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dieter vandenbroucke

  • L’art oratoire de Léon Degrelle

     

    Enchantement ou dandysme ?

     

    Commentant la présentation de la nouvelle biographie de Joris Van Severen, La Séduction d’un fasciste de Dieter Vandenbroucke, telle qu’elle se trouve à la fois dans le trimestriel Joris Van Severen (4e trimestre 2020) et sur le site du CEGESOMA Belgium WWII, nous avons cité –en traduction du néerlandais– l’appréciation que le Leider du Verdinaso aurait émise au sujet d’une déclaration du Chef de Rex sur l’art du tribun (voir ce blog au 21 février 2021). Nous remettons notre citation dans le contexte « dandyste » où elle intervient :

    Van Severen Dandy en uniforme.jpeg« Le dandysme de Van Severen, sa politique esthétique et sa rhétorique imprégnée de virilité sont au cœur de son pouvoir de séduction.» (Dieter Vandenbroucke) 

    « Comment [Joris Van Severen] réussissait-il à concilier son rôle de chef d’un Nouvel Ordre soldatesque avec sa vie privée souvent chaotique de dandy et de coureur de jupons ? […] Van Severen a toujours été davantage attiré par “la magie de la personnalité vivante” que par les théories. Cela se reflétait dans sa vie privée qui, malgré sa position de modèle en tant que fasciste exemplaire, faisait des gorges chaudes. En premier lieu, ses nombreuses relations agitées avec des femmes mariées et la vigueur avec laquelle il plongeait dans la vie nocturne de la Côte, alimentaient bien des ragots. Dans son journal personnel, Van Severen appelait ces excursions des « raids », –ailleurs il a utilisé d’autres métaphores tout aussi explicites. À noter : le Chef de Rex, Léon Degrelle, s’est fait moucher au cours d’un entretien lorsqu’il compara la foule à des femmes devant, de préférence, être “prises” rapidement ; selon Van Severen, des femmes de ce genre se laissent également prendre avec la même rapidité par d’autres. “Rien n’est plus fuyant que les femmes”. De même qu’une relation durable nécessite plus d’efforts, ainsi la foule doit-elle être intégrée dans un ordre discipliné. Selon Van Severen, le Verdinaso parfaitement masculin en était garant. »

     

    Puisqu’il ne s’agit que d’une présentation concise de son livre par l’auteur lui-même, nous ne disposons évidemment pas des références qui pourraient appuyer les propos placés aussi bien dans la bouche de Léon Degrelle que dans celle de Joris Van Severen.

     

    Après quelques recherches, nous avons néanmoins pu trouver une origine probable de la « comparaison » degrellienne de la foule avec la femme. Mais elle ne provient pas de quelque écrit de Léon Degrelle lui-même, mais d’un de ses amis, Pierre Daye. Et il n’est nullement question d’un éventuel commentaire de Joris Van Severen (dont nous avouons n’avoir trouvé nulle trace) ni d’une réaction quelconque de Léon Degrelle à ce commentaire…

     

    Daye 1.jpegPierre Daye a beaucoup publié sur Rex et Léon Degrelle. Notamment cette petite brochure abondamment illustrée de quatorze pages, Portrait de Léon Degrelle (Rex, sans date), qui fera quasiment partie intégrante, mais sans les photographies, de Léon Degrelle et le Rexisme (Fayard, 1937).

     

    Pierre Daye y développe essentiellement une analyse du talent oratoire du tribun et chef de Rex Léon Degrelle, dont voici, dans son contexte, la comparaison avec la femme :

    « Solide, musclé, souple, une sorte de rappel continu de la vie charnelle se manifeste en [Léon Degrelle]. Il ne discourra pas une fois sans évoquer, dans ses comparaisons, l’amour, sans faire allusion à la femme.

    Son don est non seulement spirituel, mais physique. Son empire sur le peuple vient peut-être de là aussi, de ce courant qui est indéfinissable, mais qui pénètre jusqu’au plus profond de l’être ceux qui l’écoutent. Les femmes, dit-on, sont saisies d’émoi en le voyant. Ce n’est pas seulement parce qu’il est beau garçon, mais c’est parce qu’elles ressentent, plus encore que les hommes, ces mystérieuses irradiations.

