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Dernier Carré "Léon Degrelle" - Page 3

  • Sous le manteau du Caudillo [2]

     

    Écrire l'Histoire ? L'inventer, c'est plus pratique !

     

    Bajo el manto.pngIl s'en passe des choses avec Léon Degrelle Sous le manteau du Caudillo Francisco Franco ! Surtout quand c'est José Luis Rodríguez Jiménez qui les raconte. Ce professeur de l'université espagnole aux diplômes les plus drolatiques adore en effet les ragots, bobards et autres médisances (ce blog au 1er septembre 2024). Mais il se prend parfois aussi pour une pythonisse, décrétant ex cathedra ce qu'il faut croire et penser, ce qu'il faut corriger ou interpréter.

     

    L'argument d'autorité sera d'autant plus oppressif et aliénant lorsqu'il prétend faire dire à Léon Degrelle ce qu'il ne dit absolument pas ou quand il veut lui faire dire l'exact contraire de ce qu'il dit.

     

    Je n'ai que du vide ? Mais j'écris l'Histoire comme je veux qu'elle soit !

     

    L'exemple du racisme et de l'antisémitisme de Léon Degrelle est éloquent, surtout qu'il se pare de la « compétence » de Jonathan Littell, auteur d'un seul roman, Les Bienveillantes, mais traduit dans toutes les langues, adapté au théâtre et même à l'opéra (on attend encore le cinéma) et sujet de nombreuses exégèses, évidemment universitaires. Littell a lui-même prétendu s'être inspiré du créateur de la Légion Wallonie pour forger l'univers mental de son héros : c'est pour le documenter, qu'il a écrit Le sec et l'humide, où il veut dégager de la manière d'écrire de l'auteur de La Campagne de Russie « la structure même de sa pensée » et, au-delà, de « mener une vérification expérimentale d'une certaine théorie du fascisme »...

     

    Littell Sec Humide.jpeg

     

    Jonathan Littell, « spécialiste de la langue » de La Campagne de Russie : « Dans La campagne de Russie, un invisible : le Juif. Comme s'il n'existait pas. Absence étrange, presque oppressante. [...] Pour Degrelle, quand il écrit, la solution finale est toujours déjà achevée. Il est donc naturel que son livre soit aussi judenrein (vide de Juifs) que le territoire où il se déploie. » (Le sec et l'humide, pp. 85-87)...

     

     

    Ce charabia pseudo-scientifique ne nous a pas empêché de dire ce que nous pensions de cette grotesque fiction scatologique (ce blog au 8 février 2018), mais en bon universitaire contemporain, Rodríguez ne vérifie rien et prend les divagations de Littell pour argent comptant : « Le traitement que réserve [Léon Degrelle] à l'ennemi est péjoratif et xénophobe. Jonathan Littell, qui fut le premier à s'intéresser au livre [La Campagne de Russie], parle d'un adversaire polymorphe et polysémique : dans l'ordre décroissant du nombre d'occurrences, il s'agit de russe, suivi de rouge, soviétique et bolcheviste. » (p. 94).

     

    Outre que nous ne voyons guère là trace de racisme, plutôt que de les décrire « polymorphes » (?) ou « polysémiques », nous rangerions ces termes plus volontiers dans la catégorie des parfaits synonymes... Mais comme Rodríguez (reprenant servilement Littell) doit absolument leur trouver des connotations péjoratives, il citera l'exemple des Mongols mangeant de la chair humaine (La Campagne de Russie, p. 25). Et puisque ce passage n'utilise aucun des termes « polychoses » incriminés, Rodríguez tourne la difficulté en disant que Léon Degrelle parle quand même de membres de l'Armée Rouge. Il prétendra ensuite démontrer le racisme de Léon Degrelle par l'incohérence de son récit inventé pour les besoins de sa cause raciste. Au prix d'un gros mensonge cependant, car, à nouveau, c'est celui qui prétend dénoncer le mensonge qui ment !

     

    « Néanmoins sans entrer dans des considérations théoriques, les descriptions qu'il fait des autres sont manifestement racistes [...]. Concernant son sentiment sur les troupes de l'Armée Rouge, on peut citer plusieurs exemples illustratifs. Les membres d'un convoi de prisonniers que Degrelle vit en Ukraine, lui apparurent des cannibales, et peut-être ont-ils été forcés de l'être après avoir été enfermés pendant de nombreux jours. Mais on ne comprend pas bien comment Degrelle a pu les voir s'ils étaient dans des wagons fermés. » (p. 94).

     

    Pour établir le racisme de Léon Degrelle, il fallait le persuader de mensonge : il n'a pas pu voir les mangeurs de chair humaine puisqu'ils étaient dans des wagons fermés ; donc il a inventé son récit pour les besoins de sa cause raciste ! Mais le menteur, c'est le prétendu prof d'unif qui ne cite pas complètement Léon Degrelle car cela invaliderait sa théorie woke comme on dit maintenant : le narrateur et ses compagnons ouvrent effectivement le wagon fermé !

     

    « Une nuit, des cris épouvantables nous réveillèrent. Nous stationnions dans une gare. Nous dégringolâmes, ouvrîmes les portes d'un wagon de prisonniers : des Asiates, voraces comme des murènes, se battaient en s'arrachant des morceaux de viande. Ces morceaux de viande, c'était de la viande humaine ! Le wagon se disputait les restes d'un Mongol mort qui avait été disséqué avec des lamelles de boîtes de conserve. » (p. 25).

     

    Mieux même, Léon Degrelle explique de la même façon que Rodríguez le cannibalisme des prisonniers par la faim extrême qui les tenaillait : « Nous apprîmes par la suite que les centaines de milliers d'hommes qu'on entassait de la sorte restaient parfois trois semaines debout, nourris quand il y avait de la nourriture à proximité des voies. Beaucoup de ces Asiates, amenés de leurs steppes sauvages, préféraient ronger une côte de Kalmouk ou de Tartare plutôt que de courir le risque de mourir de faim. » (p. 25).

     

    Mais admettre que Léon Degrelle ne fait que relater (certes avec le talent descriptif qu'on lui connaît) ce qu'il a vu et rien d'autre, ne permettrait pas aux « bons historiens » de criminaliser ceux qu'il faut désormais diaboliser de manière absolue.

     

     

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    Il n'y a pas que les prisonniers russes qui mouraient de faim. Les Bourguignons étaient logés à pareille enseigne. Ici, le cadavre d'un cheval grossièrement dépecé dans la campagne de Derenkowez, avant la percée de Tcherkassy.

    Les « charognes écœurantes [des chevaux] furent bientôt l'essentiel de notre nourriture. De nos bases de ravitaillement plus rien n'arrivait [...]. Pendant une semaine, nous vécûmes en mastiquant des morceaux de viande limoneuse que nous allions tailler avec nos couteaux dans les fesses étiques des juments crevées. Nous hachions comme nous le pouvions ces chairs innommables et les avalions crues et sans sel. »

    Léon Degrelle, La Campagne de Russie, p. 184.

     

     

    Aussi, toujours à la suite de Littell, pour le convaincre d'antisémitisme, Rodríguez va-t-il incriminer ce que Léon Degrelle ne dit pas et trouver dans ce non-dit la preuve du mal, et dans ce qui est dit, un mensonge dissimulant le mal : « il est évident que Degrelle passe sous silence beaucoup de choses qu'il dut voir et entendre. [...] En lisant La Campagne de Russie, on est surpris par l'absence quasi absolue des slaves et des juifs. Nous n'avons trouvé qu'une seule référence à un juif, péjorative, étrange et certainement inventée : dans la région du Caucase, il rencontra des tas de cadavres ennemis empilés en état de putréfaction ; un jour, il s'approcha pour photographier la scène macabre et il lui sembla qu'un des corps bougeait. » (p. 95)

     

    C'était un « meneur bolcheviste » juif, qui s'était caché « dans ce pourrissoir depuis la veille et avait laissé les larves le recouvrir ». On trouva sur lui un testament déclarant que « juif, il était décidé à tout pour venger les juifs ». Et Léon Degrelle d'ajouter cette conclusion : « La passion des hommes n'a pas de limites... » (p. 172).

     

    A nouveau, pour Rodríguez, ce récit ne peut qu'avoir été inventé par Léon Degrelle pour le seul besoin d'exprimer son antisémitisme. Mais alors pourquoi ce cas est-il unique dans les mémoires de guerre de Léon Degrelle ? Pourquoi donc, plus simplement, ce récit ne rapporterait-il pas –comme partout ailleurs dans le livre– une expérience vécue par l'auteur ? Et pourquoi Rodríguez, pour établir son fantasme, doit-il à nouveau amputer sa citation d'éléments essentiels et inventer (contrairement à Léon Degrelle) ce qui n'existe pas : « Il est quand même étrange –une preuve de son mépris de cette matière ?– que l'auteur demande au lecteur du livre pourquoi ce combattant voudrait venger les juifs » (p. 95). Rien n'est étrange, car tout est dans le texte : le « combattant » veut venger les juifs car il est lui-même juif. Et Léon Degrelle n'interroge pas le lecteur : face à ce fanatisme, il constate que « La passion des hommes n'a pas de limites ». Remarquons surtout que l'auteur ne restreint pas son propos aux seuls juifs : il dit bien « La passion des hommes ». On repassera donc pour l'antisémitisme...

     

    D'où vient aussi cette conviction que ne pas parler de juifs dans ses souvenirs du front de l'Est trahit un évident antisémitisme ? Dans ses souvenirs de combats (Paul Terlin, La Neige et le Sang), Henri Moreau, grand blessé de guerre, amputé des deux avant-bras, ne parle également jamais des juifs avec qui il n'eut jamais affaire. De même que les autres Bourguignons qui ont laissé des mémoires, tels Henri Philippet (Et mets ta robe de bal) ou Fernand Kaisergruber (F.K. Gruber, Nous n'irons pas à Touapse, ce blog au 30 juin 2021 ; ce dernier parlera néanmoins d'un seul juif : un légionnaire wallon, « J.. Marber », ce blog au 20 mars 2020), ou le Français Guy Sajer (Le Soldat oublié ; ce blog au 10 mai 2023) Il est vrai que Littell soupçonne là un vaste et noir complot : « Il y a à ce mutisme de solides raisons tactiques : après Nuremberg, il n'est plus de bon ton de parler des Juifs, cela peut même être dangereux, en tout cas cela ne peut que nuire à la Cause » (Le sec et l'humide, p. 87)...

     

     

    J. Marber 1.jpeg      J. Marber 2.jpeg

     

    Ce Légionnaire wallon soigné par un infirmier pour une blessure au pied lors des entraînements du second contingent de Volontaires (10 mars 1942) serait peut-être « un volontaire d'origine juive du nom de Marber ». Théo Verlaine (La Légion Wallonie en photos et documents, p. 103) a mis au conditionnel cette identification proposée déjà par Jean Mabire et Eric Lefèvre (Légion Wallonie, 1941-1945, p. 48). À raison, car Fernand Kaisergruber (ce blog, entre autres, au 29 mars 2018) lui a signalé l'erreur, reconnaissant formellement un des frères Marlair, légionnaires originaires de Saint-Servais (Namur), et dont les prénoms commencent également tous deux par un J (Jean et Joseph), d'où peut-être la confusion des noms, presque homophones, et prénoms.

    « En ce qui me concerne, je considère ce passage à la Waffen SS comme une promotion, et non des moindres ! Dans les heures qui viennent, toute la Légion passe un examen médical, et bien des cœurs battent plus vite, de crainte de se voir refuser l'entrée dans cette nouvelle famille qui nous fascine. Pendant cette visite, j'entends tout à coup : Sie da ! Kommen Sie mal her ! (Vous là, venez un peu ici !). Je me retourne et je constate que c'est notre camarade J. Marber qu'on interpelle. Quand Marber se trouve à trois pas de l'officier, celui-ci empoigne un instrument servant à mesurer l'angle facial et se rapproche de lui. J'ai compris ! Notre camarade Marber est juif, je le sais, on le sait ; il ne s'en est pas caché, mais cela n'a jamais posé de problèmes entre nous. Il n'en va plus de même aujourd'hui, semble-t-il. Du moins, je le suppose. L'angle facial mesuré, je devine plutôt que je n'entends l'officier poser la question à notre camarade : Jude ? Et de même, Marber lui répond : Ja ! Marber a été interpellé de la même manière que l'aurait été n'importe lequel d'entre nous, ni plus, ni moins courtoisement, et c'est tout aussi courtoisement qu'il a été démobilisé. Il est rentré en Belgique le surlendemain et n'a jamais été inquiété ensuite. » (F.K. Gruber, Nous n'irons pas à Touapse, p. 141).

     

     

    C'est que Littell fait effectivement de l'absence du juif dans le récit degrellien une preuve de culpabilité : « De [l'Holocauste], pas un mot dans le texte de Degrelle. Ce n'est pas nié ; c'est comme si ça n'avait pas existé. Pourtant, ça a bien existé ; et impossible, à l'Est, de ne pas l'avoir ouï dire, commenté, si ce n'est vu. » (p. 89).

     

    Nous signalerons, pour clore le sujet, l'existence d'un article d'une bonne vingtaine de pages de Rodríguez qui se pense spécialiste de l'antisémitisme de Léon Degrelle parce qu'il pastiche le soi-disant spécialiste de son écriture : Léon Degrelle, Du silence à la négation de l'Holocauste (revue Thémata, janvier 2022). Particulièrement déjanté, ce texte prétend se servir de Léon Degrelle pour établir que le révisionnisme contribuerait à « justifier la violence des néo-nazis » et que son existence même constitue « une forme de violence à l'encontre des victimes du Troisième Reich ».

     

    Il faut tout de même souligner que Jonathan Littell reconnaît, à propos de Léon Degrelle, l'évidence : « il est vrai qu'il n'a jamais participé directement à l'extermination des Juifs, et qu'avant la guerre l'antisémitisme ne faisait pas partie de son répertoire politique. » (p. 89).

     

     

    « Ce n'était pas l'avion de Speer » : le scoop qui fait plouf !

     

    Mais Rodríguez ne fait pas que broder sur les ragots ou fabuler sur le vide, Docteur en Histoire, il est capable de découvrir les erreurs historiques et de rectifier les fausses informations. C'est ainsi qu'il va nous asséner un scoop de taille : contrairement à ce qu'a prétendu Léon Degrelle (La Campagne de Russie, 1949 ; Duchesse de Valence, Degrelle m'a dit, 1961), il n'a jamais atteint les côtes espagnoles à bord du Heinkel 111 d'Albert Speer !

     

    « Terboven [commissaire du Reich pour la Norvège] aurait ajouté, selon la version degrellienne, qu'un avion privé, celui du ministre de l'Armement Albert Speer, se trouvait sur l'aérodrome militaire. [...] Speer raconte dans ses mémoires qu'à aucun moment il n'a quitté l'Allemagne ; il serait donc absurde que l'avion qui lui était attribué pour sa fonction se trouve à Oslo. » (p. 55).

     

    Et Rodríguez de nous détailler la « vraie » histoire des moyens de déplacements aériens de l'architecte préféré d'Adolf Hitler : « Speer rendait souvent visite à sa femme et à ses enfants [à Kappeln, sur les rives de la mer Baltique], utilisant pour ce faire un avion piloté par un ami, l'as de l'aviation Werner Baumbach. [...] Speer raconte aussi qu'avec Baumbach, il avait imaginé un plan d'évasion. Un hydravion quadrimoteur à grande autonomie –qui, du nord de la Norvège, avait approvisionné pendant la guerre une base météorologique allemande dans une baie isolée du Groenland– les conduirait là-bas avec quelques amis ; ils disposaient déjà en cet endroit des ressources nécessaires pour rester cachés pendant les premiers mois de l'occupation de l'Allemagne. Mais ils ont finalement abandonné ce projet jugé absurde. » (pp. 55-57).

     

    En résumé, Speer aurait eu à sa disposition un petit avion utilisé pour visiter sa famille et un gros hydravion, non utilisé, pour sa fuite. Que serait donc alors venu faire là son Heinkel (et pourquoi nous demanderons-nous aussi ne fait-il pas partie de la flotte aérienne de Speer décrite par Rodríguez ?) ? Se rendant compte de l'incohérence de son récit, Léon Degrelle, selon Rodríguez, l'aurait alors rectifié : « Des années plus tard, Degrelle corrigea la version concernant l'avion qu'il avait reçu à Oslo ou en un autre endroit (avec un avion abandonné sur le champ de bataille, nous nous élançâmes dans le ciel, mes six compagnons et moi, en réalité cinq) » (p. 57).

     

     

    Historia Militar LD Ciordia.jpeg

     

    L'incroyable équipée degrellienne de la dernière chance, atteignant in extremis la frontière espagnole après une odyssée aérienne de plus de 2300 kilomètres et sauvant son équipage au prix d'un crash qui eût pu être mortel, n'a pas manqué de susciter l'intérêt de spécialistes d'histoire militaire et d'aéronautique. Il en est qui se posèrent la question de la présence du Heinkel de Speer à Oslo. Tel Jean-Louis Roba : « que faisait l'appareil de Speer en Norvège alors que son légitime propriétaire se trouvait à ce moment à Flensburg (dans le Schleswig-Holstein) comme membre du gouvernement de l'Admiral Karl Dönitz ? » (Histoire de Guerre, avril 2000, p. 13). Juan Arráez Cerdá fait de même, qui traduit en grande partie l'article de J.-L. Roba, mais sans jamais le citer ! « Que diable faisait l'avion de Speer à Oslo alors que ce dernier se trouvait à ce moment à Fesburg [sic], (Schleswing [sic]-Holstein) faisant partie du nouveau gouvernement allemand de l'amiral Karl Doenitz ? » (Revista española de Historia Militar, octobre 2004, Léon Degrelle : le vol vers la liberté, p. 164 ; le principal intérêt de cet article réside dans la pleine page 167 réservée au beau portrait, par l'excellent dessinateur de presse espagnol Ciordia, de Léon Degrelle en fond de tableau du Heinkel 111 atteignant la baie de La Concha à San Sebastián ; il fait d'ailleurs aussi la couverture du magazine). Peut-être cet article espagnol est-il à l'origine du « scoop » de Rodríguez (qui n'en fait cependant jamais état) ? 

     

     

    Ainsi donc Léon Degrelle aurait modifié sa version fictive de l'avion de Speer ? Oui, nous dit Rodríguez en voulant nous faire croire qu'il en apporte la preuve : « La version corrigée par Degrelle sur le bimoteur avec lequel il vola, qui ne serait pas celui du ministre Speer, se trouve dans l'interview de Marino Gómez Santos, L'aventure humaine de Léon Degrelle, “Nous sommes vraiment entrés en politique comme des apôtres, ABC, 11.10.1969 » (p. 366).

     

    Il faut tout de même bien constater, à nouveau, que ce n'est pas vrai et que dans cette interview, on ne trouvera nulle part mention de ce que « le bimoteur [...] ne serait pas celui du ministre Speer », pas plus qu'il aurait été la propriété de qui que ce soit d'autre. On ne peut donc pas parler de « correction » ; éventuellement, tout au plus, d'une « omission » ou plutôt d'une absence de précision, mais dont on ne peut rien conclure de significatif.

