution des Âmes n'était donc, à l'origine, qu'un « réactionnaire catholique », somme toute assez méprisable intellectuellement. Et voilà qu'à un moment donné de sa vie, il « bascule » et devient un Germain entre guillemets, c'est-à-dire, pour Clown auguste qui ne connaît rien des liens qui unirent les Wallons au Saint Empire Romain Germanique, un faux Germain ! Qui plus est, de l'espèce la plus ignominieuse, puisque, en outre, il « bascule » dans l'adoration stupide de l'homme le plus monstrueux de l'Histoire : il devient hitlérolâtre... (à propos de la germanité des Wallons et de l'intérêt tactique de sa proclamation par Léon Degrelle –que Frédéric Saenen réduit absurdement à une manœuvre destinée à rejoindre la Waffen-SS !–, voir ce blog aux 12 mai 2016 et 10 décembre 2017 ainsi que Persiste et signe, p. 304).

     

     

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    Emmené en avion –pour la seconde fois sur ordre exprès du Führer– du champ de bataille au Grand Quartier Général des Armées sur le Front de l'Est, le 27 août 1944, l'hitlérolâtre Léon Degrelle salue protocolairement en attendant que le chef suprême des armées, Adolf Hitler, rayonnant de joie, lui remette les plus prestigieuses décorations militaires du Reich, les Feuilles de Chêne à sa cravate de Chevalier de la Croix de Fer, l'Insigne en or des combats rapprochés, la Médaille en or des Blessés et la Croix allemande en or (ce blog, notamment, au 23 juillet 2021).

     

     

    On sait que Léon Degrelle –il n'en a jamais fait mystère– nourrissait une admiration fervente pour Adolf Hitler, multipliant d'ailleurs explications, précisions, déclarations, proclamant, par exemple, qu'il « était le génie universel qui entendait bien créer un monde nouveau et un type d'homme nouveau » (Persiste et signe, p. 179). Il savait aussi, –après l'écrasement du Reich national-socialiste, la destruction de ses réalisations, la prohibition de sa vision du monde et le récit officiel qui en est proposé depuis–, ce que sa proximité avec le Führer pouvait susciter comme réactions ; il semble même répondre à l'avance à nos deux clowns : « Tant qu'il a été entendu qu'Hitler n'était qu'un fou abominable, le fait que je l'aie fréquenté était collé sévèrement dans mon dossier à charge ! [...] Quel monstre n'étais-je donc pas moi-même ! [...] On me jetait à la figure la phrase que m'adressa Hitler en 1944, en me remettant le Collier de la Ritterkreuz avec Feuilles de Chêne : Si j'avais un fils, je voudrais qu'il soit comme vous ! [...] Mais voilà que les temps ont changé, Hitler est devenu un objet de fascination mondiale ! [...] Alors, du coup [...], on nie nos rapports et surtout leur qualité, je ne peux plus l'avoir connu, ou alors, au maximum, un jour ou l'autre, entre deux portes, à toute vitesse ! » (Persiste et signe, pp. 181-182).

     

    Mais nos deux complices ne s'embarrassent pas de ce distinguo : Clown blanc Saenen prétend avoir trouvé la preuve de l'hitlérolâtrie coupable de Léon Degrelle et Clown auguste Schang reprend le texte accusateur, en capitales grasses en milieu de page : « [Degrelle] s'offre alors littéralement à Hitler, dans une lettre stupéfiante d'avril 1941, donc deux mois avant le déclenchement de l'opération Barbarossa, qui signe son basculement complet. À partir de là, il devient un croisé de l'hitlérisme et n'a de cesse de proclamer la germanité des Wallons afin de rejoindre les rangs de l'élite suprême à ses yeux, la Waffen SS. »

     

     

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    Clown blanc ne nous permettra pas de lire un traître mot de cette lettre, mais nous sommes priés de croire qu'elle est « stupéfiante » et qu'elle constitue une scandaleuse oblation sacrificielle à Hitler : Pétain avait fait don de sa personne à la France, mais ici, c'est « Degrelle [qui] s'offre littéralement à Hitler » ! La manœuvre falsificatrice est trop scandaleuse pour n'y pas répondre. Nous avons d'ailleurs déjà présenté très clairement cette lettre courageuse du jeune chef idéaliste sur ce blog, le 7 mai 2016. Nous n'avons donc rien d'autre à faire que nous répéter...

     

    Aîné d’une famille de plus de six enfants, Léon Degrelle avait été exempté d’office de son obligation de service militaire par la loi de 1928. Ce qui ne l’a pas empêché de demander son incorporation sous les drapeaux (armée de l’air) en 1939, requête refusée au motif qu’il était député de Bruxelles.

     

    Par ailleurs, après la défaite de la Belgique et les épreuves subies au cours de sa captivité en France, et dans l’inactivité totale où il est réduit depuis son retour au pays, Léon Degrelle, toujours habité par son idéal dont la réalisation se concrétise ailleurs et sans lui, se rappelle au bon souvenir d’Adolf Hitler lui-même. Il lui écrit le 10 avril 1941 (c’est-à-dire bien avant le déclenchement de l’opération Barbarossa, le 22 juin) : « […] C’est pour sortir de cette inaction que je vous écris, Führer, afin d’obtenir de vous l’honneur insigne de pouvoir lutter, fraternellement, à côté de vos soldats. Pendant la durée de la guerre, je ne puis, politiquement, être d’aucune utilité. Laissez-moi donc alors, Führer, mettre à votre disposition, sur les champs de bataille, ma force et ma jeunesse ! […] Führer, je suis certain que vous ne me refuserez pas cette joie. Vous vous souviendrez du jeune homme qui, dès 1936, venait à Berlin vous apporter le salut de Rex. […] Vous me permettrez, j’en suis convaincu, de mêler mon effort à l’effort de la jeunesse du IIIe Reich et de m’engager volontairement parmi vos troupes. Je serai infiniment heureux, malgré mon attachement à mon foyer et à mes quatre petits enfants, de connaître le destin militaire de votre jeunesse héroïque. Que Dieu, Führer, conduise vos drapeaux à la victoire et à la paix. » Il reçut la réponse de Hitler par un courrier du Chef des Oberkommando der Wehrmacht en personne, le Generalfeldmarschall Wilhelm Keitel, le 4 ou le 5 juillet : sa requête est refusée « pour des raisons de principe » : « Le Führer ne peut pas vous laisser partir pour le front parce que vous êtes indispensable pour votre activité politique » (Cahiers d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale, 1978, pp. 168-170).

     

     

     

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    Lorsqu'enfin, l'offensive Barbarossa permit de contrer la menace communiste sur l'Europe, Léon Degrelle vit là l'occasion unique de rendre à une Belgique rétablie dans son Histoire sa place dans l'Europe nouvelle. Ayant mis sur pied la Légion Wallonie, il lui confie le drapeau bourguignon bordé des trois couleurs nationales et fait jouer, pour la première fois depuis le 28 mai 1940, la Brabançonne par la fanfare de l'Occupant allemand. Léon Degrelle, le « faux Belge » selon Clown blanc Saenen (ce blog au 1er décembre 2025), partit comme simple soldat après avoir magnifié le patriotisme de ses camarades : « Rien ne sera trop dur, la mort nous sera légère et même chère, si notre glorieuse patrie peut, forte et libre, redevenir un des centres vitaux d'une Europe dont elle fut la jetée fameuse vers la richesse occidentale et le Mare Germanicum. » (ce blog au 8 août 2017).

     

     

    Et nous ajoutions, à l'intention probablement d'éventuelles interprétations clownesques : « Il est important de préciser dans quelle perspective Léon Degrelle avait entrepris cette démarche : non pas pour s’aligner aveuglement sur l’Allemagne et s’intégrer inconsidérément dans sa politique, mais pour donner une chance à la Belgique de retrouver un rôle dans l’Europe nouvelle. »

     

    C’est ce qu’expliqua encore le Commandeur des Bourguignons sur le Front de l'Est dans une interview à Défense de l’Occident (novembre 1972, voir ce blog au 4 juin 2016) : « Dès le début, je m’étais dit qu’il n’y avait de solution que militaire. Les Allemands étaient des soldats qui avaient triomphé, nous étions des vaincus et des civils. Tout était contre nous. Il fallait donc revenir à égalité avec eux et cette égalité, nous ne l’obtiendrions que par l’égalité du sacrifice. Je vais vous révéler un fait peu connu. En avril 1941, quand j’ai vu que l’affaire tournait très mal pour la Belgique et que les Allemands s’affirmaient comme les maîtres de l’Europe, qu’ils avaient balayé les Balkans, la Grèce, la Crète, j’ai écrit à Hitler pour m’engager. À ce moment, je ne pensais pas lever des volontaires. La guerre contre la Russie n’avait pas encore commencé. Je ne cherche donc même pas les circonstances atténuantes de la lutte contre le communisme. Mais comme je ne voulais pas lancer mon pays dans une aventure militaire absurde, je m’y suis lancé tout seul. Ceci dit, j’ai été ravi que l’Allemagne attaque l’Union soviétique deux mois plus tard, car cela nous a permis de nous lancer en masse dans la bagarre. ».

     

     

    Le Roi et ses ministres, hitlérolâtres... et Hitler degrellolâtre !

     

     

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    Non, jamais Adolf Hitler n'eût voulu de Léopold III comme fils, malgré la verve parodique d'Alidor (Pan, 28 mars 1973). Seul Léon Degrelle put susciter pareil élan de la part du Führer.

     

     

    Cela dit, nous connaissons plus « stupéfiant » que la lettre de Léon Degrelle. Par exemple, outre l'incroyable défilé chez Léon Degrelle des grosses légumes politiques belges essayant de se positionner avantageusement dans la Collaboration après la capitulation du 28 mai 1940 (voir La Cohue de 1940), il faut citer le courrier que le Premier ministre belge Hubert Pierlot, qui s'était enfui en France avec son gouvernement, envoie le 18 juillet 1940 au vice-président du Sénat affirmant que « Le plus favorable serait que la Belgique [soit] englobée dans un Zollverein ayant à sa tête un Gauleiter » (ce blog au 18 mai 2017). Et encore plus « stupéfiant », à tomber le cul par terre : le roi Léopold III qui envisage, pendant l'été 1940, de « prêter à Hitler un serment comportant une certaine allégeance, comme dans le Reich d'antan les monarques à l'Empereur » (témoignage d'Henri De Man, voir ce blog au 3 décembre 2024).

     

    Voilà qui, sans aucun doute, est encore plus Germain que « Germain » !!!

     

    Tout aussi essentiel à garder à l'esprit : si Léon Degrelle fut « hitlérolâtre », Adolf Hitler fut tout autant degrellolâtre ! Nous avons passé maintes fois en revue les multiples événements documentant les liens unissant les deux hommes depuis leur première rencontre, fabuleuse, de 1936 (ce blog, dans les Archives, cliquer sur le tag « si j'avais un fils »).

     

    Rappelons-en quelques exemples, dont sa colère lorsqu’il crut Léon Degrelle assassiné à Abbeville, le 20 mai 1940, sa décision de le rencontrer avant Léopold III, le 26 octobre 1940, son ordre donné à Ribbentrop de le soutenir –et lui seul– en Belgique, le 31 janvier 1943, sa résolution de le nommer chancelier du nouvel État bourguignon, en mars 1943, sa reconnaissance de Léon Degrelle comme Volksführer, le 23 novembre 1944, la délégation des pleins pouvoirs civils, politiques et militaires en Belgique reconquise qu’il lui fit le 1er janvier 1945... Nous avons également documenté son inquiétude constante et répétée sur le sort du désormais Commandeur de la Division Wallonien au Front de l'Est (ce blog au 21 juin 2018).

     

    Et tant que nous y sommes, rajoutons ce dernier élément établissant le caractère insigne des relations entre le Führer abandonné de tous (sauf d'Eva Braun, son épouse, et de Josef Goebbels, le fidélissime, et sa famille) et son indéfectible paladin étranger. En avril 1945, dans le bunker des ruines de sa Chancellerie, Adolf Hitler vient de vivre son cinquante-sixième anniversaire parmi les trahisons de ses plus proches collaborateurs, les revers militaires catastrophiques, les bombardements incessants des soviétiques encerclant Berlin anéantie... Il confie à Martin Bormann d'ultimes et amères réflexions que rapporte un témoin accidentel et sans le moindre lien avec Léon Degrelle.

