Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

norbert wallez

  • Pierre Assouline, fieffé menteur antidegrellien (1)

    L’obligé de la Fondation Hergé connaît pourtant
    la vérité :
    Léon Degrelle est bien Tintin !

     

    L’enfumage de la « biographie officielle »

     

    Ce n’est qu’aujourd’hui que nous est tombé entre les mains le numéro hors-série des Cahiers de la BD consacré à Hergé, l’ami de Léon Degrelle, sous le titre Hergé, Le père de Tintin se raconte (mars 2020).

    Cahiers BD Hergé.jpegLe titre de cet énième opuscule surfant sur l’image rémunératrice du maître de la ligne claire ne peut qu’induire en erreur son acheteur car, au lieu du scoop d’un récit autobiographique original, il n’aura droit qu’à des commentaires politiquement corrects, rédigés ou inspirés par des appointés et/ou obligés de la toute-puissante Fondation Hergé.

    Et le premier à se substituer à Hergé pour prétendre qu’il « se raconte » n’est autre que cette canaille de Pierre Assouline, auteur, en 1996 chez Plon, d’un Hergé, soi-disant « premier grand portrait d’Hergé [révélant] les coulisses de son œuvre » (Cahiers, p. 11).

    C’est dès ce bouquin qu’il lance la légende apologétique de sa parfaite indépendance d’esprit, gage de l’implacable objectivité de son travail de biographe de Hergé : « Philippe Goddin me proposa au nom de la Fondation Hergé de mettre ses archives à ma disposition pour écrire une biographie […]. Je les prévins aussitôt de l’esprit qui m’animait : la fascination critique pour un homme et une œuvre… la volonté de tout savoir… la liberté de tout écrire… le rejet de tout contrôle… […] Par la volonté de Fanny Rodwell, l’aide de la Fondation Hergé me fut acquise sans réserve ni contrepartie. […] Tout au long de mes recherches, ils ne me ménagèrent jamais leur soutien. Ils s’étaient convaincus que l’exposé rigoureux et la révélation la plus neutre de ces fameuses vérités-qui-ne-sont-pas-bonnes-à-dire valaient décidément mieux que l’insinuation, l’allusion et le soupçon permanent. » (Hergé, p. 12).

    Il nous ressort à nouveau cette fable pour carillonner que tout ce que contient son opus magnum ressortit à la Vérité gravée dans le marbre : « Fanny [Rodwell, la seconde épouse d’Hergé, qui gère les droits (NDLR)] nous a rejoints. Elle serait ravie, m’a-t-elle dit, si je me lançais dans une biographie d’Hergé. Soit, lui ai-je répondu, mais si je découvre un cadavre dans le placard, je le montrerai ! Elle a eu cette phrase décisive : “Vous aurez carte blanche pour tout raconter sans droit de regard de ma part car il y a pire que les accusations, ce sont les insinuations et je sais que, dur ou pas, un livre de vous les fera taire.” » (Cahiers, p. 7).

    Et les Cahiers, s’appuyant sur cette séduisante forfanterie, d’affirmer : « Aujourd’hui, Assouline reste l’une des autorités les plus fiables et les plus objectives sur les rapports ambigus entre Hergé et l’extrême droite. » (p. 7).

     
    Assouline, un chercheur indépendant ? Fumisterie !

    Cahiers BD Assouline.jpegSauf que le récit édifiant d’Assouline relève de l’enfumage : cette légende de la liberté totale d’investigation et d’expression a constitué le plus sûr paravent du mythe à garantir : Hergé n’aurait en fait rien à voir avec l’Ordre nouveau se proposant à l’Europe. Au mieux (ou au pire, c’est selon), il ne serait qu’une victime : victime de son temps, victime des circonstances, victime de ses fréquentations. « Hergé n’a aucun sens politique. […] Hergé, heureusement pour lui, n’est pas un intellectuel, il n’a rien écrit » ! (Cahiers, p. 11).

    Voilà qui est proprement insultant pour l’information du lecteur, mais surtout pour Hergé lui-même ! Hergé n’aurait aucun sens politique ? Il n’a rien écrit ? Mais cet idéaliste de la révolution des âmes, cet artiste « d’imprégnation rexiste » (Hergé, p. 105) a superlativement illustré ses idées, les rendant accessibles à tous, par ses dessins et ses scénarios : nous l’avons établi en abondance, notamment dans notre série « Degrelle-Hergé, même combat ! » (ce blog aux 21, 29 septembre ; 15, 20, 27 octobre ; 20, 27 novembre et 1er décembre 2020).

    Et pour démonter l’imposture du prétendu biographe s’enfonçant dans le mensonge, nous ne reprendrons que ses affirmations méprisables sur Léon Degrelle : « Je ne crois pas [que Léon Degrelle] ait eu beaucoup d’importance. Dès le début, Hergé prend ses distances avec ce confrère journaliste prétentieux et mythomane. À l’époque, ce qui gêne Hergé, c’est l’homme, pas le facho –qu’il n’est pas encore, d’ailleurs. Sur le plan artistique, il ne lui apporte rien non plus : des reporters courant le monde en culottes de golf, ce n’est pas ce qui manque… Je crois bien davantage à des modèles comme Robert Sexé ou Albert Londres, bien sûr ! » (Cahiers, p. 9).

    Passons sur les termes « prétentieux et mythomane », épithètes « balaciens » dont il semble désormais indispensable de marteler le portrait de Léon Degrelle (ils ne manquaient déjà pas dans sa biographie de Hergé, voir plus loin ; à propos de l’indigne prof de l’université de Liège Francis Balace, voir ce blog aux 30 juin 2016, 6 juillet et 8 novembre 2019).

    Cristeros.jpegSur l’importance insigne de Léon Degrelle dans la vie de Hergé, outre les articles de ce blog que nous venons de renseigner, nous ne pouvons que renvoyer à l’introduction Aux origines de Tintin de l’indispensable reprise de tous les textes de Léon Degrelle concernant les Cristeros (éditions de l’Homme libre; à compléter par le téléchargement du premier chapitre Cristeros Chapitre I.pdf, ce blog au 7 février 2019).

    Mais nous nous attaquerons quand même à ce postulat qu’Assouline avance tranquillement, comme s’il s’agissait d’une simple évidence : Léon Degrelle n’a pas eu beaucoup d’importance pour Hergé, surtout pas en tant qu'homme, même pas les culottes de golf : ce n’est qu’un mythomane !


    Hergé n’en avait rien à f… de Léon Degrelle ? Fumisterie !

    Nous avons analysé en détail la symbolique des culottes de golf ainsi que la signification révélatrice de leur abandon dans le dernier album complet, datant de 1976, Tintin et les Picaros dans Cristeros, Aux origines de Tintin (pp. 76-82) : nous y renvoyons nos lecteurs.