     

    Et pourquoi monter en épingle ce seul mini-détail de l'interview (et celui du nombre erroné de passagers : six au lieu de cinq) et lui accorder un crédit qu'il n'a pas ? Et pourquoi n'en attacher aucun au fait que le journal précise, par exemple au mépris de toute vraisemblance, un lieu de résidence fantaisiste du « fondateur du rexisme [...] passé par Madrid avec un billet aller-retour [...]. Il n'y a que quelques mois que nous avons appris qu'il vivait au Brésil, par quelques grands reportages publiés dans une revue de São Paulo »...

     

    Pour que tienne la route cette thèse de la correction par Léon Degrelle de son affabulation de 1949 (La Campagne de Russie, p. 494), répétée en 1961 (Duchesse de Valence, Degrelle m'a dit, p. 20), il faudrait qu'il s'y tienne à partir de cette publication dans le magazine ABC de 1969. Or nous sommes bien loin du compte puisque le fugitif d'Oslo maintint la « version Speer » dans ses Interviews recueillies pour la télévision française par Jean-Michel Charlier en 1976 (rassemblées dans le livre Léon Degrelle : persiste et signe, en 1985) : « Vers minuit [le 7 mai 1945], sur un avion abandonné avec son équipage par le ministre Speer, j'ai décollé d'un champ d'aviation de fortune sans éclairage, sans balisage, avec de l'essence pour 2150 km. Il y a 2300 km jusqu'à l'Espagne, que j'espérais atteindre. » (p. 366).

     

    Plus encore, Léon Degrelle donne de précieux détails explicatifs sur l'avion de l'architecte de la Chancellerie de Berlin stationné à Oslo dans une interview de 1979 : « Le ministre Speer avait prêté son avion particulier [précision importante : voir ci-après] à Terboven, un Heinkel bimoteur qui resta en Norvège avec la capitulation. » (Playboy España, avril 1979, p. 46 ; détail piquant : le même magazine réservé aux adultes publie quelques pages plus loin une longue interview tout aussi exclusive... d'Albert Speer se présentant comme un « ex-leader nazi repenti » ! voir en fin d'article).

     

    Mieux, puisque Rodríguez aime citer le quotidien madrilène ABC, mettons-lui sous le nez l'édition du 14 décembre 1982 présentant une nouvelle interview, où si l'on suit la logique du soi-disant historien Léon Degrelle recorrige la correction de 1969 : « Avec quatre officiers [cette fois, une personne de moins, au lieu d'une en trop !], il s'empara de l'avion du ministre de la Guerre, Speer, et effectua un vol nocturne et héroïque qui s'acheva sur le sable même de la plage de la Concha, à San Sebastián, quand l'appareil, un Heinkel bimoteur, se retrouva sans combustible. Nous volions sans lumières fuyant le feu antiaérien des Français. Quand nous avons aperçu Irún, à seulement quelques minutes de vol, nous avons vu la mort de près. » (Ismael Fuente Lafuente, « Léon Degrelle, la dernière relique du nazisme, écrit ses mémoires à Madrid », in ABC, 14 décembre 1982).

     

     

     

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    Emblème de la Fliegerstaffel des Führers : une tête d'aigle « cartoonisée ». A droite, l'insigne est apposé sur un Focke-Wulf Fw 200, avion de transport civil, militarisé pour le transport de troupes. Quelques-uns de ces appareils intégrèrent effectivement l'Escadrille du Führer pour les déplacements des membres de l’État-Major et de son Chef.

     

     

     

    Voici donc la véritable histoire du Heinkel 111H-23 portant le code TQ + MU mis à la disposition d'Albert Speer en tant que ministre de l'Armement.

     

    L'avion, tout comme l'équipage dirigé par le pilote Albert Duhinger, n'appartenaient pas à la Luftwaffe (détail qui a son importance : voir ci-après), mais à la Fliegerstaffel des Führers, l'escadrille du Führer, composée d'appareils réservés à son usage personnel ou celui des hauts dignitaires du régime dont, bien évidemment, Speer.

     

     

     

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    Comme tous les appareils de l'escadrille Fliegerstaffel des Führers, le Heinkel 111 du ministre Speer affichait sur son nez l'emblème spécial de l'unité : une tête d'aigle noir (au bec rouge ou noir) dans un cercle blanc bordé de noir : on le distingue encore sur les photos des débris de l'avion entreposés dans les ateliers de l'aérodrome militaire de Logroño.

     

    Heinkel Logrono 2.jpeg

     

     

     

    L'avion se trouvait à Oslo car, ainsi que Léon Degrelle l'explique en avril 1979 (Playboy España), « Le ministre Speer avait prêté son avion particulier à Terboven, un Heinkel bimoteur » à long rayon d'action. Ses réservoirs pleins pouvaient lui assurer une autonomie maximum de 2150 kilomètres, précise l'interlocuteur de J.-M. Charlier en 1976. Et pourquoi cet appareil était-il à Oslo ? Mais très certainement afin de permettre au Commissaire du Reich pour la Norvège –démis de ses fonctions par le nouveau Président du Reich Karl Dönitz– d'assurer son évacuation. Éventuellement vers l'Alpenfestung, la « Forteresse des Alpes », en Bavière, distante de quelque 1750 kilomètres ? « [Speer] l'avait préalablement mis à la disposition du commissaire du IIIe Reich allemand en Norvège, Josef Terboven, et l'avait autorisé à s'en servir. » (José Luis Jerez Riesco, Degrelle en el exilio, p. 13).

     

    Mais Josef Terboven qui avait résolu de mourir sur place plutôt que de quitter son poste, saisit alors l'occasion d'offrir à Léon Degrelle l'appareil mis à son service qui était seul capable de traverser toute l'Europe, avec un équipage qui n'attendait que des ordres pour effectuer sa mission : « Le Dr Terboven m'accueillit en compagnie de son ami le général Reedis. Ils étaient magnifiquement calmes. Pourtant on allait les retrouver tous les deux, le lendemain matin, exsangues, un revolver dans leur main glacée, n'ayant voulu ni l'un ni l'autre remettre la Norvège aux vainqueurs. [...] Le Dr Terboven me dit alors d'une voix grave :

    J'ai demandé à la Suède de vous donner asile. Elle a refusé. Un sous-marin eût pu, peut-être, vous emmener jusqu'au Japon. Mais la capitulation est absolue : les sous-marins ne peuvent plus partir. Il reste ici, en bas de la montagne, à l'aérodrome, un avion privé. C'est l'appareil du ministre Speer. Voulez-vous risquer votre chance, tenter, cette nuit encore, de gagner l'Espagne ? » (La Campagne de Russie, p. 495).

     

    La précision « avion particulier », « avion privé » est importante : échappant à la Luftwaffe, l'appareil n'était pas concerné par les termes de la capitulation. Il est vrai que ce détail ne pouvait avoir de valeur que pour des bureaucrates attachés à la lettre des règlements : pour les contrôleurs aériens, l'avion pouvait encore voler dans l'espace aérien norvégien, mais hors des frontières ou non, le Heinkel n'était qu'un avion ennemi à abattre pour les vainqueurs de l'Allemagne, avant ou après que la capitulation fut effective.

     

    On connaît la suite. Mais pour achever de ruiner la fable grotesque de l'avion-qui-n'était-pas-celui-de-Speer présentée comme vérité biblique par l'historien aux scoops de pétard mouillé, nous observerons que la réalité du Heinkel de fonction du ministre de l'Armement ne fut jamais remise en question par les seuls qui n'auraient pas manqué de le faire : les premiers intéressés !

     

     

     

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    Le pilote Albert Duhinger. Il est possible que ce pilote (qui malgré son âge d'un peu plus de 30 ans n'était qu'Oberfeldwebel, c'est-à-dire sergent-chef) n'ait pas fait partie de l'équipage d'origine du Heinkel 111 d'Albert Speer. Dans ses interviews qu'il publia en 1971, le journaliste Wim Dannau (spécialiste, dans les années 1960, de l'aéronautique pour les hebdos d'ados Spirou et Tintin, il n'hésita pas à escroquer de nombreuses archives de son hôte pour ses éditions lucratives) fait dire à Léon Degrelle dans un français approximatif : « C'est alors que nous sommes tombés sur l'avion de Speer. [...] J'ai cherché dans tous les environs où on pouvait trouver des navigateurs. J'ai repéré un immense type qui s'appelait Albert, qui avait été à Bruxelles à la Luftwaffe et est tellement Bruxellois qu'il était tombé amoureux d'une Bruxelloise. Il avait eu une histoire effroyable et avait été cassé de son grade –pas pour des raisons amoureuses qu'il avait été dégradé– mais en fait, il avait été dégradé pour être trop amoureux. Et Albert, qui est devenu par la suite, Alberto en Espagne, est maintenant un grand pilote en Argentine ! » (Degrelle. Face à face avec le rexisme, p. 99). Concernant l'interdiction de vol consécutive à la capitulation de l'Allemagne, Duhinger a précisé à Georges Gilsoul qu'il affirma à la tour de contrôle devoir conduire son appareil à Trondheim, plus au nord de la Norvège (Gil raconte, décembre 1975). Ce que confirme Léon Degrelle : « Théoriquement, l'équipage conduisait à Trondhjem [ancienne graphie norvégienne] le Heinkel du ministre Speer. Le commandant du champ lui-même ignorerait la destination réelle du bimoteur et la présence de deux passagers clandestins. [...] Toutefois, la capitulation n'entrerait officiellement en vigueur que le lendemain, 8 mai 1945. » (La Campagne de Russie, pp. 494-495).

     

     

    Les membres de l'équipage tout d'abord : ils eurent certainement l'obligation de préciser, lors de leurs interrogatoires, l'origine de l'avion qu'ils devaient piloter, mais il ne fut jamais question en Espagne que de l'appareil d'Albert Speer. De plus, l'infatigable globe-trotter Georges Gilsoul (ce blog au 1er septembre 2024) connut très bien Albert Duhinger, devenu pilote de ligne en Argentine : « Oui, dans la nuit du 7 au 8 août 1945, mon ami le pilote Alberto Duringen [sic], que j'ai bien connu à Buenos Aires entre 1948 et 1974, l'a promené dans l'Heinkel d'Albert Speer, d'Oslo à Saint-Sébastien » (Gil raconte, 20 novembre 1989). Imagine-t-on que si l'avion n'avait pas été celui de Speer, cela n'aurait jamais été mentionné à l'un ou l'autre moment des conversations entre Duhinger/Duringen et son ami réfugié ?

     

    Mieux encore : imagine-t-on qu'Albert Speer lui-même, –qui était loin de porter Léon Degrelle dans son cœur–, n'aurait pas profité de l'occasion de ses multiples publications, conférences et interviews pour moucher celui qui, non seulement se servait de son nom et de son prétendu avion pour donner plus de sel au récit de son évasion, mais se permettait en plus de lui donner des leçons d'honneur et de fidélité ? « Le plus piaffant [des ministres du Reich] était Speer, ministre des Armements, qui retourna complètement sa casaque une fois la guerre perdue, mais qui a été le tout dernier ministre allemand que je vis porteur de l'uniforme brun du Parti et du brassard nazi, le 2 mai 1945, alors que Hitler était déjà mort depuis trois jours. Il éprouva quelque humeur, quand, par la suite, je lui rappelai plutôt sarcastiquement le pavoisement vestimentaire qu'il arborait quand nous nous étions rencontrés, ce jour-là, en pleine apocalypse, près de Flensburg. » (Persiste et signe, p. 337).

     

    Dans La Campagne de Russie, Léon Degrelle avait plaisamment décrit l'agitation du ministre Speer et de son entourage, immobilisés comme lui dans les épouvantables embouteillages bombardés par l'aviation anglaise : « Les centaines de camions en feu bloquaient tout. Le ministre Speer, son auto coincée dans le tohu-bohu, essayait lui-même de dégager la voie. Il était entouré des membres de l'état-major de l'Organisation Todt, vêtus d'éblouissants uniformes couleur pistache et caca d'oie. Ces honnêtes carêmes-prenants faisaient le plus drôle d'effet dans ce tumulte. » (p. 478).

     

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    Nous ne possédons malheureusement que la réponse que le ministre repenti lui envoya le 28 juin 1979 mais, à en juger par son contenu, Léon Degrelle devait l'avoir invité chez lui et sans doute s'était-il rappelé à son bon souvenir en évoquant peut-être leur rencontre dont question ci-dessus, ou plus sûrement l'anecdote du vol à bord de son Heinkel 111 qui l'impliquait, certes indirectement, dans le sauvetage du condamné à mort belge.

     

    Pourtant, Albert Speer ne profita pas de sa réponse pour l'enjoindre de cesser de répandre l'information concernant « son » avion si elle était effectivement fausse : il se contenta de rejeter avec une politesse glacée son invitation. Il avait prétendument trop de travail et puis, qu'auraient-ils eu à se dire puisqu'ils n'étaient en rien d'accord sur « les événements de l'époque »...

     

     

     

    Speer à LD 1979.06.29.png

     

    Le 28 juin 1979, Albert Speer répond par une fin de non-recevoir à une lettre-invitation que Léon Degrelle lui avait adressée à la suite de la publication conjointe de leurs interviews par Playboy en avril 1979. Ce courrier fait aujourd'hui partie des collections du Cercle du Collectionneur : la lettre est froide mais se veut polie (formule de salutation en français) et même compatissante (« la haine qui vous poursuit »). Cette fausse courtoisie culmine avec la photo (nullement dédiée à Léon Degrelle puisque signée six ans plus tôt, le 8 novembre 1973) jointe dans l'enveloppe trop petite pour la contenir sans la plier en deux...

     

    Traduction :

     

    « Albert Speer

    Heidelberg, 28.06.79

     

    Cher Monsieur Degrelle [en français dans le texte],

     

    Votre lettre m’a surpris, car je ne m'y attendais pas. A l'occasion de mes lectures, j'ai pu en apprendre davantage sur votre destinée. Y compris sur la haine qui vous poursuit.

     

    Vous avez certainement lu dans mon livre mon point de vue sur les événements de l'époque ainsi que sur le procès de Nuremberg. Mon point de vue n’a pas beaucoup changé.

     

    Je pense que nous ne sommes pas d’accord sur ce point. Mais je respecte aussi votre point de vue, tout comme, ainsi que je crois le comprendre à travers vos lignes, vous respectez le mien.

     

    Il est peu probable que je vienne en Espagne. Je travaille sans relâche et je viens d'écrire un livre sur mon architecture, publié par les éditions Propyläen Verlag  écrire un livre », c'est beaucoup dire : dans le bouquin en question, Albert Speer. Architektur, Arbeiten 1933-1942 (1978), Albert Speer s'est contenté de signer un préambule de deux pages, l'ouvrage proprement dit de quelque 180 pages richement illustrées étant en fait constitué de contributions de Karl Arndt, Georg Friedrich Koch et Lars Olof Larsson].

     

    Avec mes sentiments cordiaux,

     

    Votre

    [signé Albert Speer] »

     

     

     

    À suivre

     

     

     

  • Sous le manteau du Caudillo [1]

     

    Léon Degrelle en Espagne : du tourisme sexuel ?

     

    La 41e Correspondance du Cercle des Amis de Léon Degrelle nous avait mis en garde à propos de la publication d'un nouvel ouvrage apparemment consacré à Léon Degrelle (une photographie inédite prise à La Carlina dans les années cinquante en fait la couverture), Bajo el manto del Caudillo (« Sous le manteau du Caudillo [Franco] », par un certain José Luis Rodríguez Jiménez : « Internet nous apprend que l'auteur est un professeur d'université, spécialiste de l'extrême-droite et des fascismes ?! Sans doute du même type que ceux que nous subissons en France ou en Belgique, tels les Balace, Colignon, Milza, [...] Tout un programme ! » (ce blog au 6 juillet 2024).

     

    En plein dans le mille ! Nous avions en effet déjà été prévenus par un article à sensation du quotidien espagnol en ligne El Mundo, le 22 mars dernier, annonçant le bouquin : Léon Degrelle : les cinq femmes (dont une duchesse) du nazi que Franco protégeait !

     

    Présentant ces prétendues révélations historiques, –évidemment orientées, c'est-à-dire politiquement correctes !–, le journaleux de service en faisait d'emblée un résumé digne des dénonciations #MeToo : « Marié et père de cinq enfants, le leader du mouvement fasciste belge, condamné à mort dans son pays après la Seconde Guerre mondiale, se souciait peu que sa femme soit condamnée à cinq ans de prison pour collaboration. Il a trouvé dans l'Espagne de Franco un refuge paisible, où il eut l'occasion de faire fortune et d'entretenir des relations avec quatre autres femmes, parmi lesquelles, la duchesse de Valence et la phalangiste, membre de la Section féminine, Clara Stauffer Loewe. [...] Et ce n'est pas un hasard si les autres femmes avec lesquelles il a eu des relations avaient des moyens économiques confortables. »

     

     

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    Du journal en ligne El Mundo, le 22 mars 2024 :

    « Catholique, excellent orateur, décoré par Hitler lorsqu'il mit son parti, Rex, au service des nazis, et condamné à mort par contumace en tant que traître à sa patrie, il vécut heureux en Espagne, protégé et étroitement surveillé par la police du régime. C'est grâce au contrôle permanent dont il a fait l'objet qu'il a été possible de suivre bon nombre de ses déplacements depuis son atterrissage spectaculaire le 8 mai 1945 sur la plage de La Concha à San Sebastián jusqu'à sa mort à Malaga, en 1994.

    Dans Sous le manteau du Caudillo (Alianza), l'historien José Luis Rodríguez Jiménez a reconstitué son séjour en Espagne, les différentes résidences qu'il a eues (certaines luxueuses, comme le domaine La Carlina, à la périphérie du village sévillan de Constantina) et les (au moins) cinq femmes avec lesquelles il a partagé quelques périodes de sa vie trépidante. »

     

    Précisons, s'il le fallait encore, qu'Adolf Hitler remit personnellement les plus hautes décorations militaires allemandes à Léon Degrelle, non parce que ce dernier lui aurait offert le mouvement Rex, mais pour sa conduite héroïque au front de l'Est (ce blog, entre autres, au 21 juin 2018). Quant à sa condamnation à mort, elle fut prononcée par un tribunal belge d' « épuration » appliquant des lois arbitraires avec effet rétroactif (ce blog aux 24 janvier 2023 et 10 avril 2024).

    Sur le crash de son avion à San Sebastián, voir ce blog aux 20 mai 2016 et 18 juin 2020 ; et sur la merveilleuse propriété de La Carlina, le 23 octobre 2022.

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    Parmi ces femmes aux revenus « confortables » figura apparemment quelqu'une dont jamais personne n'avait entendu parler jusqu'ici, Hélène Cornette. Voici, reprenant les informations de l'auteur du bouquin, ce que nous en dit El Mundo : « Au début des années 1950, alors qu'elle a 44 ans et lui 46, Degrelle rencontre la Parisienne Hélène Cornette, collaboratrice du IIIe Reich, condamnée par contumace en 1948 à cinq ans de prison, à 100 000 francs d'amende et à la confiscation, au profit de l’État, de ses biens présents et futurs. Mariée depuis les années 1930 au policier Pedro Urraca, elle partage avec Degrelle un passé similaire, avec le souvenir de la Seconde Guerre mondiale, leurs expériences de vaincus et de condamnés, ainsi que les liens avec la Belgique, et ils partagent le diagnostic politique du danger posé par l'URSS. Leur idylle, bien que saisonnière, durera plusieurs années, au cours desquelles elle se rend régulièrement dans la propriété La Carlina.

