In Memoriam Léon-Marie Degrelle. Il y a 58 ans, le 22 février 1958, Léon Degrelle perdait son seul fils.
C’est le 22 février 1958, voilà 58 ans, que Léon Degrelle perdait son seul fils, Léon-Marie, né le 4 mai 1939, décédé à Séville, dans un accident de la route. Nous reproduisons l’article du journal Le Peuple Réel de mars 1958.
Il n’est pas un seul d’entre nous, anciens de Rex ou de la Légion, membres du Mouvement Social Belge ou amis du Peuple Réel et puis tout ceux aussi de la grande famille des silencieux (123 sexies) (1) qui n’ait été profondément peiné à l’annonce de la triste nouvelle diffusée par les agences de presse au soir du 22 février. Pareil choc ne nous avait plus été donné depuis la capitulation du 8 mai 1945.
Plusieurs Camarades nous ont confié leurs impressions. L’un d’entre eux nous disait: « Les instants qui ont suivi le journal parlé de l’I.N.R. (2) alors qu’à ce moment l’on ne savait encore s’il s’agissait du Chef ou de son fils, toutes les phases de notre glorieuse épopée me sont repassées devant les yeux: Gromo, l’Induc, Tcherkassy, Narva et Stettin puis, immédiatement l’impression d’un grand vide impossible à combler ». Un autre encore: « L’incertitude qui nous fut infligée quant à la personne victime de l’accident, le Chef ou son fils, fut pour moi la plus terrible des épreuves, il m’était impossible de ne pas souhaiter qu’il ne s’agisse pas du Chef lui-même, mais alors réalisant l’horrible dilemme que cela posait, je refoulais mes sentiments et restais là, la tête vide à attendre le prochain communiqué. »
Ces deux témoignages pris parmi tant d’autres sont la synthèse même de ce que nous avons tous ressenti aux premières horribles nouvelles, puis quand l’affreuse certitude fut donnée qu’il s’agissait bien de Léon-Marie, le fils du Chef, toutes nos pensées se sont envolées là-bas, vers notre grand exilé. Et notre impuissance surtout de ne pouvoir le rejoindre sur-le-champ pour lui dire notre peine et partager sa détresse nous fut encore plus intolérable que notre douleur.
Quand nous imaginons ensuite ce père à l’indicible souffrance obligé par les circonstances d’ensevelir en terre étrangère le corps encore tiède de son enfant, nos poings se serrent et il nous faut énormément de volonté pour garder tout notre sang-froid.
Parce que tout de même, quand nous songeons aux responsables de ce véritable drame –bien sûr, il s’agit d’un accident et l’on nous dira qu’il aurait tout aussi bien pu se produire dans une rue de Bruxelles, certainement, mais le fait est là, l’accident s’est produit à des milliers de kilomètres de la Belgique–, si cet adolescent s’est fait tuer dans une ville qui lui était mal connue, dont probablement il ne connaissait pas les méandres de la circulation, c’est avant tout parce que c’était pour lui la seule possibilité de retrouver, après plus de douze ans de séparation, un père qu’il affectionnait.
Il était écrit que le lâche assassinat d’Edouard Degrelle, frère du Chef, en 1944 et la mort prématurée de ses vieux parents provoquée par l’incarcération et les ignobles traitements subis au cours des années noires de 1945-1946 ne marquaient pas la fin du calvaire de notre ami. Aujourd’hui, dernière innocente victime de l’odieuse répression commise par les moscoutaires avec la complicité de la bourgeoisie, Léon-Marie est tombé.
Léon-Marie repose en paix dans cette noble terre d’Espagne où dort aussi, –comme nous l’écrivait un camarade espagnol–, une autre jeune victime immolée par la même répression, le fils du Général Moscardo, héroïque défenseur de l’Alcazar de Tolède. Et ce camarade espagnol de terminer sa lettre par ces mots énergiques: Léon-Marie, presente !
Oui, Léon-Marie présent aux côtés de nos jeunes héros du front de l’Est, les Abrassart, les Taverne et aussi de nos martyrs tombés sur le front intérieur.
Que Léon Degrelle, notre Chef, notre Ami, si par hasard ces quelques lignes parvenaient jusqu’à lui, quelque part dans le monde, qu’il sache que sa peine et sa détresse sont nôtres et que, dans la pénible épreuve qu’il subit à nouveau aujourd’hui, si cela pouvait un tant soit peu diminuer sa peine, qu’il sache aussi que, comme toujours, nous sommes inconditionnellement à ses côtés.