     

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    « engagé dans la L.V.F. (Légion des Volontaires français contre le bolchevisme) puis sous-officier dans la division SS Charlemagne, Louis Chastang – c'est le nom qu'il se donne – s'est décidé à parler. [...] Isolé de mon groupe, je me trouvais avec un autre Français dans un détachement de la division Nordland (composée de volontaires des pays scandinaves). Il y avait avec nous un SS allemand, le capitaine Eckermann. [...] De 1938 à 1945, il avait été membre de la Leibenstandarte [sic] Adolf Hitler, la garde personnelle du führer. [...] le 30 avril 1945 [...] nous savions que la guerre était finie, perdue. Avec le capitaine Erckmann [sic] et mon camarade français nous tentions de sortir de Berlin. Soudain, [...] nous avons vu deux hommes qui avançaient dans notre direction. Eckermann nous a dit : Attention ! Ce sont des huiles. Cachons-nous... [...] les deux hommes se sont arrêtés à quelques mètres de nous. L'un d'eux était grand et portait un uniforme vert sans distinction de grade : c'était le médecin SS Ludwig Stumpfegger [1910-1945, chirurgien personnel d'Adolf Hitler ; c'est lui qui aurait fourni les capsules de cyanure aux couples Hitler et Goebbels]. L'autre, plus petit, râblé, avait la tenue beige des membres du parti : Martin Bormann. Les deux hommes ont commencé à parler. À travers le fracas des explosions qui secouaient la ville, j'ai pu saisir quelques bribes du dialogue. Bormann s'étonnait que Hitler ait choisi l'amiral Doenitz comme son successeur. Il a dit aussi à Stumpfegger que le führer avait parlé avec amertume de la trahison de la plupart des dignitaires de l'armée et du parti et que le führer avait exprimé son regret de ne pas avoir confié le commandement de ses troupes à Léon Degrelle, le chef nazi belge. » Suit le récit du suicide par capsule de poison (France-Soir, 11-12 février 1973, p. 5 ; Léon Degrelle évoque l'histoire dans Tintin mon copain, mais il ne donne pas la bonne référence, datant le quotidien français de janvier au lieu de février, p. 134).

     

    Alors, après toutes ces évidences, qu'en avons-nous encore à faire de la vaine question agacée de Clown auguste Schang : « Oui ou non, Degrelle fut-il le fils qu'Hitler aurait voulu avoir, selon la petite phrase tant et tant de fois répétée ? » Et de la réponse pontifiante de Clown blanc Saenen tout empreinte d'insolente mauvaise foi : « [Cette phrase] fait partie de ces éléments fantasmatiques et des effets de rhétorique dont usera Degrelle tout au long de sa vie pour forger son mythe. Elle découle de la fusion fluidique qu'il veut à tout crin voir dans sa relation avec Hitler. » Et de nier, contre toute évidence, l'existence de « sentiments amicaux, encore moins filiaux »... (mais le Führer n'a jamais dit : « Si j'avais un père... »)...

     

     

    Qui alors pour remettre les « idées à l'endroit » ?

    Réfléchir&Agir !

     

     

    RHE 25 Saenen.jpgOù donc la Revue d'Histoire Européenne a-t-elle bien pu aller chercher –en même temps que la revue Éléments !– que Léon Degrelle était « qualifié, de son vivant, de personnalité la plus détestée du Royaume de Belgique » ?... (N° 25, août-septembre 2025).

     

     

    Nous croyions être à peu près seuls, avec le Cercle des Amis de Léon Degrelle, à nous être retrouvés interloqués par cet article d'Éléments. Même la Revue d'Histoire européenne –dont nous avons fait l'éloge trop prématurément et donc imprudemment (ce blog au 20 avril 2025)–, s'est jointe au chœur démocratique de dithyrambes insensés.

     

    Mais non ! Seuls à sauver l'honneur du journalisme indépendant, à l'esprit critique et à l'engagement nationaliste cohérent, nos amis de Réfléchir&Agir ont vivement réagi par un billet d'humeur concis, mais incisif et bien renseigné, d'Eugène Krampon, Je défends la mémoire de Léon Degrelle (n° 88 [!], Hiver 2025, p. 6). C'est surtout à Frédéric Saenen qu'il s'en prend et pas nécessairement à Laurent Schang qui est pourtant tout autant blâmable dans la mesure où nous attendions de sa recension connaissance du sujet, capacité de doute, sens critique, souci élémentaire de vérification des assertions...

     

    Frédéric Saenen, au fond, ne fait que son boulot : noircir la vie de son personnage pour convaincre son lecteur, –inculte au cerveau lavé par quatre-vingts ans de mensonges officiels–, de l'horreur de ses convictions nationales-socialistes qui sont autant d'inconduites, voire de délits (« affabulateur compulsif », « hypocrite, cauteleux », « panier percé, mauvais payeur »), de ses intentions politiques coupables (« mauvais Belge », « réintégration [...] au Reich allemand »), de sa proximité avec le régime nazi abhorré (« croisé de l'hitlérisme »), de son absence totale de repentance (« quelqu'un qui passe son temps à nier l'existence des chambres à gaz ou à chanter les louanges posthumes d'Hitler »), de la profondeur honteuse de ses sentiments pour le repoussoir absolu de l'humanité que fut Adolf Hitler (« il s'offre littéralement à Hitler »)...

     

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    Encore eût-il fallu que Laurent Schang maîtrise son sujet, connaisse quelque chose à Léon Degrelle, voire même ait véritablement lu le monument de sornettes publié par son éditeur Perrin. Car enfin, il faut ne pas avoir ouvert le pensum pour prétendre gratuitement (et de quelle autorité ?) que « la biographie de Frédéric Saenen est incontestablement la plus complète, la plus documentée et la plus approfondie » ! Nous avons montré comment, dès les toutes premières pages, Saenen trafique ses sources pour laisser entendre, par exemple, que Léon Degrelle était un criminel de guerre (ce blog au 25 mars 2025). Schang eût pu le vérifier lui-même, lui qui, spécialiste maison de la Seconde Guerre mondiale, a certainement accès à la quarantaine de volumes des minutes du procès de Nuremberg où Saenen prétend avoir trouvé son information !...

     

    Et s'il avait vérifié un tant soit peu les allégations de son auteur, par exemple sur les origines de l'antisémitisme inexistant de Léon Degrelle qui lui donne des haut-le-cœur (voir ci-après), il aurait pu constater les mêmes procédés manipulateurs.

     

    Frédéric Saenen prétend ainsi que le chef de Rex « se plaît à raconter que, enfant, à la liturgie du Vendredi saint, il chantait en chœur : Oremus et pro perfidis Judaeis » (p. 123), avec un appel de note où se trouve effectivement une référence livresque mais sans fournir la citation du récit degrellien que l'on s'attendait à trouver. Et si vous avez la curiosité de vous reporter au livre évoqué (Jean-Marie Frérotte, Léon Degrelle, le dernier fasciste), vous lirez la simple information suivante : « La liturgie du Vendredi-Saint chantait : Oremus et pro perfidis Judaeis... », sans la moindre mention du plaisir éventuel de Léon Degrelle à chanter cette prière. Dans La Chanson Ardennaise où il raconte sa vie à Bouillon au rythme du calendrier liturgique, comme dans les récits de son enfance pieuse rapportés dans Mon Combat, il n'est jamais question de la prière du Vendredi Saint pour la conversion des Juifs. Ce terme n'apparaît d'ailleurs nulle part dans ces écrits, preuve sans doute que cette prière n'impressionna pas particulièrement le petit Léon et qu'il ne put à l'évidence y prendre jamais la moindre joie perverse.

     

     

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    Le petit Léon « se levait tôt, allait sonner les cloches à l'église [Saints Pierre et Paul de Bouillon] et servait la première Messe » (Mon Combat, p. 27). Il pouvait admirer ainsi tous les jours l'impressionnant maître-autel qui s'orne des statues des deux saints patrons, Saint Paul tenant le glaive de la Parole de Dieu et Saint Pierre avec les clefs du Royaume des Cieux.

     

    À leurs côtés, seraient-ce les statues de deux Juifs ayant bénéficié de la prière pour les « perfidis Judaeis » ? La paroisse de Bouillon n'a malheureusement pas même été capable de nous les identifier... Quel est encore ce clergé post-conciliaire coupé de ses racines historiques, bibliques, ecclésiales ? À gauche, se trouve donc Aaron avec son pectoral aux douze gemmes symbolisant les tribus d'Israël et tenant l'encensoir purifiant les offrandes à Dieu ; à droite, voilà l'autre grand-prêtre d'Israël, Melchisedech, représenté avec du pain et une aiguière de vin. Leurs attributs font le lien entre l'Ancien et le Nouveau Testament.

     

    Quand Léon Degrelle évoque la Pâques campagnarde et le Vendredi Saint, il écrit « Les offices divins étaient magnifiques dans leur dépouillement, les prières de ce jour-là sont les plus beaux poèmes qui soient au monde. [...] Il fallait d'abord prier près [des cruches d'eau bénite], lancer les chants sublimes pour tous ceux qui connaissaient les égarements de l'ombre et les morsures de la douleur. » (Mon Combat. p. 34). Et ce serait là l'origine d'un antisémitisme chez Léon Degrelle ? qui ne reprend jamais aucun terme de la prière pour les Juifs, mais en généralise la portée ?...

     

     

    Saenen poursuit alors sur sa lancée l'explication abracadabrante du prétendu antisémitisme degrellien : « En Belgique, dans les années 1900-1910, les réseaux du catholicisme intégral marqués par le traditionalisme et l'antijudaïsme étaient en outre très actifs dans les milieux néothomistes, et ont notamment inspiré l'ACJB. » (p. 123).

     

    L'ACJB est l'Action catholique de la jeunesse belge, mouvement où s'engagèrent la plupart des jeunes catholiques belges, dont Léon Degrelle (et Hergé). A la fin de la phrase évoquant l'ACJB, se trouve à nouveau un appel de note censé expliquer en quoi ce mouvement fut inspiré par l'antijudaïsme. Et nous lisons : « Au sujet de réseaux tels que La Sapinière de Mgr Benigni et de leurs relations avec la Revue internationale des société secrètes de Mgr Jouin, introducteur des Protocoles des Sages de Sion en France, voir N. Valboousquet [sic], Catholique et antisémite. Le réseau de Mgr Benigni [...] » (p. 315). Mais ce livre ne cite jamais ni l'ACJB, ni aucun de ses dirigeants (qui furent proches de Léon Degrelle), Mgr Picard ou Giovanni Hoyois ! Quant au correspondant belge de cette fameuse Sapinière n'ayant eu aucun lien ni avec l'ACJB, ni avec Léon Degrelle, il en fut exclu pour collaboration avec l'occupant allemand pendant la Première Guerre mondiale ! (Nina Valbousquet, Catholique et antisémite, p. 57). Le seul intérêt de cette note est donc bien de citer les mots « Protocoles des Sages de Sion » et « antisémite ».

     

    Nous retrouvons exactement le même procédé que pour les « crimes de guerre » de Léon Degrelle : l'important était alors d'associer son nom aux mots « Procès des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international : Nuremberg ». Jamais rien de pertinent, mais, toujours, des amalgames, des approximations, des suggestions, de la malveillance...

     

     

    Des procédés uniment malhonnêtes

     

    Et c'est ainsi tout au long de la prétendue biographie où tout les faits, anecdotes, témoignages sont présentés négativement. C'est bien sûr le droit de Frédéric Saenen –comme de son comparse Laurent Schang– de ne pas apprécier Léon Degrelle, mais il faut rester honnête et loyal, et le prétendu critique d'Éléments, spécialiste de la Deuxième Guerre mondiale, eût pu aisément vérifier le tripatouillage des sources.

     

    Il semble bien, cependant, qu'il n'en ait rien à faire puisque ses questions ne sont qu'oratoires, reflétant purement et simplement l'avis de l'interrogé ou, comme chez les clowns du cirque, amplifiant encore les postulats du clown blanc qui occultent la supercherie et font prendre ses propositions pour des vérités d'Évangile (voir encore ci-dessus, à propos de Hergé).

     

    Ainsi, –revenons-y–, de l'antisémitisme degrellien. Schang ne pose pas de question, il adopte d'emblée le discours dominant pour proférer une nouvelle considération axiomatique : « Beaucoup moins drôle [sic] que ses affabulations sont ses prises de position négationnistes [terme remplaçant désormais « révisionniste »] à partir des années 1970... » Ce qui permet au sophiste Saenen de nier tout caractère « scientifique » aux études réclamées par Léon Degrelle puisque « Cela confirme à mon sens l'ancrage du projet négationniste, non pas dans une quelconque tradition de pensée critique, mais bien dans l'idéologie nazie. » En effet, qu'est Léon Degrelle, sinon un « acteur de la guerre, engagé sous uniforme nazi » ! Il n'y aurait donc vraiment plus aucune raison d'encore exercer quelque « pensée critique » sur pareil sujet (ce que les lois interdisent d'ailleurs de toute façon).