    Cependant, soit elle décida que cette relation avait déjà été trop loin pour une étrangère, bien que disposant d'un passeport espagnol, exilée et qui voulait conserver les avantages de sa vie conjugale, soit il avait déjà entamé une relation, avec une autre femme, fille d'un antiquaire, ce qui n'a plu ni à ses filles, ni à Clarita, ni à Hélène”. »

     

     

     

    Bajo Cornette centrée.jpegLe fils d'Hélène Cornette, Jean-Louis, a confié à José Luis Rodríguez Jiménez cette photo de sa mère prise dans les jardins de La Carlina, la propriété andalouse de Léon Degrelle.

    L' « historien » illustre, en bas de page, ses qualités cancanières par ce récit pseudo-biographique où se distinguent surtout ses interprétations gratuites :

     

    Bajo Cornette coupée.jpeg

    « Le travail de Degrelle ne devait pas être trop fatigant car il ne cessait de développer ses relations sociales par des voyages à Madrid où une chambre lui était réservée dans la maison de Clara Stauffer, et d'écrire. Et comme il se sentait en sécurité et qu'en plus, il était imprudent et mégalomane, il décida, en 1952, de publier en espagnol Les Âmes qui brûlent, Notes sur la paix, la guerre et l'exil. Ce livre démontre que Degrelle avait cessé de craindre la justice belge et était impatient de se faire entendre afin qu'on reparle de lui comme dans les années trente. » (p. 236).

     

     

     

    Mis en appétit par ces détails pour le moins piquants, comment ne pas se précipiter sur ce livre qui s'annonce fort croustillant ? Croustillant, et certainement fondé sur une documentation rigoureusement vérifiée puisque l'auteur, José Luis Rodríguez Jiménez, se targue d'être Docteur en Géographie et Histoire, de disposer d'un diplôme en Défense nationale délivré par l'université de l'Armée et d'enseigner l'histoire contemporaine et l'histoire du terrorisme à l'Université Roi Juan Carlos ! Ce bouquin, nous prévient-il en effet dans la note de présentation en quatrième de couverture, « propose le résultat de décennies d'investigation » (« décadas » au pluriel, donc au moins deux fois dix ans !)...

     

    Nous avons déjà relevé, dans notre première évocation de l'ouvrage (ce blog au 6 juillet 2024), que l'Universidad Rey Juan Carlos s'était jusqu'ici surtout illustrée par la délivrance de diplômes de complaisance. Par exemple, ceux dont s'enorgueillissaient la ministre de la Santé, le président du Parti populaire et la présidente de la région de Madrid. Mais Wikipédia en rajoute des couches, dénonçant les diplômes de criminologie achetés par plus de deux cents « étudiants » policiers et révélant aussi la démission obligée du recteur de ladite université dont la thèse de doctorat n'était qu'un plagiat !

     

    C'est donc en digne collaborateur de cette université bidon, que le Prof. Rodríguez prétend « suivre les traces » de Léon Degrelle dans son pays, en rappelant l'origine de sa thèse de doctorat sur l'extrême-droite espagnole : la célébration à Madrid du centenaire de la naissance d'Adolf Hitler (voir à ce propos ce blog au 15 mars 2024).

     

    Le lecteur ressort quand même assez consterné des précisions détaillées par le pseudo-historien dans son Introducción sur cet événement : non seulement il orthographie fautivement le nom d'Ewald Althans (« Althaus », y compris dans l'index), le chef des jeunes de la Deutsche Freiheitsbewegung du Général Otto Remer, mais il fait de l'époux néerlandais (né dans l'île de Java, appartenant alors aux Indes néerlandaises) de la néerlandaise Florentine Heubel, Meinoud Rost van Tonningen, chef du Mouvement national-socialiste néerlandais et président de la Banque des Pays-Bas, un... « leader nazi danois » (p. 13) !...

     

    Voilà qui promet ! D'autant que le peu scrupuleux codicologue n'arrêtera pas d'appeler, dans son étude prétendument historique, Léon-Marie, le fils unique de Léon Degrelle (ce blog au 26 février 2016),... « Jean-Marie » ! Et ce, aux pages 256 (trois fois), 260 (deux fois), 386 (deux fois) et dans l'index, p. 411. Le pire (ou le plus marrant), c'est que le Rodríguez ose donner aux autres des leçons de rigueur onomastique : « le personnel administratif qui a rempli ces documents s'est trompé en transcrivant différents noms de famille ou a confondu noms et prénoms » (p. 127) ; « la mort du fils de Degrelle [était annoncée dans la presse étrangère] avec toutes sortes d'erreurs (le fils apparaissait avec des noms différents [...] » (p. 257) !!!

     

     

    Bajo Tombe Jean. Marie 2.jpeg

    Le malheureux Léon-Marie non seulement a perdu la vie précocement, à peine âgé de dix-huit ans, mais il perd aussi aujourd'hui son nom, par l'incompétence d'un prétentieux professeur d'université espagnol, clone (presque aussi pénible, mais, plus jeune, il a donc encore de l'avenir !) de notre pontifiant Francis Balace (ce blog, entre autres, au 6 juillet ou au 8 novembre 2019) !

     

    Dans le texte qu'on peut lire sous la photo, Rodríguez reprend la version invraisemblable d'Anne [Degrelle] Lemay) : « Apparemment, la mère n'en voulut pas à son ex-mari de la perte de son fils et résolut d'envoyer sa fille Anne pour le consoler » (p. 260).

     

    Sur la stratégie de Marie-Paule Lemay pour obtenir ses papiers de divorce, nous renvoyons à notre article du 13 mars 2023. On y trouvera également clairement exprimé son sentiment sur la mort de son fils, dans une lettre virulente à sa belle-sœur Marie, religieuse au couvent des Visitandines, à Paliseul, non loin de Bouillon : « Je l'accuse [Léon Degrelle] de m'avoir pris mon enfant et lui impute la responsabilité totale de sa mort ». Cette incrimination définitive est pourtant citée dans Degrelle en el exilio, de José Luis Jerez Riesco, dont Rodríguez se sert abondamment, notamment p. 379.

     

     

    Mais revenons aux aventures de Léon Degrelle, Don Juan exilé qui, caché sous le manteau du chef de l’État espagnol, aurait passé ses vacances forcées à séduire les plus riches beautés hispaniques, de la Duchesse de Valence à la fille du propriétaire des célèbres bières Mahou, en passant par... la femme française d'un fonctionnaire de police espagnol. Déjà, on s'interroge sur le casting : Léon Degrelle courait-il vraiment après les sous de cette désargentée ? On vient de lire en effet qu'elle était ruinée et n'avait à partager avec son prétendu amant que ses souvenirs de persécution et sa crainte des Soviets...

     

    En parcourant le bouquin, nous nous rendrons vite compte que le « cas Léon Degrelle » est assez mince et est loin de pouvoir occuper ses 400 pages. Pour se donner de la consistance, le propos a dû s'élargir : le sous-titre évoquera donc les « nazis, fascistes et collaborateurs » ayant trouvé refuge « dans l'Espagne franquiste », Léon Degrelle n'étant plus qu'une sorte de détail de l'histoire (si on ose dire !), son « personnage servant de fil rouge à cet essai » (note de couverture), car son histoire « nous permet de connaître les mécanismes de protection des nazis réfugiés chez nous, c'est-à-dire l'intervention des autorités, mais aussi des personnes qui, faisant partie du régime ou non, ont pris des décisions au niveau individuel en faveur des demandeurs d'asile auxquels les unissaient des liens idéologiques et personnels » (p. 16).

     

    Quel embrouillamini pour ne jamais dégager aucun « mécanisme de protection », mais des rencontres et des amitiés engendrant réactions, prises de position, initiatives au cas par cas... Encore eût-il été intéressant, voire indispensable, que le prof de cette université, tout de même abracadabrante, ait défini plus clairement ce qu'il entend par « nazis réfugiés chez nous » car son corpus d'étude englobe également sans sourciller aussi bien le général français Raoul Salan, partisan de l'Algérie française, l'archiduc Otto de Habsbourg, héritier de l'Empire austro-hongrois, ou Juan Perón, président d'Argentine... Dame ! Il fallait bien remplir le bouquin...

     

     

    Les ragots qui font les certitudes d'un « prof d'unif »

     

    C'est que le but de l'ouvrage serait finalement d'apporter sa contribution –dérisoire en définitive– à l'entreprise sans fin de démonisation absolue du national-socialisme : « De plus, l’œuvre écrite de Degrelle et ses déclarations aux médias internationaux ont joué et continuent de jouer un rôle important dans la spécialisation du néonazisme dans la négation de l'extermination de groupes de populations par le régime nazi et ses alliés, afin d'exonérer de leurs responsabilités ceux qui la planifièrent et l'exécutèrent. C'est pour cela que dans ce livre qui est le fruit de décennies d'investigation sur ce thème général, j'ai principalement suivi ses traces. » (p. 16).

     

    Malheureusement, la méthodologie développée par le docte académicien pendant ses décadas de recherche, n'est pas non plus très assurée, laissant errer ses observations dans l'imprécision, l'incertitude, le flou, ouvrant la porte aux supputations gratuites. Nous n'avons que parcouru tout ce qui ne nous paraissait pas concerner directement Léon Degrelle. Suffisamment tout de même pour nous faire une opinion ! Des exemples ?

     

    « Dans ces conditions, il paraissait logique [pour les Alliés] de penser que l'Espagne serait très probablement le pays européen où les nazis s'étaient déjà organisés, ou allaient le faire, pour transformer le territoire en base d'opérations [nazies] car c'était là que cherchaient refuge les cadres dirigeants du nazisme alors que sonnait l'heure de l'effondrement du Troisième Reich » (p. 107).

     

    « Néanmoins, au cours de l'année 1946, les recherches des Alliés permirent la découverte d'importantes quantités d'argent cachées en d'autres endroits [que l'ambassade d'Allemagne en Espagne] par des diplomates et autres agents allemands, peut-être à des fins personnelles bien qu'à cette époque, on pouvait supposer qu'il s'agissait d'une réserve secrète constituée à des fins politiques. » (p. 108).

     

    « Étant donné qu'on n'a pas trouvé de documents dans lesquels Franco prendrait position à ce sujet [la protection de réfugiés du Reich] ou donnerait des ordres concernant une personne en particulier, on peut supposer qu'il communiquait ses décisions verbalement, principalement à son cousin, le général Francisco Franco Salgado-Araujo, chef de la Secrétairerie militaire et personnelle du chef de l’État, qui les transmettait aux ministres des Affaires étrangères Lequerica et Artajo, et appliquait les différentes recommandations en faveur des réfugiés. » (p. 123).

     

     

    Lequerica PR 1939.04.11.png

    José Félix de Lequerica (1890-1963), phalangiste de la première heure, fut ambassadeur d'Espagne en France de 1939 à 1944 (photo de la présentation de ses lettres de créance dans Le Pays réel du 4 novembre 1939). Devenu ministre des Affaires étrangères en août 1944, il « arrache au Caudillo l'autorisation de recevoir en Espagne [les ministres français] Pierre Laval et [...] Abel Bonnard » (Olivier Mathieu, Abel Bonnard, une aventure inachevée, Postface de Léon Degrelle, Avalon, 1988, p. 326). Nous ignorons si Lequerica intervint auprès de Franco pour le cas de Léon Degrelle, mais, choqué du sort qui fut réservé à Pierre Laval livré aux Français et après qu'il eut empêché l'extradition d'Abel Bonnard, il ne fut sans doute pas contre le maintien sur le sol espagnol du condamné à mort belge dont il avait efficacement aidé la libération des prisons françaises en 1940 et qu'il avait alors rencontré à Vichy (voir ci-après).

     

     

    « Il semble donc raisonnable de penser qu'à partir de son poste de chef de l'Office central de la Sécurité du Reich et chef de la SS et avec un service de renseignement à ses ordres, Himmler a continué [de 1942 à 1944] de donner des ordres pour préparer des filières d'évasion. » (p. 137).

     

    « On pourrait imaginer que Carlos Fuldner était entré en contact avec l'ambassadeur d'Argentine à Madrid et qu'il reçut son aide pour la création d'une filière d'évasion pour les nazis car le groupe de colonels argentins à l'origine du putsch militaire, et surtout Perón déjà président, considérait leur persécution comme injuste, de même qu'était jugé historiquement anormal le fait de créer un tribunal international pour juger les principaux dirigeants du Troisième Reich. » (p. 145).

     

    « Il est fort possible qu'on ait fait disparaître des archives espagnoles, il y a déjà de nombreuses années, les documents relatifs à la fuite de nazis. » (p. 147).

     

    « A propos du trésor des Oustachis, des fleuves d'encre ont coulé, mais il est permis de supposer [...] que certains biens ont été cachés au Vatican » (p. 150).

     

    « Il semblerait que l'argent [nécessaire à l'ouverture du restaurant Horcher à Madrid] aurait été procuré par le bureau d'espionnage des SS afin de servir de point de rencontres sociales pour les Allemands de Madrid et de lieu de coordination pour les agents de l'espionnage » (p. 158).

     

    « Même s'il n'y a pas de documents pour le prouver, le Haut État-Major [de l'armée espagnole] a dû autoriser le séjour en Espagne d'un personnage beaucoup plus remarquable et connu que Darquier de Pellepoix : Karl Bömelburg, le chef de la Gestapo en France et, comme tel, responsable de nombreux crimes, y compris de la déportation de juifs dans les camps d'extermination. Il est difficile d'imaginer que le Haut État-Major ait ignoré sa présence sur le sol espagnol et, dans son cas, l'absence de documentation constitue en effet la preuve d'un travail bien fait » (p. 201).

     

     

    josé luis rodríguez jiménez,la carlina,duchesse de valence,clara stauffer,hélène cornette,jean-louis urraca,léon-marie degrelle,ewald althans,otto remer,meinoud rost van tonningen,anne lemay,franco,lequerica,pierre laval,abel bonnard,olivier mathieu,pierre daye,otto skorzeny,georges gilsoul,juan perón,muñoz grandes,rené lust,légio azul,serrano suñer,fernández cuesta,marie-christine degrelleOtto Skorzeny et Léon Degrelle se promènent dans les jardins de la finca de Majalimar, immense propriété agricole andalouse où il put vivre de 1949 à 1954, grâce à la protection du ministre du Travail phalangiste José Antonio Girón.

     

     

    « Néanmoins, certains promoteurs de la légende Skorzeny ont affirmé qu'à la fin des années quarante, il serait arrivé en Argentine par la voie italienne, et que là, il prit contact avec d'autres réfugiés allemands, comme le pilote de chasse Hans-Ulrich Rudel et l'ingénieur en aéronautique et pilote d'essai Kurt Tank, travaillant tous deux comme conseillers de Perón. Après une série d'aventures amoureuses avec plusieurs femmes d'influence – y compris Eva Perón –, Skorzeny retraversa l'océan pour s'installer en Espagne. Ce qui est certain, c'est que les autorités espagnoles ont gardées secrètes les circonstances de son arrivée dans le pays. » (p. 214).

     

     

     

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    Si Juan Domingo Perón figure dans ce livre sur les « fascistes [...] dans l'Espagne franquiste », c'est que le président argentin fut –péché capital !– un « admirateur du nazisme » (p. 132).

    En voici une photographie dédicacée à Georges Gilsoul (1922-1997) qui prit cette autre photo du couple en exil (copies de mauvaise qualité extraites des bulletins ronéotypés Gil raconte envoyés à compte d'auteur, à travers toute l'Europe).

     

    Georges Gilsoul s'engagea in extremis (le 2 juillet 1944 !) dans la Division SS Wallonie, recruté par Léon Degrelle en personne dans l'usine de Leipzig où il effectuait son Service du Travail Obligatoire. Envoyé sur le front de Poméranie où il participa aux féroces combats d'Altdamm et de l'Oder, il échappa encore aux pelotons d'exécution de l'épuration. Il devint après la guerre un des meilleurs propagandistes et diffuseurs des écrits degrelliens interdits de vente en Belgique (quelque 900 Degrelle m'a dit, autant de Lettres à mon Cardinal, solde des Cohue de 1940 et Campagne de Russie sauvés du pilon...).

     

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    Grand amateur de ragots, le spécialiste des dessous de l'Espagne franquiste, fait non seulement d'Otto Skorzeny l'amant d'Evita Perón, mais d'un milliardaire allemand proche des services secrets nazis, le responsable des succès électoraux des péronistes (54 % en 1946, 67 % en 1967) et non leur programme de redressement économique et de justice sociale. L'action présidentielle de Juan Perón se réduirait finalement à faire de son pays « la destination préférée des nazis, fascistes et collaborateurs en fuite [...], en ce compris Hitler, Goebbels et quelques-uns de leurs fidèles, dans les derniers jours de la guerre » !... (p. 137).

     

    On aura compris que de tels renseignements s'alimentent, comme tout le livre, de n'importe quel racontar. Ainsi du domicile madrilène du fondateur du justicialisme : « Par la suite, grâce à un cadeau de plusieurs amis –c'est du moins ce qu'on raconte– Perón, protégé par la Garde Civile, résidait en tant que propriétaire, dans le quartier de Puerta de Hierro, d'un cinquième étage à trois niveaux, avec sa secrétaire devenue son épouse, connue sous le petit nom d'Isabelita, c'est-à-dire Isabel Martínez de Perón, et plusieurs chiens. » (p. 351).

     

     

     

    Ragots degrelliens

     

    On ne sera pas étonné, en lisant les pages consacrées à Léon Degrelle, de constater de semblables approximations, interprétations malveillantes, affirmations gratuites, ragots... Un florilège.

     

     

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    « [Léon Degrelle] s'était marié avec une femme française, de famille très riche, et le couple faisait habituellement ses courses à Paris » (p. 60).

     

    « Degrelle se sentit flatté par la place que le Führer lui avait faite dans son agenda [mais] pour l'opinion publique belge, Rex était devenu une succursale du nazisme » (p. 60).

     

    « Ce qui est intéressant [dans le résultat des élections de 1937 Van Zeeland contre Degrelle], c'est que cet événement inattendu du tous contre un laissa une trace profonde chez le leader rexiste et permet d'expliquer sa dérive pronazie » (p. 61).

     

    « A partir de janvier 1940, [...] Degrelle allait recourir de plus en plus aux théories du complot pour expliquer ce qui était en train de se passer » (p.63).

     

    « une série d'extrémistes de droite fascisés et fanatiques du Troisième Reich, parmi lesquels José Finat qu'il a dû connaître en Espagne et, par la suite, visiter quand il fut ambassadeur à Berlin » (p. 67).

     

    « Degrelle élargit le cercle de ses amitiés espagnoles au cours de l'hiver 1938, [...] de nouvelles amitiés qui pourraient se montrer disposées à l'aider dans le futur » (p.77).

     

    « Je ne dispose pas d'éléments concrets sur la relation entre [Léon Degrelle et Clarita Stauffer] à cette époque, mais [...] il ne fait pas de doute qu'ils avaient à tout le moins établi une solide relation d'amitié » (p. 83).

     

    « Il est évident que [dans La Campagne de Russie,] Degrelle passe sous silence de nombreuses choses qu'il a dû voir et entendre » (p. 94).

