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« Dictionnaire amoureux de Tintin » : par Albert Algoud, tintinolâtre douteux, menteur et grossier

D'un dictionnaire relatif à Tintin, on attendrait un recueil de renseignements sur l'univers du « héros des jeunes de 7 à 77 ans », un état des connaissances le concernant, bref un répertoire d'informations exactes, croisées, vérifiées, passées au crible de la critique historique. D'un dictionnaire « amoureux », on accepte avec joie l'a priori favorable, on pardonne volontiers l'excès hagiographique et on se réjouit d'avance de parcourir un inventaire original et divertissant de l’œuvre immortelle de Hergé.

 

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 Hélas, déformation « amoureuse » ou scrupule historique oblige, nous avons immédiatement voulu vérifier si une occurrence « Degrelle » y figurait. Eh oui ! Elle existe bien ! Mais, face à tant de flagornerie politiquement correcte, face à un tel aplatissement bien-pensant, face à cette trimballée de mensonges rituels récités tel un catéchisme des lieux communs antidegrelliens, tout plaisir de lire nous a quitté, tout ensemble que l'estime que nous aurions pu avoir pour l'humoriste présumé, chroniqueur de France-Inter, connu pour sa prétendue tintinolâtrie féconde, mais dont nous avouons que ce « dictionnaire » est le premier pensum à nous être tombé entre les mains (cadeau d'anniversaire providentiel d'un Philippulus bienveillant).

Et pourtant, ce n'est pas qu'Algoud ignore quoi que ce soit des sympathies de Hergé pour l'Ordre nouveau promis à l’Europe : voir, par exemple, l'article « Antisémitisme » où il donne néanmoins une interprétation volontairement erronée d'un épisode des aventures de Monsieur Bellum (ignorant la politique neutraliste officielle de la Belgique défendue pratiquement par le seul mouvement Rex) ou l’article « Rebondissement (de l'affaire Céline) », dont l’intitulé est captieux car il eût fallu une entrée « Céline » ou « Affaire Céline » : c’est là que, dépité, l'auteur avoue : « je ne peux nier que des doutes m'assaillent » car –horreur !– « Si Hergé ne cita jamais publiquement Céline comme faisant partie de ses références littéraires, force est d'admettre qu'il connaissait cet écrivain » !!!

Mais l’encyclopédiste soi-disant amoureux préfère cocouner dans ses charentaises certifiées béni-oui-oui et en rester confortablement à la doxa convenue : « Hergé ne peut pas pour autant être tenu pour un collabo pur jus. » En effet, s'il a travaillé pour « Le Soir volé » [sic], ce fut pour « continuer à vivre de Tintin, car [...] il s'était retrouvé pratiquement sans revenus. » On ne trouvera donc, dans ce « Dictionnaire » tout personnel, aucune entrée sur des sujets qui pourraient faire tache et qui ont pourtant affecté Hergé à jamais (« Incivique », « Épuration », « Répression »,...) ou sur les noms d'amis de Hergé, pourtant proches mais trop « marqués », tels, parmi tant d'exemples, son ami le journaliste Victor Meulenijzer, fusillé, le dessinateur Jiv du Petit Vingtième –Jean Vermeire (aux initiales-pseudonyme moins heureuses que celles de Hergé/Remi Georges)– devenu SS-Hauptsturmführer de la Légion Wallonie ou l'écrivain Robert Poulet, tous deux condamnés à mort et qui durent, ainsi que leur famille, au seul Hergé de ne pas crever de faim, ni même le cher Abbé Norbert Wallez, premier mentor de Hergé, mort des séquelles de son ignoble emprisonnement (voir ce blog au 24 octobre 2016)...

2 Vermeire.jpgMais alors, pourquoi Léon Degrelle figure-t-il, lui, dans ce Dictionnaire ?

Tout simplement parce qu'il a eu le culot d'écrire un Tintin mon copain, livre-hommage à son ami Hergé décédé en 1983, où il rappelle comment il inspira, à son corps défendant mais indubitablement, le héros hergéen.