     

    Frédéric Saenen a achevé correctement sa mission. Il a rempli son contrat efficacement : son bouquin est publié et diffusé par une grande maison d'édition ; il reçoit en retour l'hommage publicitaire de la presse conventionnelle unanime. Aussi unanime que le fut, en 1937 contre Léon Degrelle, tout l'éventail de la société, des catholiques aux communistes, de l'Église aux Loges. Mais constater qu'aujourd'hui, la presse de la « Nouvelle Droite » entend s'y associer, la presse qui prétend mettre les « idées à l'endroit » afin de fournir des « éléments pour la civilisation européenne », cela donne une idée de l'état effarant dans lequel se retrouve désormais la transmission de l'histoire contemporaine...

     

     

     

    PR 1943.09.08 Télégramme AH LD.pngEt une dernière pour la route !

     

    Voici encore une manifestation de la sollicitude qu'Adolf Hitler prodigua avec constance à Léon Degrelle, celui qu'il eût aimé avoir pour fils.

    (Le Pays réel, 8 septembre 1943)

     

     

     

    Mais brisons-là et laissons à Léon Degrelle le dernier mot (qu'on dirait d'ailleurs prononcé pour remettre à leur place tous les clowns d'aujourd'hui et de demain) :

     

    « Je n'impose mon jugement à personne, mais je n'ai pas non plus à l'étouffer quand se déchaînent les pense-petit, ou à avoir honte de la puissante camaraderie qui m'a uni à celui qui fut l'homme le plus sensationnel de notre siècle.

     

    Ces scribouillards antihitlériens, à l'encre rancie, que sont-ils, eux, à côté d'un génie comme Hitler ? Dans dix ans, nul ne saura plus qu'ils ont existé. Mais on connaîtra encore le nom d'Hitler dans cent siècles. » (Persiste et signe, pp. 182-183).

     

     

     

    Breker Médaillon Hitler.jpg

    Grand portrait d'Adolf Hitler en médaillon sculpté de profil par Arno Breker (fonte, environ 50 cm de diamètre).

     

     

     

     

  • Y aurait-il enfin du nouveau sur Léon Degrelle ?

     

    L'homme qui tomba du ciel.

    Les années espagnoles de Léon Degrelle, 1945-1994

     

     

    LD Govaerts Couv..jpegNous vous avons parlé naguère de la toute récente publication de ce livre en néerlandais de Bert Govaerts sur les années d'exil agitées de Léon Degrelle en Espagne, De man die uit de lucht viel  L'homme qui tomba du ciel »). Et nous regrettons sincèrement de l'avoir fait de manière vraiment trop « soupe au lait », réagissant avec véhémence à l'introduction, toute de conformisme, nous avait-il semblé, dans le dénigrement obligatoire de l'homme politique belge, incontestablement le plus important du XXe siècle (ce blog au 11 juillet 2025).

     

    Mais, –il nous faut bien désormais en convenir–, comment pouvoir encore se faire publier aujourd'hui sans se montrer un minimum « politiquement correct » ? Et pourtant, nous avons affaire ici à l'exact contraire de la « correctitude » d'un Frédéric Saenen dont le pensum non seulement ne nous apprend rien, mais ne constitue qu'un lamentable pamphlet sans originalité (ce blog au 25 mars 2025). S'il fallait encore vous convaincre des (in)compétences du pseudo-historien, infligez-vous l'émission que Radio Courtoisie lui a consacrée. Un fidèle lecteur, M. T. B., nous a en effet signalé que Pascal Lassalle lui avait consacré son Libre Journal du 9 août dernier. Vous y apprendrez ainsi, par exemple, parmi les longs et radiogéniques « Heuuuuummmmmmhh......... » de ce « tribunitien » radiophonique, que, lors de la tuerie d'Abbeville, « au petit matin, [les prisonniers] sont tous passés par les armes, je crois qu'il y a une septantaine, heu, soixante-dix personnes plus ou moins qui sont exécutées » !!! (sur les vingt et un martyrs d'Abbeville, voir, entre autres, ce blog au 6 mai 2017).

     

    Radio Courtoisie Saenen.png

     

    Mais revenons à l'ouvrage de Bert Govaerts dont l'importance se mesure à l'heureuse opportunité qu'il sut saisir de consulter les dossiers concernant Léon Degrelle dans les archives du Ministère des Affaires étrangères de Belgique, ainsi que dans celles, espagnoles, du Ministerio del Interior, et de l'Archivo General de la Administración. Toutes sources qui nous semblent avoir été exploitées pour la toute première fois avec un incontestable professionnalisme, ce qui souligne assez l'intérêt insigne des informations qu'y puise l'auteur.

     

    Si donc, nous n'avons rien à retirer à nos commentaires sur certaines erreurs ou faiblesses que nous avons hâtivement relevées chez le chroniqueur (la relation avec Hergé, l'avion de Speer, Jean-Marie Le Pen, Jean-Paul II, la réalité des conversations entre Adolf Hitler et Léon Degrelle –l'un possède le français, l'autre finit par comprendre l'allemand–, l'authenticité de la phrase « Si j'avais un fils, je voudrais qu'il fût tel que vous »,...) –car il ne s'agit que d'appréciations personnelles de Bert Govaerts–, nous saluons par contre volontiers la qualité de son travail lorsqu'il étudie les sources inédites auxquelles il a eu accès.

     

    Les indispensables du sac de voyage de Léon Degrelle

    Le tout premier document inédit que Bert Govaerts publie est le rapport détaillé de tout ce que possédait Léon Degrelle lors de son admission à l'Hôpital militaire Général Mola et qui avait pu être récupéré de l'avion écrasé dans la baie de San Sebastián. En effet, à peu près tout ce qui pouvait facilement s'emporter fut pillé : l'équipage perdit d'ailleurs ainsi l'ensemble de ses bagages (p. 14, voir aussi plus loin). Seuls Léon Degrelle et son aide de camp Robert Du Welz réussirent à conserver leur sac de voyage.

     

     

    Mola Sac 1 LD.jpeg

    Lors de son arrivée à l'Hôpital militaire Général Mola de San Sebastián, Léon Degrelle ne possédait plus, en tout et pour tout, qu'un sac à dos contenant ses effets personnels. Le contenu en a été très précisément inventorié par les services d'admission de l'hôpital (« Description des objets trouvés dans les sacs à dos ») :

     

    « Sac n° 1.- [de Léon Degrelle ; suit l'inventaire d'un « Sac n° 2 » appartenant à Robert Du Welz, que nous ne traduisons pas]

    Un nécessaire de toilette en cuir avec fermeture éclair.

    Scho-Ka-Kola.png6 boîtes contenant autant de portions de Scho-ta-tola -11/44 [erreur de lecture de la marque de chocolat riche en caféine Scho-Ka-Kola (Schokolade-Kaffee-Kolanuss) dont le nom était imprimé en lettres gothiques sur la boîte à destination de la Wehrmacht avec, dans un cercle central, soit l'aigle à croix gammée, soit la date de production]

    une petite boîte, un demi-pot, contenant du café concentré.

    1 pot de mortadelle

    1 pot de Maplet leat, Cheese [probablement le fromage américain Maple Leaf Cheese].

    7 paquets d'aliment concentré.

    1 paquet de biscuits Craquers

    1 boîte contenant des tablettes du produit Domino Cane Sugar [marque américaine de sucre, conditionné en tablettes d'environ 5,5 g, faisant partie de la ration alimentaire quotidienne des troupes américaines]

    4 tablettes de chocolat

    des mégots de cigarettes

    1 volume, de l'Histoire Générale de l'Art de Max Rooses Flandre

    Max Rooses LD 1944.png1 peigne avec son étui en cuir

    1 costume bleu marine

    1 bouteille de cognac ouverte [élément barré : il se retrouvera dans l'inventaire des affaires de Robert Du Welz]

    1 paire de bretelles

    1 cravate

    3 paires de chaussettes de laine

    8 mouchoirs

    2 caleçons neufs

    1 chemisette en maille

    1 chemise bleue neuve

    1 pyjama gris

    1 faux col

    1 serviette

    1 gant de toilette

    1 chemise homme de couleur verte en soie

    1 chemise homme de couleur grise »

     

    Commentaire judicieux de Bert Govaerts : « Dans les bagages de Degrelle figurait également un vieux livre de Max Rooses, le premier conservateur du Musée Plantin-Moretus d'Anvers : Flandre, le volume consacré à la Flandre d'une collection internationale sur l'histoire de l'art. L'intérêt de Degrelle pour l'art et l'histoire de l'art était manifestement si grand qu'il estimait un livre spécialisé de 332 pages aussi vital que de la mousse à raser ou des sous-vêtements. » (p. 14-15. L'édition originale de cet ouvrage de référence publié chez Hachette date de 1913 ; ici, une réédition de 1944).

     

     

    On constatera immédiatement que, dans ce rapport exhaustif, il n'est nullement question de bijoux volés à Bruxelles et dont l'ineffable faussaire que l'Université de Liège employa hélas comme professeur prétendit qu'ils permirent au rescapé du crash de vivre « de la vente de [ces] bijoux pendant les premiers temps de son exil espagnol... » (Francis Balace, La nuit la plus courte... La libération de Bruxelles, in Jours de guerre, t. 19, « Jours libérés I », 1995, p. 59.). Le prétendu historien prétendra alors étayer sa scélératesse par une source confortablement invérifiable : « selon des agents américains de l'O.S.S. qui le surveillaient »... Et d'essayer de crédibiliser cette crapuleuse calomnie en divaguant une histoire du trésor : « Degrelle [...] se fait remettre bijoux et lingots, dans l'intention, dira-t-il, de les renvoyer en Belgique. Cette restitution n'aura jamais lieu. »

     

     

     

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    Comme pour tous les crimes dont on l'a accusé, Léon Degrelle a bien sûr réagi à la rumeur qui le faisait vivre du butin d'exactions criminelles commises par des rexistes dévoyés. C'était dans le numéro spécial n° 11 d'Histoire pour tous, daté de mars-avril 1979. À l'époque, c'est un certain Yves Naud qui s'était chargé de la calomnie.

     

    Chose qui n'existerait plus aujourd'hui, la revue communiqua l'article-réquisitoire à l'accusé avant publication afin de lui permettre de se défendre. C'est ce que fit vigoureusement et avec rigueur Léon Degrelle dans sa Réponse à mes accusateurs.

     

    Histoire tous HS 11b.jpeg

     

    Dans son ultime Réponse à Léon Degrelle, le prétendu historien emberlificota encore la légitimité de ses accusations dans des considérations à nouveau tout à fait étrangères à Léon Degrelle et à la Légion Wallonie : « Le nettoyage du ghetto de Varsovie, les exécutions sommaires à l'Est et à l'Ouest : autant de crimes qu'il est impossible de passer sous silence. » Et de justifier (tout en prétendant le regretter) l'exploitation de prétendues sources devant obligatoirement rester secrètes : « Nous espérons vivement qu'une réforme rapide [sic] de ces lois permettra un jour [sic] aux historiens de travailler dans de meilleures conditions et d'être, ainsi [sic], à l'abri de pareilles accusations » !

     

    Seize ans plus tard, en 1995, un an après le décès de l'éternel proscrit, la situation n'avait, semble-t-il, toujours pas évolué : un « professeur » de l'envergure d'une Besace (ainsi le surnommait Léon Degrelle au vu de ses tsunamis d'affabulations) se cache encore derrière d'introuvables « agents américains de l'O.S.S. » pour recycler le mensonge du recel lucratif. À nouveau seize ans plus tard, en 2011, pourquoi le « chercheur » se priverait-il d'un trucage aussi commode ? Il sollicitera alors une source clandestine pour affirmer que le Chef de Rex se serait vu refuser une promotion au demeurant jamais sollicitée (ce blog au 31 juillet 2017).

