Degrelle – Hergé, même combat ! (2)
Si Tintin n’est donc pas un inspecteur de police à la Maigret, un détective à la Sherlock Holmes ou un Robin-des-Bois à la Arsène Lupin, c’est à Léon Degrelle qu’il doit sa profession de journaliste-globe-trotter et à son exemple de droiture, de dévouement et de générosité, –affirmé dès ses premiers articles sur les martyrs de la guerre religieuse mexicaine (octobre 1928)–, ses activités de redresseur de torts.
C’est ainsi que Tintin, dès sa première aventure chez les Soviets (janvier 1929), est aussi reporter et aventurier que Léon Degrelle –qui, au même moment, est sur le point de se lancer à corps perdu dans un voyage de tous les dangers au Mexique de la révolte des Cristeros–, tout en manifestant les mêmes traits éthiques et moraux le poussant à défendre les causes justes et à venir en aide aux persécutés.
Répondant à l’attaque du quotidien socialiste Le Peuple qui prétendait que le voyage au Mexique de Léon Degrelle était un mensonge, Rex illustré se contenta, dans son numéro du 18 mars 1936, de reproduire quelques clichés de voyage de Léon Degrelle. Celui-ci en avait pourtant déjà publié plusieurs lors de la publication en feuilletons dans l’hebdomadaire Soirées (du 23 octobre 1931 au 9 avril 1932)…
Ce rôle de modèle évident que Léon Degrelle joua dans la genèse de Tintin (qui vit le jour dans Le Petit Vingtième, le 10 janvier 1929) est irréfutablement établi dans nos commentaires de Léon Degrelle, Cristeros, Aux origines de Tintin (Editions de l’Homme Libre, 2018).
C’est ainsi que Léon Degrelle documenta pour Le XXe Siècle où les deux amis effectuaient leurs premières armes, l’idéal spirituel, politique et social qui sera celui de Tintin, dans l’émouvante défense des catholiques mexicains acceptant le martyre au cri de « Vive le Christ Roi », ce Christus-Rex qui donnera naissance au mouvement REX ! Léon Degrelle signera ainsi Les fureurs antireligieuses au Mexique ; Comment on assassine au temps de Locarno ! et Comment on meurt pour le Christ-Roi, les 26, 27 et 28 octobre 1928 ; La persécution mexicaine : pourquoi reculeraient-ils devant le sacrifice ?, le 16 novembre 1928. Il ajoutera encore, alors qu’il vient de terminer sa grande enquête sociale sur Les Taudis publiée pendant tout le mois de décembre 1928, Quand les catholiques s’en mêlent, le 27 janvier 1929, soit quelques jours après le départ de Tintin pour le pays des Soviets et quelques mois avant son propre départ pour le Mexique (19 décembre 1929 ; sur les péripéties préparatoires au voyage, voir Léon Degrelle, Cristeros, Aux origines de Tintin, p. 65-69).
De plus, l’engagement anticommuniste de Tintin, s’il puisa les anecdotes de ses aventures dans le livre Moscou sans voiles du consul belge de Rostov-sur-le-Don, Joseph Douillet (Editions Spes, 1928), s’inspira surtout du courage, de la détermination, du sens de l’initiative et de l’humour de Léon Degrelle parti saccager l’exposition bolchevique de Bruxelles, le 12 janvier 1928. Tintin doit indubitablement aussi ses traits à cet événement considérable qui ébranla tout le monde politique et médiatique belge. Au point de déterminer la décision du directeur du XXe Siècle, l’abbé Norbert Wallez, d’imposer au responsable du Petit Vingtième, le jeune Hergé, la mission d’envoyer son nouveau héros Tintin combattre les Soviets en « Bolchévie » !
Léon Degrelle rend compte de l’attaque de l’exposition soviétique à Bruxelles dans son journal estudiantin louvaniste du 19 janvier 1928 : c’est la première fois que la (coûteuse) couleur est utilisée !
Voilà ce que, de prime abord, Léon Degrelle inspira à Hergé pour son personnage Tintin (sans parler ici des évidences matérielles –que sont les culottes de golf, la houppette ou l’ovale parfait du visage– appartenant toutes au turbulent étudiant louvaniste : elles sont abondamment détaillées dans Léon Degrelle, Cristeros, Aux origines de Tintin (sur l’origine, le sens et la portée des culottes de golf, on lira avec intérêt « La culotte de golf », pp. 76-82), et ce, d’autant plus naturellement que la même éthique de vie était partagée par les deux amis qui avaient reçu la même éducation catholique et la même formation scoute.
