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Dernier Carré "Léon Degrelle" - Page 13

  • Degrelle – Hergé, même combat ! (4)

    Hergé antinazi ?

    Il y aurait de nombreux éléments démontrant la volonté de Hergé de couper les ponts avec Léon Degrelle et tout ce qu’il représente : le rexisme, le nazisme, la collaboration…

     

    L’affaire de « l’affiche »

    C’est un des prétendus « docteurs es tintineries » qui a brandi l’anecdote comme s’il avait découvert le pot-aux-roses des prétentions degrelliennes : si vous voulez vous farcir les élucubrations qu’il élabore sur la « rupture » entre Hergé et Degrelle à partir des documents de première main dont il a pu disposer, lisez Philippe Goddin, Hergé, Lignes de vie, pp. 181 sv. Nous verrons plus loin que le biaisement de l’histoire est une constante chez ce fonctionnaire de la justement universellement décriée Fondation Hergé. Pour le moment, contentons nous de décrypter les faits bruts qui se limitent à une histoire de sous.

     

    En novembre 1932, la Belgique doit renouveler son parlement. Léon Degrelle qui prépare les élections pour le parti catholique (« Rex » n’est pas encore un parti, seulement une maison d’édition relevant de l’Action catholique) rencontre un camarade de l’Université Catholique de Louvain qui avait participé à l’expédition contre l’exposition soviétique de 1928, le baron Adelin van Ypersele de Strihou (dont le neveu Jacques deviendra chef de cabinet des rois Baudouin et Albert II), actif dans le domaine publicitaire (il vient de fonder son agence Vanypeco qui deviendra fameuse après-guerre). Adelin lui aurait vendu (plus tard, il se félicitera d’avoir réalisé là sa toute première opération commerciale) un projet d’affiche de Hergé dont il avait pensé se servir pour l’Union Civique Belge, un mouvement anticommuniste dont il s’occupe. Elle représente « un masque à gaz suggérant une tête de mort, livide, sur fond noir ». Degrelle se montre intéressé, d’autant qu’il connaît « très bien Hergé ».

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    Voici l’affiche que Léon Degrelle donna au Parti Catholique pour les élections législatives de 1932: Hergé souhaitait la retravailler.

     

    Apprenant par hasard cette transaction, Hergé envoie d’urgence une lettre recommandée aux éditions Rex, non pour condamner une utilisation politique à laquelle il serait opposé, mais pour y mettre la seule condition de ne pas l’éditer « sans avoir été revue, achevée et mise au point par moi ». Ce qui ne témoigne d’aucune hostilité envers Léon Degrelle, mais au contraire d’un louable scrupule d’artiste et d’une juste volonté de voir ses droits d’auteur respectés. Pris dans l’urgence des élections, Degrelle ne réagit pas jusqu’au moment où Hergé, vexé, confie l’affaire à son avocat, qui ne proteste auprès des éditions Rex que… huit jours calendrier après les élections ! Degrelle répond immédiatement, par retour de courrier, pour essayer de clarifier la situation : « Nous nous sommes simplement servis d’un projet d’affiche non signé, dont on nous avait fait don » ; la protestation de Hergé est « parvenue trop tard alors que l’exécution du travail était en cours. » Hergé –qui n’a perçu aucune rémunération– résumera la situation comme suit « “M. van Ypersele de Strihou a commis un abus de confiance et c’est contre lui que vous devez vous retourner. Nous, nous nous en lavons les mains” dit M. Degrelle en empochant les bénéfices réalisés par la vente de ces affiches [par les éditions Rex au Parti catholique]. » Finalement (en juin 1933), les éditions Rex verseront une indemnité au Syndicat de la Propriété Artistique, mettant ainsi un terme au litige.

     

    On le voit : pas de quoi prétendre que les ponts sont définitivement coupés entre Hergé et Léon Degrelle, ni surtout d’affirmer qu’il s’agit d’une rupture politique puisqu’il se fût alors agi d’un divorce d’avec le parti catholique (dont Hergé est l’employé via le Vingtième Siècle) ! Il y avait d’ailleurs si peu de rupture politique entre Léon Degrelle et Hergé que, à peine quelques mois plus tard, ce dernier dessinera le titre du « Quotidien rexiste de combat et d’informations » de la maison d’édition Rex devenue mouvement politique : Le Pays réel !

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    Pour revenir encore à cette histoire d’affiche, nous devrons enfin reconnaître, si l’on en croit Numa Sadoul, que Hergé tenait suffisamment à tout ce qui l’avait uni à Léon Degrelle pour conserver en permanence près de lui les reliques de ses relations avec l’auteur de La Guerre scolaire, y compris probablement la fameuse affiche de 1932 : « Une autre nuit, dans l’un des tiroirs privés du secrétariat de Georges, j’ouvris un dossier résumant ses correspondances avec Léon Degrelle et le mouvement fasciste Rex. Il y avait même là un projet d’affiche électorale réalisé par Hergé: un projet assez avancé mais que l’on avait eu la sagesse de renoncer à exécuter. » (Sadoul, p. 15).

     

    Et s’il ne s’agit pas de cette affiche, mais d’un projet plus tardif pour une vraie campagne du mouvement Rex, voilà qui serait encore plus prodigieusement intéressant pour établir les véritables sympathies politiques de celui qui allait rejoindre sans états d’âme l’équipe de ses amis qui devait ressusciter Le Soir.

     

    Rupture Hergé-Degrelle ?

    D’ailleurs, après la guerre, Hergé ne manqua jamais, comme nous l’avons vu, de reconnaître sa dette envers Léon en ce qui concerne l’évolution de sa conception de la BD. Tout comme, nous le verrons plus loin, il rendit un hommage vibrant au courage militaire du Commandeur de la Légion Wallonie.

     

    Aussi coupons immédiatement les ailes au canard de l’aversion hergéenne au rexisme. Tous les biographes ont repris les termes de cette lettre de 1969 à un doctorant de la Sorbonne, Dominique Labesse, où le créateur de Tintin –qui n’est pas, nous l’avons rappelé, sans exprimer sa reconnaissance à Léon Degrelle pour les bandes dessinées envoyées du Mexique– écrit : « Quant à moi, je n’ai jamais “adhéré” ni sentimentalement ni de quelque autre manière au rexisme, que j’ai toujours eu en aversion. »

     

    C’est oublier un peu vite le contexte de cette déclaration faite à un étudiant écrivant une thèse de doctorat sur sa vie et son œuvre (Hergé, étude biographique et littéraire), où l’auteur n’allait tout de même pas se présenter sous les traits on ne peut plus honnis de l’infâme collaborateur. Il suffit d’ailleurs de lire les phrases précédant la profession antirexiste pour se rendre compte que Hergé est en train d’arranger quelque peu l’histoire à son avantage :

    « L’équipe du Soir de guerre dirigé par Raymond de Becker n’était en aucune façon un “groupement rexiste”. De Becker était un antirexiste convaincu, entouré d’antirexistes ou de non-rexistes. Le seul “rexiste” venu au Soir fut le théoricien de ce mouvement, José Streel, précisément au moment de sa rupture avec Le Pays réel, organe du rexisme. Quant à moi… »

     

    En effet, si des liens se détendirent entre Léon Degrelle et l’équipe du Soir et si des ponts furent coupés, ce ne fut jamais qu’après l’incompréhension qui accueillit le fameux discours du 17 janvier 1943 où Léon Degrelle réaffirma la germanité des Wallons (voir ce blog aux 12 mai 2016 et 10 décembre 2017). Hergé n’évoque là qu’une guerre de chapelles, mais prétendre que la rédaction du Soir fût opposée aux thèses rexistes ou, après janvier 1943, eût tourné le dos à l’Ordre nouveau est contraire à la vérité. Rappelons que Raymond de Becker était membre du Conseil politique de Rex, que Jam, le caricaturiste rexiste, dessinait à temps plein pour Le Soir, et que parmi les principaux collaborateurs « rexistes » du quotidien, on pouvait relever Pierre De Ligne, Max Hodeige (ancien journaliste du Pays réel, qui remplaça d’ailleurs à la direction du Soir De Becker après sa démission en 1943) et même Jacques van Melkebeke qui collaborait aussi à l’hebdomadaire rexiste Voilà… (sur la position du Soir pendant la guerre, voir Els De Bens, La Presse quotidienne belge sous la censure allemande (en néerlandais), pp. 333 sv.).

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    C’est le dimanche 17 janvier 1943 que Léon Degrelle prononça son fameux discours où il exalta la « germanité des Wallons ». Il ne faisait en fait que rappeler une thèse qu’il défendait depuis longtemps (notamment lors du discours de départ de la Légion, le 8 août 1941 : voir ce blog aux 10 décembre 2017 et 17 octobre 2018). On voit ici Léon Degrelle à la tribune et une cohorte de Légionnaires faisant son entrée dans le Palais des Sports de Bruxelles, tout auréolés de la gloire de leurs premiers combats (Samara, Gromowaja-Balka, Charkow, Tcherjakov,…).

     

    En fait, l’aversion au rexisme affichée par Hergé ne tient pas tant aux idées, qu’à leur expression dans de grandes manifestations de masse. C’est ce qu’il explique aux journalistes de Humo :

    « – Prendre fait et cause pour une idéologie est à l’opposé de ce que je suis. J’ai vu Degrelle, et les masses qui hurlaient avec enthousiasme. Qu’on ne vienne plus me parler d’idéologie et de grands meneurs de peuples.

    – Vous avez bien connu Degrelle ?

    – Assez bien. Il passait régulièrement au journal pour faire la réclame de Rex. Un homme ambitieux mais par ailleurs fort sympathique. Ce n’est pas pour autant que j’étais rexiste. Je n’aime pas ces grands mouvements populaires. » (Humo, p. 24).

     

    Quand Hergé déclare « Qu’on ne vienne plus me parler d’idéologie et de grands meneurs de peuples », l’expression « Qu’on ne vienne plus me parler… » traduit sa déception face à ce qui a constitué pour lui des évidences lumineuses et des personnages d’importance. Si, aujourd’hui, il ne faut plus lui en parler c’est qu’il leur avait accordé auparavant, au moment de leur crédit populaire, une totale adhésion… qui n’a pu qu’être déçue par leur échec historique et le mépris qui les entoure désormais. Depuis la défaite de 1945, le rexisme est en effet considéré comme un épouvantail et son tribun Léon Degrelle n’est plus qu’un condamné à mort que toute la presse conspue… Hergé doit donc prendre ses distances. Mais il le fait en gardant toujours de la nuance : si Léon Degrelle était « un homme ambitieux », ce qui est somme toute normal pour un politique, il demeurait « par ailleurs assez amusant », ce qui est sans doute le plus important aux yeux du créateur de Tintin, originellement inspiré par le jeune aventurier avec qui il s’était lié au XXe Siècle

     

    Et s’il « n’aime pas ces grands mouvements populaires »« les masses hurlent avec enthousiasme », cela ressortit aussi à son refus de l’embrigadement qui sera sa ligne de conduite dès après la guerre, comme il l’explique à des journalistes néerlandais : « [A propos d’opinions politiques,] je ne pense absolument rien. Je vis dans ce monde, je connais l’histoire, […] Je suis un homme de bonne volonté et je cherche la vérité, mais je ne l’ai pas encore trouvée. Et si, en tant que dessinateur de bandes dessinées, j’ai jamais émis un point de vue politique, comme dans Tintin au pays des Soviets ou Le Lotus bleu, alors je l’ai fait parce qu’à ce moment-là, j’y croyais. Aujourd’hui, je vois bien que j’ai commis des erreurs. Par orgueil peut-être. Maintenant, il me serait fort difficile de devoir prendre position. J’en sais plus et, ça c’est sûr, je ne me laisserai plus jamais embrigader. » (Elsevier, p. 154-155).

     

    Cette prudence venue de l’expérience, cette sagesse circonspecte, cette philosophie égocentrée, culminera, nous le verrons plus loin, dans Tintin et les Picaros

     

    Mais c’est dès la fin de la guerre qu’enrichi par les pénibles expériences qu’il dut vivre, il adoptera cette position au-dessus de la mêlée. Il déclarera ainsi à son ami le dessinateur Pierre Ickx dans une lettre de 1946 : « Quant à moi, j’appartiens au bord de ceux qui pratiquent leur métier avec le plus de conscience possible, et je salue toutes les victimes de la guerre, à quelque bord qu’elles appartiennent. » (Pierre Assouline, Hergé, p. 203).

     

    Léon Degrelle ne s’exprimera pas autrement lorsqu’il dira : « Nous respectons tous les idéalistes qui offrent leur vie pour leurs idées. Il y eut des héros authentiques à la Brigade londonienne Piron. » (De Rex à Hitler, p. 417) et qu’il répétera dans son ultime message à ses derniers « Bourguignons » : « Dans le monde pourri d’aujourd’hui, seules brillent encore les vertus des héros ! Demain, ce sont eux –et les héros d’en face !– qui, réunis dans la gloire, feront le 21e siècle ! » (voir ce blog au 31 mars 2019).

    28 LD+Jamin Jesuitas années 70.jpg

    A la fin des années soixante, Léon Degrelle, obligé d’abandonner sa Carlina (voir ce blog au 17 octobre 2018), put se réfugier dans un petit appartement social de la municipalité madrilène, grâce à l’amitié du comte de Mayalde, maire de la capitale. C’est là qu’il reçoit alors, autour d’une simple et revigorante soupe de lentilles, ail et chorizo, son ami Paul Jamin, alias Jam, venu avec son humour ravageur et son inextinguible bonne humeur lui donner des nouvelles du fidèle Hergé et, bien sûr, lui apporter les nouveaux albums de Tintin.

     

    De toute façon, Hergé entretint un contact indirect constant avec Léon via leur grand ami commun Paul Jamin, servant en quelque sorte d’ « agent de liaison ».

     

    29 Guerre scolaire.jpegLe Jam du rexiste Pays réel et de la Brüsseler Zeitung de l’occupant, était devenu l’incontournable Alidor de Pan et, après sa rupture en 1990 d’avec cet hebdomadaire, de Père Ubu : pour les politiciens belges, être croqués par l’ancien « incivique » condamné à mort marquait la concrétisation de leur notoriété politique, surtout si, parmi les « figurants » les encadrant dans ses féroces dessins, figuraient à la fois Léon Degrelle et Tintin ! Des ministres allaient jusqu’à le payer pour cela (« 7000 francs ! », Le Soir, 30 juillet 2010). Le ministre de la Justice de l’époque, Jean Gol (né Golstein), se précipitera d’ailleurs pour préfacer, en 1990, son recueil Touche pas à mon roi ! C’est également grâce à Paul Jamin que Stéphane Steeman entreprit une belle collection « Léon Degrelle », dont un fleuron est certainement l’exemplaire de La Guerre scolaire signé à la fois –véritable incunable !– par Hergé et Léon Degrelle (Tintin mon copain, p. 26).

     

    Mais les relations entre les deux anciens boy-scouts qui avaient fait leurs premières armes au Vingtième Siècle ne se limitaient pas à des signatures de livres pour collectionneurs. Il s’agissait de véritables relations personnelles où les deux amis se tenaient au courant des aléas de leur situation et entretenaient leur attachement fraternel non seulement par des lettres, mais aussi par des cadeaux, des invitations, des recommandations, d’affectueux conseils…

     

    C’est ce qui ressort clairement de ces quelques lettres de Léon Degrelle à Paul Jamin que nous avons retrouvées (nous n’avons évidemment pas accès aux archives privées de Hergé !)…

     

    « Merci aussi au cher Georges de ses quatre bouquins, merveilleux (comme toute la série).

