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  • Degrelle – Hergé, même combat ! (5)

    Le Sceptre d’Ottokar

    Il ne manque pas, dans l’œuvre de Hergé –surtout dans Quick et Flupke–, de dessins caricaturant Mussolini ou Hitler (ainsi d’ailleurs que n’importe quel dirigeant politique français ou britannique : voir, par exemple, Tintin mon copain, p. 34). Mais c’est surtout Le Sceptre d’Ottokar, (publié dans Le Petit Vingtième dans les années critiques 1938-1939) que l’on brandit pour prouver l’incompatibilité entre Hergé et le nazisme : le conflit borduro-syldave évoque l’Anschluss, les Bordures se servent d’avions « nazis » Heinkel HE 118 et le méchant chef de la Garde d’Acier (démarquage de la Garde de fer du « fasciste » roumain Codreanu) s’appelle Müsstler, nom associant Mussolini et Hitler : pouvait-on faire plus antinazi, et ce, en pleine « drôle de guerre » ?

     

    On ne peut certes que constater que les vilains Bordures ressemblent à des nazis : « à l’époque, c’est bien entendu l’Allemagne qui était visée », déclare Hergé à Numa Sadoul (Tintin et moi, p. 129). En cela, Hergé manifeste simplement qu’il est aussi le produit de son époque et de la société dans laquelle il vit. Société dont les opinions sont bien sûr également modelées par la presse qu’elle lit. Et à cette époque, la presse (y compris catholique) était unanimement aussi bien antihitlérienne qu’antibolchevique. Degrelle lui-même avait consacré un numéro spécial de Soirées contre Hitler dès le 12 mai 1933. Et par la suite, son hebdomadaire a continué d’éreinter le Führer et son régime pendant une grande partie de 1934 et 1935 (20 juillet 1934 : « La terreur hitlérienne, reportage hallucinant »)… Il faudra attendre l’entrevue avec Hitler du 26 septembre 1936 pour que le Degrelle de Prière à Notre-Dame de la Sagesse ne voie plus guère d’incompatibilité avec le Hitler de Mein Kampf avant de devenir définitivement le Degrelle de Hitler pour mille ans !

     

    32 Soirées 1933 05 12.jpegPremier numéro spécial de Soirées sur Adolf Hitler, peu après son accession au pouvoir. Un an plus tard, le ton sera beaucoup plus agressif. Après la défense désespérée de la politique de neutralité face à l’Allemagne et aux alliés franco-britanniques, l’hostilité au régime national-socialiste culminera lors de l’invasion. Le Pays réel titrera en grandes capitales sur toute sa première page, encadrant un grand portrait du roi Léopold III : « Un crime. L’Allemagne attaque la Belgique. […] Rex au service de la Belgique. […] Vive la Belgique ! Vive le Roi ! Vive Léon Degrelle ! » A ce moment, le député Léon Degrelle était déjà incarcéré et soumis à l’arbitraire de la Sûreté de l’Etat belge (voir ce blog aux 30 avril et 6 mai 2017)…

     

    Et si Hergé n’alla peut-être pas si loin, remarquons néanmoins que la détestation unanime de la presse de l’époque manifestée pour Hitler et le national-socialisme ne l’empêcha pas, à la même époque que le Sceptre d’Ottokar, de critiquer le refus des offres de paix de Hitler dans des planches spectaculaires où Flupke montant la garde à la frontière est remplacé par un sourd-muet pour rendre inaudibles et inefficaces les propos amicaux d’un Führer qui s’en repart découragé, ni de publier, en 1939, la série antibelliciste de Monsieur Bellum (voir Tintin mon copain, pp. 58 et 60-62)… A ce propos, nous ne pouvons passer sous silence l’interprétation délibérément mensongère de celui qui se présente comme un « hergéologue distingué », Philippe Goddin, larbin en chef de la Fondation Hergé, chargé du lissage politiquement correct de l’image de Hergé. Contre toute vraisemblance, il n’hésite pas à présenter cette planche destinée à l’hebdomadaire Vers le Vrai de son ami d’enfance Julien De Proft (condamné à deux ans de prison par les tribunaux d’épuration) comme un acte hostile à Hitler : « Un vétéran belge de la Grande Guerre juge plus prudent de remplacer son jeune compatriote, qui n’est autre que Flupke, par un sourd-muet, moins exposé à la propagande de cet inquiétant Führer » (Philippe Goddin, Hergé, Lignes de vie, p. 197 ; ce tricheur multipliera ainsi les contresens en réinterprétant tous les engagements de Hergé pour s’efforcer de les désamorcer, ainsi, par exemple, du sens pourtant limpide de L’Etoile mystérieuse, p. 292 : «Certains iront jusqu'à assimiler la bannière étoilée du Peary à un gage donné aux Allemands. Une vue contestable [...]. Le gouvernement des Etats-Unis n'est impliqué ni de près ni de loin dans l'histoire. »).

     

    Mais revenons au Sceptre d’Ottokar pour y découvrir que ce n’est pas tant l’essence du national-socialisme qui y est dénoncée (dont le culte de la beauté et de la nature eût dû séduire Hergé), mais plutôt les emblèmes, organisations, saluts,… si faciles à caricaturer. Et d’ailleurs, nous affirmons que ce faisant, Hergé dénonce tous les « régimes aveuglément dictatoriaux » mis dans le même sac : « La Bordurie est clairement un régime fasciste [mais] la Bordurie est tout simplement un état policier, c’est tout. Et je suis contre les états policiers, point » explique-t-il aux journalistes de Humo (11 janvier 1973, p. 21). C’est d’ailleurs ainsi qu’il faudrait lire le nom du despote Müsstler un peu autrement que le précise Hergé à qui on reproche à ce moment ses prises de positions anticommunistes : Müs-st-ler, pour Mussolini, Staline et Hitler. Hergé cherche en effet alors à se dédouaner dans ses interviews à Humo ou à Numa Sadoul : « le mauvais du Sceptre d’Ottokar ne s’appelle-t-il pas Müsstler, combinaison évidente de Mussolini-Hitler ? » (Numa Sadoul, Tintin et moi, p. 129). Mais dans son interview aux néerlandais Heinemans et Van Impe, il supprimera encore un dictateur, rendant complètement caduc son jeu de mots : « Mon “Müsstler” dans Le Sceptre d’Ottokar , c’est Mussolini » (Elsevier, 22 décembre 1973, p. 155)…

     

    De même qu’on fait toujours semblant d’oublier que si la Garde d’Acier évoque sans doute la Garde de Fer –le mouvement nationaliste roumain–, son antenne syldave, le ZZRK, porte, elle, un nom aux relents bien soviétiques : Zyldav Zentral Revolutzionär Komitzät ! Quelque dix ans après la guerre, dans l’Affaire Tournesol, la Bordurie sera d’ailleurs clairement identifiée à un état stalinien, avec les moustaches du Petit père des peuples comme emblème national.

     

    Parlant de son essence, il faut bien convenir que le national-socialisme est avant tout une éthique de vie et même une esthétique de vie où le destin personnel ne s’accomplit qu’en communion avec et pour les siens. À partir de là, on comprend mieux la démarche de Hergé : son opposition au régime bordure qui a des allures nazies dans Le Sceptre d’Ottokar alors qu’il devient plus clairement soviétique dans L’Affaire Tournesol, ressortit davantage à la dénonciation de toute dictature imbécile où ne peuvent exister ni épanouissement individuel ni justice sociale (voir, dans la conclusion Comment rester Tintin sans Léon Degrelle, ce que Hergé illustrera dans les Picaros). C’est également ce qu’avait manifestement compris la censure allemande lorsqu’elle signifia à l’auteur du Sceptre qu’elle avait bien saisi ses intentions profondes (voir plus loin le sujet La tragédie de la « libération »).