     

    « Le plus probable est que [Léon Degrelle] dut faire face aux frais [de La Carlina] grâce au soutien économique de certaines amitiés ou que ces mêmes amitiés le recommandèrent pour qu'il obtienne sans caution un emprunt bancaire à taux réduit » (p. 232).

     

    Mais faut-il s'embarrasser de vérifications rigoureuses à propos de Léon Degrelle, alors qu'il importe surtout de le salir en s'inscrivant docilement dans la tradition de l'histoire correcte, telle que doit désormais l'enseigner l'université ?

     

    Le Cercle des Amis de Léon Degrelle l'avait immédiatement subodoré : Rodríguez s'inscrit effectivement dans la ligne des Balace, Colignon et autres magouilleurs de l'Histoire.

     

    Tel donc le clownesque « Prof » Francis Balace à la déloyauté arrogante chevillée au corps, il faut inlassablement répéter que Léon Degrelle est un menteur et un mythomane : « Il n'est pas un historien sérieux qui puisse accorder la moindre créance à la mauvaise foi continuelle de Léon Degrelle et de son hypertrophie du moi » (ce blog au 30 juin 2016). Ce qu'exécute donc scrupuleusement Rodríguez puisqu'il est « historien » diplômé !

     

    Aussi s'en donne-t-il à cœur joie, concurrençant même Balace dans ses litanies de vaines invectives : « un personnage égocentrique et souvent menteur » (p.57) ; « malgré son narcissisme» (p.66) ; « fidèle à lui-même, Degrelle n'a pas manqué d'exagérer » (p. 76) ; « Bien qu'il soit certain que Degrelle exagère » (p. 96) ; « Degrelle était un égocentrique qui mentait, manipulait et exagérait » (p. 173) ; « c'était un imprudent mégalomane » (p. 216),...

     

     

    Léon Degrelle s'inventerait des amis

     

    Pour établir ses contre-vérités, Rodríguez n'hésite pas à recourir à l'argument d'autorité pour discréditer les assertions de Léon Degrelle qui lui paraissent d'évidence incroyables et relevant donc de la folie des grandeurs ! Ainsi veut-il ruiner le rapport du tout premier interrogatoire du nouveau patient de l'Hôpital Mola par le commissaire de la police secrète de San Sebastián (Cuerpo General de Policia) à l'intention de la Direction Générale de la Sécurité à Madrid :

     

    « Blessé et mal en point, mais fidèle à lui-même, Degrelle n'a pas manqué d'exagérer un peu devant le commissaire de San Sebastián qui ajouta les propos suivants à son rapport : Il dit qu'il s'est battu pour notre Guerre de Libération, en lui envoyant les meilleurs de ses hommes. Qu'il est un ami du Généralissime Franco, de M. Lequerica et du Général Muñoz Grandes, mais qu'il ne veut absolument pas les déranger puisque lui-même et ses compagnons sont venus délibérément en Espagne pour se livrer, en tant que soldats allemands, aux Autorités afin d'être internés”. » (p. 76).

     

    Quoi ! Léon Degrelle ose prétendre être « l'ami » de personnalités parmi les plus éminentes de l’État espagnol ? Quel mégalomaniaque !...

     

    Ses décadas de recherches n'ont manifestement pas permis à l'universitaire soldé d'apprendre que Léon Degrelle –qui visita en hôte d'honneur, du 2 au 14 février 1939, les principaux lieux de combats des troupes nationalistes (Madrid, Tolède, Barcelone,...)– fut longuement reçu par le Général Franco en personne dans son quartier général de Saragosse, le 9 février 1939. Franco connaissait en effet Rex et Léon Degrelle depuis longtemps, ainsi qu'il le manifesta à l'envoyé spécial du Pays réel, René Lust, en 1936. Il faut préciser que Léon Degrelle entretenait également, depuis 1933, des relations suivies avec José Antonio Primo de Rivera, le chef de la Phalange, qui lui signa la toute première carte de membre de la Phalange de l'étranger (ce blog au 31 mars 2021).

     

     

     

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    Le Général Franco, lui confiant son portrait dédicacé pour le quotidien rexiste, déclara à René Lust, envoyé spécial du Pays réel : « Vous direz à votre chef, Léon Degrelle, que je suis très sensible à cette visite. J'aurais voulu le recevoir lui-même et lui dire mon admiration. Je connais bien le mouvement rexiste ; est-il besoin de vous dire qu'il a toute ma sympathie ? Je suis sûr que Rex gagnera sa bataille comme nous gagnerons la nôtre, car le rexisme est une mystique et la foi force la victoire. » (Le Pays réel, 23 septembre 1936).

     

     

    Le docteur ès carabistouilles, ignore évidemment aussi que José Félix de Lequerica, ambassadeur d'Espagne en France, fit la connaissance de Léon Degrelle, déporté par le gouvernement belge dans le camp de concentration français du Vernet (ce blog aux 30 avril 2017 et 28 septembre 2022), immédiatement après sa libération et sa prise en charge par Pierre Daye qui avait remué ciel et terre pour le retrouver. S'arrêtant à Vichy, sur le chemin du retour le 24 juillet 1940, Pierre Daye présenta Léon Degrelle à son ami Lequerica qui l'avait accompagné auprès de Franco en avril 1938. Ils dînèrent tous ensemble à l'Hôtel des Ambassadeurs abritant le corps diplomatique accrédité auprès du Maréchal Pétain. Léon Degrelle put non seulement le remercier chaleureusement pour son intervention ayant grandement facilité la mission libératrice de Pierre Daye, mais également attirer son attention sur la présence de nombreux autres Belges innocents dans les geôles françaises (dont l'écrivain Paul Colin, directeur du Nouveau Journal), afin de hâter leur libération (Le Soir, 30 juillet 1940). Les deux hommes se revirent encore en juillet 1944 à Paris où ils dînèrent à l'Hôtel Claridge.

     

     

     

    Munoz+AH.jpeg

    Après l'annonce de son rappel en Espagne par le Caudillo, le Général Agustín Muñoz Grandes est reçu, le 13 décembre 1942, par Adolf Hitler à la « Tanière du Loup », le Quartier Général de l'armée allemande sur le Front de l'Est. Le Führer vient d'ajouter les Feuilles de Chêne à la Croix de Chevalier de la Croix de Fer du général espagnol, faisant de lui le second des huit récipiendaires non-Allemands de cette prestigieuse distinction, avec Léon Degrelle qui en sera l'ultime bénéficiaire.

     

     

    Quant au Général Agustín Muñoz Grandes (1896-1970), comment Léon Degrelle ne l'aurait-il pas connu puisqu'il fut le commandeur de la Division Azul des Volontaires espagnols au Front de l'Est jusqu'en décembre 1942. Avant de rentrer à Madrid, rappelé par Franco, il fut l'un des rares étrangers, avec Léon Degrelle, à recevoir des mains d'Adolf Hitler, en son Quartier Général de Rastenburg le 13 décembre 1942, la Croix de Chevalier de la Croix de Fer avec Feuilles de Chêne.

     

    On a vu que Léon Degrelle partageait les idéaux de la Phalange –si proche de Rex– dont Muñoz Grandes avait été le ministre-secrétaire général avant de s'engager dans la croisade antibolchevique. C'est donc avec joie qu'il accueillit dans sa Division Wallonie, au moment des derniers combats de Poméranie, partie des Légionnaires espagnols ayant refusé de quitter le front après la dissolution de leur division d'infanterie décidée par Franco en mars 1944 (Ángel González Pinilla, La Legión clandestina, Españoles en la Wehrmacht y las Waffen-SS 1944-1945, p. 136). Muñoz Grandes lui gardera une fidèle reconnaissance pour avoir contribué à préserver ses hommes d'une funeste dispersion dans les diverses unités de la Wehrmacht et de la Waffen-SS.

     

     

     

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    Des Bourguignons de la Division SS-Wallonien fraternisent avec leurs nouveaux camarades espagnols ayant choisi de poursuivre la croisade antibolchevique à leurs côtés. « Combien d'Espagnols rejoignirent la Division wallonne ? Comme tout ce qui concerne la participation espagnole durant les derniers mois de la guerre, les chiffres varient significativement selon les sources. [...] Un autre calcul de la composition de la compagnie espagnole vient du SS-Ustuf Albert Steiver, chef de la 1. Kompanie du I Bataillon du SS Freiwilligen-Grenadier-Regiment 70, qui l'estime à deux cent quarante espagnols divisés en trois groupes en provenance de Berlin [...], plus un autre de cent vingt en provenance de Vienne. » (Ángel González Pinilla, La Legión clandestina, Españoles en la Wehrmacht y las Waffen-SS 1944-1945, p. 141).

     

     

    Le tout premier témoignage que nous possédons de l'atterrissage en catastrophe de l'avion de Léon Degrelle sur la plage de San Sebastián est celui d'un habitant proche du rivage, réveillé en sursaut et accouru en pyjama : « La mer s'engouffrait dans la cabine engloutie et nous arrivait à la moitié du corps. Sur la plage, devant les chalets et les auberges, quelques gardes civils faisaient de grands gestes. Presque tout le monde était blessé. Les blessures apparemment les plus graves de Degrelle semblaient venir des brûlures causées par l'explosion. Il se plaignait beaucoup de l'épaule. La première chose que demanda Degrelle fut de savoir s'il était en Espagne et quand on lui répondit que oui, il baragouina qu'il était un ami de Muñoz Grandes. » (témoignage de Jesús Jiménez, in Félix Elejalde Aldama, La Aviación en Guipuzcoa (1908-1996), p. 125).

     

    Pourquoi ne fut-il pas immédiatement question là de Franco et de Lequerica, connus tout aussi bien de Léon Degrelle, si pas mieux que Muñoz Grandes ? S'adressant à un civil espagnol, le blessé a-t-il pensé qu'invoquer le Caudillo lui-même aurait suscité l'incrédulité ? Que le nom de Lequerica, un ambassadeur à l'étranger, était inconnu et n'aurait produit aucune impression ? Alors que, portant l'uniforme allemand, il ne pouvait qu'éveiller l'intérêt et attirer la sympathie en invoquant le nom vénéré du Commandeur des Espagnols combattant sous l'uniforme allemand ?... Quelques jours plus tard, soigné à l'Hôpital militaire Général Mola de San Sebastián et interrogé par un fonctionnaire de l’État espagnol, Léon Degrelle joua cartes sur tables et donna les noms de tous ceux dont il pouvait légitimement penser se prévaloir de l'amitié. Mais c'est aujourd'hui, quatre-vingts ans plus tard, qu'il suscite l'incrédulité et le sarcasme de prétendus historiens balayant de la main les faits historiques qui les dérangent...

     

     

     

    Peuple 1947.06.22 LD+Muñoz.png

    Si la presse belge multiplie les fausses informations destinées à entretenir la pression sur le gouvernement pour obtenir l'extradition de son plus célèbre condamné à mort (ici, en première page du quotidien socialiste Le Peuple, le 22 juin 1947), force est de constater que les noms cités sont bien choisis : Ramón Serrano Suñer (1901-2003), ministre de l'Intérieur et beau-frère de Franco, de la même génération, des mêmes goûts culturels et artistiques, des mêmes aspirations spirituelles et politiques que Léon Degrelle, lia des liens de profonde amitié avec le chef de Rex dès leur première rencontre, le 7 février 1939. Il lui fut d'une aide précieuse et constante après-guerre.

     

    Raimundo Fernández Cuesta (1896-1992), ministre de l'Agriculture, un peu plus âgé, également rencontré lors du voyage de 1939, phalangiste convaincu, resta aussi toujours fidèle à Léon Degrelle (il figurera ainsi, tout comme Serrano Suñer, parmi les invités de marque au mariage de Marie-Christine Degrelle, le 9 octobre 1969).

     

    Agustín Muñoz Grandes (1896-1970) manifesta toujours son soutien et sa sympathie à son frère d'armes condamné à mort dans son pays par une justice expéditive. Leurs relations, sans avoir de caractère particulièrement intime, furent néanmoins toujours sincèrement chaleureuses. En témoigne ce télégramme du 7 avril 1961, envoyé à Léon Degrelle en réponse à ses inquiétudes concernant sa santé : le Capitaine Général du Haut Etat-Major de l'armée espagnole venait de subir une intervention chirurgicale délicate (ulcère gastro-duodénal) : « A l'occasion de mon retour à la vie officielle, je tiens à vous remercier de l'intérêt que vous portez à mon état de santé. Je me porte très bien. Avec mes salutations les plus cordiales. Muñoz Grandes »

     

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    À suivre

     

  • Alain Delon (1935-2024)

     

    Disparition d'un ami de Léon Degrelle

     

    A 88 ans, Alain Delon vient de nous quitter, à peine plus âgé que son ami Léon Degrelle.

     

    Zorro Affiche.jpgC'est en 1974, lors du tournage en Espagne du film Zorro, réalisé par Duccio Tessari que les deux hommes se rencontrèrent pour la première fois. Tessari est un réalisateur italien qui quitta le genre Péplum pour le Western. Zorro est probablement le film qui, grâce à Alain Delon, permettra à son nom de laisser une trace dans l'histoire du cinéma.

     

    Le directeur d'une entreprise de robots de cuisine, en relation d'affaires avec le dernier Commandeur de la Légion Wallonie, l'invita à assister à une séance de tournage du film à Colmenar Viejo, non loin de Madrid, ouvrant sur la Sierra de Guadarrama dont les paysages sauvages ont fourni le décor de tous les western-spaghetti.

     

    La rencontre entre les deux hommes orchestrée par ce riche industriel basque (ce blog au 23 octobre 2022) suscita dans l'instant une amitié qui ne demanda qu'à s'approfondir. Et ce qui ne devait être qu'une visite anecdotique se prolongea durant trois jours entiers où Léon Degrelle devint l'inséparable compagnon d'Alain Delon. C'était comme si, retrouvant la fougue de son adolescence, le pugnace exilé redevenait Tintin face à celui qui incarnait Zorro, le nouveau héros proposé à la jeunesse européenne !

     

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    L'acteur –admirateur déclaré du Général De Gaulle– fut alors l'hôte du Général Degrelle dans son appartement de la rue García Morato où il eut tout loisir de connaître les savoureuses péripéties de sa vie politique d'avant-guerre, ses exploits au Front de l'Est, lui gagnant les plus hautes distinctions militaires en même temps que l'affection particulière du Führer. Sans oublier, bien évidemment, les multiples alarmes de sa vie d'exilé, dont une tentative d'enlèvement suscitée en août 1964 par le Général De Gaulle lui-même ! (ce blog au 3 janvier 2023).

     

    Fusilier marin dont les actions pendant la guerre d'Indochine ne brillèrent pas d'un éclat particulièrement héroïque (il aurait été renvoyé de l'armée pour avoir « emprunté » une jeep qu'il accidenta), Alain Delon ne fut néanmoins pas qu'un Zorro de cinéma. Il aurait ainsi décidé d'aider très concrètement son ami menacé et persécuté en permanence depuis son arrivée en Espagne. Selon des proches de Léon Degrelle, c'est l'artiste qui lui aurait obtenu (grâce à ses relations avec les services de police de Marseille ?) un faux vrai passeport français. Jeanne Brevet, la compagne de Léon Degrelle, aurait été le chercher personnellement chez l'acteur, à Paris, en décembre 1976. Rentrant en Espagne par la côte catalane de la Méditerranée, elle retrouva son futur époux à Portbou où le passeport reçut son premier tampon officiel des services policiers de la Dirección General de Seguridad. Et le dernier car, citoyen espagnol par adoption officialisée en 1955 (ce blog au 3 janvier 2023), Léon Degrelle ne quitta jamais l'Espagne et ne se servit jamais de ce document (qu'il ne signa d'ailleurs pas).

     

     

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    Le faux passeport de Léon Degrelle est libellé au nom de « Martin de Gonrieux ». Martin est le nom du plus lointain ancêtre connu de Léon Degrelle, habitant à Gonrieux, petit village belge tout proche de la frontière française (ce blog au 15 juin 2023). Si le lieu de naissance (Tourcoing) est fantaisiste, la date de naissance (15 juin 1906) est correcte. Quant à l'adresse, serait-elle un pied de nez aux barbouzes du chef de l’État français qui avaient tenté de l'enlever dix ans plus tôt ? A Marseille, la rue de Paradis relie en effet la place du Général De Gaulle à l'avenue du Prado : la rue menant au Paradis part ainsi de chez Charles De Gaulle qui ne lui veut pas que du bien, pour rejoindre le Prado, abritant les plus beaux chefs-d'œuvre des peintres européens à Madrid où réside désormais Léon Degrelle. Ne pourrait-on voir aussi dans le numéro du domicile, 45bis, la liberté d'imaginer que l'issue du conflit 1939-1945 eût pu être différente ?... (Ce passeport se trouve actuellement dans les collections du Cercle du Collectionneur).

     

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    Ceux qui rejettent cette thèse ne manquent pas d'avancer qu'en ce temps-là justement, en 1975-1976, Alain Delon était non seulement l'acteur principal, mais également le producteur du fameux film de Joseph Losey, Monsieur Klein.

     

    « César du meilleur film, du meilleur réalisateur et des meilleurs décors en 1977, Monsieur Klein dresse le portrait kafkaïen de la condition juive durant l'Occupation » (site de La Cinémathèque française). Ce film illustrant les rafles de juifs dans la France de Vichy, réalisé dans la foulée même de Zorro, devrait donc suffire, selon eux, à souligner l'invraisemblance de faire endosser à l'acteur qui imposa ce projet contre vents et marées, la responsabilité d'un faux passeport à l'intention du futur auteur de la Lettre au Pape à propos d'Auschwitz...

     

    Pour le reste, il ne nous est en effet pas possible de documenter les éventuelles relations entre Léon Degrelle, l'hitlérien, et le gaulliste Alain Delon qui ont certainement dû se relâcher. Un marchand propose cependant depuis quelques mois sur la plus célèbre plate-forme de ventes entre particuliers, une lettre manuscrite de Léon Degrelle à son « Bien cher Alain ». Elle est datée du 11 juillet 1986 et constitue manifestement une reprise de contact, rappelant des souvenirs tout personnels, à en croire les mots qu'on peut deviner sous l'enveloppe cachant le texte : « Les années passent [...] mais aussi le bonheur de [...] intérieur, à nous seuls... » Et, pour conclure le bref courrier, « A bientôt, j'espère ! Je vous redis toute mon affection. »

     

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    Cette lettre dont l'enveloppe ne comporte que le nom du destinataire sans l'adresse, fut très certainement confiée à un intermédiaire, sans doute cet archiviste parisien, visiteur bien connu de l'exilé madrilène, et qui participa à l'édition du double album 33T Léon Degrelle, de “Rex” au Front de l'Est, édité par la Serp de Jean-Marie Le Pen (ce blog au 3 mai 2021). Le courrier ne fut pas transmis et n'est donc jamais parvenu à son correspondant puisqu'on le retrouve ici. Ce qui explique aussi que la relation entre les deux amis tourna forcément court.

     

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    On ne peut que le regretter. Mais l'important est de constater qu'au-delà de tout préjugé, ces deux hommes que tout eût pu séparer se sont rencontrés et se sont appréciés, simplement parce qu'ils furent de bonne foi et de bonne volonté.

     

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    Léon Degrelle, Tintin mon copain, p. 217.

