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Léon Degrelle : bientôt le héros d'un opéra ?

LD Lohengrin.jpgL'OperaBalletVlaanderen (la scène lyrique d'Anvers et Gand) vient d'annoncer la création (en coproduction avec les opéras de Nuremberg et de Madrid) d'un nouvel opéra intitulé Les Bienveillantes, d'après le roman éponyme de l'américano-français Jonathan Littell retraçant le parcours inévitable d'un méchant nazi à travers l'historiographie convenue de la IIe Guerre mondiale.

 

Publié en 2006, ce pensum de plus de 1400 pages est vite devenu, grâce aux trompettes unanimes de la presse stipendiée, un best-seller trustant le Grand Prix du Roman de l'Académie française, puis le Prix Goncourt. Grâce à une habile et lucrative politique en matière de droits d'auteur, cette œuvre romanesque –la seule qu'il écrivit jamais– suffira à assurer le bien-être matériel de son auteur puisqu'on a recensé une vente de près d'un million d'exemplaires rien que dans l'espace francophone et qu'entre 2006 et 2011, ce docu-fiction horrifico-pornographique a été traduit en une vingtaine de langues pour se vendre à travers tous les continents, suscitant des « produits dérivés » sous forme de pièces de théâtre et, aujourd'hui, pour relancer la machine douze ans plus tard,... un opéra !

 

 ***

 

fjhkjfhjksghfdjkh.jpgCandidat au Prix (évidemment !) FEDORA-GENERALI pour l'Opéra, récompensant les créations lyriques contemporaines (1), voici comment est présenté ce nouveau chef-d’œuvre de l'art dramatique musical (nous traduisons de l'anglais).

 

« Les Bienveillantes/Die Wohlgesinnten sera un nouvel opéra en allemand et en français : un mélange des deux langues du héros principal, la langue originale du roman et celle du contexte dans lequel il se situe.

Depuis son éclatant succès en tant que roman, Les Bienveillantes de Jonathan Littell, a été adapté quelquefois pour le théâtre en Allemagne et en Belgique. Avec l'aide de l'auteur du livre Jonathan Littell, Hector Parra [compositeur] et Calixto Bieito [metteur en scène] ont pris l'initiative d'en faire une adaptation pour l'opéra. Il ne s'agira pas d'une illustration du roman, ni d'un divertissement didactique sur l'Holocauste, mais d'une profonde réinterprétation musicale/lyrique du point de vue et de la psychologie du diabolique personnage principal. Le titre du livre, faisant référence à la tragédie grecque d'Oreste, justifie d'attribuer une importance majeure au chœur, donnant à l’œuvre le style d'un oratorio ou d'une passion.

Le roman Les Bienveillantes de l'auteur franco-américain Jonathan Littell a été publié en été 2006 et, malgré les controverses qu'il suscita, connut immédiatement le succès. Il reçut la même année deux des prix littéraires les plus prestigieux de France, le Prix Goncourt et le Grand Prix du Roman de l'Académie française et devint rapidement un best-seller international.

En raison du point de vue inédit qu'il adopte sur les atrocités de la Seconde Guerre mondiale, ce livre reçut, dès le départ, un accueil controversé. Il raconte l'histoire de Maximilien Aue, un ancien officier SS franco-allemand, à partir de son point de vue de témoin oculaire et de participant responsable des principaux crimes nazis. Le compte rendu détaillé rend le lecteur témoin non seulement des horreurs des meurtres de masse des juifs, communistes et autres opposants au régime nazi, mais aussi de la machine de guerre administrative complexe dans laquelle Aue fonctionne comme un rouage important.

En racontant l'histoire du point de vue d'un des responsables des atrocités et du génocide, tout en rendant le lecteur complice en s'adressant à lui d'égal à égal, Littell crée une désagréable expérience de confrontation. La présentation de Maximilien Aue comme un intellectuel bien éduqué et cultivé mais également comme un nazi homosexuel ayant subi un traumatisme psychologique aggrave l’ambiguïté et le paradoxe de la situation. Elle confronte le lecteur aux problèmes essentiels de la responsabilité personnelle et aux abîmes de l'humanité. »

 

Quelle logorrhée, me direz-vous ! Mais qu'est-ce que Léon Degrelle peut bien avoir à faire dans tout ça ?...

 

Eh bien, figurez-vous que pour créer « Maximilien Aue », le héros de son livre (unique roman, rappelons-le, qui a épuisé toutes ses capacités littéraires), le Dr Frankenstein-Littell se serait inspiré de... oui, oui : Léon Degrelle !!!