     

    Le gommage des traits antisémites

    À l’appui de la rupture radicale qu’aurait opérée Hergé avec ses « péchés de jeunesse », on a relevé con amore la saga impressionnante des « corrections » supprimant les gags mettant en scène des juifs, changeant les noms à consonance sémitique, réécrivant, redessinant ou modifiant tout ce qui pourrait encore donner prise à l’infamante accusation de racisme (voir Tintin mon copain, pp. 150 sv.). Cette course au politiquement correct rendant toujours plus incolores, inodores et insipides les aventures de Tintin a cependant souffert deux exceptions notables.

     

    La première concerne l’absence de suppression (ou de correction) d’une caricature antisémite évidente. Il s’agit d’un dessin de L’Oreille cassée (voir Tintin mon copain, p. 81) où on voit le boutiquier d’un magasin de brocante présenter toutes les caractéristiques caricaturales du juif : nez crochu, dos voûté, barbe, calotte, lorgnons et les mains qui se frottent de plaisir à la perspective d’une bonne affaire (sans parler de l’accent yiddish : « Ah, voui !... »). Ce juif-ci est resté inexplicablement intact, depuis sa première publication dans Le Petit Vingtième, le 21 janvier 1937, jusqu’à ses plus récents tirages d’aujourd’hui !

     

    33 LD T-shirt Tintin Copain.jpgAutre exception, d’un tout autre genre puisqu’il s’agit d’une création originale, véritable « hyperbolisation » du trait juif le plus brocardé, –l’imposante protubérance nasale !–, présentée en une hilarante séquence au second degré et qui nuance de manière surprenante cette autocensure que l’on croyait devenue automatique chez le Hergé d’après-guerre.

     

    Il s’agit du fameux épisode du « nasique » de Vol 714 pour Sidney (p. 42), publié en 1967. On y voit les « méchants » Allan et Rastapopoulos en embuscade dans la forêt indonésienne et surpris par un singe au gros nez mou, le nasique. Effrayé, le singe s’enfuit sous les sarcasmes d’Allan : « Oh ! un… truc, un… chose, un… un nasique ! C’est ça, un nasique !...Ha ! ha !... Regardez-le détaler comme un lapin ! Quel pif !... Non mais, quel pif !... vous avez vu ce pif ?!... Il me rappelle vaguement quelqu’un… Mais qui ?... » A ce moment, Allan, décomposé, croise le regard furieux de Rastapopoulos avec son gros nez sémitique !

     

    Mais Rastapopoulos est-il juif ? Certains ont prétendu que l’affairiste grec Aristote Onassis lui aurait servi de modèle, au moins dans cette aventure de Tintin où il reçoit sur son yacht luxueux la cantatrice Bianca Castafiore, tel Onassis invitant la « jet-set » internationale à bord du somptueux Christina, avec surtout une certaine Maria Callas…

     

    D’autres insistent sur une lettre de 1973 dans laquelle Hergé présente son personnage comme suit : « Rastapopoulos ne représente exactement personne en particulier. Tout est parti d'un nom, nom qui m'avait été suggéré par un ami ; et tout s'est articulé autour de ce nom. Rastapopoulos, pour moi, est plus ou moins grec levantin (sans plus de précision), de toute façon apatride, c'est-à-dire (de mon point de vue à l'époque) sans foi ni loi ! ... Un détail encore : il n'est pas juif ! » (Benoît Peeters, Hergé, fils de Tintin, p. 105)

     

    Le « détail » a son importance car il contredit tout ce qui précède et qui caractérise traditionnellement le juif dans la caricature : apatride, sans foi ni loi… La parenthèse « (sans plus de précision) » qui s’applique à « grec levantin » empêche de préciser qui le terme « levantin » désigne. C’est-à-dire la population non musulmane de l’Empire ottoman, principalement juive. Et levantin juif n’exclut bien sûr pas d’être « plus ou moins » d’origine grecque (comme Onassis, originaire de Smyrne !)… D’où la nécessité du détail rédempteur : « il n’est pas juif ! »

     

    On le voit : cette explication de Hergé sent l’embrouille, et pour cause : il s’agit d’une réponse (10 novembre 1973) au courrier d’un lecteur de l’hebdomadaire Tintin (Benoît Peeters, Hergé, fils de Tintin, p. 105, n. 1). Passé maître, depuis l’épuration de 1945, dans l’art du camouflage, Hergé a l’habitude de noyer le poisson, comme lorsqu’il répond, en 1961, à un autre lecteur qui lui demandait « Comment vous voyiez-vous il y a 15 ans ? » , c’est-à-dire en 1946 : « Conscient de l’importance de la question, je désire que nos lecteurs profitent de l’expérience que j’ai acquise dans ce domaine. Pour me voir, j’ai toujours utilisé, il y a quinze ans comme aujourd’hui, et avec d’excellents résultats, un appareil extrêmement ingénieux qu’on nomme “miroir” » ! (Tintin mon copain, p. 177)

     

    34 Vroylande Contes.jpgBien qu’il fût illustré par de magnifiques dessins de Hergé, ce recueil de Fables de Robert de Vroylande (Styx, 1941) ne connut jamais de réédition (à part un fac-simile en trente exemplaires publié par l’Association des Amis de Hergé du Canton de Vaud, en 2005). Et ce, à cause du seul conte Les deux juifs et leur pari décrété antisémite. Rappelons que le très catholique Robert du Bois de Vroylande, après avoir été rédacteur en chef de Rex en 1934-35, rompit avec Léon Degrelle engagé contre les « banksters » du Parti catholique et fit paraître en 1936 les pamphlets rageusement impuissants Quand Rex était petit et Léon Degrelle pourri. Du coup, la bien-pensance d’aujourd’hui n’hésite pas à imputer de manière diffamatoire à Léon Degrelle l’arrestation, la déportation et la mort en camp de concentration allemand en 1944 de l’opposant Robert du Bois de Vroylande, décoré de la Croix du Prisonnier politique à titre posthume…

     

    Pour autant, jamais Hergé n’avait mis en évidence avec une telle insistance le trait physique juif le plus caricaturé : son nez ! Et il le fait par un gag le comparant à l’appendice d’un primate ! Est-ce pour exonérer Rastapopoulos de sa judéité ? On nous permettra d’en douter car l’animal est justement un « nazi-que » : le nom seul, par antiphrase, suffit à évoquer le juif ! Et il est d’ailleurs plus que probable que ce soit le nom même de l’animal (qu’Allan prend soin de répéter à son « patron ») qui a inspiré cette séquence du plus haut comique !

     

    À l’appui de cette conviction, rappelons que, lorsqu’il faisait parler des étrangers fantaisistes (Syldaves, Arumbayas,…) ou lorsqu’il donnait des noms de fantaisie à ses héros: l’émir Ben Kalish Ezab [jus de réglisse] ou le cheikh Bab El Ehr [radoteur] dans Tintin au pays de l’or noir, Endaddine Akass [et ça dans ta caisse] dans Tintin et l’Alph-Art, etc., Hergé utilisait le marollien, dialecte bruxellois uniquement compréhensible par ses lecteurs de la capitale belge. Et, en flamand de Bruxelles, « Nazike » signifie « petit nazi » (à propos du marollien dans l’œuvre de Hergé, voir aussi Tintin mon copain, p. 6)…

     

    Qu’on nous permette enfin de préciser que les traits sémitiques de Rastapopoulos soulignés dans cette séquence au second degré sont comme par hasard associés à un redoutable bankster (président d’une hollywoodienne Cosmos Pictures dans Les Cigares du Pharaon, trafiquant d’opium dans Le Lotus bleu, trafiquant d’armes et d’esclaves dans Coke en Stock, etc.) : dans Vol 714 pour Sydney, ce redoutable chef de gang, gêné « de ne plus être milliardaire », a décidé d’enlever « un célèbre milliardaire », trouvant « plus simple et plus rapide de prendre une partie » de sa fortune… (pp. 3 et 20).