    Dis-lui que je serais très heureux de le voir se détendre ici. Si ça leur plaît, qu’ils viennent faire un séjour ici, s’inspirer dans une atmosphère très naturelle. Sa femme serait dans un très beau site, nous l’aiderions à se retaper à force d’air pur, de bons plats, et d’affection !

    Dis leur que c’est de tout cœur que je les invite, comme vieux amis, en dehors de tout fatras politique. »

    (Lettre de Léon Degrelle, le 21 septembre 1959).

     

    « J’ai passé deux semaines au lit, avec ma blessure à l’estomac ouverte. Depuis un mois, je vis de jus de citron et de compote de pommes. J’ai maigri de 7 kilos. Bref, je retrouve ma ligne et ne pourrai plus battre Monseigneur sur ce terrain-là si ça continue !

    Mais, en fait, ça paraît cicatrisé et voilà quelques jours que ça ne saigne plus. Je vais retourner pour 15 jours à ma terrasse, si on m’y laisse tranquille.

    Mes affaires en sont toujours au même point. Rien d’arrangé. Et un tas de sales bipèdes acharnés à m’étrangler. Vois un peu si Monsieur Tintin n’a pas besoin d’un beau palais andalou. Il serait à lui à bon compte, et sur-le-champ. »

    (Lettre de Léon Degrelle, le 28 janvier 1961).

     

    « Je t’envoie, en insistant beaucoup là-dessus, une preuve du talent de l’artiste de Lyon dont je t’avais parlé et que je te demande de recommander à notre bon vieil Hergé (un fuerte abrazo !).

    Tu peux le voir, c’est bien dessiné et c’est drôle. J’avais une pile d’épreuves. J’espère que celle-ci suffira pour décider Hergé, au moins à ce que ce garçon soit convoqué par une huile de la maison. A l’intérieur, tu trouveras la fiche d’identité du “candidat” écrite de ma main.

    Il connaît le métier, a un genre à lui, a un âge recommandable. Décide Hergé à lui faire une offre intéressante. Il me ferait grand plaisir. »

    (Lettre de Léon Degrelle, le 3 janvier 1967).

     

    « Je te vois toujours à ta soupente du XXe Siècle, faisant des petits culs-de-lampe près d’Hergé. Je revois Georgette et ses petites pantoufles à pompons près du bureau de l’Abbé Wallez. […] On était quand même sacrément heureux, foutant en l’air un monde grotesque, sûrs de gagner ! […] On a fait sauter dans tous les sens des millions de crétins, épouvanté des milliers de salauds, on a fendu l’espace comme de formidables poulains sauvages. Et par-dessus le marché, on apportait aux hommes une formule de vie autrement saine, puissante, joyeuse que les pataugeages d’eunuques que leur ont offerts nos successeurs ! »

    (Lettre de Léon Degrelle, le 9 avril 1977)

     

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    Mais Paul Jamin n’était pas le seul « agent de liaison » entre Hergé et Léon. Son épouse Germaine Kieckens rendit également visite à son ami Léon dans son exil andalou : « La chère et belle Germaine […] m’apportant le salut ému et les derniers albums de Hergé, son mari ! Quelles retrouvailles ! Pendant quinze jours, tout en lampant joyeusement le vin doré de mes vignes, nous avons revécu les années délurées de notre jeunesse. » (Tintin mon copain, p. 169). Degrelle semble placer cette visite au moment de la tentative de rapt par le Mossad israélien, soit juillet 1961.

     

    A cette époque, Germaine et Hergé étaient séparés depuis un an, bien que l’auteur de Tintin lui rendît tous les lundis une fidèle et affectueuse visite dans sa demeure de Céroux-Mousty. Selon José Luis Jerez Riesco, avocat madrilène, président de l’Asociación Cultural de Amigos de León Degrelle, cette rencontre se situerait plutôt vers 1957, peu avant l’accident de circulation qui coûtera la vie au fils du proscrit (José Luis Jerez Riesco, Degrelle en el exilio, 1945-1994, pp. 244-245).

     

    31 Tél. Germaine.jpgEn tout cas, si on peut croire la confidence de Germaine Kieckens au jeune tintinophile Hervé Springael (auteur, en 1987, d’un Avant Tintin, Dialogue sur Hergé autoédité), selon laquelle Hergé « avait même interdit à Germaine d’assister aux meetings de Léon Degrelle » (anecdote présentée négativement par Philippe Goddin, Hergé, Lignes de vie, p. 262), nous savons (voir ci-avant) que cette défense trouve son origine dans sa phobie des manifestations de masse. De toute façon, manifestement, l’interdiction de Hergé –si elle avait jamais concerné la personne de Léon Degrelle !– a bien été levée pour autoriser les voyages chez l’ami exilé en Espagne !

    Mais qu’importe : quoi que prétendent les pseudo-spécialistes du maître de la « ligne claire », Léon Degrelle fait bien partie des amis qui comptent pour Hergé !

     

    A suivre

     

     

  • Degrelle – Hergé, même combat ! (3)

    Les « mensonges » de Degrelle

     

    La démonstration de Tintin mon copain établissant la filiation évidente entre Léon Degrelle et le héros des jeunes de 7 à 77 ans est tellement flagrante et indiscutable que les « exégètes » en ont été réduits à couper les cheveux en quatre pour discréditer l’ouvrage, s’appuyant sur des détails intentionnellement mal interprétés et présentés comme des failles établissant la duperie, mais évitant l’essentiel qui est l’identité de pensée et d’idéal des deux amis. Passons-les en revue : ils ne sont pas nombreux.

     

    1929 : la date polémique

    Le voyage de Degrelle au Mexique (fin 1929-début 1930) n’a pu influencer la création de Tintin, qui date de janvier 1929.

    Donnons donc une petite leçon de chronologie. C’est au tout début de janvier 1929 que Hergé (collaborant au Vingtième Siècle depuis octobre 1927) commença à imaginer le récit Au pays des Soviets, sur base du Moscou sans voiles publié en 1928 par l’ancien consul de Belgique en Russie, Joseph Douillet. Le livre venait de lui être confié par l’abbé Norbert Wallez dans ce but et, d’après Hergé, le canevas fut créé en moins d’une journée (Huibrecht Van Opstal, Tracé Hergé, p. 224 sv.). Léon Degrelle est, quant à lui, engagé en octobre 1928 et ses tout premiers articles concernant la persécution des catholiques mexicains sont déjà publiés dans le Vingtième Siècle les 26, 27, 28 octobre et 16 novembre 1928 (voir aussi sur ce sujet précis ce blog au 7 février 2019). C’est dès cette époque qu’il se lie d’amitié avec Hergé: « Georges Remi, le Hergé débutant, devint instantanément mon ami. » (Tintin, mon copain, p. 12).

     

    ffffffffffffffff.JPGC’est dès le premier numéro de L’Avant-Garde (10 novembre 1927) dirigé par son ami Léon Degrelle, étudiant à l’Université Catholique de Louvain, que Hergé tint à prêter son concours : il donna son dessin La marche triomphale (publié le 30 mars 1924 dans Le Blé qui lève et signé « Remi ») pour illustrer le cortège des étudiants se rendant au meeting de l’Action Catholique de la Jeunesse Belge à Louvain.

     

     

     

    Si donc Hergé a pu prendre Léon comme modèle physique et moral de son héros, ce n’est évidemment pas à cause du voyage au Mexique, mais grâce à une sympathie spontanée, née d’une séduction spirituelle et morale réciproque, renforcée encore par la hardiesse et la générosité des articles sur le Mexique.

     

    Mais il y a plus ! Hergé lui-même donne explicitement raison à Degrelle dans une interview accordée à La Libre Belgique du 30 décembre 1975, citée dans Tintin, mon copain (p. 17): « J’ai découvert la bande dessinée grâce à... Léon Degrelle ! Celui-ci, en effet, était parti comme journaliste au Mexique et il envoyait au Vingtième Siècle, non seulement des chroniques personnelles, mais aussi des journaux locaux (pour situer l’atmosphère) dans lesquels paraissaient des bandes dessinées américaines. J’ai découvert ainsi mes premiers comics. »

     

    Nous laisserons le captieux biographe Benoît Peeters prétendre réduire cette affirmation capitale du créateur de Tintin à une insignifiante « légende alimentée par Hergé » (Benoît Peeters, Hergé fils de Tintin, p. 66), sans d’ailleurs essayer d’en expliciter la cause, d’en préciser les raisons ou d’en justifier l’intérêt pour l’auteur. Nous noterons pour notre part que, pour Hergé, l’événement des bandes dessinées envoyées par Degrelle est tellement essentiel que, bouleversant la chronologie, il le situe même avant la publication de ses premiers dessins dans Le Vingtième Siècle !

     

    C’est ainsi qu’il déclare à Numa Sadoul, dans les entretiens qu’il lui accorda en octobre 1971: « je découvrais –par l’intermédiaire de journaux mexicains !– les comics américains: “Bringing Up Father” (“La famille Illico”) par Geo Mac Manus, “Krazy Kat”, “The Katzenjammer Kids”, et bien d’autres... Pour donner une nouvelle vie à son journal, l’abbé Wallez eut alors l’idée de lancer un supplément hebdomadaire illustré pour enfants [...]. Dès le premier numéro, j’ai commencé à illustrer (de façon déplorable !) un récit fantaisiste mais consternant, œuvre d’un rédacteur du journal: Les aventures de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet. [...] C’est donc pour éviter d’illustrer un texte que je trouvais mortellement ennuyeux que j’ai créé “Tintin”. Et c’est là que, pour la première fois, comme dans les bandes dessinées américaines, le texte et l’image se sont mutuellement complétés pour former un langage nouveau. Le 10 janvier 1929, Tintin et Milou quittaient Bruxelles (sur le papier) à destination de la Russie bolchevique [...]. » (Numa Sadoul, Tintin et moi, pp. 32-33).

     

    Alors ? Hergé est-il un menteur ? Degrelle n’aurait rien à voir avec la conception nouvelle de la bande dessinée qu’il développe ??? Léon est tellement consubstantiel à Tintin que Hergé n’imagine même pas, cinquante ans plus tard, de les dissocier, même au prix d’un anachronisme !

     

    Le modèle de Milou, c’est le chien d’Adolf Hitler !

    L’affirmation, il est vrai, a de quoi estomaquer ! Non seulement Tintin, c’est Degrelle, mais Milou serait le clebs de Hitler ?!!! Ça, c’est trop fort ! Je dirais même plus, c’est plus fort que du Roquefort !

     

    Mais est-ce tellement extravagant ? Que dit précisément Léon Degrelle ?

     

    « Georges et moi avions déniché, absolument par hasard, sur une vieille photo datant des tranchées de la Première Guerre Mondiale, un gentil quadrupède à l’allure pré-milounesque. Hergé, qui cherchait pour ses B.D. un petit chien ou l’autre parmi des millions d’autres chiens blancs et futés, fut frappé par cette image imprévue. Le petit chien blanc de la photo dressait son nez fureteur aux pieds de quelques soldats allemands, plutôt dépenaillés. C’est à cause d’un de ces soldats que ladite photo avait été publiée, dix ans après, par l’hebdomadaire que nous feuilletions. » (Tintin mon copain, p. 16)

     

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    Il existe trois photos du Gefreiter Hitler, pendant la Première Guerre mondiale, avec son fox-terrier qu’il baptisa fatalement «Foxl», échappé des tranchées anglaises en poursuivant un rat. Ces photos abondamment publiées dès l’entrée en politique de celui qui devint Chancelier d’Allemagne –et probablement dès 1928, voir ci-après–, furent retrouvées avec plaisir par le Führer lors de ses deux visites-pèlerinages au Front des Flandres en juin 1940 : elles avaient été découpées et encadrées par le propriétaire de la maison dans le jardin de laquelle elles avaient été prises, en mai 1916… On reconnaît le soldat de première classe Hitler parmi ses compagnons ; son calot affiche la cocarde bavaroise sur le bandeau et celle du Reich sur le dessus; il porte surtout au troisième bouton de sa vareuse feldgrau le ruban de la Croix de Fer de Seconde classe qu’il obtint dès le 2 décembre 1914 (il recevra la Croix de Fer de Première classe le 4 août 1918).

     

    Que pouvons-nous retenir de ce récit ?

      - Hergé cherche l’inspiration pour un petit chien blanc futé

      - Il feuillette un hebdomadaire

      - Nous sommes « dix ans après » la Première Guerre Mondiale

      - La photo avec « le petit chien blanc » est publiée «à cause d’un de ces soldats »  allemands

     

    Si nous sommes « dix ans après » la Première Guerre Mondiale, nous devons nous situer quelque temps avant le mois de novembre 1928, dixième anniversaire du 11 novembre 1918, marquant l’Armistice de la Première Guerre Mondiale. Hergé ne publiera Tintin chez les Soviets où apparaît nommément Milou qu’à partir du 10 janvier 1929. Or que découvrons-nous dans sa BD précédant immédiatement le premier Tintin ? Des essais de petits chiens dans la série L’extraordinaire aventure de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet, publiée à partir du 1er novembre 1928 dans Le Petit Vingtième. Nous y voyons dès la deuxième page, deux petits chiens anonymes : un chien de rue (tacheté de noir sur les yeux, le dos, la cuisse et le bout des pattes) et un fox-terrier tout blanc. On les retrouve encore alternativement en pages 3, 4, et 5, mais c’est le fox-terrier qui semble l’emporter par son empathie avec son maître Nénesse (courant et pleurant avec lui, s’interrogeant sur son comportement). C’est bien lui qui a l’air le plus futé.

     

    Le 28 décembre 1928, le choix du petit chien futé semble définitivement arrêté : ce sera un fox-terrier blanc, héros principal de « La Noël du petit enfant sage » publié dans Le Sifflet. Ne portant pas encore de nom, il soliloque, réfléchit, s’invente des excuses et commet l’irréparable en mangeant le pain d’épices du Père Noël et en le remplaçant par son « besoin urgent » ! (les illustrations appuyant ce raisonnement sont visibles dans Huibrecht Van Opstal, Tracé Hergé, pp. 220 et 223).

     

    Foxl, l’inséparable « Milou » d’Adolf Hitler

     

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    « C’est en janvier 1915 que je mis la main sur Foxl. Il était en train de poursuivre un rat qui avait sauté dans notre tranchée. Il s’est débattu, essayant de me mordre, mais je n’ai pas lâché prise. Je l’ai ramené avec moi en arrière. Il tentait constamment de s’enfuir. Avec une patience exemplaire (il ne comprenait pas un mot d’allemand), je l’ai peu à peu habitué à moi. Au début, je ne lui donnais que des biscuits et du chocolat (il avait pris ses habitudes chez les Anglais qui étaient mieux nourris que nous). Puis je me mis à le dresser. Il ne me quittait pas d’une semelle. A ce moment-là, mes camarades ne voulaient pas entendre parler de lui. Non seulement j’avais de la sympathie pour cette bête, mais cela m’intéressait d’étudier ses réactions. J’ai fini par tout lui apprendre : sauter des obstacles, grimper à une échelle, en redescendre. L’essentiel est qu’un chien dorme toujours aux côtés de son maître. Quand je devais monter en ligne et que ça tapait dur, je l’attachais dans la tranchée. Mes camarades me disaient qu’il ne s’intéressait à personne durant mon absence. Même de loin, il me reconnaissait. Quel déchaînement d’enthousiasme en mon honneur ! Sa plus grande joie, c’était la chasse aux rats. Nous l’avions appelé Foxl. Il a fait toute la Somme, la bataille d’Arras. Il n’était pas du tout impressionnable. Lorsque je fus blessé, c’est Karl Lanzhammer qui prit soin de lui. Lors de mon retour, il se jeta sur moi avec frénésie. […]

    C’était une brave bête. Quand je mangeais, il était assis près de moi et suivait des yeux mon manège. Si à la cinquième ou sixième bouchée, je ne lui avais rien donné, il se dressait sur son séant et me regardait avec l’air de dire : Et moi, ne suis-je pas là ? C’est fou ce que j’ai aimé cette bête. Personne ne pouvait me toucher sans qu’aussitôt Foxl ne devînt furieux. Il ne suivait que moi. Quand vint la guerre des gaz, je ne pus continuer à l’emmener en première ligne. Ce sont mes camarades qui lui donnaient à manger. Quand je rentrais après deux jours d’absence, il ne voulait plus me quitter. Tout le monde, dans la tranchée, l’aimait. Pendant les marches, il courait autour de nous, observant tout, ne perdant pas un détail. Je partageais tout avec lui. Le soir, il se couchait près de moi. »

    (Adolf Hitler, Libres propos sur la guerre et la paix, pp. 226-227)

     

    Le chien blanc de l’hebdomadaire feuilleté par hasard en 1928 a attiré l’attention de Léon et de Hergé par sa présence amicale (il « dressait son nez fureteur ») à la limite de l’incongruité (« image imprévue ») parmi des soldats allemands qui faisaient pitié (« plutôt dépenaillés »). Il présentait aussi une petite tache sombre sur l’œil et l’oreille (comme dans Flup, Nénesse,…). Mais c’est un chien immaculé (sorte de compromis entre le chien de la photo de Hitler et les essais de Flup, Nénesse,…) qui est alors prêt à entrer dans l’immortalité des aventures de Tintin.

