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Fernand Kaisergruber, l’honnête homme,…

… face aux historiens malhonnêtes (Eddy De Bruyne et Francis Balace)

 

Voilà déjà un an que nous a quittés Fernand Kaisergruber fondateur de notre association « Dernier Carré », rassemblant « la Communauté des Anciens du Front de l’Est (Légion Wallonie), de leurs familles et de leurs amis » dans le but « d’aider matériellement et moralement les Anciens et leurs veuves »…

 

Kaisergruber%2c Fernand (mit Zigarette).jpgVeillant toujours scrupuleusement à honorer la raison d’être originelle de son association, Fernand fut ainsi pratiquement le dernier à quitter le « Dernier Carré » des glorieux Volontaires de la Croisade antibolchevique, des derniers Légionnaires à s’être sacrifiés pour sauver les valeurs de notre civilisation et jeter les bases d’une Europe nouvelle fondée sur la justice sociale, la solidarité communautaire, la mise hors-la-loi de la finance apatride et la reconnaissance du travail comme principe moteur de l’économie.

 

Aujourd’hui donc, s’il n’est plus question d’aide matérielle aux Anciens, il nous reste cependant la mission « d’entretenir la flamme de leur idéal auprès des jeunes générations », la raison d’être de notre blog, qui, selon la volonté de Fernand, n’existe que pour tordre le cou aux mensonges et calembredaines répétées par tous les pseudo-historiens trop paresseux pour examiner objectivement les sources historiques, ou trop lâches pour mettre en péril leur gagne-pain soumis au politiquement correct.

 

En ce jour anniversaire de la disparition du toujours scrupuleux Fernand Kaisergruber, nous ne pouvions mieux illustrer son honnêteté foncière qu’en donnant à lire le courrier qu’il envoya à l’ « historien » Eddy De Bruyne, à l’occasion de la sortie de son méchant livre Les Wallons meurent à l’Est (1991), qui deviendra encore plus méchant sous le titre Léon Degrelle et la Légion Wallonie, la fin d’une légende (2013)…

 

On y voit un Fernand s’efforçant de croire encore à la bonne foi d’un De Bruyne dont, en septembre 1986, il avait apprécié une monographie sur le recrutement d’étrangers (surtout russes) à la Légion Wallonie, tout en soulignant ses énormes a priori défigurant complètement la réalité de la vie des Wallons au Front de l’Est.

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Par contre, Fernand condamne sans ambiguïté la préface du néfaste Francis Balace, dont il ne s’explique pas la présence dans ce livre. Alors qu’elle aurait dû lui fournir l’explication lumineuse du parti-pris antidegrellien de De Bruyne (à propos des « préfaces » de Balace, cette « crapuleuse besace », voir ce blog aux 30 juin 2016 et 23 mars 2017) !

 

 

Bruxelles, le 5 avril 1991.

 

Monsieur De Bruyne,

Peut-être vous intéresse-t-il de connaître l’avis de l’un ou l’autre Légionnaire après lecture de votre livre Les Wallons meurent à l’Est ? Certains ont peut-être déjà donné le leur ou vont le faire. Voici en tout cas mon sentiment, après lecture attentive du livre.

 

Bien entendu, je ne puis me prononcer sur nombre de vos assertions, vraies ou fausses, dont j’ignore tout ou presque, sans toutefois mettre forcément en cause votre bonne foi, mais votre subjectivité, car il est perceptible que vous n’aimez pas Degrelle et vous ne pouvez le cacher ! Mais ceci est votre droit le plus strict.

 

LD Hiver.jpgIl est de notoriété qu’un personnage hors du commun –et le « Chef » en est assurément un !– suscite en général les passions. Adulé par les uns, haï par les autres, rarement jugé en toute objectivité.

 

S’il est vrai qu’à Tcherkassy, certains échos au sujet de « l’Affaire Wegener » m’étaient bien parvenus, j’étais, à ce moment, estafette de division et KTF (Kompanie Trupp Führer) du capitaine Anthonissen, à la compagnie État-Major. De plus, lié d’amitié avec quelques TTR (Troupes de Transmission), je n’ai eu que peu ou prou d’échos d’autres « cabales » dont vous parlez. En vous lisant, j’ai l’impression de voir tout au travers d’une loupe ou même, d’un microscope, de telle façon que tout me paraît démesurément grossi ! A fortiori, un lecteur non averti doit s’imaginer que la Légion baignait dans une atmosphère de complots, de cabales et autres manœuvres d’arrière-boutique.