     

    Pareille association est d’ailleurs récurrente dans l’œuvre de Hergé qui, dès Tintin au Congo, y pourfend systématiquement l’impérialisme américain, à l’instar d’un certain Léon Degrelle. L’identification des dirigeants de banques ou de multinationales américaines avec des personnages sémitiques culminera, comme chacun sait, dans L’Etoile mystérieuse où Tintin, mandaté par le « Fonds Européen de Recherches Scientifiques » mettra en échec les manœuvres de la banque américaine Blumenstein/Bohlewinkel (lire le chapitre « L’ennemi : l’impérialisme américain », in Cristeros, pp. 70-75).

     

    Nous conclurons ce chapitre en rappelant la réponse de Hergé aux accusations récurrentes de racisme et d’antisémitisme : « Quand est-ce qu’on va enfin bien vouloir voir ce que le plus petit enfant voit : que tous ces albums sont, de a à z, des caricatures. Les Noirs et les Jaunes et les Peaux-rouges et les Juifs et les Arabes ont tous des traits exagérés et sont laids à faire peur, d’accord. Mais regardez un peu aussi les figures de Blancs : ils n’ont quand même pas l’air plus beaux pour un poil ! Et alors, on me fout dans les pattes que les méchants de l’histoire sont noirs ou juifs ou n’importe quoi. Mais sacrebleu ! Qu’ils comptent une fois combien de mauvais blancs se baladent dans les albums de Tintin ! Rastapopoulos, c’est un brave homme, sans doute ? Et le colonel Boris, Dawson, les frères Loiseau, Miller, le docteur Müller, Allan Thompson, Alfred Halambique, Bohlwinkel et tant d’autres : tous de braves blancs sans doute ? Dans mes histoires, je ne m’intéresse pas aux races, mais aux gens. Comment est-ce que Tintin pourrait vivre une aventure à l’étranger si n’y habitaient pas des gens de l’endroit ? Ces types voudraient peut-être que l’Amérique du Sud ou l’Inde soit remplie de Blancs ? Je trouve toutes ces insinuations parfaitement dégoûtantes ! » (Humo, 11 janvier 1973, p. 24).

     

    Nous remarquerons, au passage, la candeur de Hergé qui évacue l’accusation d’antisémitisme en rangeant simplement les « méchants juifs » parmi les « méchants blancs »… Comme si cela allait suffire aux censeurs de l’inexpiable !

     

     A suivre

     

     

  • Une nouvelle farce du CEGESOMA et du SoirMag !

    Sacré Degrelle ! il est allé se faire voir chez les SS au Front de l’Est !...

     

    Soir .mag. 1.jpegNouvelle opération "récup de lecteurs" avec photo de Léon Degrelle en couverture : le 14 octobre dernier, le SoirMag a prétexté le 80e anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale pour un improbable "dossier" sur Les collabos belges.

    Le clou de cet article ? La publication d'une photo du défilé célébrant à Bruxelles, le 1er avril 1944, la percée victorieuse de Tcherkassy avec une légende prétendant que Léon Degrelle, en grand uniforme de SS-Sturmbannführer (major et non capitaine !), arborant toutes ses décorations, dont la cravate de Chevalier de la Croix de Fer reçue des mains mêmes d’Adolf Hitler, saluerait le départ des Légionnaires wallons… pour la Waffen SS, le 8 août 1941 !!!

     

    Rappelons, pour ceux qui l’ignoreraient encore, que Léon Degrelle, refusant tout grade de complaisance (les chefs politiques flamands et français s’engageant dans la Croisade antibolchevique furent nommés "officiers assimilés"), est parti avec ses Légionnaires comme simple soldat et n’a dû ses promotions et décorations militaires qu’à son courage et ses actions d’éclat dans les combats du Front de l’Est (le passage à la SS date du 1er juin 1943).

     

    Pourtant, l’article bénéficiait de la collaboration (si l’on ose dire) du toujours sérieux et compétent CEGESOMA… Le fleuron de cette société qui remplace allègrement le scrupule historique par le politiquement correct, Alain Colignon, y va d’ailleurs à son tour d’une "analyse" tout aussi farce (mais qui sera sans doute gobée telle quelle par les lecteurs crédules et confiants) : « se faire bien voir des Allemands, espérant se faire récompenser après la guerre, en se voyant installés au pouvoir à la tête de notre pays. Ça, c’est la posture de Degrelle. »

     

    A la place de Léon, s'il ne s'agissait que de se "faire bien voir", on n’aurait sans doute pas choisi d’aller se promener là où on risquait d’être tué à tout moment (la baraka n'était tout de même pas un droit acquis !). Quitte à ne pas voir sa "posture" sur la cheminée de la Chancellerie...

    (Pour ceux qui ne parlent pas le "belge", une posture est une petite statue, une figurine décorative pour le buffet ou la cheminée du salon).

    Soir.mag. 2.jpeg

  • Degrelle – Hergé, même combat ! (4)

    Hergé antinazi ?

    Il y aurait de nombreux éléments démontrant la volonté de Hergé de couper les ponts avec Léon Degrelle et tout ce qu’il représente : le rexisme, le nazisme, la collaboration…

     

    L’affaire de « l’affiche »

    C’est un des prétendus « docteurs es tintineries » qui a brandi l’anecdote comme s’il avait découvert le pot-aux-roses des prétentions degrelliennes : si vous voulez vous farcir les élucubrations qu’il élabore sur la « rupture » entre Hergé et Degrelle à partir des documents de première main dont il a pu disposer, lisez Philippe Goddin, Hergé, Lignes de vie, pp. 181 sv. Nous verrons plus loin que le biaisement de l’histoire est une constante chez ce fonctionnaire de la justement universellement décriée Fondation Hergé. Pour le moment, contentons nous de décrypter les faits bruts qui se limitent à une histoire de sous.

     

    En novembre 1932, la Belgique doit renouveler son parlement. Léon Degrelle qui prépare les élections pour le parti catholique (« Rex » n’est pas encore un parti, seulement une maison d’édition relevant de l’Action catholique) rencontre un camarade de l’Université Catholique de Louvain qui avait participé à l’expédition contre l’exposition soviétique de 1928, le baron Adelin van Ypersele de Strihou (dont le neveu Jacques deviendra chef de cabinet des rois Baudouin et Albert II), actif dans le domaine publicitaire (il vient de fonder son agence Vanypeco qui deviendra fameuse après-guerre). Adelin lui aurait vendu (plus tard, il se félicitera d’avoir réalisé là sa toute première opération commerciale) un projet d’affiche de Hergé dont il avait pensé se servir pour l’Union Civique Belge, un mouvement anticommuniste dont il s’occupe. Elle représente « un masque à gaz suggérant une tête de mort, livide, sur fond noir ». Degrelle se montre intéressé, d’autant qu’il connaît « très bien Hergé ».

    26 Hergé Affiche tête mort 2.jpg

    Voici l’affiche que Léon Degrelle donna au Parti Catholique pour les élections législatives de 1932: Hergé souhaitait la retravailler.