     

    Et certes, nous pouvons donc adopter l'argumentation de Léon Degrelle qui, elle aussi, est toujours d'actualité : « M. Besace se garde bien de présenter les preuves dont il parle. Le dilemme est pourtant net : ou elles existent ou elles n'existent pas. Si elles n'existent pas, et que Besace en fait état, que signifie cette pantalonnade ? Et si elles existent, qui empêche Besace de la communiquer à ses lecteurs ? Chacun, vous comme moi, est en droit de lui demander de sortir son document. »

     

     

    C'est très sereinement que Bert Govaerts va rétablir la vérité : « Selon l'historien liégeois Francis Balace des agents secrets américains rapportent à cette époque que Degrelle vit de la vente de bijoux », précisant en note : « Degrelle a confirmé dans la longue interview à Maurice de Wilde [pour sa série L'Ordre Nouveau diffusée par la télévision flamande à partir de 1982] qu'il avait eu connaissance des vols de bijoux par des rexistes mais qu'il leur avait confisqué le butin, du volume d' « une boîte en carton » et renvoyé en Belgique. Pierre Dengis, le chef du service de sécurité interne de Rex, a raconté au même De Wilde qu'il avait retrouvé le butin, selon lui cinq coffres, mais que les Allemands les avaient saisis et mis en sécurité dans une banque de Hanovre. Après la guerre les propriétaires légitimes auraient pu récupérer les bijoux grâce à ses indications. » (pp. 46 et 261, note 59 ; seule petite confusion de la part de Bert Govaerts, ce n'est pas dans l'article Les hoquets de la liberté, publié dans le vol. 20 de Jours de guerre, mais dans l'article sur La libération de Bruxelles que le menteur académique a publié ses insanités. Sur ce qu'il faut penser du traitement fallacieux de l'histoire opéré par ce professeur charlatanesque, voir ce blog, entre autres, aux 30 juin 2016, 6 juillet et 8 novembre 2019).

     

    En l'absence de sources irréfutables et de faits établis concernant l'implication de Léon Degrelle dans cette affaire des bijoux bruxellois, Bert Govaerts donne également une leçon de bon sens à l'usurpateur qui déhonore l'université : « Les bagages de Degrellle ont été minutieusement fouillés dès son arrivée à San Sebastián. Dans les documents disponibles, il n'est aucunement question d'or ou de bijoux. Mais l'ombre d'un petit doute plane néanmoins sur ces rapports. Il est question de dix coffres de voyage qui ont “disparu”. Cela semble beaucoup, mais ces coffres n'appartenaient évidemment pas au seul Degrelle. Leur contenu est décrit : meilleurs uniformes militaires, vêtements civils, meilleurs sous-vêtements, jumelles, décorations... Est-ce qu'à ce moment, Degrelle, gravement blessé, aurait pu mettre aussitôt en place une combine pour garder son trésor de guerre loin des regards ? Cela paraît tout de même fort improbable. Il pourrait aussi avoir été volé. En tout cas, au moment de sa prétendue expulsion [vers le Portugal, le 21 août 1946], il était tellement nécessiteux que Franco jugea nécessaire de lui faire remettre une somme importante [20.000 pesetas : ce blog au 31 mars 2021]. » (p. 46).

     

     

    Handelsblad 1946.09.17 Franco LD Serviteur.png

    Avoir involontairement provoqué la mort de Pierre Laval en autorisant son extradition blessa douloureusement la Hidalguía (esprit chevaleresque espagnol) de Franco et lui servit d'amère leçon : il ne livrera pas Léon Degrelle à la Belgique en pleine fureur d'épuration. Mieux même, au vu de son dénuement total, le Caudillo lui octroya un secours de 20.000 pesetas pour subvenir aux premiers besoins de son exil. Et ce ne fut aucunement en faisant du persécuté son maître d'hôtel, comme le suggère le journal économique flamand Het Handelsblad (17 septembre 1946) : « OÙ EST DEGRELLE ? Franco : Laissons-les seulement chercher, Léon. En Pedro, mon majordome, ils reconnaîtront difficilement l'ancien Chef de Rex”. »

     

     

    Bert Govaerts ajoutera encore, –in cauda venenum !–, à propos des commentaires des agents secrets américains sur les sources de revenus de Léon Degrelle : « Des agents de la CIA écrivent également, au début des années cinquante, qu'il retirait des émoluments royaux de ses publications. Ce qui est tout de même quelque chose de plus vraisemblable. » (p. 46). Et, contrairement au docte imposteur ex cathedra, de préciser ses sources, extraites d'Internet Archive (p. 261, n. 61), d'en publier la copie (p. 76, avec une malheureuse faute de frappe dans la légende explicative du rapport, le datant de 1954 au lieu de 1953) et d'en donner la traduction (p. 246).

     

    C'était d'ailleurs déjà la conclusion de Jean-Marie Frérotte (Le dernier fasciste, Legrain, 1987) à qui Léon Degrelle avait apparemment fait quelques confidences lors de ses rencontres de 1982 et 1983 (p. 5) ; « Pas mal de chefs nazis [...] sont partis, cousus d'or [...]. De là à dire que le Heinkel 111 était rempli d'or, c'est plus facile à dire que de franchir les Pyrénées. De l'or, [Léon Degrelle] en avait : un petit bâton d'environ 300 grammes, vendu 16.000 pesetas à l'arrivée à San Sebastián : pas de quoi bronzer bien longtemps. De quoi put-il vivre pendant 40 ans ? Essentiellement de sa plume. Jamais il n'a cessé d'écrire et ses papiers se vendent pas mal. » (p. 220).

     

    Difficile de croire que l'évadé d'Oslo aurait avoué à Frérotte quelque implication dans les pillages criminels de bijouteries bruxelloises. On sait que Léon Degrelle possédait de la fortune, dont il donna l'essentiel à son épouse lors de son transfert en Westphalie, le 31 août 1944 (ce blog au 20 octobre 2023). Comment ce lingotin d'or de probablement 250 grammes se retrouva-t-il en Espagne ? Son propriétaire l'avait-il sur lui (probablement ne fut-il pas personnellement fouillé car l'agenda qui se trouvait dans une des poches de son uniforme échappa également à l'inventaire : « Les Espagnols ne le remarquèrent probablement pas », p. 50) ou put-il se le faire envoyer de Belgique ? Bert Govaerts sait en tout cas que  « Degrelle avait donc réussi à sauver certains effets des mains de la justice et même à les faire parvenir en Espagne. » (p. 265, n. 142). La somme obtenue par la vente de cet or, même bradé, donne quand même une idée de l'importance du viatique de 20.000 pesetas que le Caudillo fit parvenir à son protégé encombrant.

     

     

    Mola Photo LD Consulat.jpeg

    Dans les dossiers du Ministère des Affaires étrangères, Bert Govaerts a également trouvé quelques photographies assez floues de Léon Degrelle soigné à l'Hospital Militar General Mola. Leur intérêt est qu'elles furent prises clandestinement à partir du consulat honoraire de Belgique à San Sebastián, peut-être par le consul lui-même, Pierre de San (directeur de la succursale espagnole de la firme Remy, leader mondial dans la production d'amidon de riz) ou par le vice-consul Luis Lizarriturri, ancien agent de la Sûreté de l'État belge, également impliqué dans la toute première tentative d'enlèvement de Léon Degrelle (pp. 18-20 ; ce blog au 3 janvier 2023). Le consulat devait probablement se trouver dans un bâtiment en face de l'hôpital, près du croisement entre le Paseo del Duque de Mandas et la Calle Aldakonea. D'après Bert Govaerts, les photos ont été prises à l'été 1945 et montreraient Léon Degrelle en compagnie de ses gardiens militaires sur une terrasse de l'hôpital (voir aussi ce blog au 16 septembre 2022).

     

     

    Une tentative d'enlèvement inconnue

    Voici quelque temps déjà, nous avons passé en revue les multiples tentatives d'enlèvement et d'assassinat qui ont visé Léon Degrelle tout au long de son exil (ce blog au 3 janvier 2023). Nous en avions dénombré pas moins de treize !

     

     

     

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    L'hebdomadaire flamand 't Pallieterke : « Degrelle ne doit d'être devenu plus célèbre qu'à l'interdiction qui pesait sur lui. » (21 août 2025).

     

     

    Dans sa récente interview à l'hebdomadaire flamand 't Pallieterke (21 août 2025), Bert Govaerts ne croit pas vraiment fondées ces tentatives de kidnapping de Léon Degrelle. Tout au plus en recense-t-il cinq, et encore met-il en doute l'entreprise du colonel Georges de Lovinfosse : « Il faut le croire sur parole », estime-t-il. Les autres sont pour lui encore plus suspectes car « seul Degrelle en a fait mention ».

     

    Cela n'est pas très exact car l'ordre de mission, signé par le Premier ministre Achille Van Acker, dont pouvait se prévaloir Lovinfosse fut publié dans La Libre Belgique le 18 décembre 1974 et le colonel n'agissait pas seul ; il existe des témoignages (Me Paul Stasse, André Hautain, William Ugeux...) qui doivent être disponibles dans les archives du Cegesoma.

     

    Quant à la tentative d'enlèvement par des bras cassés communistes recrutés par les services secrets israéliens, fin 1964, elle doit bien avoir été documentée quelque part puisque la Sûreté espagnole arrêta les auteurs qui furent condamnés à de lourdes peines de prison en février 1965. De même que la tentative d'assassinat organisée en juin 1969 par le Belge Oscar Herman et déjouée encore par la Sûreté espagnole...

     

    Toujours est-il que Bert Govaerts nous en sert une nouvelle – et inédite–, de tentative d'enlèvement. Une quatorzième donc ; et la troisième à placer dans l'ordre chronologique de notre liste des « tentatives criminelles contre Léon Degrelle » (ce blog au 3 janvier 2023). Même si, à nouveau, elle relève de l'amateurisme loufoque. Mais laissons parler l'auteur.

     

    « Un fonctionnaire des Affaires étrangères à Bruxelles, le secrétaire d'ambassade de première classe, Marcel Houtman, s'amène avec un nouveau plan. Il n'y a pas qu'à la Duchesse de Valence que Léon Degrelle fasse tourner la tête. Houtman veut lui tendre un piège. Le mythe Degrelle intègre désormais également l'histoire selon laquelle il connaîtrait de noirs secrets du gouvernement qu'il pourrait révéler à l'occasion d'un nouveau procès. Ce qui pourrait fournir une explication à l'intransigeance de Spaak. Houtman veut réagir à cela. Il veut faire croire à Degrelle que le gouvernement belge a peur de ses révélations, ce pourquoi il lui propose un passeport argentin en échange de son silence. Ce passeport devrait lui être délivré par des diplomates belges, qui lui proposeraient en même temps de le conduire au port de Bordeaux d'où partirait son bateau pour Buenos Aires. Mais au lieu d'aller à Bordeaux, ils rouleraient simplement vers Bruxelles. À l'ambassade de Belgique à Madrid, quelqu'un fait remarquer que ce plan puéril a été conçu par un collègue devenu diplomate sans passer aucun examen. Il est naturellement irréalisable pour des raisons pratiques, mais aussi éthiques : C'est porter atteinte à la dignité du gouvernement belge de tromper quelqu'un aussi grossièrement, même s'il s'agit d'une canaille comme Degrelle”. » (pp. 35-36 ; le document exploité par Bert Govaerts date du 17 août 1946).

     

     

    Nation belge 1946.09.21 Spaak LD.png

    Les « noirs secrets » de Léon Degrelle concernant Spaak et ses offres de service à l'Allemagne après la capitulation de la Belgique relèveraient-ils vraiment du « mythe Degrelle » ? Ici, la « Une » de La Nation belge du 21 septembre 1946 (voir aussi ce blog aux 11 octobre 2016 et 7 juin 2018).

     

     

    L'avocat Marcel Houtman (1910-1948), secrétaire général de l'Association libérale d'Ixelles, à l'origine d'une ligue antirexiste et témoin à charge cité par le ministre libéral Marcel-Henri Jaspar dans son procès contre Léon Degrelle en 1937 (ce blog au 3 mai 2024), ne nous est quand même pas tout à fait inconnu.

     

    Paul Sérant, ancien résistant français, historien de l'épuration en Europe occidentale à la fin de la Seconde Guerre mondiale, a épinglé la haine fanatique de l'ancien résistant belge appelant de ses vœux « une épuration ayant le caractère implacable de l'hitlérisme » ! Et de conclure avec raison le portrait de l'aspirant Fouquier-Tinville de la répression aveugle par cette évidence : « peut-on vraiment cimenter le moral d'une nation en exaltant la haine des citoyens contre les hommes qui sont, qu'on le veuille ou non, leurs compatriotes ? » (Les Vaincus de la Libération, Robert Laffont, 1964, pp. 383-384).

     

     

    Marcel Houtman DH 1948.01.25.pngLa Dernière Heure, 25 janvier 1948.

