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Ne plus penser à Degrelle ? Les divagations du ‘t Pallieterke et le sentiment flamand de Léon Degrelle

« Ne plus penser à Degrelle », tel est le titre en forme de conclusion sans appel de l’article de l’hebdomadaire humoristique flamand ‘t Pallieterke (2 juin 2016) en constatant que le seul magazine à avoir évoqué le quatre-vingtième anniversaire de la victoire électorale rexiste du 24 mai 1936 était son homologue francophone LeVif-L’Express (mais involontairement humoristique, celui-là : voir ce blog à la date du 28 mai 2016) !

C’est ce qui s’appelle « prendre ses rêves pour des réalités », car comme en atteste ce blog et les recensions régulièrement exhaustives de nos camarades du Cercle des Amis de Léon Degrelle (BP 92733 – F 21027 Dijon Cedex), on n’a jamais autant parlé de Léon Degrelle qu’aujourd’hui, le désignant certes comme un imposteur criminel à maudire pour l’éternité, mais, suscitant du coup l’intérêt de la jeunesse en manque de repères et permettant à celle-ci – pour peu qu’elle se renseigne un rien – d’identifier en l’auteur de Révolution des âmes un modèle d’idéal et d’action.

‘t pallieterke

 

Mais se servir du silence ayant entouré l’anniversaire d’une péripétie électorale – en oubliant bien sûr le hourvari médiatique qui a salué, par exemple, le vingtième anniversaire de la disparition du Volksführer wallon (tiens, en avril 2014, ‘t Pallieterke avait pourtant bien « pensé » à en parler ! voir sur ce blog à la date du 20 janvier 2016) –, c’est tromper son lecteur, ou le prendre pour un débile !

En fait, cette anecdote permet bien d’illustrer les obsessions de l’hebdomadaire flamand au nationalisme linguistique toujours pointu : volontairement rejeté dans l’oubli par les politiciens francophones (là, c’est justement observé, tant ils pâtissent de la comparaison !), Léon Degrelle ne serait plus instrumentalisé par eux que pour provoquer les Flamands toujours assimilés dans leur ensemble à autant de « kollaborateurs ».

Pour ‘t Pallieterke, dès après ce premier succès électoral, Léon Degrelle s’était d’ailleurs lui-même suicidé politiquement en provoquant l’élection partielle d’avril 1937 contre le premier ministre Paul Van Zeeland qui n’eut aucune peine à l’emporter, puisqu’il était soutenu à la fois par la gauche et la droite.

Voilà qui est l’exact contraire de la vérité : car si le chef de Rex a bien provoqué l’élection bruxelloise devant lui permettre d’intégrer le parlement (il ne le fera qu’après le scrutin de 1939), ce sont en fait tous les partis traditionnels paniqués par cette perspective qui refusèrent le combat « à la loyale » et, fait unique dans l’histoire parlementaire belge, réalisèrent l’incroyable coalition contre nature des catholiques, libéraux, socialistes et communistes, pour ne lui opposer qu’un seul candidat : Paul Van Zeeland.

Ce qui en soi constituait déjà la consécration de l’irrésistible montée en puissance de Rex puisque pour lui faire pièce, il fallut que tous les partis se coalisassent – aussi antinomiques fussent-ils : des catholiques aux communistes, en passant par socialistes et libéraux – et que, pour s’opposer à son chef, il fallut rien moins que le premier ministre en personne ! Et cela ne suffit pas encore : il fallut encore que le primat de Belgique promulguât l’équivalent d’une fatwa pour préciser « le devoir de tout catholique loyal dans l’élection du 11 avril », c’est-à-dire voter Van Zeeland contre Degrelle, en prenant soin d’ajouter – suprême coercition morale ! – : « toute abstention doit être réprouvée »...

 
De tout cela, l’auteur de l’article (un bien mal pseudonymisé « Picard » : le vrai Picard – Mgr Louis Picard – fut, lui, toujours profondément révéré par Léon Degrelle) ne souffle mot, comme il ne souffle mot du coup de tonnerre historique dans le ciel communautaire belge que fut l’accord Rex-VNV du 6 octobre 1936 (voilà une date à commémorer !), anticipant l’état fédéral belge contemporain – bien trop tardif et toujours indigne de confiance – et jetant prophétiquement les bases d’un véritable apaisement linguistique – aujourd’hui sans doute inaccessible – contre les intérêts électoralistes de tous les autres clans politiciens (voir les réflexions toujours actuelles sur la conscience nationale flamande par José Streel, sur le blog « Dernier Carré – Weltanschauung »). Pour « Picard », ni Rex ni Degrelle n’existaient de toute façon déjà plus à cette époque : « C’est uniquement grâce à la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale que Léon Degrelle put à nouveau apparaître à l’avant-plan politique », comme s’il n’y avait aucune continuité entre l’action de salubrité politique entreprise avant-guerre et l’adaptation aux nouvelles réalités « géopolitiques » de l’ordre nouveau !