     

    Apprenant par hasard cette transaction, Hergé envoie d’urgence une lettre recommandée aux éditions Rex, non pour condamner une utilisation politique à laquelle il serait opposé, mais pour y mettre la seule condition de ne pas l’éditer « sans avoir été revue, achevée et mise au point par moi ». Ce qui ne témoigne d’aucune hostilité envers Léon Degrelle, mais au contraire d’un louable scrupule d’artiste et d’une juste volonté de voir ses droits d’auteur respectés. Pris dans l’urgence des élections, Degrelle ne réagit pas jusqu’au moment où Hergé, vexé, confie l’affaire à son avocat, qui ne proteste auprès des éditions Rex que… huit jours calendrier après les élections ! Degrelle répond immédiatement, par retour de courrier, pour essayer de clarifier la situation : « Nous nous sommes simplement servis d’un projet d’affiche non signé, dont on nous avait fait don » ; la protestation de Hergé est « parvenue trop tard alors que l’exécution du travail était en cours. » Hergé –qui n’a perçu aucune rémunération– résumera la situation comme suit « “M. van Ypersele de Strihou a commis un abus de confiance et c’est contre lui que vous devez vous retourner. Nous, nous nous en lavons les mains” dit M. Degrelle en empochant les bénéfices réalisés par la vente de ces affiches [par les éditions Rex au Parti catholique]. » Finalement (en juin 1933), les éditions Rex verseront une indemnité au Syndicat de la Propriété Artistique, mettant ainsi un terme au litige.

     

    On le voit : pas de quoi prétendre que les ponts sont définitivement coupés entre Hergé et Léon Degrelle, ni surtout d’affirmer qu’il s’agit d’une rupture politique puisqu’il se fût alors agi d’un divorce d’avec le parti catholique (dont Hergé est l’employé via le Vingtième Siècle) ! Il y avait d’ailleurs si peu de rupture politique entre Léon Degrelle et Hergé que, à peine quelques mois plus tard, ce dernier dessinera le titre du « Quotidien rexiste de combat et d’informations » de la maison d’édition Rex devenue mouvement politique : Le Pays réel !

    27 Pays réel Titre.jpg

    Pour revenir encore à cette histoire d’affiche, nous devrons enfin reconnaître, si l’on en croit Numa Sadoul, que Hergé tenait suffisamment à tout ce qui l’avait uni à Léon Degrelle pour conserver en permanence près de lui les reliques de ses relations avec l’auteur de La Guerre scolaire, y compris probablement la fameuse affiche de 1932 : « Une autre nuit, dans l’un des tiroirs privés du secrétariat de Georges, j’ouvris un dossier résumant ses correspondances avec Léon Degrelle et le mouvement fasciste Rex. Il y avait même là un projet d’affiche électorale réalisé par Hergé: un projet assez avancé mais que l’on avait eu la sagesse de renoncer à exécuter. » (Sadoul, p. 15).

     

    Et s’il ne s’agit pas de cette affiche, mais d’un projet plus tardif pour une vraie campagne du mouvement Rex, voilà qui serait encore plus prodigieusement intéressant pour établir les véritables sympathies politiques de celui qui allait rejoindre sans états d’âme l’équipe de ses amis qui devait ressusciter Le Soir.

     

    Rupture Hergé-Degrelle ?

    D’ailleurs, après la guerre, Hergé ne manqua jamais, comme nous l’avons vu, de reconnaître sa dette envers Léon en ce qui concerne l’évolution de sa conception de la BD. Tout comme, nous le verrons plus loin, il rendit un hommage vibrant au courage militaire du Commandeur de la Légion Wallonie.

     

    Aussi coupons immédiatement les ailes au canard de l’aversion hergéenne au rexisme. Tous les biographes ont repris les termes de cette lettre de 1969 à un doctorant de la Sorbonne, Dominique Labesse, où le créateur de Tintin –qui n’est pas, nous l’avons rappelé, sans exprimer sa reconnaissance à Léon Degrelle pour les bandes dessinées envoyées du Mexique– écrit : « Quant à moi, je n’ai jamais “adhéré” ni sentimentalement ni de quelque autre manière au rexisme, que j’ai toujours eu en aversion. »

     

    C’est oublier un peu vite le contexte de cette déclaration faite à un étudiant écrivant une thèse de doctorat sur sa vie et son œuvre (Hergé, étude biographique et littéraire), où l’auteur n’allait tout de même pas se présenter sous les traits on ne peut plus honnis de l’infâme collaborateur. Il suffit d’ailleurs de lire les phrases précédant la profession antirexiste pour se rendre compte que Hergé est en train d’arranger quelque peu l’histoire à son avantage :

    « L’équipe du Soir de guerre dirigé par Raymond de Becker n’était en aucune façon un “groupement rexiste”. De Becker était un antirexiste convaincu, entouré d’antirexistes ou de non-rexistes. Le seul “rexiste” venu au Soir fut le théoricien de ce mouvement, José Streel, précisément au moment de sa rupture avec Le Pays réel, organe du rexisme. Quant à moi… »

     

    En effet, si des liens se détendirent entre Léon Degrelle et l’équipe du Soir et si des ponts furent coupés, ce ne fut jamais qu’après l’incompréhension qui accueillit le fameux discours du 17 janvier 1943 où Léon Degrelle réaffirma la germanité des Wallons (voir ce blog aux 12 mai 2016 et 10 décembre 2017). Hergé n’évoque là qu’une guerre de chapelles, mais prétendre que la rédaction du Soir fût opposée aux thèses rexistes ou, après janvier 1943, eût tourné le dos à l’Ordre nouveau est contraire à la vérité. Rappelons que Raymond de Becker était membre du Conseil politique de Rex, que Jam, le caricaturiste rexiste, dessinait à temps plein pour Le Soir, et que parmi les principaux collaborateurs « rexistes » du quotidien, on pouvait relever Pierre De Ligne, Max Hodeige (ancien journaliste du Pays réel, qui remplaça d’ailleurs à la direction du Soir De Becker après sa démission en 1943) et même Jacques van Melkebeke qui collaborait aussi à l’hebdomadaire rexiste Voilà… (sur la position du Soir pendant la guerre, voir Els De Bens, La Presse quotidienne belge sous la censure allemande (en néerlandais), pp. 333 sv.).

    Légionnaires Palais Sports 17.01-horz.jpg

    C’est le dimanche 17 janvier 1943 que Léon Degrelle prononça son fameux discours où il exalta la « germanité des Wallons ». Il ne faisait en fait que rappeler une thèse qu’il défendait depuis longtemps (notamment lors du discours de départ de la Légion, le 8 août 1941 : voir ce blog aux 10 décembre 2017 et 17 octobre 2018). On voit ici Léon Degrelle à la tribune et une cohorte de Légionnaires faisant son entrée dans le Palais des Sports de Bruxelles, tout auréolés de la gloire de leurs premiers combats (Samara, Gromowaja-Balka, Charkow, Tcherjakov,…).

     

    En fait, l’aversion au rexisme affichée par Hergé ne tient pas tant aux idées, qu’à leur expression dans de grandes manifestations de masse. C’est ce qu’il explique aux journalistes de Humo :

    « – Prendre fait et cause pour une idéologie est à l’opposé de ce que je suis. J’ai vu Degrelle, et les masses qui hurlaient avec enthousiasme. Qu’on ne vienne plus me parler d’idéologie et de grands meneurs de peuples.

    – Vous avez bien connu Degrelle ?

    – Assez bien. Il passait régulièrement au journal pour faire la réclame de Rex. Un homme ambitieux mais par ailleurs fort sympathique. Ce n’est pas pour autant que j’étais rexiste. Je n’aime pas ces grands mouvements populaires. » (Humo, p. 24).