     

  • Cercle des Amis de Léon Degrelle

     

    XLIe Correspondance privée – juin 2024

     

    C'est une photographie parfaitement inconnue de Léon Degrelle qui illustre la couverture de la nouvelle Correspondance du Cercle des Amis de Léon Degrelle, la quarante et unième déjà.

     

    Comment diable le Cercle s'est-il procuré ce document original ? Notre curiosité sera quelque peu satisfaite par un encadré de la page suivante : « La photo de couverture a été prise par Jean Louis Urraca Cornette et se situe vers le milieu des années 50. On y voit Léon Degrelle lire dans la cour de La Carlina. »

     

    Le Cercle eût pu être plus explicite car ce cliché provient d'une récente édition espagnole dont il signale l'existence en dernière page, à la fin de la rubrique consacrée aux publications degrelliennes : Bajo el manto del Caudillo (« Sous le manteau du Caudillo [Franco] ») dont la couverture s'orne également d'une photo d'autant plus originale que c'est la seule –à notre connaissance–, qui montre l'auteur de La Campagne de Russie en maillot de bain !

     

    L'auteur du bouquin est José Luis Rodríguez Jiménez, enseignant l'Histoire contemporaine et l'Histoire du Terrorisme à l'Université Roi Juan Carlos, établissement spécialisé dans la délivrance de diplômes-camelotes à scandale (à la ministre de la Santé, au président du Parti populaire, à la présidente de la région de Madrid,...).

     

    Bajo el manto.pngSans doute le Cercle ne souhaitait-il pas (à juste titre !) faire trop de publicité à ce pur produit du politiquement correct, car s'il précise bien qu'il comporte de nombreuses photos inédites de Léon Degrelle (provenant toutes de la collection d'un certain Jean-Louis Urraca Cornette : quatre du héros de Tcherkassy, trois de La Carlina, une de la tombe du fils unique de Léon Degrelle), le Cercle ne manque pas de nous dire que penser de cet ouvrage destiné à épouvanter ceux qui ignoreraient que des « nazis, des fascistes et des collaborateurs » avaient pu trouver asile dans l'Espagne franquiste : « Internet nous apprend que l'auteur est un professeur d'université, spécialiste de l'extrême-droite et des fascismes ?! Sans doute du même type que ceux que nous subissons en France ou en Belgique, tels les Balace, Colignon, Milza, Winock, Perrineau et autre Targuieff. Tout un programme ! »

     

    Jugement on ne peut plus pertinent et que nous confirmerons en long et en large dans un prochain article que nous consacrerons à ce livre dont le seul intérêt est –rappelons-le– la publication de photos inédites de Léon Degrelle.

     

     

    « Nos devoirs devant le pays en danger »

     

    Le texte de Léon Degrelle choisi par le Cercle pour ouvrir sa 41e Correspondance ne manque pas d'à-propos, publié peu avant les élections françaises, –européennes et législatives–, qui consacrent l'irrésistible émergence du Rassemblement national.

     

    Innombrables sont en effet ceux qui accordent aujourd'hui une confiance éperdue dans le jeune et brillant Jordan Bardella qui a précisément l'âge de Léon Degrelle lorsqu'il lança le mouvement Rex en politique. Mais quand on le voit courir après une respectabilité officielle passant par la dédiabolisation politique, on se demande si, en fait, ce n'est pas seulement l'exercice matériel du pouvoir qu'il poursuit : recentrage affiché sur le « pouvoir d'achat », adoption des postulats laïcistes de la République (inscription de l'avortement dans la Constitution), alignement sur la géopolitique européiste (conflit russo-ukrainien, politique théocratique israélienne,...) et même incertitudes sur la politique d'immigration (remigration, problème des binationaux, délivrance des visas, accueil sélectif des migrants,...), etc.

     

     

     

    Bardella par Chard.png

     

    Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, vu par Chard, la caricaturiste toujours perspicace de Rivarol, l'hebdomadaire de l'opposition nationale et européenne (3 juillet 2024) : le candidat Premier ministre s'efforce vainement d'atteindre le pouvoir en s'appuyant sur ses reniements et la normalisation de son discours au lieu de se gagner le cœur et la raison de son peuple par la révolution des âmes.

     

     

    Manquent en réalité à Bardella, masquant son inexpérience par de mâles postures (« Ma main ne tremblera pas » répété à tout propos), les fermes convictions et les indispensables ressources morales qui lui permettraient de transmuter sa bien sympathique séduction en une autorité charismatique véritablement degrellienne. Pour cela, il lui faudrait –comme s'y efforça Léon Degrelle tout au long de sa vie de combat pour assurer une régénération permanente de la société– œuvrer sans relâche à l'embrasement spirituel du peuple, à son élévation morale par la révolution des âmes.

     

    C'est ce que rappelle déjà le Chef de Rex dans cet éditorial du 10 mai 1935 (il a 28 ans) : « Si l’État est devenu une sorte d'organisme déliquescent, sans vigueur, sans prestige, c'est que les éléments qui le constituent sont eux-mêmes tombés dans une espèce d'état dégénéré au point de vue moral. Il est facile d'évoquer la conjuration des forces occultes et internationales, de vouer à la rancœur publique une minorité d'aigrefins et de profiteurs dont nous serions tous les innocentes victimes. Victimes, nous le sommes tous, mais victimes innocentes, non. C'est de la décomposition de nos forces morales qu'est faite la virulence du mal. » Et de citer le Roi Léopold III à l'appui judicieux de son propos : « Il ne suffit pas que le pays regroupe ses forces dans l'ordre matériel, mais il faut encore qu'il les rassemble dans l'ordre moral. »

     

     

    Le Général Otto Ernst Remer (1912-1997)

     

    Le Cercle publie la dernière partie de la traduction d'une interview du Général Remer, disponible sur le site Mourning the Ancient (« Pleurer les Anciens »). On y trouve également parmi d'innombrables récits de première main, les témoignages révélateurs laissés par les filles de Himmler, Goering et Rosenberg, le fils de Ribbentrop ou l'épouse de Heydrich...

     

    General Remer.pngDans cet entretien, le Generalmajor Remer dont le rôle fut décisif dans l'échec du putsch des généraux félons, le 20 juillet 1944, donne avec la candeur de l'évidence son sentiment sur la réalité du Reich national-socialiste ainsi que son anéantissement : « Hitler était un dirigeant charitable, humble et aimant. C'est pourquoi le peuple allemand s'est battu pour lui jusqu'à ce que nous n'ayons plus de quoi nous battre, que nos villes soient littéralement en ruines et que nos infrastructures aient disparu. [...] Vivre dans un État national-socialiste était une véritable bénédiction. C'était paisible, les gens étaient heureux et la vie valait vraiment la peine d'être vécue pour l'Allemand moyen. Je n'aurais aucune réserve à l'idée de vivre à nouveau dans une Allemagne nationale-socialiste, mais je n'ai aucune envie de revivre la guerre. [...] La manière dont les Alliés ont mené la guerre était une guerre d'extermination : ils ont bombardé sans discrimination, détruisant les trésors de l'Europe qui constituaient un témoignage inestimable de notre créativité et de notre amour de la culture. [...] Les nations alliées ont gagné la guerre grâce à la manière effrayante avec laquelle elles ont combattu et aux armes terribles qui ont été utilisées, mais cela ne leur donne pas raison. »

     

     

    Degrelliana

     

    Il est toujours encourageant de constater la multiplication des éditions et rééditions des ouvrages de Léon Degrelle en français comme en langues étrangères, établissant l'actualité toujours vivante et salutaire de l'auteur de Révolution des Âmes.

     

    Le Cercle nous apprend aujourd'hui qu'ont récemment vu le jour des parutions en anglais, en grec et en... lituanien !

     

    Messages to the Youth of Europe (16,5 $). Le titre est au pluriel car, en plus de l'Appel aux Jeunes Européens de Léon Degrelle (Avalon, 1992), on a joint un texte du Prince Friedrich Christian von Schaumburg-Lippe, conseiller au Ministère de l'Education du Peuple et de la Propagande de Joseph Goebbels.

     

    Messages to the Youth.png     Ames grec.png

     

    My Adventures in Mexico (13,75 €), première traduction en anglais de Mes Aventures au Mexique (Rex, 1933, ce blog au 1er mai 2016).

     

    Oι ψυχές που καίνε (13 €), traduction grecque de Les Âmes qui brûlent (A la Feuille de Chêne, 1964).

     

    Rusijos kampanija. Valonų savanoriai Rytų fronte (« La campagne de Russie, Les Volontaires wallons au Front de l'Est », 20,10 €). Première traduction en lituanien de La Campagne de Russie (Le Cheval ailé, 1949).

     

    Farces Louvain 2024.pngSignalons aussi (car le degrellien à l'origine de l'initiative, un certain Thomas DP, nous a également contacté) la réédition de Les grandes farces de Louvain (19,99 €), édité à 4500 exemplaires en 1930 par les éditions Rex (et repris dans L'Avant-Garde Trentenaire célébrant l'anniversaire de la revue estudiantine animée par le turbulent et toujours joyeux Léon). Pour répondre à son succès inattendu, l'ouvrage connut une nouvelle publication à grand tirage avec couverture illustrée en 1932.

     

    C'est un livre dont tous les biographes de Léon Degrelle parlent, mais qui ne se trouve que très occasionnellement en bouquinerie, et toujours à des prix prohibitifs. On se réjouira donc que le public puisse enfin satisfaire sa curiosité par cette « reproduction fidèle de l'édition REX de 1932 » (avec une couverture représentant approximativement la façade du Faucon, la faculté de droit de Louvain où étudia le jeune Léon).

     

    cercle des amis de léon degrelle,jean-louis urraca-cornette,la carlina,balace,colignon,milza,winock,perrineau,targuieff,jordan bardella,chard,rivarol,otto ernst remer,friedrich christian von schaumburg-lippe,josé luis rodríguez jiménezChronique de ses années estudiantines, ce livre de Léon Degrelle n'est qu'en apparence anecdotique. On y retrouve certes le récit haut en couleur des farces les plus rocambolesques imaginées par le rédacteur en chef de L'Avant-Garde, comme le procès prétendument intenté par les héritiers d'Alexandre Dumas ou le saccage de l'exposition à la gloire de l'Union soviétique (épisode à l'origine de Tintin au pays des Soviets : ce blog, entre autres, au 29 décembre 2021 ; voir aussi Léon Degrelle, Cristeros, Aux origines de Tintin), mais également la célébration ardente de la joie de vivre, indissociable de la révolution des âmes !

     

    L'historien Léon van der Essen, professeur à l'Université Catholique de Louvain, ne s'y trompera pas, écrivant dans sa préface de la seconde édition : « Ami lecteur, dévorez ce recueil plein de philosophie, de bon sens, de gaîté, de rosseries et tirez-en les enseignements qu'il comporte. Et priez, en terminant, la Providence afin que, longtemps encore, les étudiants de Louvain soient capables d'organiser des farces comme nous en conte Léon Degrelle. Ces farces, elles contribuent à faire l'humanité meilleure ; elles vivifient le sang ; elles rendent impossible, mieux que le pacte Kellogg, la guerre ! »

     

     

    cercle des amis de léon degrelle,jean-louis urraca-cornette,la carlina,balace,colignon,milza,winock,perrineau,targuieff,jordan bardella,chard,rivarol,otto ernst remer,friedrich christian von schaumburg-lippe,josé luis rodríguez jiménez

     

    « Comment fut nettoyée l'exposition des Soviets prouve que, dans le cœur de la jeunesse universitaire d'après-guerre, il y a infiniment plus de générosité, de clairvoyance, de courage, que sous la salopette du tribun communiste qui, le soir, fréquente les salons mondains, que dans la conscience en caoutchouc des grands flibustiers de la finance, qui font des affaires avec les organisateurs de la révolution mondiale, ou que dans la cervelle tuberculeuse de publicistes naïfs et super-humanitaires qui prennent la défense de la Russie rouge. »

    (Léon van der Essen, Secrétaire Général de l'Université ; dessins de Guibert Gérard).

     

     

     

    Cercle des Amis de Léon Degrelle, adhésion (30 ou 37 euros, selon que vous résidiez en France ou non) : www.boutique-nationaliste.com

     

    Adresse : Cercle des Amis de LD, BP 92733, 21027 Dijon Cedex, France.

    lesamisdeleon.degrelle@gmail.com

     

  • Quand Léon Degrelle explose les ventes...

    Estimés 6.600 euros, des Degrelliana

    rapportent 14.000 euros (+ 30% de frais) !

     

    D'habitude, les ventes des livres de Léon Degrelle ne suscitent aucune polémique et, même dédicacés, n'attirent guère les foules dans les salles de vente car les œuvres du héros de Tcherkassy sont assez couramment disponibles chez les meilleurs bouquinistes.

     

    Mais ce dernier samedi de juin était spécial car, pour la première fois, un manuscrit quasi complet d'un livre de Léon Degrelle allait être proposé aux enchères par la prestigieuse maison Arenberg Auctions. En même temps que trois disques 78 tours comportant l'enregistrement du discours historique du Chef de Rex, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, saluant le départ des 850 premiers Volontaires wallons au Front de l'Est, le 8 août 1941.

     

    De quoi alerter les gardiens de l'orthodoxie du politiquement correct qui se firent un devoir, par Le Soir interposé, de tirer la sonnette d'alarme de la moralité outragée et du devoir de mémoire sélectif.

     

    arenberg auctions,le soir,jean-claude vantroyen

     

    Mais ces cris d'orfraie eurent surtout l'effet contre-productif d'assurer on ne peut plus efficacement la publicité de la vente : sans eux, nous n'aurions même pas été au courant de cette exceptionnelle mise aux enchères ! Ce sont d'ailleurs nos amis du Cercle des Amis de Léon Degrelle qui, véritables bénédictins de l'information degrellienne, nous ont alertés.

     

    Confié au vieux pisse-copie du quotidien vespéral Jean-Claude Vantroyen, l'exercice de bienpensance dérape dès les premières lignes, mélangeant allègrement faits réels et souhaits personnels, accumulant imprécisions et contre-vérités. Il est vrai que sa bio dans Le Soir en ligne nous prévient « Il aime particulièrement lire de la science-fiction en écoutant du jazz » !... Et en s'autorisant sans doute aussi quelques fumettes...

     

    C'est ainsi que nous apprendrons que « Léon Degrelle est un personnage banni de la vie et de l'histoire belges » ! Car c'est bien entendu le journal de la cancel culture qui décide de qui appartient ou non à l'histoire de Belgique !

     

    Qu' « il a levé la Légion Wallonie pour combattre avec les Allemands à l'Est » et non pour combattre le communisme menaçant l'Europe et rendre à la Belgique une place honorable dans le nouveau concert des nations (ce blog, par exemple, au 18 janvier 2016).

     

    Ou que Léon Degrelle « a vécu dans l'Espagne franquiste sans être dérangé ». Car échapper à une douzaine de tentatives d'enlèvement ou d'assassinat (ce blog au 3 janvier 2023) fait sans doute partie des activités récréatives organisées par le paradis des vacances qu'est l'Espagne...

     

    Même les faits les plus connus ou les plus immédiatement vérifiables sont entachés d'erreurs traduisant le manque le plus total de professionnalisme : Léon Degrelle « voulait intituler son bouquin Nous les fascistes », alors que la reproduction du manuscrit de la table des matières (voir photo ci-dessus) indique « Souvenirs d'un fasciste ». Mais, nous assure Vantroyen, « L'éditeur a préféré un titre moins violent » Et ce titre, Hitler pour 1000 ans, –autrement plus violent quand même !–, le journaleux n'est même pas capable de le recopier correctement, le transformant en « Mille ans pour Hitler » !

     

    arenberg auctions,le soir,jean-claude vantroyen

    « Pendant vingt ans, le bolchevisme a pesé de son poids monstrueux sur le monde. Il a tyrannisé des centaines de millions d'hommes, dépensé des milliards pour étendre sa lèpre sur l'univers.

    L'Europe entière s'est dressée pour sauver sa vie et anéantir le bolchevisme. Nous partons parce que l’Europe est pour nous un bien sacré, la fleur de la civilisation, le pays des conducteurs de peuples.

    Nous partons parce que notre pays est en cause, comme tous les pays de l'Europe, et que se refuser à la lutte commune, c'est trahir son peuple et déserter.

    Nous partons pour que notre Patrie puisse à nouveau manifester sa présence, rappeler à ceux qui la croyaient jetée au sol, que les plus hautes vertus animent toujours le glorieux LEO BELGICUS de Charlemagne et de Philippe le Bon, du Téméraire et de Charles-Quint, de Philippe II et de Marie-Thérèse, de Léopold II et d'Albert Ier.

    La Belgique à cette heure écarte son suaire. Elle se dresse, face à l'avenir. La voici, voici ses fils, calmes et résolus, au rendez-vous de l'Histoire. C'est pour elle, pour cette Patrie chérie dont l'amour frémit dans chaque pulsation de notre sang, c'est pour réveiller son nom, enrichir son honneur que nous nous avançons. »

     

    (Discours de Léon Degrelle (extraits) au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, le 8 août 1941 : voir ce blog au 8 août 2017).

     

     

    Une telle constance dans le dénigrement gratuit finit par faire consensus chez tout le monde. Même le propriétaire de la maison de ventes se croit obligé d'en rajouter : « Un texte écrit par un fan explicite de Hitler ne devrait-il pas tout simplement être détruit ? » Rassurons-nous, ce ne sera pas le cas car même si le marchand affirme qu' « il ne s'agit pas d'argent », il n'est pas non plus tout à fait désintéressé : « je ne vois pas pourquoi je refuserais de le vendre » ! En effet, selon lui, « Ce n'est pas à nous de l'enterrer. Cette tâche incombe aux historiens » !!!

     

    Vous avez bien lu : la tâche des historiens est désormais de faire disparaître les documents qui embêtent l'histoire officielle. Comme le suggère Vantroyen, « Apparemment, faire commerce de produits nazis ou collaborationnistes n'est pas interdit. [...] Pas interdit, mais moral ? »

     

    C'est avec de pareils raisonnements dont les sophismes ruinent la démocratie que sont contestées les victoires électorales du Vlaams Belang ou du Rassemblement national et que sont justifiées émeutes et violences qui les saluent...

     

    arenberg auctions,le soir,jean-claude vantroyen

     

    En attendant, le manuscrit partiel de Hitler pour 1000 ans estimé à 5.000 euros est parti à 10.500 euros !

     

    Les trois 78 tours du discours de Léon Degrelle au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles saluant le départ du premier contingent de la Légion Wallonie au Front de l'Est, le 8 août 1941, a atteint le double de son estimation de 400 euros.

     

    Quant aux « +/- 25 publications par, sur ou contre Léon Degrelle et Rex », estimées une centaine d'euros, elles ont été adjugées à... 700 euros. Les affiches de la Légion, elles, ont plus que doublé leur estimation de 500 euros...

     

    En ajoutant les frais de 28 % (en salle) ou 30 % (par Internet), on arrive à un beau total de quelque 19.000 euros pour les six « Degrelliana » !...

     

  • Le Tombeau du Géant Léon Degrelle

     

    Quelques précisions

     

    Tombeau original recto.png

     

    Il existe deux versions de la carte postale « Le Tombeau du Géant Léon Degrelle » (ce blog au 15 juin 2024).

