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Le portrait « anecdotique » de Léon Degrelle, par Jean-Paul Chayrigues de Olmetta

 

C'est par un court article de Robert Spieler dans le numéro spécial historique de Rivarol consacré à la disparition de Jean-Marie Le Pen que nous avons appris la parution des Portraits anecdotiques de Jean-Paul Chayrigues de Olmetta, malheureusement décédé le 4 décembre 2024, trois mois seulement après cette publication.

 

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Le passionnant rédacteur de la toujours spirituelle et instructive Chronique de la France asservie et... résistante se faisait l'écho du récit fait pas le « Marquis » (les guillemets sont de R. Spieler ; Jean-Paul Chayrigues 1943-2024 était, paraît-il, marquis de Olmetta) de l'incendie criminel de la maison de Jean-Marie Le Pen en 2015 : l'encore président d'honneur du Front National, âgé alors de 86 ans, put échapper à une mort atroce en sautant par une fenêtrre du premier étage ! Robert Spieler terminait son article en précisant que le livre du Marquis comportait également, parmi de nombreux autres, des souvenirs sur Léon Degrelle.

 

Nous nous sommes rapidement procuré le livre pour découvrir un peu moins de trois pages d'évocations fort sympathiques, mais fourmillant d'informations non vérifiées, constituant probablement autant de réminiscences contaminées par une mémoire infidèle.

 

Les erreurs se nichent en effet un peu partout dans les détails historiques : ce n'est pas « dans sa vingtième année » mais dans sa trentième que Léon Degrelle constitua le mouvement REX (et non le parti : ce blog au 12 novembre 2020) et on ne peut vraiment pas dire que son succès électoral de 1936 ainsi que les « foules considérables » qu'il entraîna (ainsi des 60.000 participants au formidable congrès de Lombeek, le 10 juillet 1938 : ce blog au 15 mars 2024), se firent « avec la bénédiction des plus hautes autorités religieuses » ! Car dès 1934, l'évêque de Tournai fit échouer le « Banquet des 7000 », grandiose réunion des jeunes catholiques sous la bannière rexiste ; un an plus tard, le 20 novembre 1935, un décret de l'épiscopat enjoignit les religieux belges à rester à l'écart de Rex, interdit la vente de ses journaux aux portes des églises ainsi que toute activité rexiste aux abords des collèges et instituts catholiques ; en mars 1936, l'Action Catholique de la Jeunesse Belge déclara inadmissible l'adhésion de ses membres au mouvement rexiste ; enfin, l'hostilité des « plus hautes autorités religieuses » au rexisme culminera dans le fameux « coup de crosse » du cardinal-primat de Belgique, le 9 avril 1937, à l'avant-veille même des élections opposant Léon Degrelle au Premier ministre Van Zeeland, candidat unique du rassemblement « démocratique » d'opposition à Rex de tous les partis (communistes compris !) : l'archevêque de Malines interdisait aux catholiques non seulement de voter pour Léon Degrelle, mais également de se réfugier dans l'abstention (ce blog au 6 mai 2016) !

 

 

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À la Une de la presse « démocratique », le 10 avril 1937 : ci-dessus, Le Vingtième Siècle, quotidien catholique où, quelque huit ans auparavant, Léon Degrelle fit ses éclatants débuts de journaliste d'investigation (ce blog au 7 février 2019) ; ci-dessous, Le Peuple, quotidien socialiste, La Dernière Heure, quotidien libéral, et Le Soir, quotidien franc-maçon.

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De même, si « Léon Degrelle s'engage sur le front de l'Est sous l'uniforme allemand », ce n'est pas qu' « aveuglé par son anticommunisme viscéral », mais éclairé surtout par la nécessité de rendre une place honorable à la Belgique au sein de l'Europe nouvelle (ce blog au 2 novembre 2020).

 

L'odyssée depuis la Norvège jusque l'Espagne atteinte à la dernière extrémité est également imaginaire alors qu'en l'occurrence, la réalité est aussi palpitante que la fiction : « Aux commandes de son petit avion [en réalité le gros Heinkel 111 du ministre Speer piloté par le pilote Albert Duhinger : ce blog au 20 mai 2016], alors qu'il fuyait sans trop savoir où [en réalité, le seul port de salut était bien l'Espagne, dont la frontière était théoriquement accessible au rayon d'action de l'avion : ce blog au 19 septembre 2024], il s'écrasa sur une plage de Malaga... » [à court d'essence, l'avion s'écrasa plutôt sur celle de San Sebastián, à la frontière franco-espagnole : Málaga, quelque 800 km plus loin, à l'autre extrémité de la péninsule, était absolument inaccessible !].

 

Concernant les cendres du défunt, la réalité dépasse, là, de loin la fiction, car si Léon Degrelle n'a nullement « imploré la grâce d'être enterré en terre belge dans une ultime supplique à son souverain  », le roi des Belges a quand même signé une dernière Lex Degrelliana « d'interdiction d'accès au territoire belge des restes mortels de Léon Degrelle » (ce blog au 31 mars 2019). Une partie des cendres est cependant bien en Belgique : pas « dans la campagne bruxelloise », mais au Tombeau du Géant Léon Degrelle, dans sa terre natale ardennaise de Bouillon (ce blog aux 31 mars 2019 et 15 juin 2024).