 

C'est ce qu'il a expliqué, deux ans après Les Bienveillantes, dans un petit opuscule, Le sec et l'humide, « étude brève sur Léon Degrelle, le fasciste belge dont Jonathan Littell s'est en partie inspiré pour son personnage de Maximilien Aue ». Le Soir justifiait encore cette publication en ces termes : « En dévoilant les sources qui ont aidé à construire la personnalité de Maximilien Aue, l'officier nazi narrateur des Bienveillantes, Littell répondrait aux critiques sur la fascination exercée par ce personnage abject. » (27 septembre 2007).

 

A11945 (1).jpgCes archives du roman ont également été lucrativement traduites en une foultitude de langues et aussi portées à la scène en 2015 au Festival de l'IRCAM, le centre parisien de création musicale fondé par Pierre Boulez, ainsi qu'en 2017 au Festival d'Avignon, par le régisseur anversois Guy Cassiers avec une « réalisation informatique musicale de l'IRCAM ».

 

On lira dans le programme de cette pièce ayant bénéficié des deniers publics européens, –non sans quelques frissons d'inquiétude face au « meilleur des mondes » que nous préparent ceux qui s'investissent d'autorité de la direction de conscience de l'humanité–, les propos de Guy Cassiers, djihadiste du politiquement correct : « Les mots de Degrelle sont puissants dans leur contemporanéité ; le plus effrayant est de remarquer à quel point ce texte a des résonances aujourd'hui, que ces mots ne sont pas si éloignés de ceux que prononce Marine Le Pen. [...]. Chacun d'entre nous pourrait être un Degrelle en puissance. Nous avons tous un monstre en nous qui se réveille ou non selon les conjonctures et les contextes. [...] Nous nous rendons compte que l'homme a besoin d'une civilisation qui le dirige et lui donne une notion de ce qui est bon ou mauvais. [...] Les lois décidées par les politiciens aident à générer une société qui contrôle nos pulsions les plus sombres. [...] Il semblerait malheureusement que si la parole est donnée librement au peuple, cela ait pour conséquence de réveiller le monstre enfoui dans l'humanité. » Sic ! Sic ! Et resic !!! (2)

 

Cette paraphrase, terrible et ingénue à la fois, du « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » de la Terreur à la guillotine si efficace justifie donc les lois liberticides de notre prétendue démocratie décrétant ce qu'il est licite de croire, penser et dire, protégeant légalement les mensonges institutionnels et rallumant de légitimes bûchers inquisitoriaux pour les esprits trop curieux, trop critiques, trop libres, assimilables à autant d'impies blasphémateurs. Et ce sont les mêmes Saint-Just de la pensée unique qui prétendent lutter contre l'intolérance de l'Islam radical...

 

Mais revenons à l'invraisemblable et délirant opuscule que constitue Le sec et l'humide prétendant disséquer le « discours fasciste » de La Campagne de Russie où le nazi s'opposerait métaphoriquement à son ennemi comme le sec à l'humide, le rigide à l'informe, le dur au mou, l'immobile au grouillant, le raide au flasque, etc. Nous ne nous attarderons néanmoins pas à cette prétendue découverte psychanalytique, tant les exemples infirmant cette vision réductrice sont légion (Wallonie, évidemment !) dans le récit de Léon Degrelle, qui ne fait que décrire la réalité des conditions de la guerre au Front de l'Est, avec une puissance littéraire dont est manifestement privé son soi-disant exégète.

 

Ce qui nous intéressera –si l'on peut dire en découvrant le portrait graveleux du dernier Commandeur des Wallons au Front de l'Est– c'est la manière dont est traitée la figure de Léon Degrelle, c'est-à-dire, plus exactement, les fantasmes orduriers que projette sur lui son soi-disant anatomiste (!) linguistique. Ce qui ne peut que nous faire craindre le pire pour la mise en scène du personnage principal de l'opéra sur les scènes lyriques d'Anvers, Gand, Madrid et Nuremberg...

 

Quelques exemples...

 

« Degrelle pense peut-être au sort des femmes allemandes, mais c'est son anus à lui qui se serre convulsivement. » (p. 32)

« Contre tout ce qui coule, le fasciste doit évidemment ériger tout ce qui bande. » (p. 35)

« On pourrait regretter que Degrelle n'ait jamais su s'ouvrir à la forme de plaisir homosexuel : peut-être ne lui manquait-il justement, pour devenir un être humain, qu'un bon coup de pine au cul. » (p. 55)

« Soyons clair : si notre hypothèse est exacte, ce qui est atteint, quand le fasciste est châtré, n'est pas sa queue comme organe de plaisir, mais son phallus comme centre et pivot de sa résistance à l'ennemi, extérieur comme intérieur. » (p. 72)