     

    La première reprend la photo originale du lieu-dit, prise à l'été 2014, avec, dans le bord supérieur gauche, superposés au ciel blanchi par la chaleur estivale, deux portraits emblématiques du tribun de la révolution des âmes : à gauche, le chef de Rex en 1936 ; à droite, en 1991, le fils qu'Adolf Hitler se fût choisi, exilé en Espagne et demeuré fidèle à ses engagements éthiques.

     

    La deuxième version s'est voulue plus artistique en offrant au sarcophage sylvestre un ciel bleu traversé de nuages, sur lequel se détachent les deux portraits ajourés et colorisés.

     

    Ces cartes sont la propriété du Cercle des Amis de Léon Degrelle et accompagneront gratuitement tout achat effectué à la Boutique nationaliste.

     

    Il est néanmoins également possible d'acquérir ces vues du Tombeau du Géant Léon Degrelle au prix de 6 euros les cinq exemplaires.

     

    Tombeau art. recto.png

     

    Tombeau original verso.png

  • Le Tombeau du Géant Léon Degrelle

     

    Le mémorial prédestiné !

     

    Il y a quasiment cent vingt ans que naissait Léon Degrelle. Précisément cent dix-huit ans aujourd'hui. Et exactement trente ans qu'il nous quitta (ce blog au 31 mars 2024).

     

    Largement temps, pensons-nous, pour rendre l'hommage qui revient de droit au meilleur des fils de Bouillon, avec son prestigieux prédécesseur, Godefroid, le chef de la Première Croisade qui libéra la route vers le Tombeau du Christ et dont le destin impressionna vivement le jeune Léon (ce blog au 15 juin 2023).

     

    Léon Degrelle fut, lui, le chef des Croisés wallons au Front de l'Est pour libérer l'Europe de la menace bolchevique. Tous deux furent animés par une foi ardente et par la volonté de permettre à leurs contemporains d'élever leur âme par-dessus les contingences matérielles afin de vivre une authentique vie d'homme transcendant sa condition.

     

    Brochure Légion 1941.png

    Dès leur engagement, les Volontaires pour le Front de l'Est se sont assimilés aux Croisés de Godefroid de Bouillon. La photo ci-avant montre les jeunes rexistes en partance pour leur camp d'instruction défilant devant la statue de l'Avoué du Saint-Sépulcre, place Royale, à Bruxelles : elle est extraite de la brochure célébrant, à l'automne 1941, le départ de la Légion Wallonie (p. 11). Ci-dessous, la photo de Léon Degrelle marchant en tête de colonne, devant le premier Croisé, publiée dans le supplément Magazine, du Pays réel, les 23 et 24 août 1941. Elle sera également reprise dans la brochure Légion Wallonie (p. 5).

    PR Magazine 1941.08.24 Légion Godefroid.png

     

     

    Ce fut le combat de Léon Degrelle, inlassable et salutaire, mais tant calomnié car ingrat, pour la Révolution des Âmes :

     

    « Ce ne sont pas les traités économiques, pas même les réformes structuelles des hommes d'Etat qui rendront à l'univers la vigueur et la richesse. Cela n'est rien sans le reste. Le reste, ce sont les vertus élémentaires, le courage, la générosité, l'abnégation, le don de soi-même.

    Ceux qui sauveront le monde pourri d'égoisme et de cupidité sont ceux-là seuls qui ne comptent pas leurs sacrifices, qui sont prêts, simplement, tous les jours, au fond de leurs coeurs, à ces gestes d'immolation qui devraient être normaux. [...]

    La déformation des consciences, qui scandalise et même effraie aujourd'hui, n'est que la conclusion d'une longue déchéance des vertus humaines et spirituelles ; c'est la passion de l'or, la volonté d'être riches n'importe comment, c'est la frénésie et l'affreux matérialisme de notre temps, l'appétit immédiat du sensible et du palpable, l'égoïsme monstrueux de la lutte pour soi seul, qui ont corrompu les hommes et, à travers eux, les institutions. [...]

    C'est parce que les âmes sont vides que les hommes se battent. C'est parce qu'ils ne croient plus qu'aux biens terrestres qu'ils se les disputent avec cette sauvage âpreté.

    Tant que les âmes n'auront pas été guéries, la cupidité, la haine quelles engendrent se déchaîneront de plus en plus.

    Ou la révolution des âmes, ou l'abjection de plus en plus sanglante de l'univers.... »

     

    Nous avons récemment diffusé le communiqué du Dernier Carré annonçant l'arrêt de ses activités (ce blog au 15 mars 2024). La « Communauté des Anciens du Front de l'Est » dont il était le porte-parole et le soutien est effectivement l'inexorable victime du temps qui passe. Cela ne veut évidemment pas dire que l'idéal solaire que nous ont transmis ces héros magnifiques puisse disparaître : le Dernier Carré a transmis au Cercle des Amis de Léon Degrelle, en même temps que tout son appui matériel, son soutien actif pour la diffusion la plus large auprès de la jeunesse des impératifs de la révolution des âmes.

     

    Aussi, en ultime hommage à Léon Degrelle, qui demeure l'inspirateur de la ligne de conduite de nos vies, le Dernier Carré a élucidé le lieu-dit Tombeau du Géant à Bouillon, sa ville natale : ce patronyme prédestiné se devait d'être complété par le nom même de Léon Degrelle. Et, pour l'officialiser, il a encouragé l'édition d'une carte postale touristique exaltant Léon Degrelle en son ultime demeure, le Tombeau du Géant Léon Degrelle.

     

    Deux petits portraits se détachent du ciel nuageux : le premier, colorisé, du jeune tribun pourfendeur des banksters affairistes, à l'instar du Christ-Roi chassant les marchands du Temple (à propos de cette photo, voir ce blog aux 3 mai 2021 et 11 novembre 2023) ; l'autre (repris de notre blog au 15 juin 2019), de l'exilé demeuré fidèle à son serment le liant à l'homme qui le considéra comme son fils et qui fut le dernier rempart de l'Européen face au nihilisme bolchevique.

     

    LD Retiro.jpg

     

    Les deux profils en miroir dominent le sarcophage naturel dessiné par l'élégant méandre de la Semois dans le hameau bouillonnais de Botassart que, depuis la victoire des Romains sur les Trévires en 57 avant Jésus-Christ, la tradition a appelé « Le Tombeau du Géant ». C'est en cet endroit, au bocage majestueusement cloisonné par la coulée argentée de la rivière, que Léon Degrelle voulut que ses restes reposent. Permettant de donner enfin un nom au Géant ! (Un fidèle degrellien publia d'ailleurs, en 2010 déjà, de belles images de la célèbre presqu'île sous le titre « Léon Degrelle. Ici repose un Géant »).

     

    Nous avons évoqué longuement la saga qui aboutit à la dispersion des cendres du dernier Commandeur de la Légion Wallonie, à la fois au sommet du mont Kehlstein, dans les Alpes bavaroises, et au cœur du lieu-dit « Tombeau du Géant » dans les forêts ardennaises autour de Bouillon (ce blog au 31 mars 2019).

     

    Anne (Degrelle) Lemay eût certes pu et dû expliquer les tenants et aboutissants de cette affaire aussi sensible que lourde de conséquences dans ses souvenirs effilochés, Degrelle, el hombre que cambió mi destino (« Degrelle, l'homme qui changea mon destin », ce blog à partir du 23 octobre 2022). Mais elle a étrangement préféré n'en dire mot...

     

    Rappelons donc qu'à l'issue de la crémation du défunt, c'est le Hauptsturmführer Jean Vermeire qui, au petit matin du 2 avril 1994, emporta les cendres dans sa propriété espagnole des Îles Baléares. Voulant alors à toute force être seul dépositaire des étendards de la Légion, il exerça auprès de Jeanne Degrelle, la veuve de son Chef, le chantage odieux des cendres contre les drapeaux ! Excipant d'un testament périmé désignant Berchtesgaden comme lieu de dispersion, il parvint à entraîner à sa suite Anne Lemay ne décolérant, quant à elle, pas car, dans ses dernières volontés manuscrites, son père avait désigné comme légataire universelle celle qu'il aima éperdument, son épouse Jeanne. Elle fut en effet l'Unique pour qui il eût « voulu vivre cent ans pour la combler de tendresse » ; mais, pour Anne, elle ne fut jamais qu'une marâtre usurpatrice (ce blog aux 17 janvier 2016 et 13 mars 2023)...

     

    Vermeire Jeanne 05.04.94.jpeg

    Trois jours après avoir emporté les cendres du Commandeur de la Sturmbrigade Wallonien, le SS-Hauptsturmführer Vermeire (pourtant détenteur de la dague portant la devise « Mon honneur s'appelle fidélité » !) écrivait à Jeanne Degrelle, la veuve de son Chef, cette lettre pour la rassurer sur la fidèle exécution des dispositions testamentaires de Léon Degrelle. Il les connaît donc parfaitement et s'engage formellement à les accomplir. Il n'en fera rien et sera une nouvelle fois parjure (il avait déjà menti sur son grade dans la déclaration sur l'honneur qu'il prononça et signa au moment de son engagement à la Légion, passant ainsi frauduleusement du rang de troufion [soldat-milicien] à celui d'officier [lieutenant]).

     

     

    Fournissant alors une caution familiale à l'accomplissement de la forfaiture de Vermeire, Anne l'accompagna un an plus tard en Allemagne. Et donc, contre la volonté expresse de son père et de son héritière, la vindicative vida l'urne cinéraire au sommet du Kehlstein, sur le versant dominant le Königsee (c'est-à-dire juste à l'opposé du Berghof d'Adolf Hitler). Elle prit soin aussi de photographier les cendres parmi les roches affleurant le sol de la montagne, en guise de carte funéraire pour sa sœur Chantal (ce blog au 2 septembre 2023), tellement attristée par cette querelle familiale que le soi-disant « bras droit » de son père n'eut de cesse d'envenimer.

     

    LD Kehlstein.jpeg

     

    C'est cette photo qui permit, par l'identification des bâtiments visibles en contrebas, puis de celle des rochers aux formes uniques, de retrouver rapidement la trace des cendres sur la terre typiquement noire des Alpes.

     

    Une partie en fut ramenée afin de satisfaire aux ultimes volontés de Léon Degrelle de retrouver son terroir et sa patrie. Cinq ans passèrent encore pour que l'événement pût coïncider avec le centenaire de sa naissance et, le 15 août 2006, fête patronale de sa Maman, ses cendres furent enfin enfouies au Tombeau du Géant, au cœur de la forêt de Bouillon (ce blog au 31 mars 2019).

     

    Notre blog avait alors publié quelques-uns de ces détails ainsi que les données de géolocalisation. Aujourd'hui, les auteurs de cette carte-vue destinée à la plus large diffusion populaire rendent enfin et fièrement justice au meilleur des fils de Bouillon en traçant ces quelques lignes biographiques au verso réservé à la correspondance  :

    « Né à Bouillon le 15 juin 1906, Léon Degrelle crée le mouvement Rex de révolution des âmes et participe à la Croisade contre le communisme (1941-1945). Alors qu’il combat au Front de l’Est, un tribunal le condamne à mort. Il se réfugie en Espagne jusqu’à son décès, le 31 mars 1994. Très attaché à son terroir, Léon Degrelle voulait que ses cendres soient dispersées dans les forêts de Bouillon. Elles le furent au Tombeau du Géant, donnant enfin tout son sens au patronyme de ce lieu-dit. »

     

    On ne pouvait écrire notice plus concise et précise. Et rebaptiser plus légitimement aussi cet endroit de légende : renfermant désormais les cendres de Léon Degrelle, le Tombeau du Géant Léon Degrelle porte maintenant bien son nom.

     

    Bouillon Tombeau du Géant LDb.png

     

  • Sculpteur de la famille royale et de Léon Degrelle

    Eugène De Bremaecker signe le médaillon des 31 ans de Léon Degrelle

     

    Dans notre article sur le premier buste de Léon Degrelle par Ferruccio Vecchi, cofondateur des premiers Faisceaux italiens de combat (ce blog au 3 mai 2024), nous regrettions de n'avoir pas inclus le sculpteur Eugène De Bremaecker parmi les médailleurs du Chef de Rex (ce blog au 11 novembre 2023), faute d'avoir trouvé quelque représentation de son œuvre.

     

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    Eugène De Bremaecker (1879-1963)

     

     

    Un lecteur fidèle et critique de nos explorations degrelliennes, par ailleurs collectionneur averti de belles pièces de cette époque passionnante et chercheur expérimenté de son histoire, nous a fait le plaisir de nous envoyer un cliché de son exemplaire de la médaille réalisée par Eugène De Bremaecker.

     

    La mauvaise photographie que nous avions reprise du Pays réel du 14 juin 1937 ne lui rendait pas justice, ne permettant pas de reconnaître vraiment les traits de Léon Degrelle et, à peine, sa silhouette !

     

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    Nous pouvons maintenant constater que l'artiste a parfaitement rendu la physionomie de son modèle, saisie dans sa juvénile mais ferme confiance. Il se dégage de son expression à la fois de l'innocence, du sang-froid et de la force d'âme.

     

    Nous remercions donc avec beaucoup de gratitude notre correspondant attentif de nous avoir fourni ce précieux document. Il nous illustre en effet qu'Eugène De Bremaecker est un portraitiste des plus fins, ce que confirment ses nombreux bustes et médaillons ciselés à l'image des plus hautes personnalités du pays: Léopold III et Astrid, les souverains belges, le Prince Charles-Théodor (qui donna son nom à la troupe scoute de Léon Degrelle –ce blog au 15 juin 2021– et qui deviendra régent du Royaume en 1944), le cardinal Mercier (premier guide spirituel de Léon Degrelle : ce blog au 26 mars 2017), les tribuns socialistes Emile Vandervelde et Camille Huysmans,... en plus de nombreuses compositions inspirées par la musique ou la danse.

     

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    Le Patriote illustré, 4 octobre 1936.

     

    Cette activité de portraitiste quasi officiel lui valut une interview en première page du quotidien Le Soir recueillant quelques anecdotes sur les Rois et Princes devant le chevalet ou l'ébauchoir, le 19 avril 1930 (Eugène de Bremaecker avait déjà eu les honneurs de la « Une » de La Dernière Heure, le 2 août 1927, dont l'essentiel se retrouve dans la notice Wikipedia de l'artiste).

     

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    C'est Eugène De Bremaecker qui fut choisi pour la réalisation de la médaille commémorative du centenaire de l'indépendance de la Belgique (ainsi d'ailleurs que pour la médaille du Volontaire-Combattant 1914-1918 : voir ci-après). L'encyclopédie du savoir universel Wikipedia présente bien la médaille mais sans indiquer le nom de son créateur.

     

    « ...Qu'a donc à nous dire maintenant le statuaire Eugène De Bremaecker des deux princes Léopold et Charles-Théodor, dont il fit les bustes pour l'iconographie familiale du Palais royal ?

    La toute première des séances consacrées au jeune duc de Brabant faillit tourner au tragique. La chose se passait dans l'appartement dit Fontainebleau du Palais de Belle-Vue. L'éclairage de la salle étant défectueux, l'artiste proposa à son jeune modèle d'aller s'installer dans la serre toute proche. Et il allait sonner des domestiques pour le déménagement de son lourd matériel, lorsque le prince Léopold l'arrêta :

    Nous nous en tirerons bien à nous deux, monsieur l'artiste. On n'est jamais plus vite servi que par soi-même.

    Et d'empoigner à l'instant la plus lourde pièce de l'attirail, lequel, en deux ou trois étapes, se trouva commodément à sa nouvelle place. Tout un système séducteur se révélait là. Mais alors quelque chose survint qui fit pâlir d'effroi Eug. De Bremaecker. Une violente rafale soufflait au dehors. Elle arracha de la charpente d'un toit voisin une grosse poutre qui, projetée au travers du vitrage de la serre, effleura le visage du prince héritier, tout en faisant pleuvoir des éclats de verre tout autour de lui. Une déviation d'un centimètre ou deux et la poutre eût tué ou grièvement blessé le futur titulaire de la Couronne. Celui-ci, souriant, ne broncha point. L'artiste, lui, frissonna à la pensée de la terrible responsabilité qu'eût été la sienne, si le malheur s'était produit.

     

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    Bremaecker Prince Charles DH 1935.05.26.png

    La Dernière Heure, 26 mai 1935.

    Un autre se manifesta chez le jeune comte de Flandre, Charles-Théodor, beaucoup moins expansif, celui-ci, que son frère. Il ne parlait guère pendant la pose ; mais quand il sortait de son mutisme, c'était pour s'exprimer en véritable marin de vocation, profondément épris de navigation lointaine. Avec cela franc, sincère et décidé au possible. Il confia un jour au statuaire qu'il ne pourrait jamais se résoudre à dire blanc quand il pensait noir ou vice versa. Si, par exemple, on me met devant une œuvre d'art, en sollicitant pour elle une admiration qu'elle ne m'inspire pas, vous m'arracheriez la langue plutôt qu'un éloge. Devant une chose dont je ne sens pas la qualité, le maximum qu'on puisse obtenir de moi, c'est que je me taise, par politesse.

    Voilà... Heureux, les artistes à qui leurs modèles livrent ainsi un peu de leur visage intérieur ! Admis à scruter le dedans comme les dehors, de quelle vie véritable ils peuvent animer la toile, ou le bronze, ou le marbre !

    Gérard Harry »

    (Le Soir, 19 avril 1930)

     

    Mais quels furent les liens entre Eugène De Bremaecker et Léon Degrelle ? Le sculpteur fut-il un rexiste convaincu ? A l'instar, par exemple, du médailleur Marc Colmant qui se porta candidat du mouvement Rex aux élections municipales de sa commune bruxelloise, Ganshoren, en 1938, l'année qui suivit la remise du médaillon de De Bremaecker au Chef ?

     

    En fait, nous n'en savons rien et nous ne pouvons que risquer quelques hypothèses à partir des rares traces de l'artiste dans le sillage rexiste.

     

    Eugène De Bremaecker est le seul médailleur dont l'oeuvre a été illustrée dans le quotidien rexiste : ni Victor Demanet, ni Marc Colmant n'ont eu cette opportunité. Jamais il ne sera d'ailleurs fait mention de leur médaillon degrellien dans Le Pays réel. Les productions de Marc Colmant n'y bénéficieront même jamais d'aucun commentaire ou présentation (son nom ne sera ainsi mentionné que dans la seule liste des candidats rexistes aux élections de Ganshoren !). Et si ce n'est pas le cas du plus célèbre Victor Demanet (dont le quotidien ne manque pas de signaler les bustes, médaillons et bas-reliefs consacrés, en 1936, 1937 et 1938, au roi Albert à Arlon, Crainhem et Léopoldville), ce sera toujours sans illustration.

     

     

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    Le buste de Giacomo Puccini offert au Théâtre Royal de la Monnaie, le 17 décembre 1936, à l'occasion de représentations de La Bohème, par Eugène de Bremaecker et le fils du compositeur, Antonio Puccini. Nous ignorons où cette sculpture se trouve actuellement. Photo publiée par Le Pays réel, le 7 décembre 1936.