 

La différence est tellement énorme entre la façon dont nous percevions ce genre de péripéties –qui étaient d’ailleurs les derniers de nos soucis– et la façon dont vous les relatez que j’ai l’impression de pénétrer dans une Légion étrangère à la nôtre (pardonnez le jeu de mots) ! Je crois que tous mes camarades penseront comme moi.

 

Il est vrai que nous avions d’autres préoccupations et elles étaient surtout d’ordre militaire. Tout le reste était tellement dérisoire ! Nous étions des soldats politiques, c’est vrai aussi, mais bien plus au début qu’à la fin, car au fil du temps et des événements, par la force des choses, la réalité militaire avait bien vite pris le pas sur la raison politique !

Alfred Devaux et Fernand Kaisegruber (Donetz juin 42).JPG

Vous dites, page 56, que l’esprit de fronde « anti-boche » était très développé à la Légion ! Alors là, je tombe des nues ! Je ne puis évidemment parler de cet état d’esprit pour la période qui précède mon arrivée à la Légion, mais je n’ai jamais rencontré un tel sentiment à partir du 10 avril 1942 ! J’avais pourtant des camarades de longue date, dans toutes les compagnies et nous nous rencontrions souvent. Il m’étonnerait fort que je ne l’aurais pas su…

 

Nous nous entendions parfaitement avec nos instructeurs allemands. Mais cela ne veut pas dire qu’à l’occasion, l’un ou l’autre Légionnaire ne se moquait pas de l’un d’eux, mais pas plus que de nos propres instructeurs ou gradés ! Cela concernait, surtout au début, tout ce qui touchait à la discipline, car il est vrai que nous n’étions pas encore habitués à une telle rigueur. Plus tard, au front, tous se sont félicités de cette rigueur lorsque nous fûmes confrontés avec les dures réalités des combats ou des marches forcées. Tous ont bien dû alors convenir de la nécessité d’une instruction sans failles et implacable, sans laquelle aucun d’entre nous n’aurait résisté longtemps !

 

D’autre part, il eût été inconséquent aussi de nous être engagés aux côtés d’une armée que nous avions admirée –comme l’avaient d’ailleurs fait ses pires adversaires– pour sa cohésion et sa discipline, sans nous-mêmes accepter de nous plier aux mêmes règles.

 

A partir de la page 158, vous parlez de choses qui me paraissent tellement énormes que je ne puis y croire. Il s’agit d’argent, de bijoux, d’affaires fort louches. De ceci, j’avais entendu parler, mais il s’agissait de civils appartenant à des services autres que la Légion et absolument étrangers à celle-ci. Mais j’avais aussi entendu parler de poursuites et de sanctions et cela allait de soi, pour chacun d’entre nous. Ce que j’ai des difficultés à croire, c’est que des responsables auraient tenté d’étouffer l’affaire.

 

En auriez-vous des preuves tangibles ou seulement des témoignages ? Car je sais que certains témoignages vous ont été donnés par des « anciens », gradés même, qui, hélas, supportant mal de vieillir, se sont aigris avec la déchéance de l’âge, et vous savez bien de qui je parle. Je considère qu’une partie au moins de ces « confidences » sont sujettes à caution et je crois que vous auriez dû le savoir !

 

En ce qui concerne « l’affaire des requis », j’en ai eu connaissance en arrivant à Bergholz, avant que ceux qui le souhaitaient ne soient démobilisés. Je réprouve moi aussi et totalement ce recrutement (comme tout autre recrutement peu judicieux), comme tous mes camarades d’ailleurs : nous ne souhaitions pas nous retrouver au front avec des hommes peu sûrs. Nous pensions que la qualité devait primer la quantité : nous serons bien tous d’accord. Mais réunissez 10, 100 ou davantage de personnes, elles ne seront forcément jamais de qualité égale. Où que ce soit, ou pour quelque raison que ce soit. Savez-vous combien de repris de justice il y avait à la Brigade Piron ? Combien de dossiers furent ouverts à l’encontre de certains de ses soldats ? Pour des exactions commises en Angleterre ou après le retour sur le continent ? Je ne dis pas cela pour la déconsidérer et n’en incrimine pas pour autant toute la Brigade Piron.

 

1944, début juillet Travailleurs wallons.jpgC’est vrai, comme vous le dites, que les deux premiers contingents de la Légion étaient de la meilleure qualité (et pas parce que j’en étais !). Les suivants étaient en effet bien plus mélangés, mais l’on y trouvait tout de même encore pas mal de gens de qualité. Parmi les autres, le plus grand nombre a tout de même réussi à s’élever, soit par le compagnonnage, soit par la solidarité ou la camaraderie du front. Mais c’est vrai qu’il y en eut d’autres moins reluisants. Pourquoi le nierions-nous ? Je suis cependant heureux et même fier d’avoir trouvé à la Légion, dans son ensemble, une qualité bien supérieure à ce que l’on peut espérer trouver généralement parmi un aussi grand nombre d’hommes.