C’est l'historien-romancier Jean Mabire, spécialiste des armées allemandes, qui, vers la fin des années 80, inspira à Léon Degrelle le projet de ce livre où il met sa propre vie, si prodigieusement riche en péripéties tintiniennes, en parallèle avec la biographie quelque peu chahutée de Hergé et le destin phénoménal de son héros (voir ce blog au 27 janvier 2016). C'est ainsi qu'il confia son manuscrit à quelques amis pour vérifier tous les détails hergéens qu'il citait de mémoire : en 1991, c'est le spécialiste par excellence de Hergé, Stéphane Steeman, organisateur de la formidable exposition Tout Hergé, qui se rendit chez Léon Degrelle pour en relire le manuscrit. La dénonciation de la visite du célèbre humoriste belge au non moins fameux Commandeur de la Division SS Wallonie ainsi que les indiscrétions concernant le texte du manuscrit alimentèrent un formidable scandale dont tous les journaux se firent l'écho (voir ce blog aux 17 janvier et 21 mai 2016).

On eût pu imaginer que si l'auteur de Tintinolâtrie s'autorisait à n'accorder aucun crédit au récit degrellien, il aurait néanmoins rangé celui-ci parmi les affabulations qu'il y élucubre lui-même sur tous les personnages des Aventures de Tintin, comme les liens des Dupondt avec la Gestapo, l’engagement de Nestor à la Légion Wallonie ou l’avenir de terroriste d'Abdallah... Mais non : l'idée que Léon Degrelle eût pu influencer de quelque manière Hergé outrepasse le sacrilège blasphématoire pour le Pic de la Mirandole d’une Tintinerie iniquement récupérée, alors même qu'il se déclare prêt à accepter (p. 324) toutes les « influences, réminiscences, convergences ou correspondances »  que d'aucuns prêtent à n'importe lequel des « écrivains plus ou moins éminents »  s’en revendiquant. Voyez-vous, pour celui qui s’érige en Aldégoûté de tout ce que représente Léon Degrelle, c'est déjà trop d'accepter que l’ancien journaliste du XXe Siècle ait respiré le même air que le rédacteur en chef du Petit Vingtième !...

Mais passons en revue l'article « Degrelle, Léon » du mandarin à l'omniscience orientée, qui s'ouvre d'ailleurs immédiatement sur une erreur de date car ce n'est pas en 1991 que son frère en gauchissement de l’histoire, Hervé Gattegno, a publié son Tintin et les fascistes, mais dans l'édition du 11 au 17 juin 1992 du Nouvel Observateur.

Dans le reste de l’article, l’auteur, trop pressé d’établir que jamais Léon Degrelle n'aurait pu inspirer le personnage de Tintin (sans doute parce que, du haut de son insupportable prétention, il s’arroge cette outrageuse prérogative : « Je ne peux m’empêcher [d’être] convaincu que je suis de la nature complexe de notre héros » !, p. 443), accumule d’ailleurs erreurs et mensonges. Mais l’essentiel, pour lui, est de répéter à l’envi que les revendications légitimes de Léon Degrelle ne sont que des « affabulations [...] éventées depuis longtemps ».

Depuis quand ? Rien n'est dit et pour cause puisque ce ne fut qu’en 1991, à l’occasion du scandale suscité par la visite à Léon Degrelle de Stéphane Steeman et la publicité ainsi faite à Tintin mon copain qui aurait dû sortir cette année-là que furent lâchées les Erinnyes de la tintinologie correcte (Léon Degrelle voulut enrichir son livre des péripéties liées à ce hourvari, puis ce fut la maladie et le décès en 1994 : les éditeurs syldaves ne réussirent à publier enfin l’ouvrage selon les vœux précis de leur auteur qu’en 2000). Rien des assertions de Léon Degrelle ne fut donc jamais « éventé » avant que ne soit connu son projet . Bien plus, ces prétendus « éventements » ne purent être l’œuvre que de pseudo-spécialistes n’ayant jamais pu lire son livre.

4 Couverture Mathieu.jpegAuparavant pourtant, il y aurait eu matière à mise au point pour « éventer » les prétendues forfanteries degrelliennes. Algoud connaît, par exemple, l'opuscule De Léon Degrelle à Tintin d'Olivier Mathieu, cité page 57 parmi « la racaille révisionniste ». Mais ce texte de 1990, pourtant bien renseigné et menacé d’exorbitants dommages et intérêts de la part de l’avide « Fondation Hergé », fut toujours snobé par la critique officielle.