    Léon Degrelle me disait un jour : “Quand j’ai devant moi une foule, au bout d’une demi-heure, je la prends comme on prend une femme !” » (p.9 ; pp. 244-245 de Léon Degrelle et le Rexisme. Pierre Daye y conclut : « C’est ce que, par mauvaise plaisanterie, on a appelé le “Rex appeal” ! »).

    LD Orateur Rex débuts 3.jpg

    Dans un parc, sur une tribune improvisée, Léon Degrelle convainc son public d’hommes et de femmes de toutes classes de balayer les banksters et de régénérer la vie publique.

    Bien plus tard, après la guerre, dans ses Interviews recueillies pour la télévision française par Jean-Michel Charlier, réalisées en 1976, Léon Degrelle reviendra sur son art de tribun, exactement dans le même esprit, mais sans la vulgarité soulignée par Dieter Vandenbroucke, ce qui nous fait sincèrement douter que l’éventuelle remarque de Joris Van Severen, non seulement ait pu jamais avoir quelque influence sur lui, mais ait même pu exister :

    « Il faut enchanter les foules comme on enchante une femme. C’est du même ordre. C’est une espèce d’immense acte de séduction. La foule se donne parce que la séduction a déclenché en elle le déclic du don. J’ai toujours ressenti la même projection vibrante de tout mon être à la seconde précise où j’accrochais le public dans mes grands meetings. Quand je commençais, je ne savais même pas ce que j’allais dire. Je porte en moi ma vérité. Je porte en moi ma doctrine. J’ai en face de moi une foule souvent énorme : je ne la vois même pas, les puissants réflecteurs m’aveuglent, je ne distingue qu’une masse humaine toute noire. Qu’est-ce que c’est ? des jeunes ? des vieux ? des ouvriers ? des paysans ? des riches ? des pauvres ? Mystère total. Inutile donc de préparer une première phrase ronflante. On ne peut que trébucher sur elle. Il faut immédiatement improviser. […] Je me mettais à planer, je faisais de larges tours au-dessus du public, comme chez nous, à Bouillon, le faisaient les “bêtes aux poules”, les éperviers qui cherchent leur proie du haut du ciel. Tout d’un coup, je sentais que cela y était ! Vlan ! Je plongeais en plein dans la salle, j’attrapais dans mes griffes la proie pantelante. La proie pantelante, c’était le public.

    C’est un phénomène extraordinaire, cette compénétration soudaine de deux grands courants, l’un émetteur, l’autre récepteur, ces fluides qui jaillissent, captent, s’unissent, repartent !

    Cette double projection de sensations échappe encore à l’analyse scientifique. Jusqu’à maintenant, au moins. Je n’ai jamais rencontré un médecin qui m’ait expliqué ces phénomènes. Or ce sont pourtant des phénomènes d’ordre médical et d’ordre psychique, ces courants aussi puissants qu’inconnus qui passent de l’être qui prend à l’être pris, qui font qu’on brûle, qui font qu’on tient, qui font qu’on possède ! […]

    Alors, voilà ! Il faut être le type puissant, à la vigueur physique inlassable ; il faut posséder une volonté d’acier, être décidé à passer à travers tout, savoir qu’on passera. Il faut avoir la foi !

    Et il faut enchanter !

    Telle est la loi de la réussite politique, la vraie, la seule, celle qui fait qu’on est le maître, et non qu’on a ramené, comme une aumône, un panier de voix. 
    » (Léon Degrelle : persiste et signe…, pp. 82-83).

    Meeting Palais Sports 1936.jpeg

    L’enchantement des foules pour la révolution des âmes. Les banderoles du Palais des Sports de Bruxelles proclament, en 1936 : «Les partis, c’est la haine et la mort», « La foi nous rend invincibles », « Pur et puissant »…

    Dans son livre déjà cité, Pierre Daye approfondit son analyse du talent oratoire de Léon Degrelle, reprenant également les métaphores du courant électrique, du magnétisme et des fluides :

    « Depuis quelques mois, je comprends assez bien ce que peut être l’empire, non pas de la parole, même la plus éloquente, mais d’un esprit qui parvient à transparaître dans la parole. Je cherche, tout en le constatant, à comprendre ce phénomène et à l’analyser. Puis-je y réussir ? J’ai entendu de grands orateurs de mon époque, de plus parfaits que Léon Degrelle ; je n’en ai jamais rencontré un qui dégageât, même de loin, un “magnétisme” semblable, duquel émanât un fluide aussi étrange, aussi puissant. Talent prestigieux ? Soit, mais autre chose aussi, qu’il est bien difficile de définir, quelque chose qui me fait admettre aujourd’hui que, parfois, puisse surgir un homme exerçant sur les foules une domination telle, par sa seule force intérieure, qu’il les soulève dans de grands mouvements de foi et d’enthousiasme, comme lors des premières croisades.