 

Il y a une chose que je comprends mal dans vos propos et qui me paraît tout à fait inconséquente dans son exposé. Vous semblez reprocher au Chef ses nombreux « démêlés » avec certaines autorités allemandes, alors que ses interventions étaient toutes de nature à servir la Légion, les Légionnaires et leur indépendance, chaque fois que ce fut possible ! Et si même, ces interventions servaient par la même occasion ses propres intérêts, je ne vois pas pourquoi il faudrait l’en blâmer !

Photo 105 (Lippert donne cours avant Vorsmarch).JPG

Nous avions nos propres officiers et la langue véhiculaire était la nôtre. Cela, nul autre ne l’avait obtenu et nous le devions uniquement à la combativité du Chef, à sa ténacité. Ces reproches, apparents ou en filigrane de votre texte, me paraissent encore plus appuyés à chaque réussite du Chef. Dites-moi si je me trompe, mais dans ce cas, vous êtes-vous mal exprimé ? A moins que ce soit moi qui vous ai mal compris ? Il y a longtemps pourtant que j’ai appris à lire et à analyser, mais aussi à lire entre les lignes. Au choix des mots et à leur usage, la presse et certains littérateurs sont passés maîtres à dire des choses sans avoir l’air de les dire, mais tout en insistant particulièrement, par certains procédés que seuls des habitués parviennent à décoder (à condition encore qu’ils aient la volonté de chercher à y voir clair) : ce n’est pas à vous que je vais l’apprendre.

 

Puis-je me permettre, au passage, de relever une ou deux petites erreurs (de peu d’importance, il est vrai) ?

Page 57 : l’instruction des « jeunes » eut lieu au camp de Regenwurmlager, entre Meseritz et Pieske, et non à la caserne de Meseritz.

Page 68 : après notre retour du Caucase, c’est du camp de Pieske que nous avons rejoint Wildflecken. Vous parlez d’un certain Albert L. que je n’identifie pas. Un Légionnaire dissident, dites-vous. Qu’entendez-vous par là ?

Page 84 : au bas de la page, vous parlez de Breslau-Brissa. Je suppose que vous parlez de Breslau-Lissa où se trouvaient les IG. Avec le Lt. Graff ?

 

J’en viens à parler un instant de la préface et donc du préfacier. Je me demande comment vous est venue l’idée saugrenue de vous adresser à M. Balace pour rédiger cette préface ? Car si vous n’aimez pas Léon Degrelle, ce seul nom suffit à provoquer chez monsieur Balace une crise aiguë d’urticaire ! Pas plus qu’à quiconque d’autre, je ne lui dénie le droit de ne pas apprécier le Chef, de ne pas le supporter, voire de le juger comme bon lui semble. Mais comme il ne parvient pas à faire abstraction de cette antipathie viscérale, il devrait se méfier de lui-même et savoir que dans son cas, il est mal placé pour juger sereinement Léon Degrelle. Dès lors, lorsqu’il en parle, il romance mais n’écrit pas l’histoire. Je le lui ai déjà dit dans une lettre, en d’autres temps.

 

Que le Chef ait commis des erreurs, sans doute, mais il est facile de juger a posteriori. Et qui n’en commet pas ? Je ne doute pas que monsieur Balace ait entériné, une fois pour toutes, les erreurs ou les crimes d’un Churchill, d’un Roosevelt, d’un Staline ou d’un Truman. Et il sait assurément aussi bien que vous et moi de quoi je veux parler. Mais Churchill s’en est repenti, au moins en partie, dans ses Mémoires, si je me souviens bien.

 

Jam 1943.jpegComme la presse et d’autres l’ont fait à chaque occasion – et ne manqueront pas de le redire encore, monsieur Balace revient avec le slogan éculé : « la Belgique envahie pour la seconde fois en 25 ans par les troupes allemandes ». C’est vrai et tout le monde peut le déplorer, mais avaient-ils un autre choix du point de vue militaire ? Le traité de Versailles n’était-il pas pire qu’une simple erreur ? Regardez donc l’histoire et qu’il me dise combien de fois les armées françaises ont envahi la Belgique ou les territoires qui la constitueraient plus tard, mais aussi leurs voisins, dans les deux cents dernières années ? Même la télévision française (TF1) en a parlé récemment.