« Degrelle, en 1983, est évidé comme figé dans ses productions mentales, maintenu rigide et protégé du réel par son uniforme SS comme un homard l'est par sa carapace. [...] Mais il n'a pas changé, il semble plutôt s'être solidifié, pétrifié peu à peu en un masque reptilien, plaqué sur le chaos ; et le sourire radieux du combattant solaire est peu à peu devenu la grimace hideuse de la mort. » (p. 112)

 

Oui, mais ne parlerait-on pas, dans cet opuscule consacré à la « langue » de Léon Degrelle, de ce qui est aujourd'hui l'essentiel de la Seconde Guerre mondiale ? Car si le Maximilien des Bienveillantes est d'une obscénité excrémentielle rare , il n'a pas manqué non plus de jouer un rôle actif dans l'Holocauste : quid alors de Léon Degrelle qui, tout SS qu'il fût selon la doxa contemporaine, en ignora tout ?
Le justicier Littel dénoncera donc le silence coupable de Léon Degrelle à ce propos : « Dans La campagne de Russie, un invisible : le Juif. Comme s'il n'existait pas. Absence étrange, presque oppressante. » (p.85) A l'évidence, Léon Degrelle ment, au moins par omission !...

 

 LD buste Cuisine Madrid.jpgOn le voit : nous avons affaire à un travail scientifique on ne peut plus rigoureux, se plaçant d'ailleurs sous l'autorité psychanalytique d'un certain Theweleit ainsi que sous la férule historique de cette vieille canaille d'Eddy De Bruyne « qui a généreusement mis à ma disposition [dixit Littell] ses archives personnelles » (p. 141), dans l'espoir de donner aux délires scatologiques de l'apprenti chroniqueur un vernis d'érudition historique digne de ses propres élucubrations perfidement mensongères. Par exemple : Degrelle faux père de la Légion (p. 14), Degrelle usurpant ses grades militaires (p. 16), Degrelle traître à son pays sous couvert de Bourgogne (p. 23), Degrelle définitivement brouillé avec Hergé (p. 59), Degrelle ennemi de Hagemans (p. 66), Degrelle faussement blessé (p. 107 : « d'après De Bruyne, aucune de ces blessures n'avait requis d'hospitalisation »), Degrelle achevant sa vie « dans les bras des belles filles et un luxe ostentatoire sous le soleil radieux de la péninsule » (p. 108),...

 

Nul doute qu'un rôle doive être donné au soi-disant « Encyclopédiste » de la Collaboration belge dans cet opéra qui vouera une nouvelle fois métaphoriquement Léon Degrelle à l'exécration universelle : peut-être celui d'un prophète Philippulus armé de l'inexorable gong de la fin des temps (voir L’Étoile mystérieuse, in « Les Aventures de Tintin et Milou », Le Soir, 8 novembre 1941) promettant le châtiment suprême à tous ceux qui ne croiront pas dans les calembredaines pipi-caca de son protégé : « Ils mourront de faim et de froid ! Et ils auront la peste, la rougeole et le choléra !... »

 

 

(1) Signalons quand même, parmi les prix obtenus par cet assoiffé d'honneurs, le peu convoité Bad Sex in Fiction Award 2009, récompensant, à l'initiative de la revue britannique Literary Review, l'auteur ayant écrit « la pire description d'un acte sexuel dans un roman ».

(2) Le prétentieux Littell, tout auréolé de son prix de l'Académie française, s'imagine peut-être pouvoir participer à une future mise à jour de la grammaire de ladite Académie en marquant d'un « sic » accusateur une expression de Léon Degrelle, s'imaginant avoir décelé une grossière faute d'orthographe : « Brusquement, au moment de démarrer, [Himmler] redescendit la vitre de la portière et martela ses [sic] mots : "Degrelle, vous serez nécessaire un jour. Tout changera vite. Gagnez six mois. Vous devez vivre !" »

Comme si l'auteur de La Campagne de Russie eût dû écrire « ces mots », c'est-à-dire : « Himmler martela les mots suivants ». En fait, Littell ne comprend pas que Léon Degrelle insiste sur l'importance de son interlocuteur –le chef suprême de la SS dont il est lui-même un haut-gradé– lui donnant ses ultimes instructions. Si les propos suivants, « ces mots », sont bien « martelés », Léon Degrelle met en évidence le fait que c'est Heinrich Himmler qui martèle ses propres mots pour leur donner tout leur poids : le Reichsführer martela donc bien « ses mots » ! Une nuance qui échappe au romancier d'occasion. Il nous copiera donc cent fois « Je martèle mes mots, Tu martèles tes mots, Il martèle ses mots, Nous martelons nos mots, Vous martelez vos mots, Ils martèlent leurs mots. »

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