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de gaulle

  • Alain Delon (1935-2024)

     

    Disparition d'un ami de Léon Degrelle

     

    A 88 ans, Alain Delon vient de nous quitter, à peine plus âgé que son ami Léon Degrelle.

     

    Zorro Affiche.jpgC'est en 1974, lors du tournage en Espagne du film Zorro, réalisé par Duccio Tessari que les deux hommes se rencontrèrent pour la première fois. Tessari est un réalisateur italien qui quitta le genre Péplum pour le Western. Zorro est probablement le film qui, grâce à Alain Delon, permettra à son nom de laisser une trace dans l'histoire du cinéma.

     

    Le directeur d'une entreprise de robots de cuisine, en relation d'affaires avec le dernier Commandeur de la Légion Wallonie, l'invita à assister à une séance de tournage du film à Colmenar Viejo, non loin de Madrid, ouvrant sur la Sierra de Guadarrama dont les paysages sauvages ont fourni le décor de tous les western-spaghetti.

     

    La rencontre entre les deux hommes orchestrée par ce riche industriel basque (ce blog au 23 octobre 2022) suscita dans l'instant une amitié qui ne demanda qu'à s'approfondir. Et ce qui ne devait être qu'une visite anecdotique se prolongea durant trois jours entiers où Léon Degrelle devint l'inséparable compagnon d'Alain Delon. C'était comme si, retrouvant la fougue de son adolescence, le pugnace exilé redevenait Tintin face à celui qui incarnait Zorro, le nouveau héros proposé à la jeunesse européenne !

     

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    L'acteur –admirateur déclaré du Général De Gaulle– fut alors l'hôte du Général Degrelle dans son appartement de la rue García Morato où il eut tout loisir de connaître les savoureuses péripéties de sa vie politique d'avant-guerre, ses exploits au Front de l'Est, lui gagnant les plus hautes distinctions militaires en même temps que l'affection particulière du Führer. Sans oublier, bien évidemment, les multiples alarmes de sa vie d'exilé, dont une tentative d'enlèvement suscitée en août 1964 par le Général De Gaulle lui-même ! (ce blog au 3 janvier 2023).

     

    Fusilier marin dont les actions pendant la guerre d'Indochine ne brillèrent pas d'un éclat particulièrement héroïque (il aurait été renvoyé de l'armée pour avoir « emprunté » une jeep qu'il accidenta), Alain Delon ne fut néanmoins pas qu'un Zorro de cinéma. Il aurait ainsi décidé d'aider très concrètement son ami menacé et persécuté en permanence depuis son arrivée en Espagne. Selon des proches de Léon Degrelle, c'est l'artiste qui lui aurait obtenu (grâce à ses relations avec les services de police de Marseille ?) un faux vrai passeport français. Jeanne Brevet, la compagne de Léon Degrelle, aurait été le chercher personnellement chez l'acteur, à Paris, en décembre 1976. Rentrant en Espagne par la côte catalane de la Méditerranée, elle retrouva son futur époux à Portbou où le passeport reçut son premier tampon officiel des services policiers de la Dirección General de Seguridad. Et le dernier car, citoyen espagnol par adoption officialisée en 1955 (ce blog au 3 janvier 2023), Léon Degrelle ne quitta jamais l'Espagne et ne se servit jamais de ce document (qu'il ne signa d'ailleurs pas).

     

     

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    Le faux passeport de Léon Degrelle est libellé au nom de « Martin de Gonrieux ». Martin est le nom du plus lointain ancêtre connu de Léon Degrelle, habitant à Gonrieux, petit village belge tout proche de la frontière française (ce blog au 15 juin 2023). Si le lieu de naissance (Tourcoing) est fantaisiste, la date de naissance (15 juin 1906) est correcte. Quant à l'adresse, serait-elle un pied de nez aux barbouzes du chef de l’État français qui avaient tenté de l'enlever dix ans plus tôt ? A Marseille, la rue de Paradis relie en effet la place du Général De Gaulle à l'avenue du Prado : la rue menant au Paradis part ainsi de chez Charles De Gaulle qui ne lui veut pas que du bien, pour rejoindre le Prado, abritant les plus beaux chefs-d'œuvre des peintres européens à Madrid où réside désormais Léon Degrelle. Ne pourrait-on voir aussi dans le numéro du domicile, 45bis, la liberté d'imaginer que l'issue du conflit 1939-1945 eût pu être différente ?... (Ce passeport se trouve actuellement dans les collections du Cercle du Collectionneur).