    Remarquons néanmoins –à propos de l’apparence toute singulière de Tintin– que si Léon Degrelle put émerveiller Hergé avec ses culottes de golf, ni Robert Sexé, ni Albert Londres (préférés par Assouline comme modèles de Tintin) n’en portèrent jamais en « courant le monde » !

     

    LD Golf Constantina1-horz.jpg

    Au cours de son exil, Léon Degrelle retrouva le goût des culottes de golf qui inspirèrent Hergé pour son Tintin (ce blog au 29 septembre 2020) : ici dans sa propriété de la Carlina, dans les années soixante.

    Mais nous ne pouvons laisser passer sans réagir la réaffirmation de ce mensonge selon lequel Léon Degrelle n’aurait guère eu d’importance pour Hergé. Si aujourd’hui, Assouline lance son assertion comme s’il s’agissait d’une vérité biblique partagée universellement, dans sa biographie d’il y a plus de vingt ans, il se prévalait d’arguments chronologiques qu’il croyait irréfutables mais que Cristeros, Aux origines de Tintin démonta en un tournemain, établissant le mensonge grossier.

    En 1996, en effet, Assouline canardait déjà ses verdicts pseudo-psychiatriques insultants et proférait : « Degrelle est fort en gueule, hâbleur et culotté. Il le restera jusqu’à sa mort à 87 ans. Mais avec l’âge, sa mythomanie et sa mégalomanie iront crescendo. Au soir de sa vie, il s’inventera un rôle de plus dans l’Histoire en assurant qu’à son retour d’un reportage en Amérique, il avait inspiré sinon imaginé le personnage de Tintin. Double mensonge, d‘abord sur les origines, puis chronologique. Tintin est né le 10 janvier 1929, le voyage de Degrelle outre-Atlantique date de décembre 1929-janvier 1930 et le premier article de son enquête sur les catholiques persécutés au Mexique est paru le 1er février 1930 dans le Vingtième Siècle… Ainsi l’abbé Wallez a-t-il expédié Degrelle au Mexique après avoir décidé d’envoyer Tintin au Congo et non le contraire. » (Hergé, pp. 78-79).

    A nouveau, comme dans l’expression enfantine « c’est celui qui dit qui l’est », le menteur n’était pas l’accusé, mais l’accusateur.

    Et même double et triple menteur, car, dans son Tintin mon copain, Léon Degrelle n’a jamais affirmé avoir inspiré le personnage de Tintin « à son retour d’un reportage en Amérique » puisque, comme nous l’allons voir, c’est bien avant son départ en Amérique, lors du sac de l’expo bolchevique de Bruxelles de janvier 1928, que Léon Degrelle s’imposa comme modèle de Tintin. En l’occurrence, l’épopée mexicaine de Léon Degrelle et ses envois de journaux américains à Hergé lui ont carrément permis d’affirmer : « La B.D. européenne naît à Mexico » (p. 13).


    Il n’a jamais prétendu non plus avoir « imaginé le personnage de Tintin ». Il précise au contraire le rôle de chacun des ses « pères » : « C’est bien un prêtre catholique qui a extrait du néant ce petit bonhomme futé. Ce prêtre s’appelait Norbert Wallez. Tintin a eu d’ailleurs plusieurs pères. C’est le fruit dudit abbé, bien sûr ; ce l’est, en second lieu, du grand artiste Hergé lui-même, brandissant ses crayons. Et, indirectement, c’est de moi. » (p. 5). Léon Degrelle est donc bien clair : il n’a ni « inspiré [ni] imaginé le personnage de Tintin ». Ce rôle extrayant du néant le futur héros des jeunes de 7 à 77 ans revient à l’abbé Wallez. Comme revient au « grand artiste Hergé » le rôle de lui avoir donné forme et vie par « ses crayons ». Le rôle que se reconnaît Léon Degrelle, pour indirect qu’il soit, n’en est pourtant pas moins essentiel puisqu’il ressortit aux valeurs morales et spirituelles remarquées et partagées par Hergé qui les insuffla à Tintin.

    Tintin copain p. 227.jpeg

    Les trois « pères » de Tintin réunis par Alidor (alias Paul Jamin, au volant de la limousine décapotée), dans un dessin de 1992 signé Jam, décrypté dans Tintin mon copain (p. 227).

    Cette histoire commune a évidemment créé des liens étroits entre les deux hommes, même s’ils purent connaître des hauts et des bas (sur l’affaire ressassée jusqu’à plus soif de l’ « affiche volée à Hergé », voir ce blog au 20 octobre 2020). Assouline est d’ailleurs bien contraint d’en convenir, même si c’est du bout des lèvres, faisant semblant que c’est toujours à son corps défendant que Hergé a fréquenté Léon Degrelle, partagé ses idées, suivi son parcours.

    Ainsi, après sa démonstration ratée sur la non-relation Degrelle-Tintin, élucubre-t-il : « si Léon Degrelle n’a tenu aucun rôle dans l’imaginaire d’Hergé, cela ne signifie pas pour autant qu’il n’ait exercé aucune influence sur Georges Remi » (Hergé, p. 79). La quadrature du cercle, donc ! Léon Degrelle  n’a tenu aucun rôle dans l’imaginaire de Hergé, tout en exerçant quand même une influence sur lui. Pourquoi Assouline ne nous explique-t-il pas que Hergé aurait été une espèce de Docteur Jekill tout à fait étranger au Mister Hyde-Georges Remi ?

    Assouline doit donc multiplier les contre-vérités et les paradoxes : « Pour n’avoir pas su dire non à Léon Degrelle, [Hergé] va sans le savoir ajouter une pièce supplémentaire au procès à charge qui sera en permanence instruit contre lui longtemps après. » (p. 78). « A défaut d’être en connivence avec [Léon Degrelle], [Hergé] ne lui est pas hostile. » (p. 80). « Georges Remi […] s’est toujours voulu une éponge […]. Aussi n’est-il pas étonnant qu’il collabore plus avant avec Léon Degrelle, fût-ce discrètement. » (p. 81). « Cela étant, par sa formation, par ses amis, par ses idées, par le milieu dans lequel il baigne depuis dix ans, il est d’imprégnation rexiste. Malgré ses sentiments mêlés pour la personne de Léon Degrelle. » (p. 105)…

    Rappelons tout de même les propos explicites de Hergé sur Léon Degrelle : ils vont tous dans le même sens et sont tous positifs. Assouline lui-même en convient involontairement lorsqu’il prétend n’illustrer que l’intérêt du dessinateur pour « l’histoire contemporaine ». Il cite alors un tout bref extrait d’une lettre privée à Robert Crausaz, l’éditeur suisse de La Cohue de 1940 de Léon Degrelle (premier « livre de souvenirs » de Léon Degrelle publié après-guerre et non « nouveau » !) : « [Hergé] est plus sincère dans d’autres de ses élans. Dans son intérêt pour l’histoire contemporaine, par exemple, lorsque dès l’annonce de la parution du nouveau livre de souvenirs de Léon Degrelle La Cohue de 40, il se dépêche de le commander à son éditeur lausannois. Ou quand, en privé, il juge La Campagne de Russie du même Degrelle très émouvant et très bien écrit. » (Hergé, p. 367).