Algoud connaît aussi cette brève réplique de Léon Degrelle à Jean-Michel Charlier, le grand scénariste de BD (mais il travaillait pour Buck Danny qu'il n'aime pas : voir p. 670), réalisateur de la série télévisée Les Dossiers Noirs : « “Le brave Hergé, grand copain, le père de Tintin, l'universel, affublé de mes pantalons de golf.” (Léon Degrelle: persiste et signe, Editions Jean Picollec, 1985) » (p. 291). Mais cette phrase, isolée au milieu des 430 pages du fort volume de cet entretien-fleuve dont le scrupuleux journaliste-historien vérifia tous les éléments avant la réalisation de son documentaire, n'avait jamais attiré l'attention et ne suscita jamais aucune mise au point des « tintinologues » patentés. Et pourtant, il s’agissait d’une interview réalisée en 1976 pour le documentaire Autoportrait d’un fasciste censé être diffusé l’année suivante, c’est-à-dire du vivant même de Hergé. Ce qui prouve bien que pour Léon Degrelle, cette affirmation relevait de l’évidence la plus banale (tout comme elle semble l’avoir été pour le grand auteur de BD qu’était Jean-Michel Charlier à qui ce détail n’a certes pu échapper). Alors, cette information, fut-elle jamais éventée avant qu’on ne parle de Tintin mon copain ? Non, bien évidemment ! (voir ce blog au 2 mai 2016).

Algoud continuera ainsi à prétendre n’importe quoi, accumulant erreurs, mensonges, mauvaise foi, insultes, grossièretés (de quoi établir, une nouvelle fois, l’immuable actualité de l’expression enfantine « C’est celui qui dit qui est » !),...

Léon Degrelle s’engage comme simple soldat de la Wehrmacht contre le bolchevisme ? Il « ira combattre en tant que général SS sur le front russe » : rien que ça ! Algoud nous racontera sans doute un jour dans un de ses scénarios imaginaires le coup de téléphone de Léon Degrelle à Adolf Hitler : « Allô, Führer ? Que dirais-tu si je venais te donner un petit coup de main sur le front de l'Est ? En tant que général, bien sûr, car c'est bien le moins que tu puisses faire pour tes armées nécessiteuses. Et SS aussi, rapport à la discipline... Et puis, ça fera peur à tout le monde, ici, après la guerre ! »

« Une affirmation que démentent cependant de rapides vérifications chronologiques. La publication de Tintin au pays des Soviets avait démarré en 1929, et les premiers articles de Degrelle sur les Cristeros furent publiés en février 1930. »

Voilà des vérifications chronologiques menées vraiment trop rapidement ou tout simplement reprises sans contrôle chez les « tintinologues » officiels qui, depuis Assouline, ne font que recopier la fausse chronologie de ce dernier (voir ce blog au 1er mai 2016).

5 XXe Siècle 1928 10 26.jpgEn réalité, les premiers articles de Léon Degrelle sur la persécution des Cristeros au Mexique (Les fureurs antireligieuses au Mexique) ont été publiés dans Le XXe Siècle le vendredi 26 octobre 1928 (Où sont les chevaliers de la justice ?), le samedi 27 octobre (Comment on assassine au temps de Locarno), le dimanche 28 octobre (Comment on meurt pour le Christ-Roi), et le vendredi 16 novembre 1928 (La persécution mexicaine. Pourquoi reculeraient-ils devant le sacrifice ?).