    LD Orateur guerre PBA.jpgL’engagement militaire de Léon Degrelle contre le bolchevisme fut également au service de son idéal de régénération nationale, secondant désormais ses talents de tribun (ici au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, début 1943).

     

    Le talent oratoire de Léon Degrelle est tout simple et sans apprêt. Point de périodes bien équilibrées, aucune rhétorique, aucune science dans un art difficile entre tous, mais un langage direct, à l’emporte-pièce, frappé de formules qui font balle. Jamais un effet théâtral, jamais un trémolo dans la voix. Des mots à tout le monde, mais des traits âpres, ironiques, lancés d’un organe sonore, métallique, si puissant qu’un jour où, devant douze mille auditeurs, les fils des haut-parleurs avaient été sabotés et coupés, Degrelle put continuer à parler durant une heure sans qu’on perdît, au dernier rang, une syllabe de ce qu’il disait. Cependant de quelle manière il se donne ! “Quelle gymnastique !” comme s’exclament les bonne gens des campagnes qui l’entendent pour la première fois ! Quels gestes magnifiques, amples, faciles, justes ! Eloquence naturelle avant tout.

    LD Orateur guerre Chaillot.jpg

    La révolution des âmes, entraînant une régénération nationale, sociale et spirituelle se prêche désormais au niveau européen. Ici, à Paris, au Palais de Chaillot, le 5 mars 1944 : « Nous sommes arrivés au moment où toutes les délimitations de l’Europe d’hier, de l’Europe des guerres civiles, sont mortes. Ou bien les peuples ont retrouvé dans leurs veines, la grande force de la jeunesse, l’esprit du sacrifice et de la grandeur, et ils forment un seul bloc socialiste et révolutionnaire, ou bien ils ont conservé la stérilité et la décadence des vieillards qui ne comprennent plus rien. […] Car ce qui nous intéresse le plus dans la guerre, c’est la révolution qui suivra, c’est de rendre à ces millions de familles ouvrières la joie de vivre, c’est que les millions de travailleurs européens se sentent enfin des êtres libres, fiers, respectés, c’est que dans toute l’Europe, le capital cesse d’être un instrument de domination des peuples pour devenir un instrument au service du bonheur des peuples. »

    Où se trouve alors l’invraisemblable prestige qu’exerce cette parole sur des multitudes de plus en plus vastes ? Dans l’âme dont elle vibre sans doute, dans la sincérité qui transparaît, dans une force invisible que l’on sent tout à coup éclater et s’imposer à toutes les volontés. “Tu n’as pas idée, me disait une fois Degrelle, épuisé, après avoir parlé devant vingt mille hommes hostiles d’abord, et qu’il avait en quelque sorte domptés, tu n’as pas idée de l’électricité que j’ai dû dépenser !”

    Oui, une espèce d’électricité qui se transfuse et dont le chef de Rex m’assure qu’il sent, à un moment précis de chaque harangue, qu’elle vient d’entrer en contact avec la foule des hommes assemblés. Une manière de phénomène qui doit se rapprocher de ceux de la suggestion et auquel, par conséquent, il serait vain de vouloir trouver une explication définitive. » (pp. 3-7 ; pp. 232 et 242-243 de Léon Degrelle et le Rexisme).

    LD au milieu de la foule.jpgOn voit que la réaction attribuée à Joris Van Severen face à l’éloquence de Léon Degrelle est assez trivialement incongrue. Si elle est exacte, elle démontrerait une différence fondamentale entre les deux hommes à propos de leur vocation et de l’objectif de leur art oratoire : chez Léon Degrelle, c’est l’enchantement des foules pour obtenir leur adhésion à son projet de société régénérée spirituellement (rénovation nationale par la révolution des âmes) ; chez Joris Van Severen, ce serait l’intégration obligatoire des masses dans un ordre discipliné.