    Mais il n’y a pas que dans sa correspondance privée que Hergé est « sincère » ! Le dessinateur n’a pas craint non plus de s’exprimer publiquement sur Léon Degrelle en ne lui ménageant pas son admiration, même au sujet de son engagement au Front de l’Est et de l’acharnement du gouvernement belge à son encontre. Ainsi, dans une interview à la presse flamande, n’hésite-t-il pas à saluer le dernier Commandeur de la Légion Wallonie : « Degrelle était d’ailleurs bien un homme respectable : il a été lui-même au front de l’Est ; il n’y pas seulement envoyé quelques pauvres diables. Et militairement parlant, il s’est comporté là-bas comme un héros. » (Humo, 11 janvier 1973). Voilà un « intérêt pour l’histoire contemporaine » parfaitement et singulièrement circonscrit !

    De même –et cette déclaration, à elle seule, anéantit le raisonnement pseudo-chronologique d’Assouline pour disqualifier le lien Tintin-Léon Degrelle– concernant son art de la bande dessinée, reconnut-il sa dette vis-à-vis de Léon Degrelle, même s’il confond (exprès ?) les dates : « J’ai découvert la bande dessinée grâce à... Léon Degrelle ! Celui-ci, en effet, était parti comme journaliste au Mexique et il envoyait au Vingtième Siècle, non seulement des chroniques personnelles, mais aussi des journaux locaux (pour situer l’atmosphère) dans lesquels paraissaient des bandes dessinées américaines. J’ai découvert ainsi mes premiers comics. » (La Libre Belgique, 30 décembre 1975).

    Mes Aventures au Mexique.jpg
    Serons-nous étonnés que ces déclarations de Hergé soient absentes du bouquin à charge d’Assouline ? Mais alors ? Était-ce pour ne pas avoir à dire que Hergé se trompait ou même mentait ? Et qu’elles rendaient impossible la thèse selon laquelle Léon Degrelle n’aurait compté que pour des prunes pour Hergé ?

    Cela est d’autant plus grotesque que dans son chapitre La providence des inciviques (reprenant l’expression de Robert Poulet : ce blog au 1er décembre 2020), Assouline souligne la fidélité absolue de Hergé à ses amis : « Hergé reste aussi fidèle à ses amis qu’envers Léopold III. Nul ne pourra le prendre en défaut sur ce plan-là. Il les défend bec et ongles, surtout s’ils sont dans l’adversité. Quelle que soit la réalité des faits, il arrive toujours à trouver des circonstances atténuantes aux vaincus de la Libération. » (p. 205). Sauf paradoxalement à Léon Degrelle, absent de la liste qu’il dresse : Paul Herten, Victor Meulenijzer, Jean Vermeire, Félicien Marceau, Julien De Proft, Norbert Wallez, Paul Jamin, Robert Poulet…

    Et comment l’expliquer alors que sa sollicitude ne concernait pas seulement ses vrais amis, mais s’étendait aux amis politiques au sens le plus large du mot puisqu’il s’agissait même d’ « inciviques » parfaitement inconnus : « Hergé providence des inciviques… La formule est encore plus juste qu’on ne le croit. Car non seulement il aide ses amis, les amis de ses amis et d’autres Belges en difficulté, mais aussi des épurés français qu’il ne connaît même pas. Sa réputation de samaritain des collaborateurs en détresse a passé la frontière. Son adresse est de celles qui circulent. Avec eux, comme avec les autres, il ne se fait pas prier. » (p. 207).

    Alors, Hergé n’aurait-il vraiment eu « aucun sens politique » ???

    Soupault Petit Parisien 19.12.41.jpg

    Ralph Soupault était le caricaturiste de Je suis Partout, dont les dessins antisémites étaient pour le moins aussi incisifs que ceux de son ami Jam dans la Brüsseler Zeitung. Mais l’étalon répressif français était sans doute moins brutal que le belge : Soupault écopa de quinze ans de travaux forcés alors que Jam fut condamné à mort. Les peines furent néanmoins commuées, mais toujours à l’avantage du condamné français : Soupault sortit de prison en 1950, Jam en 1952. Hergé ne l’avait jamais vu, mais connaître les raisons de sa condamnation et le savoir ami de Paul Jamin suffirent à Hergé pour aider Ralph Soupault. Ici, un de ses dessins publié dans Le Petit Parisien, le 19 décembre 1941.

    N’est-il donc pas inconcevable de vouloir exclure Léon Degrelle du cercle hergéen ? D’autant plus que les deux hommes avaient noué de véritables liens d’amitié qui ne se démentirent jamais : comme nous avons eu l’occasion de l’établir irréfutablement, les contacts entre Léon Degrelle et Hergé ne se sont jamais rompus, qu’ils se soient poursuivis par l’intermédiaire de Germaine Kieckens, sa première épouse, ou via Paul Jamin (alias « Jam » et « Alidor »), le fidèle ami commun (ce blog au 20 octobre 2020).

    En réalité – et nous l’établirons plus loin encore– Assouline savait fort bien que Léon Degrelle est tellement consubstantiel à Tintin que Hergé ne pouvait pas imaginer, cinquante ans plus tard, de les dissocier, même au prix d’un anachronisme (voir aussi ce blog au 15 octobre 2020)…

     

    (À suivre)

  • Degrelle – Hergé, même combat ! (3)

    Les « mensonges » de Degrelle

     

    La démonstration de Tintin mon copain établissant la filiation évidente entre Léon Degrelle et le héros des jeunes de 7 à 77 ans est tellement flagrante et indiscutable que les « exégètes » en ont été réduits à couper les cheveux en quatre pour discréditer l’ouvrage, s’appuyant sur des détails intentionnellement mal interprétés et présentés comme des failles établissant la duperie, mais évitant l’essentiel qui est l’identité de pensée et d’idéal des deux amis. Passons-les en revue : ils ne sont pas nombreux.

     

    1929 : la date polémique

    Le voyage de Degrelle au Mexique (fin 1929-début 1930) n’a pu influencer la création de Tintin, qui date de janvier 1929.