Mais c’est là aussi ce qui était absolument insupportable pour l’historiographie politiquement correcte, accusant Léon Degrelle de se forger une légende à coups de mensonges, d’exagérations, de récupérations, de travestissements de la réalité…
Même un critique comme Francis Bergeron, auteur d’un Dictionnaire du collectionneur politiquement incorrect et d’un Dictionnaire commenté de livres politiquement incorrects, que l’on pourrait donc croire immunisé contre tout conformisme, s’est laissé contaminer par cette paresse intellectuelle pour entonner –mais s’en rend-il seulement compte ?– les décevants refrains du politiquement correct : « Tintin mon copain […] ! Il faut en prendre et en laisser, comme souvent chez Degrelle », « L’album sent la récupération », « Redevenons sérieux »,… (Francis Bergeron, Georges Remi dit Hergé, Pardès, Qui suis-je ?, 2011, pp. 118, 36)
Mais ce qui est bien réellement sérieux, c’est que toute la vie de Léon Degrelle est faite de chapitres absolument incroyables, exactement à l’image des aventures de Tintin (que Robert Poulet décrit justement comme « des histoires impossibles mais réelles », in Rivarol, 18 mars 1983) !
Depuis sa périlleuse expédition au Mexique jusqu’aux tentatives d’enlèvement et d’assassinat en Espagne fomentées par des juges et des résistants belges ou les services secrets israéliens et français, en passant par sa campagne fulgurante contre les banksters de la politique belge, les héroïques combats du Front de l’Est (Croix de Fer de Seconde et Première Classe, Agrafe en or des Combats au Corps à Corps, Insigne en or des Blessés, Croix de Chevalier de la Croix de Fer avec Feuilles de Chêne, etc.) et ses promotions militaires au seul mérite personnel –de simple soldat à commandeur de division et Volksführer (détenteur des pouvoirs civils et militaires) des Wallons (voir ce blog au 5 mars 2018)–, ses liens inimaginablement privilégiés avec Adolf Hitler (« Si j’avais un fils, je voudrais qu’il fût comme vous », voir ce blog aux 21 juin et 20 juillet 2018) ou son projet de rétablissement du Duché de Bourgogne approuvé par Hitler et confirmé par Himmler (voir ce blog au 28 juin 2017), tout, absolument tout, dans la vie de Léon Degrelle relève de l’invraisemblable et de la fiction. Et pourtant, tout est vérifiable et a toujours fini par se vérifier.
Aujourd’hui, ce sont ses détracteurs qui passent pour des affabulateurs ou des historiens peu scrupuleux. Par exemple, à propos des mensonges insanes d’un Eddy De Bruyne, voir ce blog : 15 publications à partir du 23 mars 2017 ; sur les obsessions fantasmagoriques et les postulats délirants du pseudo-historien de l’Université de Liège, Francis Balace, tout confit en servilité politiquement correcte, voir ce blog, entre autres, au 9 juillet 2017, note 1, ainsi qu’aux 30 juin 2016, 12 mars et surtout 6 juillet 2019 !...
Tant que les tailleurs en ont proposé, Léon Degrelle est toujours resté fidèle aux culottes de golf que Hergé lui emprunta pour en faire le vêtement emblématique de Tintin : à gauche, au début des années 30 ; à droite, dans l’Espagne des années 50.
Léon Degrelle était à ce point conscient de son destin super-tintinesque qu’il prend plaisir à le souligner dans Tintin mon copain !