     

    Le déclic provoqué par la photo de Hitler est-il donc tellement invraisemblable ?

     

    Cela ressortirait-il à la fabulation qu’un illustré ait publié des photos d’un certain Adolf Hitler n’arrêtant pas de faire parler de lui : auteur du putsch de Munich le 9 novembre 1923 et arrêté le 11, jour du cinquième anniversaire de l’armistice, il est condamné à cinq ans de détention, est libéré de la prison de Landsberg fin décembre 1924, reconstitue la NSDAP en février 1925, réorganise en 1926 la SS et lui confie le « Drapeau du Sang » du Putsch de Munich, en même temps qu’il rassemble la jeunesse dans la Hitlerjugend, enracine les congrès du parti dans la cité médiévale de Nuremberg en 1927 et envoie douze députés au Reichstag le 6 mai 1928…

     

    C’est ainsi, nous dit Léon Degrelle, qu’un hebdomadaire choisit de publier cette photo de soldats allemands pour le dixième anniversaire de la fin de la Première Guerre Mondiale (11 novembre 1918) parce qu’on y reconnaissait Adolf Hitler (« C’est à cause d’un de ces soldats que ladite photo avait été publiée »).

     

    Et c’est aussi ce que nous confirme le journal de Franz Hailer (1886-1969, pilote de reconnaissance aérienne durant la Première Guerre mondiale) qui put accompagner Adolf Hitler le 25 juin 1940 lorsqu’il retrouva ses cantonnements et les champs de bataille des Flandres de 1915-1916.

     

    « A Fournes-en-Weppe, les voitures firent halte dans la rue Faidherbe, où les hommes sortirent et suivirent le Führer vers le bureau de perception. En 1914-1918, ce vaste bâtiment abritait une infirmerie allemande. Selon Franz Hailer, Hitler ouvrit la porte aussi naturellement qu’il le faisait il y a vingt-quatre ans. Après quelque temps, il ressortit avec un large sourire et montra à tout le monde une photo de guerre, qui avait été depuis alors souvent publiée et qui le montre en compagnie de six autres collègues estafettes. Sur le cadre où la photo avait été insérée, trônait en belles lettres capitales françaises : “Cette photo d’Adolf Hitler a été prise le 24 avril 1916 dans notre maison”. Parmi les nombreux clichés de la visite de Hitler à Fournes, il y en a en effet un qui montre la photo en question de l’estafette Hitler. Mais ce n’est pas Hitler qui présente la photo encadrée à l’un des photographes allemands, mais un Français. Cet homme, c’est Louis Guichard, le percepteur local de 1940, et il se trouve à l’arrière de son bureau. » (Siegfried Debaeke, Hitler in Vlaanderen, p. 127).

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    Adolf Hitler se rend dans le jardin du percepteur des impôts de Fournes-en-Weppe, le 26 juin 1940. Par le suite, le percepteur Louis Guichard est tout fier de présenter au photographe Heinrich Hoffmann le témoignage de la présence du Führer chez lui, vingt-quatre ans auparavant !

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    La polémique pour savoir qui sortit « vraiment » cette photo du bureau de perception ne présente aucun intérêt : comme si Adolf Hitler n’aurait pas été heureux de trouver là cette photo et de la montrer à ses anciens compagnons du Front qui l’accompagnaient, parmi lesquels Ernst Schmidt et Anton Bachmann pouvaient se reconnaître. Et comme si le photographe officiel du Führer, Heinrich Hoffmann qui était également présent, n’aurait pas pu demander au propriétaire de la maison de bien vouloir encore lui montrer ce cadre qui avait attiré l’attention du Führer.

     

    Ce que nous retiendrons surtout, c’est que le journal de Franz Hailer auquel Siegfried Debaecke a eu accès confirme que les photos d’Adolf Hitler sur le front de la Première Guerre mondiale ont connu diverses publications, y compris aussi vraisemblablement dans la presse française, permettant à Louis Guichard reconnaissant sa propriété de les découper et de les encadrer. Figuraient-elles dans un magazine français célébrant le dixième anniversaire de l’Armistice ? Le magazine que Léon Degrelle et Hergé ont pu feuilleter en novembre 1928, époque où le dessinateur concevait son héros Tintin et son inséparable compagnon Milou ? Voilà qui n'est certainement pas à exclure.

     

    Et pour prévenir la remarque que le chien de Hitler n’est pas de la « pure » race de Milou qu’on présente comme « fox-terrier », nous évoquerons à nouveau le témoignage de Hergé. Il concéda, en effet, dans l’émission sur les animaux Trente millions d’Amis (diffusée le 29 juillet 1978 sur la première chaîne de la télévision française) :« Milou est d’une race qui est approximativement le fox à poils durs. Un peu bâtard tout de même » (nous soulignons)…

     

    En tout cas, on comprendra maintenant très bien, comme le rappelle Léon Degrelle, qu’après-guerre, lorsqu’on l’interrogeait sur l’origine de Milou, Hergé répondait évasivement (et prudemment !) : « Milou ? Je ne me souviens vraiment plus d’où il est sorti » !... (Tintin mon copain, p. 16)

     

    23 Hitler Culotte Golf +Muck.jpeg« Staubele, notre nouveau chien Schnauzer [espèce de terrier bavarois] que mère avait offert à notre père pour son anniversaire, nous était tout dévoué, nous pouvions le gronder, le chasser, mais il n’aimait pas les étrangers, et il nous fallait veiller sur lui très attentivement lorsque Wahnfried était plein d’invités. Le seul nouveau venu que Staubele admit jamais et auquel il témoigna immédiatement son amitié fut Hitler. La première fois que Wolf [surnom d’Adolf Hitler qu’utilisaient ses intimes] vint nous voir après l’acquisition de Staubele, le chien, dès qu’il l’aperçut, courut à lui, fourra son museau dans ses mains et ne quitta pas Hitler tant que dura la visite du Führer. En cela notre chien ressemblait à tous ceux qui lui succédèrent à Wahnfried. C’étaient de grandes bêtes farouches qui ne s’approchaient jamais de personne en dehors des membres de la famille, mais, tout de suite, ils se prenaient d’affection pour Hitler. » (Friedlind Wagner,  Héritage de feu, pp. 50-51).

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    Cette photo, prise en bordure du petit aérodrome du GQG d’Adolf Hitler en Belgique, illustre parfaitement le récit de la petite-fille de Richard Wagner : qui est ce chien tranquillement étendu sur le banc de repos du Führer qui le couve du regard, pendant que le ministre des Affaires étrangères, Joachim von Ribbentrop, semble se demander s’il n’est pas de trop ? D’après ce que la secrétaire personnelle d’Adolf Hitler, Gerda Christian, confia à René Mathot en 1978, ce fox-terrier avait été oublié ou abandonné par ses propriétaires lors de l’évacuation des 117 habitants de Brûly-de-Pesche ordonnée le 26 mai 1940 et effectuée deux jours plus tard (jour de la capitulation du roi Léopold III). Ce village du sud de la Belgique était destiné à devenir la Wolfsschlucht («Ravin du Loup»), le Grand Quartier Général d’Adolf Hitler pour la campagne de France. René Mathot a ainsi publié une (fort mauvaise) photo (René Mathot, Au Ravin du Loup, p. 164) où l’on aperçoit les secrétaires personnelles Gerda Christian et Christa Schröder face au Führer : à leurs pieds, alerte et les sens en éveil, le chien n’a d’yeux que pour lui, attendant visiblement quelque intervention de sa part : ce Milou, fox terrier belge, est bien le cousin de Foxl, le terrier anglais, de Staubele, le terrier bavarois, et de Muck, le berger allemand !...

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    A suivre

  • Degrelle – Hergé, même combat ! (2)

    Si Tintin n’est donc pas un inspecteur de police à la Maigret, un détective à la Sherlock Holmes ou un Robin-des-Bois à la Arsène Lupin, c’est à Léon Degrelle qu’il doit sa profession de journaliste-globe-trotter et à son exemple de droiture, de dévouement et de générosité, –affirmé dès ses premiers articles sur les martyrs de la guerre religieuse mexicaine (octobre 1928)–, ses activités de redresseur de torts.

     

    C’est ainsi que Tintin, dès sa première aventure chez les Soviets (janvier 1929), est aussi reporter et aventurier que Léon Degrelle –qui, au même moment, est sur le point de se lancer à corps perdu dans un voyage de tous les dangers au Mexique de la révolte des Cristeros–, tout en manifestant les mêmes traits éthiques et moraux le poussant à défendre les causes justes et à venir en aide aux persécutés.

     

    9 Mexique Rex illustré 18 03 36.jpgRépondant à l’attaque du quotidien socialiste Le Peuple qui prétendait que le voyage au Mexique de Léon Degrelle était un mensonge, Rex illustré se contenta, dans son numéro du 18 mars 1936, de reproduire quelques clichés de voyage de Léon Degrelle. Celui-ci en avait pourtant déjà publié plusieurs lors de la publication en feuilletons dans l’hebdomadaire Soirées (du 23 octobre 1931 au 9 avril 1932)…

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    Ce rôle de modèle évident que Léon Degrelle joua dans la genèse de Tintin (qui vit le jour dans Le Petit Vingtième, le 10 janvier 1929) est irréfutablement établi dans nos commentaires de Léon Degrelle, Cristeros, Aux origines de Tintin (Editions de l’Homme Libre, 2018).

     

    C’est ainsi que Léon Degrelle documenta pour Le XXe Siècle où les deux amis effectuaient leurs premières armes, l’idéal spirituel, politique et social qui sera celui de Tintin, dans l’émouvante défense des catholiques mexicains acceptant le martyre au cri de « Vive le Christ Roi », ce Christus-Rex qui donnera naissance au mouvement REX ! Léon Degrelle signera ainsi Les fureurs antireligieuses au Mexique ; Comment on assassine au temps de Locarno ! et Comment on meurt pour le Christ-Roi, les 26, 27 et 28 octobre 1928 ; La persécution mexicaine : pourquoi reculeraient-ils devant le sacrifice ?, le 16 novembre 1928. Il ajoutera encore, alors qu’il vient de terminer sa grande enquête sociale sur Les Taudis publiée pendant tout le mois de décembre 1928, Quand les catholiques s’en mêlent, le 27 janvier 1929, soit quelques jours après le départ de Tintin pour le pays des Soviets et quelques mois avant son propre départ pour le Mexique (19 décembre 1929 ; sur les péripéties préparatoires au voyage, voir Léon Degrelle, Cristeros, Aux origines de Tintin, p. 65-69).

     

    De plus, l’engagement anticommuniste de Tintin, s’il puisa les anecdotes de ses aventures dans le livre Moscou sans voiles du consul belge de Rostov-sur-le-Don, Joseph Douillet (Editions Spes, 1928), s’inspira surtout du courage, de la détermination, du sens de l’initiative et de l’humour de Léon Degrelle parti saccager l’exposition bolchevique de Bruxelles, le 12 janvier 1928. Tintin doit indubitablement aussi ses traits à cet événement considérable qui ébranla tout le monde politique et médiatique belge. Au point de déterminer la décision du directeur du XXe Siècle, l’abbé Norbert Wallez, d’imposer au responsable du Petit Vingtième, le jeune Hergé, la mission d’envoyer son nouveau héros Tintin combattre les Soviets en « Bolchévie » !

     

    14 Avant-Garde 19_01_1928 Soviets.JPGLéon Degrelle rend compte de l’attaque de l’exposition soviétique à Bruxelles dans son journal estudiantin louvaniste du 19 janvier 1928 : c’est la première fois que la (coûteuse) couleur est utilisée !

     

    Voilà ce que, de prime abord, Léon Degrelle inspira à Hergé pour son personnage Tintin (sans parler ici des évidences matérielles –que sont les culottes de golf, la houppette ou l’ovale parfait du visage– appartenant toutes au turbulent étudiant louvaniste : elles sont abondamment détaillées dans Léon Degrelle, Cristeros, Aux origines de Tintin (sur l’origine, le sens et la portée des culottes de golf, on lira avec intérêt « La culotte de golf », pp. 76-82), et ce, d’autant plus naturellement que la même éthique de vie était partagée par les deux amis qui avaient reçu la même éducation catholique et la même formation scoute.

     

    Mais c’est là aussi ce qui était absolument insupportable pour l’historiographie politiquement correcte, accusant Léon Degrelle de se forger une légende à coups de mensonges, d’exagérations, de récupérations, de travestissements de la réalité…

     

    Même un critique comme Francis Bergeron, auteur d’un Dictionnaire du collectionneur politiquement incorrect et d’un Dictionnaire commenté de livres politiquement incorrects, que l’on pourrait donc croire immunisé contre tout conformisme, s’est laissé contaminer par cette paresse intellectuelle pour entonner –mais s’en rend-il seulement compte ?– les décevants refrains du politiquement correct : « Tintin mon copain […] ! Il faut en prendre et en laisser, comme souvent chez Degrelle », « L’album sent la récupération », « Redevenons sérieux »,… (Francis Bergeron, Georges Remi dit Hergé, Pardès, Qui suis-je ?, 2011, pp. 118, 36)

     

    Mais ce qui est bien réellement sérieux, c’est que toute la vie de Léon Degrelle est faite de chapitres absolument incroyables, exactement à l’image des aventures de Tintin (que Robert Poulet décrit justement comme « des histoires impossibles mais réelles », in Rivarol, 18 mars 1983) !

     

    Depuis sa périlleuse expédition au Mexique jusqu’aux tentatives d’enlèvement et d’assassinat en Espagne fomentées par des juges et des résistants belges ou les services secrets israéliens et français, en passant par sa campagne fulgurante contre les banksters de la politique belge, les héroïques combats du Front de l’Est (Croix de Fer de Seconde et Première Classe, Agrafe en or des Combats au Corps à Corps, Insigne en or des Blessés, Croix de Chevalier de la Croix de Fer avec Feuilles de Chêne, etc.) et ses promotions militaires au seul mérite personnel ­de simple soldat à commandeur de division et Volksführer (détenteur des pouvoirs civils et militaires) des Wallons (voir ce blog au 5 mars 2018), ses liens inimaginablement privilégiés avec Adolf Hitler (« Si j’avais un fils, je voudrais qu’il fût comme vous », voir ce blog aux 21 juin et 20 juillet 2018) ou son projet de rétablissement du Duché de Bourgogne approuvé par Hitler et confirmé par Himmler (voir ce blog au 28 juin 2017), tout, absolument tout, dans la vie de Léon Degrelle relève de l’invraisemblable et de la fiction. Et pourtant, tout est vérifiable et a toujours fini par se vérifier.