    Donnons donc une petite leçon de chronologie. C’est au tout début de janvier 1929 que Hergé (collaborant au Vingtième Siècle depuis octobre 1927) commença à imaginer le récit Au pays des Soviets, sur base du Moscou sans voiles publié en 1928 par l’ancien consul de Belgique en Russie, Joseph Douillet. Le livre venait de lui être confié par l’abbé Norbert Wallez dans ce but et, d’après Hergé, le canevas fut créé en moins d’une journée (Huibrecht Van Opstal, Tracé Hergé, p. 224 sv.). Léon Degrelle est, quant à lui, engagé en octobre 1928 et ses tout premiers articles concernant la persécution des catholiques mexicains sont déjà publiés dans le Vingtième Siècle les 26, 27, 28 octobre et 16 novembre 1928 (voir aussi sur ce sujet précis ce blog au 7 février 2019). C’est dès cette époque qu’il se lie d’amitié avec Hergé: « Georges Remi, le Hergé débutant, devint instantanément mon ami. » (Tintin, mon copain, p. 12).

     

    ffffffffffffffff.JPGC’est dès le premier numéro de L’Avant-Garde (10 novembre 1927) dirigé par son ami Léon Degrelle, étudiant à l’Université Catholique de Louvain, que Hergé tint à prêter son concours : il donna son dessin La marche triomphale (publié le 30 mars 1924 dans Le Blé qui lève et signé « Remi ») pour illustrer le cortège des étudiants se rendant au meeting de l’Action Catholique de la Jeunesse Belge à Louvain.

     

     

     

    Si donc Hergé a pu prendre Léon comme modèle physique et moral de son héros, ce n’est évidemment pas à cause du voyage au Mexique, mais grâce à une sympathie spontanée, née d’une séduction spirituelle et morale réciproque, renforcée encore par la hardiesse et la générosité des articles sur le Mexique.

     

    Mais il y a plus ! Hergé lui-même donne explicitement raison à Degrelle dans une interview accordée à La Libre Belgique du 30 décembre 1975, citée dans Tintin, mon copain (p. 17): « J’ai découvert la bande dessinée grâce à... Léon Degrelle ! Celui-ci, en effet, était parti comme journaliste au Mexique et il envoyait au Vingtième Siècle, non seulement des chroniques personnelles, mais aussi des journaux locaux (pour situer l’atmosphère) dans lesquels paraissaient des bandes dessinées américaines. J’ai découvert ainsi mes premiers comics. »

     

    Nous laisserons le captieux biographe Benoît Peeters prétendre réduire cette affirmation capitale du créateur de Tintin à une insignifiante « légende alimentée par Hergé » (Benoît Peeters, Hergé fils de Tintin, p. 66), sans d’ailleurs essayer d’en expliciter la cause, d’en préciser les raisons ou d’en justifier l’intérêt pour l’auteur. Nous noterons pour notre part que, pour Hergé, l’événement des bandes dessinées envoyées par Degrelle est tellement essentiel que, bouleversant la chronologie, il le situe même avant la publication de ses premiers dessins dans Le Vingtième Siècle !

     

    C’est ainsi qu’il déclare à Numa Sadoul, dans les entretiens qu’il lui accorda en octobre 1971: « je découvrais –par l’intermédiaire de journaux mexicains !– les comics américains: “Bringing Up Father” (“La famille Illico”) par Geo Mac Manus, “Krazy Kat”, “The Katzenjammer Kids”, et bien d’autres... Pour donner une nouvelle vie à son journal, l’abbé Wallez eut alors l’idée de lancer un supplément hebdomadaire illustré pour enfants [...]. Dès le premier numéro, j’ai commencé à illustrer (de façon déplorable !) un récit fantaisiste mais consternant, œuvre d’un rédacteur du journal: Les aventures de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet. [...] C’est donc pour éviter d’illustrer un texte que je trouvais mortellement ennuyeux que j’ai créé “Tintin”. Et c’est là que, pour la première fois, comme dans les bandes dessinées américaines, le texte et l’image se sont mutuellement complétés pour former un langage nouveau. Le 10 janvier 1929, Tintin et Milou quittaient Bruxelles (sur le papier) à destination de la Russie bolchevique [...]. » (Numa Sadoul, Tintin et moi, pp. 32-33).

     

    Alors ? Hergé est-il un menteur ? Degrelle n’aurait rien à voir avec la conception nouvelle de la bande dessinée qu’il développe ??? Léon est tellement consubstantiel à Tintin que Hergé n’imagine même pas, cinquante ans plus tard, de les dissocier, même au prix d’un anachronisme !

     

    Le modèle de Milou, c’est le chien d’Adolf Hitler !

    L’affirmation, il est vrai, a de quoi estomaquer ! Non seulement Tintin, c’est Degrelle, mais Milou serait le clebs de Hitler ?!!! Ça, c’est trop fort ! Je dirais même plus, c’est plus fort que du Roquefort !

     

    Mais est-ce tellement extravagant ? Que dit précisément Léon Degrelle ?

     

    « Georges et moi avions déniché, absolument par hasard, sur une vieille photo datant des tranchées de la Première Guerre Mondiale, un gentil quadrupède à l’allure pré-milounesque. Hergé, qui cherchait pour ses B.D. un petit chien ou l’autre parmi des millions d’autres chiens blancs et futés, fut frappé par cette image imprévue. Le petit chien blanc de la photo dressait son nez fureteur aux pieds de quelques soldats allemands, plutôt dépenaillés. C’est à cause d’un de ces soldats que ladite photo avait été publiée, dix ans après, par l’hebdomadaire que nous feuilletions. » (Tintin mon copain, p. 16)

     

    19 Hitler 1918 Foxl 1.jpeg

    20 Hitler 1918 Foxl 2.jpeg

    21 Hitler 1918 Foxl 3.jpeg

    Il existe trois photos du Gefreiter Hitler, pendant la Première Guerre mondiale, avec son fox-terrier qu’il baptisa fatalement «Foxl», échappé des tranchées anglaises en poursuivant un rat. Ces photos abondamment publiées dès l’entrée en politique de celui qui devint Chancelier d’Allemagne –et probablement dès 1928, voir ci-après–, furent retrouvées avec plaisir par le Führer lors de ses deux visites-pèlerinages au Front des Flandres en juin 1940 : elles avaient été découpées et encadrées par le propriétaire de la maison dans le jardin de laquelle elles avaient été prises, en mai 1916… On reconnaît le soldat de première classe Hitler parmi ses compagnons ; son calot affiche la cocarde bavaroise sur le bandeau et celle du Reich sur le dessus; il porte surtout au troisième bouton de sa vareuse feldgrau le ruban de la Croix de Fer de Seconde classe qu’il obtint dès le 2 décembre 1914 (il recevra la Croix de Fer de Première classe le 4 août 1918).