FIDELITE AU CHEF !
Jean-Robert Debbaudt
(1) L’article 123 sexies du code pénal belge interdisait à tout condamné pour collaboration avec l’ennemi, d’écrire à quelque titre que ce soit, c’est-à-dire de la recette de cuisine à l’éditorial politique. Cette disposition a été amendée à la suite de la plainte déposée par Raymond De Becker, ex-rédacteur en chef du journal Le Soir dit « volé » (voir La Cohue de 40 de Léon Degrelle) auprès du tribunal de Strasbourg. Toutefois l’interdiction était maintenue pour tout écrit à caractère politique. C’est sur la base de cette disposition que les éditeurs de la Lettre au Pape à propos d’Auschwitz ont été condamnés par toute les instances juridiques de Belgique et déboutés à Strasbourg.
(2) Institut National de Radiodiffusion.
Voici deux témoignages inédits sur les événements tragiques du 22 février 1958. Le premier daté du 23 février est écrit de la main d’une amie de Léon Degrelle à l’une des sœurs de celui-ci; le second est d’une personne proche de la famille, qui s’est rendue peu de temps après l’accident de Léon-Marie chez Léon Degrelle de qui il tient son récit.
23 février 1958.
Ma chère X,
C’est une affreuse et triste nouvelle que Juan (1) m’a priée de vous faire savoir: son brave petit Léon-Marie a trouvé la mort dans un accident de moto. Il s’apprêtait à venir passer le week-end auprès de son père et, à quelques mètres d’où il habitait, un taxi a surgi, Léon-Marie a freiné trop brusquement mais a aussi été pris en écharpe par le taxi et tout était fini. Heureusement, il n’a pas eu le temps de se rendre compte et, dans la mort, il conservait son doux sourire.
Pauvre gosse, si heureux d’avoir trouvé son père à qui il vouait une telle admiration et une tendresse sans bornes. Pauvre petit qui commençait à s’épanouir et à perdre cet air de traqué qu’il avait en arrivant ici il y a cinq mois. Pauvre petit qui gardait toujours l’espoir d’un arrangement entre sa mère et son père. C’était un brave et loyal enfant.
Mais quelle désolation est celle du pauvre père, vous ne pouvez l’imaginer. On peut dire qu’aucune douleur ne lui aura été épargnée. La coutume veut ici qu’on passe la nuit, comme l’enterrement doit se faire dans les 24 heures.
Le corps ramené ici à 10 heures et demie du soir chez le bourgmestre où l’on avait installé la chapelle ardente, Juan y fut très entouré par ses amis, par tous ces braves gens, riches et pauvres, et le cercueil fut veillé par les femmes qui passent la nuit en priant. L’auto des Lopez était allée prévenir et cherchez E..... qui arrive vers 11 heures et aujourd’hui dimanche l’enterrement a eu lieu à 13 heures.
Ma chère X, nous prenons tous une grande douleur qui est vôtre et nous ferons de notre mieux pour entourer votre frère de toute l’affection dont l’éloignement vous empêche de l’entourer.
Mon frère vous présente ses hommages et ses condoléances très émues.
Pour vous et votre mari mes plus sincères sentiments de sympathie.
Yvonne.
(1) Juan. Surnom donné à Léon Degrelle par ses amis espagnols de l’époque.
***
Samedi 22 février 1958, vers 16 h, Léon-Marie sortait de chez son professeur et retournait chez les amis qui l’hébergeaient à Séville, avant de partir en week-end chez son père.
Roulant à moto, il dut éviter un tram, rencontra un taxi, freina et fut projeté, tête en avant, contre un pylône pour retomber ensuite sur le trottoir. Il avait la colonne vertébrale cassée à la base du crâne et était dans le coma.
Il n’avait aucun papier sur lui mais un témoin de l’accident reconnut le jeune homme qui vivait chez X que l’on alla chercher immédiatement. Un prêtre se trouvait sur les lieux de l’accident et lui administra l’extrême-onction.
Ensuite, on le conduisit à l’hôpital où il ne reprit pas connaissance, la mort ayant été instantanée.