     

    La haine d'Houtman semble s'être particulièrement focalisée sur Léon Degrelle qu'il tient pour responsable de ses déboires carcéraux, ainsi qu'il le détaille dans Après quatre ans d'occupation..., rabâchage de ses ressentiments publié dans la foulée de la Libération (Ferdinand Larcier, 1945) : « Pour ma part, je me rappelais mes écrits, ma propagande anti-naziste d'avant-guerre, ma lutte acharnée contre le parti rexiste, la création du mouvement Belgique-Toujours opposé à Rex, mes interventions dans le procès intenté à Degrelle, tout ce que, pour avoir eu mille fois raison, je payais aujourd'hui de la paille humide du cachot. » (p. 54). Léon Degrelle qu'il compte d'ailleurs stupidement parmi les voleurs et profiteurs de la Collaboration (c'est un leitmotiv cher aussi aux historiens à la Francis Balace, voir ci-avant) : « Il est certain que des traîtres en vedette ont pris des précautions, pendant la guerre, pour mettre leurs biens en sécurité. C'est ainsi que, dès avril 1943, Degrelle se préoccupait de liquider ses biens en Belgique. Au lendemain même d'un discours au Palais des Beaux Arts où il annonçait la certitude de la victoire allemande, Degrelle hypothéquait tous ses immeubles, notamment sa villa de la drève de Lorraine, à Bruxelles, et chargeait le notaire Moulin –qu'il fit arrêter dans la suite– de lui acquérir pour plusieurs millions de terrains (le rexisme rapporte) dans l'Estérel. [...] Il importe d'atteindre tous ces biens, fussent-ils réfugiés au delà des frontières. » (p, 154).

     

    On ne s'étonnera donc pas que ce patriote à la vengeance boulonnée au crâne ait tout fait pour traîner au poteau d'exécution celui qui cristallisait sa furieuse rancœur. Bert Govaerts nous prévient d'ailleurs qu'il ne devait qu'à sa qualité d'ancien résistant d'avoir été pistonné dans le cadre diplomatique (« sur base d'une mesure exceptionnelle », p. 259, n. 40). Ce qui ne put qu'indisposer tous ceux dont la carrière n'existait et ne se développait que par l'examen sélectif de leurs compétences.

     

    Aussi les collègues frustrés s'empressèrent-ils de torpiller joyeusement l'infantile machination élucubrée par ce fonctionnaire dont le poste ne servait sans doute qu'à assouvir sa vengeance.

     

    À suivre

     

     

     

  • Léon Degrelle, par Frédéric Saenen

     

    Une biographie grand public ? Sans a priori ?

    La réponse est déjà dans le Prologue !

     

     

    À peine avions-nous reçu de notre fidèle petit libraire de quartier la nouvelle biographie de Léon Degrelle que nous parvenaient déjà des messages nous demandant si nous l'avions lue et, surtout, ce que nous en pensions.

     

    Nous n'avions certes pas l'intention de nous jeter toutes affaires cessantes sur cette brique épaisse car d'autres priorités se sont imposées à l'organisation de notre temps et puis, avouons que la présentation de l'éditeur ainsi que le commentaire bouffon déféqué par le mensuel Historia (ce blog au 28 février 2025) ne nous ont guère encouragé à tout laisser tomber pour sa lecture...

     

     

     

    Où est le temps...

     

    Historia HS 32 Int. SS.jpegLes temps changent. Les mentalités aussi, hélas...

     

    Qui oserait encore publier aujourd'hui un dossier sur la SS affirmant « On ne songe plus aujourd'hui à assimiler les combattants de la Waffen SS aux bourreaux des camps de concentration » ? Et confier la rédaction des articles à un Jean Mabire, spécialiste incontesté de la Waffen SS mais condamné aujourd'hui par l'encyclopédie de la bienpensance Wikipédia pour exprimer « une pensée politique classée à l'extrême droite, proche des milieux néo-fascistes » ? Ou à d'anciens Volontaires du Front de l'Est, même sous pseudonyme, tels Saint-Loup, Paul Terlin ou Henri Fernet ?

     

    Ce fut pourtant l'honneur du mensuel Historia qui sortit en 1973 son 32e Hors Série intitulé L'Internationale SS, 600.000 étrangers français, belges, suisses, etc...

     

    L'auteur de Les SS de la Toison d'Or y rappelait d'ailleurs le surnom Modeste Ier de Bourgogne donné plaisamment par ses hommes à Léon Degrelle, toujours fier et hardi. Et il en faisait le titre glorieux de son article (ce blog au 22 janvier 2016). Au lieu qu'aujourd'hui, Frédéric Saenen et, à sa suite, Historia, version woke contemporaine, en font un sobriquet sardonique : « ses légionnaires, railleurs, le surnomment Modeste Ier, roi de Bourgogne » (p. 8)...

     

    L'historien Jacques de Launay –qui rencontra Léon Degrelle en 1973– a témoigné qu'après la défaite, il ne s'agissait aucunement de raillerie : « Ses camarades de guerre l'appellent affectueusement Modeste » (Histoires secrètes de la Belgique, 1935-1945, p. 194). Ce que confirme Paul Terlin (le héros Henri Moreau, grand mutilé de guerre) qui précise l'origine du surnom, à la fois respectueux et spirituel, dans le récit des combats d'épouvante pour le village de Starosselié, en Ukraine : « Debout dans sa voiture, Léon Degrelle retrouve la voix et les gestes du tribun pour arrêter la débandade. [...] jamais brave officier ne fut aussi bon orateur. Celui que nous nommons entre nous Modeste Ier de Bourgogne, en raison de la gloriole qui accompagne ses exploits, galvanise les fuyards. [...] Magie du verbe et du courage. Les Rouges s'attendaient à tout, sauf à ce coup de gueule providentiel du chef rexiste. » (La Neige et le sang, p. 84).

     

    Historia HS 32 Saint-Loup.jpeg

     

    Nous ne pouvons, de plus, qu'engager l'amateur de sobriquets à vérifier la source de ses citations incorrectes, puisqu'il ne put jamais être question de « roi de Bourgogne », la principauté chère à Léon Degrelle étant celle du duché de Jean sans Peur, Philippe le Hardi, Philippe le Bon et Charles le Téméraire (en fait, le néo-biographe ne fait que paraphraser mais sans donner la référence l'inculte Wim Dannau qui écrit à la page 11 du premier volume de son Ainsi parla léon degrelle : « Ses hommes de la Légion Wallonie ne l'appelaient-ils pas Modeste Ier, Roi de Bourgogne ? »

     

     

     

    Mais bon, les désirs de nos lecteurs nous étant tout de même quasi des ordres, nous avons enfin ouvert ce livre qui se présente comme la « première biographie grand public » de Léon Degrelle.

     

    En tenant l'ouvrage en mains –350 pages sans la moindre illustration, accompagnées d'un important appareil critique de bas de page et de plus de trente pages de notes–, nous nous demandons tout de même ce que l'éditeur considère alors comme ouvrage « non-grand public » !

     

    Autrement agréables à lire par leur style et leur mise en pages, enrichis de photographies parfois originales et toujours pertinentes, bref parfaitement « grand public » nous semblent –même si nous ne sommes pas toujours vraiment d'accord avec le contenu– les livres d'André Liénard (Légion Wallonie, ce blog au 3 mai 2021), Jean-Marie Frérotte (Le dernier fasciste, ce blog au 21 juin 2018) ou même Arnaud de la Croix (Degrelle, 1906-1994, ce blog au 13 décembre 2016) !

     

    Ici, le bouquin a tout l'air du pensum lourdement indigeste. Et, surtout, loin de l'affirmation péremptoire de la pub en quatrième de couverture d'être « Sans a priori ». Les quatorze pages du Prologue ne font en effet rien d'autre qu'exalter les a priori de l'auteur !

     

    Sans doute est-ce pour tenter de le cacher qu'il a intitulé aussi sobrement sa biographie Léon Degrelle, Mais quel est le Léon Degrelle qu'il se propose de nous présenter ?

     

    Son projet, nous assène-t-il, est de « se focaliser sur le destin d'un rejeton de la petite bourgeoisie ardennaise [...] qui, une fois relégué dans le camp des vaincus, s'est ingénié à forger avec complaisance son propre mythe » (p. 16) ; de raconter « L'histoire d'un Belge qui, sous des dehors caricaturaux et une bonhomie de façade, dissimulait un être à la fois autoritaire, assoiffé de notoriété et de pouvoir, roublard en affaires, jaloux et colérique, souvent veule et toujours comédien en représentation, doté d'une inébranlable assurance de soi qui pouvait l'amener jusqu'au déni de réalité » ! (p. 20). Mais aussi de présenter ce « fugitif, [...] trafiquant d'art, négationniste » (p. 8), incarnant « une figure repoussoir, contre-exemple absolu de l'éthique en politique » (p. 11)...

     

     

     

    LD Iberico CEDADE.jpg   LD + Lion CEDADE.jpeg

     

    Léon Degrelle « trafiquant d'art » soutient d'emblée Frédéric Saenen dans la deuxième page de son Prologue. En 1988, un scandale médiatico-judiciaire fut monté de toutes pièces : Léon Degrelle tenterait de monnayer des « trésors nationaux » espagnols à l'étranger !

     

    Mais le « trafiquant » produisit immédiatement les titres de propriété de ses antiquités et, la baudruche s'étant dégonflée à la confusion de ses calomniateurs, de rédiger illico presto la savoureuse brochure Léon Degrelle, un lion ibérique nazi publiée en espagnol par le CEDADE (Cercle Espagnol des Amis de l'Europe, ce blog au 4 février 2017). Frédéric Saenen le sait, mais pour lui, c'est sûr, il n'y a pas de fumée sans feu !

     

    Aujourd'hui le lion ibérique –toujours en Espagne en tant que trésor national inaliénable– est la propriété d'un ami de Léon Degrelle, héritier d'une grande maison de luxe.

     

    Ci-dessus, à gauche, la couverture de la brochure polémico-divertissante de Léon Degrelle ; une affiche tirée à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires couvrit les murs de Malaga, Madrid et Barcelone pour annoncer sa publication. À droite, Léon Degrelle pose devant le fameux lion celtibère qui ne quitta jamais ses propriétés (ici, dans sa Cabaña de Fuengirola ; photo extraite de la brochure du CEDADE).

     

    Ci-dessous, dans son appartement de Madrid, l'éternel amateur d'art épris de beauté et d'histoire, présente quelques-uns de ses trésors antiques.

     

    LD Antiquités.jpg

     

     

    N'en jetez plus ! Nous nageons effectivement dans le dénigrement diffamatoire plein d' « a priori », et ce, avec une jouissive complaisance !

     

    Nous craignions avoir affaire à « un énième opus politiquement correct » (ce blog au 28 février) ? Eh bien, nous serons gâtés ! Car Saenen revendique haut et fort (pp. 16-18) sa filiation avec le « critique littéraire belge Pol Vandromme » qui, dans sa sénescence, s'est dévalué en croyant noyer Léon Degrelle dans sa logorrhée haddockienne (ce blog au 14 avril 2016, mais plutôt que chez Vandromme, l'épigone reprendra le néologisme invectif egotrombinomanie chez Robert de Vroylande, ce blog au 27 octobre 2020) ; de même qu'il salue l'expertise de « l'écrivain Jonathan Littell » qui a « analysé la psyché de la masculinité fasciste » [sic] chez Léon Degrelle dans un obscène follicule scatologique (ce blog au 8 février 2018), et se place sous l'autorité de « chercheurs érudits » comme Eddy De Bruyne dont nous avons illustré les limites sévères de l'érudition (ce blog à partir du 23 mars 2017)... Mais la cerise sur le gâteau, c'est la génuflexion révérencieuse devant l'un des « historiens patentés » à la patente la plus rance de péremption qui soit, Francis Balace himself (ce blog, entre autres, au 12 mars 2019) ! Et de justifier sa prosternation devant le clown Poprof de l'Université de Liège par cette citation propre à déshonorer la recherche universitaire : « Degrelle mémorialiste appartient plus désormais au domaine du psychiatre qu'à celui de l'historien » (p. 18 ; sur les délires balaciens, voir aussi ce blog au 30 juin 2016) !

     

    Dès lors, Fédéric Saenen se fout royalement de notre balle en prétendant déduire on ne sait de quoi la nécessité de sa publication : « Il manquait donc, à l'usage du grand public francophone, une biographie complète de Léon Degrelle » !

     

    Outre que la précision « francophone » est pour le moins incongrue, ce nouvel ouvrage de la cancel culture de l'histoire du rexisme et de la Seconde Guerre mondiale en général et de Léon Degrelle en particulier ne se justifiait donc en rien. Ce qui manque au contraire de manière criante, c'est un ouvrage moderne qui rende justice au fondateur de Rex (dont l'importance historique inquiète manifestement encore), au pourfendeur des banksters (qui sévissent plus que jamais aujourd'hui) et au chantre de la révolution des âmes (toujours indispensable mais rendue héroïque dans une société qui s'ingénie à inverser toutes les valeurs) ; un ouvrage défendant enfin l'honneur de celui qui s'était donné pour mission « de repeindre de neuf chaque cœur délaissé, lassé, souillé, de recomposer une véritable communauté humaine, juste, fraternelle, de ranimer en elle les plus hautes vibrations d'âmes. » (Léon Degrelle : persiste et signe. Interviews recueillies pour la télévision française par Jean-Michel Charlier, p. 55).