     

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    Ceux qui rejettent cette thèse ne manquent pas d'avancer qu'en ce temps-là justement, en 1975-1976, Alain Delon était non seulement l'acteur principal, mais également le producteur du fameux film de Joseph Losey, Monsieur Klein.

     

    « César du meilleur film, du meilleur réalisateur et des meilleurs décors en 1977, Monsieur Klein dresse le portrait kafkaïen de la condition juive durant l'Occupation » (site de La Cinémathèque française). Ce film illustrant les rafles de juifs dans la France de Vichy, réalisé dans la foulée même de Zorro, devrait donc suffire, selon eux, à souligner l'invraisemblance de faire endosser à l'acteur qui imposa ce projet contre vents et marées, la responsabilité d'un faux passeport à l'intention du futur auteur de la Lettre au Pape à propos d'Auschwitz...

     

    Pour le reste, il ne nous est en effet pas possible de documenter les éventuelles relations entre Léon Degrelle, l'hitlérien, et le gaulliste Alain Delon qui ont certainement dû se relâcher. Un marchand propose cependant depuis quelques mois sur la plus célèbre plate-forme de ventes entre particuliers, une lettre manuscrite de Léon Degrelle à son « Bien cher Alain ». Elle est datée du 11 juillet 1986 et constitue manifestement une reprise de contact, rappelant des souvenirs tout personnels, à en croire les mots qu'on peut deviner sous l'enveloppe cachant le texte : « Les années passent [...] mais aussi le bonheur de [...] intérieur, à nous seuls... » Et, pour conclure le bref courrier, « A bientôt, j'espère ! Je vous redis toute mon affection. »

     

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    Cette lettre dont l'enveloppe ne comporte que le nom du destinataire sans l'adresse, fut très certainement confiée à un intermédiaire, sans doute cet archiviste parisien, visiteur bien connu de l'exilé madrilène, et qui participa à l'édition du double album 33T Léon Degrelle, de “Rex” au Front de l'Est, édité par la Serp de Jean-Marie Le Pen (ce blog au 3 mai 2021). Le courrier ne fut pas transmis et n'est donc jamais parvenu à son correspondant puisqu'on le retrouve ici. Ce qui explique aussi que la relation entre les deux amis tourna forcément court.

     

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    On ne peut que le regretter. Mais l'important est de constater qu'au-delà de tout préjugé, ces deux hommes que tout eût pu séparer se sont rencontrés et se sont appréciés, simplement parce qu'ils furent de bonne foi et de bonne volonté.

     

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    Léon Degrelle, Tintin mon copain, p. 217.

     

  • Les mémoires « effilochés » d’Anne Degrelle-Lemay

     

    IV. Des bribes et des morceaux…

     

    1 Anne + Léon Madrid 2.jpg

    Comme elle le précise dans ses mémoires, Anne Degrelle-Lemay n’écoute son père qu’avec un esprit « plus critique que favorable » (p. 128)…

     

    2 Anne Degrelle Couverture.jpgQuand nous avons appris la nouvelle de la publication du petit livre d’Anne Degrelle-Lemay, Degrelle, L’homme qui changea mon destin (ce blog au 29 juin 2022), nous avons réellement cru que nous aurions enfin accès à l’histoire véritable des années d’exil du plus célèbre condamné à mort de Belgique (27 décembre 1944). De celui qui, déchu de la nationalité belge en 1944, vit, par deux fois de son exil heureusement inaccessible à la persécution des « épurateurs » belges, les délais légaux de prescription prolongés expressément pour son seul cas (Lex Degrelliana de 1964, renouvelée en 1974), fut déclaré « étranger indésirable » (1974) et « interdit de séjour » (1984). Et alors que le mausolée de Mussolini ne dérange personne à Predappio, les cendres de Léon Degrelle, dans la foulée de son décès (31 mars 1994) furent immédiatement frappées –fait unique dans l’histoire de la Belgique– d’interdiction d’accès au territoire belge par un arrêté royal spécial pris en urgence par Albert II (18 avril 1994) : en effet, pour les éternels haineux, « la présence sur le territoire belge des restes mortels de Léon Degrelle est incontestablement de nature à provoques des troubles à l’ordre public » (Moniteur belge du 23 avril 1994) !!!