     

    Que pouvons-nous retenir de ce récit ?

      - Hergé cherche l’inspiration pour un petit chien blanc futé

      - Il feuillette un hebdomadaire

      - Nous sommes « dix ans après » la Première Guerre Mondiale

      - La photo avec « le petit chien blanc » est publiée «à cause d’un de ces soldats »  allemands

     

    Si nous sommes « dix ans après » la Première Guerre Mondiale, nous devons nous situer quelque temps avant le mois de novembre 1928, dixième anniversaire du 11 novembre 1918, marquant l’Armistice de la Première Guerre Mondiale. Hergé ne publiera Tintin chez les Soviets où apparaît nommément Milou qu’à partir du 10 janvier 1929. Or que découvrons-nous dans sa BD précédant immédiatement le premier Tintin ? Des essais de petits chiens dans la série L’extraordinaire aventure de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet, publiée à partir du 1er novembre 1928 dans Le Petit Vingtième. Nous y voyons dès la deuxième page, deux petits chiens anonymes : un chien de rue (tacheté de noir sur les yeux, le dos, la cuisse et le bout des pattes) et un fox-terrier tout blanc. On les retrouve encore alternativement en pages 3, 4, et 5, mais c’est le fox-terrier qui semble l’emporter par son empathie avec son maître Nénesse (courant et pleurant avec lui, s’interrogeant sur son comportement). C’est bien lui qui a l’air le plus futé.

     

    Le 28 décembre 1928, le choix du petit chien futé semble définitivement arrêté : ce sera un fox-terrier blanc, héros principal de « La Noël du petit enfant sage » publié dans Le Sifflet. Ne portant pas encore de nom, il soliloque, réfléchit, s’invente des excuses et commet l’irréparable en mangeant le pain d’épices du Père Noël et en le remplaçant par son « besoin urgent » ! (les illustrations appuyant ce raisonnement sont visibles dans Huibrecht Van Opstal, Tracé Hergé, pp. 220 et 223).

     

    Foxl, l’inséparable « Milou » d’Adolf Hitler

     

    21bis Hitler Foxl inséparables.jpeg

    « C’est en janvier 1915 que je mis la main sur Foxl. Il était en train de poursuivre un rat qui avait sauté dans notre tranchée. Il s’est débattu, essayant de me mordre, mais je n’ai pas lâché prise. Je l’ai ramené avec moi en arrière. Il tentait constamment de s’enfuir. Avec une patience exemplaire (il ne comprenait pas un mot d’allemand), je l’ai peu à peu habitué à moi. Au début, je ne lui donnais que des biscuits et du chocolat (il avait pris ses habitudes chez les Anglais qui étaient mieux nourris que nous). Puis je me mis à le dresser. Il ne me quittait pas d’une semelle. A ce moment-là, mes camarades ne voulaient pas entendre parler de lui. Non seulement j’avais de la sympathie pour cette bête, mais cela m’intéressait d’étudier ses réactions. J’ai fini par tout lui apprendre : sauter des obstacles, grimper à une échelle, en redescendre. L’essentiel est qu’un chien dorme toujours aux côtés de son maître. Quand je devais monter en ligne et que ça tapait dur, je l’attachais dans la tranchée. Mes camarades me disaient qu’il ne s’intéressait à personne durant mon absence. Même de loin, il me reconnaissait. Quel déchaînement d’enthousiasme en mon honneur ! Sa plus grande joie, c’était la chasse aux rats. Nous l’avions appelé Foxl. Il a fait toute la Somme, la bataille d’Arras. Il n’était pas du tout impressionnable. Lorsque je fus blessé, c’est Karl Lanzhammer qui prit soin de lui. Lors de mon retour, il se jeta sur moi avec frénésie. […]

    C’était une brave bête. Quand je mangeais, il était assis près de moi et suivait des yeux mon manège. Si à la cinquième ou sixième bouchée, je ne lui avais rien donné, il se dressait sur son séant et me regardait avec l’air de dire : Et moi, ne suis-je pas là ? C’est fou ce que j’ai aimé cette bête. Personne ne pouvait me toucher sans qu’aussitôt Foxl ne devînt furieux. Il ne suivait que moi. Quand vint la guerre des gaz, je ne pus continuer à l’emmener en première ligne. Ce sont mes camarades qui lui donnaient à manger. Quand je rentrais après deux jours d’absence, il ne voulait plus me quitter. Tout le monde, dans la tranchée, l’aimait. Pendant les marches, il courait autour de nous, observant tout, ne perdant pas un détail. Je partageais tout avec lui. Le soir, il se couchait près de moi. »

    (Adolf Hitler, Libres propos sur la guerre et la paix, pp. 226-227)

     

    Le chien blanc de l’hebdomadaire feuilleté par hasard en 1928 a attiré l’attention de Léon et de Hergé par sa présence amicale (il « dressait son nez fureteur ») à la limite de l’incongruité (« image imprévue ») parmi des soldats allemands qui faisaient pitié (« plutôt dépenaillés »). Il présentait aussi une petite tache sombre sur l’œil et l’oreille (comme dans Flup, Nénesse,…). Mais c’est un chien immaculé (sorte de compromis entre le chien de la photo de Hitler et les essais de Flup, Nénesse,…) qui est alors prêt à entrer dans l’immortalité des aventures de Tintin.

     

    Le déclic provoqué par la photo de Hitler est-il donc tellement invraisemblable ?

     

    Cela ressortirait-il à la fabulation qu’un illustré ait publié des photos d’un certain Adolf Hitler n’arrêtant pas de faire parler de lui : auteur du putsch de Munich le 9 novembre 1923 et arrêté le 11, jour du cinquième anniversaire de l’armistice, il est condamné à cinq ans de détention, est libéré de la prison de Landsberg fin décembre 1924, reconstitue la NSDAP en février 1925, réorganise en 1926 la SS et lui confie le « Drapeau du Sang » du Putsch de Munich, en même temps qu’il rassemble la jeunesse dans la Hitlerjugend, enracine les congrès du parti dans la cité médiévale de Nuremberg en 1927 et envoie douze députés au Reichstag le 6 mai 1928…

     

    C’est ainsi, nous dit Léon Degrelle, qu’un hebdomadaire choisit de publier cette photo de soldats allemands pour le dixième anniversaire de la fin de la Première Guerre Mondiale (11 novembre 1918) parce qu’on y reconnaissait Adolf Hitler (« C’est à cause d’un de ces soldats que ladite photo avait été publiée »).