 

« Ce serait grâce à ces envois [de BD américaines publiées dans les journaux mexicains] qu’Hergé aurait découvert la BD moderne. [...] dès 1925, Hergé était un lecteur attentif de Zig et Puce et n’avait pas attendu Degrelle pour s’enthousiasmer pour d’autres “BD à ballons. »

Ce point a été discuté en détail par Armand Gérard (Degrelle-Hergé, même combat, in Synthèse nationale, mai-juin 2014 : voir ce blog au 23 janvier 2016). Reprenons-en simplement ce passage essentiel : « Hergé lui-même donne explicitement raison à Degrelle dans une interview accordée à La Libre Belgique du 30 décembre 1975, citée dans Tintin mon copain (p. 17) : “J'ai découvert la bande dessinée grâce à... Léon Degrelle ! Celui-ci, en effet, était parti comme journaliste au Mexique et il envoyait au Vingtième Siècle, non seulement des chroniques personnelles, mais aussi des journaux locaux (pour situer l'atmosphère) dans lesquels paraissaient des bandes dessinées américaines. J'ai découvert ainsi mes premiers comics.” Il est capital de noter que, pour Hergé, l'événement des bandes dessinées envoyées par Degrelle est tellement essentiel que, bouleversant la chronologie, il le situe avant même la publication de ses premiers Tintin dans le Vingtième Siècle ! [...] Alors ? Hergé est un menteur ? [...] Léon est tellement consubstantiel à Tintin que Hergé n'imagine même pas, cinquante ans plus tard, de les dissocier, même au prix d'un anachronisme ! » (1)

 

« Degrelle utilisera, ou plutôt détournera à des fins de propagande, un dessin d'Hergé [...]. Une lettre adressée à Degrelle, datée du 7 novembre 1932, montre qu'Hergé [...] ne fut pas un sympathisant du mouvement rexiste ».

Voilà à nouveau un raisonnement qui ne tient pas la route car le pseudo-historien, tronquant ses citations et dissimulant le contexte des dates, essaie visiblement d'embrouiller le lecteur car, encore une fois, ces faits bien précis ont clairement été rétablis dans leur vérité historique par Armand Gérard dans l'article dont nous venons de parler (et publié plus de deux ans avant ce Dictionnaire défectueux plutôt qu’amoureux).

En résumé, l'affiche de Hergé (un projet destiné au mouvement anticommuniste Union Civique Belge) que Léon Degrelle reprend est destinée à la campagne électorale du Parti Catholique (et non du mouvement Rex qui n'existait pas encore !) et lui a été fournie par un ami commun qui vient de fonder son agence publicitaire. La lettre évoquée par le menteur travesti en historiographe ne signifie nullement une prise de distance politique, mais précise simplement la seule condition d'utilisation de l'affiche (opportunément gommée de la citation) : « avoir été revue, achevée et mise au point par moi ». L'urgence et les péripéties électorales n'ont pas permis de respecter cette exigence, mais en juin 1933, le paiement des droits d'auteur mettra fin au litige entre les deux amis.

6 germaine kieckens.jpgDans ce méchant article, Algoud n'a pourtant de cesse d'insister sur ce seul incident pour établir la rupture définitive entre les deux amis : Hergé « se fâchera avec le bouillant rexiste », « en dépit de cette fâcherie, Degrelle entretint toujours la légende »... La preuve, pour lui, de cette « fâcherie » définitive, c'est que Hergé interdira même « à sa femme Germaine, très amie avec le “beau Léon”, de se rendre aux meetings de celui-ci ». Et si l'histoire lui donne tort, puisque toujours Hergé conservera amitié et respect à son ami Léon (comme en témoigne, par exemple, sa prise de position publique, en janvier 1973, à propos de l'héroïsme du soldat Degrelle : « Degrelle est un homme respectable. Il a été lui-même au Front de l’Est et, militairement parlant, il s’est comporté là-bas comme un héros ! »), Algoud-le-traficoteur n'hésite pas à réécrire l'histoire : « Germaine, séduite pas la faconde et les rodomontades du “beau Léon”, vouera à celui-ci une amitié qui se maintiendra en dépit des distances prises par Hergé avec cet agité au point d'interdire à sa femme de se rendre à ses meetings. Après la guerre, Germaine ira régulièrement en Espagne rendre visite à son ami Léon qui coulait là-bas un tranquille exil. » (p. 363).

Comme si, en se rendant à La Carlina en 1957, Germaine voyageait à l’insu de son mari ! Comme si en visitant, en 1961, l'ami Léon, condamné à mort sans jugement, victime emblématique de l' « Épuration » qui toucha Hergé en plein cœur, elle voulait nuire à son ex-mari qui lui rendait toujours ses visites du lundi !