    Comme nous l’avons dit en conclusion de notre présentation de la nouvelle biographie du fondateur du Verdinaso par Dieter Vandenbroucke, il nous faudra attendre sa parution pour vérifier l’exactitude de ce qu’il met dans la bouche de ceux qu’il incrimine ainsi que la pertinence de ce qu’il s’autorise à en déduire…

    Pays réel 21.05.41 LD hommage Van Severen.jpg

    Léon Degrelle a-t-il réagi aux critiques de son art oratoire qu’on prête à Joris Van Severen ? Rien n’est moins sûr. Mais il ne manqua pas de rendre hommage à son compagnon d’infortune à l’occasion du premier anniversaire de son assassinat par la soldatesque française à Abbeville.

  • A propos de Joris Van Severen, le « bon vivant », Adolf Hitler « à la vie ennuyeuse » et Léon Degrelle, le « dandy »…

    Considérations sur « La Séduction d’un fasciste »,

    la nouvelle biographie annoncée de Joris Van Severen

     

    Le chef du Verdinaso, Joris Van Severen, arrêté et livré aux Français en même temps que Léon Degrelle dès que les Allemands envahirent la Belgique, le 10 mai 1940, et assassiné à Abbeville dix jours plus tard, bénéficie d’un Centre d’Etudes performant, organisant régulièrement un colloque, animant un site internet (www.jorisvanseveren.org), publiant régulièrement un trimestriel ainsi qu’un annuaire, des études historiques, littéraires, critiques, iconographiques de grande qualité, effectuées par des collaborateurs indépendants et non inféodés au politiquement correct. Toutes choses absolument impensables du côté francophone du pays, et certainement pas si l’objet d’étude de pareil Centre serait les Volontaires wallons du Front de l’Est et l’œuvre et la personnalité de Léon Degrelle…

    Joris VS 4 trim 2020.jpegLe dernier numéro du trimestriel (4e trimestre 2020) est essentiellement consacré à l’annonce d’un nouvel ouvrage sur « le premier fasciste de Flandre » : La séduction d’un fasciste, par Dieter Vandenbroucke, spécialisé en histoire de la littérature.

    Le livre devrait sortir au cours de cette année mais est d’ores et déjà présenté par l’auteur sur le site Belgium WWII, la « plateforme virtuelle sur la Belgique et ses habitants durant la Seconde Guerre mondiale » (où sévissent aussi l’ineffable Besace –voir ce blog au 30 juin 2016ainsi que tous les affidés du CEGESOMA).

     

    C’est ce texte qui est repris dans le trimestriel. L’angle de vue qui se veut original, loin des dénigrements gratuits aussi bien que des hagiographies, prétend examiner comment Joris Van Severen pouvait concilier ses activités de « parlementaire du parti Frontiste nationaliste flamand » et sa vie privée de « dandy, amateur de femmes, toujours habillé avec recherche ».

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    Joris Van Severen « dandy, amateur de femmes, toujours habillé avec recherche », mais « dans sa vie privée, sombrant dans la solitude et l’inquiétude ».

    Il effectue à ce propos une comparaison avec ce qu’aurait déclaré Léon Degrelle sur l’art du tribun : « Le Chef de Rex, Léon Degrelle, a dû revenir sur ses propos lorsqu’il compara la foule à des femmes devant, de préférence, être “prises” rapidement ; selon Van Severen, de semblables femmes se laissent également prendre avec la même rapidité par d’autres. “Rien n’est plus fuyant que les femmes”. De même qu’une relation durable nécessite plus d’efforts, ainsi la foule doit-elle être intégrée dans un ordre discipliné. Selon Van Severen, le Verdinaso parfaitement masculin en était garant. »

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    « Le Verdinaso parfaitement masculin était garant de l’intégration de la foule dans un ordre discipliné. »

     Du coup, l’auteur se pose la question de savoir « comment l’image que se faisait Van Severen de la femme et des relations féminines pouvait s’intégrer à l’idéologie du Verdinaso qui considérait la famille et le mariage comme la pierre angulaire de la vie en société. »

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    Les femmes ne sont pas absentes du Verdinaso, elles occupent leur place dans l’organisation (le Vedivro, Union des Femmes et Jeunes filles thioises), bien à part de ce public quasi-masculin.