 

Lorsque monsieur Balace reproche à Léon Degrelle de faire de la Légion son instrument de la conquête du pouvoir, reprocherait-il aussi aux partis dits « démocratiques » d’user de leur base et de n’importe quel autre moyen de pression, avouable ou non, pour conquérir ce même pouvoir ? Ne citons que l’Affaire royale.

 

Nous étions des soldats et nous savions que notre engagement devait aussi servir à des fins politiques. Mais il faut savoir aussi qu’en cas de victoire de nos armes, si le pouvoir mis en place n’avait pas répondu à nos aspirations, n’avait pas été en conformité avec les idéaux pour lesquels nous avions été jusqu’à prendre les armes, avec tous les risques que cela comportait (car nous savions, ceux du Deuxième Contingent, que nous irions au Front : les combats de la Légion à Gromowajabalka ne laissaient aucun doute à ce sujet), nous ne serions pas restés sans réaction.

 

Bref, si le pouvoir mis en place nous avait déçu, nous aurions encore eu le courage de poursuivre la lutte et, peut-être (ce n’était pas à exclure) aurions-nous aussi bien fini en prison. Nos geôliers, comme nos détracteurs et nos bourreaux auraient presque certainement été les mêmes que ceux de 1945, car ce sont ceux-là même qui attendent la fin de tous les risques pour se manifester alors et courir après la victoire en commettant tous les excès. Oui, ce scénario n’était pas à exclure ! Et c’eût été comique si ce n’eût été dramatique.

 

Bad Windsheim 2004 Monument Tcherkassy.jpgEncore un dernier mot, au risque de faire de la peine à monsieur Balace. Je me réjouis de ne m’être pas laissé influencer par ce « petit quelque chose » qui m’aurait permis de faire « le bon choix ». Car je crois que je ne me le serais jamais pardonné ! A voir le monde que l’on nous a concocté, je ne serais pas fier d’avoir aidé à mettre en place un tel système. Il se fait que, deux « vrais » résistants de mes connaissances, m'ont donné parfaitement raison, du moins, sur ce point précis. Ce n’est pas par bravade, ni sans réflexion que je viens de livrer ce sentiment et je le pense sincèrement, malgré tout ce que cela m’a valu depuis 1945 !

 

C’est vrai que notre solidarité –à quelques rare exceptions près peut-être– est restée inébranlable et le restera, je l’espère, jusqu’aux derniers d’entre nous. Forgée dans la tourmente, nourrie précisément par ceux qui, aujourd’hui encore, se veulent nos détracteurs, auraient souhaité que nous n’ayons jamais vu le jour.

Palma Majorque 12 06 1989.jpg

M. Balace estime, lui, –à l’encontre de quelques notoriétés tout de même, telles que MM. Pholien, Pierre Vermeylen, Paul Struye, anciens ministres, le colonel G. de Lovinfosse (résistant le plus décoré de Belgique), le baron de Dorlodot, le journal Phare Dimanche (23 mars 1948), Jo Gérard (Vrai, du 31 juillet 1949)–, que la répression fut, somme toute, assez douce, peu sévère ! Cette affirmation se passe de commentaires, à moins d’y répondre par un volume entier (lois rétroactives, assassinats, mineurs en prison et condamnés, enfants enlevés à leurs parents et placés en maisons de correction, ma fiancée –épousée en 1950– condamnée à un an et restée en prison 365 jours : un crime d’être fiancée à un Légionnaire !...). De tout cela, monsieur Balace, « historien », n’a sans doute jamais entendu parler ? Qui parle de mémoire sélective ?

 

Certains, dit-il, n’ont rien oublié, rien appris. Non, je n’ai rien oublié, mais par contre, j’ai beaucoup appris. Je n’ai pas oublié, mais n’en ai pas pour autant cultivé la haine. Je suis fier de m’en être préservé après avoir connu tout ce qu’il a fallu endurer ! Mais lui, a oublié de dire des choses qu’il n’aurait pas dû oublier afin de faire preuve d’objectivité…

 

Au contraire de ce que pense ou semble penser monsieur Balace, nous avons et j’ai beaucoup appris. Des choses qui font qu’aujourd’hui, je me sens fort bien dans ma peau. J’ai appris en premier lieu et à mes dépens, qu’il ne fallait pas perdre la guerre ! Que nos adversaires politiques en Belgique, défendaient leurs prérogatives et non des idées ! Que les « Alliés » faisaient une guerre économique, mais pas idéologique, alors qu’ils ont toujours prétendu le contraire. Et qui, après la guerre du Golfe, pourrait encore en douter ? Personne n’en est dupe et la Seconde Guerre mondiale n’avait pas d’autre but, aux yeux des « Alliés ». Plus les événements nous donnent raison, plus nos adversaires se donnent du mal à prouver que nous avions tort. Mais je comprends que cela doit les gêner…