X ainsi qu’un autre ami dévoué de Séville ont pris les choses en main et obtenu que les formalités soient réduites au minimum. Le soir même, le cercueil était conduit à Constantina où une chapelle ardente avait été préparée chez le bourgmestre.
A Constantina, deux autres amis fidèles, A et B (le bourgmestre ) avaient été prévenus peu après l’accident et s’étaient chargés d’annoncer la nouvelle au père de Léon-Marie.
La nuit le cercueil, disparaissant sous les fleurs, a été veillé par les femmes, ainsi que c’est la coutume en Espagne, et l’enterrement a eu lieu le lendemain dimanche à 13h. Le cercueil étaient porté par des jeunes gens, amis de Léon-Marie. L’assistance était nombreuse.
D’autres amis et connaissance étaient arrivés dans le courant de la journée mais, le soir, tous repartirent pour Séville.
Une lettre de Léon-Marie.
Quelques jours avant sa mort Léon-Marie écrivait à l’une de ses cousines la lettre que nous publions ci-dessous, probablement la dernière lettre envoyée à sa famille en Belgique.
Chère cousine,
Papa et moi avons reçu il y a quelques jours la lettre de Maman ainsi que mes anciens bulletins, témoignages de mes exploits scolaires durant mes études en France et dans divers collèges où je suis passé; je suis fort navré de constater, une fois de plus, ce pauvre résultat. Mais j’ai décidé de prouver par des actes que je ne suis pas un idiot et ne pas réussir à mon bac serait un argument frappant contre Papa.
Voilà déjà presque quatre mois que je suis avec Papa; nous sommes fort contents tous les deux, mais lui est fort préoccupé pour mes études et moi, j’ai grand peur de le décevoir; à côté de lui, j’ai des complexes d’infériorité qui sont certes très normaux mais qui me gênent fort. J’étudie mon bac, porte à ouvrir mais dont la serrure est rouillée.
Je suis chez les Cernudas, très braves gens et grands amis de Papa. J’ai aussi su m’adapter à la vie espagnole, y découvrir beaucoup de choses que j’y aime fort et j’ai appris l’espagnol.
La situation de Papa étant régularisée, nous allons pouvoir vivre tranquilles durant un certain temps. Aussi, j’irai rejoindre Papa tous les week-ends à la maison. Il m’a donné une moto, ce qui m’a fait bien plaisir pour ce voyage hebdomadaire.
Nous avons, Papa et moi, passé une très bonne fête de Noël et du nouvel-an, la première fois depuis 12 ans qu’il n’était pas seul.
J’espère que toi également ainsi que toute ta famille, avez bien passé ces vacances. Papa s’occupe beaucoup d’affaires diverses; il est très adroit pour cela. J’ai ici beaucoup de relations et j’ai assez bien d’amis; nous sortons ensemble; ils m’ont appris à découvrir Séville et à l’aimer.
Il y a longtemps que nous n’avons de nouvelles de Chantal (1) et de son mari; je savais bien qu’ils écriraient s’ils avaient le temps mais enfin il y a un bon mois depuis Noël que rien n’est arrivé; or, s’ils veulent venir ici pour la Semaine Sainte, je crois qu’il serait temps d’arranger les choses.
La maison devient chaque jour un peu plus belle. Papa l’arrange avec beaucoup de plaisir et de soin; il trouve toujours de beaux tableaux, de beaux meubles; enfin, la maison est merveilleuse.
J’ai reçu le paquet de bonbons de ma tante Louise (2). Je l’en remercie beaucoup et l’embrasse de tout mon cœur; je lui écrirai personnellement pour l’en remercier.
Tu serais bien gentille si tu pouvais me faire parvenir dans le plus bref délai deux ou trois extraits de naissance dont j’ai grand besoin pour mon inscription au bac; j’en ai reçu un, mais celui-ci remonte à plus d’un an; j’ai besoin de deux extraits de naissance remontant à moins de trois mois et à envoyer pour le mois de mars à Madrid pour mon inscription. Tu serais donc bien aimable de me les envoyer; je t’en remercie déjà.
Maintenant, je dois te laisser, chère Cousine, car je dois continuer à travailler.
Je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que toute ma famille de Belgique.
Léon-Marie.
(1) Chantal: nom usuel donné à Brigitte Degrelle, sœur de Léon-Marie, née le 13 février 1934.
(2) Louise-Marie, sœur de Léon Degrelle, née le 20 juillet 1907.