     

    Et c’est aussi ce que nous confirme le journal de Franz Hailer (1886-1969, pilote de reconnaissance aérienne durant la Première Guerre mondiale) qui put accompagner Adolf Hitler le 25 juin 1940 lorsqu’il retrouva ses cantonnements et les champs de bataille des Flandres de 1915-1916.

     

    « A Fournes-en-Weppe, les voitures firent halte dans la rue Faidherbe, où les hommes sortirent et suivirent le Führer vers le bureau de perception. En 1914-1918, ce vaste bâtiment abritait une infirmerie allemande. Selon Franz Hailer, Hitler ouvrit la porte aussi naturellement qu’il le faisait il y a vingt-quatre ans. Après quelque temps, il ressortit avec un large sourire et montra à tout le monde une photo de guerre, qui avait été depuis alors souvent publiée et qui le montre en compagnie de six autres collègues estafettes. Sur le cadre où la photo avait été insérée, trônait en belles lettres capitales françaises : “Cette photo d’Adolf Hitler a été prise le 24 avril 1916 dans notre maison”. Parmi les nombreux clichés de la visite de Hitler à Fournes, il y en a en effet un qui montre la photo en question de l’estafette Hitler. Mais ce n’est pas Hitler qui présente la photo encadrée à l’un des photographes allemands, mais un Français. Cet homme, c’est Louis Guichard, le percepteur local de 1940, et il se trouve à l’arrière de son bureau. » (Siegfried Debaeke, Hitler in Vlaanderen, p. 127).

    ffffffffffffff.jpeg

    Adolf Hitler se rend dans le jardin du percepteur des impôts de Fournes-en-Weppe, le 26 juin 1940. Par le suite, le percepteur Louis Guichard est tout fier de présenter au photographe Heinrich Hoffmann le témoignage de la présence du Führer chez lui, vingt-quatre ans auparavant !

    22bis Fournes Guichard.jpeg

    22bis Fournes Guichard.jpeg

     

    La polémique pour savoir qui sortit « vraiment » cette photo du bureau de perception ne présente aucun intérêt : comme si Adolf Hitler n’aurait pas été heureux de trouver là cette photo et de la montrer à ses anciens compagnons du Front qui l’accompagnaient, parmi lesquels Ernst Schmidt et Anton Bachmann pouvaient se reconnaître. Et comme si le photographe officiel du Führer, Heinrich Hoffmann qui était également présent, n’aurait pas pu demander au propriétaire de la maison de bien vouloir encore lui montrer ce cadre qui avait attiré l’attention du Führer.

     

    Ce que nous retiendrons surtout, c’est que le journal de Franz Hailer auquel Siegfried Debaecke a eu accès confirme que les photos d’Adolf Hitler sur le front de la Première Guerre mondiale ont connu diverses publications, y compris aussi vraisemblablement dans la presse française, permettant à Louis Guichard reconnaissant sa propriété de les découper et de les encadrer. Figuraient-elles dans un magazine français célébrant le dixième anniversaire de l’Armistice ? Le magazine que Léon Degrelle et Hergé ont pu feuilleter en novembre 1928, époque où le dessinateur concevait son héros Tintin et son inséparable compagnon Milou ? Voilà qui n'est certainement pas à exclure.

     

    Et pour prévenir la remarque que le chien de Hitler n’est pas de la « pure » race de Milou qu’on présente comme « fox-terrier », nous évoquerons à nouveau le témoignage de Hergé. Il concéda, en effet, dans l’émission sur les animaux Trente millions d’Amis (diffusée le 29 juillet 1978 sur la première chaîne de la télévision française) :« Milou est d’une race qui est approximativement le fox à poils durs. Un peu bâtard tout de même » (nous soulignons)…

     

    En tout cas, on comprendra maintenant très bien, comme le rappelle Léon Degrelle, qu’après-guerre, lorsqu’on l’interrogeait sur l’origine de Milou, Hergé répondait évasivement (et prudemment !) : « Milou ? Je ne me souviens vraiment plus d’où il est sorti » !... (Tintin mon copain, p. 16)

     

    23 Hitler Culotte Golf +Muck.jpeg« Staubele, notre nouveau chien Schnauzer [espèce de terrier bavarois] que mère avait offert à notre père pour son anniversaire, nous était tout dévoué, nous pouvions le gronder, le chasser, mais il n’aimait pas les étrangers, et il nous fallait veiller sur lui très attentivement lorsque Wahnfried était plein d’invités. Le seul nouveau venu que Staubele admit jamais et auquel il témoigna immédiatement son amitié fut Hitler. La première fois que Wolf [surnom d’Adolf Hitler qu’utilisaient ses intimes] vint nous voir après l’acquisition de Staubele, le chien, dès qu’il l’aperçut, courut à lui, fourra son museau dans ses mains et ne quitta pas Hitler tant que dura la visite du Führer. En cela notre chien ressemblait à tous ceux qui lui succédèrent à Wahnfried. C’étaient de grandes bêtes farouches qui ne s’approchaient jamais de personne en dehors des membres de la famille, mais, tout de suite, ils se prenaient d’affection pour Hitler. » (Friedlind Wagner,  Héritage de feu, pp. 50-51).

    24 Hitler+fox-terrier.jpg

    Cette photo, prise en bordure du petit aérodrome du GQG d’Adolf Hitler en Belgique, illustre parfaitement le récit de la petite-fille de Richard Wagner : qui est ce chien tranquillement étendu sur le banc de repos du Führer qui le couve du regard, pendant que le ministre des Affaires étrangères, Joachim von Ribbentrop, semble se demander s’il n’est pas de trop ? D’après ce que la secrétaire personnelle d’Adolf Hitler, Gerda Christian, confia à René Mathot en 1978, ce fox-terrier avait été oublié ou abandonné par ses propriétaires lors de l’évacuation des 117 habitants de Brûly-de-Pesche ordonnée le 26 mai 1940 et effectuée deux jours plus tard (jour de la capitulation du roi Léopold III). Ce village du sud de la Belgique était destiné à devenir la Wolfsschlucht («Ravin du Loup»), le Grand Quartier Général d’Adolf Hitler pour la campagne de France. René Mathot a ainsi publié une (fort mauvaise) photo (René Mathot, Au Ravin du Loup, p. 164) où l’on aperçoit les secrétaires personnelles Gerda Christian et Christa Schröder face au Führer : à leurs pieds, alerte et les sens en éveil, le chien n’a d’yeux que pour lui, attendant visiblement quelque intervention de sa part : ce Milou, fox terrier belge, est bien le cousin de Foxl, le terrier anglais, de Staubele, le terrier bavarois, et de Muck, le berger allemand !...