Nous renvoyons nos lecteurs à ce blog (« Dernier Carré – Léon Degrelle », en date des 7 et 20 mai 2016) pour savoir que penser de l’engagement militaire de Léon Degrelle, dans la droite ligne de la politique rexiste de la Grande Belgique (résurrection du Conseil de Bourgogne de Charles-Quint c’est-à-dire des XVII Provinces du Duché de Bourgogne, correspondant peu ou prou au Dietschland cher à Joris Van Severen), mais nous rappellerons néanmoins ce que fut l’accord Rex-VNV, histoire de vérifier, quand même, que rien dans l’action politique de Léon Degrelle en Belgique n’a jamais été fait pour couillonner les Flamands (« de Vlamingen wat te jennen »), ce que semble insinuer notre « Picard » lorsqu’il affirme que Léon Degrelle « n’était finalement qu’un nationaliste belge »…

Nous le ferons, non pas en reprenant les termes méprisants et relevant du politiquement correct de l’Encyclopédie du Mouvement flamand (Lannoo, 1973) car l’obsession linguistique de ses rédacteurs (pour tout ce qui concerne le rexisme : Manu Ruys, l’éditorialiste du quotidien de la bien-pensance catholique flamande De Standaard !) les empêche de croire jamais en l’honnêteté intellectuelle de quelque francophone que ce soit. C’est ainsi que Léon Degrelle est décrit à la manière « picardienne », juste après la mention du fameux accord : « En tant que Wallon unilingue, il est en réalité toujours resté insensible aux problèmes flamands » !

Lui qui, en témoignage de la sincérité de ses engagements envers le peuple flamand, appela sa fille née le 14 avril 1938 (soit deux ans après que l’accord dut être abandonné) du plus bel et emblématique des prénoms flamands : Godelieve !... Vous viendrait-il jamais à l’idée de donner aujourd’hui à votre enfant – surtout si vous ne croyez pas un seul instant aux vertus du « Vivrensemble » ! – l’un des prénoms les plus usités aujourd’hui à Bruxelles : Mohamed ou Fatima ???

Lui qui, – soulignons-le aussi –, lors de son tout premier discours d’élu parlementaire, le 26 avril 1939, lança à la figure de tous les députés uniquement soucieux de leurs prébendes : « Faillite politique ! faillite financière ! faillite linguistique ! […] Pendant mille ans, Wallons et Flamands ne se sont pas battus et il a fallu attendre la vie parlementaire pour que la situation changeât. Aujourd’hui, à cause de vous, les Belges se battent entre eux ! »


‘t pallieterkeCet accord n’était, bien évidemment, pas né de rien : il concrétisait le programme électoral de Rex qui affirmait déjà : « Dans le domaine appelé étroitement linguistique, Rex basera son régime :

  • sur l’épanouissement absolument libre de chacune des deux cultures ;

  • sur l’égalité de droits absolue des Flamands et des Wallons ;

  • sur une très large décentralisation politique du pays, exactement dans la ligne de nos traditions historiques d’ailleurs.

Nous marcherons dans ce sens-là, avec toute l’audace nécessaire.

Nous projetons notamment, sous l’impulsion d’un pouvoir fort et populaire :

  • un renforcement très large de l’autorité provinciale, particulièrement dans le domaine scolaire ;

  • la création d’organismes politiques nouveaux destinés à favoriser l’épanouissement naturel de chacune des communautés linguistiques ;

  • le dédoublement – qui serait le bon sens même – de certains ministères, tel, par exemple, le ministère de l’Instruction publique. » 
    (Léon Degrelle et Paul de Mont, Rex et la Flandre)


Pour connaître la portée exacte des accords du 6 octobre 1936, nous renverrons nos lecteurs à la brochure de Paul de Mont, sénateur rexiste flamand, héros de l’Yser amputé des deux jambes, L’accord Rex-VNV et sa signification nationale (1936), où il explicite dans tous ses détails et implications l’accord extraordinairement visionnaire entre les révolutionnaires francophones et flamands de la Belgique de 1936… Nous la publierons in extenso – et pour la première fois en traduction française ! – sur notre blog « Le Dernier Carré – Weltanschauung », à l’occasion de l’anniversaire de l’accord Rex-VNV.


‘t pallieterkeDans un important discours tenu à Liège en octobre 1936, ce grand écrivain-dramaturge qu’était le sénateur rexiste flamand Paul de Mont, ayant négocié personnellement cet accord, le résuma en ces quelques points :

- Réconciliation du nationalisme flamand avec l’état belge
- Révision de la constitution dans une perspective fédérale
- Un pouvoir fort incarné par la monarchie
- Bruxelles, une capitale intégralement bilingue
- Barrage efficace contre les manœuvres subversives marxistes.


Cet accord, trop novateur pour l’époque, était provisoirement secret. En tout cas, jusqu’à ce que la situation politique permette sa mise en œuvre. C’était sans compter sur le quotidien de la franc-maçonnerie, Le Soir, qui ralluma le brûlot des haines recuites entre « belgicistes » et « flamingants », obligeant ses signataires à reprendre leurs distances les uns avec les autres.