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    Dans le public rexiste, les femmes sont aussi nombreuses que les hommes et les jeunes gens, et non moins enthousiastes. Les meetings (en bas, à Lombeek) sont d’ailleurs l’occasion de vastes rassemblements familiaux, dans la joie et la décontraction, avant la ferveur de l’unanime communion politique avec le Chef.

    Pour y répondre, l’auteur s’est surtout servi de documents privés inédits (journaux intimes, notes et correspondance) le montrant surtout amateur de littérature décadente (Baudelaire, d’Annunzio…). Ce serait d’ailleurs cette attitude poétique matérialisant la formule de l’artiste-aventurier, héros révolutionnaire de Fiume, « Faire de ma vie une œuvre d’art » qui, devenant son précepte, l’aurait ainsi mené vers les « eaux extrémistes » du fascisme au « caractère théâtral ». C’est ainsi que Dieter Vandenbroucke suggère de considérer Joris Van Severen « comme un acteur, un artiste de l’art-performance exprimant sur scène assurance et détermination mais, en coulisses, dans sa vie privée, sombrant dans la solitude et l’inquiétude. »

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    « Joris Van Severen, artiste de l’art-performance exprimant sur scène assurance et détermination ».

     

    On imagine bien que pareil diagnostic de psychiatre ayant reçu Van Severen sur son divan a valu à son auteur une visite de mise au point d’un responsable du Centre d’études.

    C’est ainsi que Ruud Bruijns se fend de quelques commentaires où sont dénoncées « la comparaison conventionnelle et injuste avec Hitler » ainsi que la présentation de Van Severen en dandy : « Si on veut parler d’apparences et de séduction, le “beau Léon” Degrelle a facilement dépassé Van Severen ».

    Concernant son premier argument à propos d’Adolf Hitler, voilà ce qu’il nous assène : « Van Severen était un bon vivant qui profitait de la vie, alors que Hitler, à beaucoup de points de vue, menait une vie plutôt austère et même ennuyeuse – sans boisson, sans festins, sans pratiquement aucune femme. Hitler n’était pas non plus un grand lecteur ni un penseur profond, au contraire de Van Severen. » Voilà qui relève on ne peut mieux du conventionnel et de l’injuste, pour ne pas dire plus…

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    « Hitler menait une vie ennuyeuse » : ici, après-dîner, avec d’anciens camarades de la Première Guerre mondiale.

    Nous ne nous étendrons pas sur l’énormité de cette proposition, comme si le fait de refuser l’alcool (le régime national-socialiste fut le premier à lutter contre les addictions au tabac et à l’alcool), ou de refuser de manger de la viande de boucherie (allez dire cela aux végétariens, végétaliens ou végans tellement à la mode aujourd’hui) était rédhibitoire et empêchait de profiter de la vie. Le Führer servait d’ailleurs à ses invités viandes, poissons ou gibier, arrosés de champagne ou de vin. En témoignent ses « Propos de table » qui ne manquent pas non plus ni de piquant, ni d’humour, ni de culture (il faut lire, pour s’en rendre compte les Tischgespräche im Führerhauptquartier : ils viennent d’être retraduits et publiés aux éditions para-universitaires du Nouveau Monde ; devons-nous nous étonner aussi que M. Bruijns n’évoque pas les goûts artistiques et musicaux du Führer ?).

    Pour notre part, nous n’avons en tout cas qu’exceptionnellement pu trouver une photo où Joris Van Severen manifeste quelque joie de vivre ou sourie tout simplement : à croire, effectivement, qu’au-dehors, il se considérait toujours en représentation. Parmi les nombreuses photographies de la Joris Van Severen Fotobiografie (voir en fin d’article), nous n’en avons guère trouvé que trois (pp. 54, 128 et 165) où le Leider esquisse un sourire et une seule où il en fait un peu plus (p.185: ci-dessous)…

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    Exceptionnel document montrant un Joris Van Severen surpris par l’objectif (c’est-à-dire en ne posant pas) et affichant un vrai sourire, en compagnie de son ami, le photographe Willy Kessels.