« Avoir aidé Hergé à faire de Tintin un personnage qui, avec le temps, porterait à travers la planète la culotte de golf décrochée de ma garde-robe et la houppette cueillie sur ma boîte crânienne, ne serait qu’un incident merveilleux à travers ma vie haute en couleur. […] C’est dire que Tintin ne serait qu’un épisode, charmant, de ma geste multiforme, où abondent des événements hors du commun : la conquête d’un million de Belges en 1936, par un jeune garçon de vingt-neuf ans, mes quatre ans de combat de chef de guerre au Front de l’Est, ma Ritterkreuz et mes Feuilles de Chêne me hissant en tête des créateurs de l’Europe en gestation. […] Hergé lui-même le savait qui, modeste, parfois même effacé ou effaré, vivrait personnellement, on le verra, chacun des heurts et malheurs de mon épopée. Au long de ceux-ci, c’est vrai, resurgiraient cent fois des réminiscences et des coïncidences de l’esprit, de l’ingéniosité, de la débrouillardise et de l’humour du Tintin de notre jeunesse. » (p. 21)
C’est donc par l’intermédiaire de son personnage de fiction que Hergé vivra les aventures qu’écrira dans la réalité, avec son courage et son abnégation, l’ami Degrelle : « Tintin, c’est moi quand j’aimerais être héroïque, parfait » confiait Hergé à Numa Sadoul (Tintin et moi, Entretiens avec Hergé, p. 45). Et ce, même si, dans ses aventures, Tintin ne revêtira jamais l’uniforme que revêtit Léon Degrelle pour empêcher que l’Europe ne fût anéantie par le bolchevisme (dénoncé dès Tintin au Pays des Soviets) et le matérialisme capitaliste (pourfendu dans tous les autres albums).
Néanmoins, si Hergé ne lui fit jamais porter dans ses aventures l’uniforme de son modèle parti au Front de l’Est, il ne rechignera nullement à le lui faire porter « pour information ». De même que celui de tous ceux qui en portaient dans le IIIe Reich ! A telle enseigne qu’en un fameux clin d’œil à son modèle degrellien, dans la série de vignettes sur l’aviation de 1939 à 1945 (L’aviation, Guerre 1939-1945, Collection « Voir et Savoir », Dargaud, 1953), Hergé prend un plaisir manifeste –en 1953 ! huit ans à peine après la fin de la guerre et alors que la répression des « inciviques » était toujours d’actualité !– à revêtir Tintin de tous les uniformes militaires possibles, en ce compris et avec la même évidente sympathie, les tenues nazies ornées de toutes les croix gammées nécessaires ? Quel dommage que les éditeurs de Tintin mon copain aient oublié ces précieux témoignages de la totale absence d’allergie de Hergé pour la symbolique nationale-socialiste !
Aujourd’hui, on peut être sûr que le « politiquement correct » ne permettrait plus que soit évoquées aussi favorablement « les heures les plus sombres de notre histoire » ! On peut ainsi surprendre Tintin en « Pimpf » de la Hitlerjugend, le boy-scout national-socialiste, ou revêtu de l’uniforme de la Wehrmacht, celui-là même que porta Léon Degrelle jusqu’au Caucase dans les premières années de la Légion Wallonie. Mais il y a aussi le marin de la Kriegsmarine, l’officier de la Luftwaffe, etc.
De quoi nuancer d’importance l’affirmation péremptoire de Francis Bergeron critiquant la couverture de Tintin mon copain qui s’orne des « portraits de Tintin et de Degrelle, l’un et l’autre en uniforme allemand (mais seul Degrelle l’a réellement porté !) » (Georges Remi dit Hergé, p. 35).
Le vingtième chromo de L’aviation, Guerre 1939-1945 est consacré au célèbre, maniable et sûr Fieseler Storch dont est rappelé le plus fameux exploit : la délivrance de Mussolini de sa prison dans le Massif des Apennins, à 1800 mètres d’altitude, par les troupes SS aéroportées du colonel Otto Skorzeny. Hergé eût également pu rappeler que c’est le Fieseler Storch personnel d’Adolf Hitler qui, fait absolument unique dans les annales du IIIe Reich, alla chercher, à deux reprises, Léon Degrelle sur le Front de l’Est pour l’amener au Grand-Quartier Général et y recevoir des mains mêmes du commandant suprême de toutes les forces armées du Reich la Croix de Chevalier de la Croix de Fer (20 février 1944) ainsi que les Feuilles de Chêne, la Croix Allemande en or et l’Agrafe en or des Combats rapprochés (25 août 1944).
C’est alors que, profondément ému, le Führer confia à celui qui avait su gagner son estime, sa confiance, son amitié et son affection : « Si j’avais un fils, j’aimerais qu’il fût comme vous ! »
Pour illustrer ce chromo, Hergé a choisi de revêtir Tintin de l’uniforme noir du tankiste d’une division blindée de la SS : il porte le grade de Scharführer (sergent) et est décoré de la Croix de Fer de seconde classe.
(L’aviation, Guerre 1939-1945, Collection « Voir et Savoir », Dargaud, 1953).
A suivre