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Mathieu Simons, Rex et l’Ordre nouveau dans l’arrondissement de Verviers. 1935-1945 (Préface de Francis Balace, Editions Vieux Temps, Andrimont, 2013)

Rex Verviers Couverture.jpgAntérieur à la remarquable exposition de Stavelot – Rex et l’Ordre Nouveau dans l’arrondissement de Verviers : voir le courrier du Dernier Carré n° 86–, ce livre à la documentation inédite en fournit tout le contexte historique.

Nous n’avons pas manqué l’occasion de nous rendre à l’Abbaye de Stavelot en mars 2015 et avons été séduit non seulement par la richesse exceptionnelle des pièces exposées –et dont souvent, nous ignorions jusqu’à l’existence : quel dommage qu’il n’y eût aucun catalogue !– mais surtout par leur somptueuse présentation et les notices historiques irréprochables qui les accompagnaient. Un travail scientifiquement historique sans défaut de Mathieu Simons qu’on aimerait voir faire école !

Et, à propos d’école, tout à notre enthousiasme en quittant l’expo, nous voulûmes partager notre émerveillement avec la préposée à l’accueil :

« – L’exposition a été un succès en ce qui concerne le nombre de visiteurs ?

– On ne peut pas se plaindre, il y a eu du monde tous les jours…

– Je veux bien le croire car c’est une magnifique leçon d’histoire ! Je suppose qu’on n’a pas manqué d’y inviter les écoles des environs ?

– Vous voulez rire ? Les écoles ? Pour le rexisme ? Ah non, hein ! Par contre, notre prochaine exposition sera consacrée au journal d’Anne Frank et à une reconstitution de sa cachette à Amsterdam : là, on a prévu une visite obligatoire de toutes les écoles ! »

Ainsi écrit-on l’histoire...

Mais revenons au livre de Mathieu Simons.

 

Le Rexisme dans l’arrondissement de Verviers

Le but –l’analyse du rexisme à Verviers– et le plan, à la fois thématique et chronologique, sont clairs et rigoureux, permettant de souligner la continuité entre les propositions de l’action catholique menée par l’ACJB et leur actualisation par ce qui deviendra le rexisme : « réforme de l’Etat, révision de la loi sur les sociétés commerciales, réorganisation bancaire, réforme du crédit, lutte contre l’hypercapitalisme » (c’est ce que Francis Balace dénonce comme du « pré-poujadisme » !).

C’était le temps des meetings au nom du Christ-Roi dénonçant le curé défroqué Moreau ou le régime mexicain massacreur des Cristeros et encourageant l’auditoire au « catholicisme intégral ». La foi sans les œuvres étant une foi morte et le Parti Catholique restant engoncé dans ses tripatouillages, Rex se transforma donc en structure politique à part entière et c’est le mérite de l’auteur d’en retracer l’histoire dans tous ses détails –structures, grandes figures, activités,…– dans l’arrondissement de Verviers.

Premier résultat triomphal : les élections législatives de 1936 avec quelque 22,29% des voix (contre 11,49% au niveau national). Rex devient d’emblée le second parti dans quasiment tous les cantons. 1937 semble marquer un essoufflement du mouvement que l’élection partielle de Bruxelles, avec la coalition contre nature de tous les partis face à Léon Degrelle, renforcée par l’incroyable ingérence du primat de Malines obligeant les catholiques à ne pas voter Rex, ne pourra qu’accentuer, provoquant crises internes, difficultés financières et démissions.

Les élections communales de 1938 et les législatives de 1939 sont également passées au scanner dans le contexte difficile de l’avant-guerre et de la politique de neutralité, difficilement comprise dès lors qu’elle ne privilégiait plus l’alliance avec les anciens alliés de 1914-18, français et britanniques.

Le Rexisme de guerre

On peut certes regretter que Mathieu Simons semble ignorer les tentatives de tous les partis (au premier rang desquels les socialistes de Henri de Man et du POB) de se positionner en ordre utile face à l’Allemagne victorieuse, pour ne considérer que les rexistes qui « vont à nouveau croire en leurs chances ». Car force est de constater que c’est du fait même de l’occupant que le mouvement Rex s’est retrouvé marginalisé, même après le retour de Léon Degrelle qu’on crut assassiné en France.

Nous regretterons aussi, en ce qui concerne l’histoire du mouvement rexiste, plutôt que de parler du « rexisme de guerre » à partir du déclenchement de celle-ci (10 mai 1940), que l’auteur néglige la date capitale du 22 juin 1941, marquant l’invasion préventive des territoires bolchevique par le Reich menacé. Non seulement cette date marque la renaissance politique de Léon Degrelle et de son mouvement s’impliquant dans la croisade anticommuniste, mais elle scelle la fracture de la société belge évoluant vers la guerre civile du fait des communistes n’obéissant qu’à Moscou (s’accommodant fort bien des Allemands tant que le pacte germano-soviétique était d’application, puis, dès l’opération Barbarossa, s’adonnant au terrorisme le plus gratuit pour alimenter le cycle des représailles).