C'est s'aveugler et –contre toute évidence– ne pas vouloir admettre que Hergé et Léon Degrelle sont toujours demeurés amis, que les visites amicales de Germaine (tout comme d'ailleurs celles, bien plus nombreuses encore, de Paul Jamin, le célèbre caricaturiste Jam, autre victime de l' «  Épuration ») avaient évidemment pour but de conserver et alimenter leurs liens amicaux, en gardant également le plus célèbre banni du royaume belge au courant de l'actualité tintinienne.

Clouons donc définitivement le bec à tous ces cuistres qui prétendent réécrire l'histoire selon leur déviance politique (au demeurant vomie par celui-là même qu'ils entendent récupérer à tout prix) en produisant ce bref extrait d’une lettre –nous n’en livrerons ici que ce seul détail– que Léon Degrelle écrit à son ami Paul Jamin le 21 septembre 1959 et qui établit bien la permanence des liens amicaux entre le modèle historique de Tintin et le père de celui-ci, Hergé, alias Georges Remi, passant notamment par l’envoi régulier des albums contant les aventures de leur héros: « Mon cher vieux Paul, [...] Merci aussi au cher Georges de ses quatre bouquins, merveilleux (comme toute la série). Dis-lui que je serais très heureux de le voir se détendre ici. [...]  

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Que dire des autres considérations d'Algoud, sinon qu'elles sont d'une rare imbécillité :

  • « Il existe plusieurs éditions de Tintin mon copain » : non, il n'y en a jamais eu qu'une seule !
  • une « couverture particulièrement grotesque, où dans un médaillon, placé entre quatre aigles surmontant chacun une croix gammée, Degrelle, représenté de profil, regarde ce qui est supposé être la tête de Tintin, à savoir une bouille approximative, aussi hideuse que l'idée que le fier-à-bras se faisait de son prétendu ami».

Véritable « crétin de l’Himalaya » hergéen, le prétendu encyclopédiste n'a même pas reconnu le fanion personnel du chef d’État Adolf Hitler dont la croix gammée centrale a été remplacée par les deux « copains » en uniforme de l'armée allemande. L'appréciation artistique relève certes des préférences de chacun (De gustibus non disputandum : nous aurons la charité de ne rien dire des portraits parsemant le pensum algoudien) et les éditeurs syldaves auraient sûrement été mieux inspirés en reprenant directement un dessin de Hergé lui-même représentant, par exemple, Tintin en Hitler-Jugend, en officier SS ou en matelot de la Kriegsmarine (L'Aviation. Guerre 1939-1945, Collection Voir et Savoir), mais notre prétentieux criticule d’art serait quand même bien étonné de connaître l'identité de l'auteur de ces dessins (dans lesquels il reconnaît néanmoins la « bouille » de Tintin) !

Terminons ce chapitre des illustrations en relevant les prétextes avancés par l’algologue du fantasme refusant d’avancer les vraies raisons pour lesquelles aucun dessin de Hergé n’illustre son dictionnaire : les ukases ruineux de l’ancienne Fondation Hergé, devenue avec le nouvel époux de la veuve de Hergé, Rodwell, la lucrative société Moulinsart. Ainsi préfère-t-il élucubrer d’artistiques faux-fuyants : « Comment évoquer les albums d’Hergé sans en montrer les images, alors que celles-ci sont indissociables des textes ? [...] S’il est un domaine qu’aucune restriction picturale ne peut affecter, c’est notre mémoire affective. Prenez n’importe quelle image des aventures de Tintin : il suffit de la citer en la décrivant quelque peu ou en la resituant dans son contexte et chaque fois, le charme agit, le souvenir la restitue telle qu’en elle-même. Nous la voyons ! » (p. 11)...

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« Fier-à-bras » n’est d’ailleurs pas la seule insulte utilisée par ce nouveau Monsieur Bellum en pantoufles pour désigner le héros de Tcherkassy, détenteur des plus hautes distinctions militaires et considéré dès alors comme son propre fils par le chef de toutes les armées du Reich. Il y a aussi –malheureusement sans la richesse non répétitive du capitaine Haddock ! – « vieux nazi belge », « sinistre vantard », « matamore wallon », « vantard hitlérien », « cousin wallon de Tartarin », « mégalomane », « agité », « matamore rexiste »...