     

    Par contre, quand Le Pays réel présente le buste de Puccini sculpté par De Bremaecker pour le Théâtre de La Monnaie (la scène lyrique bruxelloise), en décembre 1936, une grande photographie ouvre sa rubrique culturelle. De même, lorsque le médaillon de Léon Degrelle est évoqué dans Le Pays Réel du 14 juin de l'année suivante, une photo illustre naturellement l'article. Mais ce traitement, apparemment de faveur, traduit-il une plus grande proximité politique ? Pourrait-on le penser alors qu'à partir de ce moment, le nom de l'éminent médailleur ne sera plus jamais mis en avant (à part sa participation parmi tant d'autres à une exposition bruxelloise en 1938) ?

     

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    Antonio, le fils de Giacomo Puccini, et son épouse, accompagnés du sculpteur Eugène De Bremaecker lors de la remise du buste dans le foyer de l'opéra de Bruxelles (photographie publiée dans le magazine Hebdo, le 25 décembre 1936.)

     

    Ne peut-on cependant penser que le fait même d'offrir à Léon Degrelle son portrait exprimé dans le bronze suppose au moins quelque sympathie pour le modèle ?

     

    Notre correspondant suggère deux éléments pour, éventuellement, l'expliquer :

     

    « 1. De Bremaecker était un volontaire de la guerre 1914-1918. Or, au moins pour la période 1936-1937, REX put compter sur le soutien de nombreux vétérans de la Grande Guerre (Degrelle mettant régulièrement en avant les anciens combattants dans ses discours et écrits).

     

    2. De Bremaecker semble avoir été un artiste particulièrement attaché à la famille royale comme en témoignent les ''bustes royaux'' qu'il réalisa d'Albert Ier, du prince Charles ou encore de la Reine Astrid. Or, REX était un mouvement monarchiste très attaché à la personne du Roi dont il voulait d'ailleurs renforcer les prérogatives.

     

    Tout cela reste malgré tout fort léger pour sérieusement envisager une communauté d'idéal entre l'artiste et le politicien et, à moins de trouver quelques nouveaux éléments probants, il me semble plus prudent de ne pas considérer De Bremaecker comme ayant été un (sympathisant) rexiste. »

     

    Que De Bremaecker fût particulièrement attaché à la famille royale, nous venons de le vérifier, constatant même qu'une relation de confiance avait pu s'établir entre le sculpteur et les membres de la Cour prenant la pose et s'ouvrant aux confidences.

     

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    de Pierre Daye (ce blog aux 4 mai 2016 et 24 mars 2021), célèbre chroniqueur, soldat-milicien ayant participé aux combats de Namur, d'Anvers, de l'Yser et dans les colonies allemandes d'Afrique ; du dramaturge Paul De Mont (ce blog au 10 juin 2016), officier volontaire-combattant, Croix de l'Yser, Croix du Feu, grand invalide, amputé des deux jambes,... Tous les sénateurs rexistes (huit sénateurs élus directs, trois provinciaux et un coopté) sont d'ailleurs d'anciens combattants de la Première Guerre mondiale.

     

    A la question de savoir si De Bremaecker fut militant ou même simple membre de Rex, il faut très certainement répondre par la négative. Mais pareille hypothèse est sans doute parfaitement oiseuse car si nous considérons que les médailles qui furent éditées avec le profil de Léon Degrelle datent toutes de la même période 1937-1938, on pourrait se demander si ces oeuvres ne répondaient pas à une commande ou à une espèce de concours (une suggestion pour un cadeau ?) avec un cahier des charges tel que : présenter le profil du chef de Rex ainsi qu'afficher le slogan du mouvement « Rex vaincra ».

     

    Médaille Bremaecker R.JPG  Médaille Demanet R.png  Médaille Colmant.png

    De gauche à droite et par ordre chronologique, le slogan « Rex vaincra » selon Eugène De Bremaecker, Victor Demanet et Marc Colmant.

     

    Ce sont en effet les impératifs auxquels répondent précisément les trois médaillons que nous avons examinés (ce blog au 11 novembre 2023). Nous n'avons bien sûr trouvé aucune trace de pareille demande dans les organes rexistes : une telle publicité n'eût pu qu'alimenter les railleries de la presse prompte à accuser le tribun rexiste de mégalomanie !...

     

    Aussi ne pouvons-nous, compte tenu de tous ces éléments, exclure non plus quelque sympathie pour Léon Degrelle et de l'intérêt pour son combat contre les « banksters » avec le balai pour emblème et « Propreté ! » comme slogan.

     

    Rex Balais 1936.jpg   Rex 1936.01.03 Propreté.png

     

    Et ce, malgré que les parents d'Eugène De Bremaecker fussent d'actifs militants libéraux : le père, Alexis De Bremaecker, fut conseiller libéral à Bruxelles et la mère, Céline, s'occupait de la section féminine de l'Association libérale de Bruxelles. Que la vigoureuse campagne anti-banksters de Léon Degrelle en 1936 n'épargnât pas de grandes figures du Parti libéral (outre le ministre des Transports Marcel-Henri Jaspar –ce blog au 3 mai 2024–, figurèrent ainsi dans le collimateur rexiste le ministre d’État Louis Franck, gouverneur de la Banque nationale ; le ministre des Finances Max-Léo Gérard ; le ministre de la Justice Victor de Laveleye, etc.) ne heurta manifestement pas le sculpteur, avide lui aussi sans doute d'un assainissement des mœurs politiques...

     

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    Ne manquons pas non plus de relever que si la médaille sculptée par Eugène De Bremaecker honorait les trente et un ans de Léon Degrelle, sa remise au cours du banquet d'anniversaire se passa aussi dans le contexte électrique de la défaite électorale du 11 avril 1937. Deux mois plus tard, le 11 juin, le rédacteur en chef du Pays réel et membre du conseil politique de Rex, Hubert d'Ydewalle, démissionnait avec fracas de ses fonctions, provoquant un véritable séisme politique dans le mouvement.

     

    L'anniversaire de Léon Degrelle devait être l'occasion d'afficher l'union des rexistes et la confiance en l'avenir : Eugène De Bremaecker semble avoir participé ostensiblement et activement à cette manifestation de refondation puisque le quotidien rexiste ne manqua pas de souligner que « La fête se termina par un bal fort animé et l'on retrouvait dans la foule animée des danseurs, MM. René Lust, chef de Rex-Bruxelles-arrondissement, [...] De Bremaecker et quantité de dirigeants rexistes ».

     

    C'est dans cette perspective que, dès le lendemain, les membres du Conseil politique de Rex mettaient leur mandat à la disposition du chef de Rex « pour toute réorganisation éventuelle ». Plusieurs des membres de ce Conseil allaient d'ailleurs en profiter pour prendre rapidement leurs distances : Pierre Daye démissionna immédiatement de ses fonctions de président du groupe parlementaire rexiste à la Chambre. Xavier de Grünne attendra, quant à lui, la fin de l'année pour quitter le navire.

     

    Mais d'autres ne retarderont pas plus longtemps leur départ, provoquant ce qu'on ne peut qu'appeler une hémorragie dans les rangs du mouvement. Ainsi de René Lust, chef du Front populaire de Rex, région de Bruxelles, président du conseil d'administration de Radio-Rex et membre du Conseil politique de Rex, qui s'enfuit dès le 19 juin ; Jacques Crokaert, membre du Conseil politique, le 20 juin ; quant au colonel Georges Vigneron, s'il quittera la direction des Gardes rexistes le 23 juin, il conservera son siège de sénateur provincial. Ce mouvement délétère se poursuivra jusqu'aux élections législatives anticipées du 2 avril 1939.

     

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    Alarmé par cette avalanche de défections et déçu par ces abandons, Léon Degrelle veut néanmoins y voir, au-delà de l'ingratitude et de l'opportunisme des dissidents, l'occasion d'une salutaire purification du mouvement. Dans son discours de réception du médaillon d'Eugène De Bremaecker, il affirme : « Qui serait devenu député, sénateur ou dirigeant à Rex ou dans ses journaux sans y être porté par la seule et unique force de Rex ? Que ceux qui ne sont pas contents fichent le camp. [...] Ceux qui voudraient se faire de Rex un escabeau seront balayés. [...] Les douleurs et les trahisons ne nous abattront pas. Ce sont ces épreuves qui feront la victoire et qui nous feront rester semblables à ce que nous étions au premier jour. » (Le Pays réel, 14 juin 1937, p. 3).

     

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    Nous étonnerons-nous de ne plus entendre parler d'Eugène De Bremaecker dans l'entourage rexiste après cette fête d'anniversaire où il remit à Léon Degrelle le médaillon qu'il lui avait sculpté ?

     

    L'artiste n'avait en effet pas à se montrer plus catholique que le Pape ni plus rexiste que le chef de Rex-Bruxelles, René Lust, dont le nom lui avait été associé, par Le Pays réel, parmi les danseurs assidus du bal clôturant cette mémorable soirée du 12 juin 1937 !...

     

    Eugène De Bremaecker n'eût de toute façon jamais suivi Léon Degrelle dans sa croisade antibolchevique destinée à rendre à la Belgique, grâce à l'héroïsme de ses faits d'armes au Front de l'Est, une place respectée dans l'Europe d'Ordre nouveau : son patriotisme était trop ancré dans la haine de l'Allemand issue de la Grande Guerre. Il ne parlera d'ailleurs jamais de cet « ennemi héréditaire » qu'en utilisant les expressions patronymiques argotiques classiquement péjoratives. Ainsi de deux anecdotes confiées à l'hebdomadaire Pourquoi Pas ? le 7 janvier 1949 : « C'était pendant la guerre... Une auto boche, fonçant dans le décor et derrière un tramway, manque de me tuer net. Je venais de frôler la mort de tellement près, et dans un éclair si rapide, que c'est après seulement que le choc se fit sentir. » (p. 28) ; « Je me vante d'y avoir écrit [dans la Gazette], en 1934, un article sur ce que nous préparait la Bochie, et dans lequel j'avais tout prévu jusqu'aux parachutages. » (p. 29)...

     

    Après la guerre, De Bremaecker eut bien encore l'occasion d'exprimer son art du portrait dans des médaillons exaltant des figures sportives, musicales ou patriotiques. Nous remarquerons également que, tout comme pour la médaille de Léon Degrelle, le sculpteur opte toujours pour le profil gauche, une caractéristique qui semble lui appartenir en propre !

     

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    DH 1949.05.01.png   LLB 1949.09.05.png

    Photographies extraites, de gauche à droite et de haut en bas, de La Libre Belgique du 6 juin 1945 (maréchal Montgomery), de La Dernière Heure des 11 novembre 1947 (Jef Scherens, septuple champion du monde de cyclisme sur piste), 9 juillet 1948 (le musicologue Gaston Knosp), 18 octobre 1948 (lieutenant-général Van Strydonck de Burkel) et 1er mai 1948 (le compositeur Marcel Poot) et de La Libre Belgique du 5 septembre 1949 (le roi Albert et la reine Elisabeth au cours de la Première Guerre mondiale).

  • L’ami de Mussolini, sculpteur de Léon Degrelle

     

     

    Ferruccio Vecchi, cofondateur du mouvement

    fasciste, réalise le premier buste de Léon Degrelle

     

     

    Expo Légion 18.06.43 Buste LD 1.jpegEn commentant l’Exposition photographique de la Légion Wallonie, dont le Cercle des Amis de Léon Degrelle avait fait la « une » de sa XXXIXe Correspondance (ce blog au 20 octobre 2023), nous regrettions que l’auteur du buste du chef spirituel et militaire des Volontaires wallons qui était présenté à cette exposition de juin 1943 n’ait pas été identifié. En effet, disions-nous, « on ne connaît guère de portraits sculptés de Léon Degrelle ».

     

    Et pourtant la presse rexiste ne manquait pas de faire connaître les nombreuses représentations artistiques de Léon Degrelle, notamment les bas-reliefs des meilleurs médailleurs du pays (ce blog au 11 novembre 2023).

     

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    Une photographie en a quand même été publiée dans Le Pays réel, le 14 juin 1937, mais sa qualité ne rend guère justice à l'art du médailleur. Il s'agit d'un profil gauche (sur les médailles de Victor Demanet et de Marc Colmant, il s'agit toujours du profil droit), mais il est difficile d'en dire davantage. Nous n'en avons malheureusement trouvé la trace dans aucun répertoire ou collection. C'est d'autant plus regrettable qu'Eugène De Bremaecker n'est pas n'importe quel sculpteur. Jouissant d'une flatteuse réputation internationale, il s'est notamment spécialisé dans les portraits de la famille royale : le portrait officiel d'Albert Ier se trouve actuellement au Palais Bellevue, fermant l'aile gauche du Palais royal de Bruxelles ; celui de la reine Astrid est à l'Hôtel-Dieu, à Paris.

    Eugène de Bremaecker ne craignait certes pas de s'afficher dans le milieu rexiste : en témoignent sa belle médaille réalisée pour le trente et unième anniversaire de Léon Degrelle, tout comme sa participation, remarquée par la presse, au bal clôturant le grand meeting donné à cette occasion, le 13 juin 1937.

     

    C'est le 25 mars 1938 que l’hebdomadaire Rex consacra une page entière au tout premier buste de Léon Degrelle.

     

    « Le regard brillant, le front haut recouvert d'une toison broussailleuse et noire comme le geai ; sur la bouche un soupçon d'amertume, un menton volontaire et bien marqué. L'ensemble donne une singulière impression de force et de densité. Mais si un sourire effleure ce visage, tout s'irradie et vous embrase, la bouche prend un ton bonhomme. Ça, c'est Vechi.

    À une époque où la sculpture s'épuise dans des recherches de facture et où nous assistons au gauche effort d'une foule d'artistes pour enfanter des billets mal épannelés en des modelages mafflus, la personnalité austère et rude d'un Vechi s'affirme et triomphe. Aujourd'hui la plupart des sculpteurs travaillent n'importe quelle substance de n'importe quelle manière, l'appliquant à n'importe quoi sans tenir compte des lois de la plastique et des propriétés vitales de l'art. Un homme comme M. Vechi est d'une humeur trop fine pour choir dans un tel travers, sa façon est indépendante, et la liberté de son art qui s'affirmait déjà dans un grand nombre de pièces d'une belle qualité, vient de s'illustrer d'une œuvre magnifique : le buste de Léon Degrelle.


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    Oui, il m'a fort préoccupé ce buste. Le commun croit généralement que pour faire un buste, il suffit d'avoir un modèle. C'est une grave erreur, pour faire un bon buste il faut connaître parfaitement celui qu'il veut représenter, son caractère, son passé, les circonstances de sa vie, tout ce qui fait l'âme d'un homme.

    Et regardant le profil énergique de Léon Degrelle, nous nous taisons pour réduire en réflexion les surprises de notre bonheur. Tandis que Vechi raconte :

    Vous avez raison, c'était très difficile à faire. J'ai essayé une première fois et je n'ai pas réussi à traduire le tempérament de Léon Degrelle, car tout se reflète sur son visage, la puissance de ses sentiments, la pureté de sa foi, l'ardeur de ses pensées...

    En effet, l’œuvre d'art, disait Léonard de Vinci, est une véritable complicité. Cette complicité bien entendu a été soutenue par un métier solide et une inflexion propre. Un artiste ne doit pas se livrer impunément à la débauche des muscles. Les muscles du Discobole sont loin d'être aussi bosselés et tourmentés que ceux du Balzac de Rodin. Ignorance ? Non, au contraire maîtrise, simplification volontaire et discrétion. L'art de Vechi est un art complet, intelligent, dans lequel nous saluons l'équilibre des volontés et des moyens : ce qui compte pour lui c'est la composition animique du style et la fidélité à l'objet. Il faut apprécier le lyrisme d'une œuvre comme ce buste de Léon Degrelle où il déploie ses richesses et tourne ses attentions vers les recherches de facture, les courbes subtiles, les compositions destinées à produire avec exactitude les nuances de la vie. Comme nous l'en félicitons, il nous répond.

    C'est surtout grâce à M. Léon Degrelle. Je n'ai jamais eu l'occasion de peindre un homme aussi étonnant. Dès qu'une séance de pose était terminée, il venait voir mon travail et me disait : ça, c'est exact, ça n'est [pas] bon, ça est de telle manière... etc. Je connais son visage d'une manière parfaite...

    Disons-le, après l'avoir prouvé l’œuvre de Vechi s'augmente avec ce buste de Léon Degrelle d'une pièce qui suffirait à elle seule à établir une réputation. Tous les dons rares du sculpteur s'y conjoignent pour aboutir à une évocation brillante et facile : exécution, fermeté à expression, souci de plastique et d'exactitude, élégance robuste.

    R. F. »

    (Rex, 25 mars 1938)

     

    LD Vecchi 2.jpg

     

    Une présentation toute positive du buste de Léon Degrelle –il s'agit effectivement d'une « première »–, mais qui ne dit rien de concret sur l’œuvre et encore moins sur son auteur, dont le nom même est incorrectement cité, sans prénom et mal orthographié : « Vechi » au lieu de « Vecchi »...

     

    Pour en savoir plus, il fallait ne pas avoir raté Le Pays réel du 4 mars précédent où le buste était présenté en première page par une seule photo légendée : « C'est l'artiste italien Ferruccio Vecchi qui a réalisé l'excellent buste de Léon Degrelle dont nous donnons ci-dessus une photographie. Les sections qui désireraient en obtenir une réplique peuvent s'adresser à l'artiste (66, rue de la Source, Bruxelles). »

     

    Quelques jours plus tard, le 18 septembre, une nouvelle photo sera encore publiée par le quotidien rexiste, sans légende cette fois, en illustration, sur un quart de page, de l'éditorial de Charles de Fraipont, professeur à l'Université de Liège et sénateur de Rex (ce blog au 15 août 2016), intitulé Rexistes et Degrelliens.

          

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    La légende du Pays réel du 4 mars est précieuse en ce qu'elle nous donne le nom précis de l'artiste, Ferruccio Vecchi, et même l'adresse de son domicile dans la commune bruxelloise de Saint-Gilles (nous reviendrons sur les raisons de ce détail ; aujourd'hui, cette maison d'angle a été démolie et remplacée par un immeuble moderne d'une dizaine d'appartements).

     

    Mais qui est ce Ferruccio Vecchi ? La consultation éclair de Wikipédia, l'encyclopédie en ligne du savoir correct d'aujourd'hui, nous apprendra qu'il s'agit d'un sculpteur et d'un ancien combattant des troupes d'assaut italiennes (Arditi) lors de la Première Guerre mondiale. Et surtout qu'il fut l'un des fondateurs, avec Benito Mussolini, le 23 mars 1919 à Milan, des Fasci italiani di combattimento qui donneront naissance, deux ans plus tard, au Parti national fasciste. D'après l'encyclopédie collective, c'est à ce moment que Vecchi fut exclu des Fasci parce qu' « impliqué dans des délits mineurs et des fraudes ». 

     

    Il faut cependant consulter la version italienne de Wikipedia pour apprendre que l'accusé fut acquitté des préventions d'escroquerie et de faux et usage de faux alors que son dénonciateur écopait de deux années de prison. Pour apprendre aussi qu'avec son ami l'écrivain Marinetti, fondateur du mouvement futuriste, il fut des premiers à rejoindre d'Annunzio dans l'Entreprise de Fiume destinée à consacrer l'italianité de la ville.