     

     

     

    Autoportrait fasciste.jpgLes effets d'Autoportrait d'un fasciste, le « Dossier Noir » consacré à Léon Degrelle par Jean-Michel Charlier, tels que les imagine Alidor.

     

     

    Saenen ose parler de « biographie complète », mais jamais dans ce Prologue de présentation de son bouquin, il ne parle de sa méthode de travail, de son éventuel souci d'objectivité, de l'enquête qu'il aurait menée à charge et à décharge. On ne trouvera pas non plus d'explication de sa démarche qu'il veut manifestement étrangère à celle que s'imposa, par exemple, l'exigeant et irréprochable Jean-Michel Charlier pour la réalisation de son Dossier Noir consacré à Léon Degrelle (Autoportrait d'un fasciste) et jamais diffusé par les télévisions qui l'avaient financé (ce blog au 1er juillet 2017 : les deux liens donnant accès au film que nous avions renseignés ont également été démocratiquement rendus inopérants !) : « mon propos n'était ni de le défendre, ni de le pourfendre, mais de réaliser [...] un travail rigoureusement objectif et honnête. » (Persiste et signe, p. 11).

     

    Frédéric Saenen rejette d'ailleurs explicitement comme inutile, sinon néfaste, la « méthode Charlier » consistant à confronter tous les intéressés aux déclarations de Léon Degrelle afin de garantir une stricte impartialité dans l'information : « cette démarche aurait été peu fructueuse [...] ; qu'aurait d'ailleurs ajouté ce témoin [Fernand Kaisergruber] à son gros volume de souvenirs Nous n'irons pas à Touapse [...] ou aux quelques interviews accordées deux ans avant sa mort [ce blog, entre autres, aux 21 janvier 2017 et 29 mars 2018] ? De même pour les descendants de Degrelle : est-il jamais possible d'obtenir un portrait nuancé de cet homme de la part de celles et ceux qui ne le connurent que comme grand-père raconteur d'anecdotes truculentes ou parent au sombre passé ? Et que compter entendre d'autre de la part de ses admirateurs fanatiques que la régurgitation de sa version canonique des faits ? » (p. 17).

     

    Parmi ces « admirateurs fanatiques », figure sans doute le Cercle des Amis de Léon Degrelle que Frédéric Saenen a l'air de condamner à mort en 2017, ignorant apparemment son indispensable Correspondance privée trimestrielle dont nous rendons pourtant toujours régulièrement compte.

     

    Mais il le sait certainement puisque, juste après avoir parlé du Cercle, il fait à notre blog Dernier Carré Léon Degrelle l'honneur de lui consacrer un paragraphe de quelques lignes. Très probablement devons-nous donc également être englobés parmi les fanatiques régurgitant les canons degrelliens. C'est en effet ainsi qu'il doit considérer notre prétention d'éclairer objectivement, par un travail élémentaire de recherche et d'interprétation contextualisée de tous documents connus ou inédits, la personnalité et la vie de Léon Degrelle.

     

    Voilà qui doit être insupportable au néo-biographe qui entend faire carrière dans le sillage woke des prétendus spécialistes qu'il vient de citer. Aussi ne manquera-t-il pas de nous discréditer en traitant nos commentaires de « mises au point orientées », réduisant notre action à la promotion de « l'abonnement à [notre] bulletin annuel [qui était irrégulier, certes, mais plus ou moins trimestriel] ou la vente d'un calendrier, illustré de photos d'époque » (la verve blessante de Saenen a oublié nos cartes de vœux de Solstice, Noël et Nouvel An : ce blog au 11 décembre 2019 !) et en dénonçant l'anonymat du ou des animateurs de notre blog... Comme si notre ou nos rédacteurs courraient après quelque honneur académique ou reconnaissance officielle pour leur travail désintéressé alors que tous savent que ne pourraient le ou les « récompenser » que dénonciations et lynchage médiatique et autre...

     

     

     

    LD Bureau Fuengirola.jpg

    Léon Degrelle dans le bureau de sa Cabaña de Fuengirola, rédigeant Le Siècle de Hitler (derrière lui, la Pietà flamande du XVe siècle acquise lors du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, ce blog aux 18 octobre et 26 décembre 2024). « Sous le soleil espagnol, portant chemise claire et veston léger, [Degrelle] déambule avec des allures de vacancier dans les jardins de sa villa andalouse. Quinquagénaire, il pose en sage méditatif, assis à sa massive table de travail, absorbé par la rédaction de ses mémoires » persifle Saenen dans son Prologue (p. 10). Mais qu'attendre des souvenirs de celui dont le balacien prétend écrire la biographie ? « Degrelle s'est beaucoup (trop) raconté » (p. 17) pour lui accorder quelque crédit ! Aussi, y remédiera-t-il en réécrivant au besoin l'histoire.

     

    Par exemple par le sophisme faisant porter à Léon Degrelle la responsabilité de son état d'apatride étranger indésirable en Belgique, imposé par sa condamnation de 1945 et sa prescription toujours ajournée (sans parler de ses innombrables propositions de revenir à Bruxelles pour un véritable procès contradictoire) : « l'incivique apatride choisit après-guerre de se faire naturaliser espagnol, ce qui lui permet d'échapper habilement à la justice de son pays en s'en rendant définitivement étranger » (p. 9).

     

    Par exemple aussi à propos de ses « crimes de guerre » : « il n'a pas été établi qu'il aurait commis personnellement ou ordonné directement des crimes de guerre » (p. 19), mais son nom est cité dans des minutes du procès de Nuremberg, mais « son cautionnement de la répression violente », mais « sa participation à des prises de décision débouchant sur des exécutions », etc. (voir ce blog au 7 juin 2018). Pour Frédéric Saenen, c'est sûr, il n'y a jamais de fumée sans feu !

     

    Discours 11 1992 Torreon.jpg

    Pour noircir systématiquement Léon Degrelle, Saenen, qui se veut aussi pamphlétaire, n'hésite pas à chausser les pantoufles du vieux radoteur Vandromme, essayant d'adopter son outrance paradoxale : « Son talent oratoire n'est pas loin d'évoquer celui des pasteurs évangéliques superstars aux États-Unis, à la nuance près que le Messie dont il proclame l'avènement, ce n'est jamais que lui-même » (p. 11). Au bémol de la nuance près que le sujet des discours de Léon Degrelle ne fut jamais l'avènement de quelque Messie résolvant miraculeusement tout problème, mais au contraire l'indispensable, personnelle et tellement exigeante révolution des âmes permettant seule une authentique régénération nationale et européenne.

    (Ici, discours de Léon Degrelle au restaurant El Torreón del Pardo à Madrid, en novembre 1992, ce blog au 1er décembre 2020 ; sur l'art oratoire de Léon Degrelle, ce blog au 14 mars 2021).

     

     

    En conclusion de son Prologue, Frédéric Saenen se moque encore fameusement de nous en prétendant (et il souligne ces mots) « prendre enfin au sérieux » Léon Degrelle. Car jamais il ne l'écoutera ni n'essaiera même de le comprendre comme le fit Jean-Michel Charlier et entend toujours le faire le Dernier Carré Léon Degrelle.

     

    Prendre au sérieux Léon Degrelle, décrète-t-il, c'est en « déjouer les séductions ». Et se garder soigneusement d'éprouver jamais pour lui la moindre sympathie (p. 20).

     

    Voilà ce que Saenen appelle une biographie « sans a priori »...

     

    Autant que le lecteur soit prévenu et sache à quoi s'attendre.

     

     

    À suivre (peut-être)

     

     

     

     

    Les « crimes de guerre » de Léon Degrelle

     

    LD Donetz 1942.jpeg

    Horreur ! Le lieutenant Léon Degrelle fait le coup de feu contre les bolcheviques sur le Donetz en juin 1942.

     

    Abordant dans son Prologue la question des crimes de guerre de Léon Degrelle, son biographe « sans a priori » écrit d'une manière sibylline propice aux sous-entendus accusateurs : « À cet égard, la question de sa part de “responsabilité du mal” risque d'occuper encore longtemps les historiens. Son nom n'est en effet cité qu'une seule fois dans les minutes du procès de Nuremberg, très précisément dans le document PS-705 reproduisant des notes secrètes du 20 janvier 1943 relatives à une conférence du comité de travail SS sur l'espace germanique tenue le 12 janvier précédent. » Et d'ajouter en note les références de cette trace exceptionnelle –mais d'autant plus importante– de l'implication de Léon Degrelle dans le mal : « Procès des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international : Nuremberg, 14 novembre 1945 - 1er octobre 1946 : [documents et autre matériel de preuve]. Tome 26, Tribunal militaire international, Nuremberg, 1947-1949, p. 264. »

     

    Bigre ! Voilà du sérieux ! Même si le nom de Léon Degrelle n'est cité qu' « une seule fois », c'est quand même « dans les minutes du procès [...] des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international » de Nuremberg ! Ce n'est pas rien ! D'autant qu'elles reproduisent des « notes secrètes » d'une « conférence du comité de travail SS sur l'espace germanique ». Autant dire qu'il s'agissait peut-être de la préparation d'une espèce d'épuration ethnique criminelle ?...

     

    Mais au fait, pourquoi diable Frédéric Saenen épingle-t-il cette mention dans les archives du Tribunal de Nuremberg en lui consacrant pas moins de neuf lignes (cinq dans le texte du Prologue et quatre dans la note de référence) ? Et pourquoi diable, tant qu'il y est et puisqu'il a tout le matériel sous la main, ne nous cite-t-il pas précisément le court passage –trois lignes et demie seulement !– où Léon Degrelle apparaît ? Car on peut tout de même penser qu'excessivement peu nombreux sont ceux qui possèdent l'édition des quarante volumes documentant le Procès de Nuremberg...

     

    Eh bien, on vous le donne en mille, parce que ces fameuses « notes secrètes » avec le nom de Léon Degrelle ne concernent aucunement quelque travail de nettoyage de l'espace germanique par la déportation ou l'assassinat ! Elles ne font que commenter et pas que positivement ! les premières approches effectuées en janvier 1943 par le lieutenant de la Wehrmacht qu'était alors Léon Degrelle auprès de Richard Jungclaus, représentant de Himmler en Belgique, pour rejoindre la Waffen-SS.

     

    Tout cela est parfaitement documenté par Albert De Jonghe un authentique historien celui-là, et même pas degrellien pour un sou !–, dans son étude fouillée sur « La lutte Himmler-Reeder », dans les Cahiers d'Histoire de la Seconde Guerre mondiale de décembre 1978. Il cite très exactement sources et texte du rapport destiné au général Gottlob Berger, chef du Bureau central de la SS (SS-Hauptamt). Nous reproduisons sa note avec une traduction exacte, ne laissant plus de place aux extrapolations orientées de Saenen.

     

    De Jonghe LD Trib. Nuremberg.png

    Procès-verbal de la réunion du Comité SS de la Communauté de travail pour l'Espace germanique, le 12.1.1943, 12h, au SS-Hauptamt (IfZM [Institut für Zeitgeschichte München], PS-705 et NO-1783). On lit dans cette note, concernant Degrelle : « Dans l'évaluation du rapport entre religion et politique, il appert qu'en son for intérieur, Léon Degrelle est un esprit latin... C'est un catholique pratiquant qu'il nous faut prendre avec précaution ; d'autre part, c'est un homme dont nous avons encore absolument besoin politiquement. » Cfr aussi IMT [International Military Tribunal], éd. française, XXVI, p. 264.

     

    Ainsi Frédéric Saenen allume-t-il le feu de ses fumées...


    Ne fût-ce qu'évoquer le travail de vérification effectué par un Jean-Michel Charlier sur l'implication éventuelle de Léon Degrelle dans quelque crime de guerre n'entrait manifestement pas dans la démarche « scientifique » du pseudo-biographe du dernier Commandeur de la Légion Wallonie...

     

    Rappelons-en lui tout de même les conclusions définitives !

     

    « Mon tout premier soin fut de vérifier ce que m'avait solennellement affirmé Léon Degrelle : à savoir que jamais il n'avait été recherché, ni condamné comme criminel de guerre, ni même simplement poursuivi comme tel.