    25 Hitler + fox terrier 2.jpeg

     

    A suivre

  • Degrelle – Hergé, même combat ! (2)

    Si Tintin n’est donc pas un inspecteur de police à la Maigret, un détective à la Sherlock Holmes ou un Robin-des-Bois à la Arsène Lupin, c’est à Léon Degrelle qu’il doit sa profession de journaliste-globe-trotter et à son exemple de droiture, de dévouement et de générosité, –affirmé dès ses premiers articles sur les martyrs de la guerre religieuse mexicaine (octobre 1928)–, ses activités de redresseur de torts.

     

    C’est ainsi que Tintin, dès sa première aventure chez les Soviets (janvier 1929), est aussi reporter et aventurier que Léon Degrelle –qui, au même moment, est sur le point de se lancer à corps perdu dans un voyage de tous les dangers au Mexique de la révolte des Cristeros–, tout en manifestant les mêmes traits éthiques et moraux le poussant à défendre les causes justes et à venir en aide aux persécutés.

     

    9 Mexique Rex illustré 18 03 36.jpgRépondant à l’attaque du quotidien socialiste Le Peuple qui prétendait que le voyage au Mexique de Léon Degrelle était un mensonge, Rex illustré se contenta, dans son numéro du 18 mars 1936, de reproduire quelques clichés de voyage de Léon Degrelle. Celui-ci en avait pourtant déjà publié plusieurs lors de la publication en feuilletons dans l’hebdomadaire Soirées (du 23 octobre 1931 au 9 avril 1932)…

    10 LD Mexique-horz.jpg

    12 LD Mexique.jpeg

     

    Ce rôle de modèle évident que Léon Degrelle joua dans la genèse de Tintin (qui vit le jour dans Le Petit Vingtième, le 10 janvier 1929) est irréfutablement établi dans nos commentaires de Léon Degrelle, Cristeros, Aux origines de Tintin (Editions de l’Homme Libre, 2018).

     

    C’est ainsi que Léon Degrelle documenta pour Le XXe Siècle où les deux amis effectuaient leurs premières armes, l’idéal spirituel, politique et social qui sera celui de Tintin, dans l’émouvante défense des catholiques mexicains acceptant le martyre au cri de « Vive le Christ Roi », ce Christus-Rex qui donnera naissance au mouvement REX ! Léon Degrelle signera ainsi Les fureurs antireligieuses au Mexique ; Comment on assassine au temps de Locarno ! et Comment on meurt pour le Christ-Roi, les 26, 27 et 28 octobre 1928 ; La persécution mexicaine : pourquoi reculeraient-ils devant le sacrifice ?, le 16 novembre 1928. Il ajoutera encore, alors qu’il vient de terminer sa grande enquête sociale sur Les Taudis publiée pendant tout le mois de décembre 1928, Quand les catholiques s’en mêlent, le 27 janvier 1929, soit quelques jours après le départ de Tintin pour le pays des Soviets et quelques mois avant son propre départ pour le Mexique (19 décembre 1929 ; sur les péripéties préparatoires au voyage, voir Léon Degrelle, Cristeros, Aux origines de Tintin, p. 65-69).

     

    De plus, l’engagement anticommuniste de Tintin, s’il puisa les anecdotes de ses aventures dans le livre Moscou sans voiles du consul belge de Rostov-sur-le-Don, Joseph Douillet (Editions Spes, 1928), s’inspira surtout du courage, de la détermination, du sens de l’initiative et de l’humour de Léon Degrelle parti saccager l’exposition bolchevique de Bruxelles, le 12 janvier 1928. Tintin doit indubitablement aussi ses traits à cet événement considérable qui ébranla tout le monde politique et médiatique belge. Au point de déterminer la décision du directeur du XXe Siècle, l’abbé Norbert Wallez, d’imposer au responsable du Petit Vingtième, le jeune Hergé, la mission d’envoyer son nouveau héros Tintin combattre les Soviets en « Bolchévie » !

     

    14 Avant-Garde 19_01_1928 Soviets.JPGLéon Degrelle rend compte de l’attaque de l’exposition soviétique à Bruxelles dans son journal estudiantin louvaniste du 19 janvier 1928 : c’est la première fois que la (coûteuse) couleur est utilisée !

     

    Voilà ce que, de prime abord, Léon Degrelle inspira à Hergé pour son personnage Tintin (sans parler ici des évidences matérielles –que sont les culottes de golf, la houppette ou l’ovale parfait du visage– appartenant toutes au turbulent étudiant louvaniste : elles sont abondamment détaillées dans Léon Degrelle, Cristeros, Aux origines de Tintin (sur l’origine, le sens et la portée des culottes de golf, on lira avec intérêt « La culotte de golf », pp. 76-82), et ce, d’autant plus naturellement que la même éthique de vie était partagée par les deux amis qui avaient reçu la même éducation catholique et la même formation scoute.

     

    Mais c’est là aussi ce qui était absolument insupportable pour l’historiographie politiquement correcte, accusant Léon Degrelle de se forger une légende à coups de mensonges, d’exagérations, de récupérations, de travestissements de la réalité…

     

    Même un critique comme Francis Bergeron, auteur d’un Dictionnaire du collectionneur politiquement incorrect et d’un Dictionnaire commenté de livres politiquement incorrects, que l’on pourrait donc croire immunisé contre tout conformisme, s’est laissé contaminer par cette paresse intellectuelle pour entonner –mais s’en rend-il seulement compte ?– les décevants refrains du politiquement correct : « Tintin mon copain […] ! Il faut en prendre et en laisser, comme souvent chez Degrelle », « L’album sent la récupération », « Redevenons sérieux »,… (Francis Bergeron, Georges Remi dit Hergé, Pardès, Qui suis-je ?, 2011, pp. 118, 36)

     

    Mais ce qui est bien réellement sérieux, c’est que toute la vie de Léon Degrelle est faite de chapitres absolument incroyables, exactement à l’image des aventures de Tintin (que Robert Poulet décrit justement comme « des histoires impossibles mais réelles », in Rivarol, 18 mars 1983) !

     

    Depuis sa périlleuse expédition au Mexique jusqu’aux tentatives d’enlèvement et d’assassinat en Espagne fomentées par des juges et des résistants belges ou les services secrets israéliens et français, en passant par sa campagne fulgurante contre les banksters de la politique belge, les héroïques combats du Front de l’Est (Croix de Fer de Seconde et Première Classe, Agrafe en or des Combats au Corps à Corps, Insigne en or des Blessés, Croix de Chevalier de la Croix de Fer avec Feuilles de Chêne, etc.) et ses promotions militaires au seul mérite personnel ­de simple soldat à commandeur de division et Volksführer (détenteur des pouvoirs civils et militaires) des Wallons (voir ce blog au 5 mars 2018), ses liens inimaginablement privilégiés avec Adolf Hitler (« Si j’avais un fils, je voudrais qu’il fût comme vous », voir ce blog aux 21 juin et 20 juillet 2018) ou son projet de rétablissement du Duché de Bourgogne approuvé par Hitler et confirmé par Himmler (voir ce blog au 28 juin 2017), tout, absolument tout, dans la vie de Léon Degrelle relève de l’invraisemblable et de la fiction. Et pourtant, tout est vérifiable et a toujours fini par se vérifier.