Charles Hénault (2).jpgMathieu Simons chronique d’ailleurs la constitution immédiate d’une « compagnie Staline des Partisans armés », responsable d’innombrables attentats, mais surtout de l’assassinat, en une seule année, d’une dizaine de responsables et militants rexistes de l’arrondissement dont celui du Chef de Rex-Verviers, Charles Hénault, et de la mort concomitante, qu’on déclara accidentelle, de son remplaçant Nicolas Hermanns.

Extrêmement précieuses sont les informations relatives à ces attentats, illustrant la patience héroïque des rexistes avant qu’à bout de souffrances, ils ne prennent des mesures pour répondre aux violences et assassinats dont ils étaient victimes. Il ne s’agissait d’ailleurs pas nécessairement de représailles mais de « créer une force de police spéciale, chargée de protéger les bourgmestres et échevins rexistes et plus globalement, les personnalités en vue du mouvement », et ce, tout en se heurtant d’ailleurs « aux réticences de la Militärverwaltung ».

Il n’empêche que Rex redémarre et multiplie ses activités de recrutement et de réorganisation (celles de Rex-Spa étant particulièrement documentées), permettant ainsi de fournir de précieuses recrues pour la Légion Wallonie au Front de l’Est (l’auteur en compte quelque 135 pour Rex-Verviers), tout en s’efforçant de contrôler l’activité politique au niveau local (ce qui était loin d’être automatiquement acquis) et en s’impliquant dans les activités sociales et culturelles (Gardes wallonnes, Honneur Légionnaire, Communauté culturelle wallonne,…). On reste par ailleurs admiratif face à la somme de documentation que l’auteur met à notre disposition concernant l’organisation, les effectifs, les activités de Rex dans les différentes communes de l’arrondissement, témoignant de sa réelle implantation populaire.

Un mot est dit également sur les assassinats –légaux cette fois– de la répression accompagnant ce qu’il faut appeler la libération où « la présomption d’innocence n’est évidemment plus qu’une illusion ». Rien qu’à Verviers donc, « 1600 affaires furent instruites, plus de 2000 accusés comparurent, et une quarantaine de condamnations à mort »… Mais ce dossier est toujours loin d’être clos puisque, avoue l’auteur, « par prudence, nous avons été contraint à taire certains aspects de cette répression ».

En lisant la conclusion générale de Mathieu Simons, force nous est de constater avec surprise que l’auteur biaise quelque peu le sens de son étude. Car écrire « La figure du collabo-hitlérien côtoie en effet celle du jeune idéaliste égaré qui perdra tout ou partie de sa vie à payer le prix de sa naïveté et de ses mauvais choix » nous semble justement relever du « confusionnisme historique » que son professeur Balace impute à celui qui « réinterprète parce qu’[il] connaît la fin de l’histoire », attitude dont l’écolâtre s’exonère, bien sûr, en même temps que son étudiant.

Sauf que ce dernier avait bien traité son sujet jusque-là, reconnaissant de facto la réalité de la solution de continuité entre le rexisme de guerre et celui d’avant-guerre : « en 1941, c’est bien l’idéalisme qui l’emportait ». Et du Front de l’Est, les militants n’ont d’ailleurs pas cessé de se soucier de leur section locale. Si l’engagement à la Légion a donc provoqué une « saignée » parmi les membres, il ne constituait néanmoins que la concrétisation logique de leur idéal : il n’y avait en effet pas de césure entre les soldats et leur famille ou leur entourage politique. C’est le terrorisme communiste, à partir de juin 1941, qui réussira à « ébranler les rexistes » : « Ces assassinats vont encore davantage freiner l’action de Rex et, la terreur provoquée, vont pousser de nombreux “tièdes” à renoncer à leurs engagements ou à largement freiner leurs actions ».

C’est pourquoi nous regretterons également cette phrase de la conclusion générale (contredisant à nouveau le contenu de l’ouvrage, car elle tend à faire accroire que le terrorisme communiste ne faisait que répondre à la violence rexiste) : « Les rexistes les plus déterminés vont choisir la voie de la collaboration armée et s’engager dans différents groupements militaires ou assimilés : ce qui va profondément radicaliser les opposants »...