 

 

 

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Le dessin de couverture ainsi que les illustrations des têtes de chapitre sont l’œuvre de Françoise Pichard, mieux connue sous le pseudonyme Chard, son nom de dessinatrice de presse pour l'hebdomadaire de l'opposition nationale et européenne, Rivarol.

 

 

 

Nous regretterons enfin que le Marquis se soit laissé influencé par les soi-disant tintinologues en écrivant que Léon Degrelle « aurait servi de modèle à Hergé pour Tintin... On comprend que le célèbre dessinateur ait toujours démenti ! »

 

En vérité, Hergé n'a jamais rien démenti, ne fût-ce que parce que cette filiation n'a été explicitée par Léon Degrelle que dans Tintin mon copain, l'hommage qu'il rendit à Hergé après son décès (l'aveu lui avait néanmoins déjà échappé du vivant du dessinateur en 1975 dans ses interviews à Jean-Michel Charlier : ce blog au 2 mai 2016). Il s'y en est d'ailleurs expliqué très simplement : « Dans mon refuge, je n'allais pas compromettre un vieux frère comme Georges, qui avait déjà fort à faire pour désherber dans ses albums les quelques nez crochus que la Résistance avait dénichés à la loupe ! » (Tintin mon copain, p. 195 ; ce blog au 5 janvier 2022). Pour sa part, Hergé n'a jamais hésité à rendre hommage à son ami Léon Degrelle ainsi qu'à lui reconnaitre explicitement sa dette dans sa conception de la bande dessinée (ce blog au 1er février 2016).

 

Cela dit, l'amicale sympathie de Jean-Paul Chayrigues de Olmetta pour Léon Degrelle ne fait aucun doute, ses approximations ne relevant que du journalisme radiophonique, rédigeant de mémoire de brefs portraits non destinés originellement à la publication.

 

On retiendra donc avec plaisir ces phrases chaleureuses (l'étonnement naïf de l'auteur s'émerveillant que Léon Degrelle pût utiliser « un français parlé parfaitement alors qu'il n'en avait plus la pratique quotidienne depuis des décennies » est plus qu'attendrissant) et rendant justice à l'histoire du désormais proscrit, mais aussi à la clairvoyance de celui qui analyse pour lui la situation géopolitique du moment  :

« Oui, j'ai aimé rencontrer plusieurs fois Léon Degrelle. Combattant héroïque, de simple soldat il deviendra général, décoré de la croix de fer par Hitler lui-même. Le Führer dira que Degrelle est le fils qu'il a rêvé d'avoir. Léon, lui, se posera en héritier spirituel du chef du Troisième Reich. Nous étions en pleine guerre du Golfe et le raisonnement politique de Léon prouvait sa connaissance du dossier. La hauteur de vue et les analyses politiques sont éblouissantes. »

 

Nous aurions aimé néanmoins que l'auteur en dise davantage sur la réunion qu'il put surprendre « dans un grand hôtel de Palma de Majorque » où « dans une immense salle à manger, décorée de bannières à svastikas et d'un portrait d'Hitler, une cinquantaine d'officiers supérieurs du Troisième Reich en uniformes d'été de cérémonie (blancs) constellés de décorations, festoyaient avec Léon Degrelle... Ils étaient venus pour fêter son anniversaire depuis le Paraguay, le Brésil, l'Équateur, etc. sans inquiétude ! »...

 

 

 

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Léon Degrelle et Jean Vermeire (portant tous deux la médaille Honneur-Bravoure-Fidélité) rejoignent les Bourguignons en passant devant les familles et les amis.

 

 

À notre connaissance, Léon Degrelle ne s'est rendu qu'une seule fois à Palma de Majorque : c'était à la mi-juin 1989 pour son quatre-vingt-troisième anniversaire. Le SS-Hauptsturmführer Jean Vermeire qui y possédait une opulente propriété put réunir à cette occasion une quarantaine d'anciens Bourguignons de la Légion Wallonie (à qui il avait été demandé de porter la chemise blanche), accompagnés de leur épouse et de quelques amis. Une belle réunion de retrouvailles fut organisée dans le parc de la villa avec remise d'une médaille commémorative reproduisant l'insigne rexiste « Honneur – Bravoure – Fidélité » (ce blog au 11 mai 2020). La journée s'acheva par un banquet dans un grand restaurant de cuisine majorquine à Palma, le Bona Celler, « la bonne cave » en catalan.

 

 

 

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Le restaurant Bona Celler, le 12 juin 1989 : ci-dessous, Léon Degrelle parle avec le Chevalier de la Croix de Fer Jacques Leroy (derrière lui, Jean Vermeire ; Fernand Kaisergruber se trouve derrière Léon Degrelle ; le grand mutilé de guerre Henri Moreau se reconnaît de profil à l'avant-plan).

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C'est probablement à cet événement exceptionnel que la Providence permit au Marquis d'assister par un miraculeux hasard : « Sans savoir que je le connaîtrais longtemps après, j'avais assisté, des années auparavant et malgré moi, à un moment étonnant dans un grand hôtel de Palma de Majorque » !

 

Le souvenir qui lui est resté en mémoire en fut tout adorné d'une ambiance et d'une décoration merveilleusement fantasmées. Peut-être le Marquis a-t-il pensé avoir surpris une réunion de l'Internationale néo-nazie fêtant –fort peu discrètement– son chef Léon Degrelle ?...

 

 

 

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Le discours de Léon Degrelle clôturant le banquet du 12 juin 1989.

 

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