     

    Aujourd’hui, ce sont ses détracteurs qui passent pour des affabulateurs ou des historiens peu scrupuleux. Par exemple, à propos des mensonges insanes d’un Eddy De Bruyne, voir ce blog : 15 publications à partir du 23 mars 2017 ; sur les obsessions fantasmagoriques et les postulats délirants du pseudo-historien de l’Université de Liège, Francis Balace, tout confit en servilité politiquement correcte, voir ce blog, entre autres, au 9 juillet 2017, note 1, ainsi qu’aux 30 juin 2016, 12 mars et surtout 6 juillet 2019 !...

    15 LD Golf 2-horz.jpg

    Tant que les tailleurs en ont proposé, Léon Degrelle est toujours resté fidèle aux culottes de golf que Hergé lui emprunta pour en faire le vêtement emblématique de Tintin : à gauche, au début des années 30 ; à droite, dans l’Espagne des années 50.

     

    Léon Degrelle était à ce point conscient de son destin super-tintinesque qu’il prend plaisir à le souligner dans Tintin mon copain !

     

    « Avoir aidé Hergé à faire de Tintin un personnage qui, avec le temps, porterait à travers la planète la culotte de golf décrochée de ma garde-robe et la houppette cueillie sur ma boîte crânienne, ne serait qu’un incident merveilleux à travers ma vie haute en couleur. […] C’est dire que Tintin ne serait qu’un épisode, charmant, de ma geste multiforme, où abondent des événements hors du commun : la conquête d’un million de Belges en 1936, par un jeune garçon de vingt-neuf ans, mes quatre ans de combat de chef de guerre au Front de l’Est, ma Ritterkreuz et mes Feuilles de Chêne me hissant en tête des créateurs de l’Europe en gestation. […] Hergé lui-même le savait qui, modeste, parfois même effacé ou effaré, vivrait personnellement, on le verra, chacun des heurts et malheurs de mon épopée. Au long de ceux-ci, c’est vrai, resurgiraient cent fois des réminiscences et des coïncidences de l’esprit, de l’ingéniosité, de la débrouillardise et de l’humour du Tintin de notre jeunesse. » (p. 21)

     

    C’est donc par l’intermédiaire de son personnage de fiction que Hergé vivra les aventures qu’écrira dans la réalité, avec son courage et son abnégation, l’ami Degrelle : « Tintin, c’est moi quand j’aimerais être héroïque, parfait » confiait Hergé à Numa Sadoul (Tintin et moi, Entretiens avec Hergé, p. 45). Et ce, même si, dans ses aventures, Tintin ne revêtira jamais l’uniforme que revêtit Léon Degrelle pour empêcher que l’Europe ne fût anéantie par le bolchevisme (dénoncé dès Tintin au Pays des Soviets) et le matérialisme capitaliste (pourfendu dans tous les autres albums).

     

    Néanmoins, si Hergé ne lui fit jamais porter dans ses aventures l’uniforme de son modèle parti au Front de l’Est, il ne rechignera nullement à le lui faire porter « pour information ». De même que celui de tous ceux qui en portaient dans le IIIe Reich ! A telle enseigne qu’en un fameux clin d’œil à son modèle degrellien, dans la série de vignettes sur l’aviation de 1939 à 1945 (L’aviation, Guerre 1939-1945, Collection « Voir et Savoir », Dargaud, 1953), Hergé prend un plaisir manifeste –en 1953 ! huit ans à peine après la fin de la guerre et alors que la répression des « inciviques » était toujours d’actualité !– à revêtir Tintin de tous les uniformes militaires possibles, en ce compris et avec la même évidente sympathie, les tenues nazies ornées de toutes les croix gammées nécessaires ? Quel dommage que les éditeurs de Tintin mon copain aient oublié ces précieux témoignages de la totale absence d’allergie de Hergé pour la symbolique nationale-socialiste !

     

    Aujourd’hui, on peut être sûr que le « politiquement correct » ne permettrait plus que soit évoquées aussi favorablement « les heures les plus sombres de notre histoire » ! On peut ainsi surprendre Tintin en « Pimpf » de la Hitlerjugend, le boy-scout national-socialiste, ou revêtu de l’uniforme de la Wehrmacht, celui-là même que porta Léon Degrelle jusqu’au Caucase dans les premières années de la Légion Wallonie. Mais il y a aussi le marin de la Kriegsmarine, l’officier de la Luftwaffe, etc.

    De quoi nuancer d’importance l’affirmation péremptoire de Francis Bergeron critiquant la couverture de Tintin mon copain qui s’orne des « portraits de Tintin et de Degrelle, l’un et l’autre en uniforme allemand (mais seul Degrelle l’a réellement porté !) » (Georges Remi dit Hergé, p. 35).

     

    17 Tintin SS-vert.jpg

    Le vingtième chromo de L’aviation, Guerre 1939-1945 est consacré au célèbre, maniable et sûr Fieseler Storch dont est rappelé le plus fameux exploit : la délivrance de Mussolini de sa prison dans le Massif des Apennins, à 1800 mètres d’altitude, par les troupes SS aéroportées du colonel Otto Skorzeny. Hergé eût également pu rappeler que c’est le Fieseler Storch personnel d’Adolf Hitler qui, fait absolument unique dans les annales du IIIe Reich, alla chercher, à deux reprises, Léon Degrelle sur le Front de l’Est pour l’amener au Grand-Quartier Général et y recevoir des mains mêmes du commandant suprême de toutes les forces armées du Reich la Croix de Chevalier de la Croix de Fer (20 février 1944) ainsi que les Feuilles de Chêne, la Croix Allemande en or et l’Agrafe en or des Combats rapprochés (25 août 1944).

    C’est alors que, profondément ému, le Führer confia à celui qui avait su gagner son estime, sa confiance, son amitié et son affection : « Si j’avais un fils, j’aimerais qu’il fût comme vous ! »

    Pour illustrer ce chromo, Hergé a choisi de revêtir Tintin de l’uniforme noir du tankiste d’une division blindée de la SS : il porte le grade de Scharführer (sergent) et est décoré de la Croix de Fer de seconde classe.

    (L’aviation, Guerre 1939-1945, Collection « Voir et Savoir », Dargaud, 1953).

     

     

     

    A suivre