Mais franchement, entre nous, qu’est-ce que Hergé pourrait bien en avoir à foutre d’un tintinolâtre aussi Aldégoûtant que ce prétendu amoureux nauséeux, incapable de reconnaître la vérité de Tintin et la générosité des convictions morales et politiques de son créateur ?

Que pourrait être pour lui ce Judas prétendant le pourlécher tout en écrivant cette canaillerie, détournant le sens même de ses propos : « Nestor est un drôle de type. Je ne l’ai jamais aimé. Entré au service des frères Loiseau, antiquaires aux activités malhonnêtes, [...] il prétend ne jamais s’être rendu compte qu’il servait deux crapules. Voilà qui est peu crédible. [...] Certes, Tintin et le capitaine Haddock prennent sa défense... “Vous savez bien qu’à l’époque, l’enquête a démontré qu’il avait tout ignoré de l’attitude de ces forbans !”. [...] Cela se passait en 1943, en pleine occupation. Une période au cours de laquelle, de leur côté, Hergé et ses amis, Jacques Van Melkebeke, Marcel Dehaye, Bernard Heuvelmans, Raymond De Becker, Robert Poulet et d’autres encore, participent activement à des publications collaborationnistes, ce qui en fait, aux yeux de la résistance belge, des larbins de l’occupant nazi. Plus tard, Hergé, s’entretenant avec Benoît Peeters, usera pour défendre ses amis d’excuses analogues à celles avancées par Tintin pour justifier l’attitude de Nestor : “J’avais des amis journalistes et dont je persiste à croire aujourd’hui encore qu’ils étaient absolument purs et pas du tout à la solde de l’ennemi. Et quand j’ai vu certains de ces gens que je connaissais et dont je connaissais le caractère patriote sourcilleux condamnés à mort, et certains même fusillés, je n’ai plus rien compris à rien.”  C’est ce que Benoît Mouchart, dans A l’ombre de la ligne claire (Vertige Graphic, 2002), appelle “le syndrome de Nestor”, un système de défense dont Hergé usera toute sa vie pour justifier ce qui est difficilement justifiable.  » (p. 437)

Algoud-le-misérable crachote ainsi vainement ses lamentables postillons à la figure non seulement de celui qui, à l’instar de Tintin auquel la jeunesse du monde entier ne cesse de s’identifier –comme le soulignent les éditeurs de Tintin mon copain–, a su galvaniser la jeunesse la plus pure de Belgique dans la croisade contre le communisme menaçant l’Europe et qui demeure aujourd’hui encore pour la jeunesse européenne en quête de justice et de fraternité, la référence morale et spirituelle absolue ainsi que le modèle par excellence de l’action généreuse et désintéressée, mais aussi de celui qui fut le créateur de Tintin, lui donnant toutes les qualités de son modèle Léon Degrelle, et à propos duquel l’Aldégoûtant ose écrire qu’il n’avait « ni Dieu ni maître, sauf Hergé » !

C’est dans le Dictionnaire lui-même que nous trouverons l’appréciation idiomatique de cet ouvrage (non pas amoureux mais pénible) –c’est en effet toujours celui qui dit qui est–, même si elle concerne un pensum précédent :

« Votre livre, une fiole de perfidie dégoutant sur nos têtes, un poison de la littérature consumant les neurones, un venin paralysant nos sens, une bave obscure embrumant la raison, une escroquerie journalistique achevant notre porte-monnaie généreux. Voilà votre œuvre. » (p. 607)

 

 

(1) Armand Gérard a dressé un bilan des plus convaincant de « Léon Degrelle aux origines de Tintin » dans l’introduction du livre rassemblant le dossier complet des écrits de Léon Degrelle relatifs aux persécutions des Cristeros au Mexique, dont la publication avait été annoncée, fin 2015-début 2016, pour accompagner la sortie du film Cristeros à la distribution (à défaut de la réalisation) hollywoodienne. Nous ignorons aujourd’hui si cette sortie est toujours à l’ordre du jour des Editions de L’Homme Libre.

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