    Quant aux relations d’Adolf Hitler avec les femmes, il existe nombre de livres traitant le sujet, même s’ils ne brillent souvent pas par leur niveau (il y en a même un qui ose s’intituler Les Testicules de Hitler !) : mais les historiens sérieux concluent néanmoins que le Führer ne les méprisait pas davantage que Van Severen et qu’il ne traita certainement pas plus mal Eva Braun que Van Severen ne traita Rachel Baes. Quant à ses qualités de lecteur et l’étendue de sa bibliothèque, contentons-nous de renvoyer au livre de Timothy W. Ryback, de son propre aveu lacunaire, Dans la bibliothèque privée d’Hitler (Le Cherche Midi, 2008, 416 pages), tout en nous interrogeant sur l’œuvre de penseur que nous a laissée Joris Van Severen dont, à l’inverse d’Adolf Hitler, nous ne connaissons pas grand-chose, si ce n’est à travers sa correspondance ou ses publications de presse. La Fotobiografie ne documente que cinq brochures écrites de sa plume : De la fracture populaire démolibérale au Pays thiois et à l’Ordre par le Verdinaso, Le Mouvement flamand et l’esclavage des Pays-Bas, Trois discours de Joris Van Severen, Le Verdinaso et La Constitution des Pays-Bas.

    AH Ex-libris.jpg« Hitler n'était pas non plus un grand lecteur ». On n’a guère retrouvé que quelque 1200 livres appartenant à la bibliothèque privée d’Adolf Hitler. Ils portent en principe tous cet ex-libris.

    Concernant le second argument, relatif à Léon Degrelle, M. Bruijns sous-entend que le tribun wallon, contrairement à Joris Van Severen, faisait tout pour profiter de son pouvoir de séduction sur les femmes et que finalement, il était donc bien plus «dandy» que le chef du Verdinaso. D’ailleurs, « le style personnel de Van Severen n’était certes pas unique en politique. Il y avait d’innombrables politiciens séduisants qui s’habillaient élégamment. L’adage est toujours valable aujourd’hui, selon lequel l’habit fait le moine. »

    En ce qui concerne Léon Degrelle, nous constaterons que le problème ne se pose guère en ces termes et que s’il s’habillait toujours correctement, il n’en fit jamais un fromage. Sauf pour expliquer son goût pour les culottes de golf, que lui emprunta d’ailleurs Hergé pour en vêtir Tintin : « Mes premières ressources me suffisaient toutefois pour m’offrir le vêtement qui, par-dessus tout, m’enchantait : une culotte de golf ! Pourquoi ?... Je n’ai jamais joué au golf ! Mais cet accoutrement me paraissait d’une suprême élégance. Cette folie se limitait d’ailleurs à un achat annuel. Je m’amenais, à cette fin, au grand magasin de vêtements masculins “Les Trois Suisses”, champion bruxellois du merveilleux –à mes yeux !– prêt à porter ! Je me déshabillais, j’essayais, je payais, j’abandonnais sur une chaise vide l’ancien pantalon, désormais inutile. Je n’avais plus qu’à ressortir rutilant, requinqué à neuf ! » (Tintin mon copain, p. 19).

    LD Dandy Golf.jpgLe « dandy » Léon Degrelle portant sa culotte de golf « d’une suprême élégance ».

    Pour le reste, nous avons déjà établi un court parallélisme entre les deux chefs attachés à la reconstitution des XVII Provinces (voir ce blog au 7 mai 2019), mais nous pensons que ce qui distinguait fondamentalement les deux hommes, c’était justement le concept de «joie de vivre», à la base de la Révolution des âmes prônée par Léon Degrelle. Nous pensons même que c’est cette philosophie de vie (affirmée dans les nombreux ouvrages qu’il nous a laissés) qui l’a rapproché aussi intimement d’Adolf Hitler, et ce, dès leur première rencontre de 1936, ce qui explique d’ailleurs l’incroyable évolution de leurs relations (ce blog, notamment, aux 12 mai 2016, 21 juin et 20 juillet 2018).

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    La joie de vivre d’Adolf Hitler.

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    La joie de vivre de Léon Degrelle : le « dandy » chef de Rex, le père de famille au chevet de sa fille gravement malade, le soldat au Front de l’Est.

    La dispute de M. Bruijns avec l’auteur de La Séduction d’un fasciste porte évidemment et essentiellement sur « l’idée d’analyser Van Severen sur base d’’une “interaction entre la vie publique et la vie privée, en ce compris des questions sur le genre et la sexualité” » que le critique n’estime guère pertinente car elle relierait trop « la masculinité en politique au fascisme ».

    Nous attendrons donc avec curiosité la nouvelle biographie insolite de Dieter Vandenbroucke pour en juger.

     

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