    Je me fis communiquer les listes officielles, établies par les Alliés, les Allemands, les Israéliens, et surtout les Soviétiques, puisque, de 1941 à 1945, Degrelle avait combattu pratiquement sans interruption sur le front de l'Est. Je consultai également les listes établies par Simon Wiesenthal (chasseur antinazi) et recensant tous les criminels nazis responsables de crimes contre l'humanité. Le nom de Degrelle ne figurait sur aucune de ces listes. [...] L'exposé des motifs de sa condamnation à mort ne relève d'ailleurs à son égard aucune accusation de crime de guerre, voire de participation, quelle qu'elle soit, à une quelconque action de représailles.

    [...] Léon Degrelle n'a été condamné à mort que pour avoir porté les armes contre les Alliés de la Belgique et avoir constitué une armée à cet effet. »

    (Léon Degrelle : persiste et signe. Interviews recueillies pour la télévision française par Jean-Michel Charlier, p. 13).

     

    Mais sans doute la place de Jean-Michel Charlier est-elle désormais dans les mêmes fosses d'aisance que celles où Saenen précipite les « fanatiques » régurgitant leurs degrelleries ?

     

    LD Himmler 1943.jpeg

    Y a-t-il pire crime que de parler avec le Reichsführer SS Heinrich Himmler et faire la « une » du mensuel National-Socialisme du 15 juin 1943, date du trente-septième anniversaire de Léon Degrelle ?

     

  • Quoi de neuf ? Léon Degrelle !

     

     

    Notre blog l'illustre à suffisance : Léon Degrelle fait l'actualité quasi en permanence. Deux gros volumes le concernant viennent encore de voir le jour.

     

    Rex ter zege !

     

    Le premier, écrit en néerlandais par Bruno Cheyns, est sorti à la fin de l'année dernière et s'attache à l'histoire de Rex en Flandre : Rex ter zege Rex vaincra, Léon Degrelle et Rex en Flandre, 1935-1945 »).

     

    Rex ter zege.jpeg

     

    Nous connaissons Bruno Cheyns pour sa biographie de Léon Degrelle, la première en néerlandais, Léon Degrelle, de Führer uit Bouillon  Léon Degrelle, le Führer qui venait de Bouillon », ce blog aux 10 décembre 2017 et 5 janvier 2018). Il s'attache cette fois à l'histoire de l'aile flamande du mouvement Rex.

     

    C'est par un article de l'hebdomadaire national-linguistique 't Pallieterke (ce blog, entre autres, au 23 février 2020) que nous avons eu connaissance de cette publication. En 2017, Bruno Cheyns nous avait invité à la présentation de son premier ouvrage, mais la réception (sans doute trop) critique que nous lui réservâmes nous a, cette fois, valu la punition d'être écarté des petits fours !

     

    Trève de plaisanteries (de plus, cette présentation se faisant en compagnie de la pythie imbuvable du Cegesoma Chantal Kesteloot –ce blog au 12 octobre 2023–, aucun regret donc !) : si la bibliographie concernant Léon Degrelle et son mouvement Rex en général est abondante, il n'existe par contre aucune étude particulière sur Rex-Vlaanderen. Et en cela, Bruno Cheyns fait certainement œuvre de pionnier.

     

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    Nous n'avons pas encore eu l'occasion de lire convenablement son volumineux ouvrage (quelque cinq cents pages !), mais nous épinglerons de son interview ces éléments quelque peu interpellants, en ce sens qu'ils illustrent l'éclairage biaisé qui, à nouveau, semble apporté à son étude.

     

    Selon l'hebdomadaire, l'auteur écrit dans son bouquin qu'aujourd'hui encore, on fait de la politique de « manière rexiste ». Et Bruno Cheyns de s'expliquer pour le Pallieterke.

     

    « Il est toujours tentant d'établir des parallèles, tellement il y en a. Mais nous devons être très prudents. Nous ne pouvons, par exemple, pas vraiment comparer la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis à l'émergence du rexisme ou du communisme [sic !] dans les années 1930. Et pourtant, nous constatons toujours le même parcours : on parvient à capter le mécontentement social, il s'ensuit un bref succès électoral et après quelques années tout s'écroule comme un château de cartes, car il y aura toujours quelqu'un d'autre qui surgira pour mieux capter encore les frustrations.

    Le populisme n'est jamais durable. Et ça, Donald Trump l'a aussi compris. Il essaie de mettre sur pied un mouvement « Make Amerika Great Again » (MAGA) pour pérenniser son succès électoral. C'est la seule façon qui permette à ce genre de partis et de politiciens de pouvoir devenir un facteur d'importance à long terme. Rex n'y est jamais parvenu, le VNV un peu mieux. Pourquoi ? Parce que le VNV avait une base programmatique spécifique : la problématique flamande. Rex n'avait pas cette base. [...]

    De plus, nous constatons que les partis politiques négligent souvent délibérément l'aspect substantiel afin de capter autant que possible le mécontentement existant. C'est aussi ce que fit Rex à l'époque. Le parti a rarement adopté une position claire, car choisir, c'est tout simplement perdre. C'est aussi ce que nous voyons aujourd'hui : on fait rarement encore des choix clairs. C'est la meilleure façon de faire plaisir à tout le monde. La politique s'est adaptée à la nature volatile de l'électeur. La politique opte pour des programmes faciles à digérer. C'est un des côtés pervers de notre système démocratique. Une partie non négligeable de l'électorat est à la recherche de solutions faciles à des problèmes souvent très complexes.

    Dans les années 1930 aussi, nous avons constaté une infantilisation de la politique. Rex était le parti des solutions faciles. Il ne fallait surtout pas gratter trop profondément dans le programme. On verrait bien ce qui allait arriver. C'était d'ailleurs littéralement les termes de Degrelle : Nous verrons bien comment nous voterons. Je préciserai bien comment mes parlementaires voteront. La conséquence fut qu'aucun choix ne fut fait. À court terme, c'est pratique, mais au fil du temps, les électeurs perdent leurs illusions. C'est ce qui est arrivé chez Rex. Les partis aux programmes superficiels ne peuvent jamais satisfaire tous leurs électeurs. »

     

     

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    Bruno Cheyns au journal flamand 't Pallieterke : « En Flandre, nombreux furent les rexistes à rejoindre la résistance. » Son livre Rex ter zege s'ouvre d'ailleurs sur le récit du destin tragique du « rexiste » résistant Hubert d'Ydewalle qui, prisonnier en Allemagne, sera gravement blessé dans un bombardement allié et mourra dans d'atroces conditions dans un train de prisonniers évacués. Sauf que dès après les élections de 1937, Hubert d'Ydewalle avait rompu avec le rexisme. « D'Ydewalle voyait Rex dégénérer progressivement en une bande de profiteurs et d'opportunistes et se sentait trahi », analyse Bruno Cheyns.

    Selon Lionel Balland, dans un article biographique sur l'aristocrate flamand, il y a lieu d'être plus nuancé : « En juin 1937, Hubert d’Ydewalle quitte sa fonction de rédacteur en chef de l’organe de presse Le Pays Réel et celle de membre du Conseil politique de Rex pour diverses raisons : les fonds envoyés par le régime italien à Rex, le fossé entre Rex et le cardinal de Belgique [ce blog aux 8 avril 2017 et 13 mai 2018] et la personnalité de certains dirigeants de ce parti. [...] Des rexistes accusent d’Ydewalle d’avoir été contraint de laisser tomber Rex afin de sauver le futur héritage que son couple recevra de ses beaux-parents. » En effet, « À la suite des résultats des élections législatives du 24 mai 1936 qui voient la percée de Rex, la femme d’Hubert d’Ydewalle est menacée par son père, cadre du parti catholique, d’être déshéritée si Hubert ne rompt pas avec Rex »...

     

     

    Ainsi l'oracle Cheyns lance-t-il ses condamnations péremptoires associant, pour le discréditer, Trump au rexisme, réduisant son action et celle de Léon Degrelle à du « populisme » sans avenir et dénonçant l'absence de substance dans leur programme. Et de prophétiser d'ailleurs leur écroulement « comme un château de cartes »... À cela près que tout ce qu'il raconte du populisme nous semble tout autant si pas davantage adapté à la démagogie des partis traditionnels qu'au rexisme !

     

    Le richissime entrepreneur Donald Trump est avant tout un homme d'affaires qui veut urgemment rendre la prospérité à son pays en tranchant dans le vif pour l'immigration, les théories criminelles du genre, l'imposture climatique, les guerres inutiles, etc. En un mois, le bon sens est revenu au cœur de la gouvernance et des (bonnes) affaires aux États-Unis.

     

    Le tribun idéaliste Léon Degrelle voyait infiniment plus loin que les indispensables réformes matérielles. C'est la révolution des âmes qu'il entendait insuffler à ses compatriotes (mais pour Bruno Cheyns, ce ne sont là sans doute que des paroles en l'air) : « je m'étais dit, en voyant l'espèce de rébellion parfaitement normale du peuple, qu'il s'agirait de dégager celui-ci de l'égoïsme et du matérialisme, non pas en s'acharnant à promettre plus que Marx, qu'Engels, que Lénine, mais en essayant de repeindre de neuf chaque cœur délaissé, lassé, souillé, de recomposer une véritable communauté humaine, juste, fraternelle, de ranimer en elle les plus hautes vibrations d'âmes. » (Persiste et signe, p. 55).

     

    Cette profession de foi guidant son action dut naturellement être au cœur de la conversation impromptue entre Léon Degrelle, tout auréolé du triomphe électoral rexiste du 24 mai 1936, et Adolf Hitler. Apprenant sa présence à Berlin le 26 septembre, le Führer le fit en effet venir à la Chancellerie afin de jauger le discernement, le caractère, le cœur du jeune tribun.

     

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    Ce fut une « entrevue foudroyante ». Après avoir écouté « avec émotion ce jeune homme qui parlait avec passion de la grandeur du peuple auquel il appartenait », Adolf Hitler confia à son ministre des Affaires étrangères Joachim von Ribbentrop : « Je n'ai jamais vu de tels dons chez un jeune homme de cet âge » (ce blog aux 12 mai 2016 et 21 juin 2018).

     

    Léon Degrelle, quant à lui, entrait en communion avec « l'homme qui avait su redresser son pays, le sauver du chaos, de l'anarchie, de la misère, lui rendre une âme, une religion, une mission ». Rencontre qui se révéla décisive pour le reste de sa vie : « cette interprénétration instinctive, insaisissable pour le commun des mortels, nous a liés pour toujours sur le plan humain le plus haut. » (Persiste et signe, p. 181 ; sur les relations Léon Degrelle-Adolf Hitler, voir ce blog, entre autres, au 20 juillet 2018).

     

    Ce que Cheyns appelle « populisme », –en l'occurrence, un régime qui abandonne l'étalon-or pour l'étalon-travail, restaure la communauté nationale par la collaboration des classes, stimule chacun au service du bien commun, refonde un socialisme national–, et inévitablement destiné, selon lui, à l'effondrement « comme un château de cartes », produisit un empire populaire qui ne fut anéanti qu'au prix d'une effroyable guerre mondiale, emportant en même temps la promesse du renouveau bourguignon.

     

    Aujourd'hui, pour en parler, il semblerait qu'il faille s'aligner sur l'histoire officielle. Le site flamand Doorbraak a ainsi publié une recension de Rex ter zege par l'historien prolifique Pieterjan Verstraete qui, après avoir décrit le « panier de crabes » de Rex-Vlaanderen (« Degrelle [...] n'a cessé d'insulter ses partisans ») évoque la décomposition du mouvement dans toutes les directions, la collaboration (DeVlag, avec Jef Van de Wiele) comme la résistance (Armée secrète)...

     

    Beaucoup plus intéressante est l'interview publiée (en français) par Lionel Balland sur le site EuroLibertés.

     

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    Lionel Balland, spécialiste des mouvements nationalistes, est l'animateur infatigable du blog éponyme commentant « L'actualité des partis patriotiques en Europe » ; il est également l'auteur de l'indispensable Léon Degrelle et la presse rexiste.

     

    Est-ce la précision des questions posées ou la personnalité de l'interviewer, mais Bruno Cheyns répond de manière moins expéditive et beaucoup plus judicieuse que dans le journal flamand, même si nous ne partageons pas les présupposés antiflamands qu'il prête à Léon Degrelle (sur le « sentiment flamand » de celui-ci, voir ce blog au 10 juin 2016). Ne reproduisons donc ici que l'opinion de Bruno Cheyns, plus pertinente, sur la différence de traitement de la collaboration en Flandre et en Wallonie, expliquant certainement l'absence d'opposition nationaliste crédible dans la partie francophone de la Belgique.

     

    Si, après la IIe Guerre mondiale, la collaboration était mal vue, tant en Flandre qu’en Belgique francophone, au fil des années, la situation a semblé évoluer différemment en Flandre. Comment expliquez-vous cela ?