     

    Aujourd’hui, ce sont ses détracteurs qui passent pour des affabulateurs ou des historiens peu scrupuleux. Par exemple, à propos des mensonges insanes d’un Eddy De Bruyne, voir ce blog : 15 publications à partir du 23 mars 2017 ; sur les obsessions fantasmagoriques et les postulats délirants du pseudo-historien de l’Université de Liège, Francis Balace, tout confit en servilité politiquement correcte, voir ce blog, entre autres, au 9 juillet 2017, note 1, ainsi qu’aux 30 juin 2016, 12 mars et surtout 6 juillet 2019 !...

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    Tant que les tailleurs en ont proposé, Léon Degrelle est toujours resté fidèle aux culottes de golf que Hergé lui emprunta pour en faire le vêtement emblématique de Tintin : à gauche, au début des années 30 ; à droite, dans l’Espagne des années 50.

     

    Léon Degrelle était à ce point conscient de son destin super-tintinesque qu’il prend plaisir à le souligner dans Tintin mon copain !

     

    « Avoir aidé Hergé à faire de Tintin un personnage qui, avec le temps, porterait à travers la planète la culotte de golf décrochée de ma garde-robe et la houppette cueillie sur ma boîte crânienne, ne serait qu’un incident merveilleux à travers ma vie haute en couleur. […] C’est dire que Tintin ne serait qu’un épisode, charmant, de ma geste multiforme, où abondent des événements hors du commun : la conquête d’un million de Belges en 1936, par un jeune garçon de vingt-neuf ans, mes quatre ans de combat de chef de guerre au Front de l’Est, ma Ritterkreuz et mes Feuilles de Chêne me hissant en tête des créateurs de l’Europe en gestation. […] Hergé lui-même le savait qui, modeste, parfois même effacé ou effaré, vivrait personnellement, on le verra, chacun des heurts et malheurs de mon épopée. Au long de ceux-ci, c’est vrai, resurgiraient cent fois des réminiscences et des coïncidences de l’esprit, de l’ingéniosité, de la débrouillardise et de l’humour du Tintin de notre jeunesse. » (p. 21)

     

    C’est donc par l’intermédiaire de son personnage de fiction que Hergé vivra les aventures qu’écrira dans la réalité, avec son courage et son abnégation, l’ami Degrelle : « Tintin, c’est moi quand j’aimerais être héroïque, parfait » confiait Hergé à Numa Sadoul (Tintin et moi, Entretiens avec Hergé, p. 45). Et ce, même si, dans ses aventures, Tintin ne revêtira jamais l’uniforme que revêtit Léon Degrelle pour empêcher que l’Europe ne fût anéantie par le bolchevisme (dénoncé dès Tintin au Pays des Soviets) et le matérialisme capitaliste (pourfendu dans tous les autres albums).

     

    Néanmoins, si Hergé ne lui fit jamais porter dans ses aventures l’uniforme de son modèle parti au Front de l’Est, il ne rechignera nullement à le lui faire porter « pour information ». De même que celui de tous ceux qui en portaient dans le IIIe Reich ! A telle enseigne qu’en un fameux clin d’œil à son modèle degrellien, dans la série de vignettes sur l’aviation de 1939 à 1945 (L’aviation, Guerre 1939-1945, Collection « Voir et Savoir », Dargaud, 1953), Hergé prend un plaisir manifeste –en 1953 ! huit ans à peine après la fin de la guerre et alors que la répression des « inciviques » était toujours d’actualité !– à revêtir Tintin de tous les uniformes militaires possibles, en ce compris et avec la même évidente sympathie, les tenues nazies ornées de toutes les croix gammées nécessaires ? Quel dommage que les éditeurs de Tintin mon copain aient oublié ces précieux témoignages de la totale absence d’allergie de Hergé pour la symbolique nationale-socialiste !

     

    Aujourd’hui, on peut être sûr que le « politiquement correct » ne permettrait plus que soit évoquées aussi favorablement « les heures les plus sombres de notre histoire » ! On peut ainsi surprendre Tintin en « Pimpf » de la Hitlerjugend, le boy-scout national-socialiste, ou revêtu de l’uniforme de la Wehrmacht, celui-là même que porta Léon Degrelle jusqu’au Caucase dans les premières années de la Légion Wallonie. Mais il y a aussi le marin de la Kriegsmarine, l’officier de la Luftwaffe, etc.

    De quoi nuancer d’importance l’affirmation péremptoire de Francis Bergeron critiquant la couverture de Tintin mon copain qui s’orne des « portraits de Tintin et de Degrelle, l’un et l’autre en uniforme allemand (mais seul Degrelle l’a réellement porté !) » (Georges Remi dit Hergé, p. 35).

     

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    Le vingtième chromo de L’aviation, Guerre 1939-1945 est consacré au célèbre, maniable et sûr Fieseler Storch dont est rappelé le plus fameux exploit : la délivrance de Mussolini de sa prison dans le Massif des Apennins, à 1800 mètres d’altitude, par les troupes SS aéroportées du colonel Otto Skorzeny. Hergé eût également pu rappeler que c’est le Fieseler Storch personnel d’Adolf Hitler qui, fait absolument unique dans les annales du IIIe Reich, alla chercher, à deux reprises, Léon Degrelle sur le Front de l’Est pour l’amener au Grand-Quartier Général et y recevoir des mains mêmes du commandant suprême de toutes les forces armées du Reich la Croix de Chevalier de la Croix de Fer (20 février 1944) ainsi que les Feuilles de Chêne, la Croix Allemande en or et l’Agrafe en or des Combats rapprochés (25 août 1944).

    C’est alors que, profondément ému, le Führer confia à celui qui avait su gagner son estime, sa confiance, son amitié et son affection : « Si j’avais un fils, j’aimerais qu’il fût comme vous ! »

    Pour illustrer ce chromo, Hergé a choisi de revêtir Tintin de l’uniforme noir du tankiste d’une division blindée de la SS : il porte le grade de Scharführer (sergent) et est décoré de la Croix de Fer de seconde classe.

    (L’aviation, Guerre 1939-1945, Collection « Voir et Savoir », Dargaud, 1953).

     

     

     

    A suivre

     

  • Degrelle – Hergé, même combat ! (1)

    Annoncée en avril dernier, la réédition du premier numéro des Cahiers d’Histoire du Nationalisme consacré à Léon Degrelle (collection « Documents et Témoignages » du bimestriel Synthèse nationale) est sortie de presse : http://synthesenationale.hautetfort.com/media/02/02/3252292810.pdf

     

    1 LD Cahiers Georgy.jpgRappelons que ce Cahier réalisé sous la direction de Christophe Georgy, président de l’Association (française) des Amis de Léon Degrelle fut publié en 2014 pour le vingtième anniversaire de la disparition de Léon Degrelle et qu’il fut présenté en détail dans un des tout premiers articles de notre blog, le 22 janvier 2016.

     

    Il était initialement prévu que soient incluses dans cet hommage au Chef de Rex et héros de Tcherkassy, des contributions d’Armand Gérard, l’un des animateurs du « Dernier Carré – Léon Degrelle », et de Michael Hemday, auteur de cinq volumes d’Indiscrétions (2004 à 2019) relatives à l’histoire du national-socialisme et de la Seconde Guerre mondiale. Il est également l’auteur –d’où l’invitation– d’un précieux Léon Degrelle, une page d’exil, paru en 2006 et reprenant de nombreux extraits de correspondance d’après-guerre permettant de mieux connaître le Degrelle condamné à l’exil espagnol.

     

    Nous ignorons les raisons qui écartèrent la contribution de Michael Hemday du premier Cahier d’Histoire du Nationalisme consacré à Léon Degrelle, mais nous avons reçu à l’époque l’explication de la suppression de l’article d’Armand Gérard : non seulement il faisait double emploi avec celui de Francis Bergeron (Hergé et Degrelle : histoire d’un copinage), mais il exposait, sous le titre Degrelle-Hergé, même combat, une thèse parfaitement opposée et incompatible. A savoir que, pour notre ami Armand Gérard, « la communauté spirituelle entre Léon Degrelle et Hergé » ne fait aucun doute. Et d’établir, au fil d’une démonstration d’une trentaine de pages, que « c’est à Léon Degrelle que Tintin doit sa profession de journaliste-globe-trotter et à son exemple de droiture, de dévouement et de générosité, ses activités de redresseur de torts ».

     

    2 Tintin mon copain.jpegAux antipodes de cette évidence, Francis Bergeron qui, malgré son Degrelle, Qui suis-je ?, présenté comme un simple « ouvrage de commande » (p. 8), n'a guère d'atomes crochus avec Léon Degrelle (voir ce blog au 20 février 2020), prétendait, quant à lui, en six pages plutôt cancanières, que «Tintin est le contraire de Degrelle», affirmant également contre toute vérité historique à propos des relations entre Hergé et Léon Degrelle, que « les circonstances vont éloigner les deux hommes », et ce, dès que « Degrelle se lance dans la politique », avant de conclure par ce paradoxe tape-à-l’œil, mais sans portée ni intérêt : « En fin de compte, Hergé et Degrelle étaient deux hommes que tout aurait dû séparer, mais qui se sont rencontrés » !...

     

    Sans doute était-il alors difficile pour l’éditeur de publier ensemble deux articles aussi divergents sur le même sujet sans mise au point, ni explication. Le choix qui l’emporta ne fut malheureusement pas inspiré par le contenu, mais bien par le nom de l’auteur, Francis Bergeron, bien connu dans le milieu militant et journalistique du nationalisme français, écrivain à la notoriété établie et directeur du prestigieux quotidien catholique Présent.

     

    L’affaire eût pu en rester là puisque le directeur de Synthèse nationale, Roland Hélie, eut l’élégance de publier dans le numéro de mai-juin 2014 de Synthèse nationale l’article qui avait été refusé dans le Cahier un mois plus tôt.

     

    Mais force nous est de constater que tout au long de ses écrits concernant Léon Degrelle et Hergé ou Tintin, Francis Bergeron tape toujours sur le même clou, niant ou minimisant l’influence de l’apôtre de la Révolution des âmes sur l’auteur des Aventures de Tintin : que ce soit dans son Georges Remi, dit Hergé (2011), Hergé, le voyageur immobile (2015) ou son interview dans Rivarol (8 octobre 2015 : pour ces trois références, voir ce blog au 1er février 2016), mais aussi et surtout son Degrelle, Qui suis-je ? (2016, voir ce blog au 30 avril 2016 et la vingtaine d’articles consécutifs).

     

    Ajoutons que la contribution de Bergeron non seulement prenait le contrepied de la vérité hergéenne, mais affirmait également le contraire de ce que rappelaient pratiquement tous les autres collaborateurs de ce livre-hommage qu’il transforme en persiflage…

     

    C’est ainsi qu’à propos de Tintin mon copain, il évoquait « l’ouvrage signé Degrelle (mais est-il bien de sa plume ?) » alors qu’Alberto Torresano confiait ses souvenirs on ne peut plus précis dans les pages suivantes : « Sur la table de [la] chambre [de Léon Degrelle] à la clinique San Antonio de Malaga, se trouvait le manuscrit de son dernier livre, Tintin mon copain ». De même Francis Bergeron osait-il prétendre que « Tintin est le contraire de Degrelle quant au caractère » pendant qu’Edwige Thibaut rappelait son « amour immodéré pour la justice »… Il décrivait aussi Léon Degrelle comme un « vantard » et un « m’as-tu-vu indifférent aux conséquences de ses actes », alors que Jean-Yves Dufour décryptait « des qualités nécessaires aux hommes d’Etat », que Pierre Gillieth exaltait celui « qui n’a jamais renié sa foi politique » et Yvan Benedetti le « modèle absolu pour les militants dans la lutte, les épreuves, la douleur »…

     

    Alors, aujourd’hui que reparaît tel quel ce Léon Degrelle, Documents et témoignages, toujours affligé de l’article de celui qui présente l’amitié entre Hergé et Léon Degrelle comme un « copinage », nous ne pouvions que rendre à nouveau accessible au plus grand nombre l’indispensable correctif d’Armand Gérard sur la parfaite coïncidence politique de Léon Degrelle et Georges Remi, alias Hergé.

     

    Degrelle – Hergé, même combat ! a donc été revu, augmenté et abondamment illustré afin d’établir et documenter la réalité et la profondeur de l’engagement politique du jeune Georges Remi/Hergé, mais aussi sa fidélité totale et sa loyauté constante à cet engagement qui s’exprima à travers toute sa vie et son œuvre, et ce, jusqu’à la fin.

     

    3 Cristeros.jpegCette illustration des idées de Hergé, de son éthique, des valeurs et de la conception du monde qu’il partageait avec Léon Degrelle complète et confirme l’introduction du même Armand Gérard à la compilation de tous les articles degrelliens concernant les Cristeros, retraçant de la manière la plus précise la genèse authentique du personnage de Tintin : Léon Degrelle, Cristeros, Aux origines de Tintin, Editions de l’Homme Libre, 2018, (voir ce blog au 7 février 2019 ainsi que https://editions-hommelibre.fr/achat/produit_details.php?id=198)

     

     

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    Degrelle – Hergé, même combat !

    par Armand Gérard

    (article originellement publié dans Synthèse nationale n° 36, mai-juin 2014,

    aujourd’hui revu, augmenté et illustré)

     

    2 Tintin mon copain.jpeg

     

    En écrivant, en 1990, son ouvrage autobiographique Tintin mon copain en hommage à son ami décédé le 3 mars 1983, Léon Degrelle, qui, narrait notamment comment ses débuts journalistiques avaient été fraternellement liés à la naissance de la vocation de dessinateur de Hergé –et à la naissance tout simplement de Tintin–, ne se doutait pas de l’énormité du pavé qu’il allait lancer dans le marigot du « politiquement correct », créant la sensation, mais éclaboussant aussi d’importance tous les spécialistes autoproclamés de l’exégèse hergéenne.

     

    Il fut rapidement fixé ! En octobre 1991, l’hebdomadaire satirique belge Pan apprit que le plus grand collectionneur de l’œuvre de Hergé, l’humoriste Stéphane Steeman, avait répondu à l’invitation de Léon Degrelle de se rendre chez lui, à Malaga. Il s’agissait, pour le spécialiste par excellence de Hergé, de relire le manuscrit de Degrelle et de l’éclairer sur quelques points de détail. Le hourvari médiatique absolument sidérant que provoqua Pan fut encore accru par le succès colossal de la plus formidable exposition sur le père de Tintin, Tout Hergé qui, depuis juin 1990, avait drainé vers la petite commune belge de Welkenraedt plus de 250.000 visiteurs. Cette campagne de haine torpilla la tournée prévue pour l’exposition et précipita la retraite artistique de Steeman qui, dégoûté, finit par vendre ses richissimes collections à la Fondation Hergé.

     

    4 Pan Steeman TmC.jpegDès que fut connue la visite à Léon Degrelle de l’humoriste Stéphane Steeman, grand collectionneur de Hergé, la presse se déchaîna à travers toute l’Europe. L’auteur de Tintin mon copain ajouta alors un nouveau chapitre à son livre pour rendre compte du scandale provoqué par la presse belge. Mais il aurait aussi pu parler des articles espagnols, néerlandais, allemands ou portugais qui s’ensuivirent. L’hebdomadaire lusitanien O Independente (26 juin 1992) publia ainsi, sous le titre provocateur Moi, Tintin le SS, l’interview, réalisée par une agressive et malveillante Sarah Adamopoulos, annonçant dès la première page de couverture : « Tintin était-il fasciste ? Une interview fatale ». Mais Léon Degrelle ne se démonta pas et en profita pour préciser le rôle exact de Steeman tout en précisant le but de son livre : « Ce n’est vraiment pas dans mes habitudes de me laisser intimider. Mais, par ailleurs, j’ai le souci de l’exactitude. J’ai proposé mon manuscrit au meilleur connaisseur de Hergé et de Tintin sur terre, M. Stéphane Steeman. Nous ne nous connaissions pas. Mais Steeman est une personne adorable. Il a fait le voyage en avion (ce qu’il déteste) de Bruxelles à Malaga afin de relire mon manuscrit avec moi. Nous avons passé trois jours absolument magnifiques car Steeman est quelqu’un de très drôle qui a beaucoup d’humour et un cœur d’or. C’est vrai qu’il a trouvé l’une ou l’autre inexactitude, l’une ou l’autre date inexacte, l’une ou l’autre imprécision dans mon récit. De petites choses. […] J’ai demandé l’avis de Steeman afin de ne pas publier d’erreurs, aussi minimes soient-elles. Nous avons peaufiné mon texte ensemble, sur ma terrasse ensoleillée face à la vaste étendue de la mer. Nous avons dégusté ensemble, dans un climat de grande cordialité, de délicieux et savoureux plats, arrosés des vieux vins de ma cave. »

     

    5 O Independente 26 janvier 1992.jpg

     

    Et de conclure : « Mon livre Tintin mon copain est l’histoire conjuguée du créateur d’une personnalité imaginaire et d’un homme d’action, toujours vivant, et bien vivant, qui ont voulu créer ensemble cette Europe qui eût pu être sauvée il y a cinquante ans. Un jour viendra sans doute où nous regretterons amèrement qu’en 1945 nos drapeaux n’aient pas triomphé ! »

    6 Steeman Malaga Café.jpeg

    7 Steeman+LD+Jeanne.jpg

    Du coup, la publication de Tintin mon copain fut postposée afin de pouvoir se faire l’écho des manifestations hystériques de ces vestales de l’orthodoxie tintinesque : ce sera le trente-sixième chapitre, « Les derniers crachats »…

     

    Dès avant la publication de son ouvrage, Léon Degrelle eut donc une idée de l’accueil qui lui serait réservé. Mais ce retard eut également des répercussions sur la composition typographique, la recherche iconographique ainsi que sur la confection de la maquette de son livre.

     

    Les graves problèmes de santé de Léon Degrelle et son décès dans la nuit du jeudi saint 31 mars 1994 portèrent un coup fatal à l’entreprise et il fallut attendre l’année symbolique 2000 pour qu’une publication posthume et clandestine voie enfin le jour, s’efforçant de respecter à la lettre tous les desiderata de l’auteur (format, maquette, typographie se rapprochant au maximum des albums Tintin)… Publication « clandestine », car éditée en Syldavie, afin d’éviter autant que faire se pouvait la répression inquisitoriale des héritiers affairistes du malheureux créateur de Tintin (voir ce blog au 23 mai 2016).

     

     

    L’insupportable équation

     

    Mais dès la sortie des quelque mille exemplaires de Tintin mon copain –vendus sous le manteau !–, les hyènes médiatiques se déchaînèrent, éreintant systématiquement le livre (souvent sans même l’avoir lu !) et dénonçant la prétention « grotesque » de son auteur d’avoir quelque réelle importance dans la genèse d’un des mythes emblématiques de la culture belgicaine…

     

    « Mensonges ! » « Récupération ! » « Pas crédible ! » « Sans intérêt ! » « Pamphlet douteux ! » ou même « Ouvrage apocryphe ! » : tels sont les termes utilisés par la plupart des journaleux et autres écrivaillons censés présenter l’ouvrage à leurs lecteurs.

     

    C’est que les éditeurs n’avaient pas hésité à souligner l’évidence aveuglante des faits historiques et de la communauté spirituelle entre Léon Degrelle et Hergé, appuyant le doigt sur une réalité qui fait fort mal au tabou de la bien-pensance : « Il ne s’agit pas seulement des indéniables ressemblances physiques ou des évidents clins d’œil d’un dessinateur à son turbulent et généreux ami : ce qui est surtout mis en lumière, au fil de ces souvenirs pour la première fois rendus publics, c’est la communauté de destin –nullement gratuite !– entre le fils que Hitler aurait voulu avoir et que la jeunesse la plus pure de Belgique suivit dans sa croisade héroïque contre le communisme menaçant l’Europe, et le personnage de papier sorti de la plume de Hergé et auquel la jeunesse du monde entier ne cesse depuis de s’identifier. Ce que de nombreux auteurs soupçonnaient déjà est maintenant irréfutablement établi : si l’idéal de générosité allant jusqu’au don de soi, de fidélité en amitié, de lutte sans concession contre la méchanceté qui avilit le monde irradie bien tous les albums de Tintin, il est consubstantiel à l’engagement degrellien pour une société de justice et de fraternité, encadrée et animée par des chefs responsables et désintéressés. » (page 4 de couverture)

     

    8 LD Gommer.jpegAu début des années 90, la rumeur sur la filiation Degrelle-Tintin enfle : Hergé est mort en 1983. En 1985, Jean Mabire interroge Léon Degrelle sur son rôle dans la genèse de Tintin (voir ce blog au 27 janvier 2016 et Armand Gérard, Léon Degrelle était bien Tintin, L’intuition première de Jean Mabire, Magazine des Amis de Jean Mabire n° 45, Solstice d’été 2015). Après avoir longtemps tu cette filiation, même si la confidence lui avait parfois échappé (notamment auprès de Jean-Michel Charlier en 1976 : voir ce blog au 1er février 2016 ainsi que Jean-Michel Charlier, Léon Degrelle: persiste et signe, Editions Jean Picollec, 1985, p. 71), Léon Degrelle s’avise que raconter les tenants et aboutissants de cette aventure sera une belle manière de rendre hommage à son ami. Désireux de publier son nouvel ouvrage dans la foulée de la formidable exposition Tout Hergé de Stéphane Steeman (8 juin-15 septembre 1991), Léon Degrelle poussa le scrupule jusqu’à demander au célèbre collectionneur de relire son manuscrit, ce que ce dernier fit à Malaga dans les premiers jours d’octobre 1991, provoquant un immense scandale médiatique (voir ce blog au 17 janvier 2016). C’est dans la foulée de ce scandale qu’Olivier Mathieu prononça sa conférence De Léon Degrelle à Tintin dans les locaux du Parti des Forces Nouvelles (PFN) de Bruxelles le 26 octobre 1990.

    Le dessinateur Gommer (alias notre ami Korbo) a dessiné la couverture du mensuel du PFN saluant l’identité retrouvée de Tintin : il ne s’agit plus seulement de bande dessinée, mais d’histoire dessillée !… Ajoutons que, du coup, aussi bien Gommer qu’Olivier Mathieu trouvèrent une place de choix dans Tintin mon copain !

     

     

    A suivre

     

  • À propos de la Bénédiction Apostolique de Léon Degrelle

    Le Pape Jean-Paul II a-t-il tenu compte de la « Lettre » que lui envoya Léon Degrelle « à propos d’Auschwitz » ?

     

    Nous avons publié naguère le parchemin de la bénédiction apostolique accordée le 11 décembre 1991 par le pape Jean-Paul II à Léon Degrelle (voir ce blog au 31 mars 2019).

     

    Bénédiction JP II.jpgOn pourrait se demander comment le souverain pontife put envoyer sa Bénédiction Apostolique à celui qui eut le culot de lui remonter les bretelles à l’occasion de sa visite, le 7 juin 1979, au camp de concentration d’Auschwitz, alors déjà considéré comme le lieu emblématique de la « Shoah », qui serait la tentative d’extermination planifiée de tous les juifs présents dans les territoires européens sous l’autorité du IIIe Reich.

    D’aucuns auront probablement pensé que l’insondable charité chrétienne du pape –dont la sainteté fut reconnue le 27 avril 2014– l’a incité à passer outre à cet épisode qui fit tout de même quelque scandale. D’autres ont sans doute estimé qu’un tel document ne constitue rien de plus qu’un article commercial comme n’importe quel autre, qu’il suffit de commander et de payer.

    Cela est surtout vrai depuis que l’Argentin Jorge Bergoglio a été placé sur le siège pontifical : il suffit désormais de faire sa demande « en ligne » sur le site de l’Aumônerie apostolique du Vatican et de payer entre 16 et 24 euros, en fonction du modèle de bénédiction choisi (hors frais d’envoi et offrande dont le montant est laissé à la discrétion du client)…

    L’organisation des « aumônes du pape » –c’est-à-dire de ses œuvres particulières de charité– remonte au XIIIe siècle et au pape Grégoire X. La tradition de l’alimentation de ces fonds par des parchemins authentifiés par la signature de l’archevêque-aumônier et le sceau de l’Aumônerie apostolique fut instituée par le pape Léon XIII, à la fin du XIXe siècle.

    Outre que la bénédiction in articulo mortis accompagnant l’administration par le prêtre des derniers sacrements est également appelée « apostolique », celle qui émane du Saint-Siège ne s’obtient que par demande du requérant (autrefois validée par son autorité ecclésiastique) et est exclusivement destinée à célébrer un événement religieux particulier (baptême, première communion, confirmation, mariage, ordination sacerdotale, ordination au diaconat permanent, profession religieuse) ou un anniversaire remarquable de celui-ci. Désormais –signe de nos temps désacralisés– l’anniversaire de la naissance est également recevable. Il n’en reste pas moins que l’occasion pour laquelle la bénédiction apostolique est sollicitée doit être choisie par le requérant parmi les neuf possibilités que nous venons d’énumérer et le parchemin obtenu mentionne toujours la circonstance de l’octroi de la bénédiction.

     

    capture-20200725-115150.png

     

    On remarquera immédiatement que la bénédiction octroyée à Léon Degrelle par Jean-Paul II ne ressortit à aucune des catégories proposées par l’Aumônerie apostolique et revêt par conséquent un caractère tout à fait exceptionnel.

    Le texte de ce parchemin déclare en effet, hors tout protocole établi, que «Sa Sainteté Jean-Paul II accorde de tout cœur à Léon Degrelle une spéciale Bénédiction Apostolique.» Point final.

    Le tout n’est-il pas maintenant de savoir en quoi cette bénédiction du souverain pontife fut « spéciale » ?

    Ne constitue-t-elle pas, à l’évidence, un pardon cordialement (« de tout cœur ») accordé à celui qui, en lui condensant, au fil de treize pages de perspicacité et de verve degrelliennes, la recherche faurissonienne pour établir ce qu’il estime être la vérité historique, a sans doute précipité le pape au cœur d’un scandale inconfortable, mais voulait surtout lui éviter d’être la dupe de ce qu’on allait lui présenter en Pologne, toujours soumise à un régime communiste et à sa propagande toute-puissante : il voulait lui découvrir ce qu’il avait lui-même appris par les travaux du professeur Robert Faurisson et qu’il tient désormais comme le mensonge imposé par les vainqueurs de 1945, qui devra être protégé par des lois inouïes et sera la cause de la ruine de l’Europe et du monde blanc.

     

    Au-delà, pareille « spéciale Bénédiction Apostolique » n’exprime-t-elle pas une vraie connivence entre le proscrit exilé qui, tel le bon larron, souffrira jusqu’à la fin l’injustice de son sort aggravée par le mensonge du « politiquement correct » et le souverain pontife qui, malgré son éminente position, est tout autant prisonnier de ce même « politiquement correct » ? N’est-ce pas cette intelligence entre eux que le Pape Jean-Paul II tient à manifester en envoyant cette bénédiction que Léon Degrelle n’avait pas sollicitée personnellement ? Elle eût pourtant pu célébrer le quatre-vingt-cinquième anniversaire du baptême du héros de Tcherkassy… Mais l’évêque de Rome a préféré lui envoyer cette « spéciale Bénédiction Apostolique », qui lui exprime qu’il a bien compris son message tout en ne pouvant lui en dire davantage…

    Que cette bénédiction ait été accordée par le pape à Léon Degrelle douze ans après l’envoi de la Lettre au Pape à propos d’Auschwitz, soit l’âge qu’avait atteint le Christ lorsqu’il commença à révéler son enseignement au monde (Luc 2, 41-50), n’est sans doute qu’une coïncidence. Sinon, nous faudrait-il penser qu’il s’agirait d’une nouvelle démonstration de l’adhésion du pape aux thèses révisionnistes si dérangeantes pour l’ordre établi qu’elles doivent être paralysées par la terreur « démocratique » de tribunaux appliquant des lois scélérates ? Tout comme le fut l’enseignement du Christ qui stupéfia les docteurs du Temple avant d’être réputé sacrilège et réduit au silence par le supplice de la croix qu’imposa une justice circonvenue par l’hypocrisie des Pharisiens ?…

    Et si l’on croit au symbolisme des dates, celle de la Bénédiction Apostolique, le 11 décembre, ne commémore-t-elle pas l’entrée en guerre effective du Reich, qui remplaça l’étalon-or par l’étalon-travail, contre les Etats-Unis, sanctuaire des banksters et repaire des marchands du Temple de l’usure et de la finance apatride ? De ceux qui avaient déclaré une guerre sans merci à l’Allemagne nationale-socialiste, et ce, dès son avènement ?...

    Déclaration guerre juifs.pngTout cela n’est sans doute que spéculation. Mais il n’empêche que Léon Degrelle fut, quant à lui, bien convaincu de l’utilité et des conséquences factuelles de sa Lettre à Jean-Paul II.

    Car, en bon « lanceur d’alerte », il ne manqua pas de scruter attentivement les faits et gestes, et surtout les paroles prononcées –ou non– par Jean-Paul II durant son périple polonais. Et son sentiment fut que le Saint-Père avait lu attentivement ses admonestations et en avait tenu compte, même si –pouvait-il en être autrement ?– ce fut de manière toute subtile.

    C’est ainsi qu’en préparant l’édition espagnole (au titre encore plus explicite) de la Carta al Papa sobre los millones (?) de judios gaseados (?) por Hitler en Auschwitz (Bausp, 1979) qui devait être publiée dans la foulée de l’excursion papale, Léon Degrelle demanda à ses amis du Circulo Español de Amigos de Europa (CEDADE) d’y inclure une « Réponse de Sa Sainteté Jean-Paul II à Auschwitz ». Dans la brochure, cette analyse des propos et de l’attitude du pape lors de sa visite du camp de concentration est signée par un certain José Martínez. Nous savons aujourd’hui que son véritable auteur n'est autre que Léon Degrelle lui-même. Et ce, grâce aux commentaires accompagnant sa réédition dans l’Anthologie de textes de Léon Degrelle, 1969-1994, rassemblée par Juan Antonio Llopart (Ediciones Nueva República, 2014). Il nous précise en effet que « Degrelle préférait que le nouveau texte apparaisse comme écrit par une autre personne. Il rédigea donc personnellement à la main cette exégèse et la signa tout d’abord “Jesús Palacios”, du nom d’un camarade du CEDADE très connu. C’est pour cette raison que nous avons décidé de changer le faux nom en José Martínez. » (p. 105).

    Jesús Palacios (né en 1952) était en effet, au début des années 1970, un des jeunes responsables du CEDADE dont il dirigeait le département des relations avec l’étranger, proche du président Jorge Mota (voir ce blog au 4 février 2017). Après la dissolution du CEDADE, le 12 octobre 1993, Jesús Palacios se consacra avec succès au journalisme et à l’histoire de l’Espagne contemporaine. Il est ainsi certainement le meilleur spécialiste des coulisses de la tentative de coup d’état du colonel Tejero, le 23 février 1981, qu’il a appelée le « Putsch du CESID », du nom des services secrets espagnols (voir son livre 23-F, le Roi et son secret, 2010). Il est également l’auteur de nombreux ouvrages concernant Franco et le franquisme, dont Papiers secrets de Franco ; Lettres de Franco ; Franco et Juan Carlos, du franquisme à la monarchie… Il a récemment publié en collaboration avec le célèbre historien américain, spécialiste du fascisme, Stanley Payne, un indispensable Franco, une biographie personnelle et politique (2014), ainsi que le précieux témoignage de la fille du Caudillo, Carmen Franco, Franco, mon père (2008). C’est évidemment par amitié que Léon Degrelle avait choisi ce brillant jeune militant, dont il avait pu apprécier l’intelligence et la droiture, comme prête-nom.

    capture-20200725-120431.pngMais qu’importe la signature, revenons à l’examen minutieux par Léon Degrelle de l’attitude du pape, suite à sa Lettre

    Nous ne citerons ici que quelques passages probants de la « Réponse de Sa Sainteté Jean-Paul II à Auschwitz », accréditant l’incidence du courrier de Léon Degrelle sur son destinataire.

    « Les communistes polonais ne purent admettre cette visite du Pape dans leur chasse gardée sans imposer des conditions ni recevoir des promesses. C’est ce qui peut expliquer l’étrange évocation du Pape sur la “libération” de la Pologne par les troupes des soviets, ces mêmes soviets qui, approuvant l’invasion allemande de septembre 1939, envahirent honteusement la Pologne le même mois, en s’emparant de la moitié de son territoire ; ces soviets qui “libérèrent” l’élite militaire polonaise en la décapitant à Katyn ; ces soviets qui stoppèrent leurs divisions à 800 mètres des portes de Varsovie en août 1944 alors que les patriotes polonais venaient de se soulever, les abandonnant et refusant en même temps à Churchill de les aider par voie aérienne jusqu’à ce qu’après une lutte héroïque, la Pologne nationale succombât. C’est sur ces milliers de cadavres, ceux de Katyn et ceux de septembre 1944 que Staline installa le gouvernement communiste de son nouveau satellite. C’est ainsi qu’ils “libérèrent” la Pologne ! Ils ne la libérèrent pas, bien au contraire, ils la trahirent, l’abandonnèrent et, une fois que sa tentative de libération fut anéantie, ils l’envahirent et l’occupèrent ! […]

    Malgré cela, ce qui fut important –le plus important– du discours du Saint-Père à Auschwitz n’a pas été ce que, plus ou moins obligé, il a dit, mais ce qu’il n’a pas dit.

    A Auschwitz, il n’a pas dit un seul mot sur le principal, c’est-à-dire sur les “exterminations” dans les “chambres à gaz” malgré qu’il parlait à proximité de l’énorme “chambre à gaz” qu’on présente dans le camp, chambre factice (il n’y en eu jamais une seule, à part une salle de douche et un débarras), absolument neuve, construite de la première à la dernière brique, par les services de propagande communiste après la Seconde Guerre mondiale.

    Dans sa Lettre à Jean-Paul II, Léon Degrelle avait souligné avec force l’inexistence de pareilles chambres et l’impossibilité scientifique d’utiliser dans celles qu’on nous présentait le gaz Zyklon B pour des exterminations. Le Pape en a très bien tenu compte : il s’est précautionneusement gardé à Auschwitz de quelque affirmation ou allusion à des “chambres à gaz”, et ne prononça jamais le mot “gaz”. C’était clairement reconnaître qu’il ne s’agissait pas pour lui de prendre cette légende à son compte, que toute cette histoire de Zyklon B n’avait ni queue ni tête et était scientifiquement insoutenable. […]

    Mais le Pape effectua –explicitement cette fois– une deuxième évocation de la lettre-réfutation de Léon Degrelle lorsque, abandonnant son texte officiel, il improvisa quelques phrases qui visaient nettement, en tout premier lieu, les crimes des soviets et, ensuite, reprenaient presque textuellement les paroles du chef du rexisme, “Homo homini frater” (L’homme est un frère pour l’homme [voici le contexte de cette sentence de Léon Degrelle : “Homo homini lupus disent les sectaires. Homo homini frater, dit tout chrétien qui n’est pas un hypocrite. Nous sommes tous des frères, le déporté souffrant derrière ses barbelés, le soldat hagard crispé sur sa mitraillette. Nous tous qui avons survécu à 1945, vous le persécuté devenu pape, moi le guerrier devenu persécuté et des millions d’êtres humains qui avons vécu d’une façon comme de l’autre l’immense tragédie de la Deuxième Guerre mondiale ; avec notre idéal, nos élans, nos faiblesses et nos fautes, nous devons pardonner, nous devons aimer. La vie n’a pas d’autre sens. Dieu n’a pas d’autre sens.” Lettre au Pape à propos d’Auschwitz, p. 15]) :
    “Je ne veux pas, déclara le Pape abandonnant son texte dactylographié, je ne veux pas nommer ceux qui font souffrir des peuples ou des personnes, car tout homme est un frère.”

    Le quotidien YA (8 juin 1979, page 10, colonne 5) décrivit avec étonnement l’émotion des 900 journalistes après avoir écouté, fort étonnés, ces paroles improvisées inopinément par le Pape, paroles absentes du texte officiel distribué à la presse :
    “Les journalistes, écrivit YA, sortaient du camp en se demandant à qui le Pape faisait allusion lorsqu’il introduisit dans son texte la phrase disant qu’il ne voulait pas nommer ceux qui, aujourd’hui, font souffrir des peuples et des personnes, car tout homme est un frère.”

    […]

    Jean-Paul II, lors de son improvisation, a parlé sans crainte de “ceux qui, aujourd’hui font souffrir des peuples et des personnes”.
    Le Pape a dit FONT.
    Le Pape a dit AUJOURD'HUI.
    Aujourd’hui, c’est maintenant. Quant à ceux qui “aujourd’hui font souffrir des peuples et des personnes”, de qui peut-il s’agir sinon des dictateurs communistes qui ont soumis à leur tyrannie 270.000.000 de Russes, les envahisseurs qui ont écrasé avec leurs chars en Europe de l’Est les habitants de Budapest et de Prague, ceux qui continuent de torturer et d’exterminer dans leurs goulags des millions de prisonniers-esclaves ?... Et de ceux-là, quand en parle-t-on ? Très rarement, et avec des précautions académiques. »

    On ne sait si et quand le Pape Jean-Paul II put prendre connaissance des considérations de Léon Degrelle sur son voyage de 1979 dans sa Pologne toujours communiste. Mais, peu après la constitution du premier gouvernement non communiste (août 1989) et la chute du mur de Berlin trois mois plus tard, la Lettre originelle –sinon cette analyse pour le moins clairvoyante– mérita une non moins spectaculaire et « spéciale Bénédiction Apostolique » !...

     

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    La photo improbable d'une rencontre amicale virtuellement possible... et spirituellement vécue !

  • La famille royale belge devant le Tombeau du Géant Léon Degrelle

    C’est le Soir mag du 4 au 10 juillet qui nous l’apprend : comme chaque année, le roi et la reine des Belges « ont sacrifié [leur] week-end » en autorisant la presse à les prendre en photos dites « détente ».  Coronavirus et frontières fermées obligent, ils n’ont plus emmené « aux frais de la princesse » leurs obséquieux bobardiers dans des séjours exotiques : « ils ont voulu promouvoir le tourisme belge en grande difficulté suite à la pandémie ».

    C’est ainsi que les journaux télévisés du samedi 27 juin nous avaient longuement montré Philippe et Mathilde –pardon : Majesté !– pédaler dans le village-musée de Bokrijk, traverser l’étang par la piste cyclable s’enfonçant à 1,5 m sous le niveau de l’eau et faire semblant de s’intéresser à l’expo ressuscitant le monde de Bruegel…

    Mais la Belgique ne serait pas la Belgique sans la parité linguistique ou communautaire : une promo pour une attraction touristique flamande exige un pendant francophone. Aussi le lendemain, le couple royal et sa famille nombreuse s’offraient une balade dans les Ardennes. Las ! même si pour l’occasion les vétérans du trône, Albert et Paola, avaient également accepté de rejoindre la corvée, cela n’intéressa plus autant les médias qui estimaient avoir suffisamment rempli leurs obligations monarchiques dans la cambrousse locale.

    Il nous a donc fallu attendre la parution du Soir mag pour apprendre que le site francophone choisi n’était rien moins que Bouillon ! Ce qui nous a valu une photo panoramique, non pas devant le célèbre château de Godefroid, chef de la première Croisade en Terre Sainte, roi de Jérusalem, défenseur inconditionnel du pape et de l’Eglise.

    Non, le site choisi était encore plus prestigieux puisqu’il s’agissait du Tombeau du Géant, réceptacle des cendres de Léon Degrelle, héros de la Croisade contre le bolchevisme, Volksführer des Wallons, champion du national-socialisme et du Führer Adolf Hitler qui le tenait pour son fils.

    Ce n’est certes pas pour lui rendre hommage que la famille royale au grand complet posait en rang d’oignons peu majestueux devant le Tombeau du Géant Léon Degrelle. Ni Philippe –sectateur du politiquement correct qui vient de condamner l'entreprise coloniale grandiose de son arrière-grand-oncle Léopold II (1)–, ni Albert II –qui signa l’arrêté royal honteux interdisant le retour des « restes mortels de Léon Degrelle » en Belgique– ne l’eussent accepté en connaissance de cause.  Mais cette ignorance crasse est un fameux clin d’œil de l’histoire en forme de petite revanche, qui a bien dû réjouir Léon Degrelle au Paradis d’où il observe l’inéluctable pourrissement du monde laissé par les vainqueurs lamentables de 1945 !...

    Philipe Tombeau Géant 1.jpegC’est le 15 août 2006, année de son centenaire, qu’une partie des cendres de Léon Degrelle (une autre avait été dispersée au sommet du Kehlstein, à proximité de la résidence d’Adolf Hitler) rejoignit, selon les volontés du défunt, le Tombeau du Géant, à proximité de Bouillon, son bourg natal.  La flèche désigne approximativement l’endroit où furent enfouies les cendres (voir ce blog aux 21 janvier 2016 et 31 mars 2019).

     

    (1) Pour mesurer le scandale du conformisme royal, nous renverrons à l'article pertinent et circonstancié Congo: les regrettables "regrets" du roi des Belges, de Bernard Lugan (historien spécialiste de l'Afrique, ancien professeur à l'Université nationale du Rwanda, à l'Université de Lyon III et à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr), à lire sur https://bernardlugan.blogspot.com/, dont la conclusion est sans appel: «en plus d'être regrettables, les "regrets" du roi des Belges sont une insulte à de grandes figures belges et à l'Histoire de son pays».

     

  • Il y a 75 ans : le sauvetage de Léon Degrelle

     

    Un anniversaire qui n’est pas oublié en Espagne

     

     

    Aucun organe de la presse subsidiée pour sa soumission au Système n’a bien sûr évoqué l’anniversaire de la naissance du plus grand personnage historique belge c’est-à-dire Léon Degrelle : seules de confidentielles et inconditionnelles publications comme la nôtre ont rappelé cette date importante et rendu l’hommage mérité à cette personnalité hors du commun (voir ce blog au 15 juin 2020).

     

    Nous ne pouvons néanmoins passer sous silence le double article consacré au chef de Rex et dernier Commandeur de la Légion Wallonie publié par le plus ancien des quotidiens espagnols, ABC, catholique conservateur et monarchiste, dont il nous faut croire que le souci du politiquement correct est parfois et heureusement à éclipse.

     

    abc,lettre au pape à propos d’auschwitz,la concha,hôpital mola,san sebastianC’est ainsi qu’il célèbre, dans les pages « Histoire » de son édition en ligne du 7 mai dernier, le 75e anniversaire de l’arrivée mouvementée de Léon Degrelle en Espagne. Des réactions « bien orientées » ont probablement contraint ABC à corriger quelque peu sa présentation de l’« officier nazi » car, une semaine plus tard, il se fendait d’un second article plus aux normes pour rappeler et flétrir les opinions « négationnistes » de Léon Degrelle qui se permit d’envoyer une Lettre au Pape à propos d’Auschwitz (« La lettre insolite que Léon Degrelle écrivit au Pape Jean-Paul II en 1979 niant l’Holocauste nazi »). Nous ne nous étendrons pas sur cet article constituant une entreprise de vulgarisation des thèses développées par le Professeur Faurisson : l’auteur, Israel Viana, cite en effet abondamment le texte, insistant, dans sa conclusion, sur le fait qu’il n’a pas empêché le Pape Jean-Paul II (ni les suivants, Benoît XVI et François) d’effectuer une visite au camp d’Auschwitz. Cela voudrait-il dire que le Pape n’a pas lu la lettre de Léon Degrelle ? Ou qu’il n’a pas voulu (ou pu) en tenir compte ? Nous n’en savons bien sûr rien, et le journaliste d’ABC non plus d’ailleurs, qui n’en souffle mot. Tout au plus pourrons-nous remarquer que cette fameuse lettre ouverte au Pape n’a nullement empêché le Souverain Pontife d’accorder à son correspondant occasionnel sa « Bénédiction apostolique spéciale » quelques années plus tard (voir ce blog au 31 mars 2019)…

    1 Heinkel San Sebastian Svastika-vert.jpg

    C’est à bord du Heinkel-111 d’Albert Speer que Léon Degrelle traversa l’Europe d’Oslo à San Sebastian en une seule étape de près de 7 heures. De haut en bas, on voit l’appareil écrasé sur la plage de la baie : la croix gammée de l’empennage fit naître l’idée qu’Adolf Hitler serait à bord. Les pompes à essence n’indiquent plus la moindre jauge. Rapidement, une foule de curieux s’agglutine sur le rivage et certains « chasseurs de trésors » ne manquent pas d’emporter quelques souvenirs. La carcasse de l’avion sera bientôt découpée et transportée à la base aérienne militaire de Logroño.

     

    Mais reprenons le surprenant premier article du 7 mai dernier sur l’histoire de l’avion de Léon Degrelle s’écrasant sur la plage de San Sebastian, sous le titre « Comment se passa l’atterrissage forcé de Léon Degrelle sur la plage de La Concha, en fuyant les alliés de la 2e Guerre mondiale ». Sous-titre : « L’avion du commandant nazi dut effectuer un amerrissage d’urgence le jour même où l’on annonçait, en 1945, le fin du conflit qui avait ravagé l’Europe ».

     

    En voici quelques extraits que nous ne vous rapportons pas pour le contexte historique plutôt fantaisiste (le ministre Ribbentrop n’a rien à voir avec l’expédition de Léon Degrelle vers l’Espagne) ni la chronologie hésitante concernant les faits d’armes et les distinctions militaires du héros de Tcherkassy : ce texte nous est surtout intéressant en ce qu’il rappelle comment fut rapportée l’arrivée fracassante de Léon Degrelle (38 ans à ce moment, et non 39) sur le sol espagnol par la presse de l’époque (voir aussi ce blog au 20 mai 2016 pour davantage de précision sur le vol et l’équipage du Heinkel-111 de Léon Degrelle).

     

     

    L’édition de Madrid d’ABC du 9 mai 1945 titrait « L’ordre du cessez-le-feu a été donné une minute après minuit ». L’édition de Séville annonçait, quant à elle : « La guerre est finie en Europe ». […]

     

    Pendant ces événements historiques, un groupe d’habitants de San Sebastian qui se promenait tranquillement sur la plage de La Concha, sans rien connaître de la fin de la guerre –ABC ne publierait la nouvelle que le lendemain– entendirent un tonnerre formidable dans le ciel. En levant la tête, ils aperçurent un avion effectuant des manœuvres désespérées pour atteindre le rivage. […]

     

    En même temps que les nouvelles concernant la fin de la guerre, on pouvait lire dans notre quotidien –l’un des rares à avoir rapporté l’événement en ces temps de censure: « Hier, à six heures du matin, un avion de chasse allemand du type Heinkel s’est jeté dans les eaux de la baie de La Concha, la station balnéaire qui est la partie la plus proche du rivage. » Et d’ajouter : « Dès les premiers moments, la rumeur se répandit dans la ville que l’avion transportait Hitler en personne, lequel, d’après de prétendus témoins, n’était pas mort et, malgré qu’il était défiguré, avait été reconnu par les autorités. »

     

    abc,lettre au pape à propos d’auschwitz,la concha,hôpital mola,san sebastianLa nouvelle de la mort de Hitler avait déjà fait le tour du monde une semaine auparavant. ABC la publia le 2 mai 1945, mais pendant cette journée du 8 mai, toute la ville de San Sebastian se prit à croire qu’il était réellement vivant et qu’après sa défaite, il fuyait désespérément. Mais ce n’était pas le cas. Même si l’un des passagers du Heinkel-111 de la Luftwaffe qui s’écrasa dans La Concha n’était pas précisément un inconnu. ABC poursuivait : « L’avion a atteint notre ville par un atterrissage forcé provoqué par la panne d’essence. On en a extrait au moins six personnes portant l’uniforme allemand. L’une d’entre elles est un officier supérieur, avec le grade de colonel, portant sur la poitrine la Croix de Fer. Il s’agit du rexiste connu, chef du parti belge, Léon Degrelle. Ses compagnons sont des soldats de rang inférieur. »

     

    Degrelle (Bouillon, Belgique, 1906) était un officier de la Légion Wallonie, une unité étrangère membre des SS allemands au sein de laquelle il se distingua comme l’un des principaux commandants au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il était le fondateur du rexisme, une branche du fascisme en Belgique qui put jouir d’une grande notoriété en Europe entre 1939 et 1945. Mais lorsque les Allemands virent que les alliés les avaient vaincus et que Hitler était mort, le ministre des Affaires étrangères du Troisième Reich, Joachim von Ribbentrop, convainquit le Belge de s’enfuir. Il se trouvait alors à Oslo, où il était arrivé de Copenhague. C’est dans la capitale norvégienne qu’il s’empara, avec l’aide de cinq officiers, de l’avion de l’architecte et ministre de l’Armement nazi Albert Speer et qu’il entreprit son vol de nuit. Lorsqu’il s’écrasa à San Sebastian après avoir parcouru 2150 kilomètres, il avait 39 ans. […]

     

    D’après ce qu’on expliqua par la suite, l’appareil frappa des rochers à une extrémité de la plage, ce qui provoqua son pivotement dans la mer où il s’échoua. D’après le récit d’ABC « Les passagers transportaient à bord beaucoup de beurre, plusieurs thermos ainsi que des comprimés de vitamines. Mais ils n’avaient pas de tabac et, arrivés à terre, ils en réclamaient avec insistance. » […]

     

    Léon Degrelle n’était pas n’importe quel leader. La croix dont parle le rédacteur d’ABC lui avait été attribuée par nul autre que le « Führer » lui-même en février 1944, un peu plus d’un an avant son amerrissage sur la plage de La Concha. En août de cette année, il lui accorda également la Croix de Chevalier avec Feuilles de Chêne, une distinction que n’obtinrent que 883 militaires au cours de toute la guerre. Pendant la cérémonie protocolaire, Hitler en personne lui déclara « Si j’avais un fils, j’aurais aimé qu’il fût comme vous. » De telles paroles constituaient une plus grande reconnaissance encore que la distinction militaire, reflétant l’extrême confiance et la complicité que Degrelle entretenait avec le Führer. C’est ainsi que par la suite, il fut reconnu comme « le fils adoptif de Hitler ».

     

    Les citoyens de San Sebastian qui assistèrent à l’événement demeuraient perplexes. L’avion fut rapidement entouré par les habitants de La Concha, dont la plupart avaient été réveillés par le fracas de l’avion sur la mer et la plage. Certains, en pyjama, s’approchèrent du rivage pour aider les passagers inconnus. Pendant toute la journée, des centaines de personnes se rassemblèrent pour voir le Heinkel-111. C’est ainsi que la rumeur se répandit que Hitler était à l’intérieur. Rumeur renforcée sans aucun doute par l’énorme svastika visible sur la queue de l’appareil. Des enfants arrachèrent même quelques morceaux de l’avion de Degrelle dont la carcasse fut transportée finalement à Logroño.

     

    Degrelle était gravement blessé et fut hospitalisé pendant dix-huit mois à l’Hôpital Mola de San Sebastian, bien que, dans un premier temps, ABC avait précisé qu’il ne souffrait que d’une « fracture de l’omoplate et peut-être aussi d’une cheville ».

     

    Tels furent les premiers moments d’un séjour en Espagne qui, dans le cas du Belge, s’est prolongé jusqu’en 1994, entre Madrid et Malaga. Lui-même a expliqué dans ses mémoires : « En réalité, mes blessures m’ont sauvé car Franco voulait me livrer à l’Allemagne. Je voyais les choses évoluer si mal qu’un jour, je lui écrivis une lettre dans laquelle je lui disais : “Le sang d’un chrétien vaut-il si peu pour vous ?” Franco en fut touché, d’après ce qu’on m’a rapporté. »

     

     

    6 Hôpital Mola.jpg

    « Brusquement, nous vîmes devant nous des falaises toutes droites. Nous avons redressé notre avion presque à la verticale puis l’avons rabattu aussitôt pour recueillir les dernières gouttes d’essence. Dans les premières lueurs de l’aube, nous avons aperçu de grands toits de tuiles rouges. C’était Saint-Sébastien. Ma veine encore, c’était la marée basse ! Vingt mètres de sable ourlaient la digue. Nous avons piqué vers cette étroite plage pour un atterrissage de fortune. […] Juste alors, presque à la fin de la descente, nous avons aperçu à cent mètres devant nous, barrant notre course, un rocher énorme, le rocher qui soutient le palais royal. Nous avons, à la seconde, rentré les roues afin de freiner à fond avec la coque de l’appareil. L’avion a glissé sur le sable parfaitement pendant deux ou trois secondes. Bang ! Explosion d’un moteur ! Le Heinkel, comme pris de folie, se précipitait au ras des flots. Il se bloquait après cent mètres. Nous étions presque noyés, avec de l’eau jusqu’à la mâchoire, juste suffisamment pour pouvoir encore respirer. Mais l’avion n’avait pas coulé !
    Cinq minutes après, des Espagnols, tout nus, nageaient autour de notre coque défoncée. Une barque accostait notre épave. Nous étions sauvés, mais en morceaux ! C’est au vieil hôpital militaire, l’hôpital Général Mola, qu’une ambulance allait m’emmener. J’avais cinq fractures. Je resterai avec le bras et le buste plâtrés pendant des mois, sans parler d’une jambe cassée elle aussi et immobilisée. C’est dire que j’étais absolument intransportable. Toujours ma baraka ! Car sans cette collection de fractures, j’eusse été perdu. L’Espagne étranglée, menacée d’invasion, n’eût pu trouver, pour me sauver aucun faux-fuyant. J’eusse, sans aucun doute, été, comme Pierre Laval, livré aux Alliés. » (Léon Degrelle : persiste et signe. Interviews recueillies pour la télévision française par Jean-Michel Charlier, p. 366-367)

  • 15 juin 1906 : Léon Degrelle naît à Bouillon et y grandit

    En ce 114e anniversaire de la naissance de Léon Degrelle, nous avons pensé judicieux de rendre hommage au poète, en célébrant l’événement par la reprise des vers merveilleux de La Chanson Ardennaise. Le héros de Tcherkassy y évoque lyriquement le bourg qui le vit naître et le terroir humble et bucolique où il grandit et fut éduqué.

     

    Rien des circonstances dramatiques qui fournirent le prétexte à leur composition n’y transparaît: le dernier Commandeur de la Légion Wallonie, condamné à mort par contumace et gravement blessé lors du crash de son avion sur la plage de San Sebastian, venait d’apprendre que sa vénérée Maman, usée par le chagrin, se mourait dans une prison bruxelloise pour le seul crime de lui avoir donné le jour…

     

    LD embrasse Maman.jpgLa Chanson Ardennaise que le proscrit couche alors en quelques jours sur le papier est destinée à redire tout son amour à sa chère Maman, lui rappeler le charme ineffable de la vie sobre et harmonieuse à Bouillon, rythmée par les saisons et les fêtes liturgiques, évoquer la foi profonde qu’elle sut éveiller en lui, en même temps que la charité, le service aux autres, le sens de la justice qui forgèrent irrésistiblement son destin.

     

    Pour cet hymne au bonheur simple, aux certitudes de la tradition, à l’amour maternel et à l’évidence de son pouvoir, Léon Degrelle a choisi la langue poétique du magnifique alexandrin, plus rarement du pétillant octosyllabe.

     

    Si la contrainte exigeante du vers à douze pieds convient à merveille à l’implacabilité de la tragédie racinienne, elle devient chez Léon Degrelle, un enjolivement spontané du langage familier, mélange naturel de liberté, de familiarité et de beauté, un chant lyrique issu librement du trop-plein de son cœur débordant d’amour.

     

    La caressante mélodie de ces vers tout empreints de tendresse filiale surent apporter un ultime et apaisant secours à sa chère Maman qui, en mourant, lui offrit les douleurs de son agonie (voir ce blog au 20 mars 2020).

     

    Mais il est temps de laisser la parole au chantre de l’Ardenne profonde, des beautés des saisons, des joies et bienfaits de la vie, de l’amour et du sacré.

     

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  • Le coronavirus, à l'aide de Léon Degrelle et des nationalistes ???

    A la recherche de revues pour meubler notre confinement, nous sommes tombés sur le onzième numéro (déjà) d’une revue dont nous n’avions jamais entendu parler, Wilfried, présentant en couverture un Léon Degrelle tout étonné de s’y retrouver, parmi une foultitude hétéroclite de personnages, tels la Première ministre belge en fée Carabosse réfléchissant à son prochain mauvais coup, son effroyable ministre de la Santé évaluant les dégâts de ses palinodies funestes, le charismatique président du Vlaams Belang Tom Van Grieken (au poing levé !) et des médecins ayant trouvé, malgré tous les sabotages d'autorités incompétentes, des masques FFP2 et des tenues de protection pour affronter le Covid-19…

     

    Wilfried.jpgLa revue coûte bonbon (12,50 euros !) et semble réservée aux bourgeois de la gauche caviar engoncés dans leur politiquement correct. Aussi tout le contenu exhale-t-il son obsession antifasciste proposée en fil rouge de ce numéro : le nationalisme identitaire est un (corona)virus dont il faut trouver le vaccin en l’analysant.

     

    « En 1947, Albert Camus parlait du danger fasciste à travers la parabole de la contagion, et voilà qu’au moment où surgit la pire épidémie depuis un siècle, l’extrême droite flamande triomphe comme elle n’a jamais triomphé. […] Chercher à comprendre sans relâche. Poursuivre l’exploration du panorama nationaliste flamand, dans sa complexité et sa diversité, dans ses racines historiques et ses manifestations contemporaines, à travers ses structures, mais aussi ses acteurs […] » (Editorial, p. 3).

     

    Un invité longuement interviewé, Jos Geysels, l’ancien Agalev (écolo flamand) qui inventa le « cordon sanitaire » en 1988, tape donc sur le même clou : « nous sommes menacés par le Covid-19, mais aussi par le virus de l’extrême droite » (p. 36).

    AH Atchoum.jpg

    Le Führer fut la première victime du virus coronavrant : il développa de vigoureux anticorps et lança la première offensive identitaire contre cet ennemi invisible du genre humain. Mais ses défenses immunitaires finirent par céder au co(munisto)vid(édumanité)-39/45 et il succomba, voici tout juste 75 ans…

     

    Paradoxalement, Wilfried a décidé de rompre unilatéralement ce fameux « cordon sanitaire » censé protéger de la contagion d’extrême droite, en proposant –grande première dans la presse francophone !– une interview de Tom Van Grieken,  président du Vlaams Belang. A nous, citoyens lambda, cela nous paraît relever de la banale honnêteté intellectuelle, mais la gazette explique ça de manière plus littéraire et même un tantinet dramatique, se donnant une allure quasi-héroïque : « aller à leur contact, les regarder droit dans les yeux, jusqu’à interroger leur leader actuel [Tom Van Grieken] en dérogeant aux habitudes de la presse francophone. Ne pas se donner bonne conscience en préférant ne pas voir et ne pas entendre. Brasser la matière. Enfiler les pourquoi, malgré la peur et l’aversion » !

     

    Mais que vient faire Léon Degrelle dans cette prétendue « analyse » du nationalisme flamand ? Mystère. Car ce n’est que fugacement que sa figure est évoquée dans le magazine.

     

    « Qu’est-ce qui faisait la force de Léon Degrelle ? Sa capacité oratoire. Ce type bouleversait les foules » (Marcel Cheron, un ancien écolo invité en compagnie de Geysels, p. 40).

    « Côté francophone, pas ou peu de présence [de l’extrême droite], localement et par éclipses. Tout y concourt : pas de leader (il faut remonter à l’avant-guerre, à Léon Degrelle) ; pas de parti organisé […] » (Paul Piret, ancien journaliste de Vers l’Avenir [attention de ne pas confondre avec le titre de l’hymne chanté par les rexistes à l’issue des meetings degrelliens !], p. 42).

     

    Ce n’est que dans l’article proposant de réparer l’injustice du tabou wallon sur la collaboration que l’évocation se fait plus détaillée. Cela fournira le prétexte pour évoquer « le roman noir des Wallons qui ont “fait avec les Boches” » (mais sans relayer les outrancières accusations de génocide portées par la télévision belge francophone, voir ce blog au 30 novembre 2019).

     

    L’occasion aussi de retomber dans la bonne vieille caricature, toute en habituelle et confortable raillerie :

    « Il fallait le voir, Léon, le beau Léon, déposer des bises sur les joues de ses anciens camarades du front de l’Est. Des hommes d’un âge avancé, souvent chauves. Des pères, des grands-pères, d’apparence on ne peut plus commune, droits comme des baïonnettes, attendant avec émotion leur tour pour une accolade privilégiée avec le patron. Filmées au caméscope en 1984 à Malaga, ces retrouvailles andalouses d’une grosse centaine d’anciens combattants de la 28e division SS “Wallonie” ont la couleur unique des réunions de famille. Les convives font cercle autour du patriarche, Léon Degrelle, l’homme de Bouillon, le fondateur de Rex, le suppôt d’Hitler. Les étreintes et les sourires matérialisent, en images, un fait historique souvent tu : la Wallonie connut d’autres réalités que la gloire de la résistance. »

     

    Palma Majorque 1989 06 12.jpg

    Le 12 juin 1989 a marqué une date de joie ineffable dans la vie des anciens Bourguignons de la Légion Wallonie qui firent le voyage de Palma de Majorque : c’est là qu’avec émotion leur Chef Léon Degrelle, dernier Commandeur de la Sturmbrigade devenue Division Wallonie, put les revoir une ultime fois. Une médaille commémorative fut frappée pour l’occasion (sur fond rouge pour les Légionnaires, sur fond bleu pour la famille et les amis), reprenant l’insigne rexiste créé au printemps 1941 « Bravoure-Honneur-Fidélité » : le 16 octobre 1944, les Bourguignons furent autorisés par le Reichsführer Heinrich Himmler à le porter sur leur uniforme SS.

    Palma Majorque LD+Vermeire.jpg

     

    Il est de toute évidence encore prématuré pour qu’une publication telle que Wilfried puisse reconnaître que la Wallonie s’honora bien davantage de la réelle gloire militaire gagnée par l’héroïsme des Légionnaires wallons au Front de l’Est, cités à d’innombrables reprises à l’ordre du jour de l’armée et décorés des plus hautes distinctions militaires (dont trois chevaliers de la Croix de Fer : Léon Gillis, Jacques Leroy et Léon Degrelle, ce dernier étant l’un des huit titulaires étrangers des Feuilles de Chêne, l’un des 631 récipiendaires de l’Agrafe en or des Combats rapprochés, et le seul à avoir reçu ces décorations des mains mêmes du Chef de toutes les armées du Reich, Adolf Hitler, l’ayant fait venir à deux reprises en son Quartier-Général à bord de son avion personnel) !

     

    On pourrait certes sourire à l’évocation de cette réunion d’ « anciens combattants » pareille à tant d’autres, sauf que celle-ci, rassemblant les survivants du « mauvais côté », celui des vaincus, est historique car unique. Corrigeons donc les infos erronées de Wilfried (même si c’est le cadet de ses soucis).

     

    Cette rencontre exceptionnelle entre le Commandeur Léon Degrelle et une cinquantaine de ses courageux Bourguignons se tint en réalité le 12 juin 1989 à Palma de Majorque, dans la vaste propriété de l’ancien SS-Hauptsturmführer Jean Vermeire, organisateur de l’événement (à la gauche de Léon Degrelle, sur la photo du bas). On ne célébrait certes pas anticipativement le 45e anniversaire de la défaite de 1945 qui marqua la ruine de tous les empires européens ainsi que le déclin de l’homme blanc. Ces derniers survivants de la croisade pour l’Europe nouvelle, sa culture et sa civilisation entendaient plutôt honorer le centenaire de celui qui, acculé par les puissances de l’argent, appela au sursaut, ultime mais infortuné, des dernières forces vives de nos vieux pays.

     

    En fait, l’évocation de la figure emblématique de Léon Degrelle par Wilfried n’a d’autre rôle que d’attirer l’attention du lecteur francophone sur son objectif de déconsidérer les nationalistes flamands qui ne seraient jamais que les héritiers des collaborateurs flamands des nazis.

     

    Le problème étant que le seul Kollaborateur que les francophones connaissent n’est justement pas flamand puisqu’il s’agit de Léon Degrelle, il fallait bien partir de lui, et montrer la différence de la perception qui finit par s'établir entre Flamands et Wallons concernant la collaboration, due aux différences de configuration politique (influence plus déterminante de la gauche communiste et socialiste au sud du pays).

    LD emmitouflé.jpg

    C’est bardé de vaccins (vi)russophages et muni d’un impressionnant équipement de protection (masque FFP1 expérimental, gants antiviraux, combinaison contre les agents infectieux et les poux, cagoule de protection contre les particules à communista-virus,…) que Léon Degrelle affronta l’infection bolchevique au Front de l’Est.

     

    Wilfried concède donc que pour la Flandre, il s’agissait d’ « une occasion pour assouvir son appétit indépendantiste », tandis qu’en Wallonie, Léon Degrelle, pour sa part, n'aurait réussi qu’à ruiner progressivement le rexisme qui ne répondait de toute façon qu’à « un large éventail de frustrations droitières », en « y incorporant idéaux fascistes et antisémites, jusqu’à proclamer, en 1943, l’appartenance de la Wallonie à la “germanité” » (p. 66).

     

    Mais réduire l’engagement rexiste ou légionnaire à des « frustrations droitières » éprouvées par « des commerçants qui ont perdu leurs clients » (voir ce blog au 23 février 2020), c’est la tarte à la crème des calomniateurs en chaussettes des héros offrant leur vie jusqu'aux derniers jours du Reich pour protéger leur peuple de la menace communiste; de même la reconnaissance du caractère germain des Wallons fut-elle bien antérieure à 1943 (voir ce blog, par exemple, au 10 décembre 2017 ou au 17 octobre 2018).

     

    Un des intérêts de cette enquête aura pourtant été de montrer l’inanité des récriminations des nationalistes linguistiques enrageant que la collaboration flamande soit toujours montée en épingle alors que la wallonne est passée sous silence, quasiment considérée comme un tabou (voir ce blog au 6 juillet 2019 et au 23 février 2020). Wilfried souligne en effet qu’en Wallonie, les comptes ont été réglés cruellement et de manière autrement expéditive qu’en Flandre : « En Wallonie, le collabo, dès la fin 1943, est considéré comme un paria, un traître abominable à abattre au coin d’une rue » (p. 67, voir à ce propos le témoignage de Victor Matthys sur ce blog au 7 juin 2018: c'est en réalité dès juin 1941, à la rupture du pacte germano-soviétique, que le parti communiste entreprit de faire régner un climat de guerre civile dans les pays occupés). Par la suite, le silence sur le sujet n’aurait reflété qu’une indifférence justifiée…

     

    En Flandre, par contre, « au sortir de la guerre, nombre de Flamands issus des zwarte nesten (les nids noirs, comme on appelle en néerlandais les familles de collaborateurs) pourront être absorbés, sans que cela fasse trop de vagues, par le CVP, le parti social-chrétien des futurs [Premiers ministres] Eyskens, Martens et Dehaene » (p. 67).

     

    Et Wilfried de s’efforcer de documenter cette sévérité de la répression wallonne, tout en se heurtant pour ce faire non seulement à la mort des survivants, mais aussi au silence tout aussi puissant de la honte sociale qui continue de régner dans leurs familles : il existe bien « un rapport mémoriel à la collaboration différent entre nord et sud du pays ».

     

    Esneux.jpg

    En 1944, à Esneux, les résistants s’adonnent à leur occupation favorite : tondre les femmes trop belles, trop riches, trop distinguées pour eux… Ou qui eurent le tort de refuser leurs avances. (Wilfried, p. 77).

     

    C’est ainsi que les carabiniers d’Offenbach travaillant pour le compte du CEGESOMA avaient voulu enquêter (tellement tardivement !) sur « la transmission du récit dans les familles concernées par la collaboration […]. Nos collègues néerlandophones ont trouvé très facilement. Côté francophone, on a galéré comme pas possible […]. Contrairement à nos collègues néerlandophones, les gens qui répondaient à notre appel étaient très majoritairement des baby-boomers. Des enfants d’après la guerre. Nés quand les parents sont sortis de prison. On était confrontés à des personnes effrayées, honteuses. Ils ressentaient une angoisse, une peur par rapport à ce passé. Avec l’impression de ne pas pouvoir en parler » (p. 68).

     

    Voilà qui –au-delà de la non-publication du seul témoignage reçu (le nôtre ! voir ce blog au 18 février 2020)– explique aussi l’insuccès de l’appel de l’hebdomadaire flamand ‘t Pallieterke aux témoignages wallons sur la répression (voir ce blog au 6 juillet 2019).

     

    En attendant, Wilfried a pu rapporter quelques rares témoignages qui, toujours, vont dans le sens du lynchage bestial. Même en cas de « procès judiciaire », il fallait qu’il y ait flétrissure morale : « L’étude des procès des condamnées à mort par la justice belge après 1945 confirme que les accusations d’incivisme et d’infractions pénales sont inséparables, dans le cas des femmes, d’accusations morales. Diabolisées ou infantilisées, les inciviques sont aussi des perverses, des dangereuses et des intrigantes. » (p. 79).

     

    • « Prenons ce garde-chasse de Gembes, dans la commune voisine de Daverdisse. Il avait, sous la contrainte, organisé des traques de gibier pour le compte des Allemands. Sa fille de seize ans aurait, quant à elle, entretenu des rapports sexuels avec l’occupant. “Des résistants ont arrêté le garde-chasse et sa fille, ils les ont mis à la limite de deux communes, pour que les Allemands ne sachent pas dans laquelle se venger, et ils les ont tués. La fille et le père. Abattus froidement puis exhibés. » (p. 71)

     

    • « [La sœur de la grand-mère de Julie] âgée de 16 ans, vivant dans un village proche de la frontière française, elle s’était amourachée d’un soldat rexiste, probablement membre de la 28e division SS Wallonie […].On ne sait pas ce qu’il advint du jeune homme en question. L’adolescente, elle, prendra la Libération en plein visage : violée par des résistants, elle sera forcée à danser, croix gammée sur le dos, autour d’un feu de joie nourri du mobilier familial. La famille fuira le village jusqu’en terre bruxelloises, et l’on n’en parla plus. » (p. 72)

     

    • « On tond sans raison précise, ou pour les raisons les plus diverses. On tond “par contagion”. A Wavre, des femmes âgées sont tondues et forcées d’avaler leurs cheveux. A Villers-la-Ville, on tond les femmes de fermiers soupçonnés de s’être un peu trop enrichis. On tond les filles de cuisine du champ d’aviation de Beauvechain, employées par la Luftwaffe. A Arlon, on tond devant la gendarmerie. A Bertrix, devant la gare. A Durbuy, sur les marches de l’église. A Huy, six femmes entièrement dénudées sont tondues et contrainte de faire le salut hitlérien devant la foule. On tond des vieilles, des jeunes, quelques hommes à l’occasion, comme à Wervicq, près de la frontière française. » (p. 78)

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    Arrestation de « collaboratrices » à Mont-sur-Marchienne, en septembre 1944. Une de ces malheureuses, décrétée sans autre forme de procès « de mauvaise vie », a déjà été tondue. (Wilfried, p. 78)

     

    Wilfried souligne également, en ce qui concerne les différences d’approche de la collaboration en Flandre et en Wallonie, l’accueil systématiquement hystérique fait en communauté française aux multiples propositions de loi sur une amnistie que la Belgique est seule en Europe à avoir toujours refusée : « en Wallonie, la stigmatisation sans nuance des collaborateurs a disqualifié toute idée de pardon ou d’amnistie. » (p. 73).

     

    Et de rappeler l’attitude  inattendue –et donc singulièrement courageuse– de l’ancien ministre (socialiste) de la Justice Philippe Moureaux : « Retiré de la vie politique [depuis son échec aux élections communales de 2012 et les révélations sur la gestion économique et sociale désastreuse de sa commune ainsi que sa responsabilité dans le développement de la radicalisation islamiste à Molenbeek], ce dernier avait confié au Vif/L’Express [du 23 octobre 2014] avoir pratiqué, quand il était ministre de la Justice, de nombreuses mini-amnisties en régularisant les dossiers d’anciens collaborateurs. “Je disais aux conseillers de mon cabinet : surtout il ne faut pas que ça se sache. Je n’ai pas eu le courage d’assumer cette position. C’était de toute façon inaudible à l’époque, et ça l’est encore largement aujourd’hui. […] Il y a une grande faute de la société belge de ne pas avoir réussi à tourner la page. Amnistie, c’est un mot tout à fait recevable.” A l’époque, tous les dirigeants du PS avaient vertement condamné les propos de Philippe Moureaux. Comme si le Molenbeekois avait profané le sacré » (p. 73).

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    Philippe Moureaux, auteur de la loi belge « antiraciste », est ici caricaturé par Alidor (le « Jam » de Rex) en 1993 sous les traits hergéens de l’Agent 15 prêt à se verbaliser sous les traits de Flupke en train de peindre un slogan anti-flamand. La même schizophrénie dut affliger le ministre de la Justice amnistiant d’anciens Légionnaires et autres collaborateurs, tout en fulminant contre « les idées abominables qui ont mené à la catastrophe que l’on sait » (Le Vif, 23 octobre 2014).

     

    Nous craignons malheureusement que le magazine, aveuglé par son idéologie, ne tire pas les bonnes conclusions de son enquête sur les origines et les conséquences de la collaboration, même si son approche de la répression marque une singulière évolution (qui ne plaira sans doute pas à tous ses coreligionnaires).

     

    L’erreur est bien évidemment de poser le postulat que le nationalisme, ou le « fascisme », ou  l’ « extrême droite », ou tout ce que le politiquement correct y assimile, est une contagion, un virus néfaste, une peste et de ne pas voir qu’il est au contraire la seule réponse efficace au virus et à la peste de la société hypercapitaliste, servie de concert par la finance anonyme et l’internationalisme pseudo-socialiste.

     

    Sans doute est-il amusant, à propos de la pandémie du covid-19, d’évoquer le roman La Peste d’Albert Camus et d’y associer les sondages actuellement favorables au Vlaams Belang. Mais il aurait été bien plus pertinent de se rendre compte que la menace du coronavirus a mis en pleine lumière la perversité de l’idéologie mondialiste préconisant un gouvernement universel au seul service du capitalisme apatride. Alors que tout le monde a bien dû constater que, pour répondre efficacement à cette menace, il fallait restaurer les frontières nationales afin de contrôler les mouvements de populations, recouvrer sa souveraineté afin de protéger ses intérêts vitaux (en rapatriant, par exemple, les industries essentielles à la santé ou l’alimentation), réaffirmer la primauté du politique sur l’économique, c’est-à-dire du service et de la défense du peuple par rapport aux intérêts particuliers de la caste universaliste…

     

    Qui ne peut voir que tels étaient les objectifs de Léon Degrelle en proposant à son peuple une indispensable et salvatrice révolution des âmes, en organisant son offensive salutaire contre les banksters de la collusion politico-financière et en se lançant à corps perdu dans la croisade pour une Europe nouvelle libérée du bolchevisme international et de l’usure sans frontières ni limites ?

     

    Korbo Globaliser.jpgS’hypnotiser sur « le concept de cordon sanitaire » censé « éviter une contamination du reste du monde politique » revient à s’aveugler sur les vrais problèmes. D’autres en parlent certes mieux que nous. Aussi vous proposons-nous cette analyse, courte et lucide, de Michel Onfray, essayiste certes plus proche des cercles de Wilfried que des nôtres.

     

    « Le projet d’Europe de Jean Monnet, issu de la CIA, voulu par tous les hommes d’Etat au pouvoir depuis Mitterrand, en 1981, suppose des choses précises : supprimer la souveraineté nationale, détruire le pouvoir de l’Etat, afin de rayer de la carte la nation française et la République, obtenir ainsi une Europe que je dis “maastrichtienne”, qui fonctionne comme le premier rouage d’une machine qui entend produire à terme un Etat universel avec un gouvernement planétaire qui économiserait les peuples et imposerait, sur le principe saint-simonien, un gouvernement dit “de techniciens”, qui serait en fait celui du capitalisme planétaire. [Jacques] Attali a vanté les mérites des pandémies sous prétexte qu’elles contribueraient à rendre l’idée d’un gouvernement planétaire acceptable pour le commun des mortels. Je crains que, sur ce sujet comme sur le reste, Attali se trompe et que pareille pandémie démontre plutôt le contraire, à savoir la nécessité d’un retour de l’Etat protecteur, qui ferme les frontières, décide, active la police et l’armée pour imposer ses décisions : c’est le retour du souverainisme qui s’impose et non l’avènement du mondialisme. Le virus est mondialisé, mais la riposte médicale s’avère souverainiste : le mal est identifiable, le bien aussi. » (Valeurs actuelles, 26 mars 2020, p. 22).

     

    « Chercher à comprendre, sans relâche », comme l’affirme l’éditorialiste de Wilfried, c’est bien, mais en refusant de voir les évidences, c’est se condamner à « n’y voir plus rien, [même et surtout en gardant] les yeux ouverts dans le noir » !...

     

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