     

    Vecchi+Marinetti Fiume.jpegFerruccio Vecchi et Filippo Tommaso Marinetti à Fiume, sur la côte croate de la Méditerranée, où ils rejoignirent dès septembre 1919 Gabriele d'Annunzio dans son équipée qui s'achèvera en décembre 1920 (la ville sera néanmoins annexée à l'Italie à la suite du traité de Rome du 27 janvier 1924 ; elle deviendra yougoslave après la Deuxième Guerre mondiale, forçant la majorité italienne de la population à s'exiler).

     

     

    Voilà qui est bigrement intéressant, mais qu'est-ce qui a pu faire se rencontrer Ferruccio Vecchi et Léon Degrelle ? Et comment ce dernier a-t-il fini par être le modèle de l'illlustre Italien pour un buste tombé dans l'oubli le plus total ?

     

    L'Ardito.jpegNous trouverons les principaux éléments de la réponse dans ce qui est la source privilégiée du Wikipédia italien, la seule biographie à ce jour consacrée à ce co-fondateur du Parti fasciste italien : L'Ardito, La vie de provocateur de Ferruccio Vecchi, Ravennois, fondateur du fascisme, par Giulia Belletti et Saturno Carnoli (Edizioni Moderna, 2013).

     

    Dès la préface, le caractère marginal de Ferruccio Vecchi est souligné par l'historien Mimmo Franzinelli, qui le voit évoluer d'égocentrique à arriviste : « Indocile et individualiste, asocial et solitaire, Vecchi ne parvient pas à s’insérer dans l’Italie fasciste dont il avait été –même confusément– le précurseur et le porte-drapeau. L'exil volontaire constitue la prise de conscience d'un mal-être existentiel dont ressortira –lors de son rapatriement– un Ferruccio Vecchi bien différent en tant qu'artiste, décidé à se frayer un chemin dans un monde où le fondateur du futurisme –son vieil ami Marinetti– est devenu membre de l'Académie d'Italie et où tant d'autres ex-révolutionnaires se sont transformés en dignitaires bedonnants. » (p. 8).

     

    Nous verrons, en fait, qu'à la suite de ses déboires judiciaires, littéraires et économiques, l'ancien capitaine des Arditi s'exila aux États-Unis en août 1927. Aux abois financièrement malgré l'aide du consulat italien, il quitta New-York quatre ans plus tard (« peut-être expulsé ») et atterrit à Paris où sans davantage de moyens de subsistance, il fut considéré comme un agent provocateur par les groupes antifascistes qu'il tentait d'approcher et finit par être expulsé par les autorités françaises en avril 1932. Vecchi trouva alors refuge à Genève d'où il adressa une requête au Duce pour l'obtention d'un subside mensuel : « Mussolini, qui suivait personnellement cette affaire, essayait de le tenir en haleine, cédant de temps en temps et avec modération à ses demandes, à seule fin de le savoir toujours loin d'Italie » ! (p. 71). Mais le 1er juillet 1933, par un décret rendu par les autorités cantonales de Genève, Vecchi se vit à nouveau expulsé « pour avoir publié des écrits au contenu immoral ». (p. 71).

     

    Et c'est ainsi qu'il aboutit à Bruxelles où l'ambassadeur d'Italie lui avait réservé la fonction de bibliothécaire de l'Institut italien de culture, toujours actif aujourd'hui au 38, rue de Livourne, à Saint-Gilles. Il décora cette Casa d'Italia de grands panneaux figuratifs en métal (« un art nouveau que j'inventai moi-même », p, 71), aujourd'hui disparus : ils furent en effet emmenés par Vecchi lors de son retour en Italie et certains se retrouveront exposés à la Biennale de Venise en 1940. Mais surtout, « en 1937, il s'adonna définitivement à la sculpture avec la réalisation d'un premier portrait » (p. 71). Ce premier portrait, les biographes ne l'identifient pas formellement (ils n'en possèdent d'ailleurs aucune illustration), mais il ne peut s'agir que de celui qui nous occupe, le buste de Léon Degrelle présenté en mars 1938 dans la presse rexiste.

     

     

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    Quelques exemples de panneaux métalliques (d'une hauteur de 2,5 mètres !) créés par Vecchi pour la décoration de la Casa d'Italia, à Bruxelles : ci-dessus, Amazzone ; ci-dessous, Eva et L'ultima danza di Salomè.

     

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    D'autant que le buste fit rapidement l'objet d'une dispute qui aurait abouti à une action en justice, selon un rapport de la police politique italienne au Ministère de l'Intérieur : « Le sculpteur italien Ferruccio Vecchi fut présenté à Degrelle par le comte Rinaldini [attaché de presse de l'ambassade d'Italie à Bruxelles, auteur d'articles favorables à Rex, notamment sur le Congrès de Lombeek, ce blog au 15 mars 2024], correspondant du Giornale d'Italia et, à ce qu'il me semble, de [l'Agence de presse contrôlée par l'Etat] Stefani, et Degrelle, cédant aux pressions amicales de Rinaldini, commanda à Vecchi un buste qui fut payé 18.000 francs. Vecchi eut alors l'idée de réaliser 2000 reproductions miniatures du buste et voulut que Degrelle les emporte ou, à tout le moins, encourage personnellement leur placement dans les sections du parti rexiste.

    Ne parvenant pas à ses fins, il passa aux menaces aussi bien contre Degrelle que contre Rinaldini, se gagnant le soutien dans cette action d'un certain Dal Prà, squadriste italien. Une intervention amicale du major Bottacci de notre ambassade n'eut pas de succès.

    Vecchi s'adressa alors à l'avocat Jaspar pour attraire Degrelle devant un tribunal et lui réclamer 80.000 francs. Ennemi juré du fascisme, Jaspar a accepté l'affaire avec plaisir afin de la faire mousser en scandale. Le conflit entre Degrelle (actuellement malade et immobilisé pour quelques mois à cause d'une lésion à un poumon [d'après Le Pays réel des 15 et 16 octobre 1938, Léon Degrelle souffrait d'une congestion pulmonaire provoquée par une amygdalite streptococcique ayant affecté le poumon droit]) et un célèbre fasciste italien s'y prêtait à merveille. Vecchi se trouve actuellement à Saint-Raphaël, en France, chez son beau-père.

     

    Vecchi Ferruccio.jpegFerruccio Vecchi, à l'époque de son séjour en Belgique. D'après ses biographes, il emporta quand même un bon souvenir de Bruxelles : « En mars 1939, Vecchi s'installe définitivement à Rome, via Aquileia 22, où, séparé depuis longtemps de son épouse Farina, il vit avec la jeune Belge Simone Alavoine. » (p. 75).

     

    Il paraît que, voici quelque temps, une somme d'argent (5000 francs) a été envoyée de Rome à Vecchi via l'ambassade, somme à lui verser progressivement. Mais il est parvenu à en disposer tout de suite et à la liquider méthodiquement dans des fêtes nocturnes entre Bruxelles et Londres.

    La presse belge, qui est complètement aux mains des Français, attend la tenue du procès pour lancer le cancan qui pourrait être évité en rappelant en Italie Vecchi et son lieutenant Dal Prà. La colonie italienne se sentirait soulagée. » (pp. 72-73).

     

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    Et c'est, finalement, ce qui se passa : le turbulent, présomptueux et, pour tout dire, encombrant Ferruccio Vecchi fut rappelé incontinent à Rome, grâce à la coïncidence de la préparation du 20e anniversaire de la constitution des Fasci à Milan. Une rencontre avec Galeazzo Ciano, ministre des Affaires étrangères, fut alors organisée pour liquider tout le contentieux Vecchi qui traînait depuis quelque douze ans : « Vecchi est immédiatement reparti à Bruxelles pour rentrer avec armes et bagages à Rome. L'ambassade royale a été chargée de liquider les dettes laissées par Vecchi, dettes semblant s'élever à quelques dizaines de milliers de francs. [...] Mais il ne faut pas oublier que Vecchi est atteint d'une espèce de mysticisme frôlant l'exaltation et qu'il vit dans des conditions de santé fort précaires à cause d'une tuberculose avancée » (rapport cité p. 74).

     

    Malgré ce que laissent entendre les biographes (« [Vecchi] ne retrouva les honneurs des gros titres des journaux qu'en 1938, à l'occasion d'un litige judiciaire contre Léon Degrelle », p. 71), le procès annoncé n'eut pas lieu. Non seulement il n'eut pas lieu, mais la presse belge n'évoqua même jamais le différend opposant les deux hommes, n'accordant en rien l'honneur de ses gros titres au sculpteur et rejetant donc son nom dans l'anonymat le plus complet.

     

     

    Ardito p.73.jpeg

    Comme toujours, il ne faut pas prendre pour argent comptant tout ce que racontent les « historiens » ayant pignon sur rue. On peut en effet se poser des questions sur la rigueur de travail des biographes de Vecchi quand ils légendent, par exemple, la célébrissime photo de la réception du SS-Hauptsturmführer Léon Degrelle par Adolf Hitler en son quartier général de Rastenburg (nord-est de la Pologne actuelle), après le succès de la percée de Tcherkassy, le 20 février 1944 : « Léon Degrelle [...] pendant sa rencontre à Berlin avec Hitler en 1936 » !

    Il n'existe bien sûr aucune photographie de cette première rencontre, imprévue et inespérée de la part de Léon Degrelle, marquant surtout la curiosité et l'intérêt de la part d'Adolf Hitler. Remarquons au passage qu'il n'existe pas non plus de photo de la rencontre entre le roi Léopold III et Adolf Hitler au Berghof. Mais pas pour les mêmes raisons : la visite du souverain belge était imposée et importune (ce blog au 28 juin 2017). L'extrême différence d'impression laissée sur le Führer par ces deux personnalités belges rencontrées pour la première fois est également hautement significative.

    Léopold III en 1940 : « Hitler l'accueillit avec une amabilité assez glacée. [...] Hitler eût vraisemblablement préféré mettre immédiatement fin à la visite [...] qui n'avait apporté que [...] déception à Hitler. » (Paul Schmidt [interprète officiel d'Adolf Hitler], Sur la scène internationale, p. 277-279).

    Léon Degrelle en 1936 : « [Hitler] fut fort impressionné par le dynamisme et en même temps par la maturité d'esprit de ce jeune chef. Lorsque Degrelle eut quitté le grand salon, le Führer déclara à Ribbentrop [...] : Jamais je n'ai vu de tels dons chez un homme de cet âge. » (Degrelle m'a dit, p. 238-240).

     

     

    PR 28.10.1936 Jaspar à la porte.pngCe n'est évidemment pas pour rien que Vecchi aurait choisi Marcel-Henri Jaspar comme avocat car celui-ci, éreinté par les campagnes « anti-banksters » menées par Rex contre lui tout au long de 1936 et 1937, avait déjà porté plainte contre Léon Degrelle (dont il était certes devenu un « ennemi juré »). L'affaire avait fait grand bruit dans les journaux et si le ministre avait gagné son procès, sa réputation en avait été gravement altérée. Par ailleurs, depuis janvier 1938, l'ex-ministre des Transports était violemment accusé d'avoir participé, en pleine guerre civile espagnole, à un trafic illégal d'avions en faveur du camp républicain. L'affaire provoqua un tel scandale que Jaspar agressa physiquement le député rexiste Raphaël Sindic lors de la séance parlementaire du 27 janvier 1938. Inculpé pour coups et blessures, Jaspar fut renvoyé en correctionnelle en octobre 1938 (il sera condamné à 3500 francs d'amende le 1er mars suivant).

     

    Il est plus que probable que si l'affaire lui avait été proposée, Jaspar l'eût fermement refusée : les imputations incertaines de Vecchi concernant la responsabilité de Léon Degrelle dans la diffusion de son buste eussent encore davantage ridiculisé l'avocat-politicien libéral, devenu l'une des têtes de turc préférées du Pays réel.

     

           

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    Deux des nombreuses caricatures de Marcel-Henri Jaspar publiées par Jam dans le quotidien rexiste Le Pays réel : ci-dessus (13 novembre 1936), le ministre corrompu pris en flagrant délit ; ci-dessous (30 janvier 1938), la fameuse séance parlementaire où le député rexiste Raphaël Sindic se fit agresser physiquement par les partisans du Frente popular et, ajoute malicieusement le caricaturiste, par la mauvaise foi du président de la Chambre, le socialiste Camille Huysmans (devront comparaître devant le tribunal correctionnel, le libéral Jaspar, le communiste Julien Lahaut et le socialiste René Delbrouck, mais pas Frans Van Cauwelaert, le député à longue barbe du dessin, « bankster » catholique férocement étrillé par Léon Degrelle).

     

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    C'est sans doute une trace du souhait de Vecchi de commercialiser son œuvre que l'on retrouve dans la légende de la photo parue, le 4 mars 1938, en première page du Pays réel fournissant l'adresse du sculpteur du buste de Léon Degrelle, à l'intention des « sections qui désireraient en obtenir une réplique ». Mais il n'est nullement précisé qu'il s'agirait d'une copie de taille réduite, ni qu'un total de deux mille exemplaires en seraient disponibles ! Si un tel nombre en avait été réalisé, on en connaîtrait probablement aujourd'hui encore nombre de répliques. Il est même douteux qu'il y ait eu ne fût-ce qu'un seul autre exemplaire fondu, si on considère le prix d'achat (de revient ?) payé par le modèle, 18.000 francs belges de l'époque (l'équivalent de plus de 1600 euros) : y aurait-il eu beaucoup de sections rexistes capables, financièrement, de consentir pareil investissement somptuaire ?

     

    On dispose néanmoins de quelques photographies de l'agence de presse SADO (Service Auxiliaire de Documentation, ce blog au 20 juillet 2016) d'une cérémonie de la J.N.S. (Jeunesse nationale-socialiste) organisée par John Hagemans, dont certaines sont reproduites dans l'album d'hommage John Hagemans, Prévôt de la Jeunesse, 1914-1942. Elles y sont identifiées comme « le vieux rite germanique du lien tranché », cérémonie qui s'est tenue en 1941 dans les locaux réquisitionnés du Grand-Orient de Belgique, devenu le quartier général de la Jeunesse du mouvement Rex.

     

          

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    Dans la salle de l'ancien grand temple du Grand-Orient de Belgique, au 79 de la rue de Laeken devenu son siège, la Jeunesse de Rex organise ses festivités. Ici, « le vieux rite germanique du lien tranché » (on distingue une hache sur le billot devant John Hagemans raidi dans le salut rexiste). Au centre des acteurs de la cérémonie, sur un haut pilier, le fameux buste de Léon Degrelle réalisé par Ferruccio Vecchi.

     

     

    Il s'agit là de l’œuvre originale, offerte peut-être par Léon Degrelle à la Jeunesse rexiste pour orner ses locaux, car aucune autre photo ne documente ce buste ni au domicile du Chef de Rex, ni dans aucune autre manifestation politique ou culturelle rexiste ou légionnaire...

     

    Cet éloignement du buste de son modèle traduirait-il un désamour de Léon Degrelle pour son portrait réalisé par Vecchi ? Il faut dire que jamais Léon Degrelle n'en parla alors qu'il était particulièrement fier de ses médaillons dont il possédait d'ailleurs certains originaux.

     

     

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    Sculpture originale de Victor Demanet, d'un diamètre de 50 cm, effectuée pour la réalisation du médaillon célébrant Léon Degrelle (ce blog au 11 novembre 2023), dans le parterre fleuri de la terrasse madrilène du dédicataire.

     

     

    Ce n'est que lors des séances de pose pour le buste réalisé pour son quatre-vingtième anniversaire qu'il raconta les éprouvantes tortures infligées par Vecchi pour essayer d'obtenir la meilleure ressemblance. Encore n'a-t-il jamais prononcé le nom de l'auteur (dont il ne se souvenait manifestement plus) ni évoqué son éminente qualité « fasciste » (qu'il ignora probablement : aucune allusion n'y est faite non plus dans les articles de l'époque) : « Ce n'était pas à proprement parler une sculpture, mais plutôt un masque comme on en fait pour les morts. Sauf que j'étais bien vivant et qu'on m'appliquait le plâtre sur la figure avec deux pailles dans les trous de nez pour me permettre de respirer. Et encore ! A peine ! J'ai bien failli périr asphyxié au cours de ces séances interminables ! » (substance de l'enregistrement original en possession de la RTBF pour le film La Führer de vivre, de Philippe Dutilleul).

     

    Et sans doute ce buste, sculpture princeps de Ferrucio Vecchi qui se consacrera désormais à la statuaire, ne plut-elle pas davantage à son auteur. Peut-être parce qu'elle ressortissait davantage au moulage qu'à la sculpture ? Peut-être aussi à cause des souvenirs désagréables qui y étaient liés ?

       

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    Ce qui nous intéressera davantage, c'est la photographie d'un buste de femme, présenté comme « Mein erstes Werk – La mia prima scultura ».

     

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    Par la suite, Ferruccio Vecchi abandonna le recours au moulage (heureusement d'ailleurs pour son principal modèle, Benito Mussolini !) et parfit sa technique, devenant un authentique et talentueux sculpteur. C'est donc à raison qu'il désigne comme sa première œuvre ce buste féminin dans une attitude similaire, mais autrement réussie, à celle de Léon Degrelle deux ans auparavant. Le buste du Chef de Rex aurait alors servi en quelque sorte de « brouillon » à ce nouveau bronze, qui en est quasiment un reflet de miroir.

     

    Busto di Donna Il Ponte.png      Buste Vecchi 1938 d.jpg

    A gauche, le Busto di Donna, dans la photographie proposée sur le site de la grande salle de ventes milanaise Il Ponte – Casa d'Aste.

    Le catalogue de l'exposition allemande de 1941 précisait que l’œuvre appartenait à la collection du riche industriel fasciste Francesco Marinotti (1891-1966), à l'époque vice-podestat de Milan. Elle avait probablement été acquise à la XXII Biennale de Venise où elle fut présentée de mai à octobre 1940. Elle a récemment été mise en vente, estimée entre 800 et 1200 euros, et adjugée le 11 décembre 2019 à 10.000 euros.

     

    Il existe une courte séquence (1 min. 24'') filmée dans l'atelier romain de Ferruccio Vecchi, disponible sur youtube, présentant l'artiste en action et sélectionnant trois réalisations originales : L'Aviateur (un homme prêt à prendre son envol, tenant d'une main une gigantesque aile d'avion), Invocation (un jeune homme, genou en terre, déclarant sa flamme à une jeune fille extatique) et « un groupe exaltant la famille et le travail agricole ».

     

     

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    Des œuvres qui se veulent empreintes de grandeur, d'héroïsme et de modernité, mais qui n'évitent pas souvent un kitsch assez désarmant quoique résolument assumé. Ainsi des portraits de Mussolini qui furent présentés à un Duce assez interloqué à l'exposition de Rome, en mars 1940 : les photos de la visite furent, paraît-il, censurées mais le modèle écrivit tout de même dans le livre d'or de l'exposition, non sans quelque malice : « Enfin, une nouvelle expression artistique ! »

     

      

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    A gauche, « L'Empire jaillit de l'esprit du Duce. » ; à droite, « Mein Kampf. Du sommet de la pensée de Hitler, jaillit la jeune Germania qui a brisé les chaînes de l'esclavage. »

     

     

     

    Le buste en bronze de Léon Degrelle réalisé par Ferruccio Vecchi en 1938, –sa toute première œuvre en tant que statuaire–, est disponible, ainsi que de nombreux et rares articles de qualité muséale concernant Léon Degrelle, sur le site Le Cercle du Collectionneur.

     

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