     

    Quand Hergé déclare « Qu’on ne vienne plus me parler d’idéologie et de grands meneurs de peuples », l’expression « Qu’on ne vienne plus me parler… » traduit sa déception face à ce qui a constitué pour lui des évidences lumineuses et des personnages d’importance. Si, aujourd’hui, il ne faut plus lui en parler c’est qu’il leur avait accordé auparavant, au moment de leur crédit populaire, une totale adhésion… qui n’a pu qu’être déçue par leur échec historique et le mépris qui les entoure désormais. Depuis la défaite de 1945, le rexisme est en effet considéré comme un épouvantail et son tribun Léon Degrelle n’est plus qu’un condamné à mort que toute la presse conspue… Hergé doit donc prendre ses distances. Mais il le fait en gardant toujours de la nuance : si Léon Degrelle était « un homme ambitieux », ce qui est somme toute normal pour un politique, il demeurait « par ailleurs assez amusant », ce qui est sans doute le plus important aux yeux du créateur de Tintin, originellement inspiré par le jeune aventurier avec qui il s’était lié au XXe Siècle

     

    Et s’il « n’aime pas ces grands mouvements populaires »« les masses hurlent avec enthousiasme », cela ressortit aussi à son refus de l’embrigadement qui sera sa ligne de conduite dès après la guerre, comme il l’explique à des journalistes néerlandais : « [A propos d’opinions politiques,] je ne pense absolument rien. Je vis dans ce monde, je connais l’histoire, […] Je suis un homme de bonne volonté et je cherche la vérité, mais je ne l’ai pas encore trouvée. Et si, en tant que dessinateur de bandes dessinées, j’ai jamais émis un point de vue politique, comme dans Tintin au pays des Soviets ou Le Lotus bleu, alors je l’ai fait parce qu’à ce moment-là, j’y croyais. Aujourd’hui, je vois bien que j’ai commis des erreurs. Par orgueil peut-être. Maintenant, il me serait fort difficile de devoir prendre position. J’en sais plus et, ça c’est sûr, je ne me laisserai plus jamais embrigader. » (Elsevier, p. 154-155).

     

    Cette prudence venue de l’expérience, cette sagesse circonspecte, cette philosophie égocentrée, culminera, nous le verrons plus loin, dans Tintin et les Picaros

     

    Mais c’est dès la fin de la guerre qu’enrichi par les pénibles expériences qu’il dut vivre, il adoptera cette position au-dessus de la mêlée. Il déclarera ainsi à son ami le dessinateur Pierre Ickx dans une lettre de 1946 : « Quant à moi, j’appartiens au bord de ceux qui pratiquent leur métier avec le plus de conscience possible, et je salue toutes les victimes de la guerre, à quelque bord qu’elles appartiennent. » (Pierre Assouline, Hergé, p. 203).

     

    Léon Degrelle ne s’exprimera pas autrement lorsqu’il dira : « Nous respectons tous les idéalistes qui offrent leur vie pour leurs idées. Il y eut des héros authentiques à la Brigade londonienne Piron. » (De Rex à Hitler, p. 417) et qu’il répétera dans son ultime message à ses derniers « Bourguignons » : « Dans le monde pourri d’aujourd’hui, seules brillent encore les vertus des héros ! Demain, ce sont eux –et les héros d’en face !– qui, réunis dans la gloire, feront le 21e siècle ! » (voir ce blog au 31 mars 2019).

    28 LD+Jamin Jesuitas années 70.jpg

    A la fin des années soixante, Léon Degrelle, obligé d’abandonner sa Carlina (voir ce blog au 17 octobre 2018), put se réfugier dans un petit appartement social de la municipalité madrilène, grâce à l’amitié du comte de Mayalde, maire de la capitale. C’est là qu’il reçoit alors, autour d’une simple et revigorante soupe de lentilles, ail et chorizo, son ami Paul Jamin, alias Jam, venu avec son humour ravageur et son inextinguible bonne humeur lui donner des nouvelles du fidèle Hergé et, bien sûr, lui apporter les nouveaux albums de Tintin.

     

    De toute façon, Hergé entretint un contact indirect constant avec Léon via leur grand ami commun Paul Jamin, servant en quelque sorte d’ « agent de liaison ».

     

    29 Guerre scolaire.jpegLe Jam du rexiste Pays réel et de la Brüsseler Zeitung de l’occupant, était devenu l’incontournable Alidor de Pan et, après sa rupture en 1990 d’avec cet hebdomadaire, de Père Ubu : pour les politiciens belges, être croqués par l’ancien « incivique » condamné à mort marquait la concrétisation de leur notoriété politique, surtout si, parmi les « figurants » les encadrant dans ses féroces dessins, figuraient à la fois Léon Degrelle et Tintin ! Des ministres allaient jusqu’à le payer pour cela (« 7000 francs ! », Le Soir, 30 juillet 2010). Le ministre de la Justice de l’époque, Jean Gol (né Golstein), se précipitera d’ailleurs pour préfacer, en 1990, son recueil Touche pas à mon roi ! C’est également grâce à Paul Jamin que Stéphane Steeman entreprit une belle collection « Léon Degrelle », dont un fleuron est certainement l’exemplaire de La Guerre scolaire signé à la fois –véritable incunable !– par Hergé et Léon Degrelle (Tintin mon copain, p. 26).

     

    Mais les relations entre les deux anciens boy-scouts qui avaient fait leurs premières armes au Vingtième Siècle ne se limitaient pas à des signatures de livres pour collectionneurs. Il s’agissait de véritables relations personnelles où les deux amis se tenaient au courant des aléas de leur situation et entretenaient leur attachement fraternel non seulement par des lettres, mais aussi par des cadeaux, des invitations, des recommandations, d’affectueux conseils…

     

    C’est ce qui ressort clairement de ces quelques lettres de Léon Degrelle à Paul Jamin que nous avons retrouvées (nous n’avons évidemment pas accès aux archives privées de Hergé !)…

     

    « Merci aussi au cher Georges de ses quatre bouquins, merveilleux (comme toute la série).

    Dis-lui que je serais très heureux de le voir se détendre ici. Si ça leur plaît, qu’ils viennent faire un séjour ici, s’inspirer dans une atmosphère très naturelle. Sa femme serait dans un très beau site, nous l’aiderions à se retaper à force d’air pur, de bons plats, et d’affection !

    Dis leur que c’est de tout cœur que je les invite, comme vieux amis, en dehors de tout fatras politique. »

    (Lettre de Léon Degrelle, le 21 septembre 1959).

     

    « J’ai passé deux semaines au lit, avec ma blessure à l’estomac ouverte. Depuis un mois, je vis de jus de citron et de compote de pommes. J’ai maigri de 7 kilos. Bref, je retrouve ma ligne et ne pourrai plus battre Monseigneur sur ce terrain-là si ça continue !

    Mais, en fait, ça paraît cicatrisé et voilà quelques jours que ça ne saigne plus. Je vais retourner pour 15 jours à ma terrasse, si on m’y laisse tranquille.

    Mes affaires en sont toujours au même point. Rien d’arrangé. Et un tas de sales bipèdes acharnés à m’étrangler. Vois un peu si Monsieur Tintin n’a pas besoin d’un beau palais andalou. Il serait à lui à bon compte, et sur-le-champ. »

    (Lettre de Léon Degrelle, le 28 janvier 1961).

     

    « Je t’envoie, en insistant beaucoup là-dessus, une preuve du talent de l’artiste de Lyon dont je t’avais parlé et que je te demande de recommander à notre bon vieil Hergé (un fuerte abrazo !).

    Tu peux le voir, c’est bien dessiné et c’est drôle. J’avais une pile d’épreuves. J’espère que celle-ci suffira pour décider Hergé, au moins à ce que ce garçon soit convoqué par une huile de la maison. A l’intérieur, tu trouveras la fiche d’identité du “candidat” écrite de ma main.

    Il connaît le métier, a un genre à lui, a un âge recommandable. Décide Hergé à lui faire une offre intéressante. Il me ferait grand plaisir. »

    (Lettre de Léon Degrelle, le 3 janvier 1967).