    La collaboration et la répression ont causé un traumatisme historique dans les deux parties du pays. Celui-ci y a, cependant, été traité d’une manière différente. Alors que le processus de remise en cause avait déjà commencé en Flandre au cours des premières décennies qui ont suivi la IIe Guerre mondiale, en Belgique francophone, il n’était tout simplement pas question d’aborder le sujet de la collaboration. Cela a créé la perception erronée que, en Belgique, il y avait principalement une coopération avec les Allemands du côté flamand, tandis que la Résistance s’était développée en Wallonie et à Bruxelles. En Flandre, la collaboration a été remise à l’ordre du jour politique par les nationalistes flamands dès les années 1950, de sorte qu’il y avait aussi beaucoup d’intérêt dans les cercles universitaires à dépouiller la collaboration de toute émotion et à la comprendre d’une manière plus scientifique. Cela a progressivement créé une image plus nuancée de la collaboration, ce qui a finalement également profité au processus de gestion du passé. En Wallonie, la collaboration a été presque complètement étouffée, d’abord par honte, mais peu à peu aussi pour des raisons politiques. La plupart des partis politiques wallons craignaient qu’une attitude plus nuancée à l’égard de la collaboration ne puisse à nouveau faire le lit de « l’extrême-droite ». Il était donc dans leur intérêt de maintenir en vie l’épouvantail, ce qui a très bien fonctionné. À ce jour, la Wallonie est l’une des seules régions d’Europe occidentale où l’ « extrême droite » n’a tout simplement aucune possibilité de percer.

     

     

    Une biographie « grand public »

     

    C'est un fidèle lecteur, M. Thibaut B., qui nous a prévenu de la publication d'une nouvelle biogaphie de Léon Degrelle, en nous fournissant le lien vers l'éditeur parisien Perrin.

     

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    Le texte de présentation se place résolument sous le même genre de calembour, –fiente de l'esprit qui vole selon Victor Hugo–, que le titre du film de Philippe Dutilleul (Léon Degrelle ou la Führer de vivre), Führex se voulant évidemment une variante explicative (mais appauvrie !) du sobriquet Fourex dont ses ennemis avaient affublé Léon Degrelle après la percée de Rex aux élections de 1936.

     

     

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    Le Drapeau rouge, 15 août 1936.

     

     

    L'annonce éditoriale se poursuit en prétendant publier la « première biographie grand public » du chef de Rex et dernier commandeur de la Légion Wallonie.

     

    Qu'est-ce que cela signifie ?

     

    Que les essais de Jean-Marie Frérotte (Le dernier fasciste), Arnaud de la Croix (Degrelle 1906-1994) ou Francis Bergeron (ce blog à partir du 30 avril 2016) sont réservés aux docteurs ès Lettres ou que les méchancetés de Charles d'Ydewalle (La triple imposture), Pol Vandromme (Le loup au cou de chien) ou Marc Magain (Un tigre de papier) ne valent rien ou pas grand-chose (nous serions là plutôt d'accord !), de même que les menteries des historiens stipendiés à la Collignon, Conway et De Bruyne  ? En tout état de cause, –et pour s'en tenir aux ouvrages publiés après la Deuxième Guerre mondiale–, la première véritable biographie grand public de Léon Degrelle est et reste –toujours aisément accessible sur le marché du livre d'occasion– le Degrelle m'a dit..., signé par Louise Narvaez, Duchesse de Valence.

     

    L'éditeur prétend surtout que cette nouvelle biographie constitue un portrait « sans a priori et sans complaisance », ce qui, tout compte fait, ne devrait normalement qu'être le propre de tout travail de recherche pour un historien consciencieux. Parlant de Léon Degrelle, il met néanmoins « ami de Tintin » entre des guillemets désapprobateurs et évoque un « partisan du négationniste Faurisson », évitant le terme plus adéquat de révisionniste...

     

    On nous a présenté l'auteur, Frédéric Saenen, comme un célinien doublé d'un spécialiste de Drieu La Rochelle. C'est sans doute vrai et nous sommes probablement bien coupable de n'avoir jamais eu la curiosité de le connaître. Ce sera bientôt chose faite...

     

     

     

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    Le mensuel Historia daté de mars 2025 présente déjà l'ouvrage de Frédéric Saenen qu'il a probablement reçu en service de presse anticipé. Si tout ce qui est écrit là se retrouve effectivement dans le livre, ce n'est plus d'une « biographie grand public » que nous devrons parler, mais d'un énième opus politiquement correct ressortissant au bourrage de crânes obligatoire depuis la fin de la guerre...

     

     

    Attendons donc de voir, car la parution était annoncée pour le 20 février, mais notre petit libraire chez qui nous voulons garder nos habitudes ne nous l'a promis que pour cette fin de semaine.

     

     

    Je ne regrette rien

     

    Terminons par une note toute positive, avec ce petit livre nullement consacré à Léon Degrelle, mais écrit par un ami qui a déjà eu mille vies –dont nous pûmes partager une infime partie !

     

    Sous le titre « légionnaire » Je ne regrette rien, Francis Dossogne vient en effet de publier quelques séquences du film de sa vie.

     

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    L'auteur est bien connu des dénonciateurs compulsifs de l' « extrême droite » pour avoir compté parmi les fondateurs du Front de la Jeunesse (et aussi avoir été condamné, avec trois ou quatre autres supposés malfaiteurs –et néanmoins loyaux compagnons–, pour appartenir à un prétendu « noyau dur » de milice privée non autrement défini), avoir été journaliste au Nouvel Europe-Magazine, avoir représenté notre pays dans les réunions de l'Eurodroite (ce blog au 5 août 2023), etc.

     

    Mais cela ne constituera qu'une toute petite partie des multiples événements auxquels sa vie ultérieure de détective-baroudeur l'auront mêlé et dont il ne nous dira que ce qu'il nous sera permis de savoir.

     

    Le livre donne parfois l'impression de n'avoir pas été rigoureusement relu et sa concision laisse souvent le lecteur sur sa faim. Mais cette brièveté incisive aiguise toujours la curiosité, nous refusant la tentation d'abandonner la lecture avant d'avoir tourné la dernière page !

     

    Parmi les innombrables rencontres exceptionnelles jalonnant sa vie, il en est une que Francis n'oubliera certainement jamais et qu'il souligne dans ses souvenirs, c'est l'entrevue pétillante d'esprit et stimulante d'énergie avec Léon Degrelle. Le toujours flamboyant banni de Belgique accueillait volontiers ses jeunes compatriotes, surtout si comme lui, ils rayonnaient de foi et d'idéal.

     

    « Dans le mensuel [Nouvel Europe-Magazine], des textes de Léon Degrelle, de Giorgio Almirante et de Robert Brasillach avaient été, entre autres, fréquemment publiés qui faisaient écho à nos thèses et venaient sensiblement les soutenir et les exalter.

    Je me souvenais avec grande émotion de la Campagne de Russie, livre du premier auteur cité, qui avait été une référence pour nous tous en ce qu'il nous racontait son engagement dans la Légion Wallonie pour combattre le bolchevisme. Dans ma tête flottait cette description de paysage :

    Ces grands étangs étaient peuplés de milliers de joncs, pareils à des lances, hauts de trois mètres, surmontés de plumets bruns et roses... Le gel avait étreint les campagnes...

    J'avais aussi eu l'occasion de le rencontrer, en Espagne, alors qu'il était en exil loin de la Belgique. Un personnage qui m'était alors apparu bien plus grand que Napoléon dont l'homme politique avait d'ailleurs relativisé les victoires en disant qu'elles n'avaient duré que quelques journées...

    Il avait ajouté :

    – Bien peu de choses tout compte fait ! En gesticulant de tout son corps comme pris dans une transe. » (p. 77-78).

     

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  • L’affaire de la fameuse phrase d’Adolf Hitler à Léon Degrelle : « Si j’avais un fils, je voudrais qu’il fût comme vous ! »

    Rivarol : histoire d’un malentendu

     

    Nous vous engagions naguère (ce blog au 31 mai 2018) à ne surtout pas manquer de vous procurer l’édition du 6 juin de Rivarol, l’ « Hebdomadaire de l’opposition nationale et européenne » : c’est là que nous pensions pouvoir vous faire la « divine surprise » de la parution de notre dossier sur l’Affaire de la fameuse phrase d’Adolf Hitler à Léon Degrelle : « Si j’avais un fils, je voudrais qu’il fût comme vous ! »

     

    En effet, suite à la publication de l’article d’un Paul-André Delorme faussement élogieux sur Léon Degrelle, flamboyant fasciste wallon, nous avons écrit, le 14 mai, à Jérôme Bourbon, directeur de la rédaction, parallèlement à la réfutation que nous publiions en plusieurs articles (ce blog aux 13, 20 et 29 mai).

     

    Nous reçûmes la réponse suivante (21 mai) : « si vous souhaitez rédiger un article dans RIVAROL, ou à défaut faire paraître une lettre dans le courrier des lecteurs, pour faire valoir en toute liberté votre point de vue, j'y suis tout à fait favorable ». Le dernier et plus important article de réponse aux contre-vérités reprises par M. Delorme n’étant pas encore achevé, nous envoyâmes immédiatement un « courrier des lecteurs ».

     

    Rivarol 17 avril 2018.jpegLe 30 mai, nous proposâmes néanmoins l’article achevé à M. Bourbon pour une éventuelle publication : « nous avons pensé vous proposer une sorte de mise au point sur la fameuse phrase d'Adolf Hitler "Si j'avais un fils..." En effet, c'est cette anecdote qui sert essentiellement à asseoir la réputation, sinon de menteur, du moins de fabulateur, que se plaisent à entretenir désormais les historiens, même de notre "famille de pensée" [à propos de Léon Degrelle]. Vous trouverez ce texte en annexe: voulez-vous nous dire si vous pensez pouvoir le retenir pour une prochaine publication ? »

     

    Nous reçûmes immédiatement la réponse suivante par retour de courrier électronique : « Je publie votre texte dans notre prochain numéro, celui daté du 6 juin. » Le malentendu est que M. Bourbon ne parlait pas de notre article concernant « Si j’avais un fils… », mais répondait simplement à notre message précédent concernant le Courrier des lecteurs !

     

    Emporté par notre joie, nous avons ainsi pris une vessie pour une lanterne, mais qu’importe : le lecteur de Rivarol sait maintenant où s’adresser pour chercher des informations sérieuses et vérifiées sur Léon Degrelle. Et nous continuons, de notre côté, à engager nos lecteurs à s’abonner à l’excellent et courageux Rivarol (www.boutique-rivarol.com).

     

    S’il est une anecdote qui embête particulièrement les historiens politiquement corrects, c’est bien ce propos prêté au Chef du Troisième Reich et rapporté par Léon Degrelle après la fin de la guerre : « Si j’avais un fils, je voudrais qu’il fût comme vous ! » (La Campagne de Russie, 1949, pp. 15 et 381 ; Degrelle m’a dit, 1961, p. 393 ; Hitler pour 1000 ans, 1969, p. 161 ; Lettres à mon Cardinal, 1975, pp. 54, 325, 334)…

     

    En voici le contexte précis : « Au moment du départ [de la Wolfsschanze, le Quartier-Général du Führer en Prusse orientale où Léon Degrelle fut reçu, pour la seconde fois, à partir du 27 août 1944], comme s’il eût voulu graver à jamais dans mon cœur un souvenir plus personnel, Hitler revint me prendre la main dans ses deux mains : “Si j’avait un fils, me dit-il lentement, affectueusement, je voudrais qu’il fût comme vous…” Je scrutai ses yeux clairs, si sensibles, à la flamme simple et rayonnante. Il s’en alla sous les sapins, par un chemin semé de brindilles. » (La Campagne de Russie, p. 381).

     

    Pan 21.03.1973 1.jpegAgitée tout d’abord comme une preuve de la coupable proximité que Léon Degrelle se targuait d’avoir eue avec le prétendu responsable de la Seconde Guerre mondiale, cette phrase fut rapidement contestée, puisque pareille proximité ne pouvait que relever de la mythomanie pour un gouvernement belge cherchant, par le discrédit, à faire oublier ses propres faux-semblants dans sa volonté feinte de récupérer et exécuter l’exilé espagnol censé « avoir trahi son pays et porté les armes contre ses alliés ».

     

    En effet, la réalité de cette confidence, à elle seule, pourrait justifier toute l’attitude politique de Léon Degrelle pendant et après la guerre et donner à son action une consistance que les historiens stipendiés s’efforcent donc de ridiculiser depuis 1945 à coups de demi-vérités, calomnies, persiflage et sarcasmes.

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