Ce qui n’empêcha pas l’amitié de perdurer très concrètement : apprenant la présence de Léon Degrelle à la prison du Puy-en-Velay où il était lui-même réfugié depuis mai 1940 dans la propriété de son épouse, Paul de Mont, qui avait quitté Rex en février 1939, se démena pour alerter les autorités, se rendant immédiatement à Vichy. Ses démarches n’eurent malheureusement d’autre issue que de précipiter son ami dans le camp de concentration français du Vernet dont il ne sera libéré qu’un mois plus tard (voir La Guerre en prison, pp. 253 sv.)…

Nouvelle preuve de la volonté d’aboutir à la résolution de tout conflit linguistique en Belgique, Rex et le VNV signaient un nouvel accord le 10 mai 1941 (soit un mois avant l’engagement effectif de Léon Degrelle au Front de l’Est) portant sur la création d’un parti unique en Flandre (VNV) et en Wallonie (Rex). Nous renvoyons également nos lecteurs au blog « Dernier Carré – Weltanschauung » pour savoir dans quel esprit et dans quelle perspective cet accord fut signé, c’est-à-dire une délimitation des sphères d’influence respectives en attendant la fin de la guerre et l’organisation de la nouvelle société civile.

 ‘t pallieterkeVoici en tout cas comment il fut annoncé à la presse nationale dans un communiqué de Victor Matthys, chef fédéral de la Propagande du mouvement rexiste, et comment il fut présenté par Léon Degrelle dans Le Pays réel du 11 mai 1941 : on constatera que le discours de Léon Degrelle sur la « germanité des Wallons » du 17 janvier 1943 est déjà tout en germe dans ces propos !

« Conscient de la nécessité d’unir les forces luttant pour l’établissement de l’ordre national-socialiste en Occident, Rex vient de contresigner un accord entre les mouvements nationalistes flamands qui unifiera désormais leur action.

Aux termes de cet accord, le Vlaamsch Nationaal Verbond, Rex-Vlaanderen et le Verdinaso fusionnent en une organisation nouvelle, placée sous la conduite du Leider Staf Declercq.

Rex reconnaît cette organisation comme le parti unique pour le peuple flamand.

Réciproquement, la nouvelle organisation flamande considère Rex, sous la conduite de son Chef Léon Degrelle, comme le parti unique pour le peuple wallon. Les deux Mouvements se prêteront mutuellement assistance et collaboreront dans toutes les questions d’intérêt commun. »

« Rex croit à la nécessité d’un Etat Occidental où Wallons et Flamands cohabiteront en paix, chacun des deux peuples s’épanouissant pleinement selon sa personnalité et s’étant assuré, à cette fin, toutes les garanties qui s’imposent. […] Nous croyons, d’autre part, que l’unité spirituelle de l’Occident comprend non seulement les Pays-Bas thiois, mais aussi les Pays-Bas romans. Wallons et Flamands forment la même race, ont le même fond originaire, ont reçu les mêmes apports germaniques au Ve siècle. Unis par les mêmes fleuves, ils ont vite formé un complexe économique qui n’a fait que se développer à travers les siècles. Ils ont eu la même formation juridique, les mêmes élans religieux. Ils ont subi et refoulé, avec plus ou moins de bonheur les mêmes envahisseurs. Ils ont été, ensemble, une incomparable plaque tournante de l’Europe du Moyen-Age et de la Renaissance. Leur collaboration fut une réalité indéniable. Il en est résulté une civilisation et des mœurs qui dépassent la région et font de l’Occident entier un des foyers les plus originaux de la culture européenne.

Nous tenons, nous Rexistes, à sauver ce patrimoine commun. Nous croyons à l’utilité, à tous les points de vue, d’un Etat où Flamands et Wallons travailleront en paix. »

Il est en effet important de mettre à la disposition de nos contemporains les textes de première main qui leur sont désormais cachés ou rendus inaccessibles : c’est la raison d’être de notre blog « Dernier Carré – Weltanschauung » (il complète utilement celui-ci où nous nous employons à corriger tous les mensonges, calomnies, approximations, omissions,… répandus – quoi qu’en pense « Picard » – quasi quotidiennement sur Léon Degrelle).

Concernant les convictions « communautaires » de Léon Degrelle et la politique flamande de Rex, nous leur fournirons ainsi tous les textes en notre possession : de Léon Degrelle bien entendu, mais aussi de Paul de Mont, José Streel, Jean Denis, Odiel Daem, Staf De Clercq, etc.

Ils pourront ainsi se forger leur propre opinion, sans devoir passer, comme le souhaite « Picard » en en faisant la promotion et la publicité, par les professionnels du prêt-à-porter intellectuel qui, tel le malfaisant Eddy De Bruyne, voudraient nous dire ce qu’il est de bon ton de penser « de la collaboration et de l’ordre nouveau en Belgique francophone » entre 1940 et 1945…

 

 

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