     

    « Je te vois toujours à ta soupente du XXe Siècle, faisant des petits culs-de-lampe près d’Hergé. Je revois Georgette et ses petites pantoufles à pompons près du bureau de l’Abbé Wallez. […] On était quand même sacrément heureux, foutant en l’air un monde grotesque, sûrs de gagner ! […] On a fait sauter dans tous les sens des millions de crétins, épouvanté des milliers de salauds, on a fendu l’espace comme de formidables poulains sauvages. Et par-dessus le marché, on apportait aux hommes une formule de vie autrement saine, puissante, joyeuse que les pataugeages d’eunuques que leur ont offerts nos successeurs ! »

    (Lettre de Léon Degrelle, le 9 avril 1977)

     

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    Mais Paul Jamin n’était pas le seul « agent de liaison » entre Hergé et Léon. Son épouse Germaine Kieckens rendit également visite à son ami Léon dans son exil andalou : « La chère et belle Germaine […] m’apportant le salut ému et les derniers albums de Hergé, son mari ! Quelles retrouvailles ! Pendant quinze jours, tout en lampant joyeusement le vin doré de mes vignes, nous avons revécu les années délurées de notre jeunesse. » (Tintin mon copain, p. 169). Degrelle semble placer cette visite au moment de la tentative de rapt par le Mossad israélien, soit juillet 1961.

     

    A cette époque, Germaine et Hergé étaient séparés depuis un an, bien que l’auteur de Tintin lui rendît tous les lundis une fidèle et affectueuse visite dans sa demeure de Céroux-Mousty. Selon José Luis Jerez Riesco, avocat madrilène, président de l’Asociación Cultural de Amigos de León Degrelle, cette rencontre se situerait plutôt vers 1957, peu avant l’accident de circulation qui coûtera la vie au fils du proscrit (José Luis Jerez Riesco, Degrelle en el exilio, 1945-1994, pp. 244-245).

     

    31 Tél. Germaine.jpgEn tout cas, si on peut croire la confidence de Germaine Kieckens au jeune tintinophile Hervé Springael (auteur, en 1987, d’un Avant Tintin, Dialogue sur Hergé autoédité), selon laquelle Hergé « avait même interdit à Germaine d’assister aux meetings de Léon Degrelle » (anecdote présentée négativement par Philippe Goddin, Hergé, Lignes de vie, p. 262), nous savons (voir ci-avant) que cette défense trouve son origine dans sa phobie des manifestations de masse. De toute façon, manifestement, l’interdiction de Hergé –si elle avait jamais concerné la personne de Léon Degrelle !– a bien été levée pour autoriser les voyages chez l’ami exilé en Espagne !

    Mais qu’importe : quoi que prétendent les pseudo-spécialistes du maître de la « ligne claire », Léon Degrelle fait bien partie des amis qui comptent pour Hergé !

     

    A suivre

     

     

  • Degrelle – Hergé, même combat ! (3)

    Les « mensonges » de Degrelle

     

    La démonstration de Tintin mon copain établissant la filiation évidente entre Léon Degrelle et le héros des jeunes de 7 à 77 ans est tellement flagrante et indiscutable que les « exégètes » en ont été réduits à couper les cheveux en quatre pour discréditer l’ouvrage, s’appuyant sur des détails intentionnellement mal interprétés et présentés comme des failles établissant la duperie, mais évitant l’essentiel qui est l’identité de pensée et d’idéal des deux amis. Passons-les en revue : ils ne sont pas nombreux.

     

    1929 : la date polémique

    Le voyage de Degrelle au Mexique (fin 1929-début 1930) n’a pu influencer la création de Tintin, qui date de janvier 1929.

    Donnons donc une petite leçon de chronologie. C’est au tout début de janvier 1929 que Hergé (collaborant au Vingtième Siècle depuis octobre 1927) commença à imaginer le récit Au pays des Soviets, sur base du Moscou sans voiles publié en 1928 par l’ancien consul de Belgique en Russie, Joseph Douillet. Le livre venait de lui être confié par l’abbé Norbert Wallez dans ce but et, d’après Hergé, le canevas fut créé en moins d’une journée (Huibrecht Van Opstal, Tracé Hergé, p. 224 sv.). Léon Degrelle est, quant à lui, engagé en octobre 1928 et ses tout premiers articles concernant la persécution des catholiques mexicains sont déjà publiés dans le Vingtième Siècle les 26, 27, 28 octobre et 16 novembre 1928 (voir aussi sur ce sujet précis ce blog au 7 février 2019). C’est dès cette époque qu’il se lie d’amitié avec Hergé: « Georges Remi, le Hergé débutant, devint instantanément mon ami. » (Tintin, mon copain, p. 12).

     

    ffffffffffffffff.JPGC’est dès le premier numéro de L’Avant-Garde (10 novembre 1927) dirigé par son ami Léon Degrelle, étudiant à l’Université Catholique de Louvain, que Hergé tint à prêter son concours : il donna son dessin La marche triomphale (publié le 30 mars 1924 dans Le Blé qui lève et signé « Remi ») pour illustrer le cortège des étudiants se rendant au meeting de l’Action Catholique de la Jeunesse Belge à Louvain.

     

     

     

    Si donc Hergé a pu prendre Léon comme modèle physique et moral de son héros, ce n’est évidemment pas à cause du voyage au Mexique, mais grâce à une sympathie spontanée, née d’une séduction spirituelle et morale réciproque, renforcée encore par la hardiesse et la générosité des articles sur le Mexique.

     

    Mais il y a plus ! Hergé lui-même donne explicitement raison à Degrelle dans une interview accordée à La Libre Belgique du 30 décembre 1975, citée dans Tintin, mon copain (p. 17): « J’ai découvert la bande dessinée grâce à... Léon Degrelle ! Celui-ci, en effet, était parti comme journaliste au Mexique et il envoyait au Vingtième Siècle, non seulement des chroniques personnelles, mais aussi des journaux locaux (pour situer l’atmosphère) dans lesquels paraissaient des bandes dessinées américaines. J’ai découvert ainsi mes premiers comics. »

     

    Nous laisserons le captieux biographe Benoît Peeters prétendre réduire cette affirmation capitale du créateur de Tintin à une insignifiante « légende alimentée par Hergé » (Benoît Peeters, Hergé fils de Tintin, p. 66), sans d’ailleurs essayer d’en expliciter la cause, d’en préciser les raisons ou d’en justifier l’intérêt pour l’auteur. Nous noterons pour notre part que, pour Hergé, l’événement des bandes dessinées envoyées par Degrelle est tellement essentiel que, bouleversant la chronologie, il le situe même avant la publication de ses premiers dessins dans Le Vingtième Siècle !

     

    C’est ainsi qu’il déclare à Numa Sadoul, dans les entretiens qu’il lui accorda en octobre 1971: « je découvrais –par l’intermédiaire de journaux mexicains !– les comics américains: “Bringing Up Father” (“La famille Illico”) par Geo Mac Manus, “Krazy Kat”, “The Katzenjammer Kids”, et bien d’autres... Pour donner une nouvelle vie à son journal, l’abbé Wallez eut alors l’idée de lancer un supplément hebdomadaire illustré pour enfants [...]. Dès le premier numéro, j’ai commencé à illustrer (de façon déplorable !) un récit fantaisiste mais consternant, œuvre d’un rédacteur du journal: Les aventures de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet. [...] C’est donc pour éviter d’illustrer un texte que je trouvais mortellement ennuyeux que j’ai créé “Tintin”. Et c’est là que, pour la première fois, comme dans les bandes dessinées américaines, le texte et l’image se sont mutuellement complétés pour former un langage nouveau. Le 10 janvier 1929, Tintin et Milou quittaient Bruxelles (sur le papier) à destination de la Russie bolchevique [...]. » (Numa Sadoul, Tintin et moi, pp. 32-33).