 

Lorsque les régimes d’Europe centrale (les ignorants de la presse parlent abusivement des « Pays de l’Est ») se sont liquéfiés, nos « démocrates » ont réagi comme s’il en étaient les artisans, comme si c’était leur victoire ! Alors que ce sont ces populations elles-mêmes qui l’ont conquise, à mains nues ! Parce que l’Occident les ignorait. Que l’on ne s’y trompe pas toutefois : ces populations ont avant tout cherché à échapper à un régime insupportable et les systèmes occidentaux ne tarderont pas à les décevoir, si ce n’est déjà fait.

 

Nos régimes occidentaux, s’ils voulaient rester conséquents avec eux-mêmes, auraient dû réagir avec la dernière énergie contre cette émancipation des peuples d’Europe centrale puisque, si tous nos pays n’avaient pas été invités à donner leur avis ni à signer les accords de Yalta et de Potsdam ensuite, ils y ont applaudi et contribué. Et il en va de même maintenant avec leur « grand frère l’URSS », leur ancien allié. Pourquoi nos démocraties se réjouissent-elles de l’écroulement en cours, alors que le régime n’y est plus l’ombre de ce qu’il était du temps où l’URSS était leur allié, qu’ils l’ont soutenu et aidé à se maintenir en place ? L’Occident viendrait-il seulement maintenant de se rendre compte des réalités ? Et nous, les Volontaires du Front de l’Est, aurions-nous été ainsi bel et bien condamné uniquement pour avoir anticipé, pour avoir compris plus vite ?

 

Jam Staline.jpegOn pourrait en parler des heures encore, mais j’arrive à mon terme.

 

Non, monsieur Balace, notre vie ne s’est pas arrêtée sur l’Oder en 1945. Notre jeunesse peut-être… Nous étions bien conscients des réalités de la vie et n’allions pas nous complaire dans la nostalgie, nous satisfaire de la médiocrité. Si après cinq ans de bagne ou de camp de concentration en Belgique, parfois un peu moins, parfois plus, la plupart d’entre nous ont bien, ou très brillamment même pour certains, réussi leur reconversion. C’est que nous avons mis autant d’énergie à fonder un foyer, à élever nos enfants, à survivre d’abord, à vivre ensuite, et à réussir une vie professionnelle malgré les embûches (certificats de civisme et casier judiciaire) semées sous nos pas par les « autorités », que nous en avions mis à défendre nos idées.

 

Je suis sûr de pouvoir affirmer que le civisme, parmi les prétendus « inciviques » était plus naturel et présent que chez nombre de nos épurateurs ! Malgré tout ce qu’on a fait pour nous empêcher de trouver du travail et nous contraindre par la force des choses à sombrer dans la délinquance, en connaissez-vous des nôtres qui soient passés hors-la-loi ? Nos détracteurs, toujours à l’affût, n’auraient pas manqué d’en faire des manchettes si la chose avait été notoire. Et pourtant, nous étions sans travail ou avec la difficulté d’en trouver à cause précisément de ces certificats de civisme et du casier judiciaire, sans droit au chômage, puisque nous n’avions pas encore travaillé…

 

Je pourrais en dire bien plus, mais j’en termine là, M. De Bruyne. Et si vous m’avez lu jusqu’ici, je vous signale que je ne vois aucun inconvénient à ce que monsieur Balace prenne connaissance de ce qui précède. D’autant plus qu’une grande partie de mes remarques concernent la préface. J’avais finalement moins à dire sur le corps même du livre. Simplement, moi qui en étais, je n’ai pas vu les choses de la même façon que vous.

 

Dites à monsieur Balace que moi, je ne méprise pas les gens qui ne pensent pas comme moi ou épousent d’autres opinions. Je n’ai pas davantage – ni mes camarades – méprisé ou sous-estimé à aucun moment le soldat russe en face de moi !

 

Je suis tout disposé à vous répondre si vous m’écrivez (de même qu’à monsieur Balace), en toute franchise et sans rancune.

 

Bien à vous,

 

Fernand Kaisergruber

Commentaires

  • bravo pour le commentaire sur mr.kaisergruber.
    et voila une bonne nouvelle que d'apprendre que vous continuéz,je reste fidèle a votre coté et service.

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