     

    3 Moniteur 18 avril 1994 Cendres LD.jpeg

     

    Cette multiplication des artifices juridiques pour persécuter Léon Degrelle n’est cependant rien face à l’acharnement des autorités politiques et judiciaires belges pour obtenir son extradition –c’est-à-dire l’exécution de sa condamnation à mort– et, accessoirement, pour empoisonner son existence en exil.

     

    Mais des conditions de vie de son père, malheureusement, Anne Degrelle ne souffle pratiquement pas mot. Sauf, nous l’avons vu (ce blog au 23 octobre 2020), pour rendre inutilement suspecte l’origine des fonds nécessaires à son train de vie et à la construction de la Carlina. Elle ne peut pourtant pas avoir ignoré toutes les entreprises de son père pour gagner sa vie. C’est ainsi qu’après avoir été obligé de quitter son domaine de Constantina, il constitua, au fil des ans, diverses sociétés commerciales plus ou moins éphémères et rentables, dont, par exemple, Madrid Europa SA, s’occupant de matériel agricole et industriel ainsi que d’édition. Les statuts en furent déposés en 1963 devant le notaire Blas Piñar, de Madrid, Le directeur de l’entreprise portait désormais le nom de Léon José de Ramírez Reina alors que, parmi les trois actionnaires, se trouvait le beau-frère d’Anne, Antonio de la Rosa, le mari de sa sœur Godelieve…

     

    C’est qu’Anne n’a pas l’air non plus d’être plus précisément au courant d’autres événements capitaux de la vie d’exilé de son père. Concernant, par exemple, les circonstances de son adoption devant mener à l’obtention de la nationalité espagnole dont elle semble mettre en doute la version pourtant avérée donnée par le principal intéressé.

     

    « Dans sa chère Andalousie, tout le monde le regardait comme un monsieur étrange qui parlait un espagnol des plus bizarres, qui était très beau, amusant et familier. A cette époque, il était “Don Juan Sanchís de La Carlina”. Lorsque je suis arrivée en 1958, il disposait déjà de ses papiers officiels espagnols. Je ne suis jamais vraiment parvenue à savoir comment il avait obtenu le nom de famille Ramírez Reina figurant sur sa carte d’identité espagnole. D’après ce qu’il m’a raconté, une dame de Constantina l’avait adopté, lui donnant ainsi son nom. » (p. 130)

     

    4 CI Leon Jose de Ramirez Reina 1-vert.jpg

    De validité limitée, les cartes d’identité espagnoles devaient être remplacées tous les cinq ans : voici celle, obtenue en 1971, de Léon Degrelle, devenu León José de Ramírez Reina. (Documentation © Jacques de Schutter).

    6 Juan Ramirez Filosia2.jpgL’alcalde de Constantina, le Dr Juan Ramírez Filosía, de par ses liens familiaux avec Matilde Ramírez Reina qui adopta Léon Degrelle, deviendra un cousin par alliance du Commandeur de la Légion Wallonie !

     

    À nouveau, du mystère et des soupçons où il n’y en a pas. On a d’ailleurs peine à croire qu’Anne qui a vécu cinq ans à Constantina n’ait jamais, sinon rencontré, du moins entendu parler de Matilde Ramírez Reina, veuve de 72 ans, habitant 13 calle Pozuelo, et qui tint longtemps commerce dans la petite ville. Elle était de la famille de l’alcalde (bourgmestre), le docteur Juan Ramírez Filosía, responsable provincial du Movimiento et ami proche de Léon Degrelle : c’est d’ailleurs dans sa maison que fut dressée la chapelle ardente où fut veillé toute la nuit du 22 au 23 février 1958, jour des funérailles, le corps de Léon-Marie Degrelle (ce blog au 26 février 2016). Matilde Ramírez Reina était également la tante de l’ancien propriétaire de la Carlina, Manuel Amaya. Ce sont ces deux proches, Juan Ramírez Filosía et Manuel Amaya, qui seront les témoins de son acte d’adoption, le 24 décembre 1954. Tous les détails sont dans Degrelle en el exilio (de José Luis Jerez Riesco, aux éditions Wandervögel, 2000, p. 228). Blas Piñar, président du parti nationaliste Fuerza Nueva, explique dans ses mémoires que c’est lui qui, en tant que notaire, assura la légalité de l’acte d’adoption, le 17 septembre 1955 (La pura Verdad, Fuerza Nueva, 2002, p. 307).

     

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