La crapuleuse besace…

C’est qu’il y a une ombre au tableau (on dira plutôt : une tache souillant cet ouvrage des plus intéressant), celle –on l’aura compris– d’avoir accepté la présence tutélaire du malfaisant Balace (« Besace ! », ironisait Léon Degrelle), essentiellement par une préface imbécile, toute de fiel haineux et de mauvaise foi recuite (n’hésitant pas à assimiler les rexistes de 1936 à la NV-A d’aujourd’hui !). Mais il faut sans doute comprendre qu’il n’était guère possible pour l’ex-étudiant en histoire de l’Université de Liège de ne pas se mettre sous l’autorité politiquement correcte de son ancien enseigneur…

Ce qui ne nous empêchera pas d’en dire tout le mal que nous en pensons.

Après avoir doctement défini les difficultés du « métier de l’historien de la période contemporaine » pour « vaincre les réticences, gagner les confiances et briser une omerta maintenue, de génération en génération, depuis la seconde guerre » par les derniers témoins et leur famille, et après avoir exhorté cet historien à éviter soigneusement l’écueil « des jugements à l’emporte-pièce, des a priori, du politically correct dès qu’il s’agit d’évoquer l’histoire du mouvement rexiste et de sa phase la plus noire [sic] : la collaboration en pays occupé », voilà notre Besace qui s’imagine, lui, la poularde à vermisseaux, pouvoir régler son compte à la Bête à poules, au Faucon qu’il ne devrait même pas envisager un seul instant pouvoir atteindre ! Et tout gonflé de son « hypertrophie du moi », le voilà qui projette ses tares sur autrui et nous assène sans autre détour : « Il n’est pas un historien sérieux et dépourvu de passion partisane rétrospective [sic] qui puisse accorder la moindre créance aux vaticinations mémorielles, aux outrances barnumesques, à la mauvaise foi continuelle et aux palinodies intéressées de Léon Degrelle et de son “hypertrophie du moi” » !

Ainsi donc celui qui se prend pour le pape de l’histoire du rexisme prétend nous enseigner que pour écrire cette histoire, il faut surtout ne tenir aucun compte de tout ce qu’a pu dire, écrire, expliquer, démontrer son chef historique. La cause est irrévocablement entendue : Léon Degrelle –ce fantôme inexistant– n’est qu’un raconteur de carabistouilles, un vantard, un menteur ! Voilà septante ans qu’on vous le dit et redit : Circulez ! Il n’y a rien d’autre à dire, à voir ou à comprendre !…

Et de nous expliquer au surplus que le « rexisme de guerre » n’a rien à voir avec le « rexisme des origines » où il n’existait aucune « fascination pour les théories fascistes, et moins encore pour celles du national-socialisme pangermaniste », car, croyez-en bien la lourde Besace, ce rexisme d’après 40 n’était composé que de « chefaillons et tyranneaux locaux, sicaires et auxiliaires de basse police ». Aucun lien possible donc entre « un militant, voire un simple électeur de 1936 » et l’activiste du Front de l’intérieur ou l’engagé volontaire dans la Légion Wallonie de 1941…

Ceux-là, Besace-à-qui-on-ne-la-fait-pas (il n’est pas, lui, le pédant scoliaste, de ceux qui réinterprètent le passé en fonction du présent « parce qu’on connaît la fin de l’histoire » !), Besace donc nous le dit : ce n’est qu’une bande « de nouveaux venus, d’opportunistes, d’imitateurs serviles et de sycophantes, de recrutés à la gamelle »…

Heureusement que l’étudiant de ce capitaine Haddock de l’anti-degrellisme besogneux a su se dégager de tels jugements à l’emporte-pièce et de telles méthodes de « recherche » qu’on qualifierait volontiers de staliniennes si elles n’étaient pas de simple pratique courante pour aborder, par exemple, certain point de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale tout particulièrement protégé de toute investigation scientifique par des lois d’exception s’étendant progressivement au monde entier –et dans le silence scandaleusement assourdissant de tous les professeurs de toutes les universités !…

Il n’empêche que Mathieu Simons s’est cru tenu (formatage universitaire oblige ?) à quelques concessions au politically correct de son mentor, ne fût-ce que par des remarques gratuites, telles que, à propos de la constitution de la Légion Wallonie, « Degrelle veut exploiter ce conflit [la guerre à l’Est] à ses propres fins », sans la moindre note explicative ou référentielle alors que le livre en compte plus de 1500… Ou, plus choquant encore, à propos du flingage de « collabos », véritable sport national pratiqué aussi bien par la prétendue épuration légale que par la résistance terroriste, ne parler que de simples « décès » à propos, entre autres, de l'assassinat de Charles Hénault ou de l'exécution par balles, après une parodie de procès, de José Streel, ce pur patriote qui n’avait emporté dans son exil forcé qu’un peu de terre belge dans un sachet épinglé sur le cœur…

 

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