     

    Alors ? Hergé est-il un menteur ? Degrelle n’aurait rien à voir avec la conception nouvelle de la bande dessinée qu’il développe ??? Léon est tellement consubstantiel à Tintin que Hergé n’imagine même pas, cinquante ans plus tard, de les dissocier, même au prix d’un anachronisme !

     

    Le modèle de Milou, c’est le chien d’Adolf Hitler !

    L’affirmation, il est vrai, a de quoi estomaquer ! Non seulement Tintin, c’est Degrelle, mais Milou serait le clebs de Hitler ?!!! Ça, c’est trop fort ! Je dirais même plus, c’est plus fort que du Roquefort !

     

    Mais est-ce tellement extravagant ? Que dit précisément Léon Degrelle ?

     

    « Georges et moi avions déniché, absolument par hasard, sur une vieille photo datant des tranchées de la Première Guerre Mondiale, un gentil quadrupède à l’allure pré-milounesque. Hergé, qui cherchait pour ses B.D. un petit chien ou l’autre parmi des millions d’autres chiens blancs et futés, fut frappé par cette image imprévue. Le petit chien blanc de la photo dressait son nez fureteur aux pieds de quelques soldats allemands, plutôt dépenaillés. C’est à cause d’un de ces soldats que ladite photo avait été publiée, dix ans après, par l’hebdomadaire que nous feuilletions. » (Tintin mon copain, p. 16)

     

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    Il existe trois photos du Gefreiter Hitler, pendant la Première Guerre mondiale, avec son fox-terrier qu’il baptisa fatalement «Foxl», échappé des tranchées anglaises en poursuivant un rat. Ces photos abondamment publiées dès l’entrée en politique de celui qui devint Chancelier d’Allemagne –et probablement dès 1928, voir ci-après–, furent retrouvées avec plaisir par le Führer lors de ses deux visites-pèlerinages au Front des Flandres en juin 1940 : elles avaient été découpées et encadrées par le propriétaire de la maison dans le jardin de laquelle elles avaient été prises, en mai 1916… On reconnaît le soldat de première classe Hitler parmi ses compagnons ; son calot affiche la cocarde bavaroise sur le bandeau et celle du Reich sur le dessus; il porte surtout au troisième bouton de sa vareuse feldgrau le ruban de la Croix de Fer de Seconde classe qu’il obtint dès le 2 décembre 1914 (il recevra la Croix de Fer de Première classe le 4 août 1918).

     

    Que pouvons-nous retenir de ce récit ?

      - Hergé cherche l’inspiration pour un petit chien blanc futé

      - Il feuillette un hebdomadaire

      - Nous sommes « dix ans après » la Première Guerre Mondiale

      - La photo avec « le petit chien blanc » est publiée «à cause d’un de ces soldats »  allemands

     

    Si nous sommes « dix ans après » la Première Guerre Mondiale, nous devons nous situer quelque temps avant le mois de novembre 1928, dixième anniversaire du 11 novembre 1918, marquant l’Armistice de la Première Guerre Mondiale. Hergé ne publiera Tintin chez les Soviets où apparaît nommément Milou qu’à partir du 10 janvier 1929. Or que découvrons-nous dans sa BD précédant immédiatement le premier Tintin ? Des essais de petits chiens dans la série L’extraordinaire aventure de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet, publiée à partir du 1er novembre 1928 dans Le Petit Vingtième. Nous y voyons dès la deuxième page, deux petits chiens anonymes : un chien de rue (tacheté de noir sur les yeux, le dos, la cuisse et le bout des pattes) et un fox-terrier tout blanc. On les retrouve encore alternativement en pages 3, 4, et 5, mais c’est le fox-terrier qui semble l’emporter par son empathie avec son maître Nénesse (courant et pleurant avec lui, s’interrogeant sur son comportement). C’est bien lui qui a l’air le plus futé.

     

    Le 28 décembre 1928, le choix du petit chien futé semble définitivement arrêté : ce sera un fox-terrier blanc, héros principal de « La Noël du petit enfant sage » publié dans Le Sifflet. Ne portant pas encore de nom, il soliloque, réfléchit, s’invente des excuses et commet l’irréparable en mangeant le pain d’épices du Père Noël et en le remplaçant par son « besoin urgent » ! (les illustrations appuyant ce raisonnement sont visibles dans Huibrecht Van Opstal, Tracé Hergé, pp. 220 et 223).

     

    Foxl, l’inséparable « Milou » d’Adolf Hitler

     

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    « C’est en janvier 1915 que je mis la main sur Foxl. Il était en train de poursuivre un rat qui avait sauté dans notre tranchée. Il s’est débattu, essayant de me mordre, mais je n’ai pas lâché prise. Je l’ai ramené avec moi en arrière. Il tentait constamment de s’enfuir. Avec une patience exemplaire (il ne comprenait pas un mot d’allemand), je l’ai peu à peu habitué à moi. Au début, je ne lui donnais que des biscuits et du chocolat (il avait pris ses habitudes chez les Anglais qui étaient mieux nourris que nous). Puis je me mis à le dresser. Il ne me quittait pas d’une semelle. A ce moment-là, mes camarades ne voulaient pas entendre parler de lui. Non seulement j’avais de la sympathie pour cette bête, mais cela m’intéressait d’étudier ses réactions. J’ai fini par tout lui apprendre : sauter des obstacles, grimper à une échelle, en redescendre. L’essentiel est qu’un chien dorme toujours aux côtés de son maître. Quand je devais monter en ligne et que ça tapait dur, je l’attachais dans la tranchée. Mes camarades me disaient qu’il ne s’intéressait à personne durant mon absence. Même de loin, il me reconnaissait. Quel déchaînement d’enthousiasme en mon honneur ! Sa plus grande joie, c’était la chasse aux rats. Nous l’avions appelé Foxl. Il a fait toute la Somme, la bataille d’Arras. Il n’était pas du tout impressionnable. Lorsque je fus blessé, c’est Karl Lanzhammer qui prit soin de lui. Lors de mon retour, il se jeta sur moi avec frénésie. […]

    C’était une brave bête. Quand je mangeais, il était assis près de moi et suivait des yeux mon manège. Si à la cinquième ou sixième bouchée, je ne lui avais rien donné, il se dressait sur son séant et me regardait avec l’air de dire : Et moi, ne suis-je pas là ? C’est fou ce que j’ai aimé cette bête. Personne ne pouvait me toucher sans qu’aussitôt Foxl ne devînt furieux. Il ne suivait que moi. Quand vint la guerre des gaz, je ne pus continuer à l’emmener en première ligne. Ce sont mes camarades qui lui donnaient à manger. Quand je rentrais après deux jours d’absence, il ne voulait plus me quitter. Tout le monde, dans la tranchée, l’aimait. Pendant les marches, il courait autour de nous, observant tout, ne perdant pas un détail. Je partageais tout avec lui. Le soir, il se couchait près de moi. »

    (Adolf Hitler, Libres propos sur la guerre et la paix, pp. 226-227)

     

    Le chien blanc de l’hebdomadaire feuilleté par hasard en 1928 a attiré l’attention de Léon et de Hergé par sa présence amicale (il « dressait son nez fureteur ») à la limite de l’incongruité (« image imprévue ») parmi des soldats allemands qui faisaient pitié (« plutôt dépenaillés »). Il présentait aussi une petite tache sombre sur l’œil et l’oreille (comme dans Flup, Nénesse,…). Mais c’est un chien immaculé (sorte de compromis entre le chien de la photo de Hitler et les essais de Flup, Nénesse,…) qui est alors prêt à entrer dans l’immortalité des aventures de Tintin.

     

    Le déclic provoqué par la photo de Hitler est-il donc tellement invraisemblable ?

     

    Cela ressortirait-il à la fabulation qu’un illustré ait publié des photos d’un certain Adolf Hitler n’arrêtant pas de faire parler de lui : auteur du putsch de Munich le 9 novembre 1923 et arrêté le 11, jour du cinquième anniversaire de l’armistice, il est condamné à cinq ans de détention, est libéré de la prison de Landsberg fin décembre 1924, reconstitue la NSDAP en février 1925, réorganise en 1926 la SS et lui confie le « Drapeau du Sang » du Putsch de Munich, en même temps qu’il rassemble la jeunesse dans la Hitlerjugend, enracine les congrès du parti dans la cité médiévale de Nuremberg en 1927 et envoie douze députés au Reichstag le 6 mai 1928…

     

    C’est ainsi, nous dit Léon Degrelle, qu’un hebdomadaire choisit de publier cette photo de soldats allemands pour le dixième anniversaire de la fin de la Première Guerre Mondiale (11 novembre 1918) parce qu’on y reconnaissait Adolf Hitler (« C’est à cause d’un de ces soldats que ladite photo avait été publiée »).

     

    Et c’est aussi ce que nous confirme le journal de Franz Hailer (1886-1969, pilote de reconnaissance aérienne durant la Première Guerre mondiale) qui put accompagner Adolf Hitler le 25 juin 1940 lorsqu’il retrouva ses cantonnements et les champs de bataille des Flandres de 1915-1916.

     

    « A Fournes-en-Weppe, les voitures firent halte dans la rue Faidherbe, où les hommes sortirent et suivirent le Führer vers le bureau de perception. En 1914-1918, ce vaste bâtiment abritait une infirmerie allemande. Selon Franz Hailer, Hitler ouvrit la porte aussi naturellement qu’il le faisait il y a vingt-quatre ans. Après quelque temps, il ressortit avec un large sourire et montra à tout le monde une photo de guerre, qui avait été depuis alors souvent publiée et qui le montre en compagnie de six autres collègues estafettes. Sur le cadre où la photo avait été insérée, trônait en belles lettres capitales françaises : “Cette photo d’Adolf Hitler a été prise le 24 avril 1916 dans notre maison”. Parmi les nombreux clichés de la visite de Hitler à Fournes, il y en a en effet un qui montre la photo en question de l’estafette Hitler. Mais ce n’est pas Hitler qui présente la photo encadrée à l’un des photographes allemands, mais un Français. Cet homme, c’est Louis Guichard, le percepteur local de 1940, et il se trouve à l’arrière de son bureau. » (Siegfried Debaeke, Hitler in Vlaanderen, p. 127).

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    Adolf Hitler se rend dans le jardin du percepteur des impôts de Fournes-en-Weppe, le 26 juin 1940. Par le suite, le percepteur Louis Guichard est tout fier de présenter au photographe Heinrich Hoffmann le témoignage de la présence du Führer chez lui, vingt-quatre ans auparavant !

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    La polémique pour savoir qui sortit « vraiment » cette photo du bureau de perception ne présente aucun intérêt : comme si Adolf Hitler n’aurait pas été heureux de trouver là cette photo et de la montrer à ses anciens compagnons du Front qui l’accompagnaient, parmi lesquels Ernst Schmidt et Anton Bachmann pouvaient se reconnaître. Et comme si le photographe officiel du Führer, Heinrich Hoffmann qui était également présent, n’aurait pas pu demander au propriétaire de la maison de bien vouloir encore lui montrer ce cadre qui avait attiré l’attention du Führer.

     

    Ce que nous retiendrons surtout, c’est que le journal de Franz Hailer auquel Siegfried Debaecke a eu accès confirme que les photos d’Adolf Hitler sur le front de la Première Guerre mondiale ont connu diverses publications, y compris aussi vraisemblablement dans la presse française, permettant à Louis Guichard reconnaissant sa propriété de les découper et de les encadrer. Figuraient-elles dans un magazine français célébrant le dixième anniversaire de l’Armistice ? Le magazine que Léon Degrelle et Hergé ont pu feuilleter en novembre 1928, époque où le dessinateur concevait son héros Tintin et son inséparable compagnon Milou ? Voilà qui n'est certainement pas à exclure.

     

    Et pour prévenir la remarque que le chien de Hitler n’est pas de la « pure » race de Milou qu’on présente comme « fox-terrier », nous évoquerons à nouveau le témoignage de Hergé. Il concéda, en effet, dans l’émission sur les animaux Trente millions d’Amis (diffusée le 29 juillet 1978 sur la première chaîne de la télévision française) :« Milou est d’une race qui est approximativement le fox à poils durs. Un peu bâtard tout de même » (nous soulignons)…

     

    En tout cas, on comprendra maintenant très bien, comme le rappelle Léon Degrelle, qu’après-guerre, lorsqu’on l’interrogeait sur l’origine de Milou, Hergé répondait évasivement (et prudemment !) : « Milou ? Je ne me souviens vraiment plus d’où il est sorti » !... (Tintin mon copain, p. 16)

     

    23 Hitler Culotte Golf +Muck.jpeg« Staubele, notre nouveau chien Schnauzer [espèce de terrier bavarois] que mère avait offert à notre père pour son anniversaire, nous était tout dévoué, nous pouvions le gronder, le chasser, mais il n’aimait pas les étrangers, et il nous fallait veiller sur lui très attentivement lorsque Wahnfried était plein d’invités. Le seul nouveau venu que Staubele admit jamais et auquel il témoigna immédiatement son amitié fut Hitler. La première fois que Wolf [surnom d’Adolf Hitler qu’utilisaient ses intimes] vint nous voir après l’acquisition de Staubele, le chien, dès qu’il l’aperçut, courut à lui, fourra son museau dans ses mains et ne quitta pas Hitler tant que dura la visite du Führer. En cela notre chien ressemblait à tous ceux qui lui succédèrent à Wahnfried. C’étaient de grandes bêtes farouches qui ne s’approchaient jamais de personne en dehors des membres de la famille, mais, tout de suite, ils se prenaient d’affection pour Hitler. » (Friedlind Wagner,  Héritage de feu, pp. 50-51).

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    Cette photo, prise en bordure du petit aérodrome du GQG d’Adolf Hitler en Belgique, illustre parfaitement le récit de la petite-fille de Richard Wagner : qui est ce chien tranquillement étendu sur le banc de repos du Führer qui le couve du regard, pendant que le ministre des Affaires étrangères, Joachim von Ribbentrop, semble se demander s’il n’est pas de trop ? D’après ce que la secrétaire personnelle d’Adolf Hitler, Gerda Christian, confia à René Mathot en 1978, ce fox-terrier avait été oublié ou abandonné par ses propriétaires lors de l’évacuation des 117 habitants de Brûly-de-Pesche ordonnée le 26 mai 1940 et effectuée deux jours plus tard (jour de la capitulation du roi Léopold III). Ce village du sud de la Belgique était destiné à devenir la Wolfsschlucht («Ravin du Loup»), le Grand Quartier Général d’Adolf Hitler pour la campagne de France. René Mathot a ainsi publié une (fort mauvaise) photo (René Mathot, Au Ravin du Loup, p. 164) où l’on aperçoit les secrétaires personnelles Gerda Christian et Christa Schröder face au Führer : à leurs pieds, alerte et les sens en éveil, le chien n’a d’yeux que pour lui, attendant visiblement quelque intervention de sa part : ce Milou, fox terrier belge, est bien le cousin de Foxl, le terrier anglais, de Staubele, le terrier bavarois, et de Muck, le berger